Duralex
Duralex International[2] est une entreprise française, implantée à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le département du Loiret, qui fabrique de la vaisselle en verre trempé. Duralex est également une marque sous laquelle sont vendus les produits fabriqués par cette entreprise, dont des verres, des assiettes ou encore des plats. L'entreprise appartient au groupe français La Maison française du verre depuis 2022[3].
Duralex | |
Logotype de Duralex. | |
Empilement de verres Duralex modèle Provence. | |
Création | 1939 |
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Fondateurs | Saint-Gobain |
Forme juridique | Société par actions simplifiée |
Slogan | Au service de votre table |
Siège social | France |
Activité | Fabrication de verre creux |
Produits | Verre trempé |
Société mère | La Maison française du verre |
Sociétés sœurs | Pyrex (marque) |
Effectif | 231 au |
SIREN | 505 397 554 |
Site web | www.duralex.com |
Chiffre d'affaires | 26 098 500 € au |
Résultat net | -12 355 600 € au (perte)[1] |
Le nom Duralex provient de la locution latine Dura lex, sed lex qui signifie « la loi est dure mais c'est la loi ». Une autre filiale de Saint-Gobain, Pyrex lança son produit Pyrex-Sedlex[4].
Historique
Origines
Créée en 1927 à La Chapelle-Saint-Mesmin dans l'agglomération orléanaise, par le vinaigrier Dessaux, la verrerie est vendue en 1930 au parfumeur François Coty, sous le nom de Société des verreries de La Chapelle-Saint-Mesmin. Elle sert alors à fabriquer des flacons de parfum.
En 1934, elle est acquise par Saint-Gobain[5]. En 1935, l'usine compte 575 salariés. Cette entreprise française, qui a inventé le verre trempé à la fin des années 1930 (le processus est définitivement mis au point en 1944 et le brevet est déposé le [6]), fait alors produire par la verrerie de La Chapelle-Saint-Mesmin des feux d'éclairages et vitres pour automobiles, sous le nom de Société d'exploitation verrière Beauce-Bourgogne (SEV). Dans les années 1970, elle produit quelques articles sanitaires et dans les années 1980, des hublots de lave-linges.
Création de la marque
La société imagine un autre débouché pour le verre trempé, la vaisselle, et dépose le la marque Duralex. Le site de La Chapelle-Saint-Mesmin est alors transformée en usine de gobeleterie pour produire des « objets en verre pour usage culinaire, notamment en verre trempé »[7].
Le verre de type Gigogne est lancé en 1946[8]. Devenu culte depuis, cette timbale ronde est le premier article de vaisselle commercialisé par la marque[9]. Des générations d'écoliers se sont amusées à comparer leur « âge » à partir du chiffre au fond de chaque verre. Il s'agit en fait du numéro de l'empreinte de l'un des 50 moules servant à la fabrication des verres. Cinquante verres sont ainsi produits sur les presses composées de deux tables, chaque table étant dotée de 25 moules. Mais seulement 48 verres sont commercialisés, deux d'entre eux étant réservés au suivi de la qualité en cas de défaut de fabrication[10]. Le modèle de verre Picardie, à neuf facettes ou côtes, est lui créé en 1954.
Les années 1960 et les Trente Glorieuses constituent l'âge d'or de Duralex[5]. Un second site de production est ouvert à Rive-de-Gier dans le département de la Loire[11], et un spot télévisé de la marque remporte le prix du 12e festival international du film publicitaire de Cannes en 1965. Hors des cantines scolaires, les créations dont les lignes Gigogne et Picardie, sont depuis connues dans le monde entier, jusqu'à la boutique design du MoMA, à New York[9]. Vers cette époque, l'entreprise emploie environ 1 500 personnes[5].
Difficultés
Le déclin de la marque débute à la fin des années 1970. Saint-Gobain cède cette branche de son activité[12] en 1997 au verrier italien Bormioli Rocco. Une valse des actionnaires débute[5].
En 2004, l'entreprise est revendue à un cadre de l'entreprise associé à des investisseurs. Elle est finalement contrainte au dépôt de bilan[5] l'année suivante. L'entreprise est alors rachetée par Sinan Solmaz, un grossiste turc de 38 ans et premier client de la marque. L'usine de Rive-de-Gier, qui avait déjà été menacée de fermeture en 2002 en raison de difficultés financières, et qui employait alors 110 personnes, ferme définitivement ses portes cinq ans plus tard[13] - [14] - [15] - [16] - [17] - [18]. La société, employant alors 260 salariés, se déclare en cessation de paiement le puis est placée en liquidation judiciaire le .
À la suite d'une plainte déposée par le mandataire judiciaire dans le cadre de cette procédure, il apparaît que de début 2007 à juillet 2008, Sinan Solmaz a organisé le départ pour la Turquie de machines, de moules et de 85 conteneurs de marchandises. Ces marchandises y ont été vendues à « 20 % de leur valeur réelle », entraînant un manque à gagner pour Duralex de plus de 4,5 millions d'euros. De plus, plusieurs centaines de milliers d'euros de créances dues à Duralex ont été encaissés par Sinan Solmaz sur un compte qu'il possède à Dubaï. Enfin, il a augmenté artificiellement la dette de Duralex au profit de ses entreprises en Turquie, grâce à des jeux d'écriture comptable. L'homme d'affaires, visé depuis 2012 par un mandat d'arrêt européen, est condamné le à trois ans de prison ferme pour abus de biens sociaux et banqueroute par détournement ou dissimulation et 200 000 € d'amende par le tribunal correctionnel d'Orléans[19].
Dès le , plusieurs offres de reprise sont déposées au tribunal de commerce d'Orléans[20]. Le , ce dernier décide de confier les destinées de l'entreprise à Antoine Ioannidès, industriel franco-britannique, épaulé par deux cadres de Duralex et la famille Boulos composée d’importateurs grossistes libanais actifs dans la région du Proche et Moyen-Orient. La somme de 3,6 M € doit être investie et 200 emplois préservés sur les 236 que compte Duralex, 36 postes et 14 CDD sont supprimés.
Ce sont finalement 6,2 M € qui sont investis au cours des dix-neuf premiers mois par les repreneurs, et ce sans soutien bancaire. Le premier exercice s'élève à 34 M € de chiffre d'affaires et le bénéfice à 3,4 M €, sur les dix-huit premiers mois. En 2010, les principaux débouchés commerciaux des produits Duralex sont le Proche et le Moyen-Orient, qui représentent près de la moitié du chiffre d'affaires de la société[21]. En 2014, 87,6 % des activités de Duralex s'effectuent à l'export[22] ; six ans plus tard, ce sont toujours environ les trois-quarts du CA qui se voient effectués à l'étranger, principalement en Europe de l'Ouest et au Moyen-Orient[23].
En 2017, Duralex subit une difficulté d'ordre industriel. Lors du remplacement de son four, le racleur normalement associé à la machine est installé avec retard. Le ralentissement de la production qui en découle occasionne un manque à gagner important[24] durant un an[5].
En octobre 2019, Antoine Ioannides annonce avoir mandaté Ernst et Young France pour faire entrer des investisseurs au sein du capital de l'entreprise verrière[24], avant de s'orienter au printemps 2020 vers une cession intégrale de l'entreprise[25].
Rachat par International Cookware
En , l'entreprise Duralex qui compte 248 salariés est placée en redressement judiciaire[26] - [27].
En , le groupe français International Cookware, établi à Châteauroux, qui vend ses produits sous la marque américaine Pyrex, prend le contrôle de Duralex[28] - [29] - [9]. Avec un prix de cession d'un montant de 3,5 millions d’euros, International Cookware promet de maintenir la majorité des emplois, de créer un plan de redressement à travers l'investissement de plusieurs dizaines de millions d'euros (entre autres en modernisant l'usine archaïque d'Orléans[5]) et de faire naître des synergies commerciales avec Pyrex[9] surtout pour le commercial et les achats[30]. La savoir-faire de l'entreprise en matière de verre trempé, très résistant, intéresse la marque américaine, bien que l'outil industriel soit vétuste[23]. De plus, l'image vintage de l'entreprise, avec ses deux meilleures ventes que sont le Gigogne et le Picardie plus d'un demi-siècle après leurs créations, reste également un frein à une évolution, la notoriété de Duralex n'allant pas au delà de ces deux modèles[30] : la transformation vers une image plus moderne est l'un des gros chantiers de Pyrex[30].
En 2022, le groupe International Cookware change de nom, pour devenir La Maison française du verre[3].
Crise énergétique
En novembre 2022, consécutivement à la hausse des prix de l'énergie, l'entreprise est contrainte de cesser ses activités et mettre ses fours en veille. Les 250 employés sont placés en chômage partiel[31].
Les fours sont redémarrés le 17 avril 2023, soit cinq mois plus tard. Durant cette période, l'entreprise a bénéficié de 15 millions d'euros d'aides de l'Etat pour faire face à cette crise[32].
Activité, rentabilité et effectif
2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
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Chiffre d'affaires en milliers d'euros | 30 035 | 31 239 | 30 522 | 57 786 | 26 038[5] | |
RĂ©sultat net en milliers d'euros | + 340 | + 143 | - 429 | - 1 822 | - 12 355 | |
Effectif moyen annuel | 198 | 206 | 214 | 231 | 250 |
1934 | 1939 | 1945 | 1960 | 1970 | 1987 | 2008 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 |
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281 ouvriers | 429 salariés | 270 ouvriers | 920 salariés | 1 500 | 320[34] | 260 | 198 | 206 | 214 | 231 | 250 |
Produits
Le verre qui compose la vaisselle est fondu à partir d'un mélange de sable siliceux, de calcaire, de carbonate de sodium et d'alumine. Y sont ajoutés quelques oxydes métalliques pour colorer ou décolorer.
Le matériau permet de fabriquer différents éléments de vaisselle : verre à boire, assiette, saladier, plat rond, etc.
Le numéro gravé dans le fond du verre correspond au numéro de la machine qui a fabriqué le récipient, et non au numéro du moule. Un employé de Duralex déclare : « Ainsi, lorsqu'un défaut est constaté sur un verre, il suffit à l'entreprise de consulter ce numéro pour retrouver la machine défectueuse, et la réparer au plus vite ». L'entreprise étant composée de cinquante machines, c'est pour cette raison que le numéro inscrit sur les verres Duralex ne dépasse jamais le nombre 50[35] - [36].
Dans la culture
Arts
Le modèle de verre Gigogne fait partie des collections du musée des arts décoratifs de Paris[37]. Il est par ailleurs proposé au MoMa Store, la boutique du Museum of Modern Art de New York[38] - [9].
À Quimperlé, l'artiste Jean-Marc Pinson détourne des verres Duralex dans ses œuvres[39]. L'artiste contemporain Michael Craig-Martin a pour sa part utilisé un verre Duralex dans son œuvre conceptuelle An Oak Tree (en).
Cinéma
Les verres Duralex apparaissent dans de nombreuses films, des classiques français de l’après-guerre aux films de la Nouvelle Vague[40] - [41].
Le verre Picardie[42] Duralex apparaît dans le 23e film de James Bond, Skyfall[22]. C'est le verre dans lequel James Bond incarné par l'acteur Daniel Craig boit un whisky, un scorpion sur la main, avant d'enfermer le scorpion dans le verre en le retournant sur le comptoir[43].
Notes et références
- https://www.societe.com/societe/duralex-international-505397554.html
- « Chiffre d'affaires, résultat, bilans et mentions légales de la société décrite », sur www.societe.com (consulté le )
- International Cookware, qui détient l'usine Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin, devient La Maison française du verre, La République du Centre, 15 février 2022
- Loik Lherbier, « Pyrex : 100 ans et toujours aussi transparent », sur Comedie, (consulté le )
- Wattez 2021, p. 42.
- Bulletin annuel du GHL de La Chapelle-Saint-Mesmin N° 36 (2019), article de Christian Veillon.
- Frédérique Roussel, « Duralex, les déboires d'un verre culte », Libération, (consulté le )
- Duralex, le verre passé des cantines aux musées et toujours incassable , L'Usine nouvelle, 28 août 2019.
- « La verrerie Duralex reprise par International Cookware, la maison mère de Pyrex », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Duralex, les déboires d'un verre culte », Le Devoir (consulté le )
- Verrerie de Rive de Gier actuellement verrerie Duralex, Dossier patrimoine de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 2007.
- Régis Delanoë, « Duralex : après de grandes difficultés, l’entreprise française relève la tête », Le Parisien, (consulté le )
- « Licenciement collectif imminent à la verrerie Duralex de Rive-de-Gier », Les Échos, (consulté le )
- Le site Duralex de Rive-de-Gier va fermer, L'Usine nouvelle, 31 juillet 2007.
- « Économie : il y a 10 ans fermait la dernière verrerie de Rive-de-Gier », sur France Bleu, (consulté le )
- « Affaire Duralex à Rive-de-Gier : le liquidateur judiciaire fait appel », Le Progrès (consulté le )
- « Rive-de-Gier : la friche Duralex vaut bien un euro symbolique », sur France Bleu, (consulté le )
- Rive de Gier gagne l’appel pour le prix de vente de l’ancien site Duralex, E-commune passion, 19 juin 2020.
- « L'ancien dirigeant de Duralex, Sinan Solmaz, condamné à 3 ans de prison ferme », sur France 3 Centre-Val de Loire (consulté le )
- « Duralex: trois repreneurs potentiels se sont déclarés », La Tribune, (consulté le )
- Indestructible Duralex, Le Monde, 4 mars 2010.
- Les PME françaises championnes de l'export, L'Express.
- Wattez 2021, p. 42 Ă 43.
- Duralex cherche des investisseurs, La Tribune, consulté le 26 janvier 2020.
- L'entreprise Duralex va changer de mains, La RĂ©publique du Centre, 4 juin 2020
- Centre France, « Industrie - L'entreprise Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin, en redressement judiciaire », La République du Centre, (consulté le )
- Centre France, « Tribunal de commerce - Les candidats à la reprise de la verrerie Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin devront se faire connaître avant le 31 décembre », La République du Centre, (consulté le )
- « Duralex: Pyrex favori pour la reprise, malgré une offre jugée insuffisante », Le Figaro (consulté le )
- Les verres Duralex de La Chapelle-Saint-Mesmin passent entre les mains de Pyrex, La RĂ©publique du Centre, 28 janvier 2021
- Wattez 2021, p. 43.
- « Etranglée par les prix de l'énergie, la verrerie Duralex suspend sa production pour 5 mois », sur BFM BUSINESS (consulté le )
- « «Sans l'aide de l'État, on n'en serait pas là » : Duralex redémarre sa production après cinq mois d'arrêt », sur LEFIGARO, (consulté le )
- « DURALEX INTERNATIONAL - derniers bilans publiés », sur www.verif.com (consulté le )
- Bulletin annuel du GHL chapellois n° 5 de mars 1988, article de Luce Madeline et Gérard Bly
- Mathieu Piccarreta, « La vérité sur la signification des numéros au fond des verres de cantine », sur Konbini,
- Édouard Lamort, « On sait à quoi correspondent les numéros au fond des verres de cantine », sur Ouest-France,
- Explorez les collections du Musée des Arts Décoratifs : Gobelet Gigogne, Musée des Arts Décoratifs, consulté le 29 janvier 2021.
- Duralex Glasses, MoMA design store, consulté le 14 janvier 2021
- « Duralex. Quand l'art se met aux verres », Le Télégramme, (consulté le )
- La marque Duralex, Duralex.
- Duralex : la saga d’une entreprise aux verres cultes, Sud Ouest, 6 janvier 2021.
- « Un jour, un objet fait en France (5/10) : le verre Duralex », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en)« Duralex Picardie », sur jamesbondlifestyle.com
Voir aussi
Bibliographie
Documentaire
- Attention fragile, film documentaire de Vincent Reignier (2012), dans lequel cinq verriers racontent la vie à l'usine, quatre ans après la reprise du site [vidéo] Visionner la vidéo sur Vimeo.
Articles connexes
Liens externes
- (en) (fr) Site officiel
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