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Saint-Hippolyte (Haut-Rhin)

Saint-Hippolyte est une commune française située dans la circonscription administrative du Haut-Rhin, dans la région historique et culturelle d'Alsace et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est.

Saint-Hippolyte
Saint-Hippolyte (Haut-Rhin)
L'entrée de la partie ancienne du village
de Saint-Hippolyte.
Blason de Saint-Hippolyte
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Circonscription départementale Haut-Rhin
Arrondissement Colmar-Ribeauvillé
Intercommunalité Communauté de communes du Pays de Ribeauvillé
Maire
Mandat
Claude Huber
2020-2026
Code postal 68590
Code commune 68296
DĂ©mographie
Population
municipale
980 hab. (2020 en diminution de 4,39 % par rapport Ă  2014)
DensitĂ© 55 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 13â€Č 57″ nord, 7° 22â€Č 21″ est
Altitude Min. 170 m
Max. 731 m
Superficie 17,86 km2
Type Commune urbaine
Aire d'attraction Colmar
(commune de la couronne)
Élections
DĂ©partementales Canton de Sainte-Marie-aux-Mines
LĂ©gislatives DeuxiĂšme circonscription
Localisation
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Saint-Hippolyte
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Saint-Hippolyte
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Saint-Hippolyte
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Saint-Hippolyte

    GĂ©ographie

    Saint-Hippolyte est placĂ© au pied des Vosges, au sud-ouest de SĂ©lestat, entre Rodern et Orschwiller. La sortie directe, no 18, depuis l’autoroute A35 donne accĂšs Ă  la citĂ©. La commune domine Ă  l’arriĂšre sur un cĂŽne Ă©lancĂ©, le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg et au milieu on trouve de riches vignobles qui ont fait la rĂ©putation du village. Saint-Hippolyte est une agglomĂ©ration ancienne enserrĂ©e dans une enceinte rectangulaire assez bien conservĂ©e et traversĂ©e par trois rues parallĂšles recoupant une rue transversale prĂ©sentant des bĂątis trĂšs denses oĂč les maisons Ă  colombages sont sĂ©parĂ©es par des venelles[1]. L’église construite sur une terrasse de forme ovale occupe le centre de ce village. À cĂŽtĂ© on trouve la mairie[2] - [3], et en contrebas l’école datant de la fin du XIXe siĂšcle. Saint Hippolyte se trouve aussi au pied du majestueux chĂąteau du Haut-Koenigsbourg que l'on aperçoit dĂšs l'entrĂ©e du village. En quittant le vieux bourg, en prenant la route qui mĂšne au Haut-Koenigsbourg on entre dans le riche vignoble entourĂ© de collines. Sur la gauche de la route on aperçoit de loin le village de Rodern. De chaque cĂŽtĂ© de cette route qui monte vers la montagne et vers la plaine, Saint-Hippolyte est entourĂ© de vignes dont les produits furent de tout temps fort apprĂ©ciĂ©s des connaisseurs et entre autres des ducs de Lorraine.

    C'est une des 188 communes[4] du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.

    Représentations cartographiques de la commune
    Carte OpenStreetMap
    Carte topographique

    Communes limitrophes

    GĂ©ologie

    Le territoire communal repose sur le bassin houiller de la vallée de Villé[5]. Les schistes noirs du Schaentzel et du Teufelsloch, associés aux veines de charbon, présentent une forte teneur en uranium[6].

    Écarts et lieux-dits

    Altenberg, Am Bruchweg, Am Burnenbach, Am Eckenbach, Balkeb, Bruchbuehl, Burgerwald, Bruchwegreben, Burgreben, Gaensmatten, Geissberg, Geiselsprung, Gloeckelberg, Grossforts, Hinter der Murhle, Hinterwald, Hutmaten, Kapelreben, Kaelbling, Kleinforst, Kochersberg, Langenberg, Luttenbach, Mittelstrasse, Muehlweg, Oberstrasse, Postmatten, Runz, Schlossreben, Schweinbach, Seimen, Silbergrub, Steiner Kreuz, Tempelmatten, Teufelsloch, Torreben, Windmuehl, Wuestenmatten.

    Cours d’eau

    • Eckenbach
    • Luttenbach

    Urbanisme

    Typologie

    Saint-Hippolyte est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1] - [7] - [8] - [9].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Colmar, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 95 communes, est catĂ©gorisĂ©e dans les aires de 50 000 Ă  moins de 200 000 habitants[10] - [11].

    Occupation des sols

    Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnĂ©es europĂ©enne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquĂ©e par l'importance des forĂȘts et milieux semi-naturels (54,4 % en 2018), une proportion sensiblement Ă©quivalente Ă  celle de 1990 (54,5 %). La rĂ©partition dĂ©taillĂ©e en 2018 est la suivante : forĂȘts (54,4 %), cultures permanentes (21,3 %), terres arables (12,9 %), prairies (4,6 %), zones industrielles ou commerciales et rĂ©seaux de communication (3 %), zones urbanisĂ©es (2,6 %), zones agricoles hĂ©tĂ©rogĂšnes (1,3 %)[12].

    L'IGN met par ailleurs Ă  disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires Ă  des Ă©chelles diffĂ©rentes). Plusieurs Ă©poques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aĂ©riennes : la carte de Cassini (XVIIIe siĂšcle), la carte d'Ă©tat-major (1820-1866) et la pĂ©riode actuelle (1950 Ă  aujourd'hui)[13].

    Toponymie

    Au cours de son histoire, le village de Saint-Hippolyte est mentionnĂ© dans les archives sous diffĂ©rentes formes : Fulradovillare, Sanctum Yppolytum en 853, puis Sanctus Ypolytus en 1003, SanpĂŒlt en 1269, Sant Pult en 1340, Sant Pulte en 1382, Sant Bildt en 1504, Sant Bilt en 1576, S. Pildt en 1592. Une ancienne borne situĂ©e sur la pente du Kochersberg porte encore les initiales S.B (= Sant Bilt).
    En allemand Sanct-Pilt[14].

    Histoire

    Saint-Hippolyte, la maison bleue.

    C'est un illustre abbĂ© de Saint-Denis, Fulrad, conseiller de PĂ©pin le Bref, de Carloman Ier et de Charlemagne qui sera Ă  l'origine de la fondation du village de Saint-Hippolyte sur une ancienne terre franque connue en latin mĂ©diĂ©val sous le nom d’Andaldovillare[15]. Il y fait construire un monastĂšre et rapporta de Rome les reliques de saint Hippolyte. Ces reliques furent alors l'objet d'une vĂ©ritable vĂ©nĂ©ration et une petite ville se forma autour du monastĂšre qui s'appela bientĂŽt Saint-Hippolyte, et en allemand Sanct Pilt ou Sankt Pilt.

    Le village est fondĂ© par l’abbĂ© Fulrad

    Mairie de Saint Hippolyte

    Construit sur un ancien site nĂ©olithique et occupĂ© Ă  l’époque romaine, le village est appelĂ© Ă  l’époque carolingienne Andaldovillare. L’abbĂ© Fulrad (710-784), fils d’Ermengarde et Riculfe, Franc d’origine apparentĂ© aux PĂ©pinides, possĂ©daient d’immenses propriĂ©tĂ©s dans la plaine prĂšs de Saint-Hippolyte oĂč le jeune Fulrad aimait s’y rendre pour se dĂ©tendre et chasser. Ces biens avaient Ă©tĂ© confisquĂ©s aux Alamans par Clovis et donnĂ©s plus tard aux parents de Fulrad. L’abbĂ© Fulrad deviendra par la suite le quatorziĂšme abbĂ© de l’abbaye de Saint-Denis et succĂ©dera Ă  l’abbĂ© Amalbert. DĂ©putĂ©, avec Burchard (683-755), Ă©vĂȘque de Wurtzbourg, par les grands du royaume franc au pape Zacharie pour lui demander d’approuver l’élection de PĂ©pin le Bref Ă  la royautĂ©, nommĂ© ensuite chapelain du nouveau roi, devient alors son ambassadeur attitrĂ© auprĂšs des papes successifs et son agent en Italie pour surveiller les agissements des Lombards. Il exerce une forte influence sur l’assemblĂ©e qui, en 771, transfĂšre le royaume de Carloman Ă  Charlemagne, au mĂ©pris des droits des fils du dĂ©funt. Il devient alors apocrisiaire et archichapelain du roi, ce qui revient Ă  faire de lui un premier ministre.

    Fulrad a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme originaire de Saint-Hippolyte parce qu’il possĂ©dait d’immenses richesses et qu’il a mis en valeur les terres reçues de ses parents et qu’il appartenait comme d’autres grandes familles alsaciennes Ă  la cour de Carloman II (768-771). Selon la tradition, c’est Fulrad qui aurait apportĂ© les plants des vignes qui peuplent les flancs du Langenberg[16]. Depuis Mabillon, de nombreux historiens ont affirmĂ© que Fulrad est nĂ© Ă  Saint-Hippolyte, mais aucune preuve n’en a Ă©tĂ© apportĂ©e. Elle est mĂȘme combattue par des historiens allemands qui en analysant finement le testament de Fulrad tirent la conclusion qu'il n’est pas originaire de Saint-Hippolyte. Deux chercheurs allemands, dont notamment Joseph Fleckenstein, dĂ©montrent que la patrie de Fulrad est la rĂ©gion comprise entre la Meuse et la Moselle (c’est aussi le berceau des PĂ©pinides) [17]. Dans le testament qu’il rĂ©digea en 777 Ă  Heristal, Fulrad mentionne qu’il a deux frĂšres : Gausbert et Bonifice et une sƓur Waldrade[18]. C’est parce qu’il faisait partie de la mĂȘme famille politique que les PĂ©pinides, que PĂ©pin le Bref, Carloman et plus tard Charlemagne lui confieront d’importantes missions d’ordre diplomatiques. C’est grĂące Ă  Fulrad que PĂ©pin le Bref sera intronisĂ© empereur des Francs qui sera approuvĂ© par le pape Zacharie en 751. Il noue des alliances avec les Francs et obtient Ă  la suite de ses mĂ©rites l’abbaye de Saint-Denis. De dĂ©cembre 753 Ă  janvier 754, Fulrad va ĂȘtre employĂ© au service direct du pape Étienne II. Fulrad reçu la permission du pape Étienne II de construire deux prieurĂ©s dans la rĂ©gion, Ă  Saint-Hippolyte dĂšs 760 et Ă  LiĂšpvre Ă  partir de 770. La construction va prendre plusieurs annĂ©es, et c’est autour des deux prieurĂ©s que vont se dĂ©velopper les deux villages. Fulrad rendit de grands services Ă  l’État et Ă  l’Église et fut probablement l’un des hommes les plus influents de son temps. En 755 il remit au pape au nom de PĂ©pin le Bref, l’Exarchat de Ravenne et la Pentapole.

    Un prieuré est construit

    Une statue de l’abbĂ© Fulrad Ă  LiĂšpvre
    Village de Saint-Hippolyte et au fond le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg

    Fulrad fait construire en 760 un prieurĂ© qu’il placera sous la protection de saint Hippolyte, martyr en 258. D’aprĂšs la tradition, il fut amenĂ© devant le prĂ©fet de Rome qui s’écria « qu’il soit traitĂ© comme le fils de ThĂ©sĂ©e ». Ceux qui entouraient le juge Ă©tant allĂ© cherchĂ© dans le haras deux chevaux les plus farouches, les joignirent, et passant entre eux une longue corde, en guise de timon, y attachĂšrent le saint par les pieds. Les chevaux excitĂ©s par le fouet, traĂźnĂšrent, en ruant, le malheureux soldat. Les fidĂšles Ă©plorĂ©s, recueillaient le sang dont la terre et les arbres Ă©taient imbibĂ©s et ramassaient soigneusement les lambeaux de chairs. Saint-Hippolyte a pris pour armoiries cette scĂšne tragique. Fulrad dota ensuite richement le prieurĂ© de Saint-Hippolyte des reliques du saint qu’il avait reçues du pape Paul Ier en 764 lors d’un sĂ©jour Ă  Rome[19]. Saint-Hippolyte est fĂȘtĂ© le , qui est le jour de la translation de son corps Ă  Rome et dont les reliques ont longtemps Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  Saint-Hippolyte puis transfĂ©rĂ©es Ă  l’abbaye de Saint-Denis et de nouveau au village alsacien en 835. Les reliques furent placĂ©es dans un beau reliquaire de style gothique et mis dans une chĂąsse au XVIIIe siĂšcle. Le reliquaire se trouve aujourd’hui conservĂ© au musĂ©e Unterlinden de Colmar.

    Le monastĂšre de Saint-Hippolyte est d’abord intĂ©grĂ© Ă  celui du prieurĂ© de LiĂšpvre, puis Ă  celui de l’abbaye de Saint-Denis. La premiĂšre mention du nom du village de Saint-Hippolyte remonte Ă  l’annĂ©e 853 sous le nom de Sankt Pilt. En fĂ©vrier 847, l’abbĂ© Louis, nĂ© d’une liaison adultĂšre entre Rotrude, fille aĂźnĂ©e de Charlemagne et le comte Roricon avait profitĂ© de l’entrevue avec les trois fils de "Louis le Pieux", Lothaire Ier, Louis le Germanique et Charles II le Chauve pour resserrer leur alliance Ă  Mersen (Meuse). Plus tard, il forma le projet de dĂ©tacher les prieurĂ©s de LiĂšpvre et de Saint-Hippolyte et de les accorder en fief, ou comme on disait alors, en bĂ©nĂ©fice prĂ©caire Ă  un seigneur nommĂ© Conrad qui avait Ă©pousĂ© Giselle, fille de l’empereur Louis le DĂ©bonnaire. Les moines de la Saint-Denis, plus conscients que leur abbĂ© s’opposĂšrent Ă  cette entreprise et portĂšrent l’affaire devant le roi et les Ă©vĂȘques de France assemblĂ©s pour la circonstance Ă  Verberie, prĂšs de CompiĂšgne, en leur produisant le testament original de l’abbĂ© Fulrad et le privilĂšge du pape Étienne II qui soumettait au Saint-SiĂšge tous les monastĂšres crĂ©Ă©s par cet abbĂ©. Le concile de Verberie, composĂ© de quatre archevĂȘques et de dix sept Ă©vĂȘques donna raison aux moines de Saint-Denis et affirma que les deux prieurĂ©s devaient rester sous les ordres de la cĂ©lĂšbre abbaye de Saint-Denis. La lettre synodale datĂ©e du est adressĂ©e Ă  Conrad l’avertissant que l’abbĂ© Louis n’avait aucune qualitĂ© pour transmettre ces biens qui ne lui appartenaient pas, mais Ă©taient la propriĂ©tĂ© de la communautĂ© des moines de Saint-Denis, LiĂšpvre et Saint-Hippolyte. Les Ă©vĂȘques, dans cette lettre qualifient l’abbĂ© Fulrad de pieuse et de sainte mĂ©moire. Cela prouve en tout cas combien le nom de cet illustre abbĂ©, fondateur des prieurĂ©s de LiĂšpvre et de Saint-Hippolyte, Ă©tait alors en haute estime. Conrad cĂ©da aux instances du Concile de Verberie. L’empereur Lothaire Ier, dans le royaume duquel Ă©taient situĂ©s les prieurĂ©s de LiĂšpvre et de Saint-Hippolyte, confirma Ă  Louis, abbĂ© de Saint-Denis, la donation qui en avait Ă©tĂ© faite. Il fit aussi connaĂźtre le privilĂšge, par lequel Charlemagne son grand-pĂšre, avait accordĂ© au prieurĂ© de LiĂšpvre, sur le domaine royal, plusieurs biens et forĂȘts situĂ©s aux environs de Kintzheim avec droit de pĂȘche et de pĂąturage. Le diplĂŽme de Lothaire Ier est expĂ©diĂ© depuis Verdun le .

    Le village devient une enclave lorraine en Alsace

    Vue d’ensemble d’une partie du village pris Ă  l’entrĂ©e de Saint-Hippolyte et la tour ronde des cigognes
    Église de Saint-Hippolyte au milieu du village

    La petite ville fortifiĂ©e de Saint-Hippolyte passe Ă  partir du XIe siĂšcle sous la dĂ©pendance des ducs de Lorraine en tant qu’avouĂ©s des biens de l’abbaye de Saint-Denis offerts par Fulrad. Il semble que ce sont les troupes de GĂ©rard d'Alsace (1030-1070) duc de Lorraine de 1048 Ă  1070 qui s’emparent de la ville de Saint-Hippolyte et aussi de la ville de ChĂątenois. GĂ©rard d’Alsace descendait de la famille des Etichonides qui a rĂ©gnĂ© sur l’Alsace Ă  partir du VIIe siĂšcle. Il estimait avoir des droits sur l’Alsace grĂące Ă  ses ascendants. Il est appuyĂ© par l’évĂȘque Brunon, Ă©vĂȘque de Toul, futur pape connu sous le nom de LĂ©on IX. Les moines de la puissante abbaye de Saint-Denis essayĂšrent par tous les moyens de rĂ©cupĂ©rer leurs biens lĂ©guĂ©s par testament par l’abbĂ© Fulrad, mais rien n’y fit ! Les moines de Saint-Denis composeront mĂȘme un faux diplĂŽme attribuĂ© Ă  Charlemagne qui confirmait l’ensemble des biens de Saint-Denis dans l’empire, mais ce fut en vain. Le prieurĂ© de Saint-Hippolyte sera placĂ© Ă  partir de 1052 sous la protection du duc de Lorraine, nommĂ© avouĂ© par l’abbaye de Saint-Denis. Les ducs de Lorraine prĂ©tendaient possĂ©der les chĂąteaux d’Estuphin, et les villages de ChĂątenois et de Saint-Hippolyte en vertu de l’advocatie qu’ils ont exercĂ©e sur les biens que l’abbaye de Saint-Denis possĂ©dait en Alsace[20].

    En 1078 cependant, le successeur de GĂ©rard d'Alsace, le duc Thierry rendit Ă  l’abbaye de Saint-Denis et Ă  son abbĂ© Yves, les biens qui avaient Ă©tĂ© usurpĂ©s par son pĂšre. Ce document expĂ©diĂ© de Saint-DiĂ© est signĂ© par plusieurs hauts dignitaires de l’époque, tant du cĂŽtĂ© ecclĂ©siastique que laĂŻque. Parmi les signataires on trouve Pibon, Ă©vĂȘque de Toul, Thierry Ă©vĂȘque de Verdun, Remballd prĂ©vĂŽt de Saint-DiĂ© et trois comtes et plusieurs seigneurs. Ce document est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un faux par certains historiens au rang desquels on trouve le moine historien Richer de Senones[21]. Mais la mainmise des ducs de Lorraine sur le village de Saint-Hippolyte ne fut pas de tout repos. Les Sires de Ribeaupierre et les landgraves de la Basse Alsace avaient des visĂ©es expansionnistes sur le village. Finalement les ducs de Lorraine en sortiront vainqueurs. Vers 1115 le duc de Lorraine renforce son rĂŽle de protecteur envers Saint-Hippolyte en Ă©cartant Saint-Denis d’autant plus que la cĂ©lĂšbre abbaye de Paris fait partie maintenant d’un royaume Ă©tranger. La cĂ©lĂšbre abbaye de Saint-Denis protestera, mais en vain.

    Vers l’an 1202, ThiĂ©baud Ier, duc de Lorraine s’étant brouillĂ© imprudemment avec l’empereur FrĂ©dĂ©ric II d’Hohenstaufen (1194-1250) qui faisait d’énormes dĂ©gĂąts en Alsace, l’empereur vint en Lorraine pour essayer de le neutraliser. Il ordonna Ă  ThiĂ©baut de s’enfermer dans son chĂąteau d'Amance. L’empereur l’assiĂ©gea aussitĂŽt en demandant au comte de Bar et Ă  Blanche comtesse de Champagne de venir le rejoindre avec ses troupes. Ils y vinrent sans parlementer trouvant ainsi l’occasion trop belle pour venir humilier le duc ThiĂ©baut avec qui ils avaient des difficultĂ©s depuis quelques annĂ©es. En se joignant Ă  l’empereur, les autres unitĂ©s grossirent considĂ©rablement l’armĂ©e de l’empereur. Comprenant son erreur, le duc de Lorraine demanda la clĂ©mence de l’empereur. L’empereur promit le pardon, mais ajouta aussi sec « il vous en coĂ»tera quelque chose». ThiĂ©baut Ier fut fait prisonnier et emmenĂ© en Allemagne oĂč il demeura assez longtemps. Il ne sera libĂ©rĂ© qu’en rĂ©glant une forte rançon, soit 1200 livres de sorts, dont Conrad, Ă©vĂȘque de Metz se porta garant par un acte rĂ©digĂ© en mai 1219. En rentrant dans son pays, le duc s’arrĂȘta Ă  Saint-Hippolyte. Une belle jeune fille venant de Strasbourg attira son attention et se jeta dans ses bras. Selon le moine de Senones, Richer, la courtisane rejoignit le duc Ă  l’instigation de l’empereur et passa la nuit dans son lit. Elle en profita pour lui verser du poison dans son verre. Le duc fut touchĂ© d’une longue maladie qu’il lui sera fatale, un an plus tard, en 1220.

    En 1250, Mathieu, duc de Lorraine, donna en fief Ă  Cuno de Bergheim le chĂąteau d’Estuphin avec Saint-Hippolyte et Anesheim[22]. Le duc s’étant rĂ©servĂ© le droit de reprise, il en profita plus tard pour le donner au jeune Henri de Werd.

    En 1287 Saint-Hippolyte fut envahi et brĂ»lĂ© par Anselme II de Ribeaupierre en guerre contre l'empereur Rodolphe. Les ducs de Lorraine dĂ©cidĂšrent alors de fortifier la ville. Alors que le Val de LiĂšpvre est donnĂ© en fief en 1290 Ă  Henri Ier sire de BlĂąmont par le duc Ferry III, Saint-Hippolyte restera dans le domaine des ducs de Lorraine. En 1310 Saint-Hippolyte est entiĂšrement fortifiĂ© avec murs et fossĂ©s infranchissables. Mais malgrĂ© ces prĂ©cautions, Saint-Hippolyte ne sera pas Ă  l’abri des attaques. En 1316, FrĂ©dĂ©ric de Lorraine reçoit l’hommage du landgrave Ulrich de Werd pour ces mĂȘmes biens ainsi que pour Frankenbourg et ChĂątenois. Mais les hĂ©ritiers d’Ulrich refusĂšrent de reconnaĂźtre la suzerainetĂ© du duc de Lorraine et vendirent une partie de ces fiefs Ă  l’évĂȘque de Strasbourg. En contrepartie Ulrich Ă©tait tenu de reverser au duc de Lorraine une partie des redevances perçues Ă  Saint-Hippolyte. En 1324, le duc d’Autriche, LĂ©opold en dĂ©saccord avec Louis d’Oetingen, landgrave d’Alsace s’empare de Saint-Hippolyte et le vend en 1359 Ă  l’évĂȘque de Strasbourg, landgrave d’Alsace. La mĂȘme annĂ©e Jean Ier eut de longues contestations avec l’évĂȘque de Strasbourg Ă  propos des terres que ce dernier avait achetĂ©es aux hĂ©ritiers des Werd. En 1365 le duc de Lorraine cĂšde ses biens Ă  Burckart de FĂ©nĂ©tranges et de Schönech. Les hĂ©ritiers de Werd ne voulant pas se dessaisir des biens qu’ils dĂ©tenaient, il en rĂ©sulta un long diffĂ©rend qui sera rĂ©glĂ© en 1369 par un compromis. Entre 1370 et 1374 le duc de Lorraine, Jean Ier, dut s’y prendre Ă  deux fois pour reprendre Saint-Hippolyte.

    Il le cĂ©da ensuite Ă  son beau-pĂšre Edouard de Wurtemberg, et deux ans plus tard ce dernier le revendit en 1393 Ă  l’évĂȘque de Strasbourg. Puis c’est Eberhard III de Wurtemberg (1364-1417) qui prend le contrĂŽle de Saint-Hippolyte qui remet la ville Ă  l’évĂȘque de Strasbourg, FrĂ©dĂ©ric de Blankenheim. En 1407, le duc de Lorraine, Charles II cĂ©dait pour vingt ans, la ville de Saint-Hippolyte Ă  AdĂšle de Rathsamhausen, et aprĂšs elle Ă  Jean de Rathsamhausen de Kintzheim[23]. En 1430, Antoine de Hattstatt de Viller reçoit du duc Charles de Lorraine, pour sa vie durant, la ville et le chĂąteau de Saint-Hippolyte, ce mĂȘme Antoine institua le duc de Lorraine son hĂ©ritier[24].

    En Alsace, le sel se vendait Ă  trĂšs bas prix et en Lorraine il Ă©tait trĂšs Ă©levĂ©. Avant 1597, le sel Ă©tait distribuĂ© par des sauniers volontaires. Colmar, Schlestadt (SĂ©lestat), Saint-Hippolyte, ainsi que la plupart des villes alsaciennes, cherchaient leur sel Ă  la saline de Dieuze[25] oĂč une forte rĂ©duction Ă©tait consentie aux Ă©trangers. En 1598[26] les habitants de Saint-Hippolyte obtinrent du duc de Lorraine l’autorisation d’ouvrir un magasin Ă  sel dans leur ville, le mĂȘme avantage fut accordĂ© peu aprĂšs au val de LiĂšpvre. Il existait des pĂ©ages entre les possessions lorraine et l’Alsace et Ă  chaque passage on faisait payer des taxes sur le sel. Cette taxe Ă©tait assez importante, ce qui gĂ©nĂ©rait un trafic assez important. Dans l’intĂ©rĂȘt de leurs possessions en Alsace, les ducs de Lorraine s’efforcĂšrent de faire supprimer les pĂ©ages qui gĂȘnaient les transactions. DĂšs 1537, le duc de Lorraine fit rĂ©gler un accord entre Saint-Hippolyte et Schlestadt, Ă  la suite duquel il fut convenu qu’il y aurait que les objets destinĂ©s au commerce qui paieraient des droits et que ceux destinĂ©s Ă  la consommation des habitants en seraient exemptĂ©s[27].

    Les vignes pendant l'occupation lorraine

    Les ducs de Lorraine apprĂ©ciaient Ă©normĂ©ment les vins d'Alsace et particuliĂšrement ceux produit Ă  Saint-Hippolyte. Il n'est donc pas Ă©tonnant que des charriots entiers de vins d'Alsace transitaient de Saint-Hippolyte en passant par le Val de LiĂšpvre jusqu'en Lorraine. En 1428, le duc Charles II achetait Ă  Saint-Hippolyte et aux environs cent-trente tonneaux de vin d'Alsace, Ă  savoir vingt-sept de vin nouveau et cent-trois de vin vieux, et les faisait amener dans ses caves du palais ducal de Nancy en passant par Saint-DiĂ©. Aussi ne faut-il pas s'Ă©tonner, en voyant la mention de cette formidable commande dans un vieux registre de compte[28], que Charles II soit mort de la goutte trois ans plus tard. Ne serait-ce que par amour des vins d'Alsace, bien diffĂ©rents des crus lorrains, que les anciens ducs ont conservĂ© avec tant de soin au cours des siĂšcles cette possession si excentrique, si difficile Ă  dĂ©fendre, et que ce mĂȘme Charles II enleva Ă  l'Abbaye de Saint-Denis les prieurĂ© de LiĂšpvre et de Saint-Hippolyte, jusqu'alors possĂ©dĂ©s par la grande abbaye française[29].

    La ville est détruite par les Armagnacs

    Maison à colombages située dans la rue du collÚge
    Maisons Ă  colombages Ă  Saint-Hippolyte sur la route des vins

    En 1349, l’Alsace Ă©tant touchĂ©e par une Ă©pidĂ©mie de peste puis le un terrible tremblement de terre dĂ©cima tout le village. Mais grĂące Ă  la population laborieuse, la rĂ©gion retrouva une certaine prospĂ©ritĂ©. Cette richesse attira des convoitises. Une bande hĂ©tĂ©roclite composĂ©e de mercenaires bretons, lombards, gascons, espagnols, Ă©cossais qui avait reçu le nom d’Armagnacs au service du roi de France ou d’autres seigneurs rĂ©pandait la terreur et la dĂ©solation partout oĂč ils passaient. Le duc de Lorraine, RenĂ© II n’ayant rĂ©glĂ© aucune solde et la Lorraine Ă©tant incapable de les nourrir, le bruit se rĂ©pandit que ces bandes de Armen Gecken (pauvres diables) par corruption du nom d’Armagnacs allaient dĂ©ferler sur l’Alsace. Ces troupes sont aussi appelĂ©es "Écorcheurs" [30] et en Alsace "Schinder" ou en Lorraine "Routiers" traĂźnaient avec eux une foule de truands, d’aventuriers. CommandĂ©s par Louis, dauphin de France (le futur Louis XI), ils tentĂšrent d’abord de s’emparer de la ville de BĂąle, mais les Suisses opposĂšrent une farouche rĂ©sistance. Louis jugea plus prudent de ne pas insister et conclut mĂȘme un traitĂ© de paix avec eux Ă  Ensisheim en octobre 1444. Les Armagnacs s’en prirent ensuite aux gros et petits bourgs, dont Saint-Hippolyte qui fut invitĂ© Ă  hĂ©berger deux mille cavaliers avec leur suite. En septembre 1444, les Armagnacs (appelĂ©s aussi Routiers en Lorraine) occupĂšrent les villages de ChĂątenois, La Vancelle et LiĂšpvre. On Ă©tait toujours en septembre 1444 et les Saint-Hippolytains dĂ©cidĂšrent de ne pas se laisser faire. À deux reprises les Armagnacs tentĂšrent de prendre d’assaut la ville, en essuyant au passage de nombreux morts. Un de leurs chefs, Pochon de RiviĂšre, fut tuĂ© lors de l’attaque de la ville. Le dauphin lui-mĂȘme vint se rendre compte de la situation et dut se rendre Ă  l’évidence de la tĂ©nacitĂ© avec laquelle les habitants refusaient de recevoir ses hommes. Finalement les gens de Saint-Hippolyte durent plier car leur rĂ©sistance les exposait aux pires reprĂ©sailles et firent leur soumission au dauphin. Le sire de Commercy et sa bande de ChĂątenois et Lestrac[31] occupĂšrent ensuite la ville et y tinrent garnison jusqu’au vidant soigneusement caves et greniers, pillant les maisons, chassant bon nombre d’habitants et ne gardant que ce qui pouvait leur ĂȘtre de quelque utilitĂ© (artisans). Les Armagnacs durent engager de vĂ©ritables batailles dans les grandes communes voisines, SĂ©lestat, Bergheim, RibeauvillĂ© oĂč des groupes de compagnons (Gesellen) tentaient des coups de main audacieux pour freiner les envahisseurs. Le , plus de mille rĂ©sistants furent arrĂȘtĂ©s et repoussĂ©s par les Armagnacs. Les Armagnacs devant une telle rĂ©sistance dĂ©cidĂšrent de plier bagage le jour de l’an 1445 pour aller chercher fortune ailleurs. Mais au moment de partir, ils incendiĂšrent une partie de la ville de Saint-Hippolyte. Des compagnons qui avaient rĂ©ussi Ă  quitter la ville avant l’arrivĂ©e des Armagnacs dĂ©cidĂšrent de porter secours Ă  la population et de les ravitailler. Les Armagnacs qui s’étaient tenus en embuscade, les attaquĂšrent et les dĂ©pouillĂšrent aprĂšs les avoir massacrĂ©s. Ils occupĂšrent Ă  nouveau Saint-Hippolyte et commirent les pires horreurs. Ils quittĂšrent les lieux dĂ©finitivement aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©logĂ©s par Erasme de Ribeaupierre et les troupes de l’évĂȘque de Strasbourg qui commençaient Ă  s’inquiĂ©ter par l’audace de ces aventuriers. Sous prĂ©texte que les bourgeois de Saint-Hippolyte et du Val de LiĂšpvre avaient ouvert leur porte aux Armagnacs, ils firent mettre le feu aux derniĂšres maisons encore debout. Les habitants de Saint-Hippolyte, malgrĂ© tous ces malheurs se mirent Ă  reconstruire leurs maisons et Ă  remettre le vignoble en Ă©tat. AprĂšs ces pĂ©riodes de grande cruautĂ© et de misĂšre, Saint-Hippolyte passa plusieurs fois entre les mains de nouveaux maĂźtres, mais revint de nouveau aux ducs de Lorraine deux ans plus tard.

    François de Sickingen s’empare de Saint-Hippolyte

    Franz von Sickingen
    Maison à colombage située rue de Saint-Fulrade à Saint-Hippolytte

    En 1516, Franz von Sickingen (1481-1523) un aventurier allemand qui guerroyait pour le compte de Gangolf de Geroldseck (1527-1569) prĂšs de Saverne, de la maison de Wangen contre le duc de Lorraine s’empara de Saint-Hippolyte par surprise avec ses 6000 soldats sans commettre des dĂ©gĂąts Ă  la ville[32]. Gangolf de Geroldseck eut des difficultĂ©s avec le duc Antoine, Ă  propos des mines situĂ©es au Val de LiĂšpvre. Incapable de faire triompher sa cause avec ses propres forces, il appela au secours Franz von Sickingen (François de Sickingen) un fameux aventurier. Celui-ci se hĂąta d’accourir avec une bande de 6000 hommes. Il franchit les Vosges et envahit la Lorraine. Le duc de Lorraine ayant achetĂ© la neutralitĂ© des Sickingen, dĂ©fit complĂštement les troupes de Geroldseck dans le Val de LiĂšpvre. Il se rendit maĂźtre Ă  nouveau de Saint-Hippolyte sans coup fĂ©rir et fit trancher la tĂȘte Ă  un habitant qui avait favorisĂ© l’entrĂ©e de l’ennemi. Cependant cette expĂ©dition d’Antoine ne suffit pas pour rĂ©tablir complĂštement l’ordre. Sous prĂ©texte de venger les faibles et les opprimĂ©s, François de Sickingen porta ses ravages dans le Palatinat et dĂ©clara la guerre aux villes impĂ©riales et aux Ă©tablissements religieux. Le nom de Geroldseck apparaĂźt souvent dans l’histoire de l’Alsace. On trouve l’une des branches sous le nom de Geroldseck-Ăšs-Vosges (In Vosaso, am Wesichim) Ă  cause de ses chĂąteaux situĂ©s dans les Vosges. Elle s’est Ă©teinte au XIVe siĂšcle. L’autre famille tirait son nom du chĂąteau du Hohen-Geroldseck Ă©tabli sur l’une des cimes de la ForĂȘt-Noire prĂšs de Lahr. Pour protĂ©ger Ă  l’avenir le Val de LiĂšpvre et Saint-Hippolyte le duc de Lorraine en confia la garde dĂšs 1516 Ă  un seigneur alsacien qui lui Ă©tait tout dĂ©vouĂ©, le comte de Thierstein[33]. François de Sickingen fut tuĂ© en 1523.

    La guerre des Rustauds

    Le village de Saint-Hippolyte vu depuis le vignoble
    Vue sur la chapelle du Dusenbach de Ribeauvillé
    La tour des cigognes (origine: 1316 puis restaurée)
    Calvaire prĂšs de la chapelle de la Sainte croix

    Mais de nouveaux cataclysmes allaient surgir en Alsace. Au mois d’avril 1524, les paysans se soulevĂšrent de BĂąle Ă  Wissembourg. Ils prennent le nom de Rustauds. Leurs ennemis Ă©taient les nobles et surtout le clergĂ©.

    DĂšs fĂ©vrier 1525 les paysans du Nord de la rĂ©gion font connaĂźtre en douze points leurs revendications pour plus de libertĂ© pour les paysans : suppression de la dĂźme, du droit de pĂȘche et de chasse, libertĂ© de choisir son seigneur. En peu de temps, ces revendications firent le tour de toute l’Alsace, d’abord revendiquĂ©s avec calme, puis des dĂ©bordements occasionnĂšrent des violences. Ce fut dans la Basse-Alsace, vers Molsheim, que le mouvement fut le plus violent. La rĂ©volte gagna Ă©galement le val de VillĂ© et la ville lorraine de Saint-Hippolyte.

    Les paysans s’en prennent Ă  des abbayes saccageant tout au passage. Les abbayes de Honcourt, d’Andlau, de Baumgarten et d’Ebersmunster sont dĂ©truites et incendiĂ©es. Le prieurĂ© de LiĂšpvre est Ă©galement partiellement dĂ©truit. Les paysans s’apprĂȘtent alors Ă  se rendre en Lorraine pour s’attaquer aux biens du duc de Lorraine. Ils essayĂšrent de surprendre la ville de Saint-DiĂ©. Mais dĂšs l’arrivĂ©e des paysans, le tocsin fut sonnĂ© et permit de les disperser. Ce fut leur plus grosse erreur. Saint-DiĂ© fut dĂ©fendu par une compagnie de lansquenets.

    SollicitĂ© par les seigneurs alsaciens et Guillaume III de Hohenstein, Ă©vĂȘque de Strasbourg, le duc Antoine met sur pied une armĂ©e bien aguerrie emmenĂ©e par le comte de Guise et le duc de Vaudemont et Ă©crase les Rustauds Ă  Lupstein prĂšs de Saverne le . Les paysans sont armĂ©s simplement de fourches et de flĂ©aux. On dĂ©nombre plus de 21 000 morts. Les cadavres sont jetĂ©s dans des fosses communes. Croyant en avoir fini avec les Rustauds, le duc de Lorraine est averti que des paysans se rejoignent pour les attaquer et leur tendre un piĂšge. En effet en mai 1525 des paysans d’Ebersmunster, de ChĂątenois, de Barr, veulent rejoindre ceux de RibeauvillĂ© et ceux de Saint-Hippolyte pour grossir les rangs. Mais l’armĂ©e du duc Antoine les Ă©crase Ă  Scherwiller: 5000 paysans y laissent leur vie. Il fit mettre le feu Ă  Scherwiller Ă  qui il reprochait de leur avoir ouvert les portes, les rares occupants furent impitoyablement pourchassĂ©s et tuĂ©s. L’agitation gagna aussi les terres de Lorraine: Ă  Saint-Hippolyte, le curĂ© Wolfgang Schuh, qui avait Ă©tĂ© nommĂ© par les chanoines de la collĂ©giale Saint-Georges de Nancy, abjura le catholicisme, se maria et fut suivi par nombre de ses paroissiens. Les paysans occupĂšrent Saint-Hippolyte le , avec le soutien de la bourgeoisie, mais ils n’y restĂšrent pas bien longtemps. Le duc Antoine envoya un dĂ©tachement Ă  Saint-Hippolyte avec pour mission de faire rentrer dans le rang les rĂ©calcitrants. Il n’eut d’ailleurs aucun mal Ă  faire rentrer l’ordre dans sa lointaine ville de Lorraine. Le duc Ă©tait d’autant plus mĂ©content qu’il tenait ses sujets comme particuliĂšrement irresponsables d’avoir Ă©coutĂ© les discours enflammĂ©s des Rustauds. Certains avaient mĂȘme sympathisĂ© vis-Ă -vis de la RĂ©forme. Le curĂ© Wolfang Schuh (1493-1525) fut arrĂȘtĂ© pour crime d’hĂ©rĂ©sie en mai 1525 par Gaspard d'Haussonville, gouverneur de BlĂąmont et conduit Ă  Nancy et condamnĂ© Ă  ĂȘtre brĂ»lĂ© sur un bucher le .

    Les habitants de Saint-Hippolyte, y compris les enfants de sept Ă  douze ans, en signe de pĂ©nitence, devront marcher pieds nus et tĂȘte dĂ©couverte en procession cierge Ă  la main, jusqu’au sanctuaire de Dusenbach. Ils doivent restituer tous les ornements enlevĂ©s aux Ă©glises et couvents, jeĂ»ner tous les vendredis et de verser les dĂźmes et autres redevances Ă  l’Église. Ils doivent Ă©galement envoyer chaque annĂ©e au duc de Lorraine douze charretĂ©es de bon vin blanc de vingt quatre mesures chacune[34]. Au milieu du XVIe siĂšcle, Saint-Hippolyte devint de nouveau une ville prospĂšre. Elle Ă©tait entourĂ©e de solides murailles et d’un fossĂ© assez profond. Les ducs de Lorraine se rendaient Ă  la belle saison Ă  Saint-Hippolyte pour y chasser dans les montagnes voisines. Le reste du temps la ville Ă©tait habitĂ©e par un gouverneur ou bailli qui reprĂ©sentait le duc de Lorraine qui Ă©tait chargĂ© de veiller Ă  l’ordre et percevoir les redevances et impĂŽts de toutes sortes. En 1564, cette fonction Ă©tait tenue par Olry de Widranges (Ulrich von Wittringen) fils de Jean de Widranges, seigneur de ThanvillĂ©. Il fut nommĂ© capitaine et receveur dans la ville. Les habitants de Saint-Hippolyte ne l’aimaient guĂšre et pendant trĂšs longtemps il demeurait impopulaire auprĂšs de la population. Depuis 1551, la seigneurie d’Ortenberg ou de VillĂ© appartenait Ă  la puissante famille de Bollwiller. Nicolas, baron de Bollwiller et untervogt d’Alsace, administrait le Val de VillĂ© par un intendant supĂ©rieur, Jean-Jacques de Ostein et par un officier, Armand Widmann. Ce fut avec ces derniers qu’Olry de Widranges eut de grandes contestations[35]. Olry de Widranges eut Ă  dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts du duc de Lorraine Ă  Saint-Hippolyte contre les entreprises du sire de Ribeaupierre. BientĂŽt il fut lui-mĂȘme mis en contestation avec les bourgeois de Saint-Hippolyte. Ces derniers n’étaient pas trĂšs faciles Ă  gouverner. En 1504, ils s’étaient mutinĂ©s et avaient voulu massacrer leur capitaine Jean de Housse. Jean de Widranges avait une fĂącheuse tendance Ă  pressurer ses concitoyens en impĂŽts, corvĂ©es, et tailles de toutes sortes. Les reprĂ©sentants de la ville finirent par se plaindre auprĂšs du duc de Lorraine qui procĂ©da Ă  une enquĂȘte sur place qui rejoignait les affirmations de la population. Il avait en outre de grandes difficultĂ©s avec son voisin le seigneur de VillĂ©. Le duc voulait absolument avoir une image positive auprĂšs des habitants de sa lointaine ville alsacienne de Lorraine. Il fut arrĂȘtĂ©, renvoyĂ© Ă  Nancy et destituĂ© de son titre et emprisonnĂ© en 1568 Ă  Nancy oĂč il mourut en 1589[36]. Il fut remplacĂ© Ă  Saint-Hippolyte par Jean de SiliĂšres, chancelier de Christine de Danemark. Une dalle sculptĂ©e et polychrome fixĂ©e sur la façade nord de l’hĂŽtel de ville rappelle le souvenir d’Ulrich de Widranges. Sur la dalle figurent les armes de Lorraine, au-dessous desquels on note l’inscription : Ulrich von Wittringen 1566.

    La chasse aux sorciĂšres

    Entre 1560 et 1600, l’Alsace eut Ă  dĂ©plorer une vĂ©ritable chasse aux sorciĂšres. Rien qu’à Colmar, Turckheim et SĂ©lestat on avait envoyĂ© au bucher 42 femmes accusĂ©es de sorcellerie. Elles avaient avouĂ© sous les tortures les pires mĂ©faits. Entre 1570 et 1572, on fit brĂ»ler Ă  Colmar dans la « cour des MalĂ©fices » (Malefizgericht) 46 femmes accusĂ©es de sorcellerie. Le flĂ©au toucha Bergheim[37] un peu plus tard oĂč un gigantesque procĂšs fit apparaĂźtre 35 femmes accusĂ©es de sorcellerie dont huit originaires de Saint-Hippolyte et deux de Thannenkirch. On leur reprochait d’avoir demandĂ© Ă  Satan de faire tomber la grĂȘle et d’avoir ainsi Ă©tĂ© responsables de la dĂ©vastation de la vigne. Une autre Ă©tait accusĂ©e d’avoir fait pourrir les raisins juste avant les vendanges. D’autres Ă©taient encore accusĂ©es d’avoir fait tourner le vin et de le rendre impropre Ă  la consommation ou pour une autre d’avoir fait mourir une vache. Sous la torture on faisait avouer Ă  ces pauvres femmes des scĂšnes invraisemblables. Plusieurs d’entre elles avouaient se retrouver la nuit en compagnie du diable qui avait pris une forme humaine, avec lequel elles mangeaient, buvaient, chantaient et dansaient et Ă©taient Ă©galement accusĂ©es d’avoir entretenu avec le diable un commerce charnel. Certaines "sorciĂšres" habitant Bergheim, Rorschwihr ou ChĂątenois avouaient avoir touchĂ© de l’argent ou des dons en nature. Elles disaient avoir Ă©tĂ© transportĂ©es par des oies, des chĂšvres ou sur des manches Ă  balais quelque part prĂšs du "Landgraben" ou du moulin dit "BruchmĂŒhle" ou encore au Kleinforst Ă  Saint-Hippolyte. Sur les 35 femmes accusĂ©es de sorcellerie, une seule tint tĂȘte aux accusateurs. Elle mourut sous la torture. Au moment d’expier, un moineau pĂ©nĂ©tra dans le local et en ressortit prĂ©cipitamment. Le juge Ă  la suite de cet Ă©vĂšnement affirma que le diable avait cherchĂ© Ă  rĂ©cupĂ©rer l’ñme de la sorciĂšre. La plupart du temps les prĂ©tendues sorciĂšres Ă©taient de simples femmes, vraisemblablement des vagabondes ou des bohĂ©miennes qui avaient rĂ©ussi Ă  extorquer de l’argent et des dons en nature Ă  des habitants un peu crĂ©dules.

    La peste Ă  Saint-Hippolyte

    Au cours de son histoire l’Alsace a connu plusieurs pĂ©riodes d’épidĂ©mie de peste. La peste affecte aussi bien l’homme que l’animal. Elle est vĂ©hiculĂ©e par un rat, le Rattus rattus qui le transmet Ă  l’homme par l’intermĂ©diaire des puces infectĂ©es. Les rongeurs sauvages constituent le principal vecteur de la maladie. Entre 1347 et 1350 l’Europe a connu l’une de ses plus importantes Ă©pidĂ©mies de peste Ă  laquelle Saint-Hippolyte n’a pas Ă©chappĂ©. Elle n’a pas Ă©tĂ© la premiĂšre ni la derniĂšre Ă©pidĂ©mie connue. On estime qu’au cours de cette pĂ©riode l’Europe a perdu de 1/4 Ă  1/3 de sa population soit environ 25 millions d’individus. La peste partie d’Asie centrale par les Mongols s’est rĂ©pandue ensuite comme une traĂźnĂ©e de poudre atteignant Messine en septembre 1347, puis GĂȘnes et Marseille en dĂ©cembre 1347. En juin 1348 c’est Venise qui est atteinte, puis tout le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e. DĂšs lors la peste atteint toute l’Europe, du nord au sud oĂč elle rencontre un terrain favorable en raison de l’affaiblissement rĂ©pĂ©tĂ© de la population dĂ» aux guerres et aux famines. La prolifĂ©ration des rats et la quasi-disparition des chats au XIVe siĂšcle ont Ă©galement jouĂ© un rĂŽle important dans la propagation de la maladie. Les Juifs, les gitans (gens du voyage) et autres populations connues gĂ©nĂ©ralement sous le nom de cagots rendus coupables par la population qui pense qu’ils empoissonnent les puits, sont persĂ©cutĂ©s malgrĂ© la protection du pape ClĂ©ment VI qui condamne cette chasse aux sorciĂšres.

    En 1627, la ville de Saint-Hippolyte fut durement touchĂ©e par une Ă©pidĂ©mie de peste durant plus de cinq annĂ©es oĂč l’on dĂ©plora plus de 400 morts. En 1632 la ville ne comptait plus que 232 habitants. Les cadavres Ă©taient dĂ©posĂ©s devant la porte des maisons puis emportĂ©s sur un charriot et jetĂ©s dans des fosses communes. Pour conjurer le mauvais sort, les habitants pour Ă©chapper Ă  l’épidĂ©mie firent Ă©riger des croix ou calvaires baptisĂ©s "Croix de la Peste". On peut encore apercevoir l’une d’elles Ă  l’endroit appelĂ© "Zollstoeckel" qui date de l’annĂ©e 1628.

    La guerre de Trente Ans

    Le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg vu depuis la sortie ouest de la ville au milieu des vignes
    Matthias Gallas (1584-1647)
    Jean de Werth (1595-1652)

    La guerre de Trente Ans commença en 1618. L’Alsace entiĂšre fut cruellement Ă©prouvĂ©e au cours des trente annĂ©es d’invasion des SuĂ©dois. Les protestants combattaient l’Autriche catholique ainsi que leurs alliĂ©s. La Lorraine Ă©tait l’alliĂ©e de l’Autriche, alors que le pays de Bade commandĂ© par le rhingrave Othon Louis s’était rangĂ© du cĂŽtĂ© des SuĂ©dois, donc ennemi de la Lorraine. Durant toute la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e 1632, l’Alsace est parcourue par des bandes de soldats impĂ©riaux et lorrains qui pillent les campagnes et s’emparent des villes comme Wissembourg en . Les lorrains installĂ©s Ă  Haguenau sont dĂ©cimĂ©s par la typhoĂŻde et contaminent la population. Mais en , la ville de Strasbourg s’engage du cĂŽtĂ© de la SuĂšde et le , Melchior de l'Isle notifie au Magistrat de Strasbourg l’arrivĂ©e d’un rĂ©giment de l’armĂ©e française. Les SuĂ©dois comprennent qu’ils doivent se hĂąter s’ils ne veulent pas renoncer Ă  l’Alsace. La lĂ©gende les appelle les SuĂ©dois, mais en rĂ©alitĂ© il y a trĂšs peu de troupes scandinaves. Il s’agit plutĂŽt d’une armĂ©e hĂ©tĂ©roclite composĂ©e de soldats de plusieurs nationalitĂ©s. Ses gĂ©nĂ©raux, Gustave Horn et le rhingrave Othon-Louis entre Ă  l’heure tour dans la province fin en franchissant le pont du Rhin et sont reçus en amis dans Strasbourg, Ă  laquelle ils empruntent la grosse artillerie pour rĂ©duire la forteresse Ă©piscole de Benfeld dĂ©fendue par le baron Zorn von Burlach qui rĂ©siste avec tĂ©nacitĂ© pendant sept semaines. Le 1er septembre, la ville d’Erstein tombe entre les mains des troupes suĂ©doises puis est pillĂ©e. Une grande terreur s’abat sur la population campagnarde qui cherche Ă  se rĂ©fugier dans les forĂȘts et les places fortes. Puis c’est au tour des villes comme Obernai, Rosheim, Turckheim, Munster, Rouffach de tomber le . La ville de SĂ©lestat est prise Ă  son tour le et Ensisheim le . À Colmar, sous la pression des bourgeois, le colonel Vernier, commandant autrichien, capitule le . Au dĂ©but de 1633, Gustave Horn quitte l’Alsace et laisse le soin au rhingrave Othon-Louis de poursuivre la conquĂȘte par la prise de Thann et de Belfort. Dans le Nord de l’Alsace, Haguenau est contraint d’accepter une garnison suĂ©doise. Les troupes de l’Union de Heilbronn (Union des princes protestants) se bagarrent avec acharnement contre les ImpĂ©riaux et les lorrains et s’y livrent Ă  de nombreux engagements trĂšs musclĂ©s.

    Au printemps 1633, le rhingrave quitte Ă  son tour l’Alsace en laissant de fortes garnisons Ă  Benfeld, SĂ©lestat et Colmar qu’il place sous le commandement du comte Christian von Birkenfeld. Le , Christian von Birkenfeld s’empressa de bombarder la petite ville de Saint-Hippolyte et d’en dĂ©loger la petite garnison lorraine. Saint-Hippolyte venait Ă  peine de se remettre des cinq annĂ©es d’épidĂ©mie de peste bubonique, les SuĂ©dois leur imposent une rançon exorbitante de 8000 florins [38]. Saint-Hippolyte et le chĂąteau des ducs de Lorraine Ă©taient en cendres. PrĂ©cisons que l’armĂ©e suĂ©doise Ă©tait surtout composĂ©e de mercenaires guerroyant pour celui qui les payait le mieux en participant aux pires pillages et exactions. Il ne restait pratiquement plus rien Ă  Saint-Hippolyte et les SuĂ©dois durent bien se rendre Ă  l’évidence que cela ne valait plus la peine de traĂźner dans la ville. Ils quittĂšrent les lieux et durent affronter les lorrains revenus en force pour reprendre la ville. Au cours de violents combats, avec l’aide des ImpĂ©riaux, Saint-Hippolyte fut reprise. En 1635, l’Alsace est Ă  nouveau parcourue, ravagĂ©e, incendiĂ©e par les cavaliers impĂ©riaux de Jean de Werth. Matthias Gallas, chef de guerre italien de sinistre rĂ©putation, au service de l’Empereur, s’empare de toute une sĂ©rie de petites places fortes au sud et au nord de l’Alsace avant de passer en Lorraine oĂč il rejoint les troupes de Charles de Lorraine Ă  Morhange. De leur cĂŽtĂ©, les lorrains remontant de Franche-ComtĂ© s’empare de Riquewihr qui est abandonnĂ© par l’avouĂ© wurtembourgeois, puis reprennent ensuite Remiremont et Rambervillers. SĂ©lestat, Colmar et Haguenau restent aux mains des Français, mais leurs garnisons sont affamĂ©es et ne sont ravitaillĂ©es qu’au compte-goutte. Jusqu’en 1637, les ImpĂ©riaux rĂ©ussissent Ă  se maintenir en Alsace. Le , Bernard de Weiner meurt subitement et l’Alsace protestante qui l’avait surnommĂ©e « le nouveau MaccabĂ©e » pousse un soupir de soulagement. La France dĂ©barrassĂ©e d’un alliĂ© devenu exigeant peut pousser son avantage et s’installer Ă  Brisach oĂč elle installe un intendant de justice, police et finances en la personne du baron D’Oysonville. La rĂ©gion n’est plus guĂšre troublĂ©e les derniĂšres annĂ©es de guerre que par les apparitions de Charles de Lorraine, qui chassĂ© de son duchĂ©, erre entre Meuse et Rhin avec une armĂ©e de soudards intrĂ©pides mais fĂ©roces qui ne laissent derriĂšre eux que ruines. Lorsqu'en 1648 le traitĂ© de Westphalie mit fin Ă  la guerre de Trente Ans, l’Alsace sort durement Ă©prouvĂ©e. La moitiĂ© du vignoble n’était plus qu’un dĂ©sert. Pourtant, Saint-Hippolyte renaĂźtra de ses cendres et au bout d’un certain temps la vie reprendra le dessus et la prospĂ©ritĂ© avec. AprĂšs le traitĂ© de Westphalie, le roi de France laissa une garnison Ă  Saint-Hippolyte. Ce n’est qu’en 1661, en vertu du traitĂ© de Vincennes, qui restituait la Lorraine au duc Charles IV, que Saint-Hippolyte revint au duc de Lorraine. Mais lorsque Charles IV fut chassĂ© de ses États une nouvelle fois par le roi de France en 1670, Saint-Hippolyte fut Ă  nouveau occupĂ© par les armĂ©es françaises. Ce n’est qu’à partir de 1718, en vertu du traitĂ© de Paris que la ville retourne Ă  la Lorraine.

    Les Juifs de Saint-Hippolyte

    Charles III, duc de Lorraine (1543-1608)

    Les Juifs arrivent en masse en Alsace Ă  partir de 1306 chassĂ©s du Royaume de France par Philippe le Bel. En 1349 la peste noire atteint l’Alsace. Les juifs semblent alors moins souffrir de l’épidĂ©mie que le reste de la population. Une pratique et une certaine hygiĂšne de vie les mettent Ă  l’abri de l’épidĂ©mie. Les rumeurs se multiplient alors contre eux. On les accuse d’empoissonner les puits. Les accusations les plus virulentes proviennent essentiellement de ceux qui leur doivent de l’argent. Un chroniqueur du XVIe siĂšcle relate les Ă©vĂ©nements entre la population et des Juifs de Saint-Hippolyte. Cinq familles juives rĂ©sidaient dans les annĂ©es 1560 Ă  Saint-Hippolyte. Elles portaient les noms de Isaac, Nathan, Lazarus, Abraham. La population s’entendait fort mal avec ces familles. Elle reprochait Ă  ces familles de toujours chercher les meilleurs avantages pour eux et leurs familles. En 1567, sept bourgeois de la ville de Saint-Hippolyte dĂ©posĂšrent plainte auprĂšs du duc de Lorraine, Charles III contre ces familles juives. Une enquĂȘte judiciaire fut dĂ©cidĂ©e qui ne donna strictement rien et la vie continua comme avant. En 1579, le duc fut saisi d’une nouvelle rĂ©clamation de la part des habitants de Saint-Hippolyte contre les Juifs. Certains habitants n’hĂ©sitĂšrent pas Ă  faire de faux tĂ©moignages dans le but de les faire expulser de la ville. Il faut dire que la plupart des Juifs Ă©taient de trĂšs bons commerçants, ce qui suscita de la jalousie parmi les autres commerçants non juifs. Devant tant d’insistance, le duc fit prononcer un Ă©dit d’expulsion. Ces commerçants juifs venaient des villes voisines : Bergheim, SĂ©lestat, Scherwiller et Dambach pour y exercer leur mĂ©tier. Ils vendaient leurs produits qui Ă©taient souvent exportĂ©s en Lorraine et inversement ils achetaient des produits lorrains qu’ils vendaient en Alsace.

    Le retour de Saint-Hippolyte Ă  la France

    Fontaine ovale dans la rue Fulrade Ă  Saint-Hippolyte
    Stanislas Ier LeszczyƄski

    Depuis 1697, la Lorraine avait Ă©tĂ© rendue au duc LĂ©opold Ier, en exĂ©cution du traitĂ© de Ryswick. L’article 28 de ce traitĂ© stipulait que le duc de Lorraine recevrait son duchĂ© tel que Charles IV le possĂ©dait en 1670. En consĂ©quence le Val de LiĂšpvre et ThanvillĂ© Ă©taient restituĂ©s Ă  la Lorraine, mais on ne lui avait pas rendu Saint-Hippolyte et il Ă©tait convenu qu’elle recevrait en compensation des terres Ă©quivalentes. Des confĂ©rences ouvertes Ă  ce sujet furent interrompues Ă  plusieurs reprises par les guerres de succession au sommet de l’État français. Elles furent reprises en 1714, aprĂšs le traitĂ© de Rastatt; les commissaires français furent MM. Lefebvre d’Ormesson et de Saint-Contest, les lorrains dĂ©lĂ©guĂšrent MM. de Mahuet et Barrois. Les commissaires français refusĂšrent catĂ©goriquement de rendre Saint-Hippolyte. Ils prĂ©tendirent que cette ville avait toujours fait partie de l’Alsace [39] ; que les ducs de Lorraine aprĂšs l’avoir usurpĂ© en 1374, n’y avaient jamais exercĂ© que des droits rĂ©galiens sous la souverainetĂ© de l’Empire, et que cette souverainetĂ© appartenait Ă  la France depuis le traitĂ© de Munster. C’était absolument inexact, mais ce raisonnement pouvait tout aussi bien s’appliquer Ă  ThanvillĂ© et au Val de LiĂšpvre. C’est ce qui ne tarda pas Ă  arriver. BientĂŽt la France refusa, non seulement que Saint-Hippolyte revienne Ă  la Lorraine, mais prĂ©tendit reprendre le Val de LiĂšpvre et ThanvillĂ©. Les commissaires lorrains furent mis au dĂ©fi de prouver que ces territoires avaient autrefois appartenu au duc de Lorraine. Les diplomates français savaient fort bien ne pouvoir ĂȘtre dĂ©mentis. Lors de la prise du chĂąteau de la Mothe toutes les piĂšces d’une certaine importance avaient Ă©tĂ© mises en sĂ»retĂ© Ă  Paris. Les Ă©missaires lorrains en furent rĂ©duits Ă  protester et Ă  se mettre Ă  la recherche de quelques titres Ă  produire. C’est alors que le conseiller Lefranc fut envoyĂ© Ă  ThanvillĂ©. Il y arriva le , accompagnĂ© d’un ingĂ©nieur français, et fut reçu au chĂąteau par Mme de Cocqfontaine. Il commença par faire le tour de la seigneurie et par en dĂ©terminer exactement les limites. Il rĂ©sulte de son procĂšs-verbal [40] qu’elles Ă©taient alors, Ă  peu de chose prĂšs, celles de la commune actuelle de ThanvillĂ©. Les bornes Ă©taient anciennes et portaient une croix, qui Ă©tait l’emblĂšme des Hattstatt. Ces bornes avaient Ă©tĂ© plantĂ©es par Jean ou Gaspard de Hattstatt[41] vers 1500. Le conseiller Lefranc compulsa ensuite les archives du chĂąteau ; il n’y avait que la permission de 1566, de prendre des officiers de justice Ă  Saint-Hippolyte, et une copie de 1541 de l’exemption des aides pour les habitants de ThanvillĂ©. Au cours de ces recherches, il examina les piĂšces du procĂšs de M. de Cocqfontaine contre M. DuprĂ© d’Honville. Il y constata qu’en 1693, Ă  l’époque oĂč l’Alsace et la Lorraine Ă©taient sous la domination française, le parlement de Brisach avait Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© incompĂ©tent et la cause renvoyĂ©e devant les tribunaux lorrains, attendu que ThanvillĂ© Ă©tait terre lorraine. Il n’y avait pas de meilleure rĂ©ponse Ă  chercher; les Français Ă©taient battus avec leurs propres armes. La chose ne fut pas aussi aisĂ©e pour le Val de LiĂšpvre et Saint-Hippolyte. Enfin aprĂšs bien des discussions qui se traduisirent par de longs et oiseux mĂ©moires, les confĂ©rences finirent par aboutir. OccupĂ©e pendant de longues annĂ©es par les troupes de Louis XIV Saint-Hippolyte est rendue Ă  la Lorraine le . Le , le chevalier d'Angervilliers, conseiller du roi et le chevalier de Gircourt, conseiller du duc, se rendirent Ă  Saint-Hippolyte oĂč ils avaient convoquĂ©s des dĂ©putĂ©s de Saint-Hippolyte, du Val de LiĂšpvre et de ThanvillĂ©. Cette derniĂšre localitĂ© Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par trois bourgeois. Les commissaires firent solennellement lecture des articles du traitĂ© de Paris et dressĂšrent un procĂšs-verbal signĂ© par tous les assistants. Ses articles 23 Ă  27 restituent au duc la ville de Saint-Hippolyte que la France gardait encore. Ils dĂ©cident que la forĂȘt dite du Hinterwald, situĂ©e sur le penchant mĂ©ridional du Val de LiĂšpvre, sera indivise entre les communautĂ©s françaises de Bergheim et Orschwiller, et la communautĂ© lorraine de Saint-Hippolyte, sans prĂ©judice aux droits de pĂąturage que les habitants de LiĂšpvre y possĂšdent, et que les dĂ©lits commis dans cette forĂȘt seront jugĂ©s par les tribunaux français ou lorrains, selon qu’ils auront Ă©tĂ© constatĂ©s par les forestiers des localitĂ©s françaises ou lorraines. Cette consĂ©cration du retour Ă  la Lorraine s’est matĂ©rialisĂ©e par l’installation de plusieurs pierres-bornes dont certaines sont encore visibles au lieu-dit du Langenberg avec la croix de Lorraine. C’est en effet cette annĂ©e-lĂ  que le chevalier de Gircourt, au nom du duc de Lorraine, Ă©tablit des officiers dans la ville, fit planter des bornes, reçut le serment de fidĂ©litĂ© de ses nouveaux sujets. Il prescrivit aux habitants de ne plus se servir dorĂ©navant que du sel, du parchemin et du papier lorrains. La domination des ducs de Lorraine sur Saint-Hippolyte ne fut plus que de courte durĂ©e. Saint-Hippolyte restera lorraine jusqu’à la mort du duc Stanislas LeszczyƄski roi de Pologne et beau-frĂšre de Louis XV. Un accord secret entre le roi de France et le duc de Lorraine stipulait qu’aprĂšs le dĂ©cĂšs du duc de Lorraine le Val de LiĂšpvre et Saint-Hippolyte ainsi que la Lorraine entiĂšre deviendraient française. Le , le duchĂ© de Lorraine fut donc rĂ©uni au royaume de France. Au moment de cette annexion, la ville comptait environ 240 maisons et 1600 habitants. À partir de ce moment Saint-Hippolyte partagea le sort de toute l’Alsace et son histoire ne sera plus marquĂ©e par des faits importants mĂ©ritant d’ĂȘtre relevĂ©s.

    L’administration de Saint-Hippolyte au temps des Lorrains

    Les vignes Ă  la sortie de Saint-Hippolyte et au loin le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg
    Ancienne ferme vigneronne du XVIe siÚcle située dans la rue de Saint-Fulrade à Saint-Hippolyte

    Pendant plus de 700 ans la ville de Saint-Hippolyte fait partie d’une enclave lorraine au cƓur de l’Alsace. Les Lorrains prĂ©levaient des impĂŽts et redevances sur les habitants. MalgrĂ© tous les habitants n’eurent pas trop Ă  se plaindre des lorrains. Ils pouvaient s’exprimer librement et mĂȘme formuler des remarques sur l’administration de leur ville. Olry von Wittringen[42] le bailli nommĂ© par les lorrains en a fait les frais. Il fut destituĂ© et emprisonnĂ© Ă  Nancy. Le duc de Lorraine Ă©tait reprĂ©sentĂ© Ă  Saint-Hippolyte par un bailli (en allemand : Amtmann) qui Ă©tait chargĂ© de rĂ©colter les redevances Ă  la charge des habitants. Il prĂ©sidait aussi le tribunal et Ă©tait le chef de la milice communale qui Ă©tait le plus souvent composĂ©e de bourgeois armĂ©s. Ils devaient intervenir en cas de dĂ©sordre ou en cas d’attaques extĂ©rieurs en attendant le renfort d’hommes de troupes. Le bailli avait directement sous ses ordres un schultheiss, un homme de confiance et un greffier (en allemand : Ratschreiber) tous deux nommĂ©s par le duc de Lorraine.

    Les bourgeois Ă©lisaient chaque annĂ©e parmi leurs membres douze reprĂ©sentants qui Ă©taient directement sous les ordres du bailli. Ils adressaient au duc de Lorraine les vƓux de la population et les rĂ©criminations de la population. L’église de Saint-Hippolyte dĂ©pendait du Domkapitel de Nancy (chapitre de la collĂ©giale) depuis que l’abbaye de Saint-Denis avait confiĂ©e l’advocatie de Saint-Hippolyte aux ducs de Lorraine en 1052. Le curĂ© de Saint-Hippolyte Ă©tait nommĂ© depuis cette annĂ©e par le chapitre. Il percevait les 5/6e de la dĂźme, et 1/6 revenant au curĂ© d’Orschwiller, car les deux communes avaient un banc commun. Avec le temps, les fidĂšles prirent l’habitude de verser directement des offrandes en argent Ă  l’église. Le chapitre de la cathĂ©drale de Nancy s’occupait de la jurisprudence concernant les mĂ©faits commis sur les terres (Felfrevel). Il nommait un « garde des vignes » et 17 juges (les Huber) intervenaient chaque annĂ©e pour distribuer les contraventions pour les mĂ©faits signalĂ©s par le « garde des vignes ». Ces juges dĂ©signaient aussi un « garde pour les pĂątures ».

    Les prés du Ried dits Gemeinmark

    Mairie de Saint-Hippolyte
    Statue du guerrier celte de Mondragon (Ier siĂšcle)

    La commune de Saint-Hippolyte possĂšde vers l’Est, entre les forĂȘts de SĂ©lestat (dites Riedwald) et le Ried de Colmar cent hectares de prairies et quinze hectares de forĂȘts (dite Erlen). Ces 114 hectares faisaient jadis partie d’un ensemble de plus de 700 hectares, exploitĂ©s par Saint-Hippolyte, Orschwiller, Bergheim, RibeauvillĂ©, GuĂ©mar, Ohnenheim, Elsenheim. Ce vaste ensemble Ă©tait appelĂ© "Gemeinmark", ce qui peut ĂȘtre traduit par "marche commune" [43]. TrĂšs longtemps on a pensĂ© que le Gemeinmark faisait partie d’une donation de Charlemagne Ă  l’abbĂ© Fulrad, fondateur de Saint-Hippolyte. Il semble plutĂŽt que cette marche faisait partie du domaine d’Andaldovillare reçut en donation par Wido (ou Widon) et cĂ©dĂ© Ă  l’abbĂ© Fulrad. Widon Ă©tait un riche propriĂ©taire d’origine franque qui vivait bien avant l’arrivĂ©e de Charlemagne au pouvoir. Ces terres formaient donc une frontiĂšre en Haute-Alsace, probablement habitĂ©e dans la plus haute antiquitĂ© par des Celtes, les SĂ©quanes, et la Basse-Alsace oĂč vivaient d’autres peuplades celtes, les MĂ©diomatrices. Le Landgraben jouait donc dans les temps trĂšs lointains un certain rĂŽle. La rĂ©gion Ă©tait fertile, et Jules CĂ©sar s’en Ă©tait dĂ©jĂ  aperçue puisqu’il fit saisir les terres pour les rendre cultivables. Cependant les crues du Rhin ravageaient pĂ©riodiquement de vastes Ă©tendues de terre, mais d’autres surfaces restaient intactes. Ces terres non touchĂ©es par les crues d’eau Ă©taient connues sous le nom de "Gemeinmark" oĂč s’étaient regroupĂ©s des hommes. Les Romains y avaient installĂ© Ă  cet endroit une garnison qui se trouvait tout prĂšs des terres attribuĂ©es Ă  Saint-Hippolyte. Plus tard, du temps de l’abbĂ© Fulrad des religieux venus de l’autre cĂŽtĂ© des Vosges s’installĂšrent sur ces terres fertiles qui Ă©taient alors occupĂ©es par familles d’origine celtiques qui cultivaient la terre selon des mĂ©thodes ancestrales. Les religieux ont donc formĂ© les habitants aux mĂ©thodes modernes de l’époque pour rendre les rĂ©coltes plus abondantes. Il est fort possible que ce sont les moines qui ont apportĂ© les premiers plants de vignes dans la rĂ©gion entre le Langenberg et le Grentel. Ils formĂšrent probablement aussi la population locale Ă  Ă©lever du bĂ©tail en grand nombre sur les prairies de la "Marca Gasmaringa", appelĂ©e plus tard le "Gemeinmark" qui dĂ©pendra de GuĂ©mar et qui sera attribuĂ© au prieurĂ© de LiĂšpvre. Vers l’an 1000 l’abbaye d'Andlau obtiendra ces terres pour Bergheim en Ă©change de vastes terres de forĂȘts situĂ©es Ă  Bois-l’Abbesse, proche de la commune de LiĂšpvre. Les villages de RibeauvillĂ© et d’Orschwiller reçurent par la suite l’autorisation de l’abbaye de Saint-Denis qui Ă©tait propriĂ©taire des monastĂšres de Saint-Hippolyte et de LiĂšpvre d’y amener sur ces terres leurs troupeaux. Ce fut ensuite Elsenheim qui reçut la permission de l’évĂȘque de Strasbourg d’occuper les terres puis Ohnenheim Ă  la demande de l’abbaye de Munster. Cette exploitation entre plusieurs communes durera plusieurs dĂ©cennies, puis des frictions commencĂšrent Ă  apparaĂźtre. Il fallut donc mettre sur pied une rĂšglementation qui satisfasse l’ensemble des exploitants. On commença par dĂ©signer un Obermarkherr (une haute autoritĂ© responsable de la marche) qui sera un seigneur de la famille des Ribeaupierre. Il sera assistĂ© par des Markmeister (des contrĂŽleurs de la marche)nommĂ©s par chaque commune qui seront chargĂ©s de la surveillance, d’organiser les travaux d’entretien des ponts, et de curage des cours d’eau
 Les Markmeister eurent souvent maille Ă  partir avec les seigneurs de Ribeaupierre qui tentĂšrent souvent de s’arroger des droits plus Ă©tendus au dĂ©triment des autres protagonistes. Si RibeauvillĂ© qui dĂ©pendait des Ribeaupierre n’y voyait aucun problĂšme, les autres communes se montrĂšrent rĂ©servĂ©es par rapport aux exigences de cette famille noble. En 1365, Saint-Hippolyte et Orschwiller sont invitĂ©s par Bergheim Ă  faire valoir leurs droits afin de constituer une alliance commune face aux exigences des seigneurs de Ribeaupierre. En 1521, on essaye de relancer les droits auxquels peuvent prĂ©tendre les communautĂ©s de RibeauvillĂ©, Saint-Hippolyte et Bergheim. On demanda donc de vĂ©rifier les documents oĂč Ă©taient inscrits les droits. Finalement, aprĂšs de vaines recherches, le prĂ©cieux document est signalĂ© se trouver au grenier de l’église paroissiale de RibeauvillĂ©. Mais impossible de mettre la main dessus car le coffre contenant ce prĂ©cieux document Ă©tait fermĂ© par trois gros cadenas dont les clĂ©s se trouvaient entre les mains de chacune des trois communes. Ainsi, aucune commune ne peut ouvrir ce coffre sans la prĂ©sence des autres reprĂ©sentants. Dans les annĂ©es qui suivent d’autres incidents Ă©mailleront la vie quotidienne des biens du Gemeinmark. Les communes refusent de faire les travaux nĂ©cessaires de rĂ©fection des ponts, d’entretenir certains chemins forestiers. Il y eut mĂȘme des bagarres entre les reprĂ©sentants des communes dont l’un se soldera par la mort d’un homme. Chaque commune avait en effet des gardiens chargĂ©s de surveiller les bĂȘtes, les conflits restaient minimes et en 1772 on dĂ©partagea le domaine. RibeauvillĂ© exigea que le partage se fasse en fonction du nombre d’habitants. Les autres communes, Saint-Hippolyte, Orschwiller, Elsenheim, Ohnenheim ne partagĂšrent pas ce point de vue et objectĂšrent que jusqu’à prĂ©sent les frais d’entretien Ă©taient partagĂ©s Ă  parts Ă©gales. Finalement le partage fut dĂ©cidĂ© le 4 prairial de l’an XIII, qu’un dĂ©cret impĂ©rial sanctionnera le .

    Les dĂ©mĂȘlĂ©s entre la commune de LiĂšpvre et ses voisins alsaciens

    La rue principale (route des vins) Ă  Saint-Hippolyte

    En 1516 et en 1586, LiĂšpvre a quelques dĂ©mĂȘlĂ©s avec ses voisins de Bergheim, Saint-Hippolyte et Orschwiller au sujet des territoires circonvoisins appelĂ©s autrefois le Hinterwald qui Ă©taient communes depuis un jugement datĂ© du . D’aprĂšs cet acte la commune de LiĂšpvre pouvait profiter de la glandĂ©e pour ses animaux du jour de l’exaltation de la Croix () jusqu’à NoĂ«l et le reste de l’annĂ©e entre les trois autres communes. En 1562, le prieurĂ© de LiĂšpvre et la ville de Saint-Hippolyte se disputent des bois. On voit alors arriver Ă  LiĂšpvre un conseiller du duc, le procureur gĂ©nĂ©ral de Lorraine et un dignitaire ecclĂ©siastique, pour examiner les endroits contestĂ©s[44]. La ville de Saint-Hippolyte dĂ©tenait outre la forĂȘt du Hinterwald, les forĂȘts du Kelbin qui s’étendaient entre la vallĂ©e de la Liepvrette, sur le versant du Taennchel, depuis les rochers du Reinoldstein et du Ramelsteim jusqu’au mur paĂŻen. La forĂȘt du Hinterwald a Ă©tĂ© une pomme de discorde entre LiĂšpvre et ses voisins alsaciens depuis le XVIe siĂšcle. Pendant la guerre de Trente Ans le DuchĂ© de Lorraine est occupĂ© par les troupes françaises.

    Les Français s’approprient alors les forĂȘts qui faisaient partie depuis Charlemagne du prieurĂ© de LiĂšpvre en les annexant aux communes de Bergheim, Orschwiller et Saint-Hippolyte. À la fin de son rĂšgne, Louis XIV fut obligĂ© de rendre la Lorraine au duc de Lorraine. Diverses questions restaient Ă  rĂ©gler; c’est seulement aprĂšs la mort du grand roi que le traitĂ© de Paris du y pourvut. Ses articles 23 Ă  27 restituent au duc de Lorraine la ville de Saint-Hippolyte que la France gardait encore. Il est aussi dĂ©cidĂ© que la forĂȘt dite du Hinterwald, situĂ©e sur la penchant mĂ©ridional du Val de LiĂšpvre sera indivise entre les communautĂ©s françaises de Bergheim et Orschwiller et la communautĂ© de Saint-Hippolyte, sans prĂ©judice aux droits de pĂąturage que les habitants de LiĂšpvre y possĂšdent, et que les dĂ©lits commis dans cette forĂȘt seront jugĂ©s par les tribunaux français et lorrains, selon qu’ils auront Ă©tĂ© constatĂ©s par les forestiers des deux bords. On laisse Ă  LiĂšpvre, la propriĂ©tĂ© du Spiemont, qui s’étend jusqu’au rocher de Rammelstein, jusqu’au ban de Sainte-Croix-aux-Mines. Ce traitĂ© est le dernier fait important dans l’histoire de Saint-Hippolyte et du Val de LiĂšpvre puisqu’il rĂšgle une fois pour tous les dĂ©mĂȘlĂ©s anciens qui existaient entre la Lorraine et la France.

    L’ancien chñteau des ducs de Lorraine

    Armoiries du duc de Lorraine-VaudĂ©mont du temps pendant l’époque de LĂ©opold Ier
    Portrait de l'abbé Fulrad peint par Robert Gall au début du XXe siÚcle et exposé dans la cave viticole Huber & Bleger à Saint-Hippolyte

    En venant de la plaine, on remarque, en scrutant le village de Saint-Hippolyte, un vaste bĂątiment blanc qui se dĂ©tache au milieu des vignes du Langenberg: il s’agit de l’ancien chĂąteau des ducs de Lorraine. PropriĂ©taires depuis 700 ans de la ville de Saint-Hippolyte, les ducs avaient construits Ă  l’angle nord de l’enceinte, un petit chĂąteau. Ce n’était pas Ă  proprement parler un chĂąteau fort comme on en voit un peu partout en Alsace, mais plutĂŽt une "rĂ©sidence secondaire" oĂč les ducs venaient se reposer et chasser. Ils venaient aussi prendre le pouls de la population de Saint-Hippolyte. Pendant l’absence des ducs, un bailli y rĂ©sidait et reprĂ©sentait le duc qui avait le pouvoir de recouvrir les impĂŽts, d’organiser les corvĂ©es et de rendre la justice. Au cours de la guerre de Trente Ans (1618-1648), Saint-Hippolyte et son chĂąteau firent durement Ă©prouvĂ©s. Ce n’est qu’à partir de 1718 que le duc LĂ©opold fit faire des travaux de restauration sur le chĂąteau. À la RĂ©volution, le chĂąteau fut vendu comme bien national et un certain M. Dumoulin racheta le tout. En 1815 le chĂąteau passa entre les mains d’un maĂźtre des mines de charbon du Korchersberg et le transforma en caserne destinĂ©e Ă  accueillir une compagnie de soldats. À la mort de ce dernier, le curĂ© de RibeauvillĂ©, M. Mertian[45] en fit l’acquisition pour la somme de 12 000 francs et le donna par la suite au pĂšre Guillaume-Joseph Chaminade, prĂȘtre de Bordeaux. Ce dernier avait fondĂ© la SociĂ©tĂ© de Marie et prit possession du chĂąteau en 1825 appartenant autrefois aux ducs de Lorraine. En 1827, le chĂąteau abrite un pensionnaire puis en 1830 il abrite une trentaine d’internes et une vingtaine d’externes. BientĂŽt l’édifice comptera une centaine d’élĂšves et on parla alors de "collĂšge" qui fut reconnu comme tel par l’AcadĂ©mie. Les premiĂšres annĂ©es les responsables se prĂ©occupĂšrent plutĂŽt de l’éducation religieuse. Les annĂ©es 1840 Ă  1871 furent pour le collĂšge une pĂ©riode faste. Le nombre d’élĂšves atteint presque 200 dont des enfants de familles aisĂ©es d’Allemagne, de Suisse, d’Autriche. Un habitant de Saint-Hippolyte, Joseph Simler, entrĂ© au collĂšge en 1846 y fit de brillantes Ă©tudes et devint ensuite SupĂ©rieur GĂ©nĂ©ral de la SociĂ©tĂ© de Marie. La renommĂ©e des enseignants-religieux fut telle, que la municipalitĂ© de Saint-Hippolyte confia l’enseignement de l’école communale aux religieux. L’école communale fut partagĂ©e en trois classes et les Ă©lĂšves apprirent assez rapidement les rudiments de la langue française. Malheureusement, la guerre de 1870-1871 mit fin Ă  cette expansion. Le , les Prussiens au nombre de 400 hommes occupĂšrent l’établissement et repartirent au bout d’un mois. Les autoritĂ©s allemandes bouleversĂšrent toute l’organisation. Jusqu’à cette date, le collĂšge de Saint-Hippolyte avait fourni de 150 Ă  200 prĂȘtres ou religieux. Parmi les plus importants et les plus connus il convient de citer les pĂšres Joseph Simler et Joseph Hiss. En 1872, les FrĂšres de Marie durent fermer l’école. En 1875 le pensionnat des FrĂšres de Marie se dĂ©plaça Ă  Belfort. La mĂȘme annĂ©e l’école normale d’instituteurs de Colmar est la proie des flammes. Le gouvernement dĂ©cide de placer les normaliens au collĂšge de Saint-Hippolyte qui y resteront jusqu’en 1879. Entre 1883 et 1884 on construira Ă  Saint-Hippolyte deux Ă©coles pour pallier la disparition du collĂšge des FrĂšres de Marie. Pendant ce temps, les frĂšres nourrissaient toujours l’espoir d’un prochain retour. En 1889 une association des anciens Ă©lĂšves du collĂšge voit le jour. Tous les anciens se retrouvĂšrent Ă  cette occasion dans l’ancien collĂšge. Quelque temps plus tard, l’ancien collĂšge devint une maison de retraite pour les jeunes recrues dĂ©sireux de prĂ©parer une formation militaire. Puis en 1914 Ă©clata la guerre. L’ancien bĂątiment du collĂšge sert alors de Lazaret (hĂŽpital militaire). Le tous les habitants du Bonhomme (Le Bonhomme) chassĂ©s par l’armĂ©e allemande se retrouvent Ă  Saint-Hippolyte oĂč ils trouvent refuge. Ils sont logĂ©s pour la plupart chez l’habitant, mais se retrouvent au collĂšge pour prendre le repas. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1915, les FrĂšres ĂągĂ©s furent sommĂ©s de trouver un logis ailleurs sous peine d’ĂȘtre transfĂ©rĂ© dans un camp. Le , tous les occupants de l’hospice de Cernay, religieuses, soignantes, malades sont Ă©vacuĂ©s de force vers Saint-Hippolyte et sont y logĂ©s au collĂšge de la ville. Ils y restent jusqu’à la fin de la guerre. Avec la fin de la guerre en 1918 le collĂšge reprit sa vocation premiĂšre Ă  la rentrĂ©e 1919.

    L’exploitation de la houille à Saint-Hippolyte

    Bas de l'ancienne partie du village de Saint-Hippolyte et au loin le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg.

    Des mines de houilles sont exploitĂ©es sur cette commune par galerie entre 1747 et le XIXe siĂšcle. La compagnie exploitante fusionne avec celle de Rodern en 1775. La production reste faible et artisanale, elle n’excĂšde pas 1 000 tonnes par an.

    la période révolutionnaire

    En 1790, lors de la division de la France en dĂ©partements, Saint-Hippolyte, qui avait toujours relevĂ© du diocĂšse de Strasbourg et de la Basse-Alsace, fut rattachĂ© au dĂ©partement du Haut-Rhin, en dĂ©pit de la tradition plus que millĂ©naire qui Ă©tablissait une frontiĂšre entre l’Eckenbach et le Landgraben qui Ă©tait la limite entre l’Alsace du sud et celle du nord. En 1789 l’ermite qui s’occupait de la chapelle de la croix, Ă  la sortie de Saint-Hippolyte fut arrĂȘtĂ© par quelques fanatiques rĂ©volutionnaires et emprisonnĂ© Ă  Colmar. On ne sait pas ce qu’il en advĂźnt. Le , la Convention nationale dĂ©cide d’imposer Ă  la France un nouveau calendrier. Le les curĂ©s, pasteurs et rabbins ne sont plus autorisĂ©s Ă  tenir les registres de l’état-civil. Toutes les inscriptions sont faites par un fonctionnaire de la maison commune (mairie) et tous prĂ©noms des nouveau-nĂ© doivent relever du calendrier rĂ©volutionnaire et non du calendrier chrĂ©tien. Mais dans les campagnes d’Alsace, et notamment Ă  Saint-Hippolyte ces recommandations ne seront pas appliquĂ©es. L’annĂ©e commençait Ă  l’équinoxe d’automne, c’est-Ă -dire un Ă  minuit, en souvenir du qui correspond Ă  la proclamation de la RĂ©publique qui fut dĂ©clarĂ©e premier jour de l’annĂ©e en cours, l’an 1. Ce calendrier rĂ©publicain fut en usage pendant 12 ans et Ă  partir du on adopta Ă  nouveau le calendrier grĂ©gorien. Mais la situation internationale va rapidement s’envenimer par l’affaire des princes possessionnĂ©s d'Alsace, des princes allemands s’estimant lĂ©sĂ©s par l’abolition des droits fĂ©odaux dans leurs fiefs alsaciens (Princes possessionnĂ©s). Elle est marquĂ©e par l’inquiĂ©tude des princes Ă  propos de la façon dont les dĂ©crets abolissant la fĂ©odalitĂ© et les particularitĂ©s locales vont ĂȘtre appliquĂ©s Ă  leurs domaines. Cette inquiĂ©tude est savamment orchestrĂ©e par la Prusse, au grand dĂ©sarroi de l’Autriche de Joseph II qui tente de jouer les conciliateurs, pour faire naĂźtre en monde germanique un courant aussi contre-rĂ©volutionnaire et anti-français que belliqueux et soucieux de prendre sur la France une revanche de l’humiliation du traitĂ© de Westphalie. De septembre Ă  novembre 1789, le diplomate prussien Goertz effectue une tournĂ©e de toutes les cours princiĂšres (les princes qui ont des domaines alsaciens, ainsi que les seigneurs ecclĂ©siastiques menacĂ©s dans leurs droits mĂ©tropolitains sur l’Alsace) pour les convaincre de refuser toute nĂ©gociation avec les nouvelles institutions françaises et cimenter une coalition de princes germaniques contre la RĂ©volution, en leur faisant miroiter les bĂ©nĂ©fices qu’ils retireraient d’une dĂ©faite de la France. L’affaire des princes possessionnĂ©s est une spĂ©cificitĂ© alsacienne, non pas parce qu’on y trouve des princes Ă©trangers, mais parce qu’à chacun de ces domaines alsaciens est attachĂ© un rĂ©gime particulier de fĂ©odalitĂ© et de souverainetĂ©, garanti par les traitĂ©s de paix du XVIIe siĂšcle, ces mĂȘmes traitĂ©s qui ont rattachĂ© progressivement l’Alsace Ă  la France. Le chĂąteau des ducs de Lorraine, qui surplombait la ville au nord-ouest qui avait Ă©tĂ© dĂ©truit au cours de la guerre de Trente Ans et reconstruit en 1718 fut vendu comme bien national Ă  la RĂ©volution. En 1825 la CongrĂ©gation des FrĂšres de Marie y installa un collĂšge.

    Saint-Hippolyte au temps de Napoléon

    Mayence annexée par la France.

    Il existe peu de renseignements concernant la commune sur la pĂ©riode oĂč NapolĂ©on Ier Ă©tait au pouvoir en France. On doit donc se contenter de quelques gĂ©nĂ©ralitĂ©s qui ont touchĂ© l'Alsace. NapolĂ©on Ier dirige la France Ă  partir de 1799. Il est d'abord premier consul jusqu'en 1804, puis Empereur des Français sous le nom de NapolĂ©on Ier. Il organise la rĂ©forme de l'État. Quelques changements interviennent dĂšs 1800. Des cantons sont crĂ©Ă©s, alors que les dĂ©partements sont maintenus. Les conseillers gĂ©nĂ©raux, les conseillers d'arrondissement ne sont plus Ă©lus mais nommĂ©s par le premier consul. Les maires et leurs conseillers sont nommĂ©s par le prĂ©fet en tenant compte de leur civisme et de leur fortune. Le , il crĂ©e une piĂšce d'or, le NapolĂ©on, d'une valeur de 20 francs et qui porte l'effigie et le profil de l'Empereur. Cette piĂšce restera en circulation jusqu'Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale et contenait 5,80 grammes d'or pur. NapolĂ©on Ier depuis Mayence fait part aux Français de soustraire la patrie aux dangers qui la menacent : un dĂ©cret impĂ©rial datĂ© du annonce une augmentation du prix du sel de 20 centimes par kilogramme et un impĂŽt supplĂ©mentaire sur les portes et fenĂȘtres est instituĂ©. Par ailleurs tous les citoyens les plus aisĂ©s sont appelĂ©s Ă  participer financiĂšrement Ă  l'effort de guerre et Ă  supporter le dixiĂšme des dĂ©penses extraordinaire. À Saint-Hippolyte, plusieurs personnes sont appelĂ©es Ă  participer Ă  cet effort de guerre, en plus de leur contribution fonciĂšre et nobiliaire. D'autres habitants de Saint-Hippolyte sont enrĂŽlĂ©s dans les campagnes militaires dont certains ne reviendront plus. L'Alsace a fourni Ă  NapolĂ©on 45 000 soldats dont certains sont sortis avec des grades trĂšs Ă©levĂ©s, comme le marĂ©chal Jean Rapp originaire de Colmar ou encore le marĂ©chal François Joseph Lefebvre (1755-1820) de Rouffach. Ce dernier Ă©tait l'Ă©poux de celle que l'on surnommera « Madame Sans-GĂȘne », originaire de Goldbach-Altenbach (Haut-Rhin). Saint-Hippolyte garde de cette pĂ©riode de nombreuses maisons avec des niches contenant des statuettes de NapolĂ©on, mais aussi de la vaisselle oĂč sont reproduites les heures de gloire de l'Ă©popĂ©e napolĂ©onienne. Il existe Ă©galement deux bancs en grĂšs placĂ©s le long des routes que l'on a nommĂ©s d'abord « banc du Roi de Rome » en souvenir de la naissance du fils de NapolĂ©on Ier et le banc de l'impĂ©ratrice EugĂ©nie, Ă©pouse de NapolĂ©on III.

    En parcourant le bourg

    Vers le milieu du XIXe siĂšcle Saint-Hippolyte comme tant d'autres petits villages purement agricoles, la population loin de s'accroĂźtre diminue : elle Ă©tait de 2241 habitants en 1865, et de 1928 seulement en 1884[46]. Il n'y a donc pas eu lieu de s'Ă©tendre pour construire. Tout au plus la route qui conduisait Ă  la gare[47] a vu la construction de quelques maisons. À l'autre bout a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e une promenade publique, une sorte de mail, plantĂ© non pas d'ormes mais de platanes, avec dans un coin, une de ces curieuses petites chapelles, larges comme des guĂ©rites, mais beaucoup moins hautes, telles qu'on en voit si souvent dans les campagnes d'Alsace. Ici la guĂ©rite abrite une vieillotte statue, reprĂ©sentant peut-ĂȘtre un homme, mais pouvant trĂšs bien aussi ĂȘtre l'image d'une femme, avec cette inscription Sanct Vendelin qui ne nous fixe guĂšre. Selon l'usage, l'hĂŽtel de ville est bĂąti juste au centre du bourg, et contrairement Ă  l'usage, la date de sa construction n'est pas inscrite sur la façade principale tournĂ©e vers l'Est, il faut aller la chercher sur la façade opposĂ©e. Il est vrai, que lĂ , on ne trouve pas une, mais deux dates : sur le linteau de la porte est Ă©crit 1782; au-dessus de cette porte, on lit 1783. Ces deux dates fournissent donc l'Ăąge de l'Ă©difice : le gros Ɠuvre est de 1782, les travaux accessoires sont de l'annĂ©e suivante.

    Un peu partout dans Saint-Hippolyte, on rencontre des objets Ă  noter, et surtout des emblĂšmes lorrains : derriĂšre l'hĂŽtel de ville, au centre d'une petite place, se trouve une large fontaine en grĂšs rouge, dĂ©corĂ©e d'un Ă©cu avec la croix de lorraine. Du centre de la vasque s'Ă©lance une Ă©lĂ©gante colonnette surmontĂ©e d'une grenade enflammĂ©e. Dans la maison voisine, datĂ©e de 1768, une niche avec une jolie statue de la Vierge portant l'Enfant sur son bras. Un peu Ă  l'Est de l'hĂŽtel de ville subsiste en partie une chapelle du XVe siĂšcle occupĂ©e occupĂ©e autrefois par un atelier de forgeron. En haut de la façade, on voit une croix de Lorraine avec des armoiries presque effacĂ©es. Plus loin deux anges joufflus Ă©videmment anciens, tenant dans leurs mains de longues banderoles. Et voici qu'Ă  la sortie du bourg, vers la plaine, une maison qui attire notre attention. On y trouve des liens qui unissaient les anciens personnages politiques de la ville. Sur le fronton de cette maison on y dĂ©couvre un Ă©cusson datĂ© de 1869 et ornĂ© de la croix de Lorraine, d'une serpette, d'un raisin et d'une navette de tisserand. Un peu plus loin, les anciens fossĂ©s, encore trĂšs visibles, que surplombe de toute sa hauteur la tour de l'angle sud-est, avec son toit pointu pentagonal, surmontĂ© autrefois d'un nid de cigogne. Dans tout le bourg on rencontre des portions assez bien conservĂ©es des anciennes murailles Ă  l'assaut desquelles on voit plus que des herbes folles. Cette enceinte avait Ă©tĂ© Ă©levĂ©e, semble-t-il au XIVe siĂšcle et au XVe siĂšcle. En 1581, Charles III dota Saint-Hippolyte d'une foire annuelle Ă  la saint Laurent, c'est-Ă -dire le et d'une marchĂ© tous les lundis[48]. Plus tard, LĂ©opold y construisit un chĂąteau de chasse qui a depuis changĂ© de destination. Le lieu est occupĂ© par un collĂšge de maristes, et a ensuite servi de maison de retraite. Saint Hippolyte fut aussi un lieu d'exil oĂč les ukases relĂ©guĂšrent les gens qui avaient dĂ©plu au pouvoir, par exemple en 1758, M. de ChĂąteaufort, conseiller Ă  la Cour Souveraine de Nancy[49].

    L'occupation allemande entre 1871-1918

    L'empereur NapolĂ©on III capitule Ă  Sedan le et est dĂ©chu par l'AssemblĂ©e nationale. Il avait dĂ©clarĂ© la guerre Ă  la Prusse le , une guerre dĂ©sirĂ©e par Bismarck pour rendre possible l'unification de l'Allemagne. Les premiĂšres batailles dans le nord de l'Alsace seront dĂ©sastreuses pour la France (Wissembouirg, FrƓschwiller, Forbach
) Le , les Prussiens sont partout dans le centre de l'Alsace. Le , NapolĂ©on III est fait prisonnier Ă  Sedan avec ses 80 000 hommes. L'Alsace est trĂšs rapidement occupĂ©e et Strasbourg aprĂšs un siĂšge trĂšs long tombe aux mains des prussiens le . Cette guerre fut dĂ©sastreuse pour la France et c'est Ă  Versailles que la Prusse dicta ses conditions de paix le . Le , le roi Guillaume est proclamĂ© Empereur d'Allemagne Ă  Versailles et le la paix est signĂ©e Ă  Francfort. L'Alsace, sauf Belfort, et une partie de la Lorraine sont rattachĂ©es Ă  l'Empire allemand.

    La DeuxiĂšme Guerre mondiale

    En septembre 1939, la France est en guerre avec l'Allemagne. Plusieurs mesures de sĂ©curitĂ© sont prises par la prĂ©fecture de Colmar pour prĂ©server la population des bombardements. La rentrĂ©e scolaire n'a lieu que le et les cours se poursuivent jusqu'au . C'est prĂ©cisĂ©ment Ă  cette date que les Allemands traversent le Rhin et le ils sont Ă  Saint-Hippolyte oĂč un dĂ©tachement de l'Ă©tat-major allemand occupe le collĂšge. Le les allemands expulsent le chanoine Issenhart, ĂągĂ© de 83 ans. Les salles du collĂšge sont occupĂ©es par diverses organisations hitlĂ©riennes dont les Kindergarten (jardin d'enfants) destinĂ© Ă  accueillir les enfants de 4 Ă  6 ans. Une autre salle baptisĂ©e Mutter und Kind (MĂšres et enfants) et une autre Bund Deutscher MĂ€del (Ligue des filles allemandes) et une salle pour les consultations mĂ©dicales. En octobre 1943, l'aviation anglaise bombarde des quartiers de Mannheim. Des Ă©coles sont touchĂ©es dont l'une notamment abritant 150 Ă©lĂšves avec leurs professeurs qui sont Ă©vacuĂ©s au collĂšge de Saint-Hippolyte. Fin octobre 1944, des Ă©lĂšves aspirants de Heidelberg dont le train a Ă©tĂ© bombardĂ© arrivent Ă  pied Ă  Erstein complĂštement Ă©puisĂ©s. Le lendemain ils quittent les lieux pour Saint-Hippolyte emmenant avec eux toute la nourriture qu'ils ont pu trouver. Le les AmĂ©ricains occupent le Haut-Koenigsbourg d'oĂč ils tirent des obus vers la plaine. Certains obus tombent sur Saint-Hippolyte oĂč des militaires allemands se sont rĂ©fugiĂ©s. Les AmĂ©ricains continuant de pilonner les positions allemandes font d'Ă©normes dĂ©gĂąts mais provoquent aussi des morts parmi la population civile. Le frĂšre Joseph Husser, occupĂ© Ă  la sacristie de l'Ă©glise est tuĂ© par un Ă©clat d'obus et est ainsi la premiĂšre victime de la ville. Une plaque Ă  sa mĂ©moire a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e aprĂšs la guerre Ă  cĂŽtĂ© de l'autel Saint Vendelin et rĂ©digĂ© ainsi "À la mĂ©moire de Joseph Husser, S.M. mort au service de la paroisse de Saint-Hippolyte le . In pace".

    HĂ©raldique

    Blason de Saint-Hippolyte

    Les armes de Saint-Hippolyte se blasonnent ainsi :
    « D'azur Ă  Saint Hippolyte de carnation, la tĂȘte aurĂ©olĂ©e d'or, les mains croisĂ©es sur son corps et les pieds attachĂ©s Ă  une corde de sable tirĂ©e par un cheval contournĂ© d'argent montĂ© par un bourreau de carnation, vĂȘtu de gueules, tenant de sa dextre un fouet aussi de sable, le tout soutenu d'un Ă©cusson d'or chargĂ© d'une bande de gueules surchargĂ©e de trois alĂ©rions d'argent, sommĂ© d'une couronne de marquis aussi d'or. »

    Ces armoiries qui figurent sur le sceau de la ville furent utilisĂ©es dĂšs le XVIe siĂšcle et Ă©voquent le martyre de Saint-Hippolyte patron de l’église paroissiale. Fulrad, fondateur du monastĂšre de Saint-Hippolyte y avait amenĂ© de Rome avant 774 les reliques de ce martyr romain mort en 235, traĂźnĂ©, dit-on, par un cheval indomptĂ©. Sur l’écusson figurent les armoiries de Lorraine rappelant l’appartenance de Saint-Hippolyte au duchĂ© de Lorraine qui dura du XIIIe jusqu’à la RĂ©volution. En 1697, alors que le duchĂ© Ă©tait annexĂ© Ă  la France, Saint-Hippolyte demanda l’enregistrement de ses armoiries dans l’Armorial gĂ©nĂ©ral de France, ce qui fut acceptĂ©, mais la bande de gueules chargĂ©e de trois alĂ©rions d’argent fut remplacĂ©e par une bande azur chargĂ©e de trois croisettes d’or, sans doute pour effacer le souvenir de la Lorraine. L’écusson primitif qui est de Lorraine a Ă©tĂ© rĂ©tabli en 1980.Saint-Hippolyte qui apparaĂźt en 774 sous la dĂ©nomination de Fulradovilare, puis en 853 sous l’appellation ad Sanctum Yppolytum fut Ă©rigĂ© en ville aux alentours de 1300.

    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    PĂ©riode IdentitĂ© Étiquette QualitĂ©
    mars 2001 En cours Claude Huber UDI
    Les données manquantes sont à compléter.

    Finances locales

    Cette sous-section présente la situation des finances communales de Saint-Hippolyte[Note 3].

    Pour l'exercice 2013, le compte administratif du budget municipal de Saint-Hippolyte s'Ă©tablit Ă  2 854 000 € en dĂ©penses et 2 982 000 € en recettes[A2 1] :

    En 2013, la section de fonctionnement[Note 4] se rĂ©partit en 955 000 € de charges (899 € par habitant) pour 1 164 000 € de produits (1 096 € par habitant), soit un solde de 209 000 € (197 € par habitant)[A2 1] - [A2 2] :

    • le principal pĂŽle de dĂ©penses de fonctionnement est celui des achats et charges externes[Note 5] pour une valeur de 397 000 € (42 %), soit 374 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 76 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (212 € par habitant). Sur la pĂ©riode 2009 - 2013, ce ratio augmente de façon continue de 251 € Ă  374 € par habitant ;
    • la plus grande part des recettes est constituĂ©e des impĂŽts locaux[Note 6] pour une somme de 515 000 € (44 %), soit 485 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 33 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (366 € par habitant). Pour la pĂ©riode allant de 2009 Ă  2013, ce ratio augmente de façon continue de 399 € Ă  485 € par habitant.

    Les taux des taxes ci-dessous sont votés par la municipalité de Saint-Hippolyte[A2 3]. Ils ont varié de la façon suivante par rapport à 2012[A2 3] :

    La section investissement[Note 7] se répartit en emplois et ressources. Pour 2013, les emplois comprennent par ordre d'importance[A2 4] :

    • des dĂ©penses d'Ă©quipement[Note 8] pour une somme de 1 748 000 € (92 %), soit 1 646 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 345 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (370 € par habitant). Sur les 5 derniĂšres annĂ©es, ce ratio fluctue et prĂ©sente un minimum de 198 € par habitant en 2011 et un maximum de 1 646 € par habitant en 2013 ;
    • des remboursements d'emprunts[Note 9] pour une valeur totale de 147 000 € (8 %), soit 139 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 99 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (70 € par habitant).

    Les ressources en investissement de Saint-Hippolyte se répartissent principalement en[A2 4] :

    • nouvelles dettes pour 1 300 000 € (72 %), soit 1 224 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 1307 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (87 € par habitant). Sur les 5 derniĂšres annĂ©es, ce ratio augmente de façon continue de 0 € Ă  1 224 € par habitant ;
    • fonds de Compensation pour la TVA pour une valeur totale de 92 000 € (5 %), soit 87 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 123 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (39 € par habitant).

    L'endettement de Saint-Hippolyte au peut s'évaluer à partir de trois critÚres : l'encours de la dette[Note 10], l'annuité de la dette[Note 11] et sa capacité de désendettement[Note 12] :

    • l'encours de la dette pour un montant de 1 908 000 €, soit 1 797 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 163 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (682 € par habitant). Sur la pĂ©riode 2009 - 2013, ce ratio fluctue et prĂ©sente un minimum de 530 € par habitant en 2011 et un maximum de 1 797 € par habitant en 2013[A2 5] ;
    • l'annuitĂ© de la dette pour 190 000 €, soit 179 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 88 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (95 € par habitant). Sur la pĂ©riode 2009 - 2013, ce ratio fluctue et prĂ©sente un minimum de 116 € par habitant en 2012 et un maximum de 179 € par habitant en 2013[A2 5] ;
    • la capacitĂ© d'autofinancement (CAF) pour une valeur de 234 000 €, soit 221 € par habitant, ratio supĂ©rieur de 18 % Ă  la valeur moyenne pour les communes de la mĂȘme strate (187 € par habitant). Sur les 5 derniĂšres annĂ©es, ce ratio fluctue et prĂ©sente un minimum de 221 € par habitant en 2013 et un maximum de 347 € par habitant en 2012[A2 6]. La capacitĂ© de dĂ©sendettement est d'environ 8 annĂ©es en 2013. Sur une pĂ©riode de 14 annĂ©es, ce ratio prĂ©sente un minimum d'environ un an en 2011 et un maximum trĂšs Ă©levĂ©, de plus de 50 annĂ©es en 2005.

    DĂ©mographie

    L'Ă©volution du nombre d'habitants est connue Ă  travers les recensements de la population effectuĂ©s dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquĂȘte de recensement portant sur toute la population est rĂ©alisĂ©e tous les cinq ans, les populations lĂ©gales des annĂ©es intermĂ©diaires Ă©tant quant Ă  elles estimĂ©es par interpolation ou extrapolation[50]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2007[51].

    En 2020, la commune comptait 980 habitants[Note 13], en diminution de 4,39 % par rapport Ă  2014 (Haut-Rhin : +1,01 %, France hors Mayotte : +1,9 %).

    Évolution de la population [ modifier ]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    2 1301 6842 0482 2472 4142 3852 2392 3002 382
    1856 1861 1866 1871 1875 1880 1885 1890 1895
    2 1002 2412 1792 2051 9351 9281 8521 7921 771
    1900 1905 1910 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    1 7481 6351 4731 4081 3081 3331 3561 1971 184
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2012
    1 1401 1721 1911 1541 0781 0601 0501 0491 028
    2017 2020 - - - - - - -
    966980-------
    De 1962 Ă  1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[52] puis Insee Ă  partir de 2006[53].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    La municipalité et l'environnement

    Économie

    Lieux et monuments

    L'Ă©glise Saint-Hippolyte

    Église Saint-Hippolyte.
    Saint Fulrad, avec mitre et crosse d'Ă©vĂȘque, reprĂ©sentĂ© sur le vitrail de gauche dans l'Ă©glise de Saint-Hippolyte.
    Fulrad recevant en grand apparat du pape Étienne II, les reliques de saint Hippolyte. Fresque se trouvant dans le chƓur, cĂŽtĂ© Ă©pitre de l'Ă©glise de Saint-Hippolyte - ƒuvre du peintre badois Franz Schilling rĂ©alisĂ©e en 1911.

    DĂšs le milieu du VIIIe siĂšcle, Saint-Hippolyte disposait d'une grande Ă©glise faisant partie d'un ancien monastĂšre construit Ă  l'Ă©poque de l'abbĂ© Fulrad (710-784). Comme d'autres monastĂšres, des biens considĂ©rables sont venus orner cette Ă©glise enrichie par Fulrad et les plus hauts personnages de l'Ă©poque (Fulrad, Charlemagne, Louis le Pieux, Lothaire Ier, etc.). AprĂšs 784, qui correspond au dĂ©cĂšs de Fulrad, les biens sont accordĂ©s Ă  la puissante abbaye de Saint-Denis qui restera propriĂ©taire jusque vers l'annĂ©e 1502. Les ducs de Lorraine qui lorgnaient depuis le XIe siĂšcle sur l'immense richesse de Saint-Denis en Alsace rĂ©ussiront finalement Ă  Ă©vincer Saint-Denis. Mais d'autres dangers sont venus s'ajouter Ă  la mainmise des ducs de Lorraine sur Saint-Hippolyte. Le puissant voisin de RibeauvillĂ©, le sire Anselme de Ribeaupierre, attaqua en 1287 la ville de Saint-Hippolyte et la rĂ©duisit en cendres. L'Ă©glise du monastĂšre ne fut pas Ă©pargnĂ©e. L'abbaye de Saint-Denis se hĂąta de reconstruire l'Ă©glise. D'autres destructions interviendront au cours des siĂšcles. L'Ă©glise paroissiale dĂ©diĂ©e Ă  saint Hippolyte date du XIVe siĂšcle[54] - [55]. Elle Ă©tait autrefois entourĂ©e de bĂątiments. Des vestiges de l'ancien chƓur subsistent encore. Le chƓur et une partie de la nef datent des XIVe, XVe et XVIe siĂšcle et sont classĂ©s monuments historiques. L'accĂšs vers l'Ă©glise et de l'ancien cimetiĂšre qui lui Ă©tait accolĂ© se faisait par le cĂŽtĂ© sud. Le , la commune de Saint-Hippolyte dĂ©cida d'agrandir l'Ă©glise vers l'ouest en faisant dĂ©molir les maisons adjacentes permettant ainsi d'ouvrir une entrĂ©e sur cette portion. L'adjudication des travaux est soumise le .

    Les travaux sont exĂ©cutĂ©s avec une grande rapiditĂ© et seul un incident a Ă©maillĂ© cette construction : un maçon, M. Antoine Schnee, travaillant sur un Ă©chafaudage Ă  la rĂ©fection du plafond a perdu l'Ă©quilibre et est tombĂ© d'une hauteur de 50 pieds se fracturant le bras. L'Ă©glise est finalement achevĂ©e en 1823. En , le chƓur de l'Ă©glise a Ă©tĂ© touchĂ© par un obus amĂ©ricain. Les vitraux ont Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truits et restaurĂ©s grĂące Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© des paroissiens en 1947 par les ateliers Albert Gerrer de Mulhouse. L'un des vitraux reprĂ©sente saint Hippolyte, soldat romain qui est baptisĂ© par saint Laurent, et Ă  ses cĂŽtĂ©s se trouve sainte Concorde. Une fresque exĂ©cutĂ©e en 1911 par Franz Schilling, un peintre de Fribourg-en-Brisgau, reprĂ©sente le pape Étienne II qui remet Ă  Fulrad les reliques de saint Hippolyte [56]. L'Ă©glise a Ă©tĂ© classĂ©e dans les monuments historiques depuis le .

    Autels latéraux

    De style baroque du XVIIIe siĂšcle. La peinture de l'autel de gauche montre la descente de la croix, celle de l'autel de droite reprĂ©sente saint Vendelin, protecteur du bĂ©tail (peintre: Bronhold). À proximitĂ© de cet autel, fixĂ©e au mur de droite se trouve une plaque commĂ©morant le dĂ©cĂšs de M.Husser, un frĂšre marianiste, tuĂ© dans la sacristie par un Ă©clat d'obus en 1944.

    Vitraux latéraux

    Ces vitraux représentent les mystÚres du Rosaire.

    Vitraux du fond

    On trouve sur le vitrail de droite une reprĂ©sentation de la Sainte Famille. À gauche, la Vierge, l'Enfant-JĂ©sus, saint Dominique. Les vitraux sont datĂ©s de 1880 et 1893. Ils ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s par Ott frĂšres de Strasbourg et Zettler Ă  Munich et financĂ©s par des paroissiens.

    Parois de la nef

    On trouve seize saints particuliÚrement vénérés en Alsace: sainte Odile, saint Arbogaste etc. et les apÎtres. Sur la fresque de gauche on peut apercevoir l'adoration des rois et à droite la sainte CÚne.

    Plafond en bois

    On aperçoit le Christ tenant l'Ă©vangile. Le symbole des ÉvangĂ©listes et les docteurs de l'Église. Toutes les peintures ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es par F. Schilling de Fribourg-en-Brisgau entre 1904 et 1911.

    Orgue

    Orgue Silbermann (initiale A.S. sur le médaillon du Positif). Construit en 1734 pour le couvent de Marbach, prÚs de Colmar. Vendu comme bien national en 1793 et restitué à la commune de Saint-Hippolyte aprÚs la Révolution aprÚs rachat. Seul le buffet, de merveilleuse facture, est d'origine. L'intérieur a été remplacé au début de ce siÚcle par un systÚme pneumatique[57] - [58] - [59].

    Peinture murale du XIVe siĂšcle

    Cette peinture murale du XIVe siÚcle est une fresque qui se trouve derriÚre le maßtre-autel de l'église. Cette peinture représente la Vierge entourée de sainte Catherine et de sainte Foy d'Agen. La Vierge voilée est placée sous un dais. Sainte Catherine porte une roue et une épée, symbole de son martyre. Sainte Foy d'Agen tient un gril et une colombe sur une branche. La fresque comporte des repeints.

    Le reliquaire

    ChĂąsse contenant les reliques de saint Hippolyte datĂ©e de 1766 exposĂ©e devant le chƓur de l'Ă©glise

    Cette chĂąsse est situĂ©e dans la chapelle latĂ©rale nord et est dĂ©diĂ©e Ă  saint Hippolyte. Elle a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e au XVIIIe siĂšcle pour remplacer une ancienne chĂąsse de 1486, conservĂ©e aujourd'hui au musĂ©e Unterlinden de Colmar. Les faces latĂ©rales laissent entrevoir les reliques de saint Hippolyte. Son martyre est reprĂ©sentĂ© en haut-relief et ronde bosse sur le couvercle: un bourreau, vĂȘtu en soldat romain et montĂ© sur un cheval, tire sur le sol le corps dĂ©nudĂ© de saint Hippolyte attachĂ© Ă  sa monture Ă  l'aide d'une corde. Les reliques ont Ă©tĂ© offertes Ă  l'abbĂ© Fulrad, abbĂ© de Saint-Denis, un grand personnage de l'Ă©poque carolingienne confident personnel de PĂ©pin le Bref, de Carloman et de Charlemagne par le pape Étienne II. Cet Ă©pisode est mĂ©morisĂ© sur l'une des peintures situĂ©e sur le mur au sud du chƓur, qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 1907 par un artiste allemand, Schilliger.

    Le bénitier

    Ce bénitier de grÚs rose daté du XVIe siÚcle est situé dans le collatéral nord, à gauche de l'entrée. Il comporte une vasque octogonale sculptée et cannelée. Le pied est également octogonal.

    Tableau représentant l'ascension de saint Hippolyte

    Ce tableau de 1786 a Ă©tĂ© peint sur toile Ă  l'huile par J. Mehling et mesure m x 2,15 m. Il reprĂ©sente saint Hippolyte habillĂ© en soldat romain, agenouillĂ© au milieu des nuages, les mains jointes et entourĂ© par trois anges. Il regarde la Vierge qui lui montre la TrinitĂ© et JĂ©sus portant la croix, Dieu le PĂšre et la colombe du Saint-Esprit. Le nom de l'artiste et la date d'exĂ©cution du tableau est gravĂ© dans le fourreau de l'Ă©pĂ©e tenue par l'un des anges, dans la partie infĂ©rieure du tableau.

    Statue de saint Hippolyte du XVIIIe siĂšcle

    Statue de saint Hippolyte du XVIIIe siÚcle installée à l'intérieur de l'église

    Cette statue de saint Hippolyte est de facture identique Ă  celle de la Vierge Ă  l'Enfant. Elle reprĂ©sente le patron de l'Ă©glise de Saint-Hippolyte en uniforme romain, la tĂȘte ceinte d'une couronne de lauriers. Saint Hippolyte Ă©tait Ă©vĂȘque d'Ostie, martyr au IIIe siĂšcle. Il est mort attachĂ© Ă  un cheval fougueux. Cette statue se trouve dans la chapelle qui lui est dĂ©diĂ©e.

    La Vierge à l'Enfant en bois sculpté polychrome (XVIIIe siÚcle)

    Cette statue en bois sculptĂ© et dorĂ© se trouve dans l'Ă©glise de Saint-Hippolyte. La tĂȘte de la Vierge est entourĂ©e d'un nimbe Ă©toilĂ©. L'Enfant porte un globe dans sa main gauche.

    Autres monuments

    Chapelle Sainte-Croix

    Portrait de l'abbé Fulrad peint par Robert Gall au début du XXe siÚcle se trouvant dans la cave viticole de Huber & Bleger à Saint-Hippolyte.
    Chapelle Sainte-Croix.

    La chapelle de la croix se trouve Ă  l'entrĂ©e sud-est de Saint-Hippolyte. Elle tient son nom du fait qu'une infime parcelle de la vraie croix y est conservĂ©e et vĂ©nĂ©rĂ©e. On se perd en conjectures sur l'origine de cette chapelle. Les documents qui auraient permis d'y voir plus clair ont Ă©tĂ© perdus au cours de la guerre de Trente Ans. On sait seulement que la chapelle est mentionnĂ©e pour la premiĂšre fois dans un acte de donation d'un certain Peyer Hensel, probablement schultheiss et maire du village. En 1657, les habitants demandent l'autorisation de cĂ©lĂ©brer Ă  nouveau la messe dans « l'Ă©glise de la croix ». Ce n'est toutefois qu'Ă  partir de 1659 que les habitants obtiendront satisfaction, alors qu'une Ă©pidĂ©mie de peste commençait Ă  se rĂ©pandre dans le village. L'hiver avait Ă©tĂ© particuliĂšrement rude, la famine sĂ©vissait un peu partout ainsi que la guerre. Saint-Hippolyte eut Ă  dĂ©plorer au cours de cet hiver la mort de cinquante habitants. Dans les maisons dĂ©truites il n'y avait plus que cent habitants. Partout on recherchait la protection divine et de nombreux pĂšlerins accouraient, venant mĂȘme parfois de trĂšs loin, pour implorer la guĂ©rison des maladies.

    Devant tant de sollicitations, le conseil de la ville dĂ©cida en 1736 de rĂ©aliser des travaux de rĂ©novation sur la chapelle et de l'agrandir. Quelques habitants s'engagent Ă  travailler gratuitement Ă  l'Ă©dification de la nouvelle chapelle, en façonnant les briques, en taillant des pierres. La surveillance des travaux est confiĂ©e Ă  l'abbĂ© Breitel.Ce dernier est nommĂ© ensuite Ă  Artolsheim et c'est un lorrain, le lieutenant Jean-Jacques Helluy, rĂ©gisseur du chĂąteau des ducs de Lorraine qui se chargera de surveiller les travaux. Mais des critiques fusent contre le lieutenant Helluy accusĂ© d'incompĂ©tences. Les autoritĂ©s de Lorraine ayant eu vent des rĂ©criminations Ă  l'encontre du lieutenant prennent sa dĂ©fense. Ils ne veulent en aucun cas voir ternir l'image des lorrains auprĂšs de la population. Le lieutenant Helluy ayant engagĂ© sa fortune personnelle dans cette affaire, il est ordonnĂ©, pour couper court aux rumeurs, de faire raser la chapelle. Les pierres et le bois provenant de la dĂ©molition doivent ĂȘtre vendus. Une dĂ©lĂ©gation de Saint-Hippolyte se rend aussitĂŽt Ă  LunĂ©ville pour tenter de faire revenir les lorrains sur leur dĂ©cision. En vain ! Les habitants de Saint-Hippolyte insistent alors sur les lourds sacrifices que la ville a dĂ» consentir pour que Saint-Hippolyte reste lorrain et ne tombe entre les mains ennemies. Finalement ces arguments on portĂ© puisque du cĂŽtĂ© lorrain on accepta que la chapelle soit reconstruite.

    Ce n'est finalement qu'Ă  partir de 1750, Ă  l'occasion de la venue d'un ermite, François Kyeffer, que la chapelle retrouva sa premiĂšre vocation. Depuis ce jour la chapelle est rĂ©guliĂšrement entretenue par le trĂšs populaire WaldbrĂŒder (frĂšre des bois) qui a aussi la charge d'assister aux enterrements, baptĂȘmes. À la RĂ©volution, la chapelle est vendue comme bien national. Le maire, Mathieu Thirion, la mort dans l'Ăąme est obligĂ© de se plier Ă  la dĂ©cision des autoritĂ©s rĂ©volutionnaires. Mais, il achĂšte finalement l'Ă©difice pour la somme de 2025 livres et le cĂšde de nouveau Ă  la commune aprĂšs la RĂ©volution, mais le caractĂšre de pĂšlerinage se perd progressivement. En 1824, le cimetiĂšre est Ă©tabli prĂšs de la chapelle. En 1880, la chapelle fait l'objet de restauration. Le clocheton baroque est remplacĂ© par un clocheton gothique. En 1924 d'autres rĂ©parations ont lieu sur la chapelle. Le , des tirs d'artillerie de l'armĂ©e amĂ©ricaine stationnĂ©e prĂšs du Haut-Koenigsbourg pilonnent la sortie Est de la ville et atteignent la chapelle oĂč s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s les Allemands. Une nouvelle fois, la chapelle est incendiĂ©e, et des habitants au pĂ©ril de leur vie essayent de sauver ce qui peut l'ĂȘtre. Ils mettent Ă  l'abri les ornements, mais surtout la prĂ©cieuse relique de la vraie croix. Le dans le cadre de la fĂȘte patronale la nouvelle chapelle, complĂštement restaurĂ©e, est inaugurĂ©e[60] - [61].

    Chapelle Notre-Dame-des-Douleurs

    Chapelle néogothique construite en 1890[62].

    Chapelle Saint-Jacques

    Chapelle Saint-Jacques, actuellement restaurant[63].

    Fontaine de 1555 place de l'hĂŽtel-de-ville

    Fontaine de 1555 derriĂšre la mairie.

    Cette fontaine en grĂšs rouge se trouve au cƓur de la vieille ville et est citĂ©e depuis 1555. Elle est dĂ©corĂ©e d'un Ă©cu avec la croix de Lorraine. Du centre de la vasque s'Ă©lance une Ă©lĂ©gante colonnette surmontĂ©e d'une grenade enflammĂ©e. La fontaine est de forme octogonale oĂč l'on distingue aujourd'hui Ă  peine les emblĂšmes ou blasons qui sont partiellement effacĂ©s et donc maintenant illisibles. La colonne est de forme octogonale comportant un tambour cylindrique. Fontaine inscrite sur l'inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques depuis le [64] - [65] - [66].

    Les autres fontaines

    • La Fontaine ovale rue Saint-Fulrade[67].
    • La fontaine du coq[68].
    • La Fontaine Ă  l'Angelot[69].

    Ancienne enceinte fortifiée

    SituĂ©e en terre lorraine, Saint-Hyppolyte est trĂšs souvent convoitĂ©e au cours de son histoire. À la suite du pillage et de l'incendie du bourg en 1287 par Anselme de Ribeaupierre, le duc de Lorraine fortifie le lieu. Vers 1316 Saint-Hippolyte possĂšde une enceinte fortifiĂ©e qui est entourĂ©e d'un large fossĂ© et d'une fortification comprenant deux portes et cinq tours presque toutes dĂ©molies en 1852 et 1864. L'ancienne enceinte est encore visible qui a Ă©tĂ© inscrite sur l'inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques le [70].

    La tour des cigognes

    La tour des cigognes est visible dĂšs l'entrĂ©e de Saint-Hippolyte. Assez bien conservĂ©e, elle date de 1316, mais avec les diffĂ©rentes guerres, la tour a souvent Ă©tĂ© endommagĂ©e, puis restaurĂ©e. À l'origine, il existait cinq tours reliĂ©es par d'imposants bĂątiments. Aujourd'hui seule la tour situĂ©e au sud-est de la ville subsiste encore. Son nom provient des cigognes qui avaient l'habitude de se poser sur le toit pointu de la tour. La base d'une seconde tour est conservĂ©e Ă  l'angle nord-est de l'enceinte. La tour des cigognes est classĂ©e monument historique depuis 1993[71].

    Ancienne gare SNCF

    L'Ă©dification de la gare SNCF est liĂ©e Ă  la reconstruction du chĂąteau du Haut-Koenigsbourg entreprise par l'empereur Guillaume II vers 1898. Sur sa face antĂ©rieure, on dĂ©couvre des baies Ă  meneaux et une tourelle en forme d'escalier sommĂ©e d'une frise d'arceaux qui rappelle l'architecture de la Renaissance germanique. FermĂ©e en 1975 par la SNCF, elle a Ă©tĂ© laissĂ©e Ă  l'abandon. C'est depuis cette gare que les convoyeurs partaient pour rejoindre le chĂąteau fort. Le projet datĂ© de juin 1901 peut ĂȘtre attribuĂ© Ă  l'architecte allemand Ludwig Kriesche. Construite Ă  partir de 1903, la gare est achevĂ©e en 1907, juste Ă  temps pour accueillir triomphalement l'empereur d'Allemagne, venu inaugurer en grande pompe la restauration de son chĂąteau le . Dans l'entre-deux-guerres, la gare est assez bien frĂ©quentĂ©e grĂące aux nombreux touristes alsaciens, allemands, français et suisses qui s'y arrĂȘtent pour rejoindre le chĂąteau du Haut-Koenigsbourg. Des autocars et des calĂšches assurent la liaison entre la gare et Saint-Hippolyte. Les annĂ©es 1950-1960 marquent l'apogĂ©e du trafic des voyageurs et des marchandises, trĂšs important durant cette pĂ©riode. Le dĂ©clin progressif des activitĂ©s ferroviaires des petites gares de campagne n'Ă©pargne pas Saint-Hippolyte.
    Cette gare a été inscrite sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1997[72] - [73]. Aujourd'hui habitée par des particuliers, elle a été dévastée lors d'un incendie qui s'est déclaré le vendredi vers 5 h 30 du matin.

    Prieurs de Saint-Hippolyte

    • Otton, presbyter de S. Ypelito[74]

    Personnalités liées à la commune

    Source

    Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article. Cet article est tirĂ© en partie ou en totalitĂ© d'un document de 79 pages publiĂ© par la mairie de Saint-Hippolyte. Il est probable qu'au moment de lire ce document celui-ci ait pu ĂȘtre remaniĂ© partiellement ou en totalitĂ©.

    Bibliographie

    • Jean-Paul AubĂ©, Saint-Hippolyte aux XVIe et XVIIe siĂšcles d'aprĂšs les archives conservĂ©es Ă  Nancy.- Ducs de Lorraine: territoires et possessions, p. 155-193, Revue d'Alsace, 2003
    • Edmond Bapst, Les sorciĂšres de Bergheim, Paris, 1929
    • Jacques Baquol, L'Alsace ancienne et moderne, ou dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, 3e Ă©dition refondue par Paul Ristelhuber, 1865 (rĂ©Ă©ditĂ© en 1976)
    • Josef Fleckenstein, Fulrad von Saint-Denis und der frĂ€nkische Ausgriff in den sĂŒddeutschen Raum dans G.Tellenbach, Studien un Vorabeitzn zur Geschichte des frĂ€kischen und frĂŒdeutschen Adels, Fribourg-en-Brisgau, 1957, p. 9-39
    • Philippe AndrĂ© Grandidier, LiĂšvre et Saint-Hippolyte - ƒuvres inĂ©dites de Grandidier, tome 1, Revue d'Alsace, H. Georg, 1865, Colmar, Imprimerie et Lithographie de Camille Decker, 585 pages
    • Philippe, AndrĂ© Grandidier, Nouvelles Ɠuvres inĂ©dites de Grandidier, tome 3 - Alsatia Sacra ou statistiques ecclĂ©siastique et religieuse de l'Alsace avant la RĂ©volution avec Ɠuvres inĂ©dites de Schoepflin - LiĂšpvre et Saint-Hippolyte - Colmar, H.Huffel, M.DCCC.XCIX, p. 201-202
    • Philippe, AndrĂ© Grandidier, LiĂšvre et Saint-Hippolyte : Histoire de l'Ă©glise et des Ă©vĂȘques-princes de Strasbourg depuis la fondation de l'Ă©vĂȘchĂ© jusqu'Ă  nos jours, Imprimerie François Levrault, Strasbourg, 1776
    • Philippe, AndrĂ© Grandidier, Histoire ecclĂ©siastique, militaire, civile et littĂ©raire de la province Alsace, Strasbourg, 1787, Lorenzii et Schulrerri (T.1) et Levrault (T.2)
    • Ivan Gorby, Histoire des Rois de France: PĂ©pin le Bref, pĂšre de Charlemagne, Pygmalion, Paris, 2001, ISBN 9 782857 047179
    • Marcel Moeder, « Saint-Hippolyte des origines Ă  la RĂ©volution », in La Vie en Alsace, , no 2, p. 25-31
    • Jean-Marie Nick, Saint-Hippolyte, ville lorraine, Bulletin de l’Association des chĂąteaux forts et villes fortifiĂ©es d’Alsace, p. 84-87, 2000
    • Francis Petetin, Saint-Hippolyte : principaux vestiges mĂ©diĂ©vaux. Association des chĂąteaux forts et villes fortifiĂ©es d’Alsace, p. 88-89, 2000
    • Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La NuĂ©e Bleue, , 663 p. (ISBN 2-7165-0250-1)
      Saint-Hippolyte, pp. 371-372
    • Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des chĂąteaux et des fortifications du moyen Ăąge en France, Strasbourg, Editions Publitotal, 4e trimestre 1979, 1287 p. (ISBN 978-2-86535-070-4 et 2-86535-070-3)
      Saint-Hippolyte, p. 1040
    • Charles-Laurent Salch, Atlas des villes et villages fortifiĂ©s en France, DĂ©but du Ve siĂšcle Ă  la fin du XVe siĂšcle, Strasbourg, Editions Publitotal, , 495 p.
      Saint-Hippolyte p. 402 et Carte n°5 Alsace-Lorraine-Franche Comté
    • Guy Trendel et Christophe Carmona, Le Haut-Koenigsbourg et sa rĂ©gion, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1998
    • Chiffres clĂ©s publiĂ©s par l'institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques (INSEE). Dossier complet
    • Inventaire national du patrimoine naturel de la commune

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Cette sous-section Finances locales est issue d'une synthĂšse des donnĂ©es du site alize2.finances.gouv.fr du ministĂšre de l'Économie et des Finances. Elle est prĂ©sentĂ©e de façon standardisĂ©e pour toutes les communes et ne concerne que le pĂ©rimĂštre municipal. Pour constituer cette partie, l'outil Finances locales version 1.2.1 : Yin Yang Kappa Logo de l'outil Finances localesLettre grecque Kappa en majuscule et minuscule a effectuĂ© la synthĂšse des 98 pages du site alize2.finances.gouv.fr concernant Saint-Hippolyte. Finances locales est un logiciel libre distribuĂ© en copyleft sous licence GNU GPL version 3.
    4. La « section de fonctionnement » est constituĂ©e des dĂ©penses courantes et rĂ©currentes nĂ©cessaires au bon fonctionnement des services municipaux et Ă  la mise en Ɠuvre des actions dĂ©cidĂ©es par les Ă©lus, mais sans influence sur la consistance du patrimoine de la commune.
    5. Le poste « achats et charges externes » regroupe les achats non stockés de matiÚres et fournitures (eau, énergie...), le petit matériel, les achats de crédits-bails, les locations, primes d'assurances...
    6. Les « impÎts locaux » désignent les impÎts prélevés par les collectivités territoriales comme les communes pour alimenter leur budget. Ils regroupent les impÎts fonciers, la taxe d'habitation ou encore, pour les entreprises, les cotisations fonciÚres ou sur la valeur ajoutée.
    7. La section « investissement » concerne essentiellement les opĂ©rations visant Ă  acquĂ©rir des Ă©quipements d’envergure et aussi au remboursement du capital de la dette.
    8. Les « dĂ©penses d’équipement » servent Ă  financer des projets d’envergure ayant pour objet d’augmenter la valeur du patrimoine de la commune et d’amĂ©liorer la qualitĂ© des Ă©quipements municipaux, voire d’en crĂ©er de nouveaux.
    9. Les « remboursements d'emprunts » représentent les sommes affectées par la commune au remboursement du capital de la dette.
    10. L'« encours de la dette » représente la somme que la commune doit aux banques au de l'année considérée
    11. L'« annuitĂ© de la dette » Ă©quivaut Ă  la somme des intĂ©rĂȘts d'emprunts de la commune et du montant de remboursement du capital au cours de l'annĂ©e
    12. La « capacitĂ© de dĂ©sendettement » est basĂ©e sur le ratio suivant dĂ©fini par la formule : ratio = encours de la dette⁄capacitĂ© d'autofinancement. Ce ratio montre, Ă  un instant donnĂ©, le nombre d'annĂ©es qui seraient nĂ©cessaires au remboursement des dettes en considĂ©rant les ressources de Saint-Hippolyte.
    13. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.

    Base de données du ministÚre du Budget, relative aux comptes des communes

    Références

    1. Venelle = Petite rue
    2. « Mairie », notice no IA68005990, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    3. Notice no IM68009213, base Palissy, ministÚre français de la Culture Cloche de 1683 de l'HÎtel-de-Ville
    4. Liste des 188 communes adhérentes au parc naturel régional des ballons des Vosges, 3e Charte 2012 - 2024
    5. Auguste Daubrée, Description géologique et minéralogique du département du Bas-Rhin, (lire en ligne), p. 60-79.
    6. Jean-Claude Gall, Alsace, des fossiles et des hommes Edition La nuée bleue (ISBN 2-7165-0655-8).
    7. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    8. « Commune urbaine - dĂ©finition », sur le site de l’Insee (consultĂ© le ).
    9. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
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    11. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier PĂ©gaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consultĂ© le ).
    12. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministÚre de la Transition écologique. (consulté le )
    13. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aĂ©riennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consultĂ© le ). Pour comparer l'Ă©volution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne sĂ©parative verticale et la dĂ©placer Ă  droite ou Ă  gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenĂȘtres en haut Ă  gauche de l'Ă©cran.
    14. Georges Stoffel - Dictionnaire topographique du département du Haut-Rhin (1868)
    15. Baquol: Dictionnaire du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, 1865
    16. Saint Hippolyte, ancienne ville Lorraine, p. 113.
    17. Josef Fleckenstein: Fulrad von Saint-Denis und der frĂ€nkische Ausgriff en den sĂŒddeutschen Raum, 1957, p. 9-39.
    18. Ce testament se trouve aux Archives nationales à Paris sous la cote K 7 no 1 et provient des archives de l’abbaye de Saint-Denis
    19. Testament de Fulrad en 777 : " Cella quae dicitur Audalto-Villare, us S. Ipolytus requiescit"
    20. Estuphin est l’ancien nom du chĂąteau du Haut-Koenigsbourg; on le trouve pour la premiĂšre fois dans une charte lorraine de 1250. Dans une charte donnĂ©e par Charlemagne au prieurĂ© de LiĂšpvre en 774, il est question du Stophanberg (Stephanberg) (Schoepflin-Ravenez, t.III, p. 312)
    21. Ce document se trouve aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle sous la cote G 393/1
    22. Estuphin = ancien nom du Haut-Koenigsbourg et Anesheim peut-ĂȘtre Entzheim ou Ensisheim
    23. Archives de Meurthe & Moselle, reprises de 1425
    24. BibliothĂšque nationale, fonds lorrains
    25. BibliothĂšque Nationale, manuscrits, collection de Lorraine, compte de Salme de Dieuze
    26. Ibidem
    27. BibliothĂšque nationale, manuscrits, collection de Lorraine, Saint-Hippolyte
    28. Archives de Meurthe et Moselle, B.7234, fol. 8 et 9
    29. Dom Calmet: Notice de la Lorraine, tome I, col. 569
    30. Les Armagnacs avaient reçu ce nom parce qu’ils dĂ©coupaient la peau de leurs victimes en longues bandes, semblables Ă  des courroies, ou bien ils les mettaient sur un feu, puis les laissaient se sauver Ă  moitiĂ© rĂŽties et riaient beaucoup des contorsions que la douleur leur faisait faire
    31. Le vrai nom de Lestrac Ă©tait Argnauld de Lalende
    32. Chronique de Lorraine, Ă©dition Marchal, Nancy, 1860, p. 224, 335
    33. Archives de Meurthe-et-Moselle B.905, no 40.
    34. BibliothĂšque nationale, manuscrits, collection de Lorraine
    35. Le dossier du procĂšs Bollwiller-Widranges se trouve Ă  la BibliothĂšque nationale, manuscrits, collection de Lorraine, t. CLXXVI folios 47 Ă  66
    36. Archives de Saint-Hippolyte, BB, Ire liasse, travée I, B.N.
    37. Bapst Edmond: Les SorciĂšres de Bergheim, Paris, 1929
    38. Il s’agit de florins en or !
    39. Le dossier de ces conférences se trouve à la BibliothÚque nationale, manuscrits, collection de Lorraine, tome LXV, folios 116 et suivants
    40. Le procĂšs-verbal se trouve Ă  la BibliothĂšque nationale, manuscrits, collection de Lorraine, tome LXV, pages 300 et suivants
    41. Les Hattstatt portaient une Croix de Saint-AndrĂ© dans leurs armoiries. Leurs possession dans le Val de LiĂšpvre Ă©taient dĂ©limitĂ©es par des bornes marquĂ©es d’une croix simple - Collection de Lorraine, BibliothĂšque nationale, manuscrits, tome LXV, folio 346
    42. En français: Olry de Widranges
    43. Une marche était autrefois un territoire jouxtant une frontiÚre entre deux pays, deux régions
    44. AMM B.906, no 24.
    45. « Chùteau, actuellement collÚge », notice no IA68005989, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    46. Chiffres donnés par le Dictionnaire du haut-Rhin et du Bas-Rhin de Baquol, 3e édition revue par Ristelhuber, et par le guide des Vosges de Mundel
    47. La gare a été fermée depuis
    48. Archives de Meurthe-et-Moselle B.905,no 66.
    49. Les causes de cette punition sont exposées dans le Pays lorrain du 10B décembre 1905 par Pierre Boyé. Dans les mémoires de la Société archéologie lorraine de 1900, p. 155-163, il y a quelques détails sur le séjour de Chùteaufort à Saint-Hippolyte
    50. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    51. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    52. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales.
    53. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
    54. « Eglise catholique Saint-Hippolyte », notice no PA00085661, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    55. « Eglise paroissiale Saint-Hippolyte », notice no IA68005984, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    56. Étienne II, pape de 752 Ă  757. Cette numĂ©rotation est devenue officielle depuis 1961, selon l'Annuaire pontifical. On a longtemps appelĂ© ce pape Étienne III, car son prĂ©dĂ©cesseur Étienne, Ă©lu le 18 mars 752 pour succĂ©der Ă  Zacharie, mourut deux jours plus tard sans avoir Ă©tĂ© sacrĂ©, mais fut insĂ©rĂ© dans la liste des papes sous le nom d'Étienne II. InvitĂ© par PĂ©pin le Bref sur sa demande, Étienne lui rĂ©clame son secours contre les Lombards. Il en reçoit la "donation de PĂ©pin", c'est-Ă -dire le territoire qui deviendra les États pontificaux et le sacre Ă  Saint-Denis avec ses deux fils (28 juillet 754). Astolphe, roi des Lombards continuant ses ravages dans la Pentapole, PĂ©pin fidĂšle Ă  la parole donnĂ©e dĂ©fait son armĂ©e au Mont-Cenis et s'empare de Pavie (755). Celui-ci doit rendre ses conquĂȘtes, et pĂ©rit quelques mois plus tard au cours d'une partie de chasse. Étienne II mourut la mĂȘme annĂ©e. Il avait fait adopter Ă  PĂ©pin le Bref la liturgie romaine
    57. Notice no PM68000342, base Palissy, ministÚre français de la Culture orgue de tribune : buffet d'orgue
    58. Notice no PM68000936, base Palissy, ministÚre français de la Culture orgue de tribune
    59. Inventaire de l'orgue
    60. « Chapelle Sainte-Croix », notice no IA68005985, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    61. La chapelle Sainte-Croix
    62. La chapelle Notre-Dame-des-Douleurs
    63. « Chapelle Saint-Jacques, actuellement restaurant », notice no IA68005986, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    64. « Fontaine », notice no PA00085662, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    65. « Fontaine A », notice no IA68006060, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    66. La Fontaine de la Mairie
    67. La Fontaine ovale rue Saint-Fulrade
    68. La fontaine du coq
    69. La Fontaine Ă  l'Angelot
    70. « Fortification d'agglomération », notice no IA68005988, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    71. « Enceinte fortifiée urbaine », notice no PA00125234, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    72. « Gare ferroviaire dite gare du Kaiser », notice no PA68000014, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    73. « Gare construite en 1903 pour permettre l'accÚs au chùteau de Haut-Koenigsbourg », notice no IA68006061, base Mérimée, ministÚre français de la Culture.
    74. D'aprĂšs la Revue d'Alsace, 1859, p. 563.
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