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Alain Soral

Alain Bonnet, dit Alain Bonnet de Soral, plus connu sous le nom d'Alain Soral, nĂ© le Ă  Aix-les-Bains[n 1] (Savoie) est un essayiste, comĂ©dien, rĂ©alisateur, idĂ©ologue d'extrĂȘme droite, chef d’entreprise et vidĂ©aste web franco-suisse. Il dĂ©fend des idĂ©es antisĂ©mites, nĂ©gationnistes, conspirationnistes, sexistes, masculinistes et homophobes.

Évoluant dans les mĂ©dias et le monde du spectacle jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 2000, il se fait connaĂźtre avec la publication de plusieurs essais. Il devient progressivement un idĂ©ologue d’extrĂȘme droite, oscillant entre un antisĂ©mitisme traditionnel et le nouvel antisĂ©mitisme, en compagnonnage avec DieudonnĂ©.

Affirmant avoir Ă©tĂ© membre du Parti communiste français dans les annĂ©es 1990, ce que le PCF dĂ©ment, il se rapproche dans les annĂ©es 2000 du Front national (FN), dont il est un temps membre du comitĂ© central, puis fonde en , avec d’anciens membres du GUD, l’association ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation (E&R) qu’il prĂ©side depuis lors. Il quitte le FN en et se prĂ©sente aux Ă©lections europĂ©ennes de juin 2009, en cinquiĂšme position sur la « liste antisioniste » conduite en Île-de-France par DieudonnĂ©.

En , il fonde la SARL Culture pour tous, qui comprend notamment la maison d’édition Kontre Kulture.

Depuis 2008, Alain Soral est réguliÚrement condamné, notamment à une peine de prison ferme en 2019, pour « diffamation », « injures raciales ou antisémites », « incitation à la haine raciale », « provocation à la haine, la discrimination ou la violence », « apologie de crime de guerre et contre l'humanité », « négationnisme » par la justice française, mais il vit en Suisse.

En , le média social YouTube supprime les deux chaßnes ERTV d'Alain Soral, pour diffusion de « contenu incitant à la haine ».

Biographie

Jeunesse, premiers essais et carriĂšre dans le milieu du spectacle

Alain Soral naĂźt en Savoie[2] en 1958. Il est le frĂšre de la productrice Jeanne Soral, nĂ©e en 1956 et l’actrice AgnĂšs Soral, nĂ©e en 1960. Sa famille s’étant Ă©tablie en rĂ©gion parisienne Ă  Meudon-la-ForĂȘt dans les annĂ©es 1960, il est inscrit Ă  la communale puis au collĂšge Stanislas[2]. Son pĂšre est un conseiller juridique et avocat savoyard franco-suisse et sa mĂšre est femme au foyer. Sous le nom « Robert Bonnet », Alain Soral conserve, en 2019, des biens immobiliers en Suisse[3].

Se qualifiant lui-mĂȘme d’« enfant mal-aimĂ© », il vit une enfance difficile, en raison d’une mĂšre qu’il dĂ©crit comme « passive et froide » et de la violence de son pĂšre qui le bat[4] - [2] - [5].

Sa sƓur AgnĂšs dĂ©crit ce pĂšre comme un « pervers narcissique ». Lui, dĂ©clare en , interrogĂ© par Mireille Dumas dans l'Ă©mission Vie privĂ©e, vie publique[6] : « Quand on regarde les drames familiaux il n’y a que des monstruositĂ©s. Et moi j’assume de venir de cette monstruositĂ©-lĂ . Par contre, je ne veux pas rester un monstre. C’est-Ă -dire qu’on m’a programmĂ© pour ĂȘtre un monstre mais je veux Ă©chapper Ă  cette fatalitĂ© ; j’ai fait un Ă©norme travail et je pense y ĂȘtre parvenu. » Il insulte ses parents dans le dossier de presse de son long mĂ©trage Confession d’un dragueur[7]. Selon sa sƓur AgnĂšs, Alain Soral aurait Ă©galement souffert au cours de son enfance de l’expropriation par l’État de terrains forestiers appartenant Ă  son pĂšre[5]. Cette derniĂšre affirme Ă©galement avoir pris ses distances avec lui Ă  la suite de ses nombreux propos « misogynes, antisĂ©mites et homophobes » qu'elle ne partage pas[8].

En 1973, le pĂšre d’Alain Soral, Guy Bonnet (1924-1991), est condamnĂ© pour escroquerie[9] et incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de Champ-Dollon en Suisse. Le couple se sĂ©pare dans l’annĂ©e et les enfants suivent leur mĂšre Ă  Grenoble dans le quartier de la Capuche, puis Ă  Annemasse dans le quartier du Brouaz[2]. Le souvenir d’avoir vĂ©cu son adolescence au-dessus d’une loge maçonnique aurait marquĂ© Alain, d’aprĂšs sa sƓur AgnĂšs[5]. Son adolescence est aussi marquĂ©e par une aventure homosexuelle[10]. À la suite d'une violente dispute avec son pĂšre au terme de laquelle il le gifle, Alain Soral, alors en deuxiĂšme trimestre de terminale, abandonne sa scolaritĂ© et quitte le domicile familial pour aller vivre seul Ă  Paris, en 1976[4].

Il loue une chambre de bonne rue Fromentin et vit de divers « petits boulots » (chantiers, convoyages, etc.), tout en menant une existence « provo-punk » aux Halles, avant d’ĂȘtre reçu en 1978 aux Beaux-Arts et Ă  l’École des hautes Ă©tudes en sciences sociales — les seuls Ă©tablissements d’études supĂ©rieures accessibles sans baccalaurĂ©at[2] — oĂč il suit pendant quelque temps comme Ă©lĂšve-stagiaire puis Ă©lĂšve les sĂ©minaires de Cornelius Castoriadis[11] - [12] - [13]. Le cours d’histoire de l’art l’intĂ©resse particuliĂšrement et l’amĂšne progressivement vers la philosophie. Il dĂ©couvre la lecture, notamment les essais et les poĂšmes des collections 10/18 et les bacs de soldes des libraires du quartier Saint-Michel[14], et il se met Ă  lire quatre heures par jour jusqu’à ses 45 ans. Il entame une carriĂšre de peintre dans le groupe d’artistes En avant comme avant, avec lequel il sillonne l’Europe pour des expositions. Il prend alors le nom Soral en signant ses Ɠuvres ABS (comme Alain Bonnet de Soral)[11]. Il dĂ©marre Ă©galement une initiation Ă  la boxe française, d’abord Ă  la salle Pariset puis Ă  la salle Lafond[11] (il devint instructeur fĂ©dĂ©ral de boxe anglaise en ).

L’actrice AgnĂšs Soral, sƓur d’Alain Soral, introduit celui-ci dans le milieu du spectacle au cours des annĂ©es 1980.

Au dĂ©but des annĂ©es 1980, introduit par sa sƓur aurĂ©olĂ©e du succĂšs de Tchao Pantin (cinq cĂ©sars en 1983), Alain Soral frĂ©quente la « nĂ©buleuse noctambulo-artistique parisienne », aux Bains-Douches ou au Palace[5]. Il se lie Ă©troitement avec Alexandre Pasche et Éric Walter (devenu critique d’art sous le nom d'Hector Obalk), rencontrĂ© aux Bains-Douches et dont les parents l’hĂ©bergĂšrent un temps[4]. Tous trois coĂ©crivent l’ouvrage Les Mouvements de mode expliquĂ©s aux parents, paru en 1984. Il vit nĂ©anmoins trĂšs mal que seul un des coauteurs, Hector Obalk, soit invitĂ© Ă  l’émission Apostrophes, au point que cet Ă©pisode le marque durablement. Il dĂ©clare ainsi[15] : « J’ai Ă©tĂ© manipulĂ© par un Juif qui a tirĂ© la couverture Ă  lui. À partir de ce jour-lĂ , j’ai Ă©tudiĂ© le Talmud, l’histoire du sionisme. J’ai dĂ©couvert que la trahison et la solidaritĂ© Ă©taient au fondement de cette culture. » Les Mouvements de mode expliquĂ©s aux parents est traduit en japonais et, grĂące Ă  ses droits d’auteur, Alain Soral s’installe rue Galande[4]. LancĂ© dans le milieu de la mode, il donne de 1984 Ă  1987 des cours sur « l’histoire et l’analyse de la mode contemporaine » Ă  l’École supĂ©rieure des arts et techniques de la mode (Esmod) et publie en 1987 un nouvel ouvrage sur ce thĂšme, intitulĂ© La CrĂ©ation de mode, initialement manuel de cours destinĂ© Ă  l’Esmod. Le succĂšs des Mouvements de mode expliquĂ©s aux parents lui permet de connaĂźtre un dĂ©but de notoriĂ©tĂ© mĂ©diatique : il apparaĂźt en octobre 1985 dans une Ă©mission de FR3, dans laquelle il s'exprime sur les « looks » contemporains.

À la mĂȘme Ă©poque, Alain Soral prend pour mentor un dragueur de rue rencontrĂ© aux Quartier des Halles, « Laurent le Kabyle ». Il mĂšne alors un mode de vie de dragueur de rue de façon intensive pendant deux ans tout en vivant des cours qu'il donne Ă  l'Esmod[4] : « À 1500 F de l’heure, ça m’a permis de passer le reste de mon temps Ă  draguer. Une pratique un peu honteuse et plutĂŽt dĂ©sespĂ©rĂ©e que je justifiais par l’idĂ©e d’en faire aussi un livre ». Cette activitĂ© marginale fut la source de son roman autobiographique La Vie d’un vaurien et de son essai sur les techniques de drague Sociologie du dragueur qu’il publia par la suite. Il apparaĂźt en outre pĂ©riodiquement, en tant qu'invitĂ© ou comme chroniqueur, dans des Ă©missions prĂ©sentĂ©es par Thierry Ardisson ou Patrice Drevet.

Durant cette pĂ©riode, il Ă©change des lettres avec son pĂšre incarcĂ©rĂ© en Suisse, tout en Ă©tant en butte Ă  des difficultĂ©s psychiatriques, qu'il dĂ©crit comme une dĂ©pression[4]. PlutĂŽt que d’accepter un poste de planneur-stratĂ©gique dans une grande agence de publicitĂ©, CLM BBDO, il dilapide son pĂ©cule en vĂȘtements sur mesure Ă  Londres[4]. De 1988 Ă  1990, en dĂ©licatesse avec le fisc et de tendance suicidaire, il dĂ©cide d’aller vivre Ă  la campagne et se serait installĂ© dans la demeure d'un ami, nommĂ©e La Bosselette, prĂšs de Dieppe, puis dans un ermitage en CĂŽte d’Or, oĂč il rĂ©dige son premier roman autobiographique sur le thĂšme de la drague, La Vie d’un vaurien, inspirĂ© du recueil d’Édouard Limonov : Journal d’un ratĂ©[4]. Le livre est publiĂ© la mĂȘme annĂ©e mais ne se vend pas. C’est alors qu’il s’intĂ©resse aux techniques cinĂ©matographiques. Il rĂ©alise deux spots publicitaires pour MĂ©lodie Movies et Ă©crit puis rĂ©alise Chouabadaballet : Une dispute amoureuse entre deux essuie-glaces, un court mĂ©trage qui sera diffusĂ© sur Canal+[4]. Lors de son passage en 1992 dans l’émission de Mireille Dumas Bas les masques sur le thĂšme des dragueurs de rue, il dĂ©clare[16] : « Moi ce que j’aimais bien dans la drague de rue, c’est qu’il y avait un aspect lutte de classe. Le schĂ©ma qui marchait le mieux et qui Ă©tait le plus rĂ©jouissant, c’était les deux paumĂ©s qui avaient pour eux leur mĂ©chancetĂ© et leur vice de connaĂźtre un peu mieux la rue, qui arrivaient Ă  sĂ©duire des filles de bourgeois un peu mĂ©prisantes mais qui connaissent pas bien la vie, et qui arrivaient par ce travail de sĂ©duction Ă  capter un peu de plus-value extorquĂ©e des parents de la riche aux parents du pauvre. Pour moi il y avait un cĂŽtĂ© lutte de classes. Et moi je le dis Ă  un moment donnĂ©, au bout de mon parcours de dragueur, j’ai pas seulement Ă©crit un livre je suis rentrĂ© au Parti communiste ; et pour moi c’était totalement liĂ©. »

Alain Soral affirme avoir rejoint le Parti communiste français autour de 1990 et y milite jusqu’en 2000 Ă  la cellule Paul-Langevin. C’est dans ce cadre internationaliste qu’il part au Zimbabwe comme reporter, Ă  la suite du dĂ©cĂšs de son pĂšre en 1991 peu aprĂšs la fin de son incarcĂ©ration[4]. De retour Ă  Paris, il Ă©crit et rĂ©alise son second court mĂ©trage, Les Rameurs : MisĂšre affective et culture physique Ă  CarriĂšres-sur-Seine en 1993, puis Ă©crit les films Les Vauriens et Z’y va ! pour Agat Films & Cie. Il est pigiste pour le magazine fĂ©minin 20 ans pour lequel il rĂ©dige des billets d’humeur. Il Ă©crit Ă©galement dans Entrevue, Ă  la rubrique Rumeurs[15].

Entre 1994 et 1996, il approfondit ses lectures de Karl Marx, Georg LukĂĄcs, Henri Wallon, Lucien Goldmann et Michel Clouscard et se remet au journalisme, avant de partir au BrĂ©sil pour une tournĂ©e de confĂ©rences sur la crĂ©ation de mode. À son retour, grĂące Ă  une avance d’un Ă©diteur, il part pour le Pays basque afin d’y rĂ©diger au calme son essai Sociologie du dragueur, fort de ses « sept cents conquĂȘtes ». ÉcoulĂ© Ă  plus de 50 000 exemplaires en 2017, celui-ci deviendra le plus cĂ©lĂšbre de ses ouvrages[17]. Il entre Ă  la section de boxe de l’Aviron bayonnais, puis rencontre Maylis Bourdenx, sa future femme. Ils se marient le [4] - [2] et divorcent en 2009. À la suite du succĂšs de Sociologie du dragueur — publiĂ© aux Éditions Blanche dirigĂ©es par Franck Spengler — Alain Soral joue son propre rĂŽle au cinĂ©ma dans Parfait Amour ! de Catherine Breillat en 1996. Il poursuit sur sa lancĂ©e en 1999 avec Vers la fĂ©minisation ?, dans lequel il dĂ©veloppe une rhĂ©torique antifĂ©ministe.

Alain Soral connaĂźt alors une nouvelle pĂ©riode de notoriĂ©tĂ© mĂ©diatique, s'Ă©tant affirmĂ© comme un « bon client » des plateaux de tĂ©lĂ©vision. Entre 1999 et 2004, Thierry Ardisson, avec qui il est ami depuis les annĂ©es 1980, l’invite Ă  quatre reprises dans son Ă©mission Tout le monde en parle[18]. En 2000, il est invitĂ© Ă  trois reprises dans l’émission C’est mon choix d’Évelyne Thomas (produite par Jean-Luc Delarue). Alain Soral intervient Ă©galement chez Paul Wermus Ă  l’émission Piques et polĂ©miques en 2003 et 2004, oĂč il prend position lors de ce dernier passage pour dĂ©fendre l’humoriste DieudonnĂ© accusĂ© d’antisĂ©mitisme.

Le seul long mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Alain Soral, intitulĂ© Confession d’un dragueur et sorti en salles en 2001, rĂ©unit Thomas Dutronc et SaĂŻd Taghmaoui.

En 2001, il rĂ©alise son premier long mĂ©trage Confession d’un dragueur avec Thomas Dutronc et SaĂŻd Taghmaoui en tĂȘte d’affiche. Il touche 89 000 â‚Ź pour ce film selon Molard et D'Angelo[19]. Le producteur Jean-François Lepetit raconte Ă  ce sujet : « Son scĂ©nario Ă©tait prometteur. Mais au moment du tournage, j’ai rĂ©alisĂ© que ce que je croyais ĂȘtre de l’ironie Ă©tait en fait du premier degrĂ©. » Portant sur la drague de rue et les rapports de classe, ce film, boudĂ© par la critique et par le public, est dĂ©programmĂ© au bout d’une semaine. Alain Soral dĂ©clare par la suite, au sujet de l’échec de son film et de son parcours dans le milieu du spectacle : « J’ai Ă©tĂ© massacrĂ© par les deux cliques qui tiennent ce milieu, les pĂ©dĂ©s et les Juifs »[15]. Pour AgnĂšs Soral, c’est la premiĂšre fois que son frĂšre s’estimait rejetĂ© parce que « goy ». Elle indique Ă©galement que son frĂšre s’est vu refuser, comme elle, l’entrĂ©e dans la franc-maçonnerie en 2004 et qu’il a « rompu les ponts » avec toute sa famille en 2006[20].

Passage par le Parti communiste français

Les sources divergent quant Ă  son entrĂ©e au Parti communiste français, certains enquĂȘteurs mettant en doute sa rĂ©alitĂ© tandis qu'Alain Soral lui-mĂȘme multiplie les versions concernant cette adhĂ©sion[21] - [22] : au milieu des annĂ©es 1980 pour certains[n 2] - [23], en 1991 pour Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard[24], entre 1992 et 1994 d’aprĂšs un CV issu d’un dossier de presse[4]. Sa propre version varie souvent[25] : incapable de dater son engagement, il parle parfois d’une pĂ©riode situĂ©e entre 1991 et 1993 mais parfois aussi d’un engagement de sept ans[26]. L’écrivain Simon Liberati indique qu’il s’est encartĂ© avec Alain Soral davantage par anticonformisme que par idĂ©ologie, jugeant « dommage que le parti disparaisse comme l’Église catholique avait disparu »[25] et qualifiant leur petit cercle de « pieds nickelĂ©s »[26]. Selon les auteurs de La Galaxie DieudonnĂ©, cette appartenance au PCF n’a cependant jamais Ă©tĂ© prouvĂ©e[27]. D’aprĂšs Robin d’Angelo et Mathieu Molard, journalistes Ă  StreetPress, les responsables du parti de l’époque ne se souviennent pas de son passage[25]. Alain Soral a mis en ligne sur son site ses cartes d’adhĂ©rents au Parti communiste français Ă  la cellule Paul-Langevin, de 1995 Ă  2000. Il dĂ©clare Ă©galement avoir animĂ© pendant cette pĂ©riode, aux cĂŽtĂ©s de Marc Cohen, le « Collectif communiste des travailleurs des mĂ©dias » (dit aussi « cellule RamĂłn Mercader »), faisant paraĂźtre un bulletin confidentiel aux parutions sporadiques[26] intitulĂ© La Lettre Ă©carlate[28]. Cette initiative n’aurait pas de lien avec le PCF[29]. Selon Jean-Paul Gautier et ses coauteurs, « en rĂ©alitĂ©, ce collectif Ă©tait dirigĂ© par Henri Malberg, membre du comitĂ© central du PCF. Lors de nos investigations, nous n’avons trouvĂ© aucun document qui laisserait entrevoir qu’Alain Soral aurait jouĂ© le rĂŽle qu’il cherche Ă  s’attribuer[27]. » D’aprĂšs des tĂ©moignages recueillis par Mathieu Molard et Robin d’Angelo c’est nĂ©anmoins en cĂŽtoyant ce « courant nationaliste encore prĂ©sent au PCF » qu’il devient « obsĂ©dĂ© par les juifs »[30].

AprĂšs avoir fait campagne pour le non au rĂ©fĂ©rendum sur le traitĂ© de Maastricht de septembre 1992, il dĂ©clare avoir participĂ© en mai 1993, toujours avec Marc Cohen, rĂ©dacteur en chef de L’Idiot international de Jean-Edern Hallier, Ă  la rĂ©daction de l’appel « Vers un front national », signĂ© par Jean-Paul Cruse — ancien membre de la Gauche prolĂ©tarienne, membre du collectif et dĂ©lĂ©guĂ© SNJ-CGT de LibĂ©ration, dont il est l’un des fondateurs — et publiĂ© en premiĂšre page de L’Idiot.[31] Cet appel, s’appuyant sur la vision de la « destruction prĂ©cipitĂ©e de la vieille gauche », propose « une politique autoritaire de redressement du pays », rassemblant « les gens de l’esprit contre les gens des choses, la civilisation contre la marchandise — et la grandeur des nations contre la balkanisation du monde [
] sous les ordres de Wall Street, du sionisme international, de la bourse de Francfort et des nains de Tokyo » et appelle, pour « forger une nouvelle alliance », Ă  la constitution d’un « front » regroupant « Pasqua, ChevĂšnement, les communistes et les ultra-nationalistes », un nouveau front pour « un violent sursaut de nationalisme, industriel et culturel »[32]. Une polĂ©mique naĂźt alors sur l’existence de convergences « rouges-bruns »[33].

Alain Soral cesse ensuite d'ĂȘtre membre du PCF, disant s’opposer Ă  l’abandon de son contenu rĂ©volutionnaire, tout en continuant Ă  approuver l’« outil d’analyse » marxiste[34].

Critique des « communautarismes » homosexuel, féministe et juif

DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 2000, il pourfend dans ses livres[35] ce qu’il qualifie de communautarisme : il s’en prend vivement aussi bien aux mouvements homosexuels ou fĂ©ministes qu’aux associations reprĂ©sentatives de la communautĂ© juive, dans des termes qui se veulent souvent provocateurs[36]. Pour Alain Soral, la montĂ©e du communautarisme en France est dangereuse pour la RĂ©publique et constitue une atteinte au principe d’universalitĂ© rĂ©publicaine car, Ă  sa conception « fait[e] d’histoires comparĂ©es, de mĂ©tissages, de transformations », elle tendrait Ă  substituer « un dĂ©bat rĂ©duit Ă  la compĂ©tition victimaire. Soit l’Histoire ramenĂ©e Ă  l’éternelle persĂ©cution des femmes, des pĂ©dĂ©s, des Arabes, des Noirs, des Juifs
 »[37].

Les prises de position d’Alain Soral « anti-communautaristes » sont suivies avec intĂ©rĂȘt par Les Identitaires qui tentent en vain un rapprochement avec lui au dĂ©but de l’annĂ©e 2004 en lui Ă©crivant deux lettres[38]. En 2006, il signe avec Fabrice Robert et Philippe Vardon[n 3], deux figures des Identitaires, un appel Ă  la libĂ©ration de Michel Lajoye, condamnĂ© pour des attentats Ă  l’explosif contre des commerces et des logements de travailleurs maghrĂ©bins[39].

Malgré son hostilité à l'homosexualité, Soral aurait affirmé à la radio avoir eu des expériences homosexuelles :« J'ai essayé aussi pour voir. Quand on a envie d'une petite aventure rapide entre 23 heures et 1 heure du matin. On va au square et en une demi-heure, c'est fait. » Selon le cinéaste Vincent Dieutre, Soral tiendrait un « double discours », alors qu'il aurait eu un acte sexuel avec lui ainsi qu'« un garçon » dans les années 1980[40].

Association avec Dieudonné

AprĂšs avoir critiquĂ© DieudonnĂ© dans un de ses livres, Alain Soral se lie d’amitiĂ© avec lui et devient mĂȘme son « Ă©minence grise ».

En 2002, Alain Soral publie Jusqu’oĂč va-t-on descendre ? AbĂ©cĂ©daire de la bĂȘtise ambiante, toujours chez les Éditions Blanche, qui lui vaut un succĂšs commercial[41]. L’ouvrage s'Ă©coule Ă  60 000 exemplaires en un mois, sans aucune promotion ni couverture mĂ©diatique[2], et Ă  80 000 exemplaires l’annĂ©e de sa publication, « contre toute attente » d’aprĂšs Emmanuel Poncet[18]. Cet ouvrage contribue Ă  faire connaĂźtre Alain Soral du grand public[42]. LibĂ©ration classe encore Ă  l'Ă©poque Alain Soral comme un « rĂ©actionnaire de gauche » : le journal considĂšre, Ă  l'Ă©poque de la sortie de Jusqu’oĂč va-t-on descendre ?, que Soral se situe dans « le mouvement croissant de libĂ©ration de la parole gauloise (Camus, Houellebecq, Muray, etc.) » tout en soulignant qu'il « dĂ©bite souvent avec brio une phrasĂ©ologie « nĂ©orĂ©ac » en constante contradiction avec la loi Gayssot »[2].

Dans son livre, Alain Soral s’en prend, parmi de multiples cibles, Ă  DieudonnĂ©[43], qu’il accuse de vouloir bĂ©nĂ©ficier d’une « rente de culpabilisation victimaire » dont les Français blancs seraient les victimes. Qualifiant l’humoriste d’« inculte et dĂ©sormais pas drĂŽle », il ajoute par ailleurs : « Si DieudonnĂ© s’énerve sur le populo français [
], c’est peut-ĂȘtre parce qu’il lui dĂ©mange de montrer du doigt la communautĂ© logiquement dĂ©signĂ©e par sa revendication d’une plus juste reprĂ©sentation des « communautĂ©s visibles ? » Une « communautĂ© invisible » surreprĂ©sentĂ©e dans le showbiz en termes de quotas, mais Ă  laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo »[44]. Ayant pris connaissance de ces critiques, DieudonnĂ© souhaite rencontrer Soral. En 2004, les deux hommes prennent contact et deviennent finalement amis et politiquement proches, Ă©tant notamment tombĂ©s d’accord, selon Soral, sur le sujet de l’« antisionisme » et du « lobby juif »[45]. DĂšs lors, l’essayiste fait figure, de son propre aveu[46], d’« Ă©minence grise » de DieudonnĂ©[5] - [47], ce qui permet d’observer une continuitĂ© entre ses discours et les spectacles de l’humoriste[5] - [46]. Dominique Albertini et David Doucet relĂšvent que « comme DieudonnĂ©, en effet, Soral disparaĂźt peu Ă  peu des mĂ©dias traditionnels Ă  mesure que s'affirme le caractĂšre antisĂ©mite et complotiste de son discours »[48].

S’estimant victimes de dĂ©boires comparables du point de vue des agressions physiques et du boycott par les mĂ©dias, Alain Soral et DieudonnĂ© se sont mutuellement soutenus[49], participant conjointement Ă  la liste Euro-Palestine aux Ă©lections europĂ©ennes de 2004, avant que le premier s’en retire[50], suivi par le second.

En 2006, il fait aussi partie — avec notamment DieudonnĂ©, Thierry Meyssan et FrĂ©dĂ©ric Chatillon (ancien responsable du GUD) — d’une dĂ©lĂ©gation qui se rend au Liban puis en Syrie, et rencontre notamment le prĂ©sident libanais Émile Lahoud, le gĂ©nĂ©ral Aoun, opposant libanais et[51], lors d’un passage Ă  Damas, les dignitaires du rĂ©gime syrien[15], ainsi qu’Hugo ChĂĄvez, prĂ©sident du Venezuela. Pour Fiammetta Venner, Alain Soral admire un ChĂĄvez « aux antipodes de celui admirĂ© par une certaine gauche française. Ce qui intĂ©resse Alain Soral, c’est la rĂ©pression virile des opposants, la revendication de chrĂ©tientĂ© et les provocations contre les États-Unis et les Juifs »[39].

Engagement au Front national

Alain Soral se dit marquĂ© par la campagne de Jean-Pierre ChevĂšnement lors de l’élection prĂ©sidentielle française de 2002 :

« ChevĂšnement pour mon parcours personnel est une sorte de sas. Je n’aurais jamais pu me rapprocher du FN directement. Toute mon idiosyncrasie est formatĂ©e par l’extrĂȘme gauche. C’est comme des pelures d’oignon qu’il faut enlever. Ce n’est pas possible sans mĂ©diation
 Quand je vois que ChevĂšnement au cours de la campagne du premier tour de 2002 s’effondre, n’ose pas franchir le Rubicon et on voit tout Ă  coup qu’il n’a pas le courage d’aller au bout
 Et finalement le seul qui a le courage, qui n’a pas l’appareil conceptuel finalement cohĂ©rent, le seul qui a le courage politique parce qu’il n’a jamais fait partie de la bourgeoisie politique, ce qu’on appelle l’establishment, le seul qui pourra aller jusqu’au bout d’une critique radicale du systĂšme s’il Ă©tait Ă  la limite moins mal entourĂ© parce que c’est comme ça que je le vois, ce serait Le Pen et c’est lĂ  que je me dis je milite alors que je suis encore trĂšs liĂ© au PC, enfin aux déçus du PC, je dis : « il faut voter Le Pen, c’est le vote rĂ©volutionnaire »[52]. »

Pour l’association belge RĂ©sistanceS, Alain Soral affichait dans Jusqu’oĂč va-t-on descendre un national-populisme qui prĂ©figurait son engagement au Front national[53].

Il propose d’abord ses services au FN par l’intermĂ©diaire de Bruno Gollnisch. Il se lie ensuite d’amitiĂ© avec Marine Le Pen, alors Ă  la recherche de personnalitĂ©s extĂ©rieures pour venir alimenter ses rĂ©flexions politiques et qui juge intĂ©ressante sa ligne sur la « gauche du travail » et la « droite des valeurs, » avant de convaincre Jean-Marie Le Pen[54] - [55] - [39], Ă  qui il est prĂ©sentĂ© par Farid Smahi[56]. C’est durant l’automne 2005 qu’il rejoint l’équipe de campagne du Front national, oĂč il est chargĂ© des affaires sociales et du problĂšme des banlieues. Ce ralliement n’est rĂ©vĂ©lĂ© par Soral que plus d’un an aprĂšs, lors d’un entretien paru sur Internet le . Il explique alors sa dĂ©marche en affirmant que le Front national constitue le seul parti qui lutte efficacement contre la « dĂ©ferlante capitaliste et ultralibĂ©rale. » En , il dĂ©clare avoir votĂ© pour Jean-Marie Le Pen aux deux tours de l’élection prĂ©sidentielle de 2002, aprĂšs avoir nĂ©anmoins Ă©tĂ© tentĂ© de porter sa voix sur Jean-Pierre ChevĂšnement au premier tour[28]. Le rapprochement d’Alain Soral avec Jean-Marie Le Pen est cependant accueilli alors avec une certaine mĂ©fiance par diverses personnalitĂ©s du Front national[57].

Alain Soral inspire les discours prononcĂ©s par Jean-Marie Le Pen du 1er mai, de la fĂȘte des Bleu-blanc-rouge et de Valmy en septembre 2006[54] - [58]. À l’occasion de l’élection prĂ©sidentielle, il oriente la campagne de Jean-Marie Le Pen, auprĂšs de qui il est « conseiller spĂ©cial »[59], vers le national-rĂ©publicanisme[60]. Son exposition Ă  l’occasion d’une confĂ©rence de presse avec Louis Aliot et Marine Le Pen en vise Ă  faire contrepoids Ă  l’offensive de Bruno MĂ©gret, accusĂ© d’utiliser l’Union des patriotes (mouvement de soutien Ă  la candidature de Jean-Marie Le Pen) pour se remettre en selle[55]. Le prĂ©sident du FN indique alors : « Il apporte les Ă©lĂ©ments de sa propre personnalitĂ©, son talent, son intelligence. Et le fait qu’il soit un ancien communiste prouve bien la capacitĂ© de la nation et du mouvement national d’intĂ©grer les Français quelles que soient leurs origines politiques »[61]. Louis Aliot explique qu'« on le voit peu mais il arrive Ă  convaincre Le Pen que les banlieues allaient voter pour lui, pour remplacer l’électorat qui vote pour Sarkozy »[59]. Marine Le Pen prĂ©cisera en 2008 : « [
] contrairement Ă  ce qui a pu ĂȘtre dit durant la campagne prĂ©sidentielle, il n’a pas Ă©tĂ© le dĂ©cideur de la stratĂ©gie de Jean-Marie Le Pen. Jean-Marie Le Pen, que les Français connaissent, a Ă©videmment toujours conservĂ© la maĂźtrise totale de ses choix stratĂ©giques et celle de sa ligne politique »[62]. Le , aprĂšs le net recul de Jean-Marie Le Pen Ă  l’issue du premier tour, il dĂ©clare : « Le Pen mĂ©ritait la France mais je ne suis pas sĂ»r que la France mĂ©ritait Le Pen[63] » et annonce qu’il va voter pour SĂ©golĂšne Royal[64].

ParallĂšlement Ă  son engagement au FN, Alain Soral lance en , en compagnie de Jildaz MahĂ© O’Chinal et Philippe PĂ©ninque[65], son propre mouvement, appelĂ© ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation (E&R)[66]. Cette association qui se prĂ©sente comme « un club de rĂ©flexion politique trans-courants dans la tradition du cercle Proudhon des Berth et Valois, [
] entend convertir au nationalisme politique les jeunes des milieux populaires et notamment ceux issus de l’immigration »[65]. Avec le soutien financier des anciens membres du GUD FrĂ©dĂ©ric Chatillon, Gildas MahĂ© et Philippe PĂ©ninque et la participation de Serge Ayoub, il ouvre Le Local, un bar associatif situĂ© dans le 15e arrondissement de Paris. NĂ©anmoins, cette association entre Soral et Ayoub ne fait pas long feu[n 4] - [68] et ce dernier conserve seul la gestion du Local ; « les JNR de Batskin n’apprĂ©ciant pas vraiment les militants arabes d’E&R », selon FrĂ©dĂ©ric Haziza[69].

Le , Ă  l’occasion du congrĂšs national du Front national Ă  Bordeaux, Alain Soral qui n’était pas candidat est nommĂ© au comitĂ© central par Jean-Marie Le Pen, rĂ©Ă©lu prĂ©sident du parti[70].

DĂ©part du Front national et Liste antisioniste

Le , Alain Soral annonce sa candidature Ă  l’investiture comme tĂȘte de liste du Front national aux Ă©lections europĂ©ennes de 2009 en Île-de-France. Six mois plus tard, le , il dĂ©cide de quitter le FN aprĂšs avoir Ă©tĂ© relĂ©guĂ© Ă  une « place d’honneur » sur la liste[71]. Accusant Marine Le Pen et Louis Aliot de s’ĂȘtre opposĂ©s Ă  sa candidature[n 5] et de chercher Ă  « virer tous les opposants authentiques au systĂšme, qu’ils proviennent de la vieille droite des valeurs ou de la vraie gauche sociale, » il tĂ©moigne des profondes divergences apparues depuis prĂšs de deux ans au sein du Front national et ayant conduit au dĂ©part de plusieurs personnalitĂ©s de ce parti, tout en saluant Jean-Marie Le Pen, « homme facĂ©tieux et dĂ©licat ». Ce dernier dĂ©nonce pour sa part un « comportement de petit enfant qui pique une grosse colĂšre » et commente : « Alain Soral est plus fait pour l’écriture ou le show business que pour la politique[72]. » Selon Laurent-David Samama, l’état-major du parti l’aurait jugĂ© « trop obsĂ©dĂ© par le complot sioniste »[73]. Alain Soral continue nĂ©anmoins d'affirmer son soutien Ă  Marine Le Pen tout en ciblant le « suceur de sionistes » que serait Louis Aliot[74] ; il soutient en particulier Jean-Marie Le Pen et Florian Philippot parce qu'« il critique la mondialisation et ne stigmatise jamais les musulmans »[75] - [76]. D’aprĂšs Marc George, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation, Alain Soral aurait perdu le soutien de Jean-Marie Le Pen en amont des Ă©lections europĂ©ennes de 2009 aprĂšs avoir vu dans ses propos sur les chambres Ă  gaz les « lubies d’un vieil homme »[77]. Marine Le Pen finit par qualifier Alain Soral de « gourou » et de « pervers narcissique »[78].

Il prĂ©sente, avec DieudonnĂ© et Yahia Gouasmi, alors prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration chiite de France, une « Liste antisioniste » recueillant 1,30 % des suffrages en Île-de-France (2,83% en Seine-Saint-Denis) au terme d’une campagne Ă©maillĂ©e d’incidents et d’échauffourĂ©es[79]. Sa prĂ©sence sur cette liste lui vaut d’ĂȘtre qualifiĂ© d’« impayable stalino-facho-antisioniste » par le philosophe communiste-libertaire Claude Guillon[80]. La liste aurait Ă©tĂ© financĂ©e par la RĂ©publique islamique d’Iran de Mahmoud Ahmadinejad Ă  hauteur de 3 millions d’euros[81].

Entre-temps, chroniqueur au journal Flash Ă  partir de sa fondation en avec d’anciens collaborateurs de National-Hebdo, il le quitte en avril 2011 le jugeant devenu trop proche du Front national[82]. Par ailleurs, il se montre discret Ă  l’occasion du XIVe congrĂšs du Front national qui doit dĂ©signer, Ă  Tours, le successeur de Jean-Marie Le Pen Ă  la prĂ©sidence du parti. Marc George l’accuse d’avoir renoncĂ© Ă  soutenir Bruno Gollnisch en Ă©change d’une promotion de la part de Marine Le Pen[83].

Alain Soral continue nĂ©anmoins d’avoir une certaine influence chez une partie des militants du FN, notamment chez les jeunes, qui dĂ©veloppent d’aprĂšs l’historien Nicolas Lebourg « tout un discours « rĂ©publicain » sous influence soralienne, pour pointer le poids d’un certain communautarisme » (juif)[84], mais aussi chez une partie des cadres[85] - [86]. Pour Jacob Rogozinski, professeur Ă  la facultĂ© de Strasbourg, « des relations Ă©troites existent toujours entre les rĂ©seaux DieudonnĂ©-Soral et certains membres de la direction du FN, et ces passerelles font circuler dans les deux sens les hommes et les idĂ©es. Bien loin de s’opposer, soraliens et lepĂ©nistes tendent ainsi Ă  se renforcer rĂ©ciproquement »[87]. S’il considĂšre qu’il a Ă©chouĂ© Ă  faire bouger la ligne du FN sur l’islam du temps oĂč il en Ă©tait membre, Alain Soral s’attribue nĂ©anmoins le « virage Ă©conomique antilibĂ©ral » opĂ©rĂ© par Marine Le Pen[88], ce que contestent Abel Mestre et Caroline Monnot, journalistes au Monde : « Tous les numĂ©ros 2 du Front national, hormis Bruno Gollnisch, ont plaidĂ© pour un crĂ©neau social. La transformation de la sociologie Ă©lectorale du Front national Ă  partir de 1995 a rendu ce virage obligatoire selon le vieux principe : Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef. »[89]

Développement de ses propres activités politiques et commerciales

AprĂšs son dĂ©part du Front national, Alain Soral se concentre sur ses propres activitĂ©s, en particulier le mouvement ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation et la maison d’édition Kontre Kulture.

DĂšs lors, s’inscrivant dans une dĂ©marche propre Ă  l’activisme par les mĂ©dias[90], Alain Soral se consacre essentiellement Ă  ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation, dont l’objet est la « promotion des idĂ©es de l’essayiste Alain Soral sur la gauche du travail et la droite des valeurs »[91] — association prĂ©sentĂ©e comme « nationaliste de gauche »[92] mais classĂ©e Ă  l’extrĂȘme droite par la plupart des observateurs et qualifiĂ©e d’antisĂ©mite par certains d’entre eux — en organisant des confĂ©rences et en rĂ©alisant des entretiens sur Internet particuliĂšrement suivis[93], surtout par « un public jeune et masculin », composĂ© de « chĂŽmeurs mais aussi [d’]Ă©tudiants ou cadres diplĂŽmĂ©s »[15], disposant souvent d’un certain capital culturel[77]. Pour le politologue Jean-Yves Camus, si le mouvement connaĂźt une certaine audience auprĂšs de la gĂ©nĂ©ration des 18-25 ans, « pour comprendre le phĂ©nomĂšne Soral, il faut le replacer dans le contexte des annĂ©es 2000 pendant lesquelles on assiste Ă  une course Ă  la transgression antisĂ©mite illustrĂ©e parfaitement par l’émergence de DieudonnĂ©. Dans les deux cas, Soral et DieudonnĂ©, c’est moins leur discours qui suscite l’engouement que leur capacitĂ© Ă  dire des choses transgressives qui attirent les gens »[94]. Pour le politologue Gilles Kepel, « Alain Soral dĂ©cide de rĂ©investir le champ militant issu de la mouvance nationaliste rĂ©volutionnaire »[95]. L'historien Pascal Ory le prĂ©sente comme le « premier intellectuel français de renom promu par la culture numĂ©rique »[96].

En , il fonde sa propre structure, Culture pour tous, sociĂ©tĂ© qui comprend : la maison d’édition Kontre Kulture qui diffuse notamment la rĂ©Ă©dition de ses livres ; Sanguis Terrae qui vend du vin ; Prenons le maquis (anciennement Instinct de survie) qui vend du matĂ©riel survivaliste et organise des stages, en partenariat avec Piero San Giorgio, auteur de Survivre Ă  l’effondrement Ă©conomique ; et Au bon sens qui vend par des circuits courts des produits biologiques. Alain Soral possĂšde 80 % des parts de Culture pour tous qui est gĂ©rĂ©e par Julien Limes, secrĂ©taire de ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation[97]. En 2012, la sociĂ©tĂ© a dĂ©clarĂ© un chiffre d’affaires de 640 400 € pour un rĂ©sultat net de 64 300 €[91]. D’aprĂšs StreetPress, « en octobre 2014, la PME a gĂ©nĂ©rĂ© plus de 170 000 euros. Ce qui, rapportĂ© sur un an, Ă©quivaudrait Ă  plus de 2 000 000 d’euros de chiffre d’affaires »[98]. Pour l’essayiste Michel Briganti, Alain Soral s’inscrit, avec cette activitĂ© commerciale, dans une pratique rĂ©pandue Ă  l’extrĂȘme droite : « capitaliser sur une expĂ©rience militante est trĂšs classique dans ce milieu. [
] En fait, tous les petits groupes d’extrĂȘme-droite animĂ©s par de fortes personnalitĂ©s font du business, d’une maniĂšre ou d’une autre. » Citant FrĂ©dĂ©ric Chatillon, Serge Ayoub et DieudonnĂ©[91].

Depuis , Ă  la suite de son refus de l’inviter sur le plateau de son Ă©mission sur LCP, FrĂ©dĂ©ric Haziza, journaliste Ă  Radio J et sur LCP, fait l’objet d’une violente campagne de dĂ©nigrement sur les rĂ©seaux sociaux et d’une pĂ©tition, lancĂ©e en sur Change.org, visant Ă  son renvoi de LCP pour « son incompĂ©tence, son tribalisme, sa partialitĂ©, sa totale agressivitĂ© et ses multiples provocations contre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui »[99] - [100] - [101] - [102] - [103].

En 2014, des photos nues de Soral apparaissent sur internet, tout comme celles de son ex-compagne Binti. Cette derniÚre dénonce des injures à caractÚre racial, une violation des données informatiques et menaces de sa part. Ce dernier nie les accusations[104].

Alors que l’influence persistante d’Alain Soral au FN inquiĂšte une frange du parti engagĂ©e dans une stratĂ©gie de « dĂ©diabolisation », Louis Aliot en particulier[86], Aymeric Chauprade, conseiller aux questions internationales de Marine Le Pen, dĂ©clare en , alors qu’il tente d’inflĂ©chir la ligne du FN sur le plan international dans un sens favorable Ă  IsraĂ«l : « Soral n’a pas d’influence sur Marine, il s’est auto-investi d’une mission que personne ne lui a confiĂ©e. Si sa mission est de ramener des musulmans en leur expliquant que le FN est un parti antisĂ©mite et/ou antisioniste — parce que j’ai l’impression que ça devient un peu la mĂȘme chose —, il s’est trompĂ© d’adresse »[105]. DĂ©nonçant « la trahison Chauprade », Alain Soral appelle dĂšs lors Ă  ne plus voter pour le FN, malgrĂ© une tentative de mĂ©diation de Jean-Marie Le Pen[86], puis annonce en avec DieudonnĂ© la crĂ©ation d’un nouveau parti dĂ©nommĂ© « RĂ©conciliation nationale ». Les deux hommes justifient cette dĂ©marche par le fait que « le Front national est entrĂ© dans le systĂšme aprĂšs l’éviction de Jean-Marie Le Pen » et par « l’incroyable promotion » du Suicide français d’Éric Zemmour, publiĂ© un mois plus tĂŽt[106]. Marine Le Pen refuse de commenter sĂ©rieusement cette initiative qu’elle assimile Ă  « du folklore » et « de la pub »[107]. Dans le mĂȘme temps, de nombreux membres de la « dissidence », terme dĂ©signant en interne la mouvance constituĂ©e autour de DieudonnĂ© et d’Alain Soral, se dĂ©solidarisent de ces derniers, dĂ©nonçant notamment l’autoritarisme et les outrances du prĂ©sident de ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation[78]. Le , Alain Soral et DieudonnĂ© figurent parmi la centaine d’invitĂ©s conviĂ©s Ă  l’anniversaire de Jean-Marie Le Pen, alors que Marine Le Pen et Marion MarĂ©chal-Le Pen ont dĂ©clinĂ© l’invitation[108]. RĂ©conciliation nationale naĂźt officiellement en [109]. LibĂ©ration observe en que le projet « reste Ă  cette heure lettre morte »[110]. En visite Ă  Moscou en , il appelle Ă  voter pour Marine Le Pen lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2017, considĂ©rant que le FN est « le seul parti en France qui reprĂ©sente une alternative raisonnable » et « le moins pire des votes car, malheureusement, Marine Le Pen donne des signes de soumission au CRIF »[111]. Lors de l'entre-deux-tours de la primaire citoyenne de 2017, il appelle Ă  voter pour BenoĂźt Hamon face Ă  Manuel Valls[112]. Dans une interview accordĂ©e Ă  la journaliste Daria Aslamova de KomsomolskaĂŻa Pravda qui le prĂ©sente comme « l’un des meilleurs analystes de France », publiĂ©e deux jours avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 2017, Alain Soral dĂ©crit Emmanuel Macron comme un « homosexuel », un « psychopathe » et un « produit de l’oligarchie française »[113].

AprĂšs les attentats du 13 novembre 2015, Alain Soral et ses soutiens sont pris pour cible par la version francophone de Dar al Islam, le magazine de l'État islamique, car « infĂ©odĂ©s aux rĂ©gimes syrien et iranien ». Alain Soral y est qualifiĂ© de « complotiste »[114] - [115].

En dĂ©cembre 2016, Soral participe Ă  une dĂ©bat organisĂ© par DieudonnĂ©, dans lequel il se confronte au militant Daniel Conversano. Ne partageant pas le mĂȘme point de vue, Soral l'agresse violemment par des coups de poing au visage[116].

En , Facebook supprime les comptes d'Alain Soral et d'ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation, au motif que « les organisations ou les personnes qui prĂȘchent la haine ne sont pas autorisĂ©es sur Facebook ». Puis, en , c'est au tour d'Instagram de fermer le compte d'Alain Soral. En rĂ©action, celui-ci ouvre des comptes pour lui-mĂȘme et son association sur le rĂ©seau social russe VKontakte, imitĂ© en cela par DieudonnĂ© et Boris Le Lay qui ont fait l'objet de mesures similaires par les rĂ©seaux sociaux occidentaux[117] - [118]. En , sa chaĂźne YouTube, qui compte environ 100 000 abonnĂ©s, est briĂšvement fermĂ©e en raison de « discours incitant Ă  la haine ou Ă  la violence »[119] - [120]. Nicolas Lebourg relĂšve alors que le site d'ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation connaĂźt « une dĂ©crue de son trafic et de son influence », et estime que « l’une des difficultĂ©s d’Alain Soral [est] la marginalisation de Manuel Valls. N’étant plus dĂ©signĂ© par le plus haut sommet de l’État comme une question d’ordre public, il perd en attractivitĂ© – il faudra voir si la volontĂ© de la LICRA de faire fermer ses outils de communication peut le relancer »[121]. En 2020, son compte Twitter approche les 65 000 abonnĂ©s[122].

Mediapart relĂšve qu'il a « postĂ© trĂšs tĂŽt des vidĂ©os de soutien » au mouvement des Gilets jaunes et « s’est immĂ©diatement reconnu dans une fronde marquĂ©e par la dĂ©fiance envers les partis comme les syndicats et aux contours politiques flous, lui qui dĂ©finit son mouvement ÉgalitĂ© et rĂ©conciliation comme rĂ©unissant la « gauche du travail » et « la droite des valeurs »[123].

Fin 2019, il dĂ©mĂ©nage dans le canton de Vaud en Suisse, indiquant qu'il cherche ainsi Ă  « Ă©chapper Ă  la dĂ©testable ambiance qui rĂšgne en France, du fait des agissements conjuguĂ©s des immigrationnistes » ; selon LibĂ©ration et StreetPress, son objectif est de « fuir la justice française »[122] - [124]. Il dĂ©mĂ©nage Ă©galement dans le canton de Vaud la structure qui sert de rĂ©ceptacle aux dons adressĂ©s Ă  ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation[122].

En , YouTube supprime dĂ©finitivement la chaĂźne d'Alain Soral « ERTV Officiel » (acronyme de son site ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation) qui comptait prĂšs de 185 000 abonnĂ©s, ainsi que sa chaĂźne secondaire, « ERTV International », qui en comptait prĂšs de 3 200. Google France indique s'appuyer sur ses nouvelles conditions d'utilisation de et invoque des « enfreintes [sic] rĂ©pĂ©tĂ©es aux conditions d'utilisation »[125] - [126] - [127]. Sur la page de l'ancienne chaĂźne, un message prĂ©cise que « ce compte a Ă©tĂ© clĂŽturĂ© Ă  la suite de manquements graves ou rĂ©pĂ©tĂ©s aux rĂšgles de YouTube interdisant l’usage de contenu incitant Ă  la haine »[128]. Cette fermeture a lieu dans un contexte de fermeture de nombreuses chaĂźnes de suprĂ©macistes blancs aux États-Unis et la fermeture de la chaĂźne YouTube de DieudonnĂ© en France[128]. Cependant, ses vidĂ©os continuent de circuler sur YouTube par l'intermĂ©diaire des filiales locales d’E&R qui ont visiblement Ă©chappĂ© Ă  la sanction, ainsi que de fans et d'influenceurs pro-Poutine[129]. Selon StreetPress, suivant la fermeture de ses chaĂźnes YouTube, Alain Soral lance Le MĂ©dia en 4-4-2 en guise de faux-nez[130].

ProcĂšs

Condamnations

Motif ProcĂšs
Incitation Ă  la haine
  • Le , la cour d’appel de Paris a confirmĂ© le jugement du par lequel Alain Soral Ă©tait condamnĂ© Ă  une amende de 3 000 € pour incitation Ă  la haine raciale Ă  la suite de propos tenus dans le cadre de l’émission ComplĂ©ment d'enquĂȘte sur France 2, le . Entre autres propos de la mĂȘme veine, celui-ci affirmait : « la formation qualifiante pour exister dans les mĂ©dias aujourd’hui, c’est d’ĂȘtre sioniste : si t’es antisioniste, si t’es judĂ©o-critique ou quoi que ce soit tu dĂ©gages [
] »[131].
  • Le , le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s de Bobigny, saisi par la LICRA, ordonne l’interdiction et le retrait des ventes « dans un dĂ©lai d’un mois » de l’Anthologie des propos contre les juifs, le judaĂŻsme et le sionisme, de Paul-Éric Blanrue et la censure partielle de quatre ouvrages rĂ©Ă©ditĂ©s par Kontre Kulture : La France juive d’Édouard Drumont, Le Salut par les Juifs de LĂ©on Bloy, Le Juif international d’Henry Ford et La Controverse de Sion de Douglas Reed. La maison d’édition et Alain Soral sont Ă©galement condamnĂ©s Ă  verser, « Ă  titre de provision », 8 000 euros Ă  la LICRA, ainsi qu’à payer une partie des frais de justice[132]. La LICRA a Ă©galement demandĂ© la rĂ©paration du prĂ©judice subi pour incitation Ă  la haine raciale et Ă  l’antisĂ©mitisme par l’édition du livre Anthologie des propos contre les juifs, le judaĂŻsme et le sionisme. Dans un dĂ©libĂ©rĂ© datĂ© du , le TGI annule cette condamnation. NĂ©anmoins, la condamnation d’Alain Soral est Ă  nouveau confirmĂ©e dĂ©finitivement en appel[133] et l’ouvrage de Paul-Éric Blanrue figure sur le site de la maison d’édition avec la mention « interdit Ă  la vente Ă  partir du 13 dĂ©cembre ».
    Ayant remis en vente des exemplaires complets de l’ouvrage Le Salut par les Juifs de LĂ©on Bloy, il est condamnĂ© le par la cour d'appel Ă  verser une amende de 134 400 euros Ă  la LICRA[134].
Diffamation
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© en premiĂšre instance Ă  2 500 euros d’amende, un euro symbolique de dommages et intĂ©rĂȘts, 3 000 euros au titre des frais de justice, ainsi qu’à la publication, Ă  ses frais, du jugement dans deux journaux, pour diffamation envers le maire socialiste de Paris Bertrand DelanoĂ«, aprĂšs avoir portĂ© Ă  son encontre des accusations d’enrichissement illĂ©gal et de pĂ©dophilie, dans une vidĂ©o datĂ©e du sur le site d’ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation[135]. Cette condamnation est confirmĂ©e et alourdie en appel, le , avec 2 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts et 5 000 euros au titre des frais de justice[136].
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  1 500 euros d'amende pour diffamation, peine assortie de 3 000 € de dommages et intĂ©rĂȘts ainsi que 1 000 euros de frais de justice. La plainte avait pour cause un entretien de , publiĂ© sur ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation, dans lequel Alain Soral avait diffamĂ© un employĂ© municipal toulousain[137]. Alain Soral fait appel. la Cour d’appel de Toulouse confirme et ajoute 800 € de frais de justice.
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  2 000 euros d’amende, 2 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts et 3 000 euros de frais de justice, pour diffamation envers le vice-prĂ©sident du Front national Louis Aliot, aprĂšs l’avoir qualifiĂ© de « con du mois », de « suceur de sionistes », de « saloperie » et de « crĂ©tin », dans une vidĂ©o publiĂ©e le sur le site d’ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation. Le directeur de la publication de ce site a Ă©galement Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  1 500 euros d’amende avec sursis[138]. Ayant fait appel, Soral est Ă  nouveau condamnĂ© Ă  verser 2 000 euros Ă  Louis Aliot[139].
  • Le , Salim LaĂŻbi, chirurgien-dentiste, polĂ©miste, a dĂ©posĂ© plainte avec constitution de partie civile contre Alain Soral auprĂšs du TGI de Marseille, pour diffamation Ă  la suite du post Facebook d'Alain Soral : « On ne l'entend plus le dentiste obĂšse ! Il n'appelle plus au djihad anti-Gaulois. C'est pourtant sa ligne depuis des mois ». Selon le quotidien La Provence, Alain Soral refusera de se rendre aux convocations du juge d'instruction malgrĂ© un mandat d'amener. Il est Ă©galement absent Ă  l'audition du au TGI de Marseille, oĂč son avocat, Me Drici Lahcen, affirme « que son client n'a pas dĂ©passĂ© les limites de la libertĂ© d'expression »[140] et que ce n'Ă©tait pas sa page Facebook. Le , Alain Soral est condamnĂ© par le tribunal correctionnel de Marseille pour diffamation publique Ă  une amende pĂ©nale de 2 000 euros[141].
  • Le , le tribunal correctionnel de Paris a Ă©galement condamnĂ© Alain Soral Ă  4 000 euros d’amende pour diffamation publique en raison de l’orientation sexuelle Ă  l’encontre de Pierre BergĂ©, en raison de propos tenus dans son livre Dialogues dĂ©saccordĂ©s, coĂ©crit avec Éric Naulleau. Outre l’amende, le tribunal correctionnel a condamnĂ© Alain Soral Ă  verser Ă  Pierre BergĂ© 10 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts, solidairement avec l’éditeur du livre, Hugues Robert de Saint Vincent[142]. Le , la cour d'appel de Paris condamne Alain Soral Ă  verser 17 000 euros Ă  Pierre BergĂ© et demande la suppression du passage le concernant des exemplaires commercialisĂ©s ; l'Ă©diteur prĂ©fĂšre retirer l'ouvrage de la vente[143].
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  5 400 euros d'amende pour « diffamation Ă  raison de la religion ». Le , il avait notamment affirmĂ© que « tout est juif dans le 11 septembre » sur le rĂ©seau social russe VKontakte. Ce commentaire renvoyait vers un article conspirationniste sur le site ÉgalitĂ© et rĂ©conciliation[144].
  • Le 16 dĂ©cembre 2022, Alain Soral est condamnĂ© en appel par le tribunal de police de Lausanne (Suisse) Ă  1500 francs d’amende pour diffamation Ă  la suite de propos homophobes tenus Ă  l'encontre de la journaliste Cathy Macherel [145]. Il doit en outre verser 500 francs suisses Ă  la journaliste pour tort moral et payer ses frais d’avocat, Ă  hauteur de 7000 francs. Lors du jugement de premiĂšre instance, le , Alain Soral avait Ă©tĂ© condamnĂ© par le MinistĂšre public vaudois Ă  3 mois de prison ferme pour homophobie, ainsi qu'Ă  1 500 francs d'amende et Ă  1 950 francs de frais de procĂ©dure [146]. Le procureur gĂ©nĂ©ral du Canton de Vaud annonce le 21 fĂ©vrier 2023 qu'il recourt contre le jugement du 16 dĂ©cembre 2022 et requiert une peine ferme de trois mois de prison[147].
Injure
  • En , l’Union des Ă©tudiants juifs de France a dĂ©posĂ© plainte contre Alain Soral pour une quenelle rĂ©alisĂ©e devant le mĂ©morial de la Shoah, Ă  Berlin, qu’il avait ensuite diffusĂ©e dans une vidĂ©o en [148]. Le , Alain Soral est condamnĂ© par le tribunal correctionnel de Paris Ă  verser 100 jours-amende d’un montant unitaire de 100 euros pour injures Ă  caractĂšre racial, soit 10 000 euros d’amende, ainsi que 14 001 euros de dommages-intĂ©rĂȘts au profit des sept associations qui s’étaient constituĂ©es parties civiles[149]. Le , la cour d'appel de Paris rĂ©duit la peine Ă  5 000 euros d'amende et 15 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts aux sept associations parties civiles, auxquels s'ajoutent 500 euros Ă  chaque fois pour les frais de justice d'appel[150]. Au total, Alain Soral est finalement condamnĂ© Ă  payer 30 147 euros. Le pourvoi en cassation d'Alain Soral est non admis. La requĂȘte d'Alain Soral Ă  la Cour europĂ©enne des droits de l'homme est rejetĂ©e Ă©galement le .
  • Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral, en tant que directeur de la publication du site d'ÉgalitĂ© & RĂ©conciliation, Ă  5 000 euros d'amende pour injures et injures antisĂ©mites, en raison de commentaires publiĂ©s sur le site par des internautes s'en prenant au journaliste FrĂ©dĂ©ric Haziza. Il doit Ă©galement verser 3 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts, 2 000 euros pour les frais de justice, un euro de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  la LICRA et 1 000 euros pour les frais de justice[151].
  • Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral Ă  10 000 euros d'amende pour injure raciale Ă  l’encontre de FrĂ©dĂ©ric Haziza Ă  la suite d'un texte publiĂ© sur son site Internet. Il doit Ă©galement lui verser 5 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts et 3 000 euros pour les frais de justice, ainsi que 1 euro de dommages et intĂ©rĂȘts et 1 000 euros de frais de justice Ă  quatre associations de lutte contre le racisme. Il est par ailleurs dĂ©clarĂ© coupable du dĂ©lit de provocation Ă  la discrimination religieuse pour d’autres passages du texte ainsi que le commentaire d’un internaute[152].
  • Le , il est condamnĂ© Ă  un an de prison ferme pour injure et provocation Ă  la haine raciale, par le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir injuriĂ© une magistrate et propager des propos antisĂ©mites sur son site[153]
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  un an de prison ferme pour injure publique antisĂ©mite, aprĂšs avoir postĂ© sur site en 2018 une vidĂ©o oĂč il dĂ©clarait, peu aprĂšs l’inhumation de Simone et Antoine Veil au PanthĂ©on : « On a toute la famille Veil qui vient d’y rentrer, et puis lĂ  ils veulent peut-ĂȘtre presque nous mettre Lanzmann, c’est une vĂ©ritable dĂ©chetterie casher. » Dans leur jugement, les juges estiment que Soral n'a pas reculĂ© « devant le fait de salir et de poursuivre par-delĂ  la mort » les victimes du nazisme, « par le choix de ses mots qui sont la prolongation d’actes de mort et qui sont en eux-mĂȘmes actes de haine et de provocation »[154].
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© en appel Ă  150 jours-amendes et 22 500 euros d'amende pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » aprĂšs la diffusion sur son compte Twitter et son site ÉgalitĂ© et rĂ©conciliation d’une photo prise le 5 mai 2019 le montrant rĂ©alisant une « quenelle » devant le tribunal de Colmar[155] - [156] - [157] - [158]. . Il avait Ă©tĂ© relaxĂ© en premiĂšre instance Le 10 janvier 2020[159]. Sa requĂȘte en cassation est rejetĂ©e le 18 janvier 2022[160].
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  12 000 euros d'amende pour injure raciale tenue Ă  l'encontre de la militante Farida Belghoul, anciennement proche d'Alain Soral[161].
Provocation Ă  la haine
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  6 000 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts et 2 000 euros de frais de justice, pour provocation Ă  « la haine, la discrimination ou la violence » Ă  l’égard du journaliste français FrĂ©dĂ©ric Haziza et de la communautĂ© juive. Il avait, en , publiĂ© une vidĂ©o dans laquelle il estimait que FrĂ©dĂ©ric Haziza faisait « un boulot de censeur tribaliste » et dĂ©nonçait « une arrogance, une domination et une malhonnĂȘtetĂ© communautaire ». Le tribunal a estimĂ© qu’Alain Soral, « mĂ» par sa vindicte personnelle Ă  l’encontre de FrĂ©dĂ©ric Haziza [
], passant du particulier au gĂ©nĂ©ral et radicalisant ses propos, s’est exprimĂ© dans des termes qui, Ă  l’évidence, visent non pas les seuls juifs sionistes, mais bien les juifs dans leur ensemble »[162]. Le tribunal a Ă©galement ordonnĂ© Ă  Alain Soral de supprimer les propos concernant FrĂ©dĂ©ric Haziza de la vidĂ©o dans un dĂ©lai de huit jours, sous astreinte de 1 000 euros par jour. Il a en outre Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  verser un euro de dommages et intĂ©rĂȘts et 1 000 euros de frais de justice Ă  la Ligue des droits de l’homme et Ă  l’association « J’accuse », les parties civiles de la Licra, de SOS Racisme et de l’UEJF ayant Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es irrecevables pour des raisons de procĂ©dure[163] - [164]. Le , la cour d’appel de Paris confirme la condamnation d’Alain Soral Ă  6 000 euros d’amende pour provocation Ă  la haine envers FrĂ©dĂ©ric Haziza et les juifs, et lui ordonne de supprimer les propos concernant FrĂ©dĂ©ric Haziza d’une vidĂ©o circulant sur Internet[165].
  • Le , il est condamnĂ© Ă  deux peines d'emprisonnement avec sursis pour provocation Ă  la haine, aprĂšs la diffusion de deux dessins jugĂ©s antisĂ©mites sur le site d'ÉgalitĂ© & RĂ©conciliation[166]. Ces condamnations sont confirmĂ©es en appel le [167].
  • Le , il est condamnĂ© Ă  deux ans de prison dont 18 mois ferme pour provocation Ă  la haine raciale, ainsi qu'Ă  45 000 euros d'amende pour injure publique aggravĂ©e[168].
  • Le 18 septembre 2020, Alain Soral est condamnĂ© en premiĂšre instance Ă  90 jours-amende de 60 euros (chaque partie civile a obtenu 1 euro de dommage et intĂ©rĂȘts et 1500 euros au titre des frais de justice) pour « provocation raciale » pour avoir imputĂ© aux juifs l’incendie de Notre-Dame de Paris[169]. La Cour d’appel de Paris a aggravĂ© ce jugement et a condamnĂ© Alain Soral Ă  4 mois d’emprisonnement sous le rĂ©gime de la semi-libertĂ© pour « provocation Ă  la haine ou Ă  la violence envers un groupe de personnes »[170].
  • Le 19 mai 2021, Alain Soral est condamnĂ© en appel Ă  80 jours-amende de 50 euros (chaque partie civile a obtenu 1 euro de dommage et intĂ©rĂȘts et 1500 euros au titre des frais de justice) pour « provocation raciale ». il est reprochĂ© Ă  Alain Soral une interview pour le magazine quĂ©bĂ©cois Le Harfang dans laquelle il parlait de subir « la censure exigĂ©e par le pouvoir juif », de « la mĂȘme communautĂ© cosmopolite et dominatrice dont se plaignait dĂ©jĂ  le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1967 » ou du « pouvoir juif incarnĂ© par le CRIF »[170].
Apologie de crimes de guerre et contre l'humanité
  • En , il Ă©cope de six mois de prison avec sursis pour « apologie de crimes de guerre et contre l’humanitĂ© » pour des propos visant Serge et Beate Klarsfeld ; il doit Ă©galement verser 5 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  chacun des Ă©poux, ainsi que 2 000 euros Ă  la LICRA[171].
Contestation de crimes contre l'humanité
  • Le , Alain Soral est condamnĂ© pour injure raciale et pour contestation de crime contre l’humanitĂ© par le tribunal correctionnel de Paris Ă  trois mois de prison ferme pour avoir publiĂ© sur son site — Ă  la suite des attentats de Bruxelles — la une d’un journal intitulĂ© Chutzpah Hebdo figurant une caricature nĂ©gationniste[172]. La sentence est confirmĂ©e le par la cour d'appel de Paris qui porte la condamnation Ă  10 000 euros de jours-amende[173] en outre des dommages et intĂ©rĂȘts Ă  verser aux parties civiles[174]. Son pourvoi en cassation ayant Ă©tĂ© rejetĂ© par la Chambre criminelle par un arrĂȘt du [172], Alain Soral forme alors recours individuel auprĂšs de la Cour europĂ©enne des droits de l’homme[172] qui dĂ©clare la requĂȘte irrecevable le [173].
  • Le , il est condamnĂ© Ă  6 000 euros d'amende pour avoir publiĂ© et mis en vente sur le site d'ÉgalitĂ© & RĂ©conciliation une affiche jugĂ©e nĂ©gationniste, diffamatoire et incitant Ă  la haine envers les Juifs ; il est Ă©galement condamnĂ© Ă  verser solidairement 2 000 euros Ă  la Licra, partie civile et Ă  l'origine de la plainte dans ce dossier[175].
  • Le , il est condamnĂ© Ă  un an de prison ferme avec mandat d'arrĂȘt pour nĂ©gation de la Shoah. Son avocat, Damien Viguier, est condamnĂ© Ă  5 000 euros d'amende, pour complicitĂ©, dans la mĂȘme affaire[176]. Le procĂšs en appel conduit Ă  un allĂšgement de sa peine[177]. Le jugement d'appel, rendu le , le condamne ainsi Ă  payer 5 000 euros d’amende (avec une conversion de l'amende en peine d’emprisonnement en cas de non-paiement). À la suite de la dĂ©cision de la cour d'appel, il se pourvoit en cassation. Le 19 octobre 2021, la Cour de cassation annule la dĂ©cision d'appel concernant la constitution de partie civile d'une association, rejetant tout le reste du pourvoi, rendant sa peine dĂ©finitive[178].
Autres motifs
  • Le , Binti Bangoura, une top modĂšle et chanteuse française d’origine africaine, dĂ©pose plainte contre Alain Soral[179] - [180]. Alain Soral est convoquĂ© le devant le tribunal de Paris, sur citation directe, pour « injures raciales », « menaces », « harcĂšlement » et « envois rĂ©itĂ©rĂ©s de messages malveillants »[181]. En , il est condamnĂ© Ă  120 jours-amende de 50 euros (une peine transformĂ©e en emprisonnement si la totalitĂ© de l'amende n'est pas acquittĂ©e) et Ă  verser 8 000 euros Ă  la jeune femme (dommages-intĂ©rĂȘts et frais de justice) pour "menaces d'atteinte Ă  la vie privĂ©e" et envoi rĂ©itĂ©rĂ© de messages malveillants"[182] - [183].
  • Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral Ă  verser 60 jours-amende de 50 euros — soit 3 000 euros —, sous peine d’emprisonnement, pour avoir lancĂ© fin 2013 un appel aux dons sur Internet afin de payer la condamnation dont il avait Ă©copĂ© pour des propos diffamatoires Ă  l’encontre de Bertrand DelanoĂ«. Entre (avant son appel aux dons) et , les enquĂȘteurs ont pu dĂ©terminer qu’Alain Soral et son association ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation ont encaissĂ© au total plus de 350 000 euros[184].
  • Le , il est condamnĂ© par la Cour d'appel de Paris Ă  trois mois d'emprisonnement avec sursis et 5 000 euros d'amende, pour avoir indiquĂ© de faux directeurs de la publication sur le site d'ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation. Cette condamnation est confirmĂ©e en cassation le [185].

Procédures en cours

  • Le , Alain Soral est condamnĂ© Ă  1 500 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intĂ©rĂȘts ainsi que 1 000 euros au titre des frais de justice, pour diffamation envers un employĂ© municipal de Toulouse, Ă  la suite de propos tenus Ă  son encontre dans une vidĂ©o du mois de . Alain Soral a fait appel du jugement[186].
  • Le Ă  Paris, il est placĂ© en garde Ă  vue par la brigade de rĂ©pression de la dĂ©linquance Ă  la personne pour des faits de « provocation Ă  commettre un crime ou dĂ©lit portant atteinte aux intĂ©rĂȘts fondamentaux de la Nation »[187], « injure publique Ă  raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance Ă  une ethnie, une nation, une race ou une religion dĂ©terminĂ©e » et de « provocation publique Ă  la haine ou Ă  la violence, Ă  l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes Ă  raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance Ă  une ethnie, une nation, une race ou une religion dĂ©terminĂ©e ». Le , il est mis en examen[188].

ProcÚs intentés par Alain Soral

  • Le 3 juillet 2015, Alain Soral perd le procĂšs en diffamation qu’il avait intentĂ© Ă  l’ancien prĂ©sident de l’Union des Ă©tudiants juifs de France (UEJF) Jonathan Hayoun, qui l’avait citĂ© comme ayant contribuĂ© par ses propos Ă  inspirer des personnes ayant commis des actes de violence terroriste[189].
  • DĂ©but 2015, Alain Soral a dĂ©posĂ© deux plaintes en constitution de partie civile contre Salim LaĂŻbi pour injures publiques Ă  la suite de la publication de deux vidĂ©os.

Positions

« Communautarisme » gay et « mariage pour tous »

Un conflit a opposĂ© en 2003 l’association Act Up-Paris Ă  sa maison d’édition, les Ă©ditions Blanche, Ă  laquelle elle reprochait la publication de plusieurs auteurs, dont Alain Soral[190], qui diffuse des jugements nĂ©gatifs envers les homosexuels et mĂȘme, selon elle, « la haine des homosexuels ». Elle est ainsi intervenue pour que son directeur de publication cesse de l’éditer[191]. Act Up a Ă©galement vandalisĂ© les locaux des Ă©ditions Blanche, en protestation contre sa ligne Ă©ditoriale[192]. Alain Soral s’est plaint des « persĂ©cutions physiques de la milice communautaire Act Up »[193].

En , dans le contexte de l’opposition Ă  l’ouverture du mariage aux couples de personnes de mĂȘme sexe, il dĂ©nonce le « mariage pour tous » comme « une machination maçonnique, satanique, antichrĂ©tienne »[15].

Critique du féminisme et diffusion du masculinisme

Le fĂ©minisme, et plus gĂ©nĂ©ralement les femmes, est un thĂšme trĂšs prĂ©sent dans l’Ɠuvre d’Alain Soral (notamment dans Sociologie du dragueur, Vers la fĂ©minisation ? ou MisĂšres du dĂ©sir)[194]. Il voit dans le fĂ©minisme « une manie de la bourgeoisie pour dĂ©tourner d’une analyse marxiste de la condition de la femme »[195]. Pour Jean-Paul Gautier, AndrĂ© DĂ©chot et Michel Briganti, « son antifĂ©minisme prend sa source dans les positions du PCF d’avant 1975. Empreint d’une ignorance notable des dĂ©bats qui ont parcouru le mouvement des femmes, depuis prĂšs de quarante ans, et ses interactions avec les organisations dĂ©mocratiques et du monde du travail, son Ă©conomisme et son pseudo-marxisme viriliste l’amĂšnent Ă  thĂ©oriser dans son ouvrage Vers la fĂ©minisation ? que « la femme n’est pas « l’avenir de l’homme », mais celle de la social-dĂ©mocratie nĂ©olibĂ©rale, qui passe nĂ©cessairement par la dĂ©politisation « sociĂ©tale » des luttes sociales »[196]. MĂ©lissa Blais et Francis Dupuis-DĂ©ri inscrivent Vers la fĂ©minisation ? dans un mouvement auquel participent d’autres ouvrages tels que Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Big mother : Psychopathologie de la vie politique de Michel Schneider, Ă©voquant un « renouveau de l’antifĂ©minisme » et une « Ă©closion du phĂ©nomĂšne « masculiniste »[197]. Avec d’autres ouvrages (notamment Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Sociologie du dragueur du mĂȘme Alain Soral), Vers la fĂ©minisation ? est devenu une des rĂ©fĂ©rences francophones de la communautĂ© de la sĂ©duction[198]. Pour MickaĂ«l Studnicki aussi, son discours sur la « fĂ©minisation de la sociĂ©tĂ© », qui reprend le discours de nationalistes des annĂ©es 1960 tels que Jean Mabire et Dominique Venner sur la « dĂ©virilisation » de la sociĂ©tĂ© française, en fait, avec Éric Zemmour, l'un des vulgarisateurs d'un concept Ă  diffusion confidentielle et porte-paroles Ă  la tĂ©lĂ©vision du masculinisme[199]

Positions politiques

Alain Soral est gĂ©nĂ©ralement dĂ©crit comme appartenant Ă  l'extrĂȘme droite[200] - [201], particuliĂšrement sur internet[202].

Si Michel Wieviorka le qualifie de « rĂ©actionnaire de gauche » en 2005[203], les observateurs s’accordent Ă  le classer Ă  l’extrĂȘme droite depuis son passage au Front national[204] - [205] - [206] alors que l’intĂ©ressĂ© s’en dĂ©fend. Manuel Valls, alors ministre de l’IntĂ©rieur, voit notamment en lui « celui qui, par son parcours, l’utilisation du Net, les manipulations auxquelles il se livre, les rĂ©seaux qu’il a constituĂ©s, unit et fĂ©dĂšre, de façon inĂ©dite, le front des extrĂȘmes »[207].

D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’universitaire StĂ©phane François estime qu’il dĂ©veloppe, bien qu’étant « issu des milieux catholiques traditionalistes », une pensĂ©e « composite, attrape-tout » ; aussi l’essayiste Jean-Paul Gautier voit-il en lui une « girouette idĂ©ologique »[208]. Des observateurs issus de la gauche antilibĂ©rale comme le sociologue Philippe Corcuff, Évelyne Pieiller, rĂ©dactrice au Monde diplomatique, ou Julien Salingue, rĂ©dacteur Ă  L’Anticapitaliste, l’accusent respectivement de « brouillage idĂ©ologique »[209], d’« embrouilles idĂ©ologiques »[204] et d’« enfumage idĂ©ologique »[210]. L’essayiste Jacques de Guillebon considĂšre Ă©galement que « son indĂ©niable talent rĂ©side justement dans sa capacitĂ© Ă  s’adresser Ă  des publics trĂšs divers, en mobilisant des Ă©lĂ©ments de langage d’origines disparates », invoquant RenĂ© GuĂ©non pour « certains musulmans », l’opposition Ă  Vatican II pour « certains catholiques », « les racines paĂŻennes de la France » pour « les identitaires ou les fĂ©rus de la Nouvelle Droite », ou encore « Valmy, la RĂ©publique jacobine et centralisatrice » pour les souverainistes[211]. Les observateurs s’accordent pour dire que ses sympathisants n’adhĂšrent pas en bloc Ă  tous les pans de ce discours mouvant et protĂ©iforme[212].

Certains, tels Claude Askolovitch[54] ou FrĂ©dĂ©ric Haziza[213], le dĂ©signent tout d’abord comme reprĂ©sentatif de la mouvance « rouge-brune ». La revue intitulĂ©e La Lettre Ă©carlate qu’il a animĂ©e, ainsi que son appel Ă  un « Front national » en 1993, alors qu’il Ă©tait engagĂ© au Parti communiste, sont notamment caractĂ©risĂ©s comme tel[58] - [73] - [214]. La journaliste Marie-France Etchegoin, mettant en cause « son copinage avec les dictatures du monde arabe », parle quant Ă  elle d’« alliance « rouge-brun-vert »[15]. Caroline Fourest, qui souligne l’évolution de son discours sur la jeunesse d’origine maghrĂ©bine et le mĂ©tissage, estime quant Ă  elle qu’Alain Soral est emblĂ©matique de la transformation des rouges-bruns en « verts-bruns »[215].

AprĂšs son engagement au FN, le journaliste Claude Askolovitch en fait le thĂ©oricien d’un « lepĂ©no-marxisme »[54] - [216] : en , Alain Soral publie ainsi un texte intitulĂ© « Marx voterait Le Pen »[58]. Selon Éric Naulleau, « on ne peut pas le comprendre si on ne le dĂ©finit pas comme marxiste »[5], ce que contestent cependant Évelyne Pieiller[204], Guillaume Faye et Jean-Paul Gautier. Pour ce dernier, « Soral se situe en fait Ă  la rencontre des frĂšres Strasser (Gregor et Otto) en Allemagne et de Mussolini en Italie. Il se place sur son terrain de prĂ©dilection et sa spĂ©cialitĂ© : le double discours : marxiste et traditionaliste. C’est ainsi qu’il prĂ©sente son livre Comprendre l’Empire [p. 15] : « Cet essai pĂ©dagogique rĂ©capitule le parcours complet allant de la Tradition au Marxisme et du Marxisme Ă  la Tradition qui seul permet la mise Ă  jour du processus de domination oligarchique engagĂ© depuis plus de deux siĂšcles en Occident »[58]. L’historien Emmanuel Kreis considĂšre qu’Alain Soral est « plus marquĂ© par les penseurs des droites radicales que par le marxisme dont il se rĂ©clame »[217]. Selon le politologue Jean-Yves Camus, Jean-Marie Le Pen qui a assistĂ© Ă  une rĂ©union d'ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation ne serait « pas insensible aux idĂ©es « gaucho-nationalisme » d'Alain Soral », son mouvement se situant « Ă  la pĂ©riphĂ©rie du FN » avec pour but « d'orienter le FN vers un programme ouvriĂ©riste, anticapitaliste et social », en y attirant les français issus de l'immigration avec un langage « antisioniste » radical[218]. Le sociologue Philippe Corcuff rĂ©sume la pensĂ©e d’Alain Soral comme « un amalgame d’extrĂȘme droite et de gauche » tout en le considĂ©rant comme l’un des principaux « pĂŽles Ă©metteurs », avec Éric Zemmour, Élisabeth LĂ©vy et Alain Finkielkraut, de « l’idĂ©ologie nĂ©oconservatrice »[219] - [220]. Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues affirment : « Cette Ă©trange synthĂšse entre un faux socialisme et un vrai nationalisme [
] porte un nom : fascisme »[214].

Pour sa part, l’intĂ©ressĂ© rĂ©cuse le classement Ă  l’extrĂȘme droite, dont il estime ĂȘtre « aux antipodes » et qu’il interprĂšte, « au moins depuis 1945 et plus encore depuis Mai 68 », comme « une invention du gauchisme, sous sponsoring atlantiste, soit de la droite d’affaires (ce que j’appelle la Banque) pour cacher que le national-socialisme Ă©tait socialement de gauche ». L’extrĂȘme droite dĂ©signe selon lui « les nĂ©o-conservateurs, les impĂ©rialistes amĂ©ricano-sionistes et le pouvoir bancaire international »[221]. Il dĂ©nonce Ă©galement la gauche « culturo-mondaine », par opposition Ă  la gauche sociale et ouvriĂ©riste. Dans Jusqu’oĂč va-t-on descendre ? AbĂ©cĂ©daire de la bĂȘtise ambiante, paru en 2002, Alain Soral affirmait : « Je suis Ă©motionnellement de gauche, orphelin du PC et nostalgique du progressisme »[2]. Depuis, il utilise plusieurs termes pour se dĂ©finir : « national-rĂ©publicain », « gaucho-lepĂ©niste Ă  la rigueur », rĂ©publicain universaliste d’inspiration marxiste, ou encore « national-socialiste », prĂ©cisant qu’il l’est « Ă  la française » ou encore « Ă  la maniĂšre d’Hugo ChĂĄvez », « sans besoin de recours Ă  une thĂ©orie raciale pour des raisons d’espace vital, ce qui correspondait Ă  la situation allemande. L’idĂ©ologie dĂ©coulant souvent de la gĂ©ographie ! »[15] - [221]. Pour Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg, spĂ©cialistes de l'extrĂȘme droite, Alain Soral « joue la diabolisation jusqu'Ă  se dĂ©clarer “national-socialiste”, alors mĂȘme que son absence de racialisme interdit de la comparer au nazisme »[222]. Dans son ouvrage Comprendre l’Empire (2011), il cite Karl Marx, Pierre-Joseph Proudhon, Friedrich Nietzsche, Carl Schmitt, Georges Sorel, Georges DumĂ©zil, Jean-Claude MichĂ©a, Julius Evola, Maximilien de Robespierre, Bakounine, George Orwell, Henri BĂ©raud et Michel Clouscard[223] - [224] - [n 6]. En 2017, il adresse ses encouragements Ă  Jean-Luc MĂ©lenchon[225]. D'aprĂšs le journaliste Mathieu Molard, Alain Soral exploite Ă©galement « l’expectative d’un dĂ©sastre Ă©conomique ou Ă©cologique » en relayant des « dĂ©marches de retour Ă  la terre ou de dĂ©croissance », proches selon lui de celles professĂ©es par Pierre Rabhi[226].

Références et relations étrangÚres

Ami d’Alexandre Douguine[227], Alain Soral a prĂ©facĂ© les traductions françaises de ses ouvrages, reprend et diffuse ses analyses au sujet notamment du nĂ©o-eurasisme. Alain Soral se dĂ©crit par ailleurs comme « trĂšs pro-Poutine », voyant dans la Russie la promesse d’un « contre-empire »[228]. Le journaliste Nicolas HĂ©nin le prĂ©sente comme « l'une des grandes figures pro-Poutine de la droite radicale française »[229]. À l'occasion de l'Ă©lection prĂ©sidentielle russe de 2012, il est invitĂ© en Russie par la branche berlinoise de l'ONG polonaise Center for European Policy Analysis (de), dirigĂ©e par Mateusz Piskorski et filiale de l’ONG russe pro-Poutine Civic Control, Ă  rejoindre le contingent des observateurs internationaux, puis donne un entretien Ă  la chaĂźne Russia Today[229] - [230]. En , il donne un entretien Ă  la chaĂźne Pierviy Kanal dans le cadre d'une Ă©mission sur le conspirationnisme aprĂšs les attentats de janvier en France[231]. Lors d'une rencontre organisĂ©e en entre Vladimir Poutine et des associations juives europĂ©ennes, le Conseil reprĂ©sentatif des institutions juives de France (CRIF) demande que DieudonnĂ© et Alain Soral « n’utilisent pas les mĂ©dias russes pour diffuser des thĂšses antisĂ©mites »[231]. En , bĂ©nĂ©ficiant du soutien d’Alexandre Douguine qui est proche du Kremlin, il effectue une visite Ă  Moscou oĂč il assiste au forum « Nouvelle Ăšre du journalisme : l’adieu au mainstream » organisĂ©e par Rossia Segodnia, la principale agence russe pro-pouvoir — il affirme avoir Ă©tĂ© « invitĂ© officiellement par le gouvernement Ă  ce forum des mĂ©dias non alignĂ©s » —, puis tient une confĂ©rence Ă  la bibliothĂšque DostoĂŻevski lors de laquelle il appelle Ă  l'Ă©mergence d'« un Poutine français ». Le CRIF rĂ©agit en adressant une lettre Ă  Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, dans laquelle il dĂ©plore l'invitation d'Alain Soral[111].

StĂ©phane François relĂšve la proximitĂ© idĂ©ologique d’Alain Soral avec la mouvance nationaliste rĂ©volutionnaire[232] - [233] - [234]. En 2020, celui-ci dit attendre une « rĂ©volution fasciste », voire une « guerre prĂ©ventive », et loue le bilan de Benito Mussolini, qu'il prĂ©sente comme « le premier qui a fait du national-social »[122]. Il fait par ailleurs rĂ©fĂ©rence Ă  Pier Paolo Pasolini, et notamment Ă  une observation des Écrits corsaires sur le « fascisme de la sociĂ©tĂ© de consommation » pour dĂ©fendre le fascisme mussolinien[235]. Il se dit Ă©galement « trĂšs admiratif » du modĂšle social de CasaPound, mouvement nĂ©ofasciste italien auquel il a rendu visite en : « Ils forcent le respect par leur travail de terrain, et surtout avec une dimension sociale trĂšs importante »[236]. La proximitĂ© de CasaPound avec Beppe Grillo suscite sa sympathie pour ce dernier, qu’il considĂšre comme « le DieudonnĂ© italien », tout en dĂ©veloppant une certaine mĂ©fiance Ă  son Ă©gard, craignant « qu’il soit un peu trop libertaire et utopique, trop poreux aux influences trotskistes [
] »[39].

En 2011, il se rend en Syrie Ă  l’invitation d’une ONG dĂ©pendant du gouvernement de Bachar el-Assad[230]. En 2014, il participe Ă  une confĂ©rence au BrĂ©sil avec Alexandre Douguine[111]. En 2017, il annonce vouloir demander l'asile politique en CorĂ©e du Nord aprĂšs une invitation des autoritĂ©s du pays et dĂ©crit trĂšs favorablement le rĂ©gime qu'il rapproche de la pensĂ©e de Charles Maurras[237]. Le , une semaine aprĂšs que la CorĂ©e du Nord a procĂ©dĂ© Ă  un premier essai d'une bombe H, il participe en compagnie de DieudonnĂ© Ă  Pyongyang Ă  ce qui paraĂźt ĂȘtre une opĂ©ration de propagande du rĂ©gime nord-corĂ©en que Soral dĂ©crit comme « la rĂ©ussite totale du socialisme et mĂȘme du national-socialisme » et dont il vante les mĂ©rites[238].

Idéologue progressivement compris comme antisémite

L’idĂ©ologie d’Alain Soral a progressivement Ă©voluĂ©, comme l’observe l’écrivain Jacques de Guillebon dans le magazine Causeur : « Si Ă  l’époque de Jusqu'oĂč va-t-on descendre ?, il faisait feu, avec une certaine vis comica, sur tous les signes de malaise et de dĂ©rĂ©liction du temps, dans le cours des annĂ©es 2000, son viseur se resserre progressivement pour se focaliser sur une seule cible. IsraĂ«l, donc le sionisme, donc la « communautĂ© [juive] organisĂ©e » devient l’ultima ratio de l’essayiste »[211]. D’aprĂšs l’historien Jean-Paul Gautier, Alain Soral a exprimĂ© des « saillies antisĂ©mites de plus en plus claires » et connu un « tournant ouvertement conspirationniste », ainsi qu’un « virage vers la Tradition » l’amenant notamment Ă  basculer du rĂ©publicanisme Ă  la dĂ©fense de l’absolutisme face Ă  la RĂ©volution française[58].

Aujourd’hui, la plupart des observateurs voient en lui un « idĂ©ologue »[239] ou un « thĂ©oricien de l’extrĂȘme droite »[240] et de l’antisĂ©mitisme[241] - [242], inspirant le « nouveau fascisme français »[243]. L’antisĂ©mitisme d’Alain Soral est protĂ©iforme. Il se situe d’une part dans la veine de l’antisĂ©mitisme Ă©conomique traditionnel en s’inspirant notamment des Ă©crits d’Édouard Drumont et de Werner Sombart[58] - [208] - [244] - [217] - [212]. Alain Soral « rĂ©veille aussi un antijudaĂŻsme qui s’appuie sur l’étude des textes religieux que sont la Torah et son interprĂ©tation rĂ©alisĂ©e dans le Talmud aux IVe et Ve siĂšcles », qui selon lui « servent encore de guide aux dirigeants de la communautĂ© juive aujourd’hui » et qui diviseraient l’humanitĂ© entre le peuple Ă©lu et « les goyims comme nous, qui sommes en fait des animaux, dont le destin est de les servir »[212]. S’y ajoutent des rĂ©fĂ©rences issues de l’antisĂ©mitisme islamique[245] - [212]. Par ailleurs, Alain Soral se situe Ă©galement dans la veine plus moderne du nouvel antisĂ©mitisme[246] - [247] - [248] - [249], dont il serait devenu le « pape »[250] et qui cherche Ă  mettre en avant un « antisionisme radical »[5] - [n 7], transformant, selon Pierre-AndrĂ© Taguieff, le mythe de la « conspiration juive universelle » en celui du « complot sioniste mondial » : ce versant de son discours identifie notamment le sort des Palestiniens des territoires occupĂ©s Ă  celui des « goys »[212]. L’historien Emmanuel Kreis associe l’antisĂ©mitisme d’Alain Soral Ă  « une forte dimension conspirationniste »[217]. Alain Soral est Ă©galement, selon StĂ©phane François, une figure du « nouvel anti-maçonnisme » qui « [intĂšgre] au vieil anti-judĂ©o-maçonnisme d’avant-guerre des considĂ©rations antisionistes qui se nourrissent d’un anti-maçonnisme musulman », mais qui « se nourrit encore des “textes classiques” parus au dĂ©but du XXe siĂšcle »[252].

Les historiens Nicolas Lebourg et Jean-Paul Gautier le situent ainsi dans la filiation de Maurice BardĂšche et François Duprat, le premier ajoutant Jean Thiriart et le second Pierre Sidos[58] - [208] - [253]. Le politologue Gilles Kepel relĂšve que, « au fil des annĂ©es, Alain Soral reprend progressivement les principaux mots d'ordre et argumentaires des nationalistes rĂ©volutionnaires influents, tels François Duprat, ancien membre fondateur et dirigeant du Front national, ou Jean-Gilles Malliarakis »[95]. Le chercheur JoĂ«l Gombin estime en 2016 qu'Alain Soral est « aujourd’hui tenant d’une authentique ligne nationaliste-rĂ©volutionnaire »[76].

C’est Ă  ce titre qu’Alain Soral est rĂ©guliĂšrement mis en cause par Manuel Valls en tant que ministre de l’IntĂ©rieur, en particulier lors de son bras de fer avec DieudonnĂ© fin 2013-dĂ©but 2014[207] - [240] - [241]. Le , lors de l’universitĂ© d’étĂ© du Parti socialiste, ce dernier dĂ©signe ainsi DieudonnĂ© et Alain Soral comme les « principaux adversaires Ă  combattre »[254].

NĂ©anmoins, si Alain Soral « se prĂ©vaut d’une grande Ă©rudition »[255], certains relativisent la portĂ©e de sa pensĂ©e ou de son rĂŽle : pour StĂ©phane François, « c’est surtout l’argent qui l’intĂ©resse » via le dĂ©veloppement de sa SARL « Culture pour tous » ; de son cĂŽtĂ©, Jean-Paul Gautier avance que « son poids politique est limitĂ© » ; pour Alain de Benoist, Alain Soral « se prĂ©sente en chef de parti et en thĂ©oricien, mais en rĂ©alitĂ© il attire plus par sa vĂ©hĂ©mence »[208]. Aux yeux du politologue Hamdi Nabli, sa pensĂ©e, qu’il analyse conjointement Ă  celle de DieudonnĂ©, « est nulle. [
] conceptuellement, Soral est un homme du XIXe siĂšcle : ses idĂ©es proviennent d’un univers mental dĂ©passĂ©. L’application de la mĂ©thode dialectique permet l’élaboration d’un discours hyper-simpliste et engendre un manque de nuances fatal Ă  l’analyse (gĂ©o)politique »[256]. Pour l’historien Emmanuel Kreis, Alain Soral dĂ©veloppe « un discours Ă  la cohĂ©rence pour le moins relative » : « sa logorrhĂ©e se contredit, mais il utilise un ton, une posture qui peuvent sĂ©duire »[217]. Enfin, Philippe Corcuff estime qu’il contribue Ă  « la dĂ©sintellectualisation en cours du dĂ©bat public »[219].

De son cĂŽtĂ©, l’intĂ©ressĂ© se dĂ©fend de tout antisĂ©mitisme[210] - [257] et assure ne pas viser les « Juifs de tous les jours », qui ne feraient pas partie de la « communautĂ© organisĂ©e », incarnĂ©e selon lui par le CRIF et la LICRA et qui aurait la main sur tous les leviers importants en France. Il affirme que l’accusation d’antisĂ©mitisme aurait changĂ© de cible, passant de ceux qui « apprĂ©cie[nt] le projet hitlĂ©rien » Ă  toute personne qui ne « se soumet pas au racialisme du judaĂŻsme talmudo-sioniste »[212] - [110]. Jacques de Guillebon relĂšve que « chez les admirateurs d’Alain Soral », « nul ne reconnaĂźt que son systĂšme soit fondĂ© sur l’antisĂ©mitisme. Ils le ramĂšnent Ă  un antisionisme courant ou Ă  un antijudaĂŻsme censĂ©ment acceptable par les chrĂ©tiens ou encore, [
] assurent que les diatribes de l’agitateur Ă  propos des « communautĂ©s » ne les intĂ©ressent pas le moins du monde (sans les gĂȘner de façon rĂ©dhibitoire pour autant) »[211].

Les positions de plus en plus controversĂ©es d’Alain Soral lui valent, au cours des annĂ©es 2000-2010, plusieurs agressions physiques. En , une de ses dĂ©dicaces est perturbĂ©e par une vingtaine de casseurs[258] : l’écrivain accuse la Ligue de dĂ©fense juive — qui dĂ©ment ĂȘtre impliquĂ©e — et le Betar[259]. L'Express Ă©voque, en 2014, quatre agressions, « dont une Ă  l’acide », dont aurait Ă©tĂ© victime Alain Soral[5].

En 2015, AgnĂšs Soral publie un ouvrage intitulĂ© Frangin : elle y brosse un portrait de son frĂšre qu’elle dĂ©crit comme « un enfant cassĂ© en deux. Contrairement Ă  moi, il n’était pas un enfant joyeux. Il a une revanche Ă  prendre sur la vie par rapport Ă  ses blessures et en a gardĂ© une rancƓur, une espĂšce de rage. Avec l’antisĂ©mitisme, il a choisi un bouc Ă©missaire Ă  son mal-ĂȘtre »[260].

Polémique de 2004

Les propos d’Alain Soral sur le judaĂŻsme, le sionisme, ou encore la Shoah, font rĂ©guliĂšrement polĂ©mique Ă  partir de la dĂ©cennie 2000. Le parcours de sa radicalisation est entamĂ© lorsqu’il dĂ©clare, lors d’un reportage de ComplĂ©ment d’enquĂȘte diffusĂ© sur France 2 le lundi et consacrĂ© Ă  DieudonnĂ© :

« Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences Ă  dire « y a peut-ĂȘtre des problĂšmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-ĂȘtre fait quelques erreurs. Ce n’est pas systĂ©matiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout oĂč vous mettez les pieds ». Parce qu’en gros c’est Ă  peu prĂšs ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand mĂȘme 2 500 ans, oĂč chaque fois oĂč ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dĂ©rouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met Ă  aboyer, Ă  hurler, Ă  devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est-Ă -dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaĂŻsme-sionisme qui confine Ă  la maladie mentale[258] [
] »

Ces propos crĂ©ent alors une vive controverse et sont jugĂ©s antisĂ©mites par plusieurs observateurs, dont des reprĂ©sentants de la liste Ă©lectorale Euro-Palestine, Ă  laquelle il avait apportĂ© son soutien. Alain Soral commente alors, sur le site oumma.com, la controverse provoquĂ©e par ses propos, expliquant qu’ils ont Ă©tĂ© sortis du contexte et qu’on cherche sa « mort mĂ©diatique ». Poursuivi en justice, entre autres par le B’nai B’rith, l’écrivain est condamnĂ© par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris pour diffamation raciale et incitation Ă  la haine raciale le [261], puis, au terme de quatre ans de procĂ©dure, astreint en 2008 au paiement d’une amende de 6 000 euros.

Polémiques de 2009

À l’occasion de sa participation Ă  la « liste antisioniste » aux Ă©lections europĂ©ennes de 2009, il est Ă  nouveau accusĂ© d’antisĂ©mitisme. Albert Herszkowicz, prĂ©sident de l’association progressiste MĂ©morial98, lui reproche en effet d’écrire que « BenoĂźt XVI [va devoir] se rendre trĂšs prochainement dans cette merveilleuse dĂ©mocratie du Moyen-Orient qu’est IsraĂ«l pour y lĂ©cher, conformĂ©ment au rite de soumission mondialiste, la dalle de Yad Vashem et y abjurer un peu plus la religion du Christ, au profit de l’hĂ©rĂ©sie siono-shoatique »[262].

En juillet 2009, se rĂ©jouissant de la dĂ©cision de justice favorable Ă  Bruno Gollnisch rendue au terme du procĂšs sur ses propos d’octobre 2004, il Ă©crit :

« [
] Puisque la loi française le permet dĂ©sormais sans risque de mise Ă  mort judiciaire, Ă©conomique et sociale
 rĂ©pĂ©tons donc avec le courageux Gollnisch que : « Sans remettre en cause les dĂ©portations ni les morts des camps nazis, le dĂ©bat doit avoir lieu quant Ă  savoir la façon dont les gens sont morts
 et sur les chambres Ă  gaz, sans nier a priori leur existence, il faut laisser les historiens en discuter et cette discussion devrait ĂȘtre libre ! » Amen et merde aux cons ! »

Publication de Comprendre l’Empire (2011)

En fĂ©vrier 2011, il publie Comprendre l’Empire, sous-titrĂ© « Demain la gouvernance globale ou la rĂ©volte des Nations ? », essai qui tĂ©moigne de l’accomplissement de sa mue idĂ©ologique et dont les fondements sont largement repris par son public au sein d’ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation[263]. Il y Ă©tablit une opposition entre le nationalisme et, selon lui, l’« Empire », qui regrouperait les banques, la franc-maçonnerie, le marxisme, la bourgeoisie, le protestantisme, IsraĂ«l et les États-Unis, le tout vĂ©hiculant sa domination par le mondialisme, « projet idĂ©ologique visant Ă  instaurer un gouvernement mondial et Ă  dissoudre en consĂ©quence les nations, sous prĂ©texte de paix universelle »[204], la finance, les libĂ©raux, les sionistes et sur la notion d’« idĂ©ologies bien-pensantes de gauche » qui justifient les actions de l’Empire sous couvert de droits de l’homme.

Cet ouvrage, qui connaĂźt un certain succĂšs de librairie[264] — avec plus de 100 000 exemplaires vendus[265] — et qui figure encore en tĂȘte des ventes de livres politiques sur Amazon.com en 2014[15], suscite de vives rĂ©actions.

Pierre-AndrĂ© Taguieff Ă©crit ainsi dans son Court traitĂ© de complotologie qu’« on y trouve tous les poncifs de la littĂ©rature conspirationniste produite depuis le dĂ©but des annĂ©es 1950 » et, faisant allusion Ă  Ernest Jouin et Ă  Urbain Gohier, prĂ©cise que « si l’habillage lexical est nouveau, la rhĂ©torique de la dĂ©nonciation du grand complot est la mĂȘme que celle qu’on trouvait dans les Ă©crits de Mgr Jouin ou d’Urbain Gohier dans les annĂ©es 1920. Soral et ses semblables se proposent toujours, comme le dĂ©nonciateur des “puissances occultes” en 1924, “d’éclairer les peuples, en leur montrant l’Ɠuvre des SociĂ©tĂ©s secrĂštes”, qui portent de nouveaux noms »[266].

L’écrivain Arnaud Le Guern juge pour sa part dans Causeur[264] que le livre « rappelle [
] les pĂ©nibles souvenirs de lecture de Vers la fĂ©minisation ? et de Sociologie du dragueur. C’est le mĂȘme enchaĂźnement de micro-chapitres de quelques lignes qui dĂ©coupent tout dĂ©but de rĂ©flexion, n’en laissant que le gras indigeste ». « Essayiste brouillon quasi illisible », Alain Soral « a besoin [
] d’un bouc Ă©missaire » : « l’ennemi, c’est le juif, les juifs, IsraĂ«l, les sionistes, la Liste de Schindler, Freud, Rockfeller [sic], Arthur, Woody Allen
 ».

Dans son article du Monde diplomatique d’[204], Évelyne Pieiller analyse le contenu de l’ouvrage et considĂšre que Soral « a pour [les Juifs] une haine positivement fascinĂ©e » : « il les voit partout ». « Au cƓur de ces conspirations se tiendraient, liĂ©s Ă  l’AmĂ©rique rapace, les “Juifs”, sinon errants, du moins par nature Ă©trangers Ă  la nation et de surcroĂźt portĂ©s sur l’accumulation de capital. La banque est juive, la presse est juive, le destructeur de l’unitĂ© nationale est juif
 » Elle y voit l’expression d’un « antisĂ©mitisme et non l’expression d’un soutien au peuple palestinien ou d’un goĂ»t marquĂ© pour la provocation supposĂ©e libĂ©ratrice ».

En 2016, l'essayiste FrĂ©dĂ©ric Balmont propose une analyse critique systĂ©matique de la pensĂ©e d'Alain Soral, mettant en perspective la dimension « philosophique » de l'Ɠuvre (Ă©pistĂ©mologie, anthropologie, psychologie) avec le projet politique[267].

Propos divers sur la Shoah, le sionisme et le judaĂŻsme

Sur le bitume, un graffiti "Je suis Alain Soral" réalisé avec un pochoir. Le nom d'Alain Soral est barré au marqueur par une personne ayant écrit à cÎté "Pas de nazi dans nos quartiers ! Pas de quartier pour les nazis !".
« Pas de nazi dans nos quartiers ! Pas de quartier pour les nazis ! », graffiti anti-Soral à Paris.

En , Alain Soral dĂ©clare au magazine 20 ans : « La question juive n’occupe qu’un sixiĂšme de mon livre parce qu’elle ne constitue, Ă  mon sens, qu’un sixiĂšme des forces, causes, problĂšmes
 qui agitent le monde actuel [
] ». Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues relĂšvent « dans ces propos fort confus » « des relents antisĂ©mites »[214].

Alain Soral estime que le souvenir de la Shoah fait l’objet d’une « mise en scĂšne obscĂšne » destinĂ©e Ă  neutraliser la critique du sionisme par la culpabilisation de ceux qui pourraient la porter et ainsi empĂȘcher l’expression de la compassion pour les Palestiniens[268]. En 2013, il se fĂ©licite dans une vidĂ©o que l’équipe de France de football n’ait pas visitĂ© ce qu’il dĂ©signe comme Ă©tant « LA » chambre Ă  gaz d’Auschwitz, « qui fait, je crois, 100 mĂštres carrĂ©s » et dans laquelle, d’aprĂšs lui, « pour que les six millions soient un chiffre possible, quatre millions et demi d’ĂȘtres humains sont morts, en moins de deux ans, je crois, hein », ce qui constitue selon lui « le plus grand prodige de l’humanitĂ© quand vous rĂ©flĂ©chissez aux conditions matĂ©rielles que ça implique »[269]. En rĂ©ponse, le site Pratique de l'histoire et dĂ©voiements nĂ©gationnistes (PHDN), spĂ©cialisĂ© dans l’étude du nĂ©gationnisme, publie un article sous le titre « Alain Soral. StupiditĂ©s sur Auschwitz & malveillances haineuses »[270]. D’aprĂšs ce site, Alain Soral reprendrait Ă  son compte des « contre-vĂ©ritĂ©s nĂ©gationnistes » et les diffuserait dans une sĂ©rie de vidĂ©os oĂč il accumulerait une suite « d’erreurs ou de mensonges et de falsifications »[270].

En , il dĂ©clare : « Si on Ă©tait restĂ© au projet de Herzl, de faire un État juif oĂč les Juifs pourraient vivre en tant que nation comme les autres nations, sans renouer avec le projet biblique qui n’est pas un projet nationaliste — c’est un projet de domination mondiale et mondialiste au nom d’une Ă©lection divine, ce n’est pas du tout la mĂȘme chose —, [
] je serais le premier des sionistes, bien Ă©videmment ». L’universitaire Julien Salingue en dĂ©duit que « le “sionisme” dĂ©noncĂ© par Soral est une entitĂ© transnationale, aux contours mal dĂ©finis, qui dicterait sa politique aux banques, aux gouvernements des pays occidentaux et aux mĂ©dias, et qui serait ainsi la source de la crise Ă©conomique, politique et sociale. On est trĂšs loin d’IsraĂ«l et des Palestiniens, et beaucoup plus prĂšs de « l’Ancien Testament » qui inspirerait « Wall Street »[210]. Pour Mathieu Molard et Robin d’Angelo, journalistes Ă  StreetPress, Alain Soral « se soucie peu d’IsraĂ«l : il ne combat pas la politique de l’extrĂȘme droite israĂ©lienne, il combat le judaĂŻsme »[30].

Concernant le judaĂŻsme, Alain Soral revendique d’ĂȘtre « judĂ©ophobe » dans la mesure oĂč « ce n’est pas interdit par la loi »[5]. Il dĂ©nonce ainsi une « communautĂ© organisĂ©e », Ă  savoir « juive et sioniste cosmopolite »[90] et considĂšre qu’une « communautĂ© qui continue Ă  se proclamer « peuple Ă©lu » dans le monde moderne [
] constitue [
] une exception [Ă  sa connaissance] unique, celle de ne pas s’ĂȘtre dĂ©fait de sa mentalitĂ© primitive malgrĂ© le progrĂšs de la Raison et d’avoir, au contraire, mis la Raison au service d’un tribalisme modernisĂ©, Ă©levĂ© Ă  l’échelle de l’univers »[271]. Cette « exception » serait selon lui Ă  la source d’une « double Ă©thique » caractĂ©ristique du judaĂŻsme qui inciterait Ă  juger selon des critĂšres diffĂ©rents ce qui touche les Juifs et ce qui touche les « goyim »[272]. Le , lors d’un meeting Ă  Vence, il dĂ©clare : « Les juifs nous prennent pour des goyim, c’est-Ă -dire des sous-hommes. La Torah dit que notre destin est d’ĂȘtre leurs esclaves. Si on ne se rĂ©volte pas, ici, ce sera bientĂŽt Gaza »[15].

Marie-France Etchegoin rapporte que dans Dialogues dĂ©saccordĂ©s. Combat de Blancs dans un tunnel, sĂ©rie d’échanges entre Éric Naulleau et Alain Soral publiĂ©e en dĂ©cembre 2013, ce dernier « a pu dresser des listes » de personnalitĂ©s juives ou « sionistes », « conspu[e] « cette putain fardĂ©e qu’est la raie publique (sic) parlementaire — en rĂ©alitĂ© la domination des rĂ©seaux sionistes et maçonniques », dĂ©clare que « les rĂ©visionnistes sont les prisonniers politiques de l’Occident contemporain », que « les chambres Ă  gaz sont « un dossier qui pue la merde et qui ne tient que par la terreur morale et judiciaire » et que « l’assassinat de trois enfants dans une Ă©cole juive par Mohammed Merah « rĂ©sulte d’une opĂ©ration conjointe franco-israĂ©lienne, dans le but de diaboliser les musulmans. C’est la version française, petit budget, des attentats du 11 septembre ! »[15]. L’écrivain Pierre Jourde, rĂ©agissant Ă  la parution du livre, estime : « Toute la vision soralienne du monde, tout son systĂšme, globalisant, repose sur un fondement unique : IsraĂ«l est le vrai maĂźtre du monde, le pouvoir financier qui nous domine et nous exploite est entre les mains des Juifs, Auschwitz est le mensonge central qui articule le complot juif universel[273]. » Pour Aude Lancelin, directrice adjointe de la rĂ©daction de Marianne : « La seule chose qui intĂ©resse Soral ? Les Juifs. La clĂ© du monde pour Soral ? Les Juifs. Le phĂ©nomĂšne Soral, ce n’était donc que ça : la rĂ©apparition dĂ©sinhibĂ©e des ficelles les plus grossiĂšres de l’antisĂ©mitisme »[274].

En , l’Union des Ă©tudiants juifs de France (UEJF) et l’association « J’accuse ! action internationale pour la justice » portent plainte contre Alain Soral « pour injure raciale » aprĂšs la diffusion en 2013 d’une photographie le montrant effectuer une « quenelle » devant le MĂ©morial aux Juifs assassinĂ©s d'Europe, Ă  Berlin[275]. Il justifie son geste en affirmant que le MĂ©morial a Ă©tĂ© construit « pour humilier le peuple berlinois, la plus grande victime de la guerre »[15].

En , une confĂ©rence animĂ©e par Alain Soral et Gilad Atzmon, jazzman israĂ©lo-britannique et antisioniste, est annoncĂ©e Ă  Lyon avec pour titre « Les juifs et les autres ». Le ministre de l’IntĂ©rieur Bernard Cazeneuve rappelle Ă  cette occasion le principe rĂ©publicain « du respect de l’autre, quel qu’il soit », « au vu de ce titre, raciste par nature, et au moment oĂč des actes antisĂ©mites trĂšs graves viennent de se produire en Belgique et en France ». De son cĂŽtĂ©, le prĂ©fet du RhĂŽne et de rĂ©gion Jean-François Carenco appelle « Ă  ce que personne ne soit dupe de ces manipulations de la pensĂ©e portĂ©es par une philosophie d’essence raciste et antisĂ©mite ». Enfin, le CRIF demande l’annulation de la rĂ©union. Alors qu’on annonce que la confĂ©rence est finalement annulĂ©e, le propriĂ©taire de la salle ayant renoncĂ© Ă  la location face Ă  la polĂ©mique, le maire de Lyon GĂ©rard Collomb manifeste son « soulagement ». Cependant, la confĂ©rence a finalement bien lieu Ă  Meyzieu, sans incident[276] - [277] - [278].

Le , un an de prison ferme est requis contre Soral pour avoir qualifiĂ© le PanthĂ©on de « dĂ©chetterie casher » dans une vidĂ©o datĂ©e de publiĂ©e sur son site internet, aprĂšs le transfert des cendres de Simone Veil au PanthĂ©on[279]. Cette peine est effectivement prononcĂ©e le 2 octobre de la mĂȘme annĂ©e[280].

Crise sanitaire 2020-2021

En , Alain Soral dit que le coronavirus, qu’il nomme couillonavirus, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© artificiellement et que la pandĂ©mie permet de lancer une campagne de vaccination globale proposĂ©e par Bill Gates dans le but d’injecter Ă  la population mondiale de l’électronique dans le but de la surveiller. Il est dĂ©crit dans les mĂ©dias comme Ă©tant un propagateur de fausses informations en France, notamment concernant la Covid-19[281] - [282].

Dans la culture populaire

En 2014, le rappeur MĂ©dine publie un titre intitulĂ© MC Soraal, qui mĂ©lange les noms d’Alain Soral et du rappeur MC Solaar. Il entend faire passer le message suivant : « Je n’aboierai pas avec les loups. Ni avec les prĂ©tendus dissidents, ni avec les prĂ©tendus bien-pensants. Il y a une troisiĂšme voie »[283] - [284] - [285] - [286].

Le film L'Atelier, réalisé par Laurent Cantet et sorti en 2017, met en scÚne Luc Borel, un idéologue fictif inspiré d'Alain Soral, et dont l'un des principaux personnages suit les vidéos sur Internet[287].

ƒuvres

Romans et essais

Préfaces

  • PrĂ©face Ă  Michel Clouscard, NĂ©o-fascisme et idĂ©ologie du dĂ©sir, BĂšgles, Le Castor astral, 1999, 136 p. (ISBN 978-2-85920-369-6).
  • PrĂ©face Ă  Anne Kling, La France LICRAtisĂ©e, Paris, DĂ©terna, 2006, 436 p. (ISBN 978-2-913044-63-0).
  • PrĂ©face Ă  collectif, Le n’a pas eu lieu, Saint-Alban-les-Eaux, Le Retour aux sources, 2011, 336 p. (ISBN 978-2-35512-041-1).
  • PrĂ©face Ă  Alexandre Douguine, La QuatriĂšme ThĂ©orie politique : La Russie et les idĂ©es politiques du XXIe, Nantes, Ars magna, 2012 (ISBN 978-2-912164-84-1).

Bande dessinée

  • Yacht people (scĂ©nario d’Alain Soral, dialogues de DieudonnĂ© et dessins de ZĂ©on), t. I : Quenelle en haute mer, Saint-Denis, Kontre Kulture, 2012, 44 p. (ISBN 978-2-367250-07-6) ; t. II : Au-dessus c’est le soleil, Saint-Denis, Kontre Kulture, 2014, 60 p. (ISBN 978-2-367250-48-9).

Comme acteur

Comme réalisateur

Publicité

  • 1984 : Alain Soral apparaĂźt dĂ©guisĂ© en serveur, en train de danser dans une publicitĂ© pour les bonbons Mi-cho-ko[29] - [288].

Notes et références

Notes

  1. Sa sƓur AgnĂšs Soral explique : « En 1991, le pseudonyme de mon frĂšre Ă©tait ABS
 Il souffrait de ne pas ĂȘtre connu et m’a demandĂ© de l’aider pour vendre ses premiers livres qui n’avaient, Ă  l’époque, rien de subversif. J’étais connue, j’avais dĂ©jĂ  un nom, il ne lui restait qu’à se faire un prĂ©nom. Il est devenu Alain Soral. Mon nom Ă  l’origine Ă©tait Bonnet, originaire de Soral. Ce qui a donnĂ© le nom d’usage “Bonnet de Soral”, que portent les papiers de mon frĂšre[1]. »
  2. « [
] Une brouille de jeunesse qui l’a opposĂ© au critique d’art Hector Obalk, coauteur, juif, de l’un de ses livres. À la suite de ce diffĂ©rend, Alain Soral prend sa carte au PC en affirmant : “Ça le fera chier, car ce sont eux qui ont inventĂ© l’antisĂ©mitisme”[5]. »
  3. Philippe Vardon a longtemps présidé le groupe identitaire Nissa Rebela.
  4. L'expression ne pas faire long feu est utilisée « pour désigner une situation qui ne dure pas »[67].
  5. « Marine Le Pen [
] n’a en revanche que peu d’empathie pour l’essayiste [Soral] : “Je me mĂ©fiais de lui [
]”[5]. »
  6. Dans une mise au point Ă  L’HumanitĂ© en 2007 (« Aux antipodes de ma pensĂ©e », 30 mars 2007), Michel Clouscard, s’il lui reconnaĂźt du « talent », refuse cependant qu’on associe son nom Ă  celui d’Alain Soral, eu Ă©gard aux « menĂ©es prolepĂ©nistes » de Soral.
  7. En 2015, Nicolas Lebourg et Jean-Yves Camus, spĂ©cialistes de l'extrĂȘme droite, qualifient Alain Soral de « polĂ©miste antisioniste radical » en prĂ©cisant : « L'antisionisme radical nie Ă  IsraĂ«l le droit Ă  exister en tant qu'État, confond dĂ©libĂ©rĂ©ment juifs et sionistes, et considĂšre tous les juifs comme les reprĂ©sentants, les relais, les agents, de l'État israĂ©lien »[251].

Références

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  10. « Il ne faut pas mentir, l’adolescence est la pĂ©riode des expĂ©riences, et chez le futur intello qui s’interroge sur les mystĂšres du monde, la question de l’homosexualitĂ©, parmi d’autres, se pose Ă  sa conscience [
]. Soit d’homme Ă  homme, discrĂštement, soit sur un mode plus fun, par la bande : triolisme, partouze
 [
] Bref, Aublack et moi, forts de notre maigre expĂ©rience, Ă©tions tombĂ©s d’accord : pendant l’acte nous avions dĂ», l’un comme l’autre, pour ne pas dĂ©bander (autre constat mĂ©canique d’évidence, il faut d’abord bander pour pĂ©nĂ©trer), fermer les yeux trĂšs fort et penser Ă  une femme. » Alain Soral, MisĂšres du dĂ©sir (Fiction), 2004, (ISBN 978-2846280815).
  11. « Dossier de presse de Confession d’un dragueur », sur flachfilm.com, (consultĂ© le ).
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  32. « National-bolchevisme : de nouvelles convergences », REFLEXes, octobre 1993 ; mis à jour le .
  33. La journaliste Mariette Besnard et le romancier Didier Daeninckx ayant dĂ©noncĂ©, dans un dossier envoyĂ© Ă  Georges Marchais et Ă  la grande presse, quelques membres ou proches du PCF qu’ils accusaient d’« accointances » avec l’extrĂȘme droite (cf. « Quand Daeninckx alerte Marchais du complot », Globe Hebdo, 30 juin–6 juillet 1993, p. 22), Le Canard enchaĂźnĂ© (en date du 23 juin 1993) prĂ©tend rĂ©vĂ©ler l’existence de liens unissant les communistes et les nationalistes, notamment Ă  travers la collaboration Ă  certains journaux comme L’Idiot international et Le Choc du mois. François Bonnet, dans LibĂ©ration, pointe alors du doigt les « compagnons de route de la galaxie nationale-bolchevik », considĂšre que « le communisme est vraiment pourri puisqu’il n’hĂ©site pas Ă  s’allier au fascisme » et en vient Ă  affirmer qu’« extrĂȘme gauche et extrĂȘme droite, c’est pareil ». Ces accusations sont ensuite relayĂ©es par deux journalistes du Monde, Edwy Plenel et Olivier Biffaud : « À l’abri de la rĂ©putation d’écrivain maudit qu’il s’est plu Ă  construire, Jean-Edern Hallier fut donc bien l’alibi principal et l’acteur premier de ce thĂ©Ăątre d’ombres oĂč se croisent, depuis plusieurs annĂ©es, apprentis sorciers communistes et thĂ©oriciens nĂ©o-fascistes d’une “troisiĂšme voie” entre communisme et capitalisme. Toute la collection de l’Idiot international en tĂ©moigne. » (« “La tentation national-communiste”, “L’Idiot”, laboratoire rouge-brun », Le Monde, 1er juillet 1993). Pour un tĂ©moignage du principal mis en cause, cf. Alain de Benoist, « Sur Jean-Edern Hallier et “L’Idiot international” » [PDF].
  34. « Les gens un peu instruits savent que le marxisme, loin de se rĂ©duire Ă  l’expĂ©rience soviĂ©tique, est d’abord un outil d’analyse. Un outil d’analyse qui conçoit la rĂ©alitĂ© comme une totalitĂ© historique en cours, et dont les performances sont bien supĂ©rieures Ă  ce que peut produire l’idĂ©alisme, qu’il soit ontologiste ou subjectif. Le marxisme, dit aussi matĂ©rialisme historique et dialectique, donne Ă  quiconque s’intĂ©resse Ă  la complexitĂ© du rĂ©el, une telle leçon de virilitĂ© intellectuelle, qu’il est difficile aprĂšs de se contenter des visions passĂ©istes d’un Maurras, nostalgiques d’un Heidegger, naĂŻves d’un Marcuse, et mĂȘme du mono-dĂ©terminisme plutĂŽt sympathique d’un RenĂ© Girard, qui gagnerait beaucoup Ă  lire Henri Wallon ! », in « Alain Soral, l’intellectuel de gauche qui dĂ©range la gauche », ÉlĂ©ments, no 113, Ă©tĂ© 2004.
  35. Notamment dans ses deux abĂ©cĂ©daires — Jusqu’oĂč va-t-on descendre ? AbĂ©cĂ©daire de la bĂȘtise ambiante (Blanche, 2002) et Socrate Ă  Saint-Tropez : texticules (Éditions Blanche, 2003) — oĂč Alain Soral passe au crible de son analyse polĂ©mique plusieurs sujets politiques et de sociĂ©tĂ©. Parmi les critiques consacrĂ©es Ă  ces pamphlets, certaines Ă©voquent le populisme de Soral, tandis que d’autres Ă©voquent son courage et sa luciditĂ©. Voir RĂ©gine Deforges, « Est-ce Ă  ce point de la merde, mon pays ? », L'HumanitĂ©, 10 avril 2002 : « L’abĂ©cĂ©daire de la bĂȘtise ambiante », L’HumanitĂ©, 12 mars 2003. Cf. aussi « François Darras », « Quand Soral sort ses “texticules” », Marianne, 26 mai 2003.
  36. Il a notamment Ă©crit : « En France, tous les communautarismes montants : gay, islamique
 se crĂ©ent et se renforcent par imitation, hostilitĂ© et opposition au communautarisme judĂ©o-sioniste, dont le statut privilĂ©giĂ© constitue la jurisprudence communautaire sur laquelle s’appuient leurs revendications face Ă  la RĂ©publique » in : « Alain Soral attaque les communautarismes Ă  l’Ɠuvre contre la RĂ©publique », entretien avec « GĂ©nĂ©ration RĂ©publique », .
  37. Cf. entrée « Intellectuel communautaire. Universalisme et duplicité », Socrate à Saint-Tropez : texticules, op. cit.
  38. Wieviorka 2005, note 33.
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  42. Alain de Benoist, « Alain Soral rĂ©pond Ă  Alain de Benoist », ÉlĂ©ments, no 113,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  43. Cf. p. 102-104 de l’édition de 2002.
  44. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, on Ă©coutera l’évocation de DieudonnĂ© dans l’entretien prĂ©citĂ© L’antisĂ©mitisme tient-il une place significative dans la sociĂ©tĂ© française ?
  45. Azzeddine Ahmed-Chaouch, « Comment DieudonnĂ© s’est rapprochĂ© de Le Pen », Le Parisien, 8 janvier 2009.
  46. « Dieudonné-Soral : querelle pour une quenelle », Le Point, 26 novembre 2013.
  47. Briganti, DĂ©chot et Gautier 2011, p. 55.
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  49. Dans un entretien accordĂ© le Ă  VSD (« L’interview intĂ©grale accordĂ©e Ă  une journaliste de VSD »). Voir par ailleurs l’article de Claude Askolovitch dans Le Nouvel Observateur no 2103.
  50. « Pourquoi je me dĂ©solidarise d’Euro-Palestine », alainsoral.com, .
  51. « Dieudonné par Le Pen repris », REFLEXes, 24 mars 2007 ; mis à jour le 21 mai 2007.
  52. Entretien d’Alain Soral avec Emmanuel Blanchard, Jean-Charles Deniau et GrĂ©goire Kauffmann le 18 mai 2011, citĂ© dans Lebourg et Beauregard 2012, p. 342.
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  57. Citons cette rĂ©action du national-catholique Bernard Antony (Soral attaquera par la suite Antony, qui lui rĂ©pondra une nouvelle fois), les critiques de Guillaume Faye (« Guillaume Faye s’attaque Ă  Soral », « Altermedia Canada », 23 fĂ©vrier 2008)
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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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