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Politis

Politis est un hebdomadaire français d'actualités.

Politis
Image illustrative de l’article Politis
Logo de Politis.

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire
Genre Généraliste
Prix au numéro 3,90 euros
Diffusion 15 000 ex. (2023)
Fondateur Bernard Langlois
Date de fondation 1988 (il y a 35 ans)

Propriétaire Politis SAS
Directeur de publication François Longérinas
Directrice de la rédaction Agnès Rousseaux
RĂ©dacteur en chef Pierre Jacquemain
ISSN 1290-5550
Site web www.politis.fr

Fondé en 1988 par Bernard Langlois et d'autres journalistes parmi lesquels Jean-Paul Besset, Michel Naudy, Rémy Galland, ce journal traite de l'actualité politique et sociale et se réclame de la gauche antilibérale et écologiste[1]. Ce journal est membre fondateur de l'association Attac-France. Par ailleurs, Politis se dit attaché à la « défense des services publics et des biens communs de la société » et refuse le « marché omnipotent où tout s'achète et tout se vend » ainsi que l'idéologie du choc des civilisations[2].

Historique

En gestation dès le début de l'année 1987, une équipe de journalistes (Raja Nasrallah, Rémy Galland, Jean-Paul Besset, Michel Naudy, etc.) autour de Bernard Langlois fonde Politis, Le Citoyen. Son premier numéro paraît le . Sa une proclame « La France manque d'immigrés ». Dans le courant de l'année 1988, d'autres journalistes rejoignent l'équipe, parmi lesquels Fabrice Nicolino, dès janvier, Paul Moreira, Jean-Michel Aphatie, Ahmed Boubaker. Dans les années 1990, le journal connaît plusieurs arrêts et dépôts de bilan[3].

En , Politis inaugure une nouvelle formule qui sera modifiée légèrement en . Cette dernière subit un changement graphique à partir du numéro du [4]. À nouveau, Politis change la maquette de l'hebdomadaire à partir du ainsi que sa plateforme Internet.

Depuis 2004, Politis édite deux hors-série par an, consacrés au commerce équitable et bio, à l'économie sociale et solidaire, et à l'écologie et l'environnement[5]. Lors de l'été 2009, Politis passe au papier labellisé PEFC conformément à ses engagements écologiques et environnementaux[6].

En , le nouveau site Internet (V2) du journal voit le jour[7]. La version actuelle (V3), qui héberge sous sa bannière les blogs de la rédaction et ses invités, est apparue en .

Ă€ la fin du mois de , Bernard Langlois cesse la parution de son Bloc-notes dans Politis et met un terme Ă  sa collaboration avec l'hebdomadaire dont il fut le fondateur[8].

En , Pouria Amirshahi est nommé président et directeur de publication.

Ligne Ă©ditoriale

Politis est un journal d'opinion à l'« engagement humaniste, social et écologiste » selon son directeur de la publication Denis Sieffert[9], une ligne résumée par Libération comme étant « rose-rouge-verte » [3].

Résolument antistalinien lors de sa fondation, Politis crée dès 1989 l'une des premières rubriques Écologie de la presse française, et développe des thèmes écologiques - déchets, eau, zones humides, forêts - rarement traités ailleurs. Le scandale de la décharge de Montchanin, révélé par l'hebdomadaire en , et repris par la presse nationale et internationale, marque un tournant. Jean-Paul Besset et Fabrice Nicolino sont les deux responsables de cette évolution. Le journal se fait ensuite le porte voix de l'écologie politique. Refusant « l'idée d'une écologie abâtardie »[2], le journal soutient en 1994 le virage à gauche des Verts qui se démarque alors de la logique « ni droite, ni gauche » qui était la sienne lors de sa fondation.

Membre fondateur d'Attac, Politis combat pour une Europe sociale. Le journal fait campagne pour le « Non » lors du référendum de mai 2005 relatif au Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Dans la lignée, Politis soutient les initiatives pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale lors de l'élection présidentielle de 2007. Une partie de la rédaction du journal - notamment Bernard Langlois[10] - soutiendra la candidature de José Bové à cette élection présidentielle. Pour les élections européennes de 2009, Politis lance un appel à la constitution de listes unitaires « pour une autre Europe »[11].

Le , Politis lance dans ses colonnes un appel pour « l'Alternative à gauche»[12]. Denis Sieffert assume le « rôle particulier » - « qui n'est pas dans [la] vocation première, mais n'est nullement contradictoire avec [le] combat » - de Politis pour cet appel dont l'objectif est la création d'un cadre permanent d'action et de réflexion pour l'ensemble des courants politiques de la gauche sociale et écologiste[13].

Politis ouvre ses colonnes à plusieurs sensibilités de la gauche de la gauche : gauche du PS, Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Les Verts, PCF, Attac, MRC, le MARS, Les Alternatifs, etc. Les pages « Résistances » du journal se font l'écho des combats de la gauche antilibérale et son site Internet propose un « Agenda militant »[14]. En outre, Politis « rencontre et interroge des chercheurs et des intellectuels souvent boudés par les autres médias »[2]. Ainsi, chaque semaine, la rubrique « À contre-courant » accueille l'une de ces analyses sur l'actualité.

Après l'Ă©lection de Nicolas Sarkozy comme prĂ©sident de la RĂ©publique française en 2007, Politis crĂ©e l'observatoire du . Regroupant huit personnalitĂ©s « reconnues pour leur compĂ©tence dans leur domaine d’activitĂ© et leur engagement citoyen »[15], cet observatoire est conçu comme un « système d’alerte dĂ©mocratique » face Ă  « toute mesure susceptible de porter atteinte aux libertĂ©s ou Ă  la dignitĂ© humaine, d’enfreindre l’esprit de justice, d’aggraver les inĂ©galitĂ©s sociales, ou les dĂ©sĂ©quilibres environnementaux » que prendrait le nouveau gouvernement au pouvoir[16]. Dans la mĂŞme logique, Politis lance Ă  la fin un appel pour un rĂ©fĂ©rendum sur la question des retraites en France afin de « contraindre le prĂ©sident de la RĂ©publique Ă  ouvrir un dĂ©bat qu'il n'a cessĂ© d'entraver » qui recueille plus de 420 000 signatures[17].

L'hebdomadaire lance depuis 2009 des campagnes d'abonnement double engagement afin d'aider des associations Ă  mener leur action (Droit au logement en 2009, la Cimade en 2010).

Enfin, le journal organise des colloques comme celui de sur le thème Science et démocratie avec Geneviève Azam, Benjamin Dessus ou Jacques Testart[18].

Situation financière

Politis, Le Citoyen est né d'un appel public à l'épargne portant sur 6 millions de francs à souscrire par actions nominatives de 500 francs. Les premières difficultés du journal sont dues à sa sous-capitalisation. Dès 1988, c'est la générosité de Pierre Bergé qui lui permet de continuer d'exister[19].

Au début de l'année 1990, un montage financier associant la MACIF, le promoteur Pellerin et l’entreprise Spie Batignolles ne verra finalement pas le jour par suite de la publication en juin dans Politis d'un article de Fabrice Nicolino intitulé « Brioude, une bombe au cœur de la ville ? ». Cette enquête dénonçant la manipulation de produits chimiques dans la ville d'Auvergne par un laboratoire de solvants industriels, la Speichim, appartenant à Spie Batignolles, les investisseurs abandonnèrent ce projet[20].

L'hebdomadaire continue Ă  ĂŞtre confrontĂ© Ă  une situation financière dĂ©licate. Le capital du journal s'ouvre Ă  Thierry Wilhelm (1998) puis au Monde diplomatique (2000)[21]. Ce dernier possède 34 % du capital, lui apportant Ă©galement une aide technique et administrative. Politis est alors Ă©ditĂ© par SAS Politis, une sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e au capital de 300 000 euros. Ses principaux actionnaires sont l'Association pour la dĂ©fense de la pluralitĂ© de la presse, Doxa SAS et Le Monde diplomatique.

Le , le journal a été placé en redressement judiciaire. Thierry Wilhelm, l’actionnaire pressenti pour la mise en place du plan de reprise s'étant désisté le , le personnel de Politis lance un appel pour récolter un million d'euros afin de sauver l'hebdomadaire[22]. Denis Sieffert affirme que cette crise est due aux « négligences répétées » en matière de gestion et l' « absentéisme chronique » du directeur général de l'époque, Jean-Pierre Beauvais[21]. En filigrane, cette crise révèle aussi les tensions entre une rédaction soucieuse de son indépendance éditoriale et une équipe dirigeante autour de Beauvais qui prend fait et cause pour le président d'Attac, Jacques Nikonoff[23].

L'association « Pour Politis » s'est crĂ©Ă©e afin de sauver le journal[24]. L'association compte 1 500 lecteurs adhĂ©rents[25]. Elle a permis de recueillir 941 000 â‚¬ auprès de lecteurs et ainsi de sauver le journal[26]. Le tribunal de commerce de Paris a jugĂ© le que le plan de reprise dĂ©posĂ© par le personnel de l'hebdomadaire Ă©tait viable[27].

Le journal est dĂ©sormais Ă©ditĂ© par la SAS Politis, une sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e au capital de 446 000 euros, de 375 238 euros en (selon l’ours du n.1539 du au ). Parmi ses actionnaires, on retrouve l'association « Pour Politis » (65 % du capital), ainsi que Christophe Kantcheff, Denis Sieffert, Pascal Boniface, Laurent Chemla, Valentin Lacambre et Jean-Louis Gueydon de Dives.

En 2014, l'hebdomadaire et l'association Pour Politis lance une campagne d'abonnements afin de pérenniser le journal. Avec un déficit de 99 000 euros pour l'année 2013 « presque entièrement imputable à la vente au numéro, alors que les abonnements se maintiennent et que les abonnements web, encore marginaux, progressent doucement »[28], Politis affirme avoir besoin de 800 nouveaux abonnés pour ne pas connaître une nouvelle crise. L'hebdomadaire lance une campagne d'appel à dons à partir de la fin afin de garantir la survie et l'indépendance de Politis qui est soutenue par de nombreuses personnalités politiques, intellectuelles ou culturelles.

Audience et diffusion

Pendant longtemps, le journal ne rĂ©ussit pas Ă  Ă©largir le petit cercle de lecteurs fidèles composĂ© principalement de militants et de sympathisants de la mouvance Ă©colo ou de la gauche du Parti socialiste, chevènementistes, communistes… Les abonnements ne dĂ©passent pas alors les 10 000 exemplaires (1999), les ventes en kiosques restant marginales[3].

En 2013, le tirage de Politis est de 30 000 exemplaires en moyenne, celle des deux hors-sĂ©rie annuel de 30 000 exemplaires. La diffusion payante de l'hebdomadaire est d'environ 15 000 exemplaires, ce qui comprend les 11 000 abonnĂ©s et les 4 000 ventes en kiosque. Fin 2017, Politis revendique une diffusion d'environ 20 000 exemplaires par numĂ©ro[29] et compte 10 500 abonnĂ©s et 400 abonnĂ©s web[30].

En 2013, le site Internet de l'hebdomadaire et les blogs gĂ©nèrent chaque mois 250 000 visiteurs uniques soit 9 400 visiteurs par jour.

À partir du , Politis suspend « temporairement » sa diffusion en kiosque à l'exception de ses hors séries et de ses numéros d'été et de fin d'année, « un choix subi en raison des coûts […] devenus exorbitants »[31].

Les rubriques de Politis

  • Éditorial
    Par Denis Sieffert.
  • La semaine
    Ensemble de plusieurs pages consacrées à l'actualité. Elles démarrent par une double page de brèves avec le dessin d'Aurel et la photo de la semaine.
  • Nouvelle rubrique Clivage
    Deux regards contradictoires sur une actualité qui suscite la polémique.
  • L'Ă©conomie Ă  contre-courant
    Un économiste analyse une information économique de la semaine écoulée.
  • Le geste utile
    Une demi-page tenue par les journalistes de la rédaction pour soutenir une démarche respectueuse de l'environnement et du développement durable.
  • Dossier
    Entre 5 et 6 pages sont consacrées au dossier de la semaine (avec analyse, décryptages, entretiens et tribunes).
  • Culture
    Ensemble de 4 pages dédiées (cinéma, littérature, bande dessinée, musique, théâtre, photo)
    « À flux détendu » par Christophe Kantcheff.
  • IdĂ©es
    Réflexions autour d'un thème d'actualité ou d'un ouvrage récent. Il y a également la publication de tribunes libres d'acteurs politiques, sociaux ou militants.
    Politis propose également « L’essai de la semaine ».
  • De bonne humeur
    Billet de Sébastien Fontenelle au ton satirique. Le thème est lié à l'actualité de la semaine.
  • Digression
    Une page confiée à un écrivain, un historien, un scientifique, sous forme de journal de bord.

Notes et références.

  1. Denis Sieffert, « Politis : nos projets pour 2007 », Politis, 21 décembre 2006.
  2. D’après les thèses de Samuel Huntington, auteur de Le Choc des civilisations. « Qui sommes-nous ? » ; site Web de Politis, le 23 janvier 2007.
  3. Olivier Costemalle, « Presse. L'hebdo change de look, pas de ligne éditoriale. «Politis» à la conquête d'un lectorat pluriel. ""Politis"" à la conquête d'un lectorat pluriel », Libération, .
  4. Cette nouvelle maquette du journal a été élaboré par Sophie Guéroult.
    Nouvelle formule de Politis - Site officiel, 5 janvier 2009.
  5. Le hors-série - Site officiel.
  6. Patrick Piro, « Notre papier se fait label », Politis, no 1062-1064, 23 juillet 2009.
  7. Xavier Frison, « Politis tisse sa toile », Politis, no 986, 24 janvier 2008, p. 23.
  8. Bernard Langlois, « Révérence », Politis, 28 janvier 2010, pp. 34-35.
    Il met en avant sa lassitude et son pessimisme envers les combats que soutient Politis (refondation de la gauche de la gauche, combat social et syndical, etc.).
  9. Denis Sieffert, « Avec une certaine constance... », p. 16-17, Politis, n°986, 24 janvier 2008.
  10. Bernard Langlois, « Le brouillard », Politis, 19 avril 2007.
  11. Parmi les premiers signataires : Patrick Braouezec (PCF), Marc Dolez (PG), Christian Picquet (LCR), Michel Onfray, Susan George, ou Robert Guédiguian (« Signez l’Appel pour une autre Europe ! », Politis, 10 décembre 2008)
  12. « L'alternative à gauche : consultez, signez l'appel et débattez ! » ; site Web de Politis, le 15 mai 2008.
  13. Denis Sieffert, « Cap sur le 11 octobre ! », p. 10, Politis, n°1012-1014, 24 juillet 2008.
  14. « L'agenda militant » ; site Web de Politis.
  15. Il s'agit de : Annick Coupé, syndicaliste, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires ; Bernard Dréano, président du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim), Éric Fassin, sociologue, enseignant à l’École normale supérieure ; Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature ; Didier Ménard, président du Syndicat de la médecine générale ; Dominique Rousseau, professeur de droit public à Montpellier-I, ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature (2002-2006) ; Pierre Tartakowsky, vice-président de la Ligue des droits de l’homme, rédacteur en chef de la revue Hommes et Libertés ; Jacques Testart, biologiste, directeur de recherches à l’Inserm.
  16. « Politis crée l'Observatoire du 6 mai » ; site Web de Politis, le 7 mai 2007.
  17. À ce sujet, voir le Site en ligne de l'appel : https://www.referendumretraites.org/
  18. Noëlle Guillon, « L'expert et le citoyen, couple conflictuel », Politis, n°1128, 25 novembre 2010.
  19. Bernard Langlois, « Raconte, grand-père… », p. 30-31, Politis, n°986, 24 janvier 2008.
  20. « Comment faire pour couler un journal » ; billet publié sur le blog Planète sans Visa, 15 février 2008. Selon Fabrice Nicolino, ce montage financier est dû à l'amitié entre Bernard Langlois et Michel Rocard, alors premier ministre.
  21. Denis Sieffert, « Politis, l'histoire d'une crise », Politis, 23 novembre 2006.
  22. « Sauvons Politis ! » ; Site Web d'Acrimed, 13 octobre 2006
  23. Sébastien Homer, « Politis en dépôt de bilan », l'Humanité, 31 août 2006.
  24. « Un mois, un million d’euros » ; Politis le 5 octobre 2006
  25. Patrick Piro, « Association de bienfaiteurs », p. 28, Politis, n°986, 24 janvier 2008.
  26. « C'EST FAIT ! » ; billet publié sur le site de l'association « Pour Politis » le 15 novembre 2006.
  27. Denis Sieffert, « Politis sauvé », p. 3, Politis, 23 novembre 2006.
  28. Denis Sieffert, « Objectif : 800 nouveaux abonnés ! », pages 14-15, Politis, n°1291, 20 février 2014
  29. « Une recrue à Politis », La lettre de l'audiovisuel, (consulté le ).
  30. « L'Assemblée générale de Pour Politis par Association Pour Politis », Politis, (consulté le ).
  31. Agnès Rousseaux et Gilles Wullus, « À nos lecteurs et lectrices », Politis,‎ , p. 2.

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