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Les Bains Douches

Les Bains Douches est une boîte de nuit, active de 1978 à 2010, située 7 rue du Bourg-l’Abbé dans le 3e arrondissement de Paris.

Les Bains Douches
Description de l'image Les Bains Douches, 7 rue du Bourg-l’Abbé, Paris 3e 3.jpg.
Surnom Les Bains
Type Boîte de nuit
CoordonnĂ©es 48° 51′ 51″ nord, 2° 21′ 07″ est
Inauguration 1978
Fermeture 2010

GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Les Bains Douches
GĂ©olocalisation sur la carte : 3e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 3e arrondissement de Paris)
Les Bains Douches

Haut lieu des nuits parisiennes durant les années 1980, Les Bains Douches deviennent le rendez-vous de la société mondaine et artistique internationale. Après maintes péripéties au cours des décennies, la discothèque ferme ses portes en 2010. Jean-Pierre Marois, propriétaire historique du lieu, fonde en 2011 la société Les Bains dans le cadre de la rénovation du nouveau projet.

Historique

Bains Guerbois

Une des deux plaques situées de part et d'autre de l'entrée.

Ă€ l'origine l'immeuble abrite les bains Guerbois, des thermes, crĂ©Ă©s en 1885 par François Auguste Guerbois (1824-1891) et son fils Albert Guerbois (1857-1926) qui exploitent Ă©galement le fameux « cafĂ© Guerbois Â» haut lieu de rencontre des artistes et intellectuels de l’époque, immortalisĂ© par Édouard Manet. La plaque Ă  l'entrĂ©e indique « Bains Guerbois, piscine, bains turcs et russes, douches vapeur sulfureuses »[1]. En cette fin du XIXe siècle, l'endroit attire de nombreuses personnalitĂ©s influentes et une mouvance homosexuelle, dont Proust[2]. DĂ©jĂ , Ă  l'Ă©poque, la nuit rythme la vie de cet Ă©tablissement privĂ©, les Halles apportant nombre de clients[2].

1978 - 1984

Maurice Marois achète le lieu Ă  la fin des annĂ©es 1960 avant de cĂ©der le bail bien des annĂ©es plus tard[3] : l'Ă©tablissement est crĂ©Ă© en 1978 par Jacques Renault, antiquaire-brocanteur, et son associĂ© Fabrice Coat[4] qui transforment les bains en une boĂ®te de nuit inĂ©dite dont l'espace est entièrement modulable et privatisable[5] ; Ă  la fois salle de concert, discothèque, restaurant et bar, ce « temple nocturne[6] » ouvre le . Pierre et Gilles dessinent le carton d'invitation et ce sont 3 000 personnes qui sont prĂ©sentes ce jour-lĂ [7]. Philippe Starck, alors Ă  ses dĂ©buts, redĂ©core l'endroit, qui Ă©tait devenu un cloaque ces derniers temps, tout de carrelage blanc et noir[3] - [4] : six mois de travaux sont nĂ©cessaires[7]. Plus tard, ce sera David Rochline qui retouchera l’aspect de l'entrĂ©e[4]. La piscine comporte au fond de l'eau un Ă©chiquier gĂ©ant dont les pièces sont dĂ©placĂ©es par un homme grenouille[7]. Loin des tendances disco du moment, Les Bains Douches deviennent le point de rencontre des mondes du spectacle, des mĂ©dias et des arts Ă  la mĂŞme Ă©poque que Le Palace et son espace privĂ©, Le Privilège : on y croise tout ce que Paris compte d'intellectuels mondains, de personnalitĂ©s du show-business, d'artistes… L'Ă©poque, pleine d'optimisme et de prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, est Ă  la fĂŞte et l’ostentatoire : se faire voir et remarquer ; Paris retrouve son « effervescence Â»[8]. Le disc jockey et chanteur Philippe Krootchey y anime alors un grand nombre de soirĂ©es sur les titres des Talking Heads et The B-52's[7]. La scène des Bains Douches accueille les rĂ©fĂ©rences de la musique punk ou new wave, tels que Dead Kennedys, Joy Division[7], Suicide ou Les Rita Mitsouko[9] ; Depeche Mode[6] donne son premier concert en France aux Bains Douches en . Farida Khelfa est la « physionomiste » du club durant deux ans[10] avant d'ĂŞtre remplacĂ©e un temps par Caroline Loeb[11] et Paquita Paquin[12] ; c'est lĂ  que Farida croise Jean-Paul Goude pour la première fois, avant de devenir sa muse et sa compagne. Mais la physionomiste-vedette des Bains Douches, c'est Marilyn, auteure de la phrase culte « Je crois que ça va pas ĂŞtre possible »[13] - [11] - [3]. « Riches ou pauvres, jeunes ou vieux, cĂ©lèbres ou inconnus, mais pas de gens ordinaires[14]. » « L'entrĂ©e est Ă  la tĂŞte du client[13] Â», « il n'y a pas de critère d'entrĂ©e formel aux Bains » prĂ©cise Paquita Paquin[15], mais Fabrice Coat veille nuit après nuit Ă  sa clientèle[16]. L’icĂ´ne transgenre Jenny Bel'Air tient Ă©galement la porte un temps[17].

Depuis 1984

En , Jacques Renault et Fabrice Coat dĂ©cident de vendre le club. Les nouveaux propriĂ©taires du fonds de commerce sont alors Hubert Boukobza et Claude Challe, un habituĂ© de la nuit[8]. Avec le soutien de Sylvie Grumbach qui officiait jusque-lĂ  au Palace[3], le duo en fait un endroit incontournable, un temple de la nuit[18] - [6]. « Jamais un club n'a connu sur une aussi longue durĂ©e une clientèle mĂŞlant les stars et les plus belles filles du monde »[19]. Dans un mĂ©lange de fĂŞtes, de drogues et d'alcool, le tout-Paris continue de s'y bousculer : Claude Montana le fidèle du Palace, Bambou, Alain Pacadis, Jean Paul Gaultier, Étienne Roda-Gil, Pauline Lafont, Emmanuelle Seigner[20], Loulou de la Falaise, Sophie Favier ou FrĂ©dĂ©ric Beigbeder. L'endroit devient le passage obligĂ© de toute vedette en visite Ă  Paris[19] : Mick Jagger, Robert De Niro qui vient lĂ  draguer, Jack Nicholson, Linda Evangelista, Joe Cocker, Basquiat ou Warhol[6] - [3] - [14] - [21]. Avec ce rachat par Boukobza, l'ambiance change passant d'un lieu de « copains Â» faisant la fĂŞte Ă  un endroit bling-bling[22]. Le CafĂ© Costes le jour, les Bains la nuit est le leitmotiv[2].

Carte de membre des Bains Douches dans les années 1980-1990.

L'établissement sert de décor pour les films Les Nuits de la pleine lune d'Éric Rohmer en 1984 et Frantic de Roman Polanski, en 1988 qui en reconstitue la réplique en studio[23] - [13]. Thierry Ardisson y présente son premier talk-show, Bains de minuit, de 1987 à 1988[24] ; la piscine fait partie du générique[13]. Jusque dans les années 1990, Les Bains restent un lieu incontournable des fêtes parisiennes[3]. Les DJ’s emblématiques comme Guy Cuevas du 7 et du Palace, Hugues Guéné du 7, Bernie Okat le Palace, la Scala, le Niel’s. À partir de 1984, la programmation musicale se tourne vers new wave, puis le funk[22].

David et Cathy Guetta, pas encore mariés, en sont les responsables dans les années 1990. « Les Bains sont un sanctuaire […] Le gratin du show-biz de la planète s'y presse » écrira cette dernière[25]. Claude Challe reste critique à ce sujet : « on leur a donné une pépite d'or et ils en ont fait une boîte digne de la Porte de Champerret. »[26]. Mais ce sont aussi les années SIDA, la fin de la fête à Paris[26]. Trop amateur et sans rigueur, le duo Challe/Boukobza s'est endormi sur ses lauriers : l'établissement est mal géré, il reste un gouffre financier et les Guetta doivent redresser les mauvaises habitudes avec une nouvelle équipe, sous les critiques de Claude Challe[25]. Malgré les efforts, un nouveau lieu parisien fait concurrence aux Bains, les Folies, dans un ancien théâtre de Pigalle, où David mixe également plusieurs soirs par semaine[25].

Au début des années 2000, le lieu ayant perdu de son glamour et de sa renommée[19], il est repris par Philippe Corti[13]. Les boîtes à la mode sont maintenant dans le 8e : le Queen, le Man Ray, Le Baron, le Pink Platinium, etc.[27]. Hubert Boukobza sous-loue l'établissement qui devient, sans grand succès, une boîte gay[27].

En , Thibault Jardon, directeur artistique du Queen pendant douze ans, reprend les rênes de l'établissement avant de s'associer, en , avec Arnaud Courté, restaurateur parisien. Début 2010, le gérant Hubert Boukobza est sous procédure d'expulsion, ne payant plus le loyer depuis longtemps ; drogué à la cocaïne, il décide de détruire un mur[1]. L'établissement ferme finalement en en raison d'un péril grave et imminent du bâtiment et de la mise en danger du public dus à des travaux effectués par le locataire sans l'avis du propriétaire Jean-Pierre Marois l'ex-producteur de cinéma. Les travaux touchent en particulier la suppression de piliers porteurs de l'immeuble[28] - [19] - [29].

Renouveau

Le lieu rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  l'Ă©tat de ruine[2] en 2011, est intĂ©gralement rĂ©novĂ© et transformĂ© en hĂ´tel de luxe en 2015, Ă  l'image de l'hĂ´tel du Château Marmont Ă  Los Angeles[28]. Avec la partie « discothèque Â» rĂ©duite de moitiĂ©, « il ne s'agit pas de faire revivre la nostalgie du clubbing d’antan » prĂ©cise le propriĂ©taire[3]. Ce sont les dĂ©corateurs et architectes Vincent Bastie, habituĂ© des rĂ©novations d'hĂ´tels parisiens[3], Denis Montel et Tristan Auer, architecte d'intĂ©rieur, qui mènent Ă  bien ce projet. La symbolique piscine est dĂ©placĂ©e mais remise en Ă©tat Ă  l'identique[2] - [6], plusieurs dizaines de chambres sont crĂ©Ă©es dont un penthouse de 80 m2[3] pour un total de 39 chambres ou suites[6]. Pendant les travaux, des artistes de rue de renom se sont installĂ©s Ă  l'occasion d'une exposition Ă©phĂ©mère et ont investi les lieux pour en faire une Ĺ“uvre d'art gĂ©ante (Mr Brainwash, Jef AĂ©rosol, ou Tanc).

L'émission de télévision Polonium, présentée par Natacha Polony, y est tournée[30].

Notes et références

  1. Vignando-L'Obs 2015, p. 112
  2. Dahan 2013, p. 246
  3. Vignando-L'Obs 2015, p. 113
  4. Paquin 2005, Les Bains-Douches, p. 127
  5. Gilles Renault, « Jacques Renault, mort d'un agitateur de scène », sur Libération,
  6. Raya-Match 2015, p. 113.
  7. Dahan 2013, p. 250
  8. Dahan 2013, p. 253
  9. Paquin 2005, Les Bains-Douches, p. 128
  10. Dahan 2013, p. 248
  11. Dahan 2013, p. 251
  12. Paquin 2005, Les Bains-Douches, p. 127 et 129
  13. Technikart, « Les Bains », sur technikart.com, (consulté le )
  14. Éric Dahan, « A en rester baba. », sur liberation.fr, (consulté le )
  15. Paquin 2005, Les Bains-Douches, p. 129
  16. Paquin 2005, Les Bains-Douches, p. 130
  17. Éric Dahan, «Jenny Bel'Air a imposé sa différence», Culture, sur liberation.fr, (consulté le )
  18. Dahan 2013, p. 254
  19. « Paris : la mythique boîte de nuit Les Bains-Douches est fermée », sur leparisien.fr, (consulté le )
  20. Dahan 2013, p. 245 et sv.
  21. Delphine Peras, « Les folles années Bains Douches », sur lexpress.fr, (consulté le )
  22. Raphaël Richard, DJ made in France, Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 329 p. (ISBN 978-2-35779-340-8), « Un nouveau départ », p. 73
  23. Jean-Marie Durand, « Les Bains douches : quatre mois d’immersion dans un chantier à ciel couvert », sur Les Inrockuptibles,
  24. Patrice Gascoin, « Thierry Ardisson toujours dans le bain », sur Le Figaro,
  25. Cathy Guetta, Bains de nuit, Paris, Fayard, , 245 p. (ISBN 978-2-213-63117-2), p. 111 Ă  118
  26. « Aux bons souvenirs des Bains Douches », sur telerama.fr, (consulté le )
  27. Dahan 2013, p. 255
  28. Béatrice De Rochebouet, « Renaissance des Bains Douches en hôtel de luxe en 2014 », Le Figaro,
  29. « L'exploitant des Bains-Douches frappé d'expulsion », sur leparisien.fr, (consulté le )
  30. Christine Rousseau, « Â« Polonium », le rendez-vous des Ă©lectrons libres », lemonde.fr, 30 octobre 2015.

Annexes

Bibliographie

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Documentaire

  • Jacques Braunstein, Nightclubbing : 50 ans de nuit parisiennes, Paris Première, 2010, 52 min, PrĂ©sentation en ligne.

Articles connexes

Liens externes

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