AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

ExtrĂȘme droite sur Internet

Actifs dĂšs les dĂ©buts de l'histoire d'Internet, les sites d'informations et blogs d'extrĂȘme droite, ainsi que des actions diverses telles que des campagnes sur les rĂ©seaux sociaux, permettent de contourner les mĂ©dias de masse afin de diffuser des thĂ©matiques classiques de l'extrĂȘme droite comme l'opposition Ă  l'immigration, Ă  l'Union europĂ©enne, au mariage homosexuel et aux mĂ©dias et de propager des idĂ©es comme le racisme, l'antisĂ©mitisme, l'antisionisme, l'islamophobie, l'homophobie, le nĂ©gationnisme, le nĂ©onazisme ou l'antifĂ©minisme, cette derniĂšre idĂ©ologie servant aussi de canal de recrutement.

Utilisant souvent la dĂ©sinformation, les fausses informations, les trolls et des thĂ©ories du complot, l'extrĂȘme droite a pu par le biais d'Internet diffuser ses idĂ©es auprĂšs d'une audience grandissante.

En France, l'extrĂȘme droite sur Internet est Ă©galement appelĂ©e par certains fachosphĂšre ou rĂ©acosphĂšre et se nomme parfois elle-mĂȘme « sites de rĂ©information » ; elle couvre toutes les tendances de l'extrĂȘme droite.

Historique

Aux États-Unis, les premiers Ă©changes recensĂ©s de transfert de donnĂ©es informatiques par l'extrĂȘme droite passent par des Ă©changes de courrier Ă©lectronique couplĂ©s Ă  des bulletin board systems. Ces systĂšmes sont utilisĂ©s pour crĂ©er des forums numĂ©riques, mais aussi pour diffuser des informations personnelles sur des opposants politiques, et inciter Ă  des actions violentes Ă  leur encontre. En 1984, Tom Metzger, un ancien membre du Ku Klux Klan fondateur du mouvement nĂ©o-nazi White Aryan Resistance (WAR), crĂ©e le premier de ces BBS, proposant des textes, programmes et messageries racistes. Peu de temps aprĂšs, Louis Beam, responsable des actions paramilitaires au sein du KKK et reprĂ©sentant des Aryan Nations, une organisation prĂŽnant la haine et la violence, organise la mise en rĂ©seau de BBS racistes. Ce rĂ©seau permet Ă  leurs membres de partager l'actualitĂ© de leurs actions, et d'accĂ©der Ă  des listes de personnes Ă  assassiner.

En Allemagne, le Thule-Netz (rĂ©seau ThulĂ©) dĂ©couvert en 1993 offre une interconnexion Ă  1 500 activistes. Il leur propose un Ă©change d'« informations, dates, plans de bombes, cibles potentielles, photos et coordonnĂ©es de militants antifascistes ». À l'exception du premier BBS nĂ©gationniste crĂ©Ă© en 1991 Dan Gannon, le Banished CPU, dont les tracts sont Ă  vocation externe, les autres rĂ©seaux sont principalement utilisĂ©s comme des outils de communication interne, et n'ont pas vocation Ă  ĂȘtre connus de l'extĂ©rieur[1] - [2].

Karmasyn et Panczer[1] - [3] font remonter à 1995 la création de Stormfront, premier site néo-nazi fondé par Don Black, un ancien membre du Ku Klux Klan.

Luca Tateo travaille sur les « environnements de communication informatisĂ©s » et analyse le rĂ©seau des sites web appartenant Ă  l'extrĂȘme droite italienne. Il relĂšve que, selon Evans et al.[4] les annĂ©es 1995-2005 ont connu une croissance de l'activisme politique et de la visibilitĂ© mĂ©diatique de l'extrĂȘme droite, menant au succĂšs de partis tels que le Front national en France, le FPÖ en Autriche, la Liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas et le Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate de Russie de Vladimir Jirinovski.

Approche académique : enjeu des études

Pour Lucile Mera, dans l'ouvrage dirigĂ© par Birgitta Orfali[5], l'extrĂȘme droite sur Internet fait l'objet de nombreuses publications. Les sources acadĂ©miques reprennent l'utilisation d'internet comme mĂ©dia vecteur de militantisme, et les particularitĂ©s sociales, psychologiques sĂ©miotiques ou linguistiques qui s'y rattachent. Elles Ă©tudient autant les courants de l'extrĂȘme droite participant au processus parlementaire, que ses composantes les plus radicales telles que les mouvements nĂ©o-nazis. D'autres publications, plus populaires, rendent compte de l'utilisation d'Internet par diffĂ©rents mouvements de l'extrĂȘme droite. Selon Lucile Mera, Internet reprĂ©sente pour les diffĂ©rentes familles de l'extrĂȘme droite en France un outil structurant : « la communautĂ© de l'extrĂȘme droite est fortement structurĂ©e autour de blogs populaires selon l'idĂ©ologie dominante des familles qu'ils incarnent », les principaux Ă©tant celui du Bloc identitaire, Le Salon beige ou encore Novopress[5].

L'expression globalisante « fachosphĂšre »[6] ou encore « rĂ©acosphĂšre » aussi utilisĂ©e pour dĂ©signer ces blogs recouvre diffĂ©rentes tendances au sein de l'extrĂȘme droite (le plus cĂ©lĂšbre Ă©tant François Desouche)[5], et mĂȘme « une vĂ©ritable nĂ©buleuse de tendances » pour Marc Jacquemain et FĂ©dĂ©ric Claisse[7]. Pour David Doucet, l'appellation « fachosphĂšre » n'est pas scientifique[8]. Terme « assez pĂ©joratif », il englobe des « myriades de sites » qui sont loin de partager la mĂȘme idĂ©ologie. Leur seul unitĂ© serait « leur opposition commune aux mĂ©dias » et une « dĂ©nomination imprĂ©cise et reniĂ©e par tous ceux qu’elle dĂ©signe Â»[8]. Ces sites se dĂ©finissent souvent comme « rĂ©infosphĂšre »[9] ou « patriosphĂšre »[10].

Les recherches sur les courants d'extrĂȘme droite sur Internet rĂ©pondent Ă  plusieurs enjeux :

  • valider, invalider ou dĂ©finir les limites de la notion. C'est rĂ©pondre Ă  la question : peut-on rĂ©ellement parler d'une extrĂȘme droite globalisĂ©e sur Internet ? Internet est-il utilisĂ© Ă  usage interne de chaque sous-mouvement ou participe-t-il Ă  la construction d'un rĂ©seau national ou international ? Les rĂ©seaux observĂ©s sont-ils reprĂ©sentatifs, sur-reprĂ©sentatifs ou sous-reprĂ©sentatifs des mouvements d'extrĂȘme droite hors internet ?
  • comprendre, pour des fins politiques ou ethnographiques, les stratĂ©gies mises en Ɠuvre, et parmi les objectifs possibles d'utilisation d'Internet, ceux qui sont privilĂ©giĂ©s ;
  • valider des modĂšles d'Ă©tudes pour les transposer Ă  l'analyse d'autres rĂ©seaux sociaux.

Pour Tateo, l'extrĂȘme droite constitue un « laboratoire idĂ©ologique » intĂ©ressant pour les tenants de la recherche en psychologie sociale. Elle doit toutefois s'additionner Ă  d'autres champs de recherche pour ĂȘtre effective[11].

Segmentation

L'expression « extrĂȘme droite » est employĂ©e en sciences politiques, mais les dĂ©limitations du concept sont discutĂ©es par certains auteurs et la qualification est rejetĂ©e par la plupart des militants concernĂ©s[12], son emploi Ă©tant jugĂ© rĂ©ducteur, fourre-tout, disqualifiant ou polĂ©mique[13]. Toutefois, dans la mesure oĂč l'expression est employĂ©e couramment, les chercheurs se basent sur les qualifications existantes et diffusĂ©es pour circonscrire leur pĂ©rimĂštre d'Ă©tudes. Quasiment tous relĂšvent la nĂ©cessitĂ© de segmenter la mouvance d'extrĂȘme droite, puisqu'analyser le phĂ©nomĂšne nĂ©cessite de valider ou d'invalider l'existence de relations au sein d'une juxtaposition de familles ou de groupuscules prĂ©sentant des traits, des modes d'actions, des objectifs et des idĂ©ologies diffĂ©rentes. Tateo en Italie, Caiani et Parenti en Espagne[14], se basent sur la segmentation mise en place par Burris, en y effectuant des regroupements (pour Caiani) ou des sur-segmentations (pour Tateo). Tateo distingue ainsi, parmi les sites prĂ©-identifiĂ©s comme Ă©tant d'extrĂȘme droite, ceux relevant :

  • de groupes musicaux, Ă©diteurs, fanzines et portails musicaux ;
  • de nostalgiques du fascisme ;
  • de groupes Skinhead ;
  • de sites rĂ©visionnistes et nĂ©gationnistes ;
  • de sites catholiques traditionalistes, de groupes New Age ou nĂ©o-mystiques ;
  • de sites nĂ©o-nazis ;
  • de sites d'Ă©diteurs, de critiques, ou sites commerciaux vendant des livres ou des produits dĂ©rivĂ©s ;
  • de sites de partis ou mouvements politiques, participant publiquement au dĂ©bat politique, ainsi que les associations de jeunes rattachĂ©es Ă  ces partis ;
  • de sites militaria ;
  • de sites nationalistes-rĂ©volutionnaires faisant rĂ©fĂ©rence au mouvement nĂ©o-fasciste et agissant hors du dĂ©bat parlementaire ;
  • d'autres sites inclassables[11].

Utilisation des trolls

Le journal Le Monde publie en 2017 une sĂ©rie d'articles intitulĂ©e Dans la galaxie des trolls d’extrĂȘme droite, s'intĂ©ressant au militantisme d'extrĂȘme droite sur internet. Les articles mettent en lumiĂšre une communautĂ© de militants français se regroupant notamment sur les forums du site Jeuxvideo.com. Ceux-ci sont dĂ©crits comme les nouveaux « colleurs d’affiches » du Front national, des militants souvent hors les murs, guĂšre encartĂ©s, mais trĂšs actifs[15]. Ils se caractĂ©risent par des codes particuliers prenant la forme d'un humour corrosif, de mĂšmes et d'un langage dĂ©calĂ© et peu comprĂ©hensible pour le nĂ©ophyte, remplaçant par exemple les termes « noirs et arabes » par « noix et arbres »[16]. Cette culture fermĂ©e aux non-initiĂ©s permet non seulement de rendre illisible l'engagement politique de ces trolls aux yeux de leurs adversaires mais aussi de crĂ©er une forme de cohĂ©sion de cette communautĂ© anonyme oĂč l'individu n'est dĂ©fini qu'au travers d'un pseudo, changeant souvent au rythme des bannissements. Ainsi lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de 2016, le mĂšme Pepe the Frog devient une figure rassemblant l'extrĂȘme droite sur Internet. Le 16 janvier 2017, Florian Philippot, vice-prĂ©sident du FN, place une apparition discrĂšte du visage d'El Risitas dans l'une de ses vidĂ©os sur sa chaĂźne YouTube[17] en clin d’Ɠil aux forums de Jeuxvideo.com connus pour leur dynamique ultradroitiĂšre.

La culture spécifique de ces réseaux sociaux participe à établir une forme de filtrage social qui isole ces communautés. Les nouveaux venants sont soumis à une forme de pression sociale, parfois violente, en raison de leur méconnaissance de ces codes[18]. Il en résulte un apprentissage nécessaire des normes implicites de cette communauté et un sentiment d'appartenance qui agit comme un véritable ciment social, augmentant le capital social des utilisateurs qui se sentent alors plus proches des autres membres[19].

L'action de ces communautĂ©s prend la forme d'attaques organisĂ©es et ciblĂ©es. En fĂ©vrier 2017, le journal LibĂ©ration suit une opĂ©ration Twitter visant Ă  dĂ©stabiliser le candidat Emmanuel Macron en crĂ©ant un hashtag et des images critiquant des citations ou l'historique du candidat[20]. Le sarcasme et l'humour inhĂ©rents au troll permet d'Ă©viter que les messages soient modĂ©rĂ©s et de concentrer l'attention des lecteurs sur des faits qui soutiennent leurs positions, faits souvent donnĂ©s comme Ă©touffĂ©s par les mĂ©dias traditionnels. Ainsi, ces actions peuvent ĂȘtre prĂ©sentĂ©es comme une tentative de rĂ©information.

Codes

L'Anti-Defamation League alimente une base de donnĂ©es sur les codes et symboles haineux utilisĂ©s par l'extrĂȘme droite. Un exemple en est la triple parenthĂšse ((())) : l'insertion d'un nom de famille dans une triple parenthĂšse souligne la judĂ©itĂ© de la personne. Elle est utilisĂ©e par l'extrĂȘme droite de tendance nĂ©onazie sur Internet, partisans de Donald Trump et l'alt-right, aprĂšs une premiĂšre utilisation sur le podcast Daily Shoah du blog antisĂ©mite Right Stuff[21] - [22].

DĂ©sinformation

Le Figaro cite de nombreux exemples d'utilisations de fake news: Alex Jones et son site InfoWars aux États-Unis, qui a participĂ© Ă  la thĂ©orie du complot du Pizzagate contre Hillary Clinton, ou Breitbart News de Stephen Bannon qui a diffusĂ© des fausses informations sur des Ă©meutes de rĂ©fugiĂ©s. « Les sites de propagande russe », Russia Today et Sputnik utilisent des fake news ainsi que la fachosphĂšre qui par exemple rebaptise Alain JuppĂ© « Ali JuppĂ© »[23] - [24]. En France, il existe plusieurs groupes Facebook trĂšs populaires diffusant massivement des fake news d'extrĂȘme droite comme « La Gauche m'a tuer », gĂ©rĂ© par Mike Borowski, lobbyiste et ancien candidat sous Ă©tiquette UMP[25] : ce site a connu Ă  son pic plusieurs dizaines de milliers d'abonnĂ©s, et gĂ©nĂ©rait un chiffre d'affaires de plus de 41 000 â‚Ź. Arte dans un dĂ©sintox, montre l'utilisation de fake news par l'extrĂȘme droite amĂ©ricaine et l'Alt-right qui transforme par exemple une vidĂ©o d'un dĂ©filĂ© religieux chiite en manifestation de rĂ©fugiĂ©s qui rĂ©clament la charia en Angleterre, avec pour but de provoquer une sensation de menace de l'Islam sur l'Europe et les États-Unis[26]. En France, Marine Le Pen propage la fake news en plein dĂ©bat prĂ©sidentiel avec Emmanuel Macron d'un compte de ce dernier au paradis fiscal des Bahamas. L'information, apparue sur 4chan, est « relayĂ©e par des comptes amĂ©ricains pro-Trump, (...) importĂ©e en France par des comptes proches de la propagande russe (RT/Sputnik) » et la rumeur devient « officielle » lorsque Marine Le Pen l'Ă©voque pendant le dĂ©bat. Les faux documents apparaissent avant le dĂ©bat sur les forums de discussion privĂ©s « oĂč les cybermilitants de Marine Le Pen coordonnent leurs attaques numĂ©riques et partagent leurs "fausses informations" ». Militants qui d'ailleurs « Ă©mettent eux-mĂȘmes des doutes sur la fiabilitĂ© du document »[27].

Selon le quotidien LibĂ©ration, Boulevard Voltaire, comme d'autres membres moins Ă©minents de la fachosphĂšre, s'est livrĂ© Ă  plusieurs reprises Ă  de la dĂ©sinformation et aux fake news, relayant par exemple une « intox » concernant une fausse nouvelle taxe sur les familles, une citation inventĂ©e de Bernard Cazeneuve sur les racines chrĂ©tiennes de la France, et Ă©galement de nombreuses dĂ©sinformations de droite et d'extrĂȘme droite comme l'intoxication de droite fustigeant le « laxisme de Christiane Taubira » qui aurait « facilitĂ© la fuite » de 236 dĂ©tenus (alors que la loi en question, sur les permissions, est antĂ©rieure au mandat de la ministre). De plus, LibĂ©ration s'amuse que le site Boulevard Voltaire reconnaisse lui-mĂȘme en 2017 que sa « famille de pensĂ©e » est « le groupe social qui diffuse le plus de fausses nouvelles ». Robin de La Roche, dans un article du site, dĂ©clare qu'il n’y a que dans les rĂ©seaux « de droite » que l’on trouve « un tel salmigondis d’idioties, de rumeurs infondĂ©es, de mĂ©langes honteux, bref, de fausses informations ». Il cite par exemple « une rumeur complĂštement idiote sur l’« oreillette » qu’aurait portĂ©e Emmanuel Macron, lors du dĂ©bat prĂ©sidentiel. Ridicule bĂȘtise fondĂ©e sur une photo du cartilage de son oreille »[28].

Analyse des contenus contre analyse des réseaux sociaux

L'Ă©tude de l'extrĂȘme droite sur Internet peut s'effectuer par deux approches concurrentes ou complĂ©mentaires. L'analyse des rĂ©seaux sociaux, telle que pratiquĂ©e et prĂ©conisĂ©e par Burris et al.[29], ou l'analyse des contenus, qui Ă©tudie aussi bien la sĂ©mantique employĂ©e, que la sĂ©miologie.

Analyse des réseaux sociaux

Pour Burris, elle se base sur une étude statistique de l'intensité des hyperliens, entrants et sortants, au sein de sous-groupes identifiés, entre les sous-groupes, et sont comparés avec des données de l'intensité moyenne sur Internet[30]. Elle peut se compléter d'une étude des centralités (existe-t-il des sous-groupes centralisant et répercutant les idées des différents sous-groupes ?)[31].

Analyse des contenus

C'est le type d'analyse retenue par exemple par Norman Fairclough[32], ou sur laquelle s'appuient des linguistes ou la doctorante en gĂ©opolitique, Delphine Iost, lorsqu'elle explore le discours de l'extrĂȘme droite en Allemagne[33].

En analysant les contenus de sites web et de forums dans les cas du négationnisme et de l'antisémitisme, Gilles Karmasyn fait ressortir les stratégies utilisées par leurs auteurs dans des buts de propagande[1]. La premiÚre consiste dans une forme de flooding, à savoir la diffusion systématique des thÚses défendues. Le préalable est un repérage de tous les forums de discussion sur Usenet ou Internet ayant un rapport avec le sujet traité (négation de la Shoah, du génocide arménien), soit par scrutation des thÚmes abordés, soit par repérage de mots-clés[34]. La littérature correspondante est alors systématiquement postée sur ces sites et forums, déclenchant quelquefois des réactions de rejet lorsque ces envois sont trop insistants.

Une seconde technique, apparentĂ©e au trollage, particuliĂšrement valable pour les pays oĂč le nĂ©gationnisme est condamnĂ©, ou lorsque l'environnement est hostile Ă  ces thĂšses, consiste Ă  agir sous forme d'insinuations, ou de questions pseudo-naĂŻves. Par exemple, on s'interrogera sur le nombre de juifs exterminĂ©s pendant la Shoah, en arguant que le dĂ©bat existe, et qu'il est donc lĂ©gitime Ă  un citoyen moyen d'en discuter pour se forger une opinion. Ce type de procĂ©dĂ© rhĂ©torique se rapproche de ce qu'Eberhard JĂ€ckel avait analysĂ© comme une « misĂ©rable pratique de l'insinuation » dans le contexte de la « querelle des historiens »[35].

La troisiÚme stratégie consiste à multiplier les sites et contenus, en veillant à la présence de mots-clefs que pourrait rechercher un public non averti, typiquement des lycéens. Cela permet, via les systÚmes de référencement, d'attirer un large public via les moteurs de recherche. Ainsi, selon Karmasyn, la recherche de mots clés comme « chambres à gaz », « génocide juif », via la version internationale du moteur de recherche Altavista, amÚne pour les pages francophones une majorité de sites négationnistes[36].

Terrorisme

Selon Marianne, « de Brenton Tarrant, auteur de l'attentat de Christchurch en Nouvelle-ZĂ©lande le 15 mars, John T. Earnest, suspect de la tuerie de la synagogue de Poway, en Californie le 27 avril, un mouvement de radicalisation de jeunes hommes blancs surgit des bas-fonds d'Internet » au travers de sites, blogs et forum d'extrĂȘme droite. Selon SĂ©raphin Alava, professeur d’universitĂ© et membre de la chaire UNESCO de prĂ©vention de la radicalisation et de l'extrĂ©misme violent un « mimĂ©tisme se met en place, amplifiĂ© par la couverture mĂ©diatique qui est donnĂ©e Ă  l'Ă©vĂ©nement » et « il y a la mĂȘme logique dans le processus de recrutement djihadiste que dans celui de l'extrĂȘme droite aujourd'hui. Pour l'un comme pour l'autre, Internet permet de diffuser une idĂ©ologie, de provoquer une adhĂ©sion avant un passage Ă  l'acte »[37].

Antiféminisme

MĂȘme si l'antifĂ©minisme n'est pas une rhĂ©torique exclusive Ă  l'extrĂȘme droite, elle constitue une porte d'entrĂ©e des sites internet. Les sites dits de la « manosphĂšre » constituent de bons outils de recrutement, permettant de basculer ensuite vers le racisme. Dans plusieurs pays, les propos sexistes sont en effet plus facilement tolĂ©rĂ©s que les propos racistes. De plus, selon Helen Lewis, « l'idĂ©ologie antifĂ©ministe a la capacitĂ© de devenir une thĂ©orie du complot Ă  360 degrĂ©s, similaire au type d'idĂ©es antisĂ©mites qui fleurissent en ligne. » et les discours antifĂ©ministes peuvent servir d'exutoire Ă  des difficultĂ©s relationnelles en rejetant sur « les femmes » la responsabilitĂ© de ces difficultĂ©s. L'une des raisons de cette proximitĂ© est un intĂ©rĂȘt commun au contrĂŽle de la sexualitĂ© des femmes, et en premier lieu des femmes blanches, Ă©lĂ©ment vital pour prĂ©server l'avenir du suprĂ©macisme blanc[38].

Par pays et langues

Espagne

Le cas de l'Espagne a Ă©tĂ© analysĂ© par Manuela Caiani et Linda Parenti en 2011, avec l'Ă©tude de 90 sites. Par rapport au reste de l'Europe, l'utilisation d'Internet par l'ensemble de la population y est plus faible. Il en est de mĂȘme de la population adhĂ©rant Ă  des idĂ©es d'extrĂȘme droite. Dans les derniĂšres dĂ©cennies, l'Espagne a comptĂ© trois principaux partis d'extrĂȘme droite (les phalangistes, le Front national (es) et les Forces nouvelles) et une multitude petits partis, actifs surtout au niveau local, avec des sous-mouvements culturels trĂšs divisĂ©s entre eux. La perte d'audience des trois principaux partis est attribuĂ© par Casals[39] Ă  l'incapacitĂ© de ces partis Ă  proposer une structure organisationnelle et une idĂ©ologie stable. Globalement, l'utilisation d'Internet par l'extrĂȘme droite espagnole se prĂ©sente, avec un niveau faible, comme une exception en comparaison des pratiques constatĂ©es dans les autres pays europĂ©ens.

La fonction informative, avec une rubrique « qui sommes-nous » prĂ©sente sur 72 % des sites, ne permet pas de clarifier le paysage politique. Par exemple, les Forces nouvelles se prĂ©tendent hĂ©ritiĂšre de l'historique Fuerza Nueva, revendication contestĂ©e par plusieurs autres mouvements. Les rubriques prĂ©sentant les objectifs et la « mĂ©moire collective », propre Ă  renforcer le sentiment d'appartenance au groupe, sont relativement absentes (avec respectivement 32 % et 12 % des cas). Il en est de mĂȘme des infolettres, forums et chats en ligne rĂ©pertoriĂ©s sur 10 %, 19 % et 14 % des sites analysĂ©s. L'offre d'articles, prĂ©sent sur la moitiĂ© des sites, est rĂ©partie Ă©quitablement entre relais d'informations issues d'autres sites (articles politiques ou gĂ©nĂ©raux issus de sites de TV ou journaux) et dossiers ou articles rĂ©digĂ©s en interne.

La fonction de propagande, avec analyse de rĂ©fĂ©rences bibliographiques et renvois vers la littĂ©rature idĂ©ologique, n'est prĂ©sente que dans un tiers des cas. L'analyse des liens entrants et sortants, avec une moyenne de 4, et une distance moyenne entre organisations de 2,98 indique la faible interconnexion de l'extrĂȘme droite espagnole, y compris avec l'Ă©tranger. Les trois groupes dominants en termes d'inter-relations (« clusters ») sont celui de la « culture jeune » (groupes musicaux et skinheads), un groupe composite rassemblant nĂ©o-nazis, ultra-nationalistes et organisations culturelles, et enfin le groupe des partis politiques, qui « n'Ă©merge pas comme Ă©tant l'acteur le plus central du rĂ©seau ».

La fonction de mobilisation, lorsqu'elle existe, soit dans un quart des cas, se concentre surtout sur les campagnes rĂ©elles ou en ligne initiĂ©es par les sites eux-mĂȘmes, et rarement (3,4 %) pour promouvoir l'activitĂ© d'autres sites. Les campagnes d'action recensĂ©es privilĂ©gient l'immigration, la dĂ©fense du territoire national face aux revendications indĂ©pendantistes et l'opposition Ă  l'UE[14].

Allemagne

Reconquista Germanica

Francophonie

L'extrĂȘme droite sur Internet en France est Ă©galement appelĂ©e par les mĂ©dias[40] - [41] - [42], experts[43] - [44] et universitaires[45] - [46] « fachosphĂšre » ou « rĂ©acosphĂšre »[47]. La « fachosphĂšre » est dĂ©finie par Le Monde comme « une nĂ©buleuse de sites, de comptes sur les rĂ©seaux sociaux, visant Ă  diffuser de la « rĂ©information », en clair de la propagande allant dans le sens des militants qui les animent. »[48]

Les sites les plus souvent inclus par les mĂ©dias sont ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation, Novopress, Fdesouche, PolĂ©mia, Nouvelles de France[49], Riposte laĂŻque[50], Medias-presse.info, Dreuz.info, 24heuresactu, LesObservateurs.ch[51], Le Salon beige[52], La gauche m'a tuer[53], europe-israel.org[54], Breizh-Info[48], Contre-info, Nations presse info liĂ© au Front national[55], et Boulevard Voltaire[56]. Selon la spĂ©cialiste de la Russie Anne Nivat analysant les mĂ©dias pro-russes Sputnik et Russia Today : « les Russes veulent incarner l'alternative dans chaque pays oĂč ils s'implantent et en France, l'alternative selon eux c'est de relayer les thĂšses de la droite dure »[57]. Selon Tristan MendĂšs France, spĂ©cialiste des nouveaux usages numĂ©riques et enseignant au Celsa, Ă  la suite des manifestations « Unite the Right » Ă  Charlottesville qui ont provoquĂ© un « mĂ©nage Â» (interdictions ou dĂ©rĂ©fĂ©rencements de sites de personnalitĂ©s de l'ED) par les rĂ©seaux sociaux occidentaux, une partie de la fachosphĂšre française dont DieudonnĂ©, Boris Le Lay et Alain Soral imite l’alt-right amĂ©ricaine et migre ses comptes sur les rĂ©seaux sociaux russe, ce qui selon MendĂšs France est une posture expliquĂ©e par « la fascination de ces internautes pour le rĂ©gime russe et Vladimir Poutine Â» et par la « mansuĂ©tude des autoritĂ©s russes, qui voient d’un bon Ɠil l’arrivĂ©e de ces ennemis autoproclamĂ©s de l’Occident »[58]. Certains sites de la « fachosphĂšre » dont Fdesouche, Riposte laĂŻque ou encore DĂ©mocratie participative sont hĂ©bergĂ©s dans des pays Ă©trangers afin d’échapper aux poursuites judiciaires pour diffamation ou incitation Ă  la haine raciale[59] - [60]. Le site ouvertement raciste et antisĂ©mite DĂ©mocratie participative, qui acquiert une place de plus en plus importante au sein de la « fachosphĂšre Â» française Ă  partir de 2018 est interdit par la justice française en novembre 2018 : il doit alors changer plusieurs fois d'URL pour Ă©viter d'ĂȘtre bloquĂ©[61].

L'extrĂȘme droite française sur Internet est reprĂ©sentĂ©e par plusieurs figures : Alain Soral, Henry de Lesquen, Jean-Yves Le Gallou, Boris Le Lay, HervĂ© Ryssen, DieudonnĂ©, Daniel Conversano.

Pour les journalistes Abel Mestre et Caroline Monnot du Monde, l'extrĂȘme droite francophone est composĂ©e de diffĂ©rents courants ou familles : les nĂ©oconservateurs qui sont Ă  la frontiĂšre entre la droite et l'extrĂȘme droite, "ultralibĂ©raux" souvent proche des idĂ©es de Ronald Reagan, partisans du choc des civilisations, de la politique de la droite israĂ©lienne qu'ils considĂšrent comme un rempart contre l'islam. Les identitaires ethno-diffĂ©rencialistes, dont fait partie le Bloc identitaire opposĂ©s au mĂ©tissage, viscĂ©ralement anti-islam et pour une Europe blanche qui sont les plus actifs mais avec le moins de passerelles vers d'autres tendances. Les Nationalistes rĂ©volutionnaires dont fait partie ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation et les sites liĂ©s au Front National, qui sont nationalistes, anticapitalistes mais sans lutte des classes, anticommunistes, antisionistes, antiamĂ©ricanistes par anti-cosmopolitisme et antilibĂ©ralisme. Enfin, les catholiques traditionalistes et intĂ©gristes, peu nombreux mais influents, dont fait partie le Salon Beige. Leur idĂ©ologie diverge mais ils ont en commun l'homophobie, l'opposition Ă  Vatican-II, Ă  l'avortement, Ă  l'euthanasie et sont antirĂ©publicains. Certains sont antisĂ©mites comme Contre-info.com, liĂ© au Renouveau français, « un groupuscule contre-rĂ©volutionnaire, pĂ©tainiste et antisĂ©mite »[55]. D'autres sites de l'extrĂȘme droite identitaire comme Rhone-Alpes Info, Lengadoc Info, Breizh-Info, Nord Actu, Infos Toulouse, Infos Bordeaux, Paris Vox, Nice Provence existent au niveau rĂ©gional, quasiment un par rĂ©gion française, et sont liĂ©s aux sites nationaux ou aux mouvements politique d'extrĂȘme droite. Le but de ces sites souvent faux-nez est, selon Le Monde, de « faire masse et tromper le public » qui cherche une info locale en gonflant les rĂ©sultats de recherches sur les thĂšmes classiques de l'extrĂȘme droite : immigration, islam, insĂ©curitĂ©, etc[48]. Selon Le Monde, « l’extrĂȘme droite essaie d’imiter le Canal+ des annĂ©es 1980 », notamment les jeunes du Front National. Par exemple en proposant des mascottes supposĂ©ment sympathiques comme Pepe the Frog, des blagues incisives et de l'insolence[62].

Selon une cartographie Ă©tablie par Linkfluence en partenariat avec Le Monde, la gauche domine la blogosphĂšre mais la place de l'extrĂȘme droite reste importante. La « rĂ©acosphĂšre » est organisĂ©e autour de sites principaux et divisĂ©e en familles telles que le Front national, les identitaires ou les catholiques traditionalistes mais les blogs sont liĂ©s les uns aux autres avec parfois des liens sur les extrĂ©mitĂ©s de la droite classique comme la Droite populaire[63]. Le site « Transeuropeextremes.com » actualisĂ© par les Ă©tudiants de l'École supĂ©rieure de journalisme de Lille a repĂ©rĂ© en 2011 en France 377 sites ou blogs. Le sociologue Yannick Cahuzac analyse que les mouvances sont regroupĂ©es par thĂšme « en fonction de l’ennemi » : islam, Juifs, multiculturalisme, libertaires, mondialisme, Ă©lites, etc., la lutte contre l'islamisation Ă©tant le thĂšme le plus en augmentation[50]. Les sites d’extrĂȘme droite sont des initiatives individuelles et ne sont pas crĂ©Ă©s par un parti politique comme le Front National avec lequel ils peuvent entrer en conflit, tout en partageant avec lui une idĂ©ologie antilibĂ©rale[43].

La Radio-tĂ©lĂ©vision belge de la CommunautĂ© française (RTBF) analyse leurs mĂ©thodes : « ils ne semblent obsĂ©dĂ©s que par un sujet : les islamistes et par extension, l’islam, les musulmans, les immigrĂ©s. L’amalgame est au cƓur de leur stratĂ©gie. [
] Ce qui est compliquĂ© avec ces sites, c’est qu’ils relaient de fausses infos comme des vraies. Ils recyclent les dĂ©pĂȘches, les rumeurs, les vidĂ©os YouTube et mĂȘme des articles de sites parodiques. En clair, ils se servent de tout ce qui peut nourrir leurs thĂšses et leurs objectifs politiques. Ce mĂ©lange des genres entretient la confusion et les articles sont partagĂ©s par nombre d’internautes, eux-mĂȘmes dupĂ©s » et met en garde contre des photos systĂ©matiquement truquĂ©es ou manipulĂ©e, comme en 2015 sur la crise migratoire en Europe[51]. Pour le philosophe et essayiste Vincent Cespedes, « Les dĂ©rives de la fachosphĂšre ? Une marque, lĂ  encore. On jouit de la transgression vacharde, du racisme dĂ©guisĂ© en blagues, de la prĂ©tendue « bien-pensance » taillĂ©e en piĂšces par des thĂšses obscĂšnes et toxiques »[46]. Pour le politologue Rudy Reichstadt[64], animateur du site Conspiracy Watch et spĂ©cialiste des thĂ©ories du complot, les sites qui tournent autour de DieudonnĂ© et Alain Soral sont les plus productifs en ce qui concerne la diffusion de rumeurs conspirationnistes depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, disant que les attentats ont Ă©tĂ© organisĂ©s par les services secrets français, le Mossad ou la CIA[65].

Ces sites se nomment eux-mĂȘmes « sites de rĂ©information », concept d'extrĂȘme droite thĂ©orisĂ© par Henry de Lesquen, et repris par Jean-Yves Le Gallou[66]. Certains sont proches de l'extrĂȘme droite, comme Dreuz.info ou Boulevard Voltaire fondĂ© par Robert MĂ©nard. Ces sites ont rĂ©pandu des idĂ©es comme celle du grand remplacement. Le site ÉgalitĂ© et RĂ©conciliation d'Alain Soral est le plus lu et a une audience plus grande que celle d'Atlantico mais est encore loin de celle des mĂ©dias comme Le Figaro, Le Monde ou L'Express auxquels ces sites vouent une « haine fĂ©roce » selon L'Express[67] les qualifiant parfois de « "merdia", bien pensant, politiquement corrects »[51]. Selon Le Monde, les sites de droite ou d’extrĂȘme droite penseraient qu'il existe « un pacte secret » entre les mĂ©dias et le pouvoir politique qui s'est amplifiĂ© avec l'opposition au mariage homosexuel en France[68].

La web-tĂ©lĂ© TV LibertĂ©s fondĂ©e en 2014 par d'anciens cadres du Front national dont Martial Bild et Jean-Yves Le Gallou ou de Bloc identitaire est devenue le reflet tĂ©lĂ©visuel de Radio Courtoisie avec une ligne Ă©ditoriale identitaire[69]. L'ancien militant nĂ©gationniste Tristan Mordrelle est chargĂ© de lever des fonds pour la chaĂźne[70]. Jean-Yves Le Gallou a Ă©galement lancĂ© l'Observatoire des journalistes et de l'information mĂ©diatique en 2012, considĂ©rĂ© comme « un Acrimed d'extrĂȘme droite »[71]. La plupart de ces sites participent Ă  la cĂ©rĂ©monie des Bobards d'or organisĂ©e par PolĂ©mia, dont le prĂ©sident est Jean-Yves Le Gallou. Selon France Inter, « En fait, sous couvert de « rĂ©-information », on a une presse d’opinion, d’extrĂȘme droite, qui sape la lĂ©gitimitĂ© des mĂ©dias et prospĂšre sur Internet »[72]. Pour Tristan MendĂšs France, enseignant en cultures numĂ©riques Ă  l'universitĂ© Sorbonne Nouvelle, ces critiques essayent de « discrĂ©diter les journalistes. En optant pour un discours de l'alternative, ils s'assurent les faveurs d'un public déçu ou mĂ©fiant des mĂ©dias traditionnels ». Pour Dominique Albertini, auteur de l'ouvrage La FachosphĂšre, « la "rĂ©information" est avant tout un concept marketing car la plupart de ces mĂ©dias sont des mĂ©dias d'opinion »[57]. Pour Jean-Marie Charon, sociologue des mĂ©dias, « de l'avĂšnement de la tĂ©lĂ©vision jusque dans les annĂ©es 1990, les courants minoritaires dont l'extrĂȘme droite n'ont plus eu accĂšs Ă  la tĂ©lĂ© officielle », ils ont « profitĂ© de l'essor du numĂ©rique pour lancer leur propre plateforme d'information »[57]

Le professeur en sciences de l'information Ă  l'universitĂ© PanthĂ©on-Assas Arnaud Mercier analyse une affaire oĂč la fachosphĂšre essayĂ© dĂ©but 2017 d'impliquer Arnaud Montebourg dans une histoire de pĂ©dophilie en Angleterre, Ă  laquelle est liĂ© un de ses anciens collaborateurs, membre fondateur de Terra Nova, directeur gĂ©nĂ©ral des actions europĂ©ennes de la sociĂ©tĂ© d'investissement Monument Capital Group Holdings LLC[45]. La fachosphĂšre essaye de faire croire, selon Sylvain Chazot du Lab d'Europe 1, que celui-ci est un membre de l'Ă©quipe de campagne, le site Fdesouche affirme Ă©galement au dĂ©but qu'il est toujours conseiller de Montebourg[45], le tout avec la soi-disant complicitĂ© des mĂ©dias français qui ont relayĂ© l'info plus d'un mois aprĂšs les mĂ©dias anglais : « On est dans le cas typique de la maniĂšre dont la fachosphĂšre s'organise et dans la rhĂ©torique de rĂ©information qu'elle porte : l'idĂ©e qu'on nous cache des choses et qu'il y a une forme de complot. Ça n'a rien d'exceptionnel [
] Les rĂ©seaux sociaux sont utilisĂ©s comme un contre-espace public. Puisque l'espace public et mĂ©diatique est estimĂ© non lĂ©gitime et cache la question, il faut faire feu de tout bois pour en parler. On voit dans un certain nombre de tweets que ça s'accompagne de tout un discours d'incitation de la part de la fachosphĂšre qui comprend des sites comme Fdesouche ou des soutiens de Marine Le Pen. Ils se relaient beaucoup. Ils savent que ça peut attirer un niveau de visibilitĂ© tel que les mĂ©dias ne pourront ĂȘtre qu'obligĂ©s d'en parler. » Pour lui, « on voit bien l'intĂ©rĂȘt de la fachosphĂšre de dĂ©stabiliser un candidat de gauche. Pour eux, la valeur de l'information est trĂšs claire alors que, du point de vue mĂ©diatique, c'est un non-sujet. Ça arrive Ă  des tas de personnes dont on ne parle pas non plus. Il n'y a pas de raisons pour ça. Par contre, si le bras droit d'Emmanuel Macron fait ça, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r que tout le monde en parlera »[45].

L'extrĂȘme droite sur les rĂ©seaux sociaux se manifeste aussi par l'apparition d'influenceurs. Bien que ceux-ci ne se revendiquent pas toujours d'un parti politique, leurs idĂ©es sont proches de celles de l'extrĂȘme droite et leurs rĂ©fĂ©rences sont des figures politiques radicales et rĂ©actionnaires telles qu'Éric Zemmour, Alain Soral ou encore Renaud Camus. Ces influenceurs se caractĂ©risent par leur jeunesse, leur utilisation de rĂ©seaux sociaux tels que Twitter, Instagram, TikTok et Youtube. Parmi eux, Estelle RedPill et Papacito sont deux des plus connus[73].

États-Unis

Le portail Stormfront est le plus connu des racistes et suprémacistes blancs, d'abord américain mais aussi européen. Ceux-ci échangent par liste de diffusion sur des sujets liés au suprémacisme blanc, au négationnisme et à l'antisémitisme. On y trouve des membres du Ku Klux Klan et de Aryan Nations[1] - [3].

Aux États-Unis en 2017, Breitbart News, site d'extrĂȘme droite[74], rassemble prĂšs de 50 millions de visiteurs uniques ce qui en ferait l'un des premiers sites mondiaux en termes de prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux[75].

Cas particulier des sites diffusant des contenus illégaux : législations et autres mesures

Sur le plan juridique

Le deuxiĂšme alinĂ©a de l'article 10 de la Convention europĂ©enne des Droits de l'Homme donne la possibilitĂ© aux États parties Ă  la Convention de restreindre la libertĂ© d'expression dans les cas de discours d'incitation Ă  la haine. Divers cas de jurisprudence de la Cour europĂ©enne des droits de l'homme ont Ă©tĂ© traitĂ©s par application de ce paragraphe. Il est Ă©galement considĂ©rĂ© que « Les portails d’actualitĂ© sur Internet qui fournissent Ă  des fins commerciales et professionnelles une plateforme destinĂ©e Ă  la publication de commentaires du public assument les « devoirs et responsabilitĂ©s » que comporte la libertĂ© d’expression, au sens de l’article 10 § 2 de la Convention, lorsque les internautes diffusent un discours de haine ou des propos incitant directement Ă  la violence »[76]. La doctrine juridique europĂ©enne est donc fondamentalement diffĂ©rente de celle des États-Unis, inscrite dans le 1er Amendement de la Constitution. Il est donc possible en France de condamner des sites pour cause d'incitation Ă  la haine raciale ou de nĂ©gationnisme, ou en Allemagne d'en faire fermer pour nĂ©o-nazisme, en respectant le principe de proportionnalitĂ© dĂ©fini par la Convention.

Cependant, pour Alain Moreau, « jusqu’à aujourd’hui, les tentatives d’expurger Internet de ses dimensions les plus malsaines sont restĂ©es plus que thĂ©oriques »[77]. La circulation internationale rend la mise en Ɠuvre des lois nationales difficiles : un site fermĂ© dans un pays a toute possibilitĂ© de construire des sites-miroirs dans d'autres pays Ă  la lĂ©gislation moins stricte. Il en est de mĂȘme lorsqu'en vertu d'accords passĂ©s entre un hĂ©bergeur et un gouvernement, certains contenus sont censurĂ©s. Patrick Moreau rapporte le cas des FAI AOL et CompuServe, qui ont rompu en Allemagne des contrats avec des clients, clients dont les sites sont rĂ©apparus sur des serveurs amĂ©ricains, danois ou anglo-saxons. Ces difficultĂ©s sont amplifiĂ©es par des dĂ©bats sur la libertĂ© d'expression au sein mĂȘme des pays dĂ©mocratiques. Une campagne pour permettre celle-ci sans limite, sous le nom de « Blue Ribbon Campaign », et relayĂ©e au sein mĂȘme des pays prĂ©conisant des limitations Ă  cette libertĂ© d'expression, a favorisĂ© la multiplication de ce type de sites[78].

Notes et références

  1. Karmasyn G., Panczer, G., Fingerhut, M., « Le négationnisme sur Internet: GenÚse, stratégies, antidotes ». Revue d'histoire de la Shoah, 170, sept-déc. 2000 en ligne
  2. Karmasyn, 2000, chapitre 2.
  3. Karmasyn, 2000, chapitre 3
  4. Evans, J., Arzheimer, K., Baldini, G., Bjoklund, T., Carter, E., Fisher, SD, & Evaldi, G. « Comparative mapping of extreme right electoral dynamics: an overview of ereps (‘extreme right electorates and party success’) », European Political Science (2002) 1(1), 42–53. DOI 10.1057/eps.2001.11.
  5. Lucile Mera, « MĂ©dias sociaux et stratĂ©gies d'influence : regard sur l'extrĂȘme droite », dans Birgitta Orfali (dir.), La Banalisation de l'extrĂ©misme Ă  la veille de la prĂ©sidentielle : radicalisation ou dĂ©-radicalisation ?, L'Harmattan, 2012, 170 p, (ISBN 978-2296965140) [EPUB] emplacement 2145 sur 3209.
  6. Terme apparu en 2008 et dont la paternitĂ© est revendiquĂ©e par le journaliste Daniel Schneidermann. Cf. Dominique Albertini et David Doucet, La FachosphĂšre : comment l'extrĂȘme droite remporte la bataille du net, Flammarion, , 318 p. (ISBN 978-2-08-135491-3, lire en ligne), p. 11.
  7. Marc Jacquemain et Fédéric Claisse, « Que sont les fachos devenus ? », Politique, Revue de Débats, Volume/Tome : 75, (ISSN 1372-908X), p. 21.
  8. Ziad Maalouf, « De quoi la fachosphÚre est-elle le nom ? », émission Atelier des Médias avec David Doucet, Martial Bild et Louis Lorphelin, rfi.fr, 25 mars 2017.
  9. « Boulevard Voltaire, Breizh-Info... dans la tĂȘte des "rĂ©informateurs" », L'Express, .
  10. « J'ai intĂ©grĂ© le web d'extrĂȘme droite pendant un mois », Huffpost, .
  11. Tateo, 2005.
  12. Daniel Bizeul, « À propos de l'extrĂȘme droite », Mouvements, vol. 49, no 1,‎ , p. 178 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.049.0178, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Voir entre autres les critiques de Pierre-André Taguieff ou la réfutation de l'expression par le Front national.
  14. Manuela Caiani et Linda Parenti, The Spanish extreme right and the Internet, AnĂĄlise Social, vol. XLVI (201), 2011, p. 719-740 en ligne [PDF].
  15. William Audureau, « Les trolls sur Internet, nouveaux « colleurs d’affiches » du Front national », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. William Audureau et Corentin Lamy, « Petit guide pour comprendre le langage des trolls d’extrĂȘme droite », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  17. « AprĂšs MĂ©lenchon, Philippot fait de l’Ɠil au forum de Jeuxvideo.com », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. Plusieurs articles journalistiques se sont intéressés à l'étude de ces communautés de l'intérieur et font état d'une barriÚre à l'entrée demandant de connaitre une certaine culture. Exemple
  19. (en) Hanna-Kaisa Ellonen, Miia Kosonen et Kaisa Henttonen (2007) The Development of a Sense of Virtual Community
  20. Jacques Pezet, « Comment les trolls « patriotes » ont lancĂ© l’attaque #LeVraiMacron », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  21. « Pourquoi des sympathisants ou membres du printemps rĂ©publicain mettent leur nom entre plusieurs parenthĂšses sur Twitter : (((pseudo))) et qu'est-ce que cela signifie? », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  22. ChloĂ© Fiancette, « Comment la triple parenthĂšse est devenue l'arme des antisĂ©mites sur le Web », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  23. « «Fake news», un mĂȘme terme pour plusieurs rĂ©alitĂ©s », sur Le Figaro, .
  24. Gauron 2017, p. 2.
  25. « Mike Borowski, l'ancien UMP qui vit grùce aux fake news de droite de "La Gauche M'a Tuer" », sur France Inter, .
  26. Arte, ExtrĂȘme droite & fake News - DĂ©sintox, 11/9/2017
  27. Voici l'itinéraire de la fake news que propage Marine Le Pen sur le pseudo-compte de Macron aux Bahamas, Huffpost, 4/5/2017
  28. « La fachosphÚre inquiÚte de la diffusion de fake news... par la fachosphÚre », Libération, 7/5/2017
  29. Burris et al. 2000
  30. Voir aussi HW Park, Hyperlink network analysis: A new method for the study of social structure on the web, Connections, 25 ( 1 ), p. 49–61.
  31. LC Freeman, Centrality in social networks: Conceptual clarification, Social Networks, 1979, 1 ( 3 ), p. 215–239.
  32. (en) N.Fairclough (2001). The discourse of New Labour: Critical discourse analysis. In M.Wetherell, S.Taylor, & S.Yates (Eds.), Discourse as Data. A Guide for Analysis (p. 229–266). London : Sage
  33. L’extrĂȘme droite allemande : une stratĂ©gie de communication moderne, citĂ©e par B. Gillin dans ExtrĂȘme droite en Europe : une analyse gĂ©opolitique, HĂ©rodote, 2012/1 (no 144), 224 pages, Éditeur La DĂ©couverte, I.S.B.N. 9782707173218, DOI : 10.3917/her.144.0003
  34. Karmasyn note le cas d'un signataire utilisant le pseudo Turkey, en rĂ©fĂ©rence Ă  la dinde de NoĂ«l « Christmas Turkey », qui attirait systĂ©matiquement en rĂ©ponse des tracts nĂ©gationnistes sur le gĂ©nocide armĂ©nien, oĂč Ă©tait prenante la Turquie, « Turkey » en anglais.
  35. Karmasyn, 2000,chapitre 5
  36. Karmasyn, 2000,chapitre 8
  37. « Radicalisation sur Internet : “L'extrĂȘme droite met en Ɠuvre les mĂȘmes processus que le djihadisme” Â», Marianne, 7 mai 2019.
  38. (en) Helen Lewis, « To Learn About the Far Right, Start With the ‘Manosphere’ », sur The Atlantic, (consultĂ© le )
  39. CASALS, X. (1999), “La ultraderecha española: una presencia ausente (1975-1999)”. Paper presented to the Ortega y Gasset Foundation Seminar., citĂ© par Caiani et Parenti.
  40. « AprÚs «Ali Juppé», la «fachosphÚre» s'en prend à «Farid Fillon» », Le Figaro, 19 décembre 2016.
  41. « Plongée dans la fachosphÚre », Le Nouvel Observateur, 26 juillet 2012.
  42. « La fachosphÚre prend d'assaut les minarets », L'Express, 3 décembre 2009.
  43. « La FachosphĂšre, plongĂ©e dans l’extrĂȘme droite du Net », L'Opinion, 27 septembre 2016.
  44. « Øyvind StrÞmmen, né en 1980, est un journaliste norvégien, expert de la fachosphÚre qui sévit en Europe », Øyvind StrÞmmen, La Toile brune, Actes Sud, 4 avril 2012, Préface.
  45. Christophe Bejach: comment la fachosphĂšre tente de politiser un fait divers, Christophe-CĂ©cil Garnier, Slate, 6 janvier 2017.
  46. Vincent Cespedes, Oser la jeunesse, Flammarion, 2015.
  47. « Manifestation contre le mariage pour tous : la réacosphÚre sonne le tocsin dimanche », L'Humanité, 11 janvier 2013.
  48. Samuel Laurent, « Nordactu, Breizh Info, Info-Bordeaux... Les vrais faux sites d’infos locales des militants identitaires », sur lemonde.fr, .
  49. « L’extrĂȘme droite dĂ©veloppe sa critique des mĂ©dias », Les Inrocks, 19 mars 2013.
  50. « Plongée dans la fachosphÚre », Le Nouvel Observateur, 27 juillet 2011.
  51. Réfugiés: la guerre de l'info de la "fachosphÚre", RTBF, 10 septembre 2015.
  52. « La fachosphÚre vole au secours de Jean-Marie Le Pen », Les Inrocks, 9 avril 2015.
  53. gauche m'a tuer sur DĂ©codex
  54. Macron « financĂ© par l’Arabie saoudite » : une intox massivement relayĂ©e par l’extrĂȘme droite, Le Monde, 2 mars 2017.
  55. Les familles de l'extrĂȘme droite sur le Net, Le Monde, 4/7/2011
  56. « Racisme, antisémitisme, homophobie : le vrai visage des candidats FN », L'Obs, 11 mars 2015.
  57. AFP, « Ces médias à la droite de la droite qui veulent "réinformer" les Français », sur lepoint.fr, .
  58. DieudonnĂ©, Soral, Le Lay
 Pourquoi une partie de la fachosphĂšre migre sur le «Facebook russe», 20 min, 11/1/2018
  59. « La « fachosphĂšre » s’expatrie pour Ă©chapper Ă  la justice », Le Monde, 20 mai 2016.
  60. « Midi Libre bataille contre Fdesouche », ArrĂȘt sur images, 24 octobre 2012.
  61. Pourquoi n'arrive-t-on pas à bloquer définitivement «Démocratie participative», l'un des sites les plus influents de la fachosphÚre?, 20 min, 22/1/2019
  62. « L’extrĂȘme droite essaie d’imiter le Canal+ des annĂ©es 1980 », sur Le Monde.fr (consultĂ© le ).
  63. La gauche domine le Web politique, Le Monde, 14 février 2012.
  64. Rudy Reichstadt sur France Culture.
  65. « Théories du complot : il faut "défantasmer notre rapport au pouvoir" », Europe 1, 13 février 2016.
  66. Clara schmelk, « PlongĂ©e en fachosphĂšre », MĂ©dium, vol. 3, nos 52-53,‎ , p. 199-212 (DOI 10.3917/mediu.052.0199).
  67. Adrien Sénécat, « Wikistrike, Quenelle+, Libertés TV : dans la nébuleuse des sites de « vraie information », sur lexpress.fr, L'Express, .
  68. « Sur le Web, le "Hollande bashing" se radicalise », Le Monde, 30 mars 2013.
  69. Louis Hausalter, « TV LibertĂ©s, la webtĂ©lĂ© des ultra-rĂ©acs qui se rĂȘve en « Fox News Ă  la française », sur marianne.net, .
  70. Tristan Berteloot, « Eric Zemmour s’offre les services d’un entrepreneur ultra radical pour sa campagne prĂ©sidentielle », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne AccĂšs limitĂ©)
  71. Jean-Yves Le Gallou lance un Acrimed d’extrĂȘme droite, Abel Mestre et Caroline Monnot, 9 octobre 2012.
  72. Comment les sites internet d'extrĂȘme-droite discrĂ©ditent le travail des mĂ©dias, France Inter, 7 fĂ©vrier 2017.
  73. AngĂšle BilĂ©guĂ©, « France : qui sont les influenceurs d'extrĂȘme droite? », sur Site-LeVif-FR, (consultĂ© le ).
  74. Laure Mandeville, Steve Bannon est-il le Dark Vador de la politique américaine?, lefigaro.fr, 17 septembre 2017
  75. « Fiche thématique "Discours de haine" », sur Cour européenne des Droits de l'Homme - Unité de la Presse, (consulté le ).
  76. « La « fachosphÚre » prend du grade », sur Le Courrier du Parlement, (consulté le ).
  77. Patrick Moreau, « L'extrĂȘme droite et internet », Revue Pouvoirs, no 87,‎ , p. 129-144 (ISSN 0152-0768, lire en ligne).

Voir aussi

Sur Internet et l'extrĂȘme droite en gĂ©nĂ©ral

  • Dominique Albertini et David Doucet, La FachosphĂšre : comment l'extrĂȘme droite a remportĂ© la bataille du net, Flammarion, 2016, 318 p. (ISBN 9782081354913) (lire en ligne)
  • (en) Gerstenfeld, Grant et Chiang, « Hate Online: A Content Analysis of Extremist Internet Sites », Analyses of Social Issues and Public Policy, no 3,‎ , p. 29-44 (DOI 10.1111/j.1530-2415.2003.00013.x, lire en ligne)
  • (en) Luca Tateo, « The Italian Extreme Right On-line Network: an exploratory study using an integrated social network analysis and content analysis approach », Journal of Computer-Mediated Communication, no 10,‎ (lire en ligne)
  • (en) Zhou, Reid, Qin et Chen, « US domestic extremist groups on the Web: link and content analysis », Intelligent Systems, IEEE, vol. 20, no 5,‎ , p. 44-51 (DOI 10.1109/MIS.2005.96, lire en ligne)
  • (en) Chris Atton, « Far-right media on the internet: culture, discourse and power », New Media & Society, no 8,‎ , p. 573-587 (DOI 10.1177/1461444806065653, lire en ligne)
  • (en) Edna Reid et Hsinchen Chen, « Internet-Savvy U.S. and Middle Eastern Extremist Groups », Mobilization: An International Quarterly, vol. 12, no 2,‎ , p. 177-192 (lire en ligne)
  • (en) Manuela Caiani et Linda Parenti, « The Dark Side of the Web: Italian Right-Wing Extremist Groups and the Internet », South European Society and Politics, vol. 14, no 3,‎ (DOI 10.1080/13608740903342491, lire en ligne)
  • (en) Manuela Caiani et Linda Parenti, « The Spanish extreme right and the Internet », AnĂĄlise Social, vol. XLVI, no 201,‎ , p. 719-740 (lire en ligne)
  • (en) Jialun Qin, Yilu Zhou et Hsinchen Chen, « A multi-region empirical study on the internet presence of global extremist organizations », Information Systems Frontiers, vol. 13, no 1,‎ , p. 75-88 (DOI 10.1007/s10796-010-9277-6, lire en ligne)
  • (en) European Police Office, « EU terrorism situation and trend report », TE-SAT,‎ (lire en ligne)
  • « L'internet des droites extrĂȘmes », RĂ©seaux, vol. 35, n° 202-203, La DĂ©couverte, avril-juin 2017 (prĂ©sentation en ligne)

Sur des thÚmes particuliers repris (pas exclusivement) par des extrémistes radicaux

  • (en) Ashcroft, A. (1998, October). NF: marching along the information super-highway. The Nationalist (London)
  • (en) Burris, V., Smith, E., & Strahm, A. (2000). White supremacist networks on the internet. Sociological Focus, 33 (2), 215–235.
  • (en) Hoffman, D. S. (1996). The Web of Hate: Extremists Exploit the Internet. New York : Anti Defamation League.
  • Karmasyn, G., Panczer, G., Fingerhut, M. (2000), Le nĂ©gationnisme sur Internet: GenĂšse, stratĂ©gies, antidotes, Revue d'histoire de la Shoah, no 170, sept-dĂ©c 2000.
  • (en) Spencer, W. (2002). “White pride world wide”: A social-psychological perspective on White Supremacist web sites. Guest lecture, Sociology of Cyberspace course, Department of Sociology, Manchester Metropolitan University, March 4, 2002.
  • (en) Stern, K. S. (1999). Hate and the Internet. New York : American Jewish Committee.
  • (en) Tadmor-Shimony, T. (1995). Anti-Semitism on the Information Superhighway: A Case Study of a UseNet Discussion Group. Jerusalem : Vidal Sassoon International Center for the Study of Anti-Semitism, Hebrew University.
  • Øyvind StrĂžmmen, Det mĂžrke nettet, Cappelen Damm, 2011-11-09 (ISBN 9788202370275) ; version française : La Toile brune, Actes Sud, 2012-04-04 (ISBN 978-2-330-00634-1).
  • (en) The Far right on internet chapitre 13 de The Governance of Cyberspace: Politics, Technology and Global Restructuring, sous la direction de Brian Loader, chapitre 13.

Vidéographie

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.