Conspiracy Watch
Conspiracy Watch (anglais : la vigie du complot) est un site web français fondé en 2007 et géré par une association, l'Observatoire du conspirationnisme, depuis 2014. Sa ligne éditoriale est axée sur la dénonciation des théories conspirationnistes et antisémites, ainsi que le négationnisme. Il contribue également à la démystification des infox.
Conspiracy Watch | |
Logo depuis 2022. | |
Adresse | conspiracywatch.info |
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Commercial | non |
Publicité | non |
Type de site | Information spécialisée |
Langue | français |
Inscription | non |
Siège social | Paris France |
RĂ©dacteur en chef | Rudy Reichstadt |
Lancement | 2007 |
État actuel | Actif |
Il est co-animé par son fondateur, le politologue Rudy Reichstadt et Valérie Igounet, historienne spécialisée dans l'étude de l'extrême droite et l'histoire du négationnisme. Fonctionnant d'abord bénévolement, le site se professionnalise avec le soutien financier de la Fondation pour la mémoire de la Shoah à partir de 2017. En 2018, il devient un service de presse en ligne.
Historique
Le site Conspiracy Watch est créé en 2007 par Rudy Reichstadt, qui s'y consacre d'abord bénévolement[1]. Il a alors pour objectif de dénoncer le conspirationnisme, l'antisémitisme et le négationnisme, thèmes récurrents dans la sphère complotiste durant les années 2010[1]. En 2014, l'Observatoire du conspirationnisme[2], une association loi de 1901, est créé pour donner une structure légale au site Internet.
Le but initial est de documenter le thème du complotisme, pour faire connaitre l'histoire du phénomène complotiste, informer sur les théoriciens du complot et ceux qui l’alimentent, tout en réfutant les arguments grâce auxquels les théories du complot peuvent prospérer. Il s'agit de montrer qu'il existe des invariants et des thèmes propices aux théories complotistes et de les réfuter avec une méthode, en croisant l’histoire des idées, la psychologie, la sociologie,la philosophie et les sciences politiques[3].
Reconnaissance du site Internet par les autorités publiques
Le site est mis en avant après les attentats de janvier 2015 en France, lorsque la ministre Najat Vallaud-Belkacem affirme sur RTL qu'« un jeune sur cinq adhère à la théorie du complot ». Ce chiffre, qu'elle tient d'un entretien avec Rudy Reichstadt dans le cadre de la « mobilisation de l'école pour les valeurs de la République »[4], concerne en fait les personnes croyant en particulier à l'existence des Illuminati. La déclaration provoque néanmoins une explosion des visites sur le site.
À la suite de cela, le Service d'information du gouvernement sollicite Rudy Reichstadt, en tant que principal rédacteur de Conspiracy Watch, pour participer à l'élaboration du contenu du site ontemanipule.fr, qui vise à lutter contre la diffusion des théories du complot. Rudy Reichstadt reçoit alors le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre la racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) pour y réaliser des vidéos pédagogiques[5] - [6].
En septembre 2015, l'Observatoire du conspirationnisme, association loi de 1901 éditrice de Conspiracy Watch, est cofondatrice avec Mohamed Sifaoui et d'autres personnalités de l'association Onze janvier. Cette dernière « a pour objet, selon ses statuts, la défense, la propagation, la diffusion et la consolidation dans la société et au-delà du territoire national des principes démocratiques »[7].
Le site Internet est progressivement devenu une ressource recommandée par le ministère de l'Éducation nationale[8] - [9].
Professionnalisation et financement du travail Ă partir de 2017
En 2017, la Fondation pour la mémoire de la Shoah apporte son soutien à l'Observatoire du conspirationnisme[3]. Ce financement permet de rémunérer le travail de Rudy Reichstadt, exercé bénévolement auparavant. Il quitte alors son poste à la mairie de Paris et travaille dorénavant en tandem avec Valérie Igounet, historienne spécialiste du négationnisme et de l’extrême droite[1]. Après dix ans de fonctionnement, en 2018, le site est reconnu comme service de presse en ligne[3] - [10] - [11].
En décembre 2020 la députée Martine Wonner exige que Conspiracy Watch retire de son site tout article traitant de sa personne, ce que refuse Rudy Reichstadt au nom de la liberté d'information[12].
En janvier 2021, Conspiracy Watch indique que le sociologue Gérald Bronner, futur président de la commission Bronner auquel participera également Rudy Reichstadt, est membre de son conseil scientifique[13].
Conspiracy Watch est l'une des dix-sept associations sélectionnées par le comité du Fonds Marianne, créé en 2021 à l'initiative de Marlène Schiappa et ayant pour objet officiel de soutenir la lutte contre la radicalisation[14] : Conspiracy Watch a bénéficié d'une subvention de 60 000 euros pour la production de notices d’information sur de grands thèmes complotistes et la mise à jour de notices existantes[15].
En 2023, Rudy Reichstadt lors de son audition au Sénat, indique que le budget de Conspiracy Watch est d'environ 203 000€, financé à près de 50% par des subventions publiques[16].
Ligne Ă©ditoriale
Conspiracy Watch suit l’actualité des théories conspirationnistes en documentant l'activité de ceux qui entreprennent ces théories pour démontrer qu'il existe une uniformité entre toutes ces théories[17].
Affaires révélées
En février 2017, il est à l'origine de l'affaire Olivier Sauton, quand il exhume dans le passé du comédien des tweets antisémites et une collaboration en 2011 dans un film de Dieudonné, avec l’essayiste d’extrême droite Alain Soral et le négationniste Robert Faurisson[1].
En 2017, Conspiracy Watch accuse le blog les-crises.fr d'Olivier Berruyer de relayer une caricature antisémite « qui court sur le web complotisme depuis 4 ans ». À la suite de cette dénonciation, les-crises.fr corrige son erreur. Selon The Times of Israel, les débats entre Rudy Reichstadt et Olivier Berruyer « ne datent pas d’hier »[18].
En janvier 2020, Conspiracy Watch dénonce un passage conspirationniste issu d'un nouveau manuel scolaire d'histoire (Histoire du XXe siècle en fiches, publié par les éditions Ellipses) destiné aux étudiants de Sciences Po et de classes préparatoires. On peut lire à la page 204 du manuel, à propos des attentats du 11 septembre 2001, que « cet événement mondial – sans doute orchestré par la CIA (services secrets) pour imposer l’influence américaine au Moyen-Orient ? – touche les symboles de la puissance américaine sur son territoire »[19]. À la suite de cette révélation, la maison d'édition publie un correctif formel dans les exemplaires du livre qui n'ont pas encore été distribués en librairie ainsi que sur son site Internet.
Évaluation du contenu éditorial
Accueil positif du site Internet par la majorité des médias
Le site Conspiracy Watch est régulièrement cité par des médias français de notoriété nationale[9], lors d'affaires impliquant des théories du complot, à l'image de celles concernant la mort d'Oussama ben Laden[20], la religion de Barack Obama[21], l'affaire DSK, les attentats du 11 septembre 2001[22] ou l'affaire Merah[23].
Le journaliste et directeur de rédaction Laurent Joffrin estime que Conspiracy Watch est devenu un site de référence[24]. Selon Caroline Fourest, ce site est « ultra-documenté et terriblement bien informé sur les désinformateurs de notre époque : [les] conspirationnistes »[25]. Pour Mathieu Foulot, diplômé de l'EHESS, le site fait partie, avec HoaxBuster, de ceux qui « démantèlent de façon pédagogique rumeurs et fausses infos »[8].
Critiques et débats
Dans Marianne, Brice Perrier cite l'historienne Valérie Igounet, seconde salariée du site, pour qui Conspiracy Watch met en œuvre « une sémantique, une rigueur et une neutralité qui en font un travail scientifique universitaire. » Cependant, selon Perrier, ce point de vue n'est pas forcément partagé. Il cite le politologue Julien Giry qui juge que « Conspiracy Watch produit un discours anticonspi qui dramatise la situation et permet de légitimer son existence », ce qui amène un résultat ni rigoureux ni neutre[5]. Selon ce politologue, Reichstadt a tendance à écarter ce qui ne va pas dans son sens, y compris la plupart des travaux de recherche, et dans son livre « développe une vision pathologisante [du phénomène complotiste] avec certes des connaissances factuelles, mais sans volonté de compréhension sociale et sociologique ». Giry émet alors l'avis que Conspiracy Watch contribue à la radicalisation de gens qui doutent, en les associant à des propagandistes dangereux. Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités de la fondation Jean-Jaurès, dont Rudy Reichstadt est membre, relativise : « On partage ou pas la grille de lecture de Conspiracy Watch. Mais ça reste un pôle de ressources utile car personne d'autre ne fait ce travail »[5].
Benoît Bréville, rédacteur en chef du Monde diplomatique, estime que Rudy Reichstadt n'a « rien d’un chercheur », que « son site relève davantage du blog collectif que d’un quelconque "observatoire" », qu'il « n’aime pas les critiques » et « n’aime pas non plus ce qui lui paraît trop à gauche » au regard des accusations lancées à de nombreuses personnalités de la gauche radicale[9]. Selon l'historien Emmanuel Kreis, des « sujets sont privilégiés sur Conspiracy Watch, comme la critique de Jean-Luc Mélenchon ou du Venezuela »[5]. Le journaliste Brice Perrier affirme que le site rapporte les dérapages du mouvement des Gilets jaunes, mais ne mentionne pas que le président de la République Emmanuel Macron a laissé entendre que les Gilets jaunes seraient manipulés par la Russie, ce qui selon lui est également une forme de complotisme[5].
En février 2013, à la suite de la diffusion du reportage Les Obsédés du complot de Caroline Fourest, dans lequel cette dernière interrogeait entre autres Rudy Reichstadt, Pascal Boniface souligne la proximité de Reichstadt avec la revue ProChoix de Fourest et considère que le site Conspiracy Watch « est principalement consacré à la dénonciation des critiques de la politique israélienne »[26]. Le lendemain, Rudy Reichstadt lui répond que son jugement porté sur Conspiracy Watch est « non seulement faux mais aussi absurde », qu'il relève du « procès d'intention », qu'il « trahit [ses] obsessions » et la confusion qu'il fait entre « la défense de la politique de l’État d’Israël et la critique de fantasmes conspirationnistes aux remugles antisémites »[27].
Dans un article d'Acrimed, le journaliste Laurent Dauré estime que « l’anti-conspirationnisme promu par les médias dominants n’est pas neutre idéologiquement ». Il reproche notamment à Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France de relayer eux-même « une théorie du complot et des fausses informations » dans le cadre de l'affaire du Russiagate[28].
Publications
EnquĂŞte de 2018 sur le complotisme
Conspiracy Watch et la Fondation Jean-Jaurès ont commandé à l'Ifop une étude publiée le 7 janvier 2018[29]. L'étude a pour objectif d'estimer la façon dont le complotisme se diffuse dans la société française et d'obtenir des renseignements sur le profil de ceux qui adhèrent à ce type de contenus. Il s'agit d'une enquête d’opinion, réalisée par questionnaire auto-administré en ligne. Les personnes interrogées sont âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française[3].
Rudy Reichstadt explique qu'il a choisi pour ce sondage les thèses conspirationnistes les plus répandues. Les résultats sont selon lui préoccupants sur des sujets d'actualité comme la popularité de la rumeur selon laquelle « le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins », la méfiance envers les médias ou encore la sensibilité des jeunes aux théories du complot[30].
D'après France 24, qui rapporte les résultats de l'enquête, un Français sur cinq n’adhère à aucune thèse conspirationniste. 50 % des Français croient au maximum à trois théories du complot et ont une approche critique à l’égard des conspirationnistes. Les Français qui adhèrent à plus de cinq thèses complotistes et sont plus enclins à croire « les versions non-officielles des informations » représentent 25 % de la population. France 24 estime que ce chiffre est important à l’heure des fake news, car ces 25 % de Français représentent une aubaine pour ceux qui veulent influencer l'opinion grâce à de simple rumeurs. La Fondation Jean-Jaurès juge cependant que le pays « penche plutôt du côté des non-complotistes ». Selon Julien Giry, politologue à l’université Rennes-I, les résultats sont en fait « dans la droite ligne d’autres enquêtes passées », avec un nombre de conspirationnistes constant et analogue à celui des autres pays occidentaux[31].
Arnaud Mercier, professeur en communication à l’Institut français de presse, confirme que les jeunes ont toujours plus remis en cause les théories officielles, surtout depuis l’avènement des réseaux sociaux. Néanmoins, il estime que l'esprit critique peut être remis en cause par ce qu'il qualifie de « marchandisation du doute », lorsque la crédulité est utilisée dans une perspective électorale[32].
Critiques de l'Ă©tude
Arnaud Mercier met en avant un problème méthodologique du sondage qui « veut tester à la fois la crédulité des Français et leur scepticisme », c'est-à -dire tester en même temps l'aptitude à croire des choses fausses et la capacité d'esprit critique. Il estime que cela « brouille les repères »[32].
Hadrien Mathoux de Marianne, ainsi que Martin Clavey, journaliste scientifique[33], et Jean-Michel Dumay[34] critiquent également la méthodologie du sondage. Ils estiment que ce dernier ne fait pas de différence entre ceux qui connaissaient les théories en question et ceux qui les découvre au moment du sondage, ce qui ne leur laisse pas le temps d'y réfléchir. Il est également reproché à l'intitulé de certaines questions d'être formulé de telle façon que cela puisse entraîner l'adhésion à une théorie du complot sans être « complotiste ». Il est aussi critiqué le fait qu'il n'existe pas une possibilité de répondre « Je ne me prononce pas », ce qui créerait une polarisation : il y aurait ceux « qui y croient » et ceux « qui n'y croient pas », les premiers étant automatiquement rangés dans la case « complotiste ». Et le sondage mélange les croyances (« la Terre est plate »), les doutes historiques ayant fait l'objet de recherches, et les réelles théories complotistes.
L'Ifop[35], ainsi que Rudy Reichstadt et Valérie Igounet[36], répondent aux détracteurs du sondage. Notamment ils estiment que tous les sondés, même ceux découvrant les théories pour la première fois, étaient « pleinement en mesure » d'indiquer si elles étaient crédibles ou pas, et que cela permet de juger de la capacité d'une théorie à provoquer une approbation spontanée. Ils estiment également que le sondage est exploitable car il comporte une question demandant d’abord aux sondés s’ils connaissaient les théories du complot qui leur ont été présentées. Quant à l'absence de réponse « ne se prononce pas », l'Ifop estime que les sondés étaient en mesure de se prononcer comme étant en accord ou pas avec les assertions. Enfin, l'Ifop affirme avoir pris la décision de « brasser large » en testant des opinions de nature différentes. Mais il ne s'agissait pas de les amalgamer. Elles permettaient de considérer leur corrélation avec certaines autres opinions contraires à celles communément admises.
Notes et références
- Samuel Blumenfeld, « Conspiracy Watch : les théories du complot ne passeront pas par lui », Le Monde,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- « Nos partenaires », sur Conspiracy Watch (consulté le ).
- Rudy Reichstadt et Valérie Igounet 2019.
- Caroline Beyer, « Conspiracy Watch, ce site qui traque les conspirationnistes », Le Figaro,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Brice Perrier, « Rudy Reichstadt : les limites de l'anticonspiration professionnelle », Marianne,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- « Une campagne pour déconstruire les discours complotistes sur Internet », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne , consulté le ).
- Mohamed Sifaoui, « Le « 11 janvier » est éternel », HuffPost,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Eléonore de Vulpillières, « Folie complotiste et reductio ad complotum », Le Figaro,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Benoît Bréville, « Chasseur de « conspis » », Le Monde diplomatique « Complots. Théories… et pratiques », no 158,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- « 6 questions à Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch : « le complotisme est une passerelle entre des discours extrémistes » », sur Conseil national du numérique, (consulté le ).
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- Secrétariat d'État chargé de l'économie sociale et solidaire de la vie associative, « Communiqué de presse. Fonds Marianne », sur associations.gouv.fr, (consulté le ).
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- Laurent Dauré, « Quand les « complotologues » de Franceinfo font l'impasse sur la principale théorie du complot de l'ère Trump », sur Acrimed | Action Critique Médias, (consulté le )
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- Sébastian Seibt, « Les théories du complot ont la cote auprès des Français », France 24,‎ 9 janvier2018 (lire en ligne , consulté le ).
- Christine Legrand, « Théorie du complot : « gare à la marchandisation du doute » », La Croix,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Hadrien Mathoux, « "Huit Français sur 10 complotistes" : pourquoi ce sondage est problématique », marianne.net, 9 janvier 2018.
- Jean-Michel Dumay, « Un sondage sur mesure », Le Monde Diplomatique Manière de Voir,‎ (lire en ligne).
- « Enquête sur le complotisme : précisions sur la méthodologie », Conspiracy Watch, .
- Maryvonne Holzem (dir.), Vérités citoyennes. Les sciences contre la post-vérité, éditions du Croquant, , p. 145-163.
Voir aussi
Bibliographie
- Emmanuel Debono, Valérie Igounet et Rudy Reichstadt, Complotisme et négationnisme, un panorama : rapport 2018, Paris, Observatoire du conspirationnisme, (BNF 45726108)
- Rudy Reichstadt et Valérie Igounet, Des têtes bien faites : défense de l'esprit critique, Presses Universitaires de France, (BNF 45668045), chap. 11 (« Conspiracy Watch : généalogie d’un site spécialisé (2007-2018) »), p. 181 à 192
Radio
- « Complot, paranoïa, désinformation : au cœur de la confusion », France Culture, Signes des temps par Marc Weitzmann avec Rudy Reichstadt, le