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RamĂłn Mercader

Ramón Mercader (Jaime Ramón Mercader del Río Hernández), né à Barcelone le [1] et mort à La Havane le , est un militant communiste espagnol devenu agent du NKVD et connu pour avoir assassiné Léon Trotski en 1940.

RamĂłn Mercader
Biographie
Naissance

Barcelone, Espagne
Décès

La Havane, Cuba
SĂ©pulture
Nom de naissance
Jaime RamĂłn Mercader del RĂ­o
Surnom
Ramon Ivánovich Lopez
Pseudonymes
Jacques Mornard, Frank Jackson, RamĂłn LĂłpez
Nationalités
Allégeance
Activités
Père
Pablo Mercader Medina (d)
Mère
Caridad Mercader (en)
Fratrie
Luis Mercader del RĂ­o (d)
Autres informations
A travaillé pour
Institut Marx-Engels-LĂ©nine (en)
NKVD
Partis politiques
Parti socialiste unifié de Catalogne
Partit Comunista de Catalunya (en)
Idéologie
Arme
Embleme KGB NKVD et KGB
Conflit
Grade
Condamné pour
Lieu de détention
Palacio de Lecumberri (en) (jusqu'en )
Distinction
Vue de la sépulture.

Biographie

Jeunesse

Après la séparation de ses parents, Ramón Mercader passe la plus grande partie de son enfance en France avec sa mère, Eustacia María Caridad del Río Hernández (appelée communément Maria Caridad[2]) aristocrate espagnole d'origine cubaine. Du côté paternel, il est le demi-frère de Maria Mercader, la deuxième femme du metteur en scène et acteur italien Vittorio De Sica.

Dans sa jeunesse, Ramón est convaincu par les idées communistes, il aide des organisations de gauche dans l'Espagne du milieu des années 1930. Il est brièvement emprisonné pour ces activités, mais libéré quand le gouvernement du Front populaire accède au pouvoir en 1936.

Guerre civile espagnole

Au début de la guerre civile, il entre dans l'armée républicaine, parvenant au grade de lieutenant, puis à la fonction de commissaire de bataillon[3]. Ensuite, il suit les pas de sa mère, membre du Parti communiste d'Espagne puis agent du NKVD, l'ancêtre du KGB.

En 1936, sur l'ordre de Joseph Staline, Lavrenti Beria, le patron du NKVD, charge les agents Nahum Eitingon et Pavel Soudoplatov de liquider LĂ©on Trotski, rĂ©fugiĂ© au Mexique. Celui-ci avait Ă©tĂ© expulsĂ© d'Union soviĂ©tique en 1929 par Staline, mais avait continuĂ© Ă  s'opposer Ă  lui par ses Ă©crits et surtout en crĂ©ant, en 1938 Ă  Paris, la Quatrième Internationale. Eitingon avait Ă©tĂ© rĂ©sident du NKVD en Espagne en 1936 et il y Ă©tait devenu l'amant de MarĂ­a Caridad. Il implique celle-ci dans l’opĂ©ration puis il recrute son fils RamĂłn qui infiltrait les milieux trotskistes depuis 2 ans en France sous la fausse identitĂ© de Jacques Mornard. En , tous trois partent de France pour Mexico.

Dans cette ville, Trotski a retrouvé beaucoup de ses partisans espagnols, anciens militants du POUM, ayant participé à la guerre civile en 1936-37. Mais s’y sont réfugiés également des communistes staliniens qui s'étaient opposés par les armes, sur ordre de Moscou, aux trotskistes pendant cette guerre. Dans le même temps, en URSS, Staline s’est débarrassé sans ménagement de tous ses opposants (réels ou imaginaires) dans les sphères du pouvoir, notamment au sein du Politburo, lors des grands procès de Moscou. Trotski, son dernier opposant en vie, sa bête noire, s’est installé dans une propriété fortifiée dotée d’une porte blindée et de hauts murs de béton surmontés de tourelles équipées de mitrailleuses. Elle est gardée par la police. Le gouvernement mexicain avait été le seul à accepter de lui accorder l'asile après qu'il eut été expulsé de France puis de Norvège. Mais Trotski avait conscience que Staline parviendrait tôt ou tard à l'assassiner, comme il avait assassiné la quasi-totalité des vieux bolcheviks d'URSS ainsi que plusieurs militants de l'opposition de gauche internationale, devenue IVe internationale. C'est le sort qu'avait notamment subi Rudolf Klement, dont on avait retrouvé le corps décapité à Paris dans la Seine.

Assassinat de Trotski

Le vers 4 heures du matin, un commando d’une vingtaine d’hommes s’introduit dans la propriĂ©tĂ© de Trotski avec la complicitĂ© d’un de ses gardes qui a dĂ©verrouillĂ© la porte blindĂ©e. Les assaillants entrent dans sa chambre et tirent de nombreuses rafales dans sa direction et celle de Natalia Sedova, sa compagne, mais finalement ils sont mis en fuite et tout le monde s’en sort indemne[4]. La police mexicaine arrĂŞte la plupart des membres du commando et elle identifie son chef, qui a rĂ©ussi Ă  s'enfuir, David Alfaro Siqueiros, un peintre mexicain procommuniste, mais elle ne remonte pas jusqu’à Eitingon, l’instigateur de l’opĂ©ration. Celui-ci affirme au « camarade » Beria, fort mĂ©content de son Ă©chec, qu’il a un « plan B ».

Le piolet, arme du crime, présenté lors de l'exposition « Spy: The Secret World of Espionage » au Franklin Institute de Philadelphie.

Plan dans lequel RamĂłn Mercader est appelĂ© Ă  jouer le rĂ´le principal. L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, Ă  Paris, celui-ci avait rencontrĂ© « par hasard », puis sĂ©duit, Sylvia Ageloff, une trotskiste amĂ©ricaine qui assure des travaux de secrĂ©tariat pour Trotski. Ă€ Mexico il fait aussi connaissance avec les Ă©poux Rosmer, amis français très proches du dirigeant rĂ©volutionnaire. C’est grâce Ă  tous ces contacts qu’il peut enfin le rencontrer. Il se fait passer auprès de lui pour un journaliste canadien, Franck Jacson, souhaitant lui consacrer un article. Il gagne peu Ă  peu sa confiance, il le rencontre Ă  11 reprises. Le vers 17 heures il se rend une douzième fois Ă  la villa pour lui prĂ©senter un plan dĂ©taillĂ© de son article[4]. Il porte un impermĂ©able, Natalia Sedova s’en Ă©tonne. « Il va peut-ĂŞtre pleuvoir », lui dit-il. En fait, sous cet imper, il cache un piolet[5] avec lequel il porte un coup mortel Ă  l’arrière du crâne du leader rĂ©volutionnaire.

Pour expliquer les raisons de son acte Ă  la police mexicaine, Mercader affirme que, après avoir Ă©tĂ© sĂ©duit par les thèses de Trotski, celui-ci l’avait stupĂ©fait en lui demandant de remplir une mission ignoble : se rendre en URSS pour accomplir des actes de sabotage et, si possible, assassiner Staline. « Il trahissait l’unique pays oĂą la rĂ©volution avait triomphĂ© », dĂ©clare-t-il Ă  une journaliste mexicaine peu avant son procès. Il est condamnĂ© Ă  20 ans de prison, peine maximale prĂ©vue par la loi au Mexique Ă  cette Ă©poque pour un tel crime. La police, Ă  laquelle il avait prĂ©tendu s’appeler RamĂłn LĂłpez, mettra 10 ans Ă  dĂ©couvrir sa vĂ©ritable identitĂ© et ne parviendra pas Ă  prouver formellement qu’il a agi sur l’ordre du NKVD.

Après la prison

Ă€ sa sortie de prison le , il se rend en URSS, mais il n’y est pas accueilli en hĂ©ros. Les temps, les dirigeants, les mĂ©thodes ont changĂ©. Eitingon croupit en prison. On dĂ©core nĂ©anmoins discrètement « Ramon Lopez » de l’ordre de LĂ©nine pour avoir (de sa propre initiative) Ă©liminĂ© un ennemi du socialisme. Il s’acclimate mal au pays Ă  cause de la langue, du froid, des files d’attente devant les magasins, etc. Il vit isolĂ© avec sa femme, Roquelia, Ă©pousĂ©e en prison au Mexique, dans un modeste appartement attribuĂ© par les autoritĂ©s. Celles-ci refusent pendant 14 annĂ©es d’accĂ©der Ă  son souhait de se rendre Ă  Cuba[6]. C’est lĂ -bas qu’il meurt d’un cancer des os le , Ă  l’âge de 65 ans, mais ses cendres se trouvent au cimetière de Kountsevo Ă  Moscou, sous le nom de « Ramon Ivanovitch Lopez, hĂ©ros de l'Union soviĂ©tique ».

Culture

L'écrivain Thierry Jonquet, à ses débuts comme auteur de polar, a écrit trois romans sous le pseudonyme de Ramon Mercader.

Jorge Semprún a écrit en 1968 un roman sous le titre de La Deuxième Mort de Ramón Mercader.

Alain Delon revĂŞt le masque du meurtrier, dans le film de Joseph Losey en 1972, L'Assassinat de Trotsky.

En bande dessinée : Gani Jakupi, Les Amants de Sylvia, Futuropolis (2010) (ISBN 978-27-5480-304-5).

L'écrivain journaliste cubain Leonardo Padura dans un roman évoque les destins croisés de Trotski et Ramon Mercader : L'homme qui aimait les chiens Éditions Métailié (paru en ).

Notes et références

  1. Hilarri
  2. franceinfo, « Maria Caridad del Rio et l'assassinat de Trotski », sur franceinfo.fr, (consulté le ).
  3. Source : Enciclopedia Espasa
  4. Jean-Pax Méfret, 12 Assassinats qui ont changé l'Histoire, Éditions Flammarion, , 403 p. (ISBN 978-2-7564-0969-6 et 2756409693, lire en ligne).
  5. Il est parfois mentionné que l'arme utilisée par Mercader est un pic à glace.
  6. « Polémica Cubana» Blog Archive » Ramon Mercader, assassin de Trotsky, fort mal récompensé », sur www.polemicacubana.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Dans son essai, Jean-Pax MĂ©fret consacre un long chapitre Ă  l’assassinat de Trotski par Mercader : Douze assassinats qui ont changĂ© l’Histoire, Jean-Pax MĂ©fret Ramon Mercader sur Google Livres.
  • Le blog dissident cubain PolĂ©mica Cubana a publiĂ© en un long entretien avec Luis Mercader, le jeune frère de Ramon intitulĂ© « Ramon Mercader, assassin de Trotsky, fort mal rĂ©compensĂ© ». Outre l’ingratitude de l’URSS Ă  l'Ă©gard de son frère, il Ă©voque l'ensemble de son parcours, par exemple le contexte politique dans lequel il a assassinĂ© Trotski, notamment les affrontements armĂ©s entre trotskistes et communistes pendant la guerre d’Espagne. http://www.polemicacubana.fr/?p=9901.
  • Pierre BrouĂ©, Trotsky, Fayard, Paris, 1988, 1105 p. (ISBN 2-213-02212-7).
  • Pierre BrouĂ©, L'assassinat de Trotsky, Éditions complexes, 1980. (ISBN 2-87027-056-9).
  • Pavel & Anatoli Soudoplatov, Missions spĂ©ciales : MĂ©moires du maĂ®tre-espion soviĂ©tique Pavel Soudoplatov, autobiographie, Ă©ditions du Seuil, Paris, 1994, (ISBN 2-02-021845-3).
  • Leonardo Padura, L'homme qui aimait les chiens, roman, MĂ©tailiĂ©, 2011.
  • Gregorio Luri, El cielo prometido. Una mujer al servicio de Stalin, Biographie, Ariel, 2016.

Documentaire

Liens externes

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