Le Cinéma du dimanche soir
Le Cinéma du dimanche soir est une ancienne émission de télévision de prime-time hebdomadaire diffusant un film « grand public » en première partie de soirée, du au sur TF1.
Le Cinéma du dimanche soir | |
TF1 Le Cinéma du dimanche soir 1977. | |
Programme adapté | NBC Saturday Night at the Movies' |
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Réalisation | Con Pederson (générique image) |
Musique | Vladimir Cosma |
Pays | France |
Langue | Français |
Programme similaire | Ciné Dimanche Le Film ce soir |
Production | |
Format d’image | 4/3 |
Production exécutive | Robert Abel (animator) (générique image) |
Société de production | TF1 générique image Robert Abel (animator) (RA&A) |
Diffusion | |
Diffusion | TF1 |
Date de première diffusion | |
Date de dernière diffusion | |
Public conseillé | Tout public |
Chronologie | |
Historique
Jusqu'en 1975, les trois chaînes de télévision française ont une programmation complémentaire. Après l'éclatement ORTF, la concurrence s'intensifie, entre les deux chaînes principale TF1 et Antenne 2, dont les missions sont identiques[1].
TF1 diffuse chaque dimanche soir à 20h30 à partir de décembre 1977, un film "grand public" sous le titre chapeau Le Cinéma du Dimanche Soir. Inspiré par le format américain NBC Saturday Night at the Movies diffusé depuis le sur NBC
Le film du dimanche soir est accueilli favorablement par le public et complémente le film du mardi diffusé depuis 1967, dans Les Dossiers de l’Ecran sur la deuxième chaîne. Cependant, la baisse de fréquentation des salles de cinémas due à la concurrence de la télévision se poursuit durant les années 70[2].
Dans les années 80, le jeu d'aventure La Chasse aux Trésors diffusé de 1981 à 1984 sur Antenne 2 est l'une des rares émissions susceptible de concurrencer le film du dimanche soir. La deuxième chaîne tentera également de programmer sur le même créneau Les Enquêtes du commissaire Maigret à la fin de la décennie ; avec un résultat mitigé[3].
A partir du , l'émission Sport dimanche soir est programmée à la suite du film[4] de TF1.
Selon un rapport d'information du Sénat, les recettes publicitaires des films diffusés à la télévision (quasi négligeables jusqu'au début des années 1980) ont progressé à un rythme rapide entre 1982-1991, plus 30 % par an, en moyenne[5]. En l'occurence, et dans une logique de marché, le magazine Sport dimanche soir est supprimé le laissant place à une soirée composée de deux films avec Ciné Dimanche. En première partie, un film récent, en seconde un film classique destiné aux cinéphiles avertis[4].
Contexte réglementaire
Interdiction de diffuser des films de cinéma à certaines périodes de la semaine
En réponse à cette évolution du marché, à la suite de la loi n° 74-696 du 7 août 1974 qui procède au démantèlement de l’ORTF, le cahier des charges imposés aux sociétés de télévision par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) comporte l'interdiction de diffusion des œuvres cinématographiques le vendredi soir avant 22h30, le samedi en entier et une interdiction partielle le dimanche avant 20h30[6]. Tenant compte de ces contraintes, et par procédé d'élimination, le dimanche soir (et mardi soir) s'impose dans la grille de programmation des sociétés de télévision comme créneau envisageable pour la diffusion de films de cinéma[7].
Proposition de fixation du prix d'achat des films programmés en semaine et le dimanche soir
En 1977, malgré une demande des professionnels du cinéma au moment de l'élaboration du cahier des charges que le prix d'achat minimum soit fixé à 250 000 francs (151 949 Euros, ajustée pour le taux d'inflation de l'Insee) hors taxes pour les films programmés en semaine, et à 500 000 francs (303 898 Euros) hors taxes pour les films programmés le dimanche soir, cette mesure ne sera pas suivie[8].
Générique
1977-1989
- Le générique image a été créé à l'aide d'une machine Scanimate par la société américaine Robert Abel & Associates (RA&A), spécialiste de synthèse commerciale d'images réalistes animées, qui a réalisé pour TF1 différents habillages de la chaîne[9]. Le cabinet publicitaire participe notamment au nouveau générique d'ouverture d'antenne de TF1 représentant le logo de la chaîne évoluant sur fond de ciel nuageux et inaugurée à la même période pour célébrer le passage complet à la couleur. Catherine Chaillet, créatrice du premier logo de TF1, en est la directrice artistique et Con Pederson, mieux connu pour sa contribution comme superviseur d'effets spéciaux du film 2001, l'Odyssée de l'espace, le réalisateur. L'animation de l'émission ressemble fortement au générique de The ABC Sunday Night Movie, réalisé par la même société avec, sur un plan visuel, l'utilisation d'images de synthèse. Le résultat, pour le téléspectateur, est un sentiment d'étoiles traversant la lucarne du petit écran affichant un décor géométrique polychrome scintillant, représentatif des films à l'affiche des anciens théâtres et salles de spectacle des années vingt. L'ornementation aspire à retrouver le strass et paillettes des années folles en invitant les téléspectateurs à prendre part a un grand événement social chaque dimanche.
- La musique aux accents disco est composée par Vladimir Cosma[10].
Programmation
Quotas de diffusion d’œuvres audiovisuelles
À la suite de la Loi n° 74-696 du 7 août 1974 relative à la radiodiffusion et à la télévision, en 1977, le cahier des charges, prévoit aussi un minimum de 60 % de films français, ou « d'initiative française » avec une majorité de part française. L'article 27 de la loi du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication (Loi Léotard) ordonne de nouveaux quotas avec, pour les chaînes hertziennes, l'obligation de consacrer, dans le total du temps annuellement consacré à la diffusion et rediffusion d'œuvres audiovisuelles, au moins 60 % à la diffusion d'œuvres européennes et au moins 40 % à la diffusion d'œuvres d'expression originale française. Le décret n°87-36 du 26 janvier 1987 pris pour l'application des articles 27-I et 70 augmente le quota de diffusion de films français à 50%. L'Historique de la réglementation concernant les quotas de diffusion télévisuelle française récapitule la série de lois et décrets.
1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | |
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films français, ou « d'initiative française » (1) | 32 | 35 | 32 | 24 | 29 | 27 | 27 | 30 | 32 | 37 | 27 |
dont films de coproduction | 13 | 13 | 17 | 11 | 7 | 9 | 6 | 12 | 14 | 6 | 5 |
films américains ou « d'initiative américaine » (2) | 15 | 12 | 17 | 15 | 12 | 19 | 18 | 19 | 13 | 13 | 19 |
films britanniques ou « d'initiative britanniques » (3) | 4 | 2 | 2 | 4 | 2 | 0 | 4 | 1 | 5 | 1 | 1 |
films italiens ou « d'initiative italienne » (4) | 0 | 0 | 1 | 2 | 1 | 0 | 3 | 0 | 0 | 0 | 0 |
films espagnols ou « d'initiative espagnole » (5) | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
films polonais (6) | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
films autrichiens (7) | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 |
films non-comptabilisés (8) | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 0 |
Total: (1)+(2)+(3)+(4)+(5)+(6)+(7) | 52 | 49 | 52 | 46 | 44 | 47 | 52 | 50 | 50 | 51 | 48 |
% films français, ou « d'initiative française » | 61% | 71% | 61% | 52% | 65% | 56% | 51% | 60% | 65% | 72% | 56% |
% films européen, ou « d'initiative européenne » | - | - | - | - | - | - | - | - | 75% | 74% | 60% |
(8) Note: La grille est incomplète.
Quoi qu'il en soit, cela se traduit concrètement pour TF1 dans sa grille de programmation[12]. En conséquence, le dimanche soir, la comédie française et le film policier français règnent suivi de co-productions cinématographiques, principalement franco-italienne, de genre différents. Les films étrangers, de vieux westerns et films de guerre américains, suivent.
Coût de diffusion
Les films retenus par les chaînes sont souvent choisis pour leur faible prix de revient. A titre de comparaison et, en parenthèse, ajustée pour le taux d'inflation de l'Insee, en 1976, le prix d'achat moyen d'un film français était de 218 984 francs (145 524 Euros). Pour un film étranger, il fallait compter 166 385 francs (110 570 Euros). Certains, déjà largement amortis dans leur pays d'origine, sont même achetés a des prix défiant toute concurrence, soit 50 000 francs (33 337 Euros) par la chaîne faisant baisser significativement le prix des 30 secondes de publicité avant leur diffusion attractifs[13]. Cette tendance se poursuit tout au long des années 80. En 1985, le prix moyen d'achat du droit de passage d'un film pour les trois chaînes est de l'ordre de 2 millions de francs (560 850 Euros). En 1988, le prix payé par les chaînes pour la diffusion des films de cinéma varie entre 200 000 (51 575 Euros) et 10 millions de francs (2 578 769 Euros)[14].
DĂ©lai minimal de diffusion
A noter le principe d’un délai de diffusion minimal qui prévaut encore aujourd’hui: le premier passage à l’antenne d’un film de cinéma ne peut ainsi intervenir que dans un délai minimal de 36 mois après la délivrance du visa et de 24 mois dans le cas d’une coproduction.
Publicité
À partir de 1987, à la suite de la privatisation de la chaîne, les films sont désormais coupés par la publicité mais sans limitation de volume[15].
Audience
Années 80
Le film du dimanche soir devient un élément phare de la semaine pour TF1 avec une audience moyenne de 40% de 1980 à 1985 et, en 1988, un chiffre de 30%, selon l'Audimat, ce qui représente 5 820 000 foyers, soit entre 18 et 20 millions d'auditeurs[16]. Une audience exceptionnelle s'associe aux films présentant un attrait particulier[17]. En général, des films réunissant de grands acteurs de cinéma et des réalisateurs de renom. Au fil de la décennie, des pics sont atteints, avec, par exemple, en février 1983, 58% de part d'audience pour Max et les Ferrailleurs de Claude Sautet, en octobre 1984, la diffusion du film La Femme Flic du réalisateur Yves Boisset, réunissant 22,8 millions de téléspectateurs[18] ou Tchao Pantin, le film de Claude Berri, retransmis en janvier 1987 et réusissant 47,7% de part d'audience[19].
Films diffusés
Les listes suivantes sont extraites des Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien.[20] Il est à noter que certains films ont pu être déprogrammés pour cause de grève ou pour d'autres motifs.
Années 1970
Années 1980
Pas de film les et pour cause de premier et second tour d'élection présidentielle, ni les et en raison des élections législatives.
Pas de film le 6 juin 1982 pour cause de cloture du sommet du G7 le 12 juin 1982 à la suite du match d'ouverture de la Coupe du monde de football 1982, Argentine-Belgique, le 20 Juin avec la rencontre Espagne-Yougoslavie, le 4 juillet URSS-Pologne et le 11 juillet Italie-Allemagne. À la suite du décès du réalisateur Jacques Tati le 4 novembre, déprogrammation le 14 novembre de Police Python 357 pour Mon Oncle.
À la suite du décès de l'acteur Louis de Funès le 27 janvier, déprogrammation le 30 janvier de Chinatown (film) pour La Zizanie (film)[21]. Pas de film le pour cause du premier tour d'Élections cantonales.
À la suite du décès de l'acteur Cary Grant le 29 novembre, déprogrammation le 7 décembre de Clara et les Chics Types pour La Mort aux trousses.
Pas de film le pour cause de second tour d'élection présidentielle, ni les et en raison des élections législatives.
Diffusion | Film | RĂ©alisateur | Date |
---|---|---|---|
L'aile ou la cuisse | Claude Zidi | 1976 | |
La Boum | Claude Pinoteau | 1980 | |
Guerre et Passion | Peter Hyams | 1979 | |
Garçon ! | Claude Sautet | 1983 | |
Le Choc | Robin Davis | 1982 | |
Gloria | John Cassavetes | 1980 | |
L'Africain | Philippe de Broca | 1982 | |
Le Meilleur | Barry Levinson | 1984 | |
Le Verdict | Sidney Lumet | 1982 | |
Un mauvais fils | Claude Sautet | 1980 | |
Les Compères | Francis Veber | 1983 | |
Pinot, simple flic | GĂ©rard Jugnot | 1984 | |
La Zizanie | Claude Zidi | 1978 | |
Un éléphant ça trompe énormément | Yves Robert | 1976 | |
Nous irons tous au paradis | Yves Robert | 1977 | |
La Rumba | Roger Hanin | 1986 | |
Le Grand Blond avec une chaussure noire | Yves Robert | 1972 | |
Le Ruffian | José Giovanni | 1982 | |
Il Ă©tait une fois un flic | Georges Lautner | 1971 |
Références
- François Clairval, « Dix ans de télévision », Communication & Langages,‎ , p. 132-135 (lire en ligne)
- Paul Florenson, Maryse Brugière, Douze ans de télévision, 1974-1986, Paris, La Documentation Française, , 302 p. (ISBN 9782110018069), p. 158
- Yannick Dehée, Agnès Chauveau, Dictionnaire de la télévision française, Paris, Nouveau Monde Eds, , 560 p. (ISBN 2847362657)
- Régine Chaniac, Sylvie Dessault, La télévision de 1983 à 1993 : Chronique des programmes et de leur public, Paris, Documentation Francaise, (ISBN 978-2869381094)
- « Les aides publiques au cinéma en France », sur https://www.senat.fr/
- Didier Courtois-Duverger, Un siècle de financement du cinéma, Paris, Cherche Midi, , 144 p. (ISBN 9782749129570)
- « Pourquoi voit-on moins de films certains soirs de la semaine ? », sur Conseil supérieur de l'audiovisuel
- Pascal Mérigeau et Jacques Zimmer, « On ne tire pas sur une ambulance », La Revue du cinéma,‎ , p. 346-351
- Jacques Lafon (Auteur), Esthétique de l'image de synthèse - La trace de l'ange, Paris, Editions L'Harmattan, , 230 p. (ISBN 978-2738483010), p. 10
- Claude Maggiori (Auteur) Sandrine Dyckmans (Auteur), La France qui disparait, Paris, Glénat, , 192 p. (ISBN 978-2723497916), p. 47
- « Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien », sur Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien
- Emmanuel Cocq, Alexis Dantec, Florence Lévy-Hartmann, « Combien tu m'aimes ? Pour une analyse économique de la politique cinématographique française », Revue de l'OFCE,‎ , p. 273-328 (lire en ligne)
- Pascal Mérigeau , Jacques Zimmer et Guy Gauthier, « On ne tire pas sur une ambulance », La Revue du cinéma,‎ , p. 27
- Francoscopie, Paris, Larousse, , p. 365
- Les Cahiers français, Paris, La Documentation Française, , p. 76
- Les Amis de Sèvres, Paris, Centre international d'études pédagogiques., p. 45
- Michel Souchon, « Petit écran, grand public : des nouvelles récentes », Réseaux. Communication - Technologie - Société,‎ , p. 57-75
- Alain Busson, Yves Evrard, Portraits économiques de la culture, Paris, La documentation française, , p. 103
- GĂ©rard Mermet, Francoscopie, Paris, Larousse, , p. 357
- « Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien », sur Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien (consulté le )
- Louis de Funès, grimaces et gloire, Paris, Grasset, , 524 p. (ISBN 9782246636618), p. 513