Accueil🇫🇷Chercher

Le Pacha (film, 1968)

Le Pacha est un film franco-italien réalisé par Georges Lautner, sorti en 1968.

Le Pacha
Description de l'image Le Pacha (film, 1968).png.
RĂ©alisation Georges Lautner
Scénario Georges Lautner
Michel Audiard
Albert Simonin
Acteurs principaux
Sociétés de production Gafer
Rizzoli Film
Société Nouvelle des Établissements Gaumont
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Policier
Durée 82 minutes
Sortie 1968

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

L'inspecteur de police Albert Gouvion est chargĂ© de convoyer une importante collection de bijoux d'une valeur inestimable. Mais un dangereux et perfide truand, Marcel Lurat, dit « Quinquin Â» et ses complices font sauter le fourgon blindĂ© au bazooka avant de s'emparer du butin. Quinquin Ă©limine ensuite un Ă  un ses complices, y compris Gouvion, dont le meurtre est maquillĂ© en accident ou suicide.

Le commissaire divisionnaire Louis Joss, supérieur et ami d'enfance de Gouvion, ne croit pas à la thèse de l'accident et veut le venger. Il comprend que son vieux pote, (qu'il surnomme affectueusement « Albert, la galoche », « le Bonheur des Dames » ou « l'empereur des cons ») avait ce don de s'attirer les ennuis, toujours de pire en pire selon lui, en s'impliquant par faiblesse au milieu des gangsters pour impressionner et plaire à sa séduisante maîtresse, Nathalie Villar.

Le commissaire Joss entreprend le ménage dans le milieu parisien (le « mitan » en argot). Il organise la confrontation de deux bandes rivales (dont l'une est dirigée par Quinquin et l'autre par Emile le Génois) à l'occasion d'un braquage d’un train postal, avec l'aide de la maîtresse de Gouvion, une jeune et belle serveuse dans une boîte de nuit, sœur de Léon de Lyon, un des complices éliminés par Quinquin après le braquage.

Fiche technique

Distribution

Production

Choix des interprètes

Le Pacha marque l'unique collaboration entre Jean Gabin et Georges Lautner. En 1963, Gabin était pressenti pour tourner dans Les Tontons flingueurs réalisé par Lautner. L'acteur voulait imposer son équipe de techniciens pour le film, ce que Lautner refusa, car il ne travaillait qu'avec l'équipe de ses débuts. Finalement, le rôle fut attribué à Lino Ventura.

Le film marque aussi la reprise de la collaboration entre Gabin et le dialoguiste Michel Audiard, après une période de froid.

Ă€ noter, les apparitions de Serge Sauvion (l'acteur doublant Peter Falk dans la version française de la sĂ©rie policière Columbo) dans le rĂ´le de l'inspecteur RenĂ©, ainsi que celles du chanteur Serge Gainsbourg (lui-mĂŞme), du cascadeur RĂ©my Julienne (un motard), du journaliste LĂ©on Zitrone (le commentateur hippique) et de VĂ©ronique de Villèle [7] (dans la boĂ®te « Le Hippie's Â» au bar, quand le commissaire Joss demande Nathalie Villar Ă  la barmaid).

Tournage

Le tournage s'est déroulé :

Accueil

Problèmes avec la censure

Une fois le montage bouclĂ©, le film est prĂ©sentĂ© le Ă  la commission de censure, qui est ulcĂ©rĂ©e par la violence du film : non seulement par le fait que le personnage d'AndrĂ© Pousse, Marcel Lurat, dit « Quinquin », tue ses complices, mais aussi parce que le personnage de Gabin, Louis Joss, dit « le Pacha », un commissaire divisionnaire, tabasse « le CorĂ©en » dans un bistrot et tue, sans sommation, Lurat. Pour la commission, il est impossible de montrer dans les salles de cinĂ©ma une telle vision de la police[9].

Georges Lautner ne se laisse pas démonter pour autant et se lance dans des discussions très poussées avec les producteurs et les censeurs pour soutenir son film. N'ayant pas obtenu gain de cause, il va organiser des rencontres radiophoniques faisant venir des jeunes qui racontent comment ils ont été maltraités par la police lors des interrogatoires. Au terme de cet affrontement, la censure va accepter de laisser passer un seul et unique coup de poing et de laisser la fin telle qu'elle est. Satisfait, Lautner révise le montage de son film en supprimant deux coups de poing de Gabin[10] (les deux derniers qui envoient le suspect s'effondrer en sang à travers une vitre ; la séquence est néanmoins visible dans la bande annonce de l'époque)[9].

Sur l'affiche promotionnelle du film, il est affiché « Interdit aux moins de 18 ans », classification de la commission de censure en raison de la violence[11]. Il sera classé interdit aux moins de 13 ans par la commission de censure qu'après deux semaines d'exploitation, une fois que Lautner aura procédé à un remontage atténuant la brutalité du personnage de Gabin[11].

De plus, la censure s'attaquera à la chanson de Serge Gainsbourg, Requiem pour un con en raison de sa vulgarité. Elle sera interdite de diffusion sur les ondes radiophoniques. Cette chanson bénéficiera d'une version remixée par Gainsbourg lui-même en 1991, en version électro-funky et ponctuées d’échantillons de ricanements de Serge Gainsbourg. Elle sortira le lendemain de sa mort et sera largement diffusée à la radio, en guise d'hommage.

Critique

À sa sortie, Le Monde critique le film pour sa complaisance et sa vulgarité mais souligne la modernité et le côté américain du cadre[12] -

Box-office

Le film a rĂ©alisĂ© 2 050 211 entrĂ©es en France lors de sa sortie, au 17e rang de l'annĂ©e 1968. Ă€ comparer aux 6 828 626 entrĂ©es de Le Gendarme se marie et aux 3 267 718 entrĂ©es de 2001, l'OdyssĂ©e de l'espace.

Autour du film

  • Le film est montĂ© en flash-back. Il commence avec les funĂ©railles d’Albert et l’histoire est racontĂ©e depuis son dĂ©but par le commissaire Joss, d’abord dans un monologue intĂ©rieur, avant de faire place aux scènes et aux dialogues du film.
  • Ă€ la 17e minute, dans la scène du commissariat, on peut apercevoir parmi les photos des criminels de l'attaque du fourgon les photos de Michel Audiard (cinquième photo en haut du mur de droite) et Georges Lautner (première photo de la seconde rangĂ©e de photos en bas Ă  gauche).
  • Le surnom de « Jo les Grands-Pieds », citĂ© par Albert Gouvion lors de son entrevue avec le commissaire Joss, est celui d'un ami de Jean Gabin ayant rĂ©ellement existĂ©.
  • Neuf ans après Le Pacha, Audiard et Lautner adapteront au cinĂ©ma un autre roman de Laborde, Mort d'un pourri.
  • Dans la scène du cabaret « Hippie's », la photo derrière la chanteuse est une affiche de cinĂ©ma, Un taxi pour Tobrouk, avec Lino Ventura, Charles Aznavour, Maurice Biraud et Germán Cobos.
  • Le cĂ©lèbre 36, quai des Orfèvres apparaĂ®t dans le film[13].
  • Quand Nathalie rĂ©pond Ă  Joss qu'elle a « de la famille Ă  Romorantin Â», il est possible que ce soit liĂ© Ă  la prĂ©sence de vĂ©hicules Matra dans le film (530 et Djet), fabriquĂ©s dans la mĂŞme localitĂ©.
  • Pour les besoins du film, Jean Gabin devait prendre place dans une Matra Djet, petit coupĂ© sport très profilĂ©, qui fut rĂ©ellement achetĂ© Ă  quelques exemplaires par la police pour les patrouilles sur autoroute Ă  la fin des annĂ©es 1960 ; dĂ©couvrant l'engin sur le site du tournage, Gabin aurait dĂ©clarĂ© Ă  Lautner : « Tu ne vas quand mĂŞme pas me faire monter dans ce suppositoire ? »[14] avant d'accepter, de plus ou moins bonne grâce.
  • Ă€ un moment, Albert Gouvion/Robert Dalban dit qu'il a affrontĂ© les « bazookas Â» dans les Ardennes en 1939 (en rĂ©alitĂ©, l'offensive allemande a eu lieu en 1940...). Or le bazooka ne fut disponible (chez les AmĂ©ricains, d'ailleurs) qu'en 1943.

RĂ©pliques cultes

  • « Oh, dans le fond, y'a pas de quoi pleurer ! Il revient tout simplement Ă  Saint-Denis, Albert. Il revient après un grand tour inutile, c'est tout. Il va enfin pouvoir se reposer de toutes ses singeries, de toutes ses fatigues, chez lui, lĂ , tout près de la Seine. Autrefois, avant que le bĂ©ton vienne manger l'herbe, c'est lĂ  qu'on regardait passer les bateaux, tous les deux. On jouait Ă  faire semblant de croire qu'ils allaient Ă  Shanghai, les pĂ©niches, ou qu'elles passaient sous le pont de San Francisco. Et lui, Albert, il a dĂ» continuer longtemps Ă  faire semblant de croire. Ă€ croire des trucs, des machins. C'est peut-ĂŞtre bien Ă  cause de ça qu'il est mort. De ça, et de son bĂ©guin tordu. Tout le monde parle d'infarctus, de cirrhose, de cancer, mais moi je dis que la pire maladie des hommes c'est de donner tout son amour Ă  une seule bonne femme Â» (Joss, monologue intĂ©rieur aux funĂ©railles d’Albert, scène d’ouverture du film).
  • « Je pense que quand on mettra les cons sur orbite t'as pas fini de tourner » (Joss Ă  Gouvion).
  • « Pourtant, c'Ă©tait un drĂ´le de colis, Albert, crois-moi ! Comme copain d'enfance, c'Ă©tait pas le grand Meaulnes, fallait se le faire. Il n'a jamais arrĂŞtĂ© de m'emmerder. Il a pris son Ă©lan Ă  la communale. Comme il avait honte de ses galoches, il fallait que je lui prĂŞte mes pompes. Il pĂ©tait une chaĂ®ne de vĂ©lo, fallait que je lui rĂ©pare. Après, c'Ă©tait l'algèbre : c'est du cri, j'y comprends rien, qu'il disait. Alors j'Ă©tais obligĂ© de me farcir ses problèmes. Parce qu'il a toujours eu des problèmes ce cave, t'entends ? Toujours, toujours ! Et de pire en pire ! Mais, qu'est-ce que tu veux, c'Ă©tait mon pote ! » (Joss Ă  Marc)
  • « La mort de Louis XVI aussi ! » (Joss rĂ©pondant Ă  un inspecteur qui parle de « regrettable accident » après la dĂ©couverte du corps d'Albert Gouvion).
  • « Quand on tue un poulet, c'est fou ce qu'il y a de parties de poker qui s'organisent chez les voyous. Â» (Joss Ă  Marc)
  • «  Maintenant, je vais te dire quelque chose. L'un de nous deux bute l'autre. Toi on te raccourcit, moi on me fĂ©licite. J'sais bien que c'est injuste, parce que c'est injuste. Mais c'est comme ça. T'as contre toi quarante ans de bons et loyaux services et une vie exemplaire. » (Joss au CorĂ©en)
  • « J'Ă©voque, j'balance pas ! Â» (rĂ©ponse de Nathalie Ă  Joss).
  • « Le Albert a toujours eu la galipette maudite. Dix fois je l'ai arrachĂ© Ă  des volailles incroyables. Mais je croyais tout de mĂŞme qu'Ă  60 carats il avait Ă©crasĂ©, et ben je m'Ă©tais gourĂ©. Â» (Joss Ă  Nathalie)
  • « - Eh ben, pour un quartier Ă  la con, c'est un quartier Ă  la con ! - Je te remercie. - Pourquoi? -J'y suis nĂ©. Albert aussi, d'ailleurs... il est vrai que ça a changĂ©, hein.» (dialogue dans la voiture entre Marc et Joss)
  • « Dis donc Ernest, entendons-nous bien (...) un casseur doublĂ© d'une donneuse, tu voudrais tout de mĂŞme pas que je t'embrasse, hein ? » (Joss Ă  Ernest).
  • « On n'amène pas des saucisses quand on va Ă  Francfort. » (Quinquin, Ă  Nathalie).
  • « T'aurais pu dire une rose quand on va sur la Loire, question de termes ! Â» (rĂ©ponse de Nathalie Ă  Quinquin).
  • « Écoute Paul, moi, le mitan j'en ai ras le fion ! Cela fait quarante ans que le truand me charrie. Je l'ai digĂ©rĂ© Ă  toutes les sauces et Ă  toutes les modes : en costard bien taillĂ© et en blouson noir. Ça tue, ça viole, mais ça fait rĂŞver le bourgeois et reluire les bonnes femmes. Elles trouvent peut-ĂŞtre ça romantique, mais moi pas ! Alors, j'ai pris une dĂ©cision. Moi, les peaux-rouges, je vais plus les envoyer devant les jurĂ©s de la Seine, Plus de non-lieu ni de remise de peine : je vais organiser la Saint-BarthĂ©lemy du mitan. » (Joss au directeur de la police).
  • « J'ai besoin de dix gars lundi ; ça tombe bien : c'est le jour de la lessive ! » (idem).
  • « Tu sais, quand on cause pognon, Ă  partir d'un certain chiffre, tout le monde Ă©coute ! » (Joss Ă  Nathalie).
  • « C'est gentil d'avoir pensĂ© Ă  moi. Mais, vois-tu, j'vais au charbon seulement quand j'suis raide, et pour l'instant j'cherche pas d'embauche » (Quinquin, Ă  Nathalie).
  • « Albert les Galoches, la terreur des Ardennes, le bonheur des dames, mon pote !… L’empereur des cons… » (Joss, image finale du film)

DVD / Blu-ray

En France, le film a fait l'objet de plusieurs sorties en DVD et Blu-ray.

  • Le Pacha Ă©dition collector (coffret 2 DVD ; DVD-9/DVD-5) sorti le Ă©ditĂ© par Gaumont et distribuĂ© par « Gaumont Columbia TriStar Home Video Â»[15]. Cette Ă©dition est de nouveau sortie le .
  • Le Pacha Ă©dition single (coffret DVD-9) sorti le Ă©ditĂ© par Gaumont et distribuĂ© par « Fox PathĂ© Europa Â»[16].
  • Le Pacha (coffret DVD-9) sorti le Ă©ditĂ© par Gaumont et distribuĂ© par Fox PathĂ© Europa[17].
  • Le Pacha (Blu-ray BD-50) sorti le Ă©ditĂ© par Gaumont et distribuĂ© par Fox PathĂ© Europa[18].

Notes et références

  1. [hhttps://www.ina.fr/video/I00010204/tournage-du-film-le-pacha-video.html Reportage du 21 décembre 1967 avec une interview de Danny CAREL]
  2. https://www.ina.fr/video/CAF89039450/nouveau-film-de-jean-gabin-le-pacha-video.htm%7CReportage sur le tournage passé au journal télévisé de 20h du 9 décembre 1967l - INA.fr
  3. UniFrance, affiche du film
  4. Visa CNC.
  5. Le nom rĂ©el du cabaret, visible Ă  deux reprises en enseigne lumineuse, est « Les Hippies Â». Cependant, dans la scène qui prĂ©cède l'arrivĂ©e de Joss au cabaret, l'inspecteur Marc dĂ©signe l'Ă©tablissement sous le nom de « Le Hippie's Â».
  6. Animatrice dans les années 1980 avec Davina Delor de l'émission de télévision Gym Tonic.
  7. Les sucreries dans la culture > Industrie sucrière et 7ème art : Le Pacha sur le site sucrerie-francieres.fr.
  8. « Le Pacha Â» sur La Bande Ă  Lautner (consultĂ© le 16 octobre 2009).
  9. À noter que l'on ne s'est visiblement donné aucune peine pour dissimuler cette coupure qui se fait volontairement visible, au milieu d'un film aux images particulièrement soignées.
  10. « Paris Fait Son Cinéma », sur parisfaitsoncinema.com (consulté le ).
  11. « Le PACHA », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  12. Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.
  13. Présentation au musée Matra de Romorantin : Les Matra au cinéma.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.