Hibernatus
Hibernatus est un film franco-italien comique réalisé par Édouard Molinaro d'après la pièce homonyme de Jean Bernard-Luc et sorti en 1969.
RĂ©alisation |
Édouard Molinaro Pierre Cosson (2e équipe) |
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Scénario |
Jean Halain Louis de Funès Jacques Vilfrid Jean Bernard-Luc |
Acteurs principaux | |
Pays de production |
France Italie |
Genre | Comédie |
Durée | 78 min. |
Sortie | 1969 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
1970. Un homme congelé dans les glaces du pôle Nord est retrouvé miraculeusement vivant au bout de 65 ans par une expédition polaire franco-danoise. Après enquête, il s'avère qu'il s'agit d'un jeune homme de 25 ans nommé Paul Fournier, parti en exploration en 1905 et parfaitement conservé. Il est alors progressivement réanimé par le professeur Loriebat, spécialiste mondial de l'hibernation artificielle.
Pendant ce temps, se rendant à une convocation du ministère de l'Intérieur, où il croit recevoir enfin la légion d'honneur tant attendue, l'industriel Hubert Barrère de Tartas apprend avec stupeur que « l'Hiberné » n'est autre que le grand-père de sa femme Edmée. Celle-ci s'oppose alors formellement à ce que son jeune grand-père devienne un cobaye au service de la science, et exige qu'il lui soit rendu afin qu'il partage la vie de sa famille. Les scientifiques tentent de l'en dissuader, prétextant que le brusque saut dans le monde moderne d'un homme qui ignore tout de la réalité, car mis à l'isolement dans une chambre d'hôpital depuis sa réanimation, risquerait de lui être fatal. Hubert se range à ces arguments, y voyant son propre intérêt : il doit écarter à tout prix Paul Fournier de sa famille et pour cause : au regard de la loi, celui-ci doit rentrer dans ses droits après ces nombreuses années d’« absence ». Or, Tartas doit justement une grande partie de sa fortune à la famille de son épouse.
Afin de reconquérir la confiance d'Edmée qui tient malgré tout tous les cordons de la bourse et qui le lui fait savoir, Hubert se décide finalement à récupérer le grand-père. Devant le refus de Loriebat, Tartas et son épouse l'enlèvent avec la complicité du professeur Bibolini, le psychiatre responsable de la santé mentale du patient, qui craint que son confrère n'utilise Paul Fournier à des fins scientifiques personnelles. Durant l'enlèvement, ce dernier est drogué afin d'éviter son réveil inopiné dans un monde trop moderne à ses yeux. Les ravisseurs se réfugient ensuite dans une abbaye médiévale, qui est bientôt encerclée par les forces de l'ordre. À ce moment, le grand-père reprend connaissance et croit voir en Edmée sa propre mère, Clémentine. Finalement, Loriebat et les autorités acceptent que Tartas et son épouse accueillent Fournier dans leur résidence du Vésinet, à la condition que celle-ci soit remise dans l'état où elle était en 1905, ce qui n'enchante guère Hubert (la demeure venant d'être récemment refaite et équipée à grands frais de tout le confort moderne). Les travaux étant pris entièrement en charge par l'État, il finit par accepter. Mais il est également contraint, comme tous les habitants du Vésinet, de vivre à la mode de ce début du siècle afin de préserver à tout prix la santé mentale du patient.
Se croyant encore à la Belle Époque, Paul Fournier reprend très vite ses marques, se croyant à la tête d'une fabrique de lampes à pétrole. Pour lui, Edmée a les traits de sa mère Clémentine qu'il adore. On pense alors que Hubert, même grimé, jouera aisément le rôle du père. Premier obstacle : on apprend que le père de Paul était un époux volage et que son fils était en très mauvais termes avec lui. Paul met donc Hubert (alias Fournier père) à la porte de chez lui. On résout la situation en présentant cette fois-ci Tartas sous les traits d'un nouveau prétendant de Clémentine Fournier, et il se retrouve ainsi dans la situation de courtiser sa propre femme. Il doit malgré tout faire ses preuves auprès de Paul, désormais méfiant, qui ne souhaite que le bonheur de sa mère.
Deuxième obstacle : Paul est aussi tombé amoureux d'Évelyne Crépin-Jaujard, fille d'un gros industriel et future fiancée de Didier, le fils de Tartas. Paul ne voit pas où est le problème car pour lui, Didier n'est qu'un intrus, qui lui a été présenté comme étant un étudiant ayant pris pension dans cette demeure, donc sans rapport avec la famille. Il cherche à le mettre lui aussi manu militari à la porte, ceci au grand dam d'Hubert qui voyait déjà dans les fiançailles de son fils, un excellent moyen de lier son entreprise à une grosse firme et d'être ainsi moins dépendant financièrement des « caprices » de son épouse. Paul écrit une lettre d'amour à Évelyne qu'il lit à Edmée (ignorant qu'Hubert se trouve aussi dans la chambre, caché sous le lit). Hubert parvient à récupérer la lettre. Mais le lendemain, Paul, ayant aperçu celle qu'il aime avec Didier, se précipite et se rend compte que la lettre que lit Didier à Evelyne n'est autre que la sienne. Les futurs fiancés se disputent et Didier s'en prend à son père.
Pour Hubert, la coupe est pleine et la plaisanterie a assez duré : dans un état de grande excitation, il met au courant Paul Fournier de toute la vérité à son sujet. Puis il quitte la maison totalement hystérique, poursuivi en vain par l'ensemble de la famille. Resté seul, Paul découvre un poste de télévision qu'il met en marche, et fait ainsi une découverte bouleversante : il est bel et bien mis devant la réalité du monde moderne.
Plus tard, Paul Fournier, revenu de ses émotions, épouse Évelyne. Cependant, durant la cérémonie, la famille reçoit un télégramme d'Hubert dont on n'avait plus de nouvelles depuis plusieurs jours. Celui-ci donne « rendez-vous dans un demi-siècle » à ses proches. Se rendant à l'hôpital dans lequel Paul a été soigné auparavant, ils découvrent alors, avec stupeur, le corps d'Hubert prisonnier d'un bloc de glace.
Fiche technique
- Titre : Hibernatus
- Réalisation : Édouard Molinaro, assisté de Pierre Cosson et Philippe Monnier
- Scénario et dialogues : Jean Halain, Jean Bernard-Luc, Louis de Funès, Jacques Vilfrid d'après la pièce homonyme de Jean Bernard-Luc
- Musique : Georges Delerue (Ă©ditions Hortensia)
- Décors : François de Lamothe
- Costumes : Jacques Fonteray
- Photographie : Marcel Grignon, Raymond Lemoigne
- Son : René-Christian Forget
- Montage : Robert et Monique Isnardon
- Production : Alain Poiré
- Sociétés de production : Gaumont (France), Rizzoli Films (Italie)
- Société de distribution : Gaumont
- Pays de production : France, Italie
- Langue originale : français
- Format : couleurs (Eastmancolor) - 35 mm - 2,35:1 (Franscope) - son mono
- Genre : comédie fantastique
- Durée : 78 minutes
- Date de sortie :
Distribution
- Louis de Funès : Hubert Barrère de Tartas, PDG d'une société d'emballage
- Claude Gensac : Edmée de Tartas née Fournier, épouse de Hubert et actionnaire majoritaire de la société
- Bernard Alane : Paul Fournier, grand-père d'Edmée, « l'Hiberné »
- Olivier de Funès : Didier de Tartas, fils d'Hubert et Edmée
- Michael Lonsdale : le professeur Édouard Loriebat, spécialiste de l'hibernation
- Pascal Mazzotti : le professeur Bibolini, confrère de Loriebat
- Martine Kelly : Sophie, servante des De Tartas
- Paul Préboist : Charles, maître d'hôtel des De Tartas
- Yves Vincent : Édouard Crépin-Jaujard
- Annick Alane : Mme Crépin-Jaujard
- Éliette Demay : Évelyne Crépin-Jaujard, fiancée de Didier
- Jacques Legras : l'avocat
- Claude Piéplu : le secrétaire général du ministère de l'Intérieur
- Harry-Max : le plus vieux copain de Paul
- Max Montavon : Rabier
- Évelyne Dassas : l'assistante du professeur Bibolini
- Robert Le BĂ©al : le docteur de la maison de repos
- Gérard Palaprat : le groom (rôle supprimé au montage, non crédité)
- Paul Bisciglia : le prĂŞtre moderne
- Raymond Malfray : le motard
- Jean-Pierre Zola : le moine de l'abbaye
- Bob Lerick : l'assistant qui rase « l'Hiberné »
- Sébastien Floche : l'huissier du secrétaire général
- Virginie Vignon : une soubrette
- Monita Derrieux : une infirmière
- Robert Destain : un médecin
- Carlo Nell : un reporter
- Sylvain LĂ©vignac : un ambulancier
- Adrien Cayla-Legrand : un photographe
- Jean Gold : un invité
- Michel Duplaix : un inspecteur
- Robert Lombard : M. Thomas, l'invité blasé à la réception (non crédité)
- Évelyne Dress : la journaliste (non crédité)
Production
DĂ©veloppement
À l'origine, le film devait être réalisé par Jean Girault[1]. Finalement Gaumont reprend la recette d'Oscar (1967) : une pièce à succès, Édouard Molinaro à la réalisation, et le couple Louis de Funès et Claude Gensac.
Tournage
Louis de Funès déclara qu'il ne fut guère à l'aise avec Édouard Molinaro, car il ne riait pas lors des scènes jouées par l'acteur, qui avait besoin de réactions et d'un public[2]. Hibernatus sera leur dernière collaboration.
Le tournage a eu lieu en ĂŽle-de-France :
- dans le département des Yvelines :
- la scène de l'entrevue entre Hubert de Tartas (Louis de Funès) et le secrétaire général (Claude Piéplu), censée se dérouler à l'hôtel de Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur), a été tournée en réalité dans la salle des mariages de l'hôtel de ville de Versailles. Le hall d'accueil ainsi que la salle de réception de la mairie ont également servi de décor au film ;
- certains plans ont été tournés au Vésinet ;
- l'église moderne qu'on aperçoit pendant la « cavale » des protagonistes avec l'« Hiberné » est l'église Saint-Léger, située au 20, rue de la Maison-Verte à Saint-Germain-en-Laye et qui fut construite dans le courant des années 1960 ;
- dans le département du Val-d'Oise :
- l'abbaye dans laquelle ils trouvent refuge est celle de Royaumont ;
- dans le département de la Seine-Saint-Denis :
- à l'aéroport du Bourget.
Post-production
- Dans le générique de début, Michael Lonsdale est crédité sous le nom de Michel Lonsdale.
- Quand Paul Fournier regarde la télévision, il voit un meeting aérien au cours duquel apparaissent le Concorde et le Tupolev Tu-144.
- Références directes faite à la tragédienne Sarah Bernhardt, au président de la république Émile Loubet et indirectement à Landru par le déguisement de Louis de Funès, quand il tente maladroitement de se faire passer pour le père de Paul Fournier.
- Hubert de Tartas, à la fin du film, donne rendez-vous à sa famille dans « un demi-siècle » . L'action se déroulant en 1970, on peut donc en conclure qu'il envisage de sortir de son « hibernation » en 2020. Cette période est désormais connue, et peut représenter une référence amusante aux yeux des spectateurs contemporains du film.
Incohérence
Quand Hubert emmène Edmée au cimetière voir la tombe de ses grands-parents, il est écrit que sa grand-mère Isabelle Fournier est née en 1836. Or le grand-père d'Edmée étant disparu en 1905 à 25 ans, il est né vers 1880, soit 44 ans plus tard que sa compagne. Celle-ci paraît donc plus logiquement être la grand-mère de l'hiberné, et donc l'arrière-arrière-grand-mère d'Edmée.
Accueil
Hibernatus est vu par 3 366 000 spectateurs dans les salles françaises[3], arrivant 5e au Box-office français de 1969.
Éditions en vidéo
En 2014, Hibernatus sort en Blu-ray, par Gaumont, dans une version restaurée[4]. L'édition contient deux bonus, dont un documentaire nommé Rompre la glace : Les Coulisses d'Hibernatus, et une bande-annonce[4]. Ces suppléments sont repris de l'édition DVD, sortie en 2002[4].
Notes et références
- « Souvenirs de Juin 1967 : Louis de Funès tournait Les Grandes Vacances au Havre » [vidéo], sur ina.fr
- « Quand Édouard Molinaro racontait ses rapports difficiles avec Louis de Funès... », sur Télérama,
- (en) Hibernatus sur l’Internet Movie Database
- Franck Brissard, « Hibernatus : le test complet du Blu-ray », sur DVDFr, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- « Hibernatus » Cinéma 69 N°140, Fédération Française des Ciné-Clubs (FFCC), Paris, 1969, pp.138-139, (ISSN 0045-6926)
- Claude Bouniq Mercier, « Hibernatus » Guide des Films. F-O (sous la direction de Jean Tulard), Éditions Robert Laffont (Collection Bouquins), Paris, 2005, pp.1542-1543, (ISBN 9782221104521)
- Édouard Molinaro, chapitre « Hibernatus », Intérieur Soir, Éditions Anne Carrière, Paris, 2009, pp.139, 300, (ISBN 9782843375583).
- Sylvain Perret, « On a dégelé Hibernatus ! », Schnock, no 45 « Louis de Funès »,‎ , p. 80-89 (ISSN 2117-3052).
Articles connexes
- Hibernatus, la pièce de théâtre de Jean Bernard-Luc
- Cryonie
- Ă–tzi
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database