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Georges Delerue

Georges Delerue, prononcĂ© [dɛlʁy], nĂ© le Ă  Roubaix (Nord) et mort le Ă  Burbank (Californie), est un compositeur et musicien français, spĂ©cialiste de musiques de films.

Georges Delerue
Description de l'image Georges Deleru 2.jpg.
Nom de naissance Georges Henri Jean-Baptiste Delerue
Naissance
Roubaix (France)
DĂ©cĂšs
Burbank (États-Unis)
Activité principale Compositeur pour le cinéma notamment
Années d'activité 1947-1992
Distinctions honorifiques Oscar de la meilleure musique originale (en 1980)
CĂ©sar de la meilleure musique (1979, 1980 et 1981)

ƒuvres principales

Auteur de plus de trois cents musiques de films, il reçoit à trois reprises le César de la meilleure musique, en 1979 pour Préparez vos mouchoirs, en 1980 pour L'Amour en fuite et en 1981 pour Le Dernier Métro, et l'Oscar de la Meilleure partition originale lui est décerné en 1980 pour I love you, je t'aime.

Biographie

Enfance ouvriĂšre

Georges naĂźt dans un milieu amateur de musique : ses parents, Georges Delerue, contremaĂźtre Ă  la fabrique de limes de la rue DecrĂȘme, et Marie Lhoest, qui aime chanter Gounod ou Bizet en s'accompagnant au piano, emmĂšnent souvent leur fils dans une des sept salles de projection que compte alors Roubaix. L'enfant se passionne pour le cinĂ©matographe et dĂšs l'Ăąge de cinq ans essaie de bricoler, avec le Meccano censĂ© le mettre sur les traces de son pĂšre, un projecteur et de reproduire des pellicules Ă  partir de ses dessins. Cette passion ne le quittera plus[1].

ÉlĂšve de l'Ă©cole professionnelle Turgot, qui le forme aux mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie, il est inscrit en 1939 par sa mĂšre au conservatoire pour apprendre Ă  jouer de la clarinette qu'il a hĂ©ritĂ©e de son oncle, mais il ne s'y intĂ©resse guĂšre[2]. DĂšs l'annĂ©e suivante, Ă  quatorze ans et demi, il doit cesser toutes Ă©tudes et prendre un travail dans l'usine oĂč travaille son pĂšre afin d'aider financiĂšrement sa famille[2]. Toutefois, il goĂ»te avec son grand-pĂšre maternel, chef de chƓur, le plaisir de la musique chantĂ©e en groupe et participe en tant que clarinettiste Ă  la fanfare locale[2].

Il réussit à convaincre ses parents de lui laisser les aprÚs-midi pour étudier au conservatoire le solfÚge[2]. Il est admis dans la classe de piano de Madame Picavet-Bacquart, qui lui fait découvrir Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Grieg[3]. Richard Strauss devient son idéal.

Souffrant d'une scoliose ancienne, il est opéré à la suite d'une chute de bicyclette. Cinq mois passés allongés dans un plùtre sont une épreuve qui détermine l'adolescent à consacrer sa vie à la composition musicale[3]. En 1943, en dépit des réticences qu'ont suscitées son extraction sociale, son inculture musicale et le retard en solfÚge qu'ont induits ses obligations professionnelles, il est admis en classe d'harmonie par un nouveau directeur, plus ouvert, Alfred Desenclos, lequel perçoit le talent de son élÚve et obtient des parents de celui-ci qu'il abandonne l'usine[3].

Conservatoire de Paris

En 1945, Georges Delerue termine le conservatoire de Roubaix par un premier prix de piano, un premier prix de musique de chambre, un premier prix d'harmonie, un deuxiĂšme prix de clarinette et rĂ©ussit les Ă©preuves d'admission au Conservatoire de Paris[4]. Il apprend la fugue dans la classe de Simone PlĂ©-Caussade et la composition dans celle d'Henri BĂŒsser, que remplace Darius Milhaud en 1948[4]. BĂ©nĂ©ficiaire de la bourse Fernand-Halphen, il doit toutefois, pour financer ses Ă©tudes, jouer dans les bals jusqu'en province[4]. Il accompagne Ă  l'orgue baptĂȘmes, mariages, obsĂšques[4]. AttirĂ© par le jazz, il se produit dans les pianobars du quartier de l'OpĂ©ra[4].

C'est dans ce cadre qu'il produit en 1947 une premiĂšre Ɠuvre, Panique, et s'initie Ă  la conduite auprĂšs de l'ex-chef d'orchestre des Ballets russes Roger DesormiĂšre[5]. Il reçoit des leçons Ă©galement de Jean Rivier. Il produit son premier quatuor Ă  cordes l'annĂ©e suivante, en 1948 et, afin d'amĂ©liorer sa situation financiĂšre, travaille comme nĂšgre pour le compositeur de cinĂ©matographe Jean Marion.

Radio France

En 1949, il obtient le Premier Prix de Composition ainsi que le Premier Second Grand Prix de Rome, auquel il avait échoué deux ans plus tÎt. Il compose un Concertino pour trompette et orchestre à cordes en 1951 et l'année suivante, en 1952, il est nommé compositeur et chef d'orchestre à la Radiodiffusion française. C'est là qu'il écrit en 1955 sa Symphonie concertante.

En 1957, il crée à l'Opéra de Nancy, en collaboration avec Jésus Etcheverry (direction musicale) et Marcel Lamy (mise en scÚne), un opéra sur une piÚce de Boris Vian d'aprÚs la légende des Chevaliers de la Table ronde, Le Chevalier de neige. Sur les conseils de Darius Milhaud, il commence à composer pour le théùtre, pour Jean Vilar, puis pour le cinéma, avec Hiroshima mon amour en 1959.

La Nouvelle Vague

Sa rencontre avec deux rĂ©alisateurs issus de « la Nouvelle Vague » que sont François Truffaut et Jean-Luc Godard sera dĂ©terminante pour faire connaĂźtre sa musique bien au-delĂ  des frontiĂšres de la France, notamment avec ses compositions pour Jules et Jim en 1962 et Le MĂ©pris en 1963. Son Ă©criture musicale s'inscrit dĂšs lors dans une veine romantique qu'il ne cessera de dĂ©velopper, parfois dans un style lĂ©ger et aĂ©rien (Le Roi de cƓur, Le Diable par la queue, Les Caprices de Marie), parfois dans une Ă©criture plus grave et tourmentĂ©e (L'Insoumis, L'important c'est d'aimer). Collaborateur fidĂšle de Truffaut, il composera pour ce dernier une dizaine de partitions dont notamment Les Deux Anglaises et le Continent, La Nuit amĂ©ricaine, L'Amour en fuite, Le Dernier MĂ©tro, La Femme d'Ă  cĂŽtĂ© ou Vivement dimanche !, le dernier film du cinĂ©aste.

Le spectacle populaire

Autre collaboration privilĂ©giĂ©e avec le rĂ©alisateur Philippe de Broca, la musique de Delerue sait aussi prendre une dimension plus aventureuse comme en tĂ©moignent ses partitions pour Cartouche, L'Homme de Rio ou L'Africain. Les films de Philippe de Broca lui ouvrent naturellement les portes d'un cinĂ©ma français populaire, oĂč Delerue compose la musique de grands succĂšs publics pour les films de GĂ©rard Oury (Le Corniaud, Le Cerveau), d'Henri Verneuil (Cent mille dollars au soleil), d'Édouard Molinaro (Hibernatus), ou d'Henri Colpi (Heureux qui comme Ulysse).

Musicien prolifique, il compose Ă©galement pour la tĂ©lĂ©vision et la radio (Jacquou le Croquant, Les Rois maudits de 1972, l'indicatif de Radioscopie de Jacques Chancel). Il composera aussi la musique du spectacle de nuit La CinĂ©scĂ©nie du Puy du Fou (pour la pĂ©riode 1982-2002), auquel ont prĂȘtĂ© leurs voix Alain Delon, Jean Piat, Suzanne Flon, Robert Hossein ou encore Philippe Noiret en 1981.

Dans les annĂ©es 1970, il rencontre la faveur de nouveaux rĂ©alisateurs comme Claude Miller, Yannick Bellon ou Alain Corneau. Le cinĂ©ma français le rĂ©compensera trois annĂ©es consĂ©cutives en 1979, 1980 et 1981, oĂč il obtient le CĂ©sar de la meilleure musique pour ses compositions sur les films PrĂ©parez vos mouchoirs, L'Amour en fuite et Le Dernier MĂ©tro.

CarriĂšre internationale

Les cinĂ©astes Ă©trangers commencent Ă©galement Ă  s'intĂ©resser Ă  son travail, notamment Fred Zinnemann (Un homme pour l'Ă©ternitĂ©, Chacal) ou Mike Nichols (Le Jour du dauphin), mais sa peur panique de l'avion l'oblige Ă  limiter ses dĂ©placements aux États-Unis. Il ne se dĂ©cidera Ă  s'installer Ă  Hollywood qu'Ă  partir de 1980, oĂč il remporte l'Oscar de la meilleure musique pour le film I Love You, je t'aime de George Roy Hill. Il travaillera notamment sur les musiques de Salvador en 1985 et de Platoon en 1986 pour le rĂ©alisateur Oliver Stone. Son sĂ©jour amĂ©ricain lui laissa un sentiment d'insatisfaction : il ne trouva pas la libertĂ© de composition nĂ©cessaire.

ParallÚlement à sa carriÚre américaine, il continuera de composer pour le cinéma français, dont on retiendra les trÚs belles partitions de Un homme amoureux de Diane Kurys en 1986, le diptyque La Révolution française en 1989 et surtout son magnifique Concerto de l'Adieu composé pour le film Dien Bien Phu en 1992.

Le tombeau familial au PĂšre Lachaise, division 44, porte Ă  l'ombre d'une grande croix une inscription In memoriam.

Georges Delerue meurt Ă  67 ans d'une attaque cĂ©rĂ©brale au Providence Saint Joseph Medical Center (en) de Burbank[6]. Il est enterrĂ© au Forest Lawn Memorial Park de Glendale, en Californie[7].

Martin Scorsese utilise le ThĂšme de Camille musique du film Le MĂ©pris dans son film Casino. Catherine Corsini reprendra aussi ses musiques dans son film Partir (2009). Wong Kar Wai, reprendra Julien et Barbara du film Vivement dimanche! dans son film 2046 (2004).

Compositions

Musiques de films

Cette liste est non exhaustive, Georges Delerue a composé des musiques pour 348 films[8] :

Musique de télévision

Musiques de documentaires

  • 1952 : Les ingĂ©nieurs de la mer de Jean Raynaud (documentaire)
  • 1952 : Nos soldats en Afrique noire du Service cinĂ©matographique des armĂ©es (documentaire)
  • 1952 : Paysages antarctiques de Luc-Marie Bayle et Jean Rouilly (documentaire)
  • 1953 : L'Aventure et ses terre-neuvas de AndrĂ© Nester (documentaire)
  • 1953 : Madagascar, terre de traditions et d'avenir du Service cinĂ©matographique des armĂ©es (documentaire)
  • 1953 : Soldats du Maroc de Bernard Simiot (documentaire)
  • 1987 : Tours du monde, tours du ciel de Robert Pansard-Besson (documentaire d'astrophysique et de cosmologie)

Opéras

  • Ariane
  • Le Chevalier de neige
  • Une regrettable histoire
  • MĂ©dis et Alyssio

Théùtre

Ballets

  • L'Emprise
  • Conte cruel
  • La Leçon
  • Les Trois Mousquetaires

Spectacle

ƒuvres chorales

  • PriĂšres pour les temps de dĂ©tresse, pour baryton solo, chƓur mixte et ensemble instrumental - partition Ă©ditĂ©e aux Éditions À CƓur Joie (crĂ©ation aux Choralies de Vaison-la-Romaine en 1983) [12]

Musique pour orchestre

  • Panique, mouvement symphonique
  • Suite de danses
  • Concertino pour trompette et orchestre Ă  cordes
  • Triptyque sur des thĂšmes roumains
  • Suite d'orchestre pour la libĂ©ration de Paris
  • Variations libres pour un libre penseur sur le nom de Ludwig van Beethoven
  • Concertino pour piano et orchestre Ă  cordes
  • Symphonie concertante pour piano et orchestre
  • Concerto pour piano et orchestre
  • Dialogue concertant pour trompette, trombone et orchestre
  • PrĂ©lude et danse pour hautbois et orchestre Ă  cordes
  • Concerto pour cor et orchestre Ă  cordes
  • Concerto pour trombone tĂ©nor et orchestre Ă  cordes
  • Concerto pour quatre guitares et orchestre
  • Concerto de l'adieu, pour violon et orchestre

Musique de chambre

  • Quatuor pour piano et cordes
  • Deux quatuors Ă  cordes
  • Mouvement pour percussion et piano
  • PoĂšme fantasque pour cor et piano
  • Concertino pour deux pianos
  • Vitrail pour quintette de cuivres
  • Sonate pour trompette et orgue

Distinctions

César du cinéma

Oscar du cinéma

Golden Globes

Voir aussi

Bibliographie

  • FrĂ©dĂ©ric Gimello-Mesplomb (trad. David Hocquet, prĂ©f. Oliver Stone), Georges Delerue : une vie, HĂ©lette, J. Curutchet, , 277 p. (ISBN 2-904348-78-6).
  • Bernard Grelle (dir.), Georges Delerue, Roubaix, la MĂ©diathĂšque, coll. « Rencontre avec... » (no 35), , 31 p.
  • Vincent Perrot (prĂ©f. Philippe de Broca), Georges Delerue, de Roubaix Ă  Hollywood, Chatou, Carnot, coll. « Musique & cinĂ©ma », , 253 p. (ISBN 2-84855-100-3).
  • Daniel BastiĂ©, Georges Delerue, la musique au service de l'image, Éd. Grand Angle, 2014.

Notes et références

  1. G. Delerue, cité in Gimello, op. cité.
  2. « Biography : itinéraire d'un élÚve doué, p. 1 ».
  3. « Biography : itinéraire d'un élÚve doué, p. 2 ».
  4. « Biography : itinéraire d'un élÚve doué, p. 3 ».
  5. N. Guillot, « Georges Delerue/Roger DésormiÚre : leçon de direction d'orchestre », Comité Roger DésormiÚre, novembre 2015.
  6. (en) Burt A. Folkart, « G. Delerue; Maestro of Film Scores », Los Angeles Times, Los Angeles, (consulté le ).
  7. (en) « Georges Delerue », sur Find a Grave
  8. Filmographie sur ciné ressources
  9. réédition en 1952 du film Un chapeau de paille d'Italie sorti en 1928
  10. réédition en 1952 du film Les Deux Timides sorti en 1928
  11. réédition en 1989 du film Casanova sorti en 1927
  12. « Partition PriĂšres pour les Temps de DĂ©tresse - 4 Voix Mixtes - chƓur Piano », sur www.editionsacoeurjoie.fr (consultĂ© le )

Liens externes

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