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Mille milliards de dollars

Mille milliards de dollars est un film français d'Henri Verneuil sorti en 1982.

Mille milliards de dollars
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de l'affiche de 1982
RĂ©alisation Henri Verneuil
Scénario Henri Verneuil
Musique Philippe Sarde
Acteurs principaux
Sociétés de production V Films
SFP
Films A2
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Thriller
Durée 132 minutes
Sortie 1982

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Il emprunte son titre, ainsi que quelques répliques, à un livre d'économie du même nom, Mille milliards de dollars[1].

Résumé détaillé

Grand reporter au journal La Tribune, Paul Kerjean reçoit un appel téléphonique d'un informateur anonyme, qui lui donne rendez-vous dans un parking désert. Son interlocuteur l'informe que l'industriel et politicien Jacques Benoît-Lambert aurait reçu des pots-de-vin pour céder l'entreprise « Electronique de France », à la tête de laquelle il vient d'être nommé, à la multinationale américaine GTI. Après avoir eu confirmation des accusations en approfondissant son enquête, en interrogeant l'épouse trompée de JBL et le détective privé engagé par cette dernière pour suivre ce dernier et sa maîtresse, Laura Weber, Kerjean fait publier son article qui connaît un énorme retentissement et provoque un scandale.

Le lendemain de la publication, Benoît-Lambert est retrouvé mort dans sa voiture, une balle dans la tête. La police conclut au suicide. De retour d'un week-end dans la ville où il a fait ses débuts et s'est marié avec Hélène, dont il vit séparé et avec lequel elle a eu un fils, Kerjean découvre que l'industriel a en fait été assassiné et commence à comprendre qu'il a été manipulé pour détruire la réputation de Benoît-Lambert et faire croire qu'il a mis fin à ses jours.

Déterminé à découvrir la vérité, Kerjean continue son enquête, demandant entre autres l'aide de Laura Weber. Il apprend que JBL n'avait aucune intention de vendre Electronique de France à GTI et constituait un dossier prouvant le passé de la multinationale américaine, qui a vendu des armes à l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais une organisation secrète en cheville avec GTI, ayant eu vent du plan de Benoît‑Lambert, a décidé de régler le problème. Alors qu'il s'enfonce de plus en plus dans son enquête, le journaliste voit sa vie et celle de ses proches menacées. Après que son fils a échappé à une chute mortelle, Kerjean demande à Hélène de partir avec l'enfant en province pour leur protection.

De retour chez lui, Kerjean retrouve l'informateur, Hankins, qui travaille pour l'organisation, qui le braque avec une arme. Venu récupérer le dossier incriminant que le journaliste a obtenu auprès d'Holstein, un ancien cadre de la branche autrichienne de GTI, il s'apprête à l'éliminer en faisant passer sa mort pour un suicide. Kerjean, qui avait caché un pistolet, s'en empare et abat Hankins de plusieurs balles, le tuant sur le coup. Le journaliste décide de se planquer dans un hôtel près de la ville de ses débuts pour y écrire son article intitulé « Mille milliards de dollars ». Hélène le retrouve et décide de l'aider à l'écriture.

Kerjean appelle la rédaction de la Tribune pour lui proposer de le publier. Mais comprenant que l'organisation a fait disparaître le corps de Hankins et veut le faire discréditer en laissant la fausse lettre de suicide chez lui, le reporter se voit opposer un refus et commence à douter quand Hélène trouve la solution en le faisant publier dans le quotidien local où il travaillait et avec le directeur duquel il est resté en contact, le bienveillant Guérande. Le journal est alors tiré à plusieurs milliers d'exemplaires et uniquement consacré au sujet de Kerjean, grâce au soutien de Guérande mais aussi d'Hélène, avec laquelle il renoue.

Fiche technique

Distribution

Commentaires

Comme dans son précédent film I… comme Icare, Henri Verneuil raconte l'histoire d'un homme que son métier met aux prises avec une affaire qui le dépasse. Ici, le ressort n'est pas politique, mais économique : le journaliste Paul Kerjean, travaillant pour le quotidien La Tribune, démêle les mailles d'un imbroglio dans lequel GTI, une multinationale américaine, cherche à prendre le contrôle d'une société d'électronique française pour distribuer ses produits à un pays tiers (on ne saura jamais lequel) avec lequel les firmes américaines n'ont pas le droit de traiter. L'enquête de Kerjean l'amènera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale et des révélations peu flatteuses sur le passé de GTI.

Henri Verneuil dénonce avant tout les dangers de la mondialisation, propice à l'apparition de sociétés aussi tentaculaires qu'inhumaines, dans lesquelles chacun n'est qu'un pion jetable à volonté, obligé de faire sans cesse du profit pour espérer survivre, au gré — et malgré — des gouvernements qui se succèdent ici et là.

À ce titre, les paroles du président de GTI, qui désire voir graver sur sa tombe le cours de l'action GTI le jour de sa mort, trouvent leur écho dans l'inquiétude du journaliste qui constate avec fascination que les 30 premières entreprises mondiales font, à elles seules, le chiffre d'affaires annuel colossal de mille milliards de dollars...

Sortie et accueil

Le film est parvenu à totaliser près de 1,2 million d'entrées à sa sortie[4]. Bien que le film soit parvenu à faire un score honorable, le score du film en salles est ressenti comme un semi-échec par rapport aux attentes de l'acteur[alpha 1], dont c'est le dernier film à sortir de son vivant.

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1982 » sur Les Archives du box-office , d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1du 10 au 2327 225327 352La Folle Histoire du monde
2du 17 au 6228 989556 341
3du 24 février au 8163 688720 029Tête à claques
4du 4 au 6131 545851 574
5du 10 au 1378 350929 924Les Sous-doués en vacances
6du 17 au 1757 495987 419
7du 24 au 2433 3781 020 797
8du 31 mars au 2829 7041 050 501

Autour du film

  • Long mĂ©trage succĂ©dant Ă  Un mauvais fils de Claude Sautet pour Patrick Dewaere, ce film marque le retour de l'acteur en vedette après un Ă©vĂ©nement ayant bouleversĂ© sa carrière professionnelle : pour s'ĂŞtre violemment emportĂ© contre Patrice de Nussac, journaliste au Journal du dimanche, qui lui avait promis de ne pas dĂ©voiler son prochain mariage avec Élisabeth Chalier, la mère de sa seconde fille, Dewaere subit durant de longs mois un vĂ©ritable boycott de la part de la presse et des mĂ©dias. MĂŞme les producteurs hĂ©sitent dĂ©sormais Ă  l'employer. Il n'est plus interviewĂ© et, fait sans prĂ©cĂ©dent en France, son nom est supprimĂ© du gĂ©nĂ©rique de ses films dans plusieurs journaux, voire remplacĂ© par des initiales employĂ©es dans une ambiguĂŻtĂ© Ă  connotation pĂ©jorative : « P.D. ». Henri Verneuil parvient Ă  l'imposer mais on sent toujours quelques rĂ©ticences des mĂ©dias lors de la promotion du film. Ainsi, le dans le Journal de 13 heures de TF1, Yves Mourousi ne le laisse s'exprimer que quelques secondes sur une interview de plus de neuf minutes avec une partie de l'Ă©quipe du film, bien qu'il ait le premier rĂ´le. Il parvient toutefois Ă  prĂ©ciser avec ironie, au sujet du personnage qu'il interprète et qui est lui-mĂŞme un journaliste : « Je suis accusĂ©, Ă  tort, d'un très grand scandale », rĂ©fĂ©rence au boycott mĂ©diatique dont l'acteur a fait l'objet[5].
  • La première partie du film Ă©voque l'affaire Robert Boulin(Suicide maquillant un crime, homme politique compromis dans une affaire dĂ©noncĂ©e par la presse). Sur ce thème, voir Affaire Robert Boulin.
  • La dernière partie du film Ă©voque l'histoire d'une multinationale amĂ©ricaine durant la Seconde Guerre mondiale.
    • On pense notamment Ă  la firme ITT, très critiquĂ©e par l'extrĂŞme gauche au milieu des annĂ©es 1970 pour sa contribution au renversement du gouvernement chilien Allende et Ă  l'effort d'armement amĂ©ricain dans la guerre du ViĂŞt Nam.
    • La visite dans l'entreprise GTI au dĂ©but du film dĂ©crit assez bien l'ambiance dans les filiales europĂ©ennes.
    • Certains ont aussi songĂ© Ă  la firme IBM, mais celle-ci avait perdu tout contrĂ´le sur sa filiale allemande Dehomag dès le milieu des annĂ©es 1930, Ă©tant donnĂ© la politique de nationalisation hitlĂ©rienne.
    • Cependant Edwin Black dans son livre IBM et l'Holocauste indique que les liens entre IBM et Dehomag restaient Ă©troits et se faisaient sous le radar des AlliĂ©s, mais en partenariat fort avec le rĂ©gime nazi[6] - [7] - [8].
    • Il se peut Ă©galement que derrière l’acronyme GTI se cache la sociĂ©tĂ© texane GSI (Geophysical Service, Inc.), active pendant la guerre dans le secteur des dĂ©tecteurs de sous-marins et dont au moins un employĂ© a espionnĂ© pour le compte de l’Allemagne nazie[9]. GSi deviendra Texas Instruments en 1951.
  • Mille milliards de dollars est l'avant-dernier film de Patrick Dewaere et surtout le dernier sorti de son vivant. Son film suivant intitulĂ© Paradis pour tous qui est le dernier de l'acteur sort un mois après sa mort.

Citation

De Kerjean à Holstein : « Voyez-vous, de très grandes choses ont souvent été réalisées parce que deux hommes, face à face, se sont regardés et ont su saisir cette seconde indéfinissable qui est la confiance, sans raison et sans logique. »

Références

Notes

  1. Carrière 2012, p. 215.

Références

  1. Robert Lattès et Max Dordives, Mille milliards de dollars : le monde économique de demain, Paris, Éditions et publications premières, coll. « Edition spéciale », , 221 p.
  2. False Front (titre original), 1978. Paru dans la collection Série noire n° 1741 en 1979.
  3. « MILLE MILLIARDS DE DOLLARS : Visas et Classification », sur CNC.fr, (consulté le ).
  4. « Mille milliards de dollars », sur Jp's Box-office, 14 mars 2011.
  5. Journal de 13h d'Yves Mourousi, TF1, , sur le site de l'INA.
  6. (en) « IBM 'dealt directly with Holocaust organisers' », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « IBM and the Holocaust », sur nytimes.com (consulté le ).
  8. (en) Edwin Black, « IBM's Role in the Holocaust -- What the New Documents Reveal », sur huffingtonpost.com, HuffPost, (consulté le ).
  9. Biographie de Frank Rollins - http://www.worldcat.org/title/oral-history-interview-with-j-frank-rollins-1996-july-20/oclc/243705426

Liens externes

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