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 comme Icare

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 comme Icare est un film français rĂ©alisĂ© par Henri Verneuil, sorti en 1979.

I
 comme Icare

RĂ©alisation Henri Verneuil
Scénario Henri Verneuil
Didier Decoin
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux
Sociétés de production Antenne 2 et V Films
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Thriller
Durée 122 minutes
Sortie 1979

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Résumé détaillé

L'histoire prend place pendant la décennie 1970 dans un pays occidental dont le nom n'est pas mentionné.

Marc Jary est un homme d'État qui vient d'ĂȘtre rĂ©Ă©lu triomphalement. Cette victoire l'incite Ă  parader dans une dĂ©capotable dans la capitale. La foule en liesse s'amasse partout, aux abords des bĂątiments comme des routes empruntĂ©es lors du passage du cortĂšge.

Jary est assassiné dans sa décapotable en pleine journée, devant une masse abondante de témoins. Il s'est fait tirer dessus depuis un grand bùtiment surplombant le défilé.

Une commission d'enquĂȘte est instituĂ©e afin d'Ă©lucider les circonstances de l'attentat. Elle est dirigĂ©e par le prĂ©sident de la Haute Cour de justice, FrĂ©dĂ©ric Heiniger. Le rapport final de cette commission conclut qu'il n'y a eu qu'un seul tireur, Karl-Éric Daslow, ĂągĂ© d'une vingtaine d'annĂ©es. Le meurtrier a agi seul, par folie et avec prĂ©mĂ©ditation. Tandis qu'il se trouvait placĂ© sur un toit-terrasse, il a tirĂ© trois balles en direction de sa cible puis a abandonnĂ© sur place son fusil Ă  lunettes. Cet homme est retrouvĂ© mort dans l'ascenseur du building avec une balle logĂ©e dans la tĂȘte. Un pistolet encore fumant se trouve prĂšs de lui ; il est donc dĂ©clarĂ© suicidĂ© puisqu'il Ă©tait seul dans la cabine qui descendait.

Un membre de la commission Heiniger refuse de signer ce rapport : c'est le procureur Henri Volney, un homme d'une grande intĂ©gritĂ©, qui perçoit instinctivement qu'il y a une part de la vĂ©ritĂ© qui manque. Il reçoit les pleins pouvoirs afin de recommencer l'enquĂȘte.

Le procureur Volney reprend le fil de l'histoire depuis le début, avec l'aide de ses quatre collaborateurs. Il récupÚre des films amateurs de l'assassinat, entre autres celui de Robert Sanio lui semble particuliÚrement intéressant : il est pris d'un angle de vue aux abords immédiats de l'immeuble utilisé par l'assassin. Le vidéaste amateur est accompagné de son avocat et lui vend la vidéo à prix d'or. Il lui révÚle aussi qu'il en a déjà vendu une copie il y a quelque temps à une société. Il est cependant certain que son film n'a jamais été diffusé à la télévision.

Sanio se trouvait au niveau d'une vaste esplanade au pied de l'immeuble d'oĂč Daslow a tirĂ©. Sur les images fournies, l'Ă©quipe de Volney repĂšre en zoomant la silhouette d'une personne Ă  une fenĂȘtre du deuxiĂšme Ă©tage de l'immeuble, regardant lui aussi la route. Ce n'est donc distinctement pas Daslow puisque ce dernier se trouvait sur la terrasse du bĂątiment. Le procureur remarque qu'au moment des faits, les bureaux du deuxiĂšme Ă©tage de l'immeuble Ă©taient louĂ©s par une sociĂ©tĂ© fantĂŽme.

Sur les plans du film juste aprĂšs les coups de feu, neuf personnes perçoivent nettement les dĂ©tonations des tirs. Ces gens sont tous de simples quidams Ă©parpillĂ©s autour du cameraman et, du fait de leurs positions particuliĂšres, perçoivent diffĂ©remment l'origine des coups de feu. Ces personnes tournent la tĂȘte vers les fenĂȘtres du bĂątiment, et non vers les hauteurs de la terrasse. Ce sont donc neuf tĂ©moins d'une scĂšne clĂ©, dont les conclusions logiques les rendent prĂ©cieux : il y a eu un tireur distinct de celui retrouvĂ© mort dans l'ascenseur.

Volney interroge un tĂ©moin citĂ© dans la commission d'enquĂȘte prĂ©cĂ©dente, Nicky FarnĂšse. Il y a affirmĂ© avoir vu Daslow en haut de l'immeuble. Le procureur vĂ©rifie s'il est possible de voir quelqu'un sur le toit-terrasse depuis l'esplanade. Mais FarnĂšse est myope et il ne portait pas ses lunettes lorsqu'il a dĂ©signĂ© le haut de l'immeuble. De plus, le camion de la rĂ©gie de tĂ©lĂ©vision couvrant l'Ă©vĂ©nement Ă©tait placĂ© exactement entre le tĂ©moin et l'immeuble, obstruant totalement la vue. C'est donc un faux tĂ©moin.

Le procureur, consciencieux, fait rĂ©aliser aussi une reconstitution de l'assassinat. Un tireur d'Ă©lite reproduit les tirs du sommet de la tour avec une arme et des munitions identiques. Les douilles sont Ă©jectĂ©es hors du fusil Ă  haute vitesse. Elles se retrouvent largement dispersĂ©es sur la terrasse du bĂątiment, contrairement aux trois douilles de Daslow, retrouvĂ©es groupĂ©es Ă  moins d'un mĂštre de la zone de tir. Cette discordance accrĂ©dite l'hypothĂšse d'une mise en scĂšne. Le prĂ©tendu assassin retrouvĂ© mort dans l'ascenseur se trouve donc ĂȘtre un simple pantin, un homme de paille destinĂ© Ă  couvrir le vrai tireur placĂ© au deuxiĂšme Ă©tage. Il est fort probable que le vrai meurtrier, ayant accompli son acte sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©, ait pris soin d'assassiner Daslow dans l'ascenseur pour brouiller les pistes. En effet, ce dernier n'avait pas de raison flagrante de se suicider.

À l'issue des recherches de ses collaborateurs, Volney dĂ©couvre que huit des neuf tĂ©moins se sont spontanĂ©ment prĂ©sentĂ©s pour tĂ©moigner Ă  la prĂ©cĂ©dente commission d'enquĂȘte. Il y a eu pourtant une logique systĂ©matique d'Ă©cartement de leurs tĂ©moignages, non pris en compte, jugĂ©s fantaisistes ou inintĂ©ressants. Toutes ces personnes sont mortes par la suite : plusieurs par des accidents de la route, une autre par pendaison et un assassinat sous couvert de lĂ©gitime dĂ©fense. Leur mort fut Ă  chaque fois trĂšs violente. Le neuviĂšme tĂ©moin, trĂšs discret jusque-lĂ , est totalement inconnu des autoritĂ©s. Il ne s'est jamais manifestĂ© pour prĂ©senter son tĂ©moignage : il est donc parfaitement anonyme.

Le procureur, qui a bien compris qu'il y a une volontĂ© manifeste de faire taire les tĂ©moins gĂȘnants, lance un appel Ă  la tĂ©lĂ©vision montrant la photographie de la personne inconnue afin de la retrouver rapidement.

Cet homme inconnu s'appelle Franck Bellony. MariĂ© et pĂšre d'une petite fille, il est persuadĂ© par son Ă©pouse de prendre contact avec le procureur, puisque l'appel Ă  tĂ©moins tĂ©lĂ©visĂ© indique le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone Ă  joindre. Volney prĂ©cise Ă  cet inconnu, lorsqu'il parvient Ă  lui parler, qu'il est le dernier tĂ©moin vivant et que sa vie est en grand danger. MalgrĂ© sa peur, Bellony accepte d'aider le procureur. Volney lui demande de scruter une longue sĂ©rie de diapositives de suspects. Il n'identifie pas le tireur qu'il a aperçu Ă  la fenĂȘtre du deuxiĂšme Ă©tage mais il reconnaĂźt un autre homme qui Ă©tait sur place. Cette personne Ă©tait sur le trottoir en contrebas et tenait un parapluie alors qu'il ne pleuvait pas. Elle l'a ouvert juste avant les coups de feu. Il s'agit d'un membre de la pĂšgre dĂ©jĂ  connu pour des affaires criminelles, Carlos de Palma.

Luigi Lacosta panique nettement. Il s'agit du vrai tireur. AlarmĂ© par la diffusion tĂ©lĂ©visĂ©e de la photo du tĂ©moin qui n'a pu ĂȘtre supprimĂ© et qui risque de parler, il prend contact avec l'homme au parapluie dans le restaurant de ce dernier. Le rendez-vous est Ă  trois heures du matin. Puisque Carlos de Palma n'a pas rĂ©ussi Ă  tuer tous les tĂ©moins qui l'ont vu tirer sur le prĂ©sident Jary, Lacosta laisse entendre qu'il le dĂ©noncera si l'enquĂȘte du procureur parvient Ă  remonter jusqu'Ă  lui. Carlos de Palma le fait abattre immĂ©diatement sans autre forme de procĂšs.

Une photographie versée au dossier d'instruction et prise au mois de mars montre Daslow prÚs d'un hortensia fleuri dans son jardin avec le fusil du meurtre dans ses mains. Volney établit que c'est un photomontage : l'ombre de l'objet ne correspond pas à l'éclairage visible en arriÚre-plan et les hortensias ne fleurissent qu'en été.

Daslow avait participĂ© Ă  une expĂ©rience sur la soumission Ă  l'autoritĂ©, un an avant l'attentat. Elle avait montrĂ© que Daslow est facilement soumis aux ordres d'une autoritĂ© supĂ©rieure, tant qu'il respecte celle-ci. Ce comportement est d'ailleurs le cas de la majoritĂ© des participants, jugĂ©s sur leur soumission Ă  des ordres contraires au respect humain. Le procureur est placĂ© Ă  son insu devant cette expĂ©rience qu'il ne connaĂźt point et qui permet de vĂ©rifier si une personne se trouve capable d'aller Ă  l'encontre de son empathie vis-Ă -vis des ordres donnĂ©s par une personne reprĂ©sentant l'autoritĂ©. De fait, son intense colĂšre devant ce qu'il croit ĂȘtre de la torture par l'Ă©lectricitĂ© et sa force de caractĂšre devant le responsable scientifique de l'expĂ©rience, auquel il tient tĂȘte, prouvent son intĂ©gritĂ© morale.

Le procureur trouve ensuite un lien entre Luigi Lacosta, Carlos de Palma, et un troisiÚme homme, Richard Mallory. Ce dernier est le directeur des activités secrÚtes des services spéciaux. Il a permis la grùce de de Palma et sa sortie de prison. Un collaborateur du procureur organise une fouille illégale et secrÚte de l'appartement de Richard Mallory, avec l'aide d'un cambrioleur professionnel, en échange pour ce dernier d'une réduction de peine s'il parvient à aider les juristes à commettre son méfait. Volney discute dans la rue avec Mallory pour retarder son retour chez lui afin de protéger son adjoint qui n'a pas terminé la visite. Le cambriolage se réalise dans les temps et il permet de trouver une cassette audio codée.

Le procureur se rend seul dans son bureau situĂ© dans un grand immeuble. Il parvient Ă  dĂ©coder la cassette en modifiant la vitesse de lecture, aprĂšs une nuit d'efforts acharnĂ©s. L'enregistrement retranscrit les dĂ©tails d'une opĂ©ration nommĂ©e « ZĂ©nith » gĂ©rĂ©e par un groupe de pouvoir occulte appelĂ© « Minos ». Cette opĂ©ration consiste Ă  provoquer des rĂ©voltes pour dĂ©stabiliser le TibĂ©ria (pays fictif sud-amĂ©ricain ayant pour capitale Kawar), afin de discrĂ©diter puis d'Ă©liminer son prĂ©sident, Bonavas. À l'aide d'archives de presse, Volney arrive Ă  reconstituer le fil des opĂ©rations ayant conduit Ă  l'impopularitĂ© puis Ă  la mort de Bonavas dans l'explosion de son avion, et dĂ©couvre que Minos avait pour objectif de placer Cisco, un dictateur militaire, Ă  la tĂȘte du pays. Il s'aperçoit que Carlos de Palma Ă©tait rentrĂ© Ă  Kawar lors de l'Ă©lection de Cisco (devenu candidat unique), recoupant ainsi toutes les pistes. À la fin de l'enregistrement, Minos donne des ordres de lancement d'une opĂ©ration nommĂ©e « I comme Icare » et devant se terminer le avant minuit. Or il est 6 heures du matin, le .

AprĂšs avoir vainement essayĂ© de contacter le chef des services secrets (qui a Ă©tĂ© limogĂ© et remplacĂ© par Mallory), Volney enregistre un message sur son dictaphone pour le prĂ©sident de son pays, l'avertissant de l'opĂ©ration qui doit avoir lieu le jour mĂȘme, sans pouvoir savoir en quoi elle consiste. ÉpuisĂ©, il tĂ©lĂ©phone finalement Ă  l'aube Ă  sa femme, Ă©crivaine et philosophe, pour lui demander ce que le mythe d'Icare lui Ă©voque. Pendant que celle-ci se renseigne en puisant dans son dernier livre, le procureur Volney se rend devant la grande fenĂȘtre de son bureau.

Tandis qu'il laisse son regard vagabonder, il est atteint d'une balle en pleine tĂȘte, tirĂ©e depuis une fenĂȘtre allumĂ©e de l'immeuble d'en face. Pendant que le procureur s'Ă©croule au ralenti, abattu sur le coup, sa femme lui rĂ©pond par le haut-parleur du tĂ©lĂ©phone Ă  sa question sur Icare : « qui cherche Ă  atteindre la vĂ©ritĂ© finit par se brĂ»ler les ailes ».

Il est ainsi possible de comprendre alors que l'opération « I comme Icare » avait pour but son propre assassinat. De surcroßt, les locaux du procureur sont sans le moindre rideau ou store, donc les lieux sont complÚtement ouverts et visibles de l'extérieur, ce qui a pu permettre de voir nettement ses actions durant la nuit.

Le film se termine sur un plan fixe du bureau. La camĂ©ra recule vers le seuil en longeant un petit couloir. L'ascenseur est en marche ; ses portes s'ouvrent lentement. Une ombre va en sortir, quelqu’un qui s’apprĂȘte certainement Ă  venir dĂ©truire les preuves et les dossiers du procureur. La compagne du procureur se met Ă  crier de plus en plus au tĂ©lĂ©phone, ne comprenant pas le soudain silence de son Ă©poux coupĂ© en pleine phrase. A raison, elle pressent pour lui quelque chose de tragique.

Fiche technique

Distribution

(Hormis pour Yves Montand, distribution par ordre alphabétique conformément au générique du film)

Production

Choix des interprĂštes

Le choix d'Henri Verneuil pour le rÎle du procureur intÚgre s'est d'emblée porté sur Yves Montand.

Lieux de tournage

Sortie et accueil

Box-office

Sorti quelques jours avant les fĂȘtes de fin d'annĂ©e de 1979, I... comme Icare fait un dĂ©marrage relativement modeste avec plus de 237 000 entrĂ©es lors de sa premiĂšre semaine Ă  l'affiche en France, le hissant Ă  la quatriĂšme place du box-office Ă  cette pĂ©riode[1], dont 112 045 entrĂ©es sur Paris, oĂč le film, diffusĂ© dans 29 salles, dĂ©marre en seconde place[2]. La semaine suivante, le film rĂ©alise un rĂ©sultat supĂ©rieur Ă  son dĂ©marrage avec 253 222 entrĂ©es, qui lui permet d'atteindre la troisiĂšme place du box-office, pour un total de 490 563 entrĂ©es[3].

Pour sa troisiĂšme semaine en salles, le long-mĂ©trage dĂ©bute l'annĂ©e 1980 en prenant briĂšvement la premiĂšre place du box-office avec 233 210 entrĂ©es, pour un cumul de 723 773 entrĂ©es[4] et atteint le million d'entrĂ©es en cinquiĂšme semaine[5]. Le film fait sa derniĂšre apparition dans le top 30 hebdomadaire la semaine du avec 1 646 623 entrĂ©es de cumulĂ©es depuis sa sortie[6]. En fin d'exploitation, I... comme Icare finit avec 1 829 220 entrĂ©es[7].

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

Analyse

  • Henri Verneuil a mis deux ans pour Ă©crire le scĂ©nario du film avec Didier Decoin.
  • Ce film est fortement inspirĂ© de la thĂ©orie d'un complot ayant conduit Ă  l'assassinat de John F. Kennedy. Le nom du tueur, Daslow, est d'ailleurs l'anagramme du nom de l’assassin supposĂ© de JFK, Lee Harvey Oswald. De nombreux autres Ă©lĂ©ments reprennent la thĂšse de Jim Garrison dĂ©veloppĂ©e lors de son enquĂȘte sur l'assassinat de Kennedy. Ainsi on retrouve pour l'assassin :
    • la mise en scĂšne possible de l'arme du crime,
    • la photo truquĂ©e de Daslow avec son fusil,
    • le 22 du mois (JFK assassinĂ© un et Jary le ).
  • Sont Ă©galement Ă©voquĂ©s :
    • la participation possible des services secrets,
    • l'utilisation de la mafia comme intermĂ©diaire,
    • le rapport biaisĂ© de la Commission Warren,
    • la reprĂ©sentation probable de Jim Garrison dans le personnage du procureur Volney,
    • le Film Zapruder,
    • l'homme au parapluie (Umbrella man) : Carlos de Palma dans le film.
  • Cette ressemblance entre l’intrigue du film et la rĂ©alitĂ© est accentuĂ©e par certaines rĂ©pliques, comme lorsque le personnage principal dĂ©clare : « [...] quand l’imaginaire ne prend pas sa source dans la rĂ©alitĂ©, ce n’est pas trĂšs bon ; il n’y a pas de frissons ni de suspense sans le vrai et le vraisemblable. »
  • Le film s'appuie sur l'allĂ©gorie d'Icare : Ă  vouloir trop s'approcher de la vĂ©ritĂ©, on se brĂ»le les ailes. Mais d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ce film est une critique fĂ©roce du pouvoir dans les sociĂ©tĂ©s modernes et approche particuliĂšrement la maniĂšre dont un pouvoir, quel qu'il soit, peut amener un quidam Ă  effectuer des actes d'une grande cruautĂ©.
  • Un passage du film recrĂ©e, Ă  l'UniversitĂ© de LayĂ© (anagramme de Yale), l'expĂ©rience de Milgram, qui fut conduite au dĂ©but des annĂ©es 1960. Un psychologue amĂ©ricain, Stanley Milgram, montra que deux volontaires sur trois peuvent ĂȘtre amenĂ©s, pour une somme dĂ©risoire, Ă  infliger un choc Ă©lectrique dangereux, voire mortel, Ă  une personne qu'ils ne connaissent pas, qui ne leur a rien fait et dont la seule faute est de s'ĂȘtre trompĂ© dans un test de mĂ©moire. Le cadre sĂ©rieux de l'universitĂ© et l'autoritĂ© prĂ©sumĂ©e des organisateurs de l'expĂ©rience suffisaient Ă  lĂ©gitimer, aux yeux des volontaires, une telle barbarie. L'expĂ©rience Ă©tait truquĂ©e et aucune dĂ©charge Ă©lectrique n'Ă©tait rĂ©ellement infligĂ©e. Cela n'empĂȘcha pas les volontaires de croire sincĂšrement qu'ils punissaient les simulateurs. Toutefois, les conditions expĂ©rimentales ayant donnĂ© plus de 63 % de sujets allant jusqu'au bout de l'expĂ©rience ne sont pas celles dĂ©crites dans le film (« Moniteur » et « ÉlĂšve » dans des piĂšces sĂ©parĂ©es, pas de contact physique). Dans le cadre de sujets dans la mĂȘme piĂšce, avec un contact physique entre « Moniteur » et « ÉlĂšve » (comme dans le film), le taux d'obĂ©issance n'Ă©tait que de 30 %.
Le film permet en outre Ă  Verneuil de mettre en scĂšne ces expĂ©riences de Milgram qui l'ont fascinĂ© (il a d'ailleurs mis plusieurs annĂ©es et plusieurs versions pour arriver au scĂ©nario final). Le film semble beaucoup reposer sur cette dĂ©monstration scientifique de la capacitĂ© humaine Ă  se soumettre Ă  l'autoritĂ©. Mais selon des psychologues, Verneuil n'a pas interprĂ©tĂ© correctement l'expĂ©rience, en voyant la soumission Ă  l'autoritĂ© comme caractĂ©ristique d'une personnalitĂ©, lĂ  oĂč il faudrait l'envisager en termes situationnels[9].
  • Le final dĂ©crivant l'OpĂ©ration ZĂ©nith s'inspire des Ă©vĂ©nements ayant provoquĂ© la chute du PrĂ©sident du Chili Salvador Allende et l'arrivĂ©e au pouvoir de la junte militaire dirigĂ©e par Augusto Pinochet.
  • Dans son livre Le cinĂ©ma d'Henri Verneuil, Emmanuel Laborie fait une analyse dĂ©taillĂ©e du film. https://www.decitre.fr/livre-pod/le-cinema-d-henri-verneuil-9782334181693.html Au tout dĂ©but du film, la chaĂźne « International tv programs » rediffuse les images du prĂ©sident Jary interrogĂ©, au moment de sa rĂ©Ă©lection, sur sa politique pour les annĂ©es Ă  venir. Celui-ci y dĂ©clare :

« Voyez vous... Bernard Shaw disait : « Il y a des gens qui voient les choses comme elles sont et qui se demandent pourquoi, et puis... il y a des gens qui rĂȘvent les choses comme elles n'ont jamais Ă©tĂ© et qui se demandent
 pourquoi pas ? » J'essaierai d'appartenir Ă  cette deuxiĂšme catĂ©gorie. »

Cette citation est effectivement adaptée d'une réplique du serpent à Ève, dans Au commencement, la premiÚre piÚce du cycle En remontant à Mathusalem (en), écrite en 1921 par George Bernard Shaw :

« You see things; and you say “Why?” But I dream things that never were; and I say “Why not?”. »

— Acte I, § i

John F. Kennedy a utilisé cette citation dans un discours devant le Parlement d'Irlande à Dublin le , et son frÚre Robert F. Kennedy en a utilisé une version légÚrement modifiée lors de l'élection présidentielle américaine de 1968[10].
  • L'ensemble du film se dĂ©roule dans un pays fictif qui Ă©voque cependant fortement les États-Unis (notamment avec les drapeaux et la devise du pays, le dollar). On peut constater dans certains plans, l'insistance sur l’aspect international du scĂ©nario par la multitude des langues prĂ©sentes, par exemple sur les panneaux indicateurs, et par un dĂ©cor trĂšs neutre, rendant l'action possible dans n'importe quel pays.
  • Le groupe de pression s'appelle « Minos ». Or dans le film Peur sur la ville, l'assassin s'appelle Ă©galement « Minos ».
  • Vers la fin du film, le procureur Volney lit des coupures de presse d'un journal appelĂ© La Tribune. Or, dans le film suivant de Verneuil, Mille milliards de dollars, le personnage interprĂ©tĂ© par Patrick Dewaere est journaliste Ă  La Tribune.
  • Le film d'Henri Verneuil reprend un thĂšme explorĂ© par Alan J. Pakula cinq ans avant dans The Parallax View (À cause d'un assassinat), dans lequel les tĂ©moins de l'assassinat d'un sĂ©nateur sont tous tuĂ©s les uns aprĂšs les autres.
  • La sĂ©rie Netflix, The Umbrella Academy, reprend le thĂšme du film.

Notes et références

  1. Fabrice BO, « BO France - 25 décembre 1979 », sur Les Archives du Box Office, (consulté le ).
  2. Renaud Soyer, « BOX OFFICE PARIS DU 19/12/1979 AU 25/12/1979 », sur Box Office Story, (consulté le ).
  3. Fabrice BO, « BO France - 31 décembre 1979 », sur Les Archives du Box Office, (consulté le ).
  4. Fabrice BO, « BO France - 8 janvier 1980 », sur Les Archives du Box Office, (consulté le ).
  5. Fabrice BO, « BO France - 22 janvier 1980 », sur Les Archives du Box Office, (consulté le ).
  6. Fabrice BO, « BO France - 1er avril 1980 », sur Les Archives du Box Office, (consulté le ).
  7. « I COMME ICARE », sur JP Box-Office (consulté le ).
  8. « I COMME ICARE », sur Académie des Césars
  9. Jacques-Philippe Leyens et Nathalie Scaillet (prĂ©f. Ewa Drozda-Senkowska), Sommes-nous tous des psychologues ?, Wavre, Mardaga, coll. « Psy. Individus, groupes, cultures » (no 8), , 225 p. (ISBN 978-2-8047-0101-7, lire en ligne), p. 89–90.
  10. (en) BibliothÚque du CongrÚs (préf. James H. Billington), Respectfully Quoted : A Dictionary of Quotations, Dover Publications, , 520 p. (ISBN 978-0-486-47288-1, lire en ligne), p. 93.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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