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FenĂȘtre sur cour

FenĂȘtre sur cour (Rear Window[1]) est un film amĂ©ricain Ă  suspense produit et rĂ©alisĂ© par Alfred Hitchcock pour la compagnie Paramount Pictures. TournĂ© du 23 novembre 1953 au 13 janvier 1954[2] aux studios Paramount Ă  Los Angeles, il est sorti en aoĂ»t 1954 aux États-Unis et le 1er avril 1955 en France. Il a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  la Mostra de Venise de 1954.

FenĂȘtre sur cour
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Affiche du film.
Titre original Rear Window
RĂ©alisation Alfred Hitchcock
Scénario John Michael Hayes,
d'aprĂšs la nouvelle de William Irish
Acteurs principaux
Sociétés de production Alfred J. Hitchcock Productions
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Thriller
DurĂ©e 109 minutes
Sortie 1954

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film, écrit par John Michael Hayes d'aprÚs la nouvelle It Had to Be Murder[3] de Cornell Woolrich sous le pseudonyme de William Irish, met en scÚne James Stewart dans le rÎle d'un photographe qui, à la suite d'un accident, se retrouve en fauteuil roulant et passe son temps à observer ses voisins, dont un qu'il commence à soupçonner de meurtre. Grace Kelly joue le rÎle de la petite amie de Stewart, Thelma Ritter celui de son infirmiÚre, Wendell Corey un détective, et Raymond Burr le voisin suspect.

Le film est considĂ©rĂ© par de nombreux spectateurs, critiques et spĂ©cialistes du cinĂ©ma comme l’un des meilleurs films d'Hitchcock[4]. Il a reçu quatre nominations aux Oscars. Depuis 1997, il figure au National Film Registry, et est citĂ© au 48e rang dans le classement des 100 meilleurs films amĂ©ricains Ă©tabli en 2007 par l'American Film Institute (Ă©dition du 10e anniversaire). Il est 33e dans le classement des meilleurs films de tous les temps sur le site de rĂ©fĂ©rence IMDb avec une note moyenne de 8,6⁄10.

Synopsis

AprĂšs s'ĂȘtre cassĂ© une jambe au cours d'un reportage sur un circuit automobile, le photographe de presse L. B. « Jeff » Jefferies se retrouve dans un fauteuil roulant. Son Ă©tat l'oblige Ă  rester dans son appartement new-yorkais de Greenwich Village, dont la fenĂȘtre donne sur une petite cour et plusieurs autres appartements. C'est un mercredi d'Ă©tĂ© et il fait particuliĂšrement chaud. Jeff passe son temps Ă  observer ses voisins qui, pour s'aĂ©rer, laissent leurs propres fenĂȘtres ouvertes. Parmi les locataires d'en face figurent un compositeur, un couple d'Ăąge mĂ»r et son petit chien, une jeune danseuse – « miss Torso » –, qui danse seule le jour et, le soir, invite des hommes de tous Ăąges chez elle, une dame qui s'adonne Ă  la sculpture abstraite, un couple de jeunes mariĂ©s, une femme d'une quarantaine d'annĂ©es qui vit seule – « miss CƓur solitaire » ou « Mademoiselle CĂ©libataire » (« miss Lonelyheart ») –, ainsi qu'un autre couple : un homme d'une carrure assez imposante, et sa femme, malade, semble-t-il, qui reste au lit toute la journĂ©e et avec laquelle il semble frĂ©quemment se disputer. Jeff apprendra plus tard qu'il s'agit de Lars Thorwald, un reprĂ©sentant de commerce, et de son Ă©pouse Anna, invalide.

Jeff fréquente une séduisante et riche jeune femme, Lisa Fremont, mais il hésite à aller plus loin dans cette relation, par crainte que celle-ci constitue un frein à sa vie aventureuse. Cependant, Stella, l'infirmiÚre qui vient lui rendre visite chaque matin, l'encourage à sceller cette union.

AprĂšs avoir vu Thorwald faire plusieurs va-et-vient nocturnes en transportant une valise, Jeff remarque la disparition de l'Ă©pouse de Thorwald et voit ensuite le mari nettoyer la valise, y placer des bijoux, puis envelopper une petite scie et un couteau de boucher dans du papier journal. Plus tard, Thorwald ferme une malle en l'attachant avec de la grosse corde et la fait emporter par des hommes. Jeff pense que Thorwald a tuĂ© sa femme. Il fait part de ces observations et de ses soupçons Ă  Stella, puis Ă  sa petite amie Lisa. D'abord sceptiques, elles finissent par se laisser convaincre. Jeff explique ensuite Ă  Tom Doyle, un ami dĂ©tective, qu'ils soupçonnent Thorwald d'avoir tuĂ© sa femme et fait disparaĂźtre le corps. Doyle mĂšne une petite enquĂȘte qui ne rĂ©vĂšle rien d'anormal.

Peu aprĂšs, le chien des voisins est retrouvĂ© mort, Ă©tranglĂ©. Lorsque la propriĂ©taire de l'animal le dĂ©couvre et se met Ă  crier, tous les voisins se prĂ©cipitent Ă  leur fenĂȘtre pour voir ce qui se passe, Ă  l'exception de Thorwald, qui reste assis dans son appartement toutes lumiĂšres Ă©teintes, et dont on voit briller le bout de la cigarette. Convaincu qu'en fin de compte Thorwald s'est bel et bien dĂ©barrassĂ© de sa femme, Jeff demande Ă  Lisa de glisser un billet accusateur sous la porte de Thorwald, de façon Ă  pouvoir observer la rĂ©action de celui-ci au moment oĂč il le lira. Pour obliger Thorwald Ă  quitter son appartement, Jeff, ensuite, lui tĂ©lĂ©phone et lui donne rendez-vous dans un cafĂ©. Il pense que Thorwald a peut-ĂȘtre dissimulĂ© quelque chose dans le parterre de fleurs et tuĂ© le chien afin d'empĂȘcher celui-ci de le dĂ©terrer. Thorwald parti, Lisa et Stella partent creuser dans le parterre de fleurs, mais ne trouvent rien.

Lisa escalade alors l'escalier de secours de l'immeuble d'en face et pĂ©nĂštre, par la fenĂȘtre laissĂ©e ouverte, dans l'appartement de Thorwald. Quand Thorwald revient et surprend Lisa, Jeff tĂ©lĂ©phone Ă  la police, qui arrive juste Ă  temps. Au moment de la discussion qui s'ensuit entre Thorwald, les policiers et Lisa, celle-ci a les mains derriĂšre le dos et montre Ă  Jeff une alliance qu'elle a enfilĂ©e Ă  l'un de ses doigts et qui appartient Ă  l'Ă©pouse de Thorwald. Thorwald la voit faire, prend conscience qu'elle envoie un signal Ă  quelqu'un et remarque, de l'autre cĂŽtĂ© de la cour, Jeff, qui observe la scĂšne. Lisa se laisse emmener par les policiers.

Jeff, convaincu Ă  prĂ©sent que Thorwald est un meurtrier, tĂ©lĂ©phone Ă  Doyle, tandis que Stella se rend au poste de police y verser la caution pour libĂ©rer Lisa, laissant Jeff seul dans l'appartement. BientĂŽt, Jeff se rend compte que Thorwald va venir le rejoindre. Quand Thorwald entre et s'approche de lui, Jeff l'aveugle plusieurs fois temporairement avec les ampoules flash de son appareil photo. Thorwald finit par arriver jusqu'Ă  Jeff, le saisit et le pousse vers la fenĂȘtre ouverte. Jeff tombe juste au moment oĂč des policiers entrent dans l'appartement et oĂč d'autres se prĂ©cipitent dans la cour pour amortir sa chute. Thorwald avoue le meurtre de sa femme et est arrĂȘtĂ©.

Quelques jours plus tard, la vague de chaleur est retombée, et Jeff se repose dans son fauteuil roulant. Il a à présent les deux jambes dans le plùtre. Miss Lonelyheart discute avec le compositeur, le fiancé de miss Torso est de retour aprÚs avoir servi dans l'armée, le couple dont le chien a été tué en a un autre, et le couple de jeunes mariés se chamaille. Lisa est étendue à cÎté de Jeff et parcourt un livre de voyages, mais, aussitÎt que Jeff s'est endormi, elle pose le livre et s'empresse d'ouvrir Harper's Bazaar.

Fiche technique

Générique de début

Distribution

RĂ©alisation

FenĂȘtre sur cour fonctionne en grande partie sur le modĂšle champ-contrechamp. « [Un] homme immobile regarde au dehors. C'est un premier morceau de film. [Un] deuxiĂšme morceau fait apparaĂźtre ce qu'il voit et [un] troisiĂšme montre sa rĂ©action[5]. » La camĂ©ra subjective est dĂšs lors utilisĂ©e tout au long de l'histoire. Ce n'est qu'Ă  la fin que s'installe la camĂ©ra dans la cour, selon un principe hitchcockien prĂ©fĂ©rant garder des images en rĂ©serve pour le moment le plus dramatique. L'espace est alors vu sous plusieurs angles, devenant ainsi objectif.

Le traditionnel caméo apparaßt à la 25e minute. Hitchcock est visible jouant le rÎle d'un personnage qui répare la pendule dans un des appartements faisant face à celui de Jefferies, pendant qu'une personne joue du piano (il s'agit du pianiste et compositeur Rostom Bagdasarian).

Dans un article autour du film intitulĂ© « Le studio de tournage de l'esprit », Roberto Calasso rapporte une phrase de Hitchcock disant que « FenĂȘtre sur cour est totalement un processus mental, conduit Ă  travers des moyens visuels » ; et Calasso commente ainsi cette place centrale d'un Ɠil souverain, celui du personnage principal (photographe), de la camĂ©ra et du spectateur : « Peut-ĂȘtre - et le titre anglais (Rear Window) l'indique dĂ©jĂ  - que c'est une fenĂȘtre qui s'ouvre sur ce qui Ă©ternellement se trouve derriĂšre le monde : le thĂ©Ăątre de pose de l'esprit[6]. »

Prix

Analyse

Influences

Pour Ă©crire le scĂ©nario de FenĂȘtre sur cour, Hitchcock s'inspire de l’idylle naissante entre Ingrid Bergman et Robert Capa alors que ce dernier est photographe de plateau sur le film Les EnchaĂźnĂ©s[7].

FenĂȘtre sur cour a influencĂ© et inspirĂ© d'autres scĂ©naristes. En effet, plusieurs sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es et films reprennent le scĂ©nario de l'Ɠuvre d'Hitchcock de plus ou moins prĂšs.
On peut par exemple citer l'autre adaptation, portant le mĂȘme titre FenĂȘtre sur cour, tĂ©lĂ©film ayant reçu trois nominations et une rĂ©compense, rĂ©alisĂ© en 1998 par Jeff Bleckner avec Christopher Reeve dans le rĂŽle principal.
L'épisode 5-19 de la série policiÚre Castle, titré The Lives of Others, en 2013, est construit comme un pastiche explicite[8] du film hitchcockien.
De mĂȘme, l'Ă©pisode FenĂȘtre sur rue (Ă©pisode 21 de la saison 6) de la sĂ©rie Les Experts : Manhattan est trĂšs fortement inspirĂ© par le film.
Il convient aussi d'ajouter le film Paranoïak, avec le jeune Shia LaBeouf, histoire d'un jeune homme placé sous contrÎle judiciaire, témoin du meurtre de sa voisine.
Mais la liste est encore longue, le mĂȘme scĂ©nario (ou des allusions) est repris dans un Ă©pisode des Simpson, de Persons of Interest, un Ă©pisode de la sĂ©rie 70's Show reprend plusieurs scĂšnes de films d'Hitchcock (Les Oiseaux, FenĂȘtre sur cour, La Mort aux trousses
). Dean Winchester, jouĂ© par Jensen Ackles, fait allusion au film qu'il croit revivre, Dean a en effet la jambe plĂątrĂ©e dans l'Ă©pisode 3 de la saison 7 de Supernatural. Il dit se faire un remake du film. L'Ă©pisode 7 de la saison 4 de la sĂ©rie Raising Hope reprend la trame du film. De plus, Virginia (Martha Plimpton) y adopte le style vestimentaire et les poses de Grace Kelly. Cet Ă©pisode fait Ă©galement rĂ©fĂ©rence aux Oiseaux et Ă  Psychose, et utilise le procĂ©dĂ© du travelling contrariĂ©, comme dans Sueurs froides.

Le chanteur Renan Luce fait référence au film dans le clip de sa chanson Les Voisines de 2006 : on le voit la jambe cassée, assis dans un fauteuil, espionnant ses voisines avec des jumelles.

Notes et références

  1. LittĂ©ralement, FenĂȘtre arriĂšre.
  2. « Rear Window » sur le site Ciné-Ressources.
  3. Cette nouvelle sera aussi publiée, en anglais, sous les titres Rear Window et Six Times Death. cf. Montcoffe, p. 16.
  4. « Rear Window Movie Reviews, Pictures - Rotten Tomatoes ».
  5. Truffaut, François., Hitchcock, Paladin, (ISBN 0-586-08653-6 et 978-0-586-08653-7, OCLC 17620669, lire en ligne)
  6. « Le studio de tournage de l'esprit » (paru dans La Repubblica, 6 février 1998), dans La Folie qui vient des Nymphes, traduit par Jean-Paul Manganaro, Paris, Flammarion, 2012, p. 52-53.
  7. Jean Lebrun, « Robert Capa », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, 15 mars 2013
  8. Le titre du film est cité au début de l'épisode.

Voir aussi

Bibliographie

  • Émile Baron, Regard, fĂ©minisme et avant-garde, sur Riddles of the Sphinx de Laura Mulvey et Peter Wollen, Cadrage.net, juin-juillet 2001
  • Roberto Calasso, « Le studio de tournage de l'esprit » (La Repubblica, 6 fĂ©vrier 1998), dans La Folie qui vient des Nymphes, traduit par Jean-Paul Manganaro, Paris, Flammarion, 2012, p. 49-63
  • Tania Modleski, Hitchcock et la thĂ©orie fĂ©ministe, Les femmes qui en savaient trop, traduit de l’anglais par NoĂ«l Burch, Paris, L’Harmattan, 2002 (PremiĂšre Ă©dition en anglais 1988)
  • Francis Montcoffe, FenĂȘtre sur cour : Étude critique, coll. « Synopsis, 6 », Paris, Nathan,1995, (ISBN 2-09-190980-7) 127 pages
  • SĂ©bastien Ortiz, Mademoiselle Coeur solitaire, Paris, Gallimard, 2005
  • (en) (fr) Laura Mulvey, Visual Pleasure and Narrative Cinema, Screen, 16:3, Autumn 1975, traduction partielle in Ginette Vincendeau et BĂ©rĂ©nice Reynaud, Vingt ans de thĂ©ories fĂ©ministes sur le cinĂ©ma, CinĂ©maction, numĂ©ro 57, 1993

Liens externes

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