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RĂ©veil protestant francophone

Le RĂ©veil protestant francophone, parfois dĂ©signĂ© par la simple expression le RĂ©veil, est un mouvement de rĂ©veil religieux qui a bouleversĂ© le protestantisme suisse, français et belge dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, particuliĂšrement de 1820 Ă  1850, par l'action de prĂ©dicateurs mĂ©thodistes et baptistes venus du Royaume-Uni et de Suisse. Il a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© et aidĂ© par le Grand RĂ©veil britannique et amĂ©ricain, et des mouvements comparables ont lieu Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie[1].

Ce mouvement de fond, dont le premier foyer francophone est situĂ© Ă  GenĂšve, est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme une rĂ©action contre le rationalisme qui avait envahi les Églises protestantes au cours du XVIIIe siĂšcle. Les revivalistes cherchaient, d’une part, Ă  remettre Ă  l'honneur les principales affirmations doctrinales des RĂ©formateurs, mais ils Ă©taient aussi, d’autre part, fortement influencĂ©s par le piĂ©tisme du siĂšcle prĂ©cĂ©dent et par la sentimentalitĂ© romantique. Les revivalistes affirmaient notamment que le christianisme est un choix de vie avant d’ĂȘtre une doctrine et leur approche Ă©tait ainsi marquĂ©e par une tendance individualiste[2]. AprĂšs une soixantaine d’annĂ©es de rĂ©volution interne, le RĂ©veil va lĂ©guer au protestantisme français une sĂ©rie d’institutions, de pratiques et de paroisses nouvelles[3]. Il en va de mĂȘme pour le protestantisme francophone en Suisse et en Belgique.

Origines

Le mouvement de RĂ©veil au sein du protestantisme apparaĂźt en Grande-Bretagne Ă  partir des annĂ©es 1720-1730 et se dĂ©veloppe en Écosse, en Angleterre et dans les Treize Colonies amĂ©ricaines, les futurs États-Unis. Ses principaux promoteurs sont Jonathan Edwards, George Whitefield puis John Wesley. L’influence de ce RĂ©veil anglo-saxon sera dĂ©terminante dans l’émergence du rĂ©veil religieux Ă  GenĂšve Ă  partir des annĂ©es 1820 puis en France[4]. Le RĂ©veil rĂ©pond Ă  une situation oĂč, Ă  GenĂšve et dans de nombreuses rĂ©gions françaises, le protestantisme a Ă©tĂ© marquĂ© par l’esprit des LumiĂšres au point d’éviter de trop aborder les points essentiels de la foi rĂ©formĂ©e, n’en conservant pour l’essentiel qu’une philosophie humaniste et des principes moraux[5].

Les précurseurs

Les FrĂšres moraves

Les FrĂšres moraves sont une communautĂ© chrĂ©tienne protestante chassĂ©e de Moravie par la persĂ©cution aprĂšs la victoire militaire des catholiques, puis rĂ©fugiĂ©e en Saxe, oĂč ils sont accueillis et protĂ©gĂ©s par le comte Zinzendorf, lui-mĂȘme un chrĂ©tien fervent. Pratiquant l’amour fraternel et un prosĂ©lytisme fondĂ© sur le tĂ©moignage personnel, on trouve des missionnaires moraves Ă  l’origine de presque tous les rĂ©veils. Ce sont eux qui touchent personnellement John Wesley, qui allument les tout premiers feux du RĂ©veil Ă  GenĂšve, dans le canton de Vaud et dans le midi de la France, par exemple Ă  Saint-Hippolyte-du-Fort ou Ă  Bordeaux, oĂč ils sont perçus comme « doux et inoffensifs, dogmatisant peu, plaçant la religion dans l’amour, surtout l’amour de JĂ©sus-Christ, qui se rĂ©unissaient en petit nombre, sans Ă©clat, sans prĂ©tention, avec un prosĂ©lytisme trĂšs doux et trĂšs modĂ©rĂ©, qui ne cessĂšrent jamais de se joindre au culte de notre Ă©glise et affectant de n’en jamais dire du mal »[6].

Le premier historien du RĂ©veil, LĂ©on Maury, rappelle avec nettetĂ© le rĂŽle important des FrĂšres moraves qui « ont soutenu, fortifiĂ©, souvent ranimĂ© la foi » des pasteurs fidĂšles aux principes de la RĂ©forme. Plusieurs missionnaires moraves parcourent la France de l’Ouest et le Midi entre 1737 et 1746, pĂ©riode oĂč ils Ă©paulent un protestantisme encore persĂ©cutĂ©. Ils restent au contact des pasteurs « rĂ©veillĂ©s » par la suite, et de petites sociĂ©tĂ©s fraternelles d’inspiration morave se crĂ©ent Ă  NĂźmes, Saint-Hippolyte-du-Fort comme Ă  GenĂšve. « En France comme Ă  GenĂšve, c’est aux Moraves qu’il faut faire remonter les premiĂšres influences qui provoquĂšrent le RĂ©veil », conclut LĂ©on Maury[7].

Spener

Parfois qualifiĂ© de « deuxiĂšme rĂ©formateur », Philipp Jacob Spener est un thĂ©ologien Ă©clectique, tĂŽt familiarisĂ© avec le luthĂ©ranisme comme avec le calvinisme, d’abord prĂ©dicateur Ă  la cathĂ©drale de Strasbourg, alors protestante, puis Ă  Francfort-sur-le-Main. TrĂšs pĂ©nĂ©trĂ© des exigences sociales de l’Évangile, il s’engage dans les Ɠuvres sociales tout en se prĂ©occupant de la formation des chrĂ©tiens, donc de la catĂ©chĂšse : c’est lui qui rĂ©introduit la confirmation Ă  l’ñge de raison, une pratique toujours en vigueur dans le protestantisme. Il introduit aussi des formations spirituelles pour adultes, des rĂ©unions de priĂšre et Ă©crit notamment les « Pia desideria » qui seront le texte fondateur du piĂ©tisme dans toute l’Allemagne. Il place ainsi au premier plan les valeurs Ă©vangĂ©liques d’engagement personnel et de rigueur morale individuelle[8]. Dans les « Pia desideria », il suggĂšre que chaque pĂšre de famille dispose d’une bible et la lise tous les jours Ă  sa famille[9]. Davantage que Luther, il insiste sur la nouvelle naissance, sujet de sa thĂšse. Sa mise en avant du vĂ©cu et de l’expĂ©rience religieuse contribue Ă  relativiser les affirmations dogmatiques, l’expĂ©rience tendant peu Ă  peu Ă  devenir le critĂšre de la vĂ©ritĂ©[10]. Toutes ces idĂ©es contiennent en germe celles du RĂ©veil et de l’évangĂ©lisme. L’influence de Spener qui est le thĂ©ologien qui aura le plus voyagĂ© (49 voyages en Europe Ă  son actif[8]) Ă©tant par ailleurs immense, il est clairement l’un des initiateurs et des prĂ©curseurs du RĂ©veil.

Whitefield

George Whitefield est l’initiateur du « Grand RĂ©veil » et l’accoucheur du mĂ©thodisme. NĂ© en 1714 en Angleterre, il rencontre les frĂšres John et Charles Wesley lors de ses Ă©tudes Ă  Oxford, avant de travailler Ă©troitement avec eux dans le cadre de son ministĂšre. Whitefield commence Ă  prĂȘcher dĂšs son ordination, mais il ne s’établit pas dans une paroisse, il devient prĂ©dicateur itinĂ©rant. En 1740, Whitefield se rend en AmĂ©rique, oĂč il prĂȘche un rĂ©veil chrĂ©tien qui devient le Grand RĂ©veil ; ses mĂ©thodes sont controversĂ©es et il est souvent amenĂ© Ă  dĂ©battre avec les ecclĂ©siastiques locaux. On estime qu’à sa mort, il avait prĂȘchĂ© au moins 18 000 fois et avait touchĂ© sans doute 10 millions de personnes en Grande-Bretagne et aux États-Unis, alors colonie britannique. Il Ă©tait bien connu pour son Ă©loquence combinant pathos et rhĂ©torique religieuse, particuliĂšrement en Ă©voquant le sacrifice du Christ sur la croix, et donc sa capacitĂ© Ă  Ă©mouvoir profondĂ©ment les assemblĂ©es auxquelles il s’adressait[11]. N’étant pas partisan d’une division d'avec l’Église d'Angleterre, il resta anglican tout en prĂȘchant le RĂ©veil au plan personnel, tandis que son proche disciple John Wesley, en raison des difficultĂ©s qu’il rencontrait auprĂšs des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques, fut amenĂ© Ă  fonder le mĂ©thodisme.

Le Réveil genevois et les réveils suisses

La situation Ă  GenĂšve au XVIIIe siĂšcle

Au XVIIIe siĂšcle, l’AcadĂ©mie de GenĂšve et la « VĂ©nĂ©rable Compagnie des pasteurs de GenĂšve » Ă©taient ancrĂ©es dans un protestantisme libĂ©ral Ă  l’extrĂȘme, hĂ©ritĂ© de la rĂ©action, intervenue un siĂšcle plus tĂŽt, contre les doctrines ultra-conservatrices du Consensus helvĂ©tique[12] - [13], mais ce libĂ©ralisme, qui a Ă©tĂ© graduellement influencĂ© par le rationalisme dĂ©iste des LumiĂšres, n’est pas encore Ă©tĂ© influencĂ© par les thĂ©ologiens protestants libĂ©raux du moment tels que Schleiermacher ou les membres de l’école historico-critique comme David Strauss ou Ferdinand Christian Baur[2].

Les initiateurs genevois

Les ferments du renouveau vont provenir, d’une part, d’Allemagne au travers de l’influence des Moraves (le comte Zinzendorf Ă©tait d’ailleurs venu en personne prĂȘcher Ă  GenĂšve 40 ans auparavant et il subsiste alors quelques cercles de sympathisants moraves Ă  GenĂšve), d’Alsace avec l’influence de Spener retransmise par exemple par les sermons du pasteur Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin et, d’autre part, de Grande-Bretagne oĂč le RĂ©veil est Ă  l’Ɠuvre depuis prĂšs d’un siĂšcle. Ces ferments rencontrent Ă  GenĂšve un terrain favorable, d'un cĂŽtĂ©, auprĂšs de quelques pasteurs restĂ©s attachĂ©s aux affirmations fondamentales de la foi protestante, notamment Jean-Isaac CellĂ©rier (1753-1844), Pierre Demellayer (1765-1839) et Charles-Étienne MouliniĂ© (1757-1836)[2] et, de l'autre cĂŽtĂ©, auprĂšs de quelques jeunes Ă©tudiants en thĂ©ologie dĂ©sireux de vivre pleinement leur foi au-delĂ  du cadre un peu Ă©touffant de l’Église Ă©tablie.

Entre 1802 et 1805, un groupe d’étudiants en thĂ©ologie commence Ă  participer Ă  des rĂ©unions moraves animĂ©es par l’instituteur Jean-Pierre Bost. On trouve parmi eux certaines des futures personnalitĂ©s du RĂ©veil : Émile Guers, Henri-Louis Empeytaz, Jean-Guillaume Gonthier et plus tard Henri Pyt[2].

En 1810, Guers, Empeytaz et Pyt fondent la « SociĂ©tĂ© des Amis » afin de promouvoir un « renouveau spirituel » dans les familles et dans la sociĂ©tĂ© genevoise. Lors de ses rĂ©unions au domicile du pasteur MouliniĂ©, ce groupe Ă©tudie l'Imitation de JĂ©sus-Christ, le catĂ©chisme de Heidelberg ou les sermons du pasteur montbĂ©liardais Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin, lui-mĂȘme disciple de Spener[2]. Le groupe tient une Ă©cole du dimanche et une Ă©cole du jeudi. Certains des « amis » sont tentĂ©s par le catholicisme et par un mysticisme illuministe qui leur paraissent plus vivants que le moralisme dessĂ©chĂ© de l’Église officielle[14].

La « VĂ©nĂ©rable Compagnie des pasteurs de GenĂšve » s’inquiĂšte alors et dĂ©cide de fermer les portes du pastorat Ă  ceux qui frĂ©quentent les rĂ©unions des frĂšres moraves. Henri-Louis Empeytaz se tourne vers la fameuse Madame de KrĂŒdener, flamboyante aristocrate balte convertie Ă  une foi Ă©vangĂ©lique ardente en 1804 sous l’influence – encore – des FrĂšres moraves, qui le prend sous son aile et l’entraĂźne dans ses voyages missionnaires Ă  travers l’Europe.

Louis Gaussen et Ami Bost (fils de Jean-Pierre Bost) sont quant Ă  eux nĂ©anmoins admis au ministĂšre pastoral en 1814. Gaussen agrĂ©mente bientĂŽt le culte de l’aprĂšs-midi de ses propres mĂ©ditations alors que son programme comprend en principe des lectures bibliques et les RĂ©flexions d’Osterwald, cĂ©lĂšbre pasteur libĂ©ral du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Ces cultes attirent bientĂŽt quelque 200 personnes au lieu des quelques participants habituels. La Compagnie exige cependant le retour au contenu initial. Louis Gaussen se plie Ă  la dĂ©cision, mais poursuit son cheminement thĂ©ologique par une lecture assidue de Calvin et par ses contacts avec le pasteur CellĂ©rier[15].

Les soutiens britanniques

Le Réveil genevois est bientÎt soutenu et encouragé par des Britanniques, en particulier trois laïcs qui se succÚdent à GenÚve : Richard Wilcox, Robert Haldane et Henry Drummond.

Richard Wilcox est un disciple de George Whitefield, cet anglican Ă  la thĂ©ologie calviniste qui fut le tout premier prĂ©dicateur du RĂ©veil en Angleterre. InstallĂ© Ă  GenĂšve pendant quelques mois pour son nĂ©goce, Wilcox organise en 1816 dans sa maison des rĂ©unions avec les Ă©tudiants en thĂ©ologie oĂč il dĂ©veloppe avec force la doctrine du salut et toute la thĂ©ologie calviniste. Parmi les participants, on retrouve Jean-Guillaume Gonthier, Henri Pyt, Émile Guers, Ami Bost et Jacques-Antoine Porchat[2].

En , c’est l’ Ă©vangĂ©liste laĂŻc Ă©cossais Robert Haldane qui lui succĂšde au sein du milieu revivaliste genevois. Marin converti lors d’une crise religieuse[16], cet Ă©vangĂ©liste chevronnĂ© s’est lancĂ© Ă  50 ans (en 1816) dans une tournĂ©e d’évangĂ©lisation sur le continent. De passage Ă  GenĂšve, il se rend compte fortuitement de la totale ignorance d’un Ă©tudiant en thĂ©ologie quant Ă  la Bible. Il dĂ©cide alors de rester sur place et, le , devant une vingtaine d’étudiants, il donne la premiĂšre d’une sĂ©rie de confĂ©rences sur l’épĂźtre aux Romains, oĂč il insiste sur la justification par la foi seule[17]. FrĂ©dĂ©ric Monod, le futur pasteur de l’Église libre de Paris, Ă©crivit: « Ce qui m’étonna et me fit rĂ©flĂ©chir plus que toute autre chose, ce fut sa connaissance pratique de l’Écriture, sa foi implicite Ă  la divine autoritĂ© de cette parole, dont nos professeurs Ă©taient presque aussi ignorants que nous [
]. En suivant rĂ©guliĂšrement cette Ă©pĂźtre, [Haldane] eut l’occasion de nous mettre sous les yeux un corps complet de thĂ©ologie et de morale chrĂ©tienne. Cet enseignement, par la bĂ©nĂ©diction de Dieu qui s’y fit puissamment sentir, atteignit la conscience et le cƓur de plusieurs de ses auditeurs qui, comme moi, font remonter Ă  ce vĂ©nĂ©rable et fidĂšle serviteur de Dieu leur premiĂšre connaissance de la voie du salut et de l’Évangile de vĂ©ritĂ©. J’envisage comme l’un des plus grands privilĂšges de ma vie, maintenant avancĂ©e, d’avoir Ă©tĂ© son interprĂšte presque durant tout le temps qu’il expliqua cette Ă©pĂźtre, Ă©tant presque le seul qui connĂ»t assez bien l’anglais pour ĂȘtre honorĂ© de cet emploi
 Le nom de Robert Haldane est insĂ©parablement liĂ© Ă  l’aurore du rĂ©veil de l’Évangile en Suisse et en France »[18].

La hardiesse des prĂ©dicateurs du RĂ©veil va croissant : Ă  NoĂ«l 1816, le pasteur dĂ©sormais retraitĂ© Jean-Isaac-Samuel CellĂ©rier prĂȘche sur la nature divine de JĂ©sus-Christ et, trois mois plus tard, le jeune CĂ©sar Malan (pasteur depuis 1810) prĂȘche sur le salut par grĂące dont il a personnellement acquis la certitude l’annĂ©e d’avant, en lisant l’épĂźtre aux ÉphĂ©siens. Face Ă  l’irritation suscitĂ©e par ce sermon, la VĂ©nĂ©rable Compagnie publie, le , un nouveau rĂšglement qui impose Ă  tous les futurs pasteurs de ne plus prĂȘcher, sur le territoire genevois, sur la maniĂšre dont la nature divine est unie Ă  la personne de JĂ©sus-Christ, ni sur le pĂ©chĂ© originel, ni sur la maniĂšre dont la grĂące opĂšre, ni sur la prĂ©destination. Ce rĂšglement n’interdit donc ni plus ni moins que l’expression partielle d’une thĂ©ologie calviniste Ă  GenĂšve. Les Ă©tudiants de la SociĂ©tĂ© des Amis sont quant Ă  eux donc dĂ©finitivement interdits de pastorat : Guers entre en dissidence et Pyt s’expatrie pour Ă©vangĂ©liser. Quant Ă  Haldane, il quitte GenĂšve le pour aller Ă©vangĂ©liser Montauban et sa facultĂ© de thĂ©ologie protestante avant de rentrer en Écosse.

Un troisiĂšme Britannique, Henry Drummond, arrive Ă  GenĂšve au moment oĂč Haldane en part. Encore jeune, fortunĂ©, ancien membre du Parlement, il s’installe Ă  SĂ©cheron, dans ce qui est Ă  l’époque la campagne genevoise – la Villa Pictet-Menet qu’il occupe alors a disparu au XXe siĂšcle au profit d’une aile du BIT, aujourd’hui de l’OMC[19]. Contrairement Ă  Haldane, il approuve l’idĂ©e de crĂ©er une Église sĂ©parĂ©e si l’on y est contraint. Il est rapidement « repĂ©rĂ© », et la VĂ©nĂ©rable Compagnie demande au Conseil d'État que Drummond soit expulsĂ©. Ce dernier se rĂ©fugie alors en France, Ă  Ferney-Voltaire.

CrĂ©ation d’une « Église libre »

Exclu de l’Église officielle et influencĂ© par Drummond, le petit groupe issu de la SociĂ©tĂ© des Amis va se constituer le une premiĂšre Église indĂ©pendante . Le , ils prennent la cĂšne ensemble, hors de l’Église officielle, sous la prĂ©sidence de CĂ©sar Malan, pasteur consacrĂ© de l’Église officielle de GenĂšve. Le , Henri Pyt, Jean-Guillaume Gonthier et le Français Pierre MĂ©janel sont dĂ©signĂ©s comme conducteurs spirituels, CĂ©sar Malan n’ayant pas souhaitĂ© rompre avec l’Église Ă©tablie. La petite communautĂ© se rĂ©unira dans divers locaux, avant de trouver en 1818 une salle suffisamment grande pour accueillir la croissance de la congrĂ©gation, au Bourg-de-Four, non loin du temple Saint-Pierre ; elle sera connue dĂšs lors, et jusqu’en 1839, sous le nom d’église du Bourg-de-Four[20]. En janvier de la mĂȘme annĂ©e, MĂ©janel, qui est français, a Ă©tĂ© expulsĂ© par les autoritĂ©s genevoises et remplacĂ© Ă  la tĂȘte de l’Église naissante par Empeytaz, revenu de Saint-PĂ©tersbourg, et par Guers[2]. En 1824, la communautĂ© compte environ trois cents membres[20].

CĂ©sar Malan, qui veut changer l’Église nationale de l’intĂ©rieur et lui faire retrouver la foi de la RĂ©forme, construit une chapelle en bois dans son jardin[21]. Ses prĂ©dications ont du succĂšs et il devient pratiquement un pasteur indĂ©pendant. Le Conseil d'État le dĂ©met de ses fonctions en 1823 et Malan se retrouve hors de l’Église nationale. Souhaitant rester au sein de l’Église d’État, le pasteur Louis Gaussen n’en a pas moins fondĂ© en 1831, avec d’autres, la « SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique de GenĂšve » qui, trĂšs vite, a commencĂ© Ă  cĂ©lĂ©brer des cultes, Ă  organiser des catĂ©chismes et ouvre une École de thĂ©ologie. Le Conseil d’État rĂ©voque donc aussi Gaussen. Exclus de l’Église genevoise, les « rĂ©veillĂ©s » achĂštent alors un terrain et y construisent, en 1833, la chapelle de l’Oratoire[20], qui abrite toujours une Église Ă©vangĂ©lique libre aujourd’hui[19]. La chapelle de la PĂ©lisserie, deuxiĂšme Ă©glise Ă©vangĂ©lique libre de GenĂšve, sera ouverte en 1839 pour remplacer l’église du Bourg-de-Four devenue trop petite ; elle aussi est toujours en activitĂ©[19].

La population voyant d’un mauvais Ɠil ces « sectaires » commence Ă  s’agiter, les injures fusent, puis des pierres sont lancĂ©es. La police doit intervenir. Un jeune sergent de la garde, FĂ©lix Neff, reçoit Ă  cette occasion un petit traitĂ© Ă©vangĂ©lique qui va le chambouler. Il quitte son travail et devient prĂ©dicateur-Ă©vangĂ©liste itinĂ©rant en Suisse romande d’abord, puis en France, notamment dans les Hautes-Alpes[20].

Le RĂ©veil vaudois

Voisin du canton de GenĂšve, le canton de Vaud est atteint Ă  son tour par le RĂ©veil Ă  partir de 1818, date oĂč de premiĂšres rencontres ont lieu notamment Ă  Sainte-Croix. La population se montre lĂ  aussi parfois hostile Ă  ces rĂ©unions qui ont souvent lieu dans des granges et les interrompent par des manifestations bruyantes et parfois violentes contre les « rĂ©veillĂ©s », qualifiĂ©s de « mĂ©thodistes » ou de « mĂŽmiers »[22], ce qui a pour effet d’inquiĂ©ter les autoritĂ©s civiles qui cherchent dĂšs lors Ă  interdire ces rĂ©unions. L’interfĂ©rence permanente des autoritĂ©s Ă©tatiques marque en effet le RĂ©veil vaudois : initialement, les pasteurs et les organisateurs des rĂ©unions sont arrĂȘtĂ©s, emprisonnĂ©s ou expulsĂ©s. Le RĂ©veil s’étend nĂ©anmoins et les rĂ©unions se tiennent parfois en plein air Ă  Sauvabelin, dans la vallĂ©e de Joux ou aux Granges de Sainte-Croix. En 1824, le pasteur Charles Rochat et deux de ses collĂšgues fondent Ă  Vevey la toute premiĂšre communautĂ© religieuse indĂ©pendante du canton de Vaud, ce qui est parfaitement illĂ©gal. Banni, Rochat parvient Ă  revenir clandestinement sur le territoire cantonal et Ă  y reprendre son apostolat. MalgrĂ© les difficultĂ©s et les persĂ©cutions, une quinzaine de communautĂ©s se forment de 1824 Ă  1828, notamment Ă  Sainte-Croix, Bex et Payerne. La loi change en 1834 et autorise dĂšs lors les rĂ©unions et les cultes en tous lieux. En 1839, une nouvelle loi modifie le serment de consĂ©cration des pasteurs, qui ne mentionne plus de confession de foi, mais fait seulement rĂ©fĂ©rence Ă  la Bible. Par cette loi, l’État prive l’Église de confession de foi officielle. MĂ©contents de cette intervention de l’État sur les doctrines de l’Église, plusieurs pasteurs dĂ©missionnent, dont Alexandre Vinet. En 1845, sous la conduite du pasteur de Montreux Charles Monnard, de nouvelles dĂ©missions dĂ©bouchent, deux ans plus tard, sur la crĂ©ation de l’Église libre, indĂ©pendante de l’État et regroupant 33 paroisses[23].

En , lors de son premier synode, la nouvelle Église dĂ©cide de crĂ©er sa propre facultĂ© de thĂ©ologie (qu’on appellera la MĂŽme). Le schisme durera prĂšs d’un siĂšcle, les deux Églises rĂ©formĂ©es vivant cĂŽte Ă  cĂŽte dans le canton de Vaud jusqu’en 1966. Les « libristes » sont Ă  l’origine de nombreuses initiatives et institutions : ainsi l’école de garde-malades de la Source est crĂ©Ă©e en 1859 par ValĂ©rie de Gasparin-Boissier, qui veut prendre le contrepied de l’Institution des diaconesses fondĂ©e en 1842 Ă  Échallens par le pasteur Louis Germond[24] - [25]. En opposition avec ce qu’elle considĂšre comme une l’image de la femme trop marquĂ©e par l’esprit de sacrifice et de renoncement, Madame de Gasparin milite pour la compĂ©tence professionnelle, liĂ©e Ă  la dimension chrĂ©tienne du soutien aux malades, et donne en 1891 Ă  l’école le nom d’École normale Ă©vangĂ©lique des garde-malades. ParallĂšlement, les libristes et rĂ©veillĂ©s vaudois fondent l’hĂŽpital du Samaritain Ă  Vevey (1858), l’infirmerie de Rolle (1861), et l’Hospice de l’enfance, premier du genre en Suisse[23].

Alexandre Vinet, que certains considĂšrent comme le principal penseur protestant du XIXe siĂšcle, a participĂ© au RĂ©veil vaudois mĂȘme si son influence, en partie posthume, dĂ©borde largement les frontiĂšres de la Suisse[26]. Il avait connu la notoriĂ©tĂ© dĂšs 1826, la SociĂ©tĂ© de la morale chrĂ©tienne (issue du RĂ©veil parisien) lui ayant dĂ©cernĂ© un prix pour son « MĂ©moire en faveur de la libertĂ© des cultes ». Dans cet ouvrage, Alexandre Vinet dĂ©fendait le principe de la sĂ©paration de l’Église et de l’État, en totale contradiction avec le fait que l'Église rĂ©formĂ©e Ă©tait prĂ©cisĂ©ment une Église d'État dans le canton de Vaud. Alors que l'État vaudois, dans l'Ă©lan de sa rĂ©volution de 1845, tentait de placer l'Église sous contrĂŽle, de nombreux pasteurs et fidĂšles s'appuyĂšrent sur les thĂšses de Vinet pour fonder une Église libre en 1847, l'annĂ©e mĂȘme oĂč Vinet dĂ©cĂšde. Ses Ɠuvres, marquĂ©es au coin d'une qualitĂ© littĂ©raire hors du commun et d'une vive sensibilitĂ© revivaliste, furent largement diffusĂ©es aprĂšs sa mort et influenceront profondĂ©ment le protestantisme d’expression française, toutes tendances confondues, pendant prĂšs d’un siĂšcle[26].

Le RĂ©veil bĂąlois

Un rĂ©veil issu du piĂ©tisme wurtembergeois avait Ă©galement touchĂ© BĂąle Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle, oĂč fut fondĂ©e une « SociĂ©tĂ© allemande du christianisme » dont Christian Gottlieb Blumhardt[27] fut l’animateur et le secrĂ©taire pendant 15 ans. Cette SociĂ©tĂ© fut elle-mĂȘme Ă  l’origine de la fondation de la SociĂ©tĂ© biblique de BĂąle et de la Mission de BĂąle, deux institutions dont le rayonnement fut trĂšs important Ă  travers le monde. Elles servirent de modĂšle Ă  la SociĂ©tĂ© biblique de Paris (fondĂ©e en 1818) et Ă  la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris (fondĂ©e en 1822). Un des « passeurs » entre BĂąle et Paris fut le pasteur Henri Grandpierre, neuchĂątelois formĂ© Ă  BĂąle, qui dirigea la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris de 1826 Ă  1856 et fut une des chevilles ouvriĂšres de la chapelle Taitbout, haut lieu du RĂ©veil parisien[28].

Le RĂ©veil en France

Situation religieuse en France au début du XIXe siÚcle

La situation du protestantisme français diffÚre profondément de celle de GenÚve :

  • Le protestantisme français a traversĂ© de multiples Ă©preuves jusqu’en 1815 : aux persĂ©cutions des rois catholiques ont succĂ©dĂ© celle de la Terreur puis, en 1815, de la Terreur blanche, deux Ă©pisodes d’une violence extrĂȘme qui provoquent Ă  nouveau des emprisonnements, des exĂ©cutions ou des meurtres de protestants, notamment de pasteurs. Ces crises qui s’enchaĂźnent presque sans discontinuer ont considĂ©rablement appauvri la culture religieuse d’un protestantisme le plus souvent privĂ© de pasteurs et a appris aux protestants Ă  se dissimuler plutĂŽt qu’à tĂ©moigner de leur foi.
  • La situation dogmatique n’a en apparence pas Ă©voluĂ©. En particulier, on est toujours fidĂšle Ă  la confession de La Rochelle au contraire de l’Église rĂ©formĂ©e de GenĂšve dont la Compagnie des pasteurs avait renoncĂ© Ă  l’usage d’une confession de foi.
  • La piĂ©tĂ© populaire demeure forte comme en tĂ©moigne le bon accueil fait le plus souvent aux pasteurs et Ă©vangĂ©listes du RĂ©veil venus de l’étranger, mĂȘme si les apĂŽtres du RĂ©veil ont volontiers un peu noirci le tableau pour mieux faire ressortir la nĂ©cessitĂ© ou les rĂ©sultats de leur apostolat.

Le rationalisme occupe toutefois une place importante dans les esprits, cela d’autant plus que le rationalisme rĂ©volutionnaire issu des LumiĂšres est Ă  l’origine mĂȘme de l’émancipation des protestants. Les prĂ©dications de l’époque tĂ©moignent de cette confusion entre religion et philosophie : on y parle davantage de l’Être suprĂȘme, ou du grand architecte de l’univers que du Dieu d’Abraham et de MoĂŻse, et on y multiplie les dissertations moralisantes sur le devoir, l’humilitĂ©, le respect dĂ» aux vieillards et autres, Ă©vitant tout le cƓur du christianisme. En 1768, un pasteur de Bordeaux influencĂ© par les FrĂšres moraves, Étienne Gibert, est en grande difficultĂ© face au consistoire, et presque dĂ©mis de ses fonctions pour avoir prĂȘchĂ© sur l’état de pĂ©chĂ© et de condamnation de l’homme, sur la nĂ©cessitĂ© de changer et sur les moyens de salut. Craignant de provoquer un schisme, il part alors pour l’Angleterre [29]. Sous le Premier Empire, cette tendance lĂ©nifiante se cumule avec une louange immodĂ©rĂ©e pour l’Empereur, comparĂ© Ă  CĂ©sar, Alexandre, Constantin ou mieux encore au Messie lui-mĂȘme[30].

Les précurseurs du Réveil en France

MalgrĂ© la situation difficile du protestantisme, la France compte nĂ©anmoins de grands prĂ©curseurs du RĂ©veil, soit issus de ses marches (Alsace, MontbĂ©liard
), soit issus de l’Église sous la croix.

Oberlin

L’Alsace est fertile en prĂ©curseurs du RĂ©veil. Outre Spener qui irrigue de sa foi toute une gĂ©nĂ©ration de pasteurs[8], c’est Jean-FrĂ©dĂ©ric Oberlin qui se consacre Ă  la fois au dĂ©veloppement Ă©ducatif et Ă©conomique de la paroisse dĂ©shĂ©ritĂ©e du Ban de la Roche, inaugurant ainsi la dimension sociale du RĂ©veil, et Ă  l’évangĂ©lisation et Ă  la diffusion de la Bible avec l’appui de la SociĂ©tĂ© biblique et Ă©trangĂšre de Londres. Ayant Ă©tabli un comitĂ© Ă  Waldersbach, il fut l’un des principaux diffuseurs de la Bible Ă  son Ă©poque avec plus de 10 000 bibles et nouveaux testaments diffusĂ©s en France avant que la SociĂ©tĂ© biblique de Paris ne soit fondĂ©e[31].

Les « pasteurs fidÚles »

Comme Ă  GenĂšve, les premiers revivalistes sont des pasteurs[32] ou des professeurs restĂ©s attachĂ©s Ă  l’expression de la foi telle que les rĂ©formateurs l’avaient fixĂ©e. Parmi eux, Daniel Encontre dont le rĂŽle comme recteur de la facultĂ© de thĂ©ologie de Montauban sera important[33], Jean-AndrĂ© Gachon (1766-1838), pasteur Ă  Saint-Hippolyte-du-Gard (1797-1817) puis Ă  MazĂšres (1817-1838)[34], François-Maurice Marzials (1779-1861), pasteur au Cailar (1801-1816) puis Ă  Montauban (1816-1856), François Bonnard (nĂ© en 1776 Ă  Nyon, dĂ©cĂ©dĂ© en 1838 Ă  Montauban), professeur d’hĂ©breu biblique Ă  la facultĂ© de thĂ©ologie protestante de Montauban[35], CĂ©sar Chabrand (1780-1863), notamment pendant son pastorat Ă  Toulouse, Abraham Lissignol (1784-1861), nĂ© Ă  GenĂšve et pasteur Ă  Montpellier de 1809 Ă  1851, Alphonse Gonthier (1773-1834), nĂ© Ă  Yverdon et pasteur Ă  NĂźmes de 1805 Ă  1813 avant de retourner en Suisse, Adrien Soulier (1756-1843) pasteur notamment Ă  Milhaud (Gard), AndrĂ© Blanc (nĂ© vers 1790 sans doute Ă  Briançon, dĂ©cĂ©dĂ© le ) pasteur Ă  Mens (IsĂšre), CĂ©sar Bonifas (1794-1855), pasteur Ă  Grenoble (1820-44) puis professeur de thĂ©ologie Ă  Montauban
 TrĂšs souvent influencĂ©s par les Moraves, souvent passĂ©s par la Suisse, ces pasteurs forment la « bonne terre » qui va accueillir et faire fructifier en France la prĂ©dication des missionnaires anglais ou suisses[36].

Aux noms qui précÚdent qui sont ces pasteurs classiquement considérés comme les précurseurs de Réveil, il faut ajouter ceux qui relÚvent les communautés protestantes décimées par les persécutions : Antoine Court dans le Midi, Jean De Visme (1760-1819) ou Jean-Baptiste Née (1756-1826) dans le Nord.

Montauban

La facultĂ© de thĂ©ologie de Montauban est fondĂ©e en 1808. Le pasteur François Bonnard y est professeur aprĂšs avoir Ă©tĂ© pasteur Ă  Massillargues[37]. Robert Haldane y sĂ©journe de 1819 Ă  1821 et s’y occupe surtout de la rĂ©impression de la Bible Martin avec Bonnard et Marzials ; il y met Ă©galement par Ă©crit et fait traduire en français ses cĂ©lĂšbres confĂ©rences sur l’Épitre aux Romains et son « Évidence du christianisme », deux ouvrages qui seront remis Ă  chaque Ă©tudiant Ă  la fin de leurs Ă©tudes[38].

La facultĂ© trouve en la personne de Daniel Encontre, initialement pasteur « au dĂ©sert », un doyen qui la maintient dans le droit chemin doctrinal et qui rĂ©tablit la discipline dans les mƓurs des Ă©tudiants ; elle sera un lieu d’incubation pour des groupes de jeunes Ă©tudiants.

Les quakers français

Dans le Gard, particuliĂšrement en Vaunage, des chrĂ©tiens pĂ©nĂ©trĂ©s des valeurs Ă©vangĂ©liques ont pratiquĂ© une forme de christianisme proche du quakerisme depuis une pĂ©riode mal connue du XVIIIe siĂšcle (notamment dans les villages de CongĂ©nies, FontanĂšs, Quissac et Calvisson) [39]. Ces assemblĂ©es sont restĂ©es de taille modeste[40]. Bien qu’en contact avec les quakers anglais, cette communautĂ© fit un particuliĂšrement bon accueil au RĂ©veil mĂ©thodiste promu par le missionnaire Charles Cook[41].

Essaimage du noyau revivaliste genevois

Les jeunes aspirants pasteurs genevois soutenus par la fortune de Henry Drummond vont essaimer Ă  travers la France. Drummond fondera la « SociĂ©tĂ© continentale de Londres » pour rĂ©Ă©vangĂ©liser l’Europe, sociĂ©tĂ© Ă  laquelle Haldane prendra une part active. Émile Guers en fut le premier agent central. En cette qualitĂ©, il publia de 1818 Ă  1822 Le Magazine Ă©vangĂ©lique, qui apportait des nouvelles missionnaires du monde entier. En furent les agents : Ami Bost, l’un des premiers missionnaires de cette sociĂ©tĂ© en Alsace, Henri Pyt qui Ă©vangĂ©lisa successivement le Nord et le piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en, Antoine Porchat actif notamment dans la Sarthe[42]ainsi que Jean-FrĂ©dĂ©ric Vernier, Ă©vangĂ©liste en IsĂšre et FĂ©lix Neff, actif dans les dĂ©partements alpins.

Les autres Suisses

On note Ă©galement les noms des Suisses sans lien avec le foyer genevois : le pasteur Henri Grandpierre, neuchĂątelois d’origine, mais passĂ© par BĂąle et issu du RĂ©veil bĂąlois, qui contribuera au RĂ©veil parisien, Henri Jaquet (1788-1867), nĂ© Ă  Vevey, mais passĂ© par la Souabe oĂč il est devenu piĂ©tiste, fondateur du centre de formation de Glay (Doubs), Abraham Oulevay, originaire de Bavois, principal fondateur de l’assemblĂ©e darbyste de BĂ©thoncourt, ou de Louis Vierne de GenĂšve, installĂ© Ă  MontbĂ©liard.

Les méthodistes

FondĂ© par John Wesley en raison du mauvais accueil fait Ă  ses prĂ©dications par les autoritĂ©s anglicanes, le mĂ©thodisme est la principale dĂ©nomination issue du Grand RĂ©veil et, dĂšs l’origine, une dĂ©nomination missionnaire. À la mort de son fondateur en 1791, le mĂ©thodisme compte 313 prĂ©dicateurs itinĂ©rants en Grande-Bretagne, 227 en AmĂ©rique du Nord et des missionnaires dans la totalitĂ© des colonies britanniques[43].

Le premier missionnaire mĂ©thodiste arrivĂ© en France est un certain William Mahy, venu de Jersey Ă  partir de 1791, un temps secondĂ© par un autre Jersiais, Jean de Quetteville[44]. Ils exercent leur ministĂšre dans les environs de Caen. AprĂšs l’éclipse provoquĂ©e par le RĂ©volution française, le flambeau est repris par deux jeunes Ă©migrĂ©s bretons convertis pendant leur sĂ©jour Ă  Jersey, Jean du Pontavice, et Arnaud de Kerpezdron, qui eux aussi, se consacrent au tĂ©moignage et Ă  l’évangĂ©lisation de la Normandie. Leurs disciples, souvent d’origine catholique, se rĂ©pandent en Normandie et en Bretagne[45]. L’organisateur des missions mĂ©thodistes, Thomas Coke, Ă©tait venu prĂȘcher en France sans succĂšs en 1791[46]; il eut l’idĂ©e d’envoyer en France quelques annĂ©es plus tard William Toase, qui avait Ă©tĂ© Ă  partir de 1810 un fidĂšle visiteur des prisonniers français dĂ©tenus sur les bateaux prisons amarrĂ©s sur la riviĂšre Medway. Celui-ci parlait un bon français et dĂ©veloppa le mĂ©thodisme dans les Ăźles anglo-normandes, en Normandie et Ă  Paris[47]. Ce fut Toase qui, ayant ƓuvrĂ© pour obtenir de nouveaux Ă©vangĂ©listes pour la France, obtint de haute lutte en 1818 l’envoi en France de Charles Cook, prĂ©dicateur dĂ©jĂ  rĂ©putĂ© pour son efficacitĂ©, sa grande culture et sa forte personnalitĂ©[48].

Le dĂ©veloppement du mĂ©thodisme dans le reste de la France est principalement l’Ɠuvre de Charles Cook, carrossier puis professeur anglais venu au travail missionnaire Ă  29 ans, et en France Ă  31 ans. Il passe par la Normandie oĂč il est bien accueilli et accompagnĂ© par le pasteur Rollin de Caen, mais il consacrera l’essentiel de son activitĂ© au sud de la France. Il se fixe en Vaunage (entre NĂźmes et Montpellier), dans la localitĂ© de Caveirac, non loin de CongĂ©nies, village marquĂ© par le dĂ©veloppement, Ă  la fin du siĂšcle prĂ©cĂ©dent, d'une communautĂ© quaker entiĂšrement locale dont certains Ă©lĂ©ments se rallient au mĂ©thodisme. Depuis la Vaunage, Cook rayonne dans tout le Midi et jusqu’en Suisse. En 1852, les mĂ©thodistes sont implantĂ©s dans huit dĂ©partements : Calvados, Meuse, Pas-de-Calais, Seine, Gard, HĂ©rault, DrĂŽme et Hautes-Alpes. Charles Cook est clairement Ă  l’origine du mĂ©thodisme dans les 4 derniers nommĂ©s[49].

Par ailleurs, un deuxiĂšme foyer d’évangĂ©lisation mĂ©thodiste en France sera lancĂ© avec l’arrivĂ©e, en 1868 Ă  Strasbourg, d’un missionnaire amĂ©ricain germanophone, le pasteur Johann Schnatz, suivi de plusieurs autres missionnaires germanophones. Neuf communautĂ©s en Alsace-Moselle sont les hĂ©ritiĂšres de leurs efforts[50]. La dĂ©marche des missionnaires mĂ©thodistes demeure en gĂ©nĂ©ral de rĂ©veiller la ferveur religieuse en France, et non de fonder des paroisses. « Nous n’avons formĂ© d’Églises que lĂ  oĂč nous avons Ă©tĂ© repoussĂ©s par l’Église nationale » Ă©crit ainsi Paul Cook, fils du missionnaire[51]. De nombreux postes mĂ©thodistes seront en outre fusionnĂ©s avec des paroisses rĂ©formĂ©es ou rattachĂ©s Ă  l’Église rĂ©formĂ©e (c’est le cas de Cherbourg dĂšs le XIXe siĂšcle et de 16 paroisses au dĂ©but XXe siĂšcle). La prĂ©sence mĂ©thodiste en France reste cependant notable Ă  ce jour avec 21 paroisses[50].

Les baptistes

Le baptisme a commencĂ© vers 1810, avec un petit groupe de chrĂ©tiens habitant le village de Nomain dans le Nord[52]. Les groupes d’étude biblique animĂ©e par l’agriculteur Louis Caulier ne semblaient pas, au premier abord, diffĂ©rer des autres groupes de protestants (rĂ©formĂ©s) de la rĂ©gion, tous desservis de loin en loin par le pasteur Jean de Visme, comparĂ© Ă  Antoine Court pour son Ɠuvre de relĂšvement du protestantisme dans le Nord. On attribue Ă  une influence anglaise survenue Ă  l’occasion de l’occupation de la rĂ©gion par les coalisĂ©s entre 1815 et 1818 l’orientation proprement baptiste de ce noyau originel[53].

En 1819-1820, l’évangĂ©liste baptiste suisse Henri Pyt a exercĂ© une influence dĂ©terminante dans plusieurs rĂ©gions oĂč sa prĂ©dication touche de nombreuses personnes, particuliĂšrement Ă  GenĂšve, puis dans le Nord de la France, en Eure-et-Loir, au Pays basque et Ă  Paris[54], ce qui conduisit Ă  la fondation de la FĂ©dĂ©ration des Églises Ă©vangĂ©liques baptistes de France[55]. En 2000, il y avait 40 000 fidĂšles baptistes en France[56].

Les Assemblées de FrÚres

Les « assemblĂ©es de FrĂšres » trouvent leur origine dans les annĂ©es 1820 Ă  Dublin oĂč de jeunes chrĂ©tiens se retrouvent pour Ă©tudier la Bible et revenir Ă  la simplicitĂ© de l'Église primitive[57]. Parmi ces jeunes, il y avait John Gifford Bellett, Francis Hutchinson, Edward Cronin[58]. En 1832, Henry Craik et George MĂŒller dĂ©marrent un groupe Ă  Bristol qui sera organisĂ© en des sous-groupes selon les Ăąges[59]. MĂŒller sera Ă©galement Ă  l’origine de la fondation d'orphelinats dans la ville[60].

En 1840, John Nelson Darby, un prĂȘtre irlandais quitte l’Église anglicane en Irlande pour rejoindre le mouvement comme prĂ©dicateur[61]. En 1848, le mouvement des FrĂšres se divisa en deux branches. L’aile « ouverte » de George MĂŒller, Henry Craik et Chapman et l’aile « exclusive » de John Nelson Darby[62] - [63] - [64] - [65].

L'Institut de Glay (Doubs).

Les idĂ©es de Darby pĂ©nĂštrent en France au sein de certaines assemblĂ©es piĂ©tistes prĂ©existantes, notamment grĂące Ă  l’activitĂ© de personnes formĂ©es par le pasteur piĂ©tiste suisse Henri Jaquet (1788-1867), fondateur du centre de Glay au Pays de MontbĂ©liard : Jean-FrĂ©dĂ©ric Vernier dans la DrĂŽme, Pierre MĂ©netrez Ă  Chalon-sur-SaĂŽne, FrĂ©dĂ©ric ViĂ©not autour de MontbĂ©liard. Darby visite le Pays de MontbĂ©liard sous la conduite de ce dernier en 1850, ce qui dĂ©termine le rattachement au Mouvement des frĂšres d’une dizaine de communautĂ©s piĂ©tistes du Pays de MontbĂ©liard[66].

Peu structurĂ©s, les darbystes sont particuliĂšrement difficiles Ă  dĂ©nombrer. On leur connaĂźt 32 communautĂ©s rĂ©parties dans des rĂ©gions traditionnellement protestantes telles que le Gard, l’ArdĂšche, l’IsĂšre, le Doubs (arrondissement de MontbĂ©liard) ou le Bas-Rhin, voire dans quelques « terres de mission » telles que le Pas-de-Calais ou la SaĂŽne-et-Loire[64].

Les piétistes alsaciens

Des communautĂ©s piĂ©tistes avait Ă©tĂ© fondĂ©es Ă  Munster, Colmar et Mulhouse en 1820 Ă  la suite des prĂ©dications d’Ami Bost. De langue allemande, elles se joignirent aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, avec quelques autres, Ă  la « Pilgermission St Chrischona » (mission des pĂšlerins St. Chrischona) qui avait Ă©tĂ© fondĂ©e en 1840 Ă  Bettingen, prĂšs de BĂąle, par Christian Friedrich Spittler. En 1952, elles dĂ©cidĂšrent de quitter le cadre concordataire et formĂšrent l’« Union des sociĂ©tĂ©s Ă©vangĂ©liques St Chrischona » (USEC). En 2010, l’union d’Églises a fusionnĂ© avec son mouvement missionnaire pour former une seule Ɠuvre nommĂ©e « Vision-France, une Union d’Églises protestantes Ă©vangĂ©liques » affiliĂ©e Ă  Chrischona International. Elle comporte en 2017 20 paroisses en France dont 15 en Alsace-Moselle[67].

Les réformés

Une partie importante du RĂ©veil n’aboutit pas Ă  la crĂ©ation d’Églises nouvelles, mais Ă  la rĂ©novation de l’intĂ©rieur du protestantisme institutionnel (concordataire Ă  cette Ă©poque)[68]. Les oppositions qui s’instaurent graduellement entre les plus libĂ©raux et les plus orthodoxes provoquent rĂ©guliĂšrement des divisions et la crĂ©ation d’Églises indĂ©pendantes qui, pour la plupart (mais pas toutes), reviendront ultĂ©rieurement dans le giron de l’Église rĂ©formĂ©e de France telle qu’elle sera constituĂ©e en 1938. En 1832, le pasteur Adolphe Monod est rĂ©voquĂ© par le consistoire rĂ©formĂ© de Lyon parce qu’il refuse de donner la cĂšne aux personnes qu’il n'en juge pas dignes. Il prĂ©side donc quelque temps une Ă©glise indĂ©pendante avant d’ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ© comme professeur Ă  la facultĂ© de thĂ©ologie protestante de Montauban.

Les évangéliques libres

De nouvelles Ɠuvres d’évangĂ©lisation s’ouvrent poussĂ©es par l’esprit du RĂ©veil. Ainsi, la chapelle Taitbout propose, Ă  partir de 1830 Ă  Paris, des cultes le dimanche aprĂšs-midi afin de ne pas concurrencer celui des paroisses protestantes. Les formes traditionnelles de culte y sont bousculĂ©es, la robe pastorale est boudĂ©e, de nouveaux cantiques piĂ©tistes, souvent issus du RĂ©veil britannique, y sont chantĂ©s en plus des anciens psaumes de la RĂ©forme. C'est lĂ  que naquit en 1834 le premier recueil français de cantiques du RĂ©veil, les Chants chrĂ©tiens[69]. AprĂšs avoir attirĂ© la haute sociĂ©tĂ© protestante de l’époque, elle essaime et donne lieu Ă  la crĂ©ation en 1850 de l'Ă©glise du Luxembourg, rue Madame Ă  Paris, crĂ©Ă©e afin d'Ă©vangĂ©liser dans le quartier latin[70] et, en 1868, sous la conduite du pasteur EugĂšne Bersier, de l'Ă©glise rĂ©formĂ©e de l'Étoile (avenue de la Grande-ArmĂ©e, dans un quartier en pleine construction Ă  l'Ă©poque), qui est au dĂ©part conçue comme une annexe semi-autonome de la chapelle Taitbout[71].

En 1849, FrĂ©dĂ©ric Monod et AgĂ©nor de Gasparin quittent l'Église rĂ©formĂ©e et fondent l'Union des Églises Ă©vangĂ©lique libres de France, avec la premiĂšre Ă©glise indĂ©pendante : la chapelle du Nord[72] - [73].

Le Réveil par région

Les tentatives des sociétés étrangÚres

De nombreuses initiatives d’annonce de l’Évangile dans l’esprit du RĂ©veil furent entreprises Ă  Paris par divers organismes Ă©trangers, mais sans obtenir de rĂ©sultats manquants :

  • AprĂšs la tentative infructueuse de Thomas Coke en 1791, d’autres mĂ©thodistes furent envoyĂ©s Ă  Paris : le pasteur Hawthrey en 1820, les pasteurs Croggon et Adams Ă  Charenton en 1823 auprĂšs d’un groupe d’ouvriers anglais employĂ©s dans une fonderie parisienne, le pasteur Tourgis, bilingue, Ă  partir de 1824. Ce dernier connut un certain succĂšs et ouvrit des salles de rĂ©union dans les quartiers de Montmartre et de Saint-Denis. Le mĂ©thodisme ne connut toutefois pas un succĂšs aussi important Ă  Paris qu’en province et, Ă  son arrivĂ©e Ă  Paris en 1844, le pasteur Jean-Louis Rostan (originaire du Queyras et Ă©mule de FĂ©lix Neff) constate que le mĂ©thodisme parisien reste encore balbutiant[74].
  • En 1815, le rĂ©vĂ©rend Mark Wilks ouvrit une chapelle congrĂ©gationaliste anglaise[75].
  • Un lieu de culte anglican fut ouvert en 1818, et une Ă©glise anglicane officielle, placĂ©e sous la protection de l’ambassade britannique, fut Ă©tablie en 1824 par le rĂ©vĂ©rend Lewis Way[75].
  • À partir de 1818, Pierre MĂ©janel, aidĂ© par Antoine Porchat, prĂȘchait aux alentours du jardin du Luxembourg, parvenant Ă  se faire connaĂźtre en chantant des cantiques sur la voie publique ou dans les jardins. Ayant adhĂ©rĂ© aux idĂ©es de l'Écossais Edward Irving, il devint la tĂȘte d’affiche des irvingiens Ă  Paris[75].
  • Le presbytĂ©rien Ă©cossais Robert Haldane avait quant Ă  lui ouvert, en 1824 Ă  Paris, un institut destinĂ© Ă  former les Ă©vangĂ©listes et missionnaires de langue française, qui devint en mĂȘme temps un lieu de rĂ©unions. Un moment soutenu par Pyt, ce lieu de culte devint finalement le siĂšge de la communautĂ© darbyste parisienne[76].

Le Réveil réformé évangélique

C’est Ă  FrĂ©dĂ©ric Monod, pasteur d’origine genevoise, disciple de Robert Haldane et dont le pĂšre, Jean Monod, est pasteur de l’Église officielle, qu’il revient d’avoir crĂ©Ă© un vĂ©ritable engouement pour les idĂ©es du RĂ©veil Ă  Paris. NommĂ© pasteur adjoint en 1820 Ă  Paris, essentiellement employĂ© comme aumĂŽnier des hĂŽpitaux et des prisons, il sera nommĂ© pasteur titulaire en 1832. Par sa prĂ©dication et par son activisme au sein de multiples sociĂ©tĂ©s religieuses, il est le catalyseur du RĂ©veil parisien. EntrĂ© en dissidence en 1848 sur la question des confessions de foi, il devient, jusqu’à sa mort en 1863, pasteur de l’Église Ă©vangĂ©lique libre de Paris. Il dirigea pendant 43 ans l’organe de l’orthodoxie rĂ©formĂ©e, les « Archives du Christianisme »[77].

La chapelle du Nord est construite au passage des Petites-Écuries Ă  l’initiative de FrĂ©dĂ©ric Monod en 1849. Par la suite vont y prĂȘcher ThĂ©odore Monod (fils de FrĂ©dĂ©ric), Tommy Fallot, qui mena une action d'Ă©vangĂ©lisation auprĂšs du monde ouvrier, Élie Gounelle, qui compte parmi les fondateurs du mouvement du christianisme social[78], pour y accueillir le culte de l’Église Ă©vangĂ©lique libre Ă  Paris ; toujours Ă  son instigation, elle est dĂ©mĂ©nagĂ©e ensuite rue de Chabrol en 1853 puis rue des Petits-HĂŽtels en 1862[79].

Le Réveil réformé libéral

Athanase Coquerel fut l’animateur du RĂ©veil libĂ©ral. Suffragant appelĂ© en 1830 par le pasteur Paul-Henri Marron alors qu’il Ă©tait en poste Ă  l’église wallonne d'Amsterdam, il est Ă  l’origine en 1835 de l’ouverture du temple des Batignolles, 3e temple rĂ©formĂ© parisien (il n’y avait jusqu’alors que l’Oratoire du Louvre et le temple du Marais). Homme de convictions trĂšs engagĂ© dans la citĂ©, il fut Ă©lu conventionnel en 1848 et dĂ©putĂ© en 1849. Il est le principal reprĂ©sentant du courant libĂ©ral. À partir de 1832, il est lui-mĂȘme nommĂ© pasteur titulaire et appelle Ă  ses cĂŽtĂ©s comme suffragant un autre libĂ©ral, Auguste Montandon (1803-1876), alors pasteur au temple protestant de Luneray[80]. Celui-ci sera le premier prĂ©sident de la « SociĂ©tĂ© des Ă©coles du dimanche » et l’un des animateurs de la SociĂ©tĂ© de l'histoire du protestantisme français, dont il est successivement le secrĂ©taire (1834-1864), le vice-prĂ©sident (1864-1868) puis le prĂ©sident (1874-1876)[81]. Autre Ă©lĂ©ment du RĂ©veil libĂ©ral, le pasteur Samuel Vincent intervient, depuis son poste pastoral Ă  NĂźmes, dans le dĂ©bat intellectuel français, en Ă©tant non seulement amenĂ© Ă  s’opposer Ă  Lammenais, mais encore en Ă©tant le premier en France Ă  prendre en compte Ă  faire connaĂźtre les idĂ©es du thĂ©ologien allemand Schleiermacher[82] - [83].

Le Réveil luthérien

RĂ©tabli en 1808 par le Concordat, le culte luthĂ©rien n’avait comme seule Ă©glise parisienne que le temple des Billettes, et deux pasteurs, le MontbĂ©liardais Georges Boissard (1783-1836)[84] et l’Alsacien Jean-Jacques Goepp (1771-1835)[85] - [86]. Le pasteur Louis Verny[87], proche d'Alexandre Vinet, succĂ©da Ă  Goepp Ă  son dĂ©cĂšs et s’avĂ©ra ĂȘtre Ă  la fois un intellectuel de premier plan, dont le rayonnement fut important, et un infatigable prĂ©dicateur, auteur de catĂ©chisme et de cantiques restĂ©s longtemps en usage dans l’église luthĂ©rienne de Paris[80]. Sous la monarchie de Juillet, les luthĂ©riens parisiens furent encouragĂ©s par la prĂ©sence Ă  Paris d’HĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin, Ă©pouse du prince royal et duc d'OrlĂ©ans Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans, qui est le fils aĂźnĂ© du roi Louis-Philippe. Plusieurs paroisses sont alors ouvertes, y compris en banlieue, de mĂȘme qu'Ă  Lyon et Ă  Nice. Les pasteurs Meyer et Valette ouvrent en outre une mission Ă  l’intention des Allemands alors nombreux Ă  travailler Ă  Paris[88] - [89].

Les sociétés chrétiennes

Le RĂ©veil porte en lui un souci d’initiatives en matiĂšre d’évangĂ©lisation et de mission, ce qui a conduit Ă  la crĂ©ation de nombreuses sociĂ©tĂ©s chrĂ©tiennes, source de rayonnement et de propagation de la foi protestante. En voici quelques-unes :

  • La SociĂ©tĂ© biblique française est crĂ©Ă©e en 1818 avec pour mission de publier des traductions de la Bible de bonne qualitĂ©, dans les formats et les prĂ©sentations adaptĂ©es Ă  tous les publics[90]. Cette crĂ©ation est due Ă  celle de deux pasteurs luthĂ©riens : d’une part, le pasteur FrĂ©dĂ©ric LĂ©o, un Allemand venu Ă  Paris en 1811 comme pasteur suffragant du consistoire luthĂ©rien, frappĂ© par la pĂ©nurie de bibles en France, procĂšde d’abord Ă  des importations de bibles de Suisse puis lance une souscription pour en imprimer en France, ce que l’imprimeur Firmin-Didot peut rĂ©aliser Ă  prix rĂ©duit grĂące Ă  son procĂ©dĂ© de stĂ©rĂ©otypie et, d’autre part. Jean-Daniel Kieffer (1787-1833), pasteur alsacien orientaliste et traducteur de la Bible en turc. En accord avec les autoritĂ©s catholiques françaises, le pasteur LĂ©o fonde aussi en 1816 la « SociĂ©tĂ© catholique de distribution du Nouveau Testament », qui diffusera le Nouveau Testament dans la version de Sacy, mais cela ne fait qu’un temps, car le Saint-SiĂšge condamne les sociĂ©tĂ©s bibliques en 1825, ce qui met fin Ă  cette activitĂ©[91].
  • La SociĂ©tĂ© des traitĂ©s religieux (1821)[92].
  • La SociĂ©tĂ© de la morale chrĂ©tienne fut fondĂ©e en 1821 par des progressistes catholiques et protestants soucieux de mettre en pratique la morale chrĂ©tienne dans les affaires politiques, suivant l’exemple quaker. Parmi ses fondateurs, le pasteur Goepp, le rĂ©vĂ©rend Mark Wilks et le baron Auguste-Louis de StaĂ«l-Holstein. Ce dernier s’appuie notamment sur le pasteur Wilson, en poste Ă  Nantes, et sur l’armateur mĂ©thodiste Thomas DobrĂ©e pour faire aboutir une campagne pour l’abolition de l’esclavage[93]. Son action sera prolongĂ©e par la crĂ©ation en 1834 de la SociĂ©tĂ© française pour l'abolition de l'esclavage, avec les mĂȘmes promoteurs, qui s'inspirent directement de l'action - couronnĂ©e de succĂšs en 1833 - menĂ©e par les abolitionnistes britanniques sous la conduite de l'anglican Ă©vangĂ©lique William Wilberforce.
La Maison des missions de Paris (Passy).
  • La SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris, crĂ©Ă©e en 1822, dont le premier prĂ©sident, Antoine Galland (1792-1862)[94], originaire de GenĂšve, tenait un culte tous les dimanches aprĂšs-midi Ă  la maison des missions[80]. Son successeur, le pasteur d’origine neuchĂąteloise Henri Grandpierre[95], chercha Ă  trouver un local plus vaste et mieux situĂ© pour ces cultes qui rĂ©unissaient les bienfaiteurs tant rĂ©formĂ©s que luthĂ©riens de la SociĂ©tĂ© des missions de Paris. Ce fut la chapelle Taitbout qui fut choisie[96]. La SociĂ©tĂ© des missions de Paris sera l’organisatrice de l’effort missionnaire protestant français d’abord en direction du Lesotho, oĂč elle a un impact remarquable, puis en OcĂ©anie (Tahiti, Nouvelle-CalĂ©donie), et dans diffĂ©rentes rĂ©gions d’Afrique entrĂ©es dans le giron colonial français comme le Gabon, le Congo-Brazzaville, le SĂ©nĂ©gal ou la Kabylie[97].
  • Le comitĂ© pour l’encouragement des Ă©coles du dimanche (1826)[92].
  • Le comitĂ© pour l’encouragement de l’instruction primaire chez les protestants de France (1829)[92].
  • La SociĂ©tĂ© biblique française (1833) est une scission de la SociĂ©tĂ© biblique de Paris, pour laquelle prirent parti ses sections rurales et les orthodoxes parisiens. Le motif de discorde avait Ă©tĂ© la « bataille des apocryphes », les orthodoxes faisant campagne depuis longtemps pour la suppression des livres apocryphes dans les Bibles, ce que refusaient les libĂ©raux[98].
  • La SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique française (1833 Ă©galement), construite sur le modĂšle de la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique de GenĂšve (1831), elle-mĂȘme inspirĂ©e par les pratiques anglaises, a pour but d’évangĂ©liser dans les milieux catholiques, ce que les libĂ©raux trouvaient dĂ©placĂ©[98].
  • La SociĂ©tĂ© des intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©raux du protestantisme français (1842) vise Ă  permettre une coordination protestante rendue difficile par la division des luthĂ©riens et des rĂ©formĂ©s rĂ©sultant des articles organiques de 1802. Ses principaux animateurs sont AgĂ©nor de Gasparin et Antoine Vermeil[99].
  • Une « branche française » de l’« Alliance Ă©vangĂ©lique universelle », groupement qui se veut international et interdĂ©nominationnel, voit le jour en 1846 Ă  Paris Ă  la suite de sa crĂ©ation en Angleterre, en 1846 Ă©galement, lors d'une confĂ©rence mondiale Ă  laquelle participait le pasteur Adolphe Monod[100]. Antoine Vermeil en est le secrĂ©taire[99].
  • La SociĂ©tĂ© centrale d’évangĂ©lisation est crĂ©Ă©e en 1847 sous l’impulsion du pasteur Henri Grandpierre pour coordonner les efforts parfois dispersĂ©s des organismes d’évangĂ©lisation locaux[99].

Le RĂ©veil aristocratique et mondain

À partir de 1830, le dĂ©veloppement de la chapelle Taibout est symptomatique du succĂšs du protestantisme parisien sous l’impulsion du RĂ©veil. Le succĂšs de cette chapelle indĂ©pendante est fulgurant et les personnalitĂ©s les plus hautes s'y pressent : William Henry Waddington, l’amiral Verhuell, le pasteur Edmond de PressensĂ©, la fille de Madame de StaĂ«l, Albertine, Ă©pouse du duc de Broglie, Victor de PressensĂ©, le comte Pellet de la LozĂšre, le banquier Jules Mallet, Henri Lutteroth, Rosine de Chabaud-Latour, Mark Wilks. Le pasteur Jean-Henri Grandpierre (qui deviendra directeur de la SociĂ©tĂ© des Missions) dont les sermons ont un grand impact, en devient rapidement le principal prĂ©dicateur[101]. Dans le sillage de la chapelle Taibout s’ouvrent des sĂ©ries d’annexes parfois importantes :

  • L'Ă©glise du Luxembourg, rue Madame Ă  Paris, nĂ©e en 1850 de la volontĂ© de membres de la chapelle de la rue Taitbout de crĂ©er une Ɠuvre d'Ă©vangĂ©lisation dans le quartier latin. Celle-ci occupe d’abord un local louĂ©, avant que la construction du bĂątiment actuel ne soit dĂ©cidĂ©e. Il est inaugurĂ© le . La nouvelle paroisse a parmi ses premiers pasteurs Roger Hollard, issu de la chapelle Taitbout, qui y exercera pendant 35 ans[70]. Le , l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la paroisse dĂ©cide de son rattachement Ă  l'Église rĂ©formĂ©e de France crĂ©Ă©e l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente[102].
  • Les Ă©coles et la chapelle de la rue Saint-Maur, constituĂ©s en Ă©glise en 1856 sous la conduite du pasteur Lenoir[103].
  • Les Ă©coles et la chapelle du boulevard Saint-Antoine, constituĂ©s en Ă©glise en 1858 sous la conduite du pasteur Byse[103].
  • L'Ă©glise rĂ©formĂ©e de l'Étoile (avenue de la Grande-ArmĂ©e, dans un quartier en pleine construction), qui est au dĂ©part (en 1868) conçue comme une annexe semi-autonome de la chapelle Taitbout, oĂč le pasteur EugĂšne Bersier continue Ă  officier tout en prĂ©sidant la nouvelle paroisse[71].

Les membres de la chapelle Taitbout sont aussi Ă  l’origine de plusieurs Ɠuvres sociales ; ils apportent notamment un appui dĂ©cisif Ă  une Ɠuvre en faveur des femmes dĂ©tenues – sous le nom de « ComitĂ© Saint-Lazare », du nom de la prison pour femmes - puis Ă  la fondation de l’Ɠuvre des diaconesses de Reuilly sous la direction du pasteur rĂ©formĂ© revivaliste Antoine Vermeil et d’une de ses anciennes paroissiennes bordelaises, Caroline Malvesin.

Les Ɠuvres sociales

Les Ɠuvres issues du RĂ©veil sont nombreuses : Ă©coles, salles d’asile (c’est-Ă -dire jardins d’enfants), Ă©coles du dimanche, institut de formation thĂ©ologique des Batignolles (sous l’impulsion de Robert Haldane), mais aussi l’aide sociale : l’association luthĂ©rienne de charitĂ© (1830), l’association de charitĂ© rĂ©formĂ©e (1830), l’orphelinat des Billettes (1830), la SociĂ©tĂ© des amis des pauvres (1833) , la fondation Lambrechts (1835), les diaconesses de Reuilly (1845)[104].

Une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration d’Ɠuvres du RĂ©veil se manifestera ensuite avec les dĂ©buts en France de la Mission Mac All (1871), trĂšs orientĂ©e sur le social, puis de l’ArmĂ©e du salut (1881).

En Alsace

L’Alsace est une terre Ă  la fois piĂ©tiste et libĂ©rale. Spener, pĂšre du piĂ©tisme, Ă©tait Alsacien, il avait eu pour successeur le Suisse Ami Bost que son activitĂ© brouillonne avait fait expulser d’Alsace, et c’est l’Alsacien François-Henri Haerter qui fut l’organisateur du piĂ©tisme en Alsace, ce qu’il rĂ©ussit Ă  faire sans crĂ©er de scission dans les Ă©glises d’Alsace. Il fonda en 1834 la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique de Strasbourg, destinĂ©e Ă  toucher les milieux ouvriers, accueillit les Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens, nouvellement fondĂ©es, fonda une maison de diaconesses en 1842, une Ă©cole normale d’institutrices, un orphelinat et un hĂŽpital Ă  Guebwiller en 1856, en liaison avec l’Ɠuvre charitable dĂ©jĂ  Ă©tablie par l’épouse de l’industriel Bourcard, puis un collĂšge pour jeunes filles en 1871 (le collĂšge Lucie Berger). Les diaconesses prirent en charge l’hĂŽpital municipal de Mulhouse en 1844 et de l’ensemble des Ɠuvres sociales mulhousiennes, les sept diaconies, en 1853. Des laĂŻcs issus des familles protestantes mulhousiennes touchĂ©es par le RĂ©veil telles que les Dollfus, Mieg, Schlumberger, Dietelen, contribuent fortement Ă  ces Ɠuvres sociales[105].

En mĂȘme temps, autour de l’universitĂ©, la thĂ©ologie libĂ©rale, parfois en accord avec le piĂ©tisme, se dĂ©veloppe. En 1850, TimothĂ©e Colani y fonde avec Edmond SchĂ©rer la Revue de thĂ©ologie et de philosophie chrĂ©tienne[106] qui devient l'organe du libĂ©ralisme thĂ©ologique strasbourgeois.

Par ailleurs, le pasteur strasbourgeois FrĂ©dĂ©ric Horning (1809-1882) combine la ferveur du RĂ©veil avec un fort traditionalisme luthĂ©rien, et s'oriente, avec sa paroisse de Saint-Pierre-le-Jeune, vers un luthĂ©ranisme confessionnel. Son combat fĂ©dĂšre les oppositions au libĂ©ralisme dont fait preuve le directoire de l'Église de la Confession d'Augsbourg. AprĂšs la paroisse de Heiligenstein en 1869, plusieurs paroisses se sĂ©parent de l’Église officielle[107]. Elles se sont regroupĂ©es en un synode officieux en 1927 pour former aujourd'hui l'Église Ă©vangĂ©lique luthĂ©rienne - Synode de France, Ă©glise luthĂ©rienne de tendance Ă©vangĂ©lique, associĂ©e Ă  l'Église luthĂ©rienne - Synode du Missouri.

L’Ariùge

MazĂšres est une ville protestante oĂč une communautĂ© morave avait pris pied[108]. Jean-AndrĂ© Gachon (1766-1838) y est pasteur de 1817 Ă  1838[109]. Henri Pyt (1796-1835) exerce son premier ministĂšre hors de Suisse Ă  Saverdun en 1818-1819[110]. Selon une lettre de Charles Cook de 1819, le pasteur Gachon aurait converti plus de 300 personnes dans la rĂ©gion de MazĂšres[111].

Le Nord de la France

DĂšs l'Édit de tolĂ©rance et jusque dans les annĂ©es 1810, les anciens pasteurs, qui avaient connu les difficultĂ©s de la clandestinitĂ© et parfois la prison, abattirent un travail considĂ©rable pour ranimer le protestantisme dans ses foyers traditionnels et prĂ©parent ainsi activement le RĂ©veil. On peut citer les pasteurs Jean De Visme (1760-1819) ou Jean-Baptiste NĂ©e (1756-1826). Leur succĂšde une gĂ©nĂ©ration de pasteurs revivalistes comme Antoine Colani (1783-1844), venu de Suisse qui, Ă  partir de 1811, dĂ©veloppe fortement sa paroisse de LemĂ© tout en visitant rĂ©guliĂšrement les communautĂ©s alentour, qu'elles soient rĂ©formĂ©es ou baptistes[112].

À partir du dĂ©but des annĂ©es 1820, les colporteurs-Ă©vangĂ©listes commencent Ă  sillonner le Nord et la Picardie. L’évangĂ©liste suisse Antoine Porchat s’installa dans la Somme en 1822. Des rĂ©veils se manifestĂšrent dans diffĂ©rentes paroisses rurales rĂ©formĂ©es telles que Sautin, Hargicourt ou Templeux-le-GuĂ©rard[113]. Ces rĂ©veils renforcĂšrent la vitalitĂ© de ces paroisses rurales, mais aussi celles de grandes villes voisines, Saint-Quentin, Douai, LiĂ©vin et finalement l'agglomĂ©ration de Lille. En Picardie mĂ©ridionale, un colportage Ă©vangĂ©lique baptiste parti de Genlis et Manicamp touche Chauny et La FĂšre dans les annĂ©es 1830, grĂące notamment Ă  une femme, Esther Carpentier, et au pasteur Jean-Baptiste CrĂ©tin (1813-1893), originaire d’Orchies[114].

La SociĂ©tĂ© chrĂ©tienne du Nord est fondĂ©e en 1843 afin d’évangĂ©liser le Nord et la Picardie (elle Ă©tend ensuite son action Ă  la Champagne et Ă  la Lorraine. Outre l’aide apportĂ©e aux paroisses dissĂ©minĂ©es, elle enregistre un certain nombre de rĂ©veils locaux : en 1846, Ă  CrĂšvecƓur, un village entiĂšrement catholique prĂšs de Cambrai, un groupe d’habitants demande un pasteur, qu’on lui envoie ; le mĂȘme phĂ©nomĂšne se reproduit Ă  plus grande Ă©chelle en 1851 Ă  Fresnoy-le-Grand, prĂšs de Saint-Quentin, oĂč la nouvelle paroisse compte d’emblĂ©e 300 membres, puis en 1860 Ă  Maubeuge et Ă  Troissy, non loin d’Épernay, en 1863[115].

C’est ensuite le bassin minier qui sera atteint par les Ă©vangĂ©listes : des postes paroisses sont fondĂ©es Ă  LiĂ©vin en 1882, Hersin-Coupigny et Bruay en 1885, HĂ©nin-LiĂ©tard en 1888, Beuvry en 1890, Sin-le-Noble en 1892[116].

DĂšs 1810, un rĂ©veil baptiste spontanĂ© a commencĂ© Ă  Nomain et il s’étend ensuite, avec le soutien de Pyt, autour de Douai. Les baptistes, aidĂ©s par des financements venus d'AmĂ©rique, dĂ©veloppent en outre dĂšs les annĂ©es 1830 trois communautĂ©s qui regroupent au milieu du XIXe siĂšcle quelque 350 fidĂšles essentiellement d'origine catholique :

  • Chauny, dont le pasteur est un jeune instituteur lillois issu du catholicisme, Victor Lepoids (1817-1890),
  • La FĂšre, avec le jeune pasteur IrĂ©nĂ©e Foulon (1824-1885),
  • Verberie - Saint-Sauveur (Oise)[114].

Le Pays de Montbéliard

Le piĂ©tisme est prĂ©sent au Pays de MontbĂ©liard dĂšs les dĂ©buts du RĂ©veil. Une quinzaine de groupes piĂ©tistes y fonctionnent dĂ©jĂ  en 1820, notamment Ă  MontbĂ©liard, BĂ©thoncourt, Terre-Blanche et Colombier-Fontaine. Leur origine est d’abord due Ă  l’influence germanique, retransmise notamment par le pasteur Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin (1687-1728) qui appela sans relĂąche les protestants Ă  se rĂ©veiller de 1699 Ă  1728, et dont les sermons continuent Ă  circuler bien des annĂ©es plus tard, et sans doute aussi Ă  une discrĂšte influence morave (les Moraves sont par exemple prĂ©sents dans le village de MontĂ©cheroux[108]). Comme partout, ces piĂ©tistes se rĂ©unissent dans les maisons et les granges sans cesser de participer Ă  la vie de leur paroisse. En outre, un pasteur suisse du nom de Henri Jacquet fonde, en 1822 Ă  Glay, un institut de formation (qui existe toujours : c’est le Centre de Glay, rattachĂ© aujourd’hui Ă  l’Église luthĂ©rienne du Pays de MontbĂ©liard), ayant pour but de former des instituteurs-Ă©vangĂ©listes. PiĂ©tiste et trĂšs actif, Jaquet incommode les dirigeants de l’Église luthĂ©rienne concordataire et il est rĂ©voquĂ© en 1833, ce qui pousse ses disciples Ă  essaimer. L’un d’entre eux est FrĂ©dĂ©ric ViĂ©not, pĂšre de John ViĂ©not, et collaborateur temporaire de John Darby. Le passage de ce dernier dans la rĂ©gion en 1850 dĂ©termine le rattachement d’une petite dizaine de groupes aux assemblĂ©es de FrĂšres : MontbĂ©liard, Bethoncourt, Terre-Blanche, Colombier-ChĂątelot, Beutal, DĂ©sandans, Lougres, Longevelle[66].

On note l’ouverture, en 1875 Ă  MontbĂ©liard, d’une chapelle Ă©vangĂ©lique Ă  l’initiative du baron Édouard de Chabaud-Latour, frĂšre de Rosine de Chabaud-Latour, alliĂ© Ă  la famille industrielle montbĂ©liardaise Roux[117]. Ce lieu de culte ferme en 1923, mais est ensuite occupĂ© par l'ArmĂ©e du salut[118].

Les Hautes-Alpes

Dans l’un des anciens terroirs marquĂ©s par la persĂ©cution des Vaudois, la persĂ©vĂ©rance du Suisse FĂ©lix Neff provoque en 1825 un RĂ©veil dans les hautes vallĂ©es du Queyras : FreissiniĂšres, Dormilhouse, Le Minsas, La Combe
 Ces rĂ©gions au climat rigoureux sont dĂ©shĂ©ritĂ©es : FĂ©lix Neff est leur Oberlin ; se souvenant de son expĂ©rience d’apprenti jardinier et auteur dans sa jeunesse d’un petit traitĂ© d’arboriculture, il introduit de nouvelles cultures particuliĂšrement la pomme de terre qui n’y Ă©tait pas encore cultivĂ©e, les canaux d’irrigation sont restaurĂ©s, des Ă©coles sont bĂąties, une sociĂ©tĂ© d’évangĂ©lisation est ouverte Ă  FreissiniĂšres[119]. TouchĂ© par une maladie Ă  l’estomac et sans doute Ă©puisĂ© par son activitĂ© si intense, Neff doit quitter la rĂ©gion en 1827 et meurt en 1829 Ă  GenĂšve, quatre jours aprĂšs son 32e anniversaire[32].

L’Ɠuvre ainsi laissĂ©e sans pasteur est reprise quelque temps par des prĂ©dicateurs mĂ©thodistes, avant que le ComitĂ© protestant de Lyon se prĂ©occupe en 1856 d’aider ces communautĂ©s isolĂ©es en rĂ©unissant toutes les bonnes volontĂ©s venues de Suisse, d’Italie (la « table vaudoise ») ou d’Angleterre[120].

À Bordeaux

Le RĂ©veil prend son essor Ă  Bordeaux notamment sous la conduite du pasteur Antoine Vermeil, de 1824 Ă  1840, avec notamment la crĂ©ation d’un « bureau de charitĂ© protestante », d’une « sociĂ©tĂ© de bienfaisance» permettant aux dames protestantes de la ville de soutenir le « bureau de charitĂ© », d’une Ă©cole du dimanche, d’une Ă©cole primaire protestante, d’une salle d'asile, d’un deuxiĂšme temple (le temple des Chartrons) et d’un cimetiĂšre protestant[121].

Difficultés avec les autorités publiques

Le statut de libertĂ© de culte accordĂ© par le Concordat de 1802 Ă©tait accompagnĂ© de nombreuses restrictions opposables aux activitĂ©s d’évangĂ©lisation : le culte devait se tenir dans les temples. Aucune association, action d’évangĂ©lisation, aucun prosĂ©lytisme n’était tolĂ©rĂ©. La loi sur le sacrilĂšge ne protĂ©geait que le culte catholique et, dans certains localitĂ©s, obligation Ă©tait faite par les reprĂ©sentants de l’État Ă  la population de pavoiser pour les fĂȘtes catholiques sans considĂ©ration de leur religion, ce qui provoqua des incidents avec le consistoire protestant de Barre-des-CĂ©vennes en 1818. Le pasteur Paul Roman de Lourmarin fut condamnĂ© en premiĂšre instance pour une rĂ©bellion du mĂȘme ordre en 1819, puis acquittĂ© en appel. Une nouvelle affaire Ă  Marseille l’annĂ©e suivante met fin Ă  ces exigences gouvernementales[122]. En 1825 et 1826, l’ouverture de nouveaux temples protestants Ă  Paris et Ă  Lyon furent refusĂ©es par les autoritĂ©s. En 1826, le prince de Salm, qui avait abjurĂ© le catholicisme Ă  Strasbourg, fut expulsĂ© de France par ordre ministĂ©riel[123]. En 1838, un pasteur fut condamnĂ© pour avoir tenu une rĂ©union dans sa maison et un arrĂȘt de la cour d’OrlĂ©ans favorable Ă  la libertĂ© religieuse fut cassĂ© par la Cour suprĂȘme et, en 1844, AgĂ©nor de Gasparin plaida en vain la cause de la libertĂ© religieuse Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s. La rĂ©volution de 1848 met fin Ă  cette guerilla administrative anti-protestante[122].

Polémiques avec le catholicisme

La visibilitĂ© accrue du protestantisme et de son Ă©lite parisienne a pour effet d’irriter non seulement les autoritĂ©s (qui rĂ©compensĂšrent d’une pension trois pasteurs qui s’étaient convertis au catholicisme et firent imprimer leurs Ă©crits par l’imprimerie nationale), mais aussi une partie de l’Église et de l’élite intellectuelle catholique, qui rĂ©agit parfois avec une grande violence. Ainsi, l’acadĂ©micien ultra-conservateur Louis de Bonald, qui considĂšre la RĂ©forme protestante comme une cause du dĂ©rĂšglement de la sociĂ©tĂ©, ne craint pas d’écrire dans le journal royaliste La Quotidienne : « Les pĂšres de votre Ă©glise l’ont fondĂ©e par la luxure, le parjure, le meurtre ». Joseph de Maistre et Lamennais sont parmi les penseurs les plus critiques, mĂȘlant souvent la politique et la religion – on est sous la Restauration. Du cĂŽtĂ© protestant, Paul Stapfer, Henri Pyt et Samuel Vincent leur rĂ©pondent et alimentent les polĂ©miques[123].

Le séparatisme

La difficultĂ© du RĂ©veil Ă  transformer de l’intĂ©rieur les Églises Ă©tablies se traduit par une tendance au sĂ©paratisme, c’est-Ă -dire, face Ă  la rĂ©sistance des institutions, Ă  la constitution d’Églises indĂ©pendantes des structures existantes, soit au niveau paroissial soit au niveau des unions d’églises :

  • C’est le cas dĂ©jĂ  du mĂ©thodisme oĂč John Wesley franchit, poussĂ© par les Ă©vĂ©nements, le pas que George Whitefield n’avait pas voulu franchir, et organise une vĂ©ritable Église parallĂšle Ă  l’anglicanisme ;
  • C’est le cas des Églises libres qui s’établissent Ă  GenĂšve dĂšs le dĂ©but du RĂ©veil francophone ou de l’Union des Églises Ă©vangĂ©lique libres de France, Ă©tablie par FrĂ©dĂ©ric Monod et AgĂ©nor de Gasparin aprĂšs la division survenue Ă  propos de la confession de foi lors de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du protestantisme de 1848[72] - [73]. De la mĂȘme maniĂšre, Adolphe Monod avait Ă©tĂ© amenĂ© Ă  crĂ©er une Ă©glise Ă©vangĂ©lique libre Ă  Lyon en 1833 aprĂšs cinq ans de luttes acrimonieuses avec son consistoire[124].
  • Pour des raisons plus fondamentales, c’est le cas du darbysme, dont le fondateur estime que les structures ecclĂ©siales existantes sont nocives.

Le sĂ©paratisme conduit Ă  un certain nombre de tensions et parfois de violences entre les nouvelles communautĂ©s et les anciennes. Ains, en 1835 Ă  Vauvert, le jour de l’inauguration de la chapelle mĂ©thodiste, le pasteur rĂ©formĂ© enflamme-t-il les esprits en lisant en chaire une longue lettre contre les wesleyens et le prĂ©dicateur mĂ©thodiste, M. Hocart, est-il accueilli par des jets de pierre, et son sermon est-il interrompu par des moqueries de toutes sortes. Les faits se reproduisent les jours suivants, le pasteur mĂ©thodiste Jean-Louis Rostan est molestĂ©, la chapelle est vandalisĂ©e et sa toiture trĂšs endommagĂ©e par les manifestants. Il faut l’intervention la plus ferme des autoritĂ©s pour ramener le calme malgrĂ© l’échauffement des esprits[125].

La crise irvingienne

Le pasteur presbytĂ©rien Ă©cossais Edward Irving, prĂ©dicateur Ă©mĂ©rite, est Ă  l’origine du dĂ©veloppement d’une doctrine millĂ©nariste apparue dans le cadre d’un groupe pentecĂŽtiste se rĂ©unissant en Angleterre. Soutenu financiĂšrement par Henry Drummond (1786-1860) (celui-lĂ  mĂȘme qui avait succĂ©dĂ© Ă  Haldane Ă  GenĂšve)[126], il sera l’organisateur de l’Église catholique-apostolique qui regroupera des chrĂ©tiens de diverses confessions partageant l’attente d’un retour imminent du Christ. Aujourd’hui presque Ă©teint, ce groupe dit « irvinguien » attirera Ă  lui un certain nombre de prĂ©dicateurs du RĂ©veil, comme Pierre MĂ©janel, ce qui contribue Ă  freiner l’expansion du RĂ©veil francophone.

Le RĂ©veil en Belgique

Le Réveil réformé évangélique

Le RĂ©veil se diffuse en Belgique sous l’influence du pasteur genevois Jean-Henri Merle d'AubignĂ©, dont la vocation pastorale a Ă©tĂ© inspirĂ©e par Robert Haldane lors de son sĂ©jour Ă  GenĂšve. Pasteur de l’Église protestante de la Chapelle royale Ă  Bruxelles de 1823 Ă  1830, puis professeur Ă  l’École de l’Oratoire de GenĂšve, qui relĂšve d'une Ă©glise issue du RĂ©veil, dissidente par rapport Ă  l’Église officielle genevoise, il se consacre Ă  partir de 1830 Ă  l'Ă©vangĂ©lisation dans l'esprit du RĂ©veil. Le , un agent de la British Bible Society, W. P. Tiddy, et des pasteurs belges, suisses et français, dont Jonathan de Vismes, pasteur de Dour, et François de Faye, pasteur de Tournai, fondent la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique belge (SEB), dont l'action missionnaire est centrĂ©e sur la Wallonie. La SEB est d’emblĂ©e marquĂ©e par la pensĂ©e du thĂ©ologien suisse Alexandre Vinet, qui privilĂ©gie une Église de type confessant. Hostile Ă  toute ingĂ©rence des autoritĂ©s en matiĂšre de foi, la SEB devient, en 1849, l’Église chrĂ©tienne missionnaire belge (ECMB). Elle reconnaĂźt la Confessio Belgica de 1561, Ɠuvre du pasteur Guy de BrĂšs, comme expression de sa croyance et adopte une organisation presbytĂ©rienne, dĂ©centralisĂ©e, basĂ©e sur l'auto-administration locale et l’autoritĂ© d'un synode national Ă©lu. Entre 1877 et 1912, l’ECMB passe de 7 000 Ă  11 000 membres, parmi lesquels 7 000 habitent les vastes rĂ©gions industrielles wallonnes. L’École de thĂ©ologie de l'Oratoire de GenĂšve formera les premiers pasteurs wallons, comme le Borain Hector Cornet-Auquier[127] - [128]. En 1890, ce sont les Églises baptistes qui s’implantent en Belgique tandis les Églises rĂ©formĂ©es des Pays-Bas implantent deux communautĂ©s dans le pays[129]. En 1853 Ă  Bruxelles, les YMCA/YWCA (en français : UCJG, Union chrĂ©tienne de jeunes gens/jeunes filles) ouvrent une branche belge qui formera de nombreux jeunes Ă  l'engagement social et ecclĂ©sial. En 1854 apparaissent des AssemblĂ©es de FrĂšres (ou darbystes). En 1875, le pasteur Nicolas de Jonge ouvre Ă  Bruxelles une Ă©cole de formation d’évangĂ©listes que le futur peintre Vincent Van Gogh frĂ©quentera[129] - [130]. Ce dernier, fils d'un pasteur nĂ©erlandais, sera briĂšvement Ă©vangĂ©liste dans le milieu ouvrier du Borinage, en 1879-1880[131] - [132]. Le pasteur de Jonge crĂ©e ensuite l’association nĂ©erlandophone Silo qui regroupe deux Ă©coles, une clinique, une imprimerie et huit communautĂ©s[129]. En 1908 est crĂ©Ă©e la SociĂ©tĂ© belge des missions protestantes au Congo qui va mener s'investir au Congo puis, aprĂšs 1918, Ă©galement au Rwanda et au Burundi[129] - [130].

Le Réveil réformé libéral

En 1880 est fondĂ©e l’Église protestante libĂ©rale de Bruxelles.

La théologie du Réveil

L’historien du protestantisme Émile LĂ©onard distingue trois tendances au sein du RĂ©veil francophone[133] :

HĂ©ritage du RĂ©veil

Le renouveau du protestantisme Ă©tabli

Selon les diffĂ©rents historiens du RĂ©veil, les « rĂ©veillĂ©s » ne rĂ©ussirent certes ni Ă  convertir leur pays comme ils s’en Ă©taient fixĂ© l’objectif, ni mĂȘme la majoritĂ© de leurs coreligionnaires mais, influant sur l’ensemble des protestants, ils provoquĂšrent une vĂ©ritable renaissance du protestantisme francophone. NumĂ©riquement d’abord, Gustave Lagny observe par exemple que les effectifs pastoraux français font plus que doubler entre 1829 et 1843 : on est passĂ© en 15 ans de 305 Ă  765 pasteurs[135]. Alice Wemyss note que le RĂ©veil modernise le protestantisme Ă  plusieurs points de vue :

L’éclatement en de multiples dĂ©nominations

L'historien Émile LĂ©onard souligne que les divisions et les querelles entre Églises, voire au sein des Églises, ont partiellement gommĂ© une partie des bĂ©nĂ©fices du RĂ©veil au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle[138].

L’élan missionnaire

Le piĂ©tisme de Spener et surtout Francke, puis le RĂ©veil sont les facteurs de mobilisation missionnaire afin d'annoncer l'Évangile dans le monde entier[139]. Le mouvement missionnaire prend une ampleur toute nouvelle avec la crĂ©ation des diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s des missions qui vont durablement dĂ©velopper et structurer l'effort missionnaire protestant. De maniĂšre non exhaustive, on peut citer[140] :

La SociĂ©tĂ© des missions de Paris, nĂ©e en marge du protestantisme Ă©tabli et active propagatrice du RĂ©veil en France, se tient Ă©loignĂ©e de tout dogmatisme et entend s'appuyer sur une spiritualitĂ© vivante, ce qui lui vaut des dĂ©buts difficiles, mais elle finit par ĂȘtre reconnue. Son dĂ©veloppement suit les appels reçus des diffĂ©rents champs de mission : c'est d'abord le Lesotho oĂč les premiers missionnaires arrivent dĂšs 1829, renouant sur place avec quelques huguenots Ă©migrĂ©s 150 ans auparavant. C'est un plein succĂšs et une Église africaine indĂ©pendante y est solidement Ă©tablie Ă  la fin du siĂšcle. Suivent le SĂ©nĂ©gal, la PolynĂ©sie, la Zambie, le Gabon, Madagascar, les Iles LoyautĂ© et la Nouvelle-CalĂ©donie puis, aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale des territoires prĂ©cĂ©demment allemands comme le Togo ou le Cameroun[141]. Le Service protestant de mission de Paris actuel (aussi dĂ©nommĂ© DEFAP) est l'hĂ©ritier de cette sociĂ©tĂ© missionnaire.

La Société des missions évangéliques de Lausanne n'opÚre que jusqu'en 1857. Au cours de ses années d'activité, elle a le temps de lancer des missions en Afrique, par exemple au Mozambique, ainsi qu'une mission en Amérique du Nord auprÚs des Amérindiens sioux, qu'elle remettra à l'American Board en 1845[142]. Elle forme aussi Henriette Feller, une baptiste, qui se consacrera à l'évangélisation en terre catholique au Québec.

Les mouvements et les Ɠuvres

À l’issue de la crise du RĂ©veil, le « monopole ecclĂ©siastique », qui voulait que seules les Églises soient habilitĂ©es Ă  transmettre le message de l’Évangile, est abandonnĂ©. Ce sont les Ɠuvres et les mouvements qui vont prendre le relais et de loin surpasser l’influence des seules Églises[138]. Certains de ces mouvements ou organisations sont nĂ©s en France, d’autres sont internationaux et arrivent en France et en Suisse sur les talons du RĂ©veil. Ils ont dĂ©cuplĂ© les capacitĂ©s d’influence des Églises.

  • Les Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens et leur Ă©quivalent fĂ©minin (en anglais YMCA et YWCA), fondĂ©es en Angleterre en 1844 par un petit groupe de jeunes rĂ©voltĂ©s par les conditions matĂ©rielles et morales dĂ©volues Ă  la jeunesse ouvriĂšre et rĂ©unis autour d’un ouvrier drapier de 23 ans, George Williams, un anglican devenu congrĂ©gationaliste Ă  la suite de son expĂ©rience de RĂ©veil. Ce mouvement devient en quelques annĂ©es un mouvement international (prĂ©sent dans neuf pays en 1851), se faisant le promoteur d’une vie saine et sainte par le sport, la rĂ©flexion intellectuelle et la pratique religieuse. La fondation officielle des Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens en France et en Suisse en 1852 puis en Belgique en 1853, se fait sur les traces du RĂ©veil. Henri Dunant, futur fondateur de la Croix-Rouge, fait partie de l’Union de Paris en 1852.
  • La Mission populaire Ă©vangĂ©lique du pasteur Robert Whitaker McAll, qui se lance en 1871 Ă  Paris, va donner lieu ensuite au dĂ©veloppement :

De multiples Ɠuvres sociales issues du RĂ©veil subsistent au XXIe siĂšcle, certaines ayant perdu leur caractĂšre Ă©vangĂ©lique au profit d'une vocation purement sociale, mais toutes ayant rĂ©sultĂ© du mĂȘme Ă©lan initial :

Notes et références

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  12. La formule du Consensus helvĂ©tique sera dĂ©noncĂ©e en 1706 par la compagnie des pasteurs de GenĂšve, sous l’influence notamment de Jean-Alphonse Turretin et la thĂ©ologie libĂ©rale de l’école de Saumur deviendra dĂšs lors prĂ©dominante Ă  GenĂšve. Voir Simon Scharff : François Turretin, ThĂ©ologien de l’orthodoxie classique, article de La Revue rĂ©formĂ©e, n° 227–2004/2, tome LV, mars 2014, consultĂ©e en ligne le 8 octobre 2017
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  16. Sous l’influence du thĂ©ologien calviniste Charles Simeon (1759-1836) Spark of Grace - A book about the "Haldane Revival" in France, par Joe Ridholls. Haldane Ă©tait personnellement favorable au baptĂȘme des adultes, mais il n’en fit pas Ă©tat pendant son sĂ©jour Ă  GenĂšve.
  17. Ces commentaires de l’épĂźtre aux Romains ont Ă©tĂ© par la suite publiĂ©es en français.
  18. Robert et James Haldane, leurs travaux Ă©vangĂ©liques en Écosse, en France et Ă  GenĂšve (Lausanne, 1859, traduit par Petitpierre), tome II, 24ss., citĂ© par Jean-Marc Daumas, in Les origines du rĂ©veil au XIXe siĂšcle, La Revue rĂ©formĂ©e no 194, 1997/3 (), tome XLVIII .
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  22. Selon Wiktionary (accĂ©dĂ© le ), mot qui dĂ©signe les piĂ©tistes, surtout en Suisse, probablement issu de l’ancien français mommerie (« mascarade »), dont le sens a Ă©voluĂ© vers bigoterie, affectation de pratiques religieuses.
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  31. Maury 1892, p. 258.
  32. Les renseignements biographiques de ce paragraphe ont Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©s dans la base de donnĂ©es ‘’Pasteurs’’ qui contient plus de 42 500 donnĂ©es fiches concernant les pasteurs protestants ayant exercĂ© en France .
  33. Pierre-Daniel Bourchenin, Daniel Encontre, son rÎle dans l'église, sa théologie, d'aprÚs des documents pour la plupart inédits : thÚse publiquement soutenue devant la Faculté de théologie protestante de Montauban, en mars 1877, Montauban, J. Vidallet, (lire en ligne).
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  40. Pour les dates de création des nouvelles assemblées, voir la chronologie de Henry van Etten : Le quakerisme, Paris, 1953.
  41. Par exemple Ă  CongĂ©nies, "Elisabeth Fourmaud, quaker, puis mĂ©thodiste, Ă©pouse en 1818 Louis Jaulmes, membre de l’Église rĂ©formĂ©e de CongĂ©nies. (
) [ce] pĂšre RĂ©formĂ© et [cette] mĂšre quaker convertie mĂ©thodiste, [ont] trois fils pasteurs mĂ©thodistes [et] quatre fils dans lâ€ŸĂ©glise rĂ©formĂ©e.", Actes du 2e Colloque sur les relations entre Quakers et RĂ©formĂ©s francophones Ă  travers les siĂšcles (16-), intervention de Mme Christine Jaulmes, p. 3-4, Éditeur : centre quaker de CongĂ©nies.
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Bibliographie

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Articles connexes

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