RĂ©veil protestant francophone
Le RĂ©veil protestant francophone, parfois dĂ©signĂ© par la simple expression le RĂ©veil, est un mouvement de rĂ©veil religieux qui a bouleversĂ© le protestantisme suisse, français et belge dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, particuliĂšrement de 1820 Ă 1850, par l'action de prĂ©dicateurs mĂ©thodistes et baptistes venus du Royaume-Uni et de Suisse. Il a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© et aidĂ© par le Grand RĂ©veil britannique et amĂ©ricain, et des mouvements comparables ont lieu Ă peu prĂšs en mĂȘme temps en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie[1].
Ce mouvement de fond, dont le premier foyer francophone est situĂ© Ă GenĂšve, est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme une rĂ©action contre le rationalisme qui avait envahi les Ăglises protestantes au cours du XVIIIe siĂšcle. Les revivalistes cherchaient, dâune part, Ă remettre Ă l'honneur les principales affirmations doctrinales des RĂ©formateurs, mais ils Ă©taient aussi, dâautre part, fortement influencĂ©s par le piĂ©tisme du siĂšcle prĂ©cĂ©dent et par la sentimentalitĂ© romantique. Les revivalistes affirmaient notamment que le christianisme est un choix de vie avant dâĂȘtre une doctrine et leur approche Ă©tait ainsi marquĂ©e par une tendance individualiste[2]. AprĂšs une soixantaine dâannĂ©es de rĂ©volution interne, le RĂ©veil va lĂ©guer au protestantisme français une sĂ©rie dâinstitutions, de pratiques et de paroisses nouvelles[3]. Il en va de mĂȘme pour le protestantisme francophone en Suisse et en Belgique.
Origines
Le mouvement de RĂ©veil au sein du protestantisme apparaĂźt en Grande-Bretagne Ă partir des annĂ©es 1720-1730 et se dĂ©veloppe en Ăcosse, en Angleterre et dans les Treize Colonies amĂ©ricaines, les futurs Ătats-Unis. Ses principaux promoteurs sont Jonathan Edwards, George Whitefield puis John Wesley. Lâinfluence de ce RĂ©veil anglo-saxon sera dĂ©terminante dans lâĂ©mergence du rĂ©veil religieux Ă GenĂšve Ă partir des annĂ©es 1820 puis en France[4]. Le RĂ©veil rĂ©pond Ă une situation oĂč, Ă GenĂšve et dans de nombreuses rĂ©gions françaises, le protestantisme a Ă©tĂ© marquĂ© par lâesprit des LumiĂšres au point dâĂ©viter de trop aborder les points essentiels de la foi rĂ©formĂ©e, nâen conservant pour lâessentiel quâune philosophie humaniste et des principes moraux[5].
Les précurseurs
Les FrĂšres moraves
Les FrĂšres moraves sont une communautĂ© chrĂ©tienne protestante chassĂ©e de Moravie par la persĂ©cution aprĂšs la victoire militaire des catholiques, puis rĂ©fugiĂ©e en Saxe, oĂč ils sont accueillis et protĂ©gĂ©s par le comte Zinzendorf, lui-mĂȘme un chrĂ©tien fervent. Pratiquant lâamour fraternel et un prosĂ©lytisme fondĂ© sur le tĂ©moignage personnel, on trouve des missionnaires moraves Ă lâorigine de presque tous les rĂ©veils. Ce sont eux qui touchent personnellement John Wesley, qui allument les tout premiers feux du RĂ©veil Ă GenĂšve, dans le canton de Vaud et dans le midi de la France, par exemple Ă Saint-Hippolyte-du-Fort ou Ă Bordeaux, oĂč ils sont perçus comme « doux et inoffensifs, dogmatisant peu, plaçant la religion dans lâamour, surtout lâamour de JĂ©sus-Christ, qui se rĂ©unissaient en petit nombre, sans Ă©clat, sans prĂ©tention, avec un prosĂ©lytisme trĂšs doux et trĂšs modĂ©rĂ©, qui ne cessĂšrent jamais de se joindre au culte de notre Ă©glise et affectant de nâen jamais dire du mal »[6].
Le premier historien du RĂ©veil, LĂ©on Maury, rappelle avec nettetĂ© le rĂŽle important des FrĂšres moraves qui « ont soutenu, fortifiĂ©, souvent ranimĂ© la foi » des pasteurs fidĂšles aux principes de la RĂ©forme. Plusieurs missionnaires moraves parcourent la France de lâOuest et le Midi entre 1737 et 1746, pĂ©riode oĂč ils Ă©paulent un protestantisme encore persĂ©cutĂ©. Ils restent au contact des pasteurs « rĂ©veillĂ©s » par la suite, et de petites sociĂ©tĂ©s fraternelles dâinspiration morave se crĂ©ent Ă NĂźmes, Saint-Hippolyte-du-Fort comme Ă GenĂšve. « En France comme Ă GenĂšve, câest aux Moraves quâil faut faire remonter les premiĂšres influences qui provoquĂšrent le RĂ©veil », conclut LĂ©on Maury[7].
Spener
Parfois qualifiĂ© de « deuxiĂšme rĂ©formateur », Philipp Jacob Spener est un thĂ©ologien Ă©clectique, tĂŽt familiarisĂ© avec le luthĂ©ranisme comme avec le calvinisme, dâabord prĂ©dicateur Ă la cathĂ©drale de Strasbourg, alors protestante, puis Ă Francfort-sur-le-Main. TrĂšs pĂ©nĂ©trĂ© des exigences sociales de lâĂvangile, il sâengage dans les Ćuvres sociales tout en se prĂ©occupant de la formation des chrĂ©tiens, donc de la catĂ©chĂšse : câest lui qui rĂ©introduit la confirmation Ă lâĂąge de raison, une pratique toujours en vigueur dans le protestantisme. Il introduit aussi des formations spirituelles pour adultes, des rĂ©unions de priĂšre et Ă©crit notamment les « Pia desideria » qui seront le texte fondateur du piĂ©tisme dans toute lâAllemagne. Il place ainsi au premier plan les valeurs Ă©vangĂ©liques dâengagement personnel et de rigueur morale individuelle[8]. Dans les « Pia desideria », il suggĂšre que chaque pĂšre de famille dispose dâune bible et la lise tous les jours Ă sa famille[9]. Davantage que Luther, il insiste sur la nouvelle naissance, sujet de sa thĂšse. Sa mise en avant du vĂ©cu et de lâexpĂ©rience religieuse contribue Ă relativiser les affirmations dogmatiques, lâexpĂ©rience tendant peu Ă peu Ă devenir le critĂšre de la vĂ©ritĂ©[10]. Toutes ces idĂ©es contiennent en germe celles du RĂ©veil et de lâĂ©vangĂ©lisme. Lâinfluence de Spener qui est le thĂ©ologien qui aura le plus voyagĂ© (49 voyages en Europe Ă son actif[8]) Ă©tant par ailleurs immense, il est clairement lâun des initiateurs et des prĂ©curseurs du RĂ©veil.
Whitefield
George Whitefield est lâinitiateur du « Grand RĂ©veil » et lâaccoucheur du mĂ©thodisme. NĂ© en 1714 en Angleterre, il rencontre les frĂšres John et Charles Wesley lors de ses Ă©tudes Ă Oxford, avant de travailler Ă©troitement avec eux dans le cadre de son ministĂšre. Whitefield commence Ă prĂȘcher dĂšs son ordination, mais il ne sâĂ©tablit pas dans une paroisse, il devient prĂ©dicateur itinĂ©rant. En 1740, Whitefield se rend en AmĂ©rique, oĂč il prĂȘche un rĂ©veil chrĂ©tien qui devient le Grand RĂ©veil ; ses mĂ©thodes sont controversĂ©es et il est souvent amenĂ© Ă dĂ©battre avec les ecclĂ©siastiques locaux. On estime quâĂ sa mort, il avait prĂȘchĂ© au moins 18 000 fois et avait touchĂ© sans doute 10 millions de personnes en Grande-Bretagne et aux Ătats-Unis, alors colonie britannique. Il Ă©tait bien connu pour son Ă©loquence combinant pathos et rhĂ©torique religieuse, particuliĂšrement en Ă©voquant le sacrifice du Christ sur la croix, et donc sa capacitĂ© Ă Ă©mouvoir profondĂ©ment les assemblĂ©es auxquelles il sâadressait[11]. NâĂ©tant pas partisan dâune division d'avec lâĂglise d'Angleterre, il resta anglican tout en prĂȘchant le RĂ©veil au plan personnel, tandis que son proche disciple John Wesley, en raison des difficultĂ©s quâil rencontrait auprĂšs des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques, fut amenĂ© Ă fonder le mĂ©thodisme.
Le Réveil genevois et les réveils suisses
La situation Ă GenĂšve au XVIIIe siĂšcle
Au XVIIIe siĂšcle, lâAcadĂ©mie de GenĂšve et la « VĂ©nĂ©rable Compagnie des pasteurs de GenĂšve » Ă©taient ancrĂ©es dans un protestantisme libĂ©ral Ă lâextrĂȘme, hĂ©ritĂ© de la rĂ©action, intervenue un siĂšcle plus tĂŽt, contre les doctrines ultra-conservatrices du Consensus helvĂ©tique[12] - [13], mais ce libĂ©ralisme, qui a Ă©tĂ© graduellement influencĂ© par le rationalisme dĂ©iste des LumiĂšres, nâest pas encore Ă©tĂ© influencĂ© par les thĂ©ologiens protestants libĂ©raux du moment tels que Schleiermacher ou les membres de lâĂ©cole historico-critique comme David Strauss ou Ferdinand Christian Baur[2].
Les initiateurs genevois
Les ferments du renouveau vont provenir, dâune part, dâAllemagne au travers de lâinfluence des Moraves (le comte Zinzendorf Ă©tait dâailleurs venu en personne prĂȘcher Ă GenĂšve 40 ans auparavant et il subsiste alors quelques cercles de sympathisants moraves Ă GenĂšve), dâAlsace avec lâinfluence de Spener retransmise par exemple par les sermons du pasteur Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin et, dâautre part, de Grande-Bretagne oĂč le RĂ©veil est Ă lâĆuvre depuis prĂšs dâun siĂšcle. Ces ferments rencontrent Ă GenĂšve un terrain favorable, d'un cĂŽtĂ©, auprĂšs de quelques pasteurs restĂ©s attachĂ©s aux affirmations fondamentales de la foi protestante, notamment Jean-Isaac CellĂ©rier (1753-1844), Pierre Demellayer (1765-1839) et Charles-Ătienne MouliniĂ© (1757-1836)[2] et, de l'autre cĂŽtĂ©, auprĂšs de quelques jeunes Ă©tudiants en thĂ©ologie dĂ©sireux de vivre pleinement leur foi au-delĂ du cadre un peu Ă©touffant de lâĂglise Ă©tablie.
Entre 1802 et 1805, un groupe dâĂ©tudiants en thĂ©ologie commence Ă participer Ă des rĂ©unions moraves animĂ©es par lâinstituteur Jean-Pierre Bost. On trouve parmi eux certaines des futures personnalitĂ©s du RĂ©veil : Ămile Guers, Henri-Louis Empeytaz, Jean-Guillaume Gonthier et plus tard Henri Pyt[2].
En 1810, Guers, Empeytaz et Pyt fondent la « SociĂ©tĂ© des Amis » afin de promouvoir un « renouveau spirituel » dans les familles et dans la sociĂ©tĂ© genevoise. Lors de ses rĂ©unions au domicile du pasteur MouliniĂ©, ce groupe Ă©tudie l'Imitation de JĂ©sus-Christ, le catĂ©chisme de Heidelberg ou les sermons du pasteur montbĂ©liardais Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin, lui-mĂȘme disciple de Spener[2]. Le groupe tient une Ă©cole du dimanche et une Ă©cole du jeudi. Certains des « amis » sont tentĂ©s par le catholicisme et par un mysticisme illuministe qui leur paraissent plus vivants que le moralisme dessĂ©chĂ© de lâĂglise officielle[14].
La « VĂ©nĂ©rable Compagnie des pasteurs de GenĂšve » sâinquiĂšte alors et dĂ©cide de fermer les portes du pastorat Ă ceux qui frĂ©quentent les rĂ©unions des frĂšres moraves. Henri-Louis Empeytaz se tourne vers la fameuse Madame de KrĂŒdener, flamboyante aristocrate balte convertie Ă une foi Ă©vangĂ©lique ardente en 1804 sous lâinfluence â encore â des FrĂšres moraves, qui le prend sous son aile et lâentraĂźne dans ses voyages missionnaires Ă travers lâEurope.
Louis Gaussen et Ami Bost (fils de Jean-Pierre Bost) sont quant Ă eux nĂ©anmoins admis au ministĂšre pastoral en 1814. Gaussen agrĂ©mente bientĂŽt le culte de lâaprĂšs-midi de ses propres mĂ©ditations alors que son programme comprend en principe des lectures bibliques et les RĂ©flexions dâOsterwald, cĂ©lĂšbre pasteur libĂ©ral du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Ces cultes attirent bientĂŽt quelque 200 personnes au lieu des quelques participants habituels. La Compagnie exige cependant le retour au contenu initial. Louis Gaussen se plie Ă la dĂ©cision, mais poursuit son cheminement thĂ©ologique par une lecture assidue de Calvin et par ses contacts avec le pasteur CellĂ©rier[15].
Les soutiens britanniques
Le Réveil genevois est bientÎt soutenu et encouragé par des Britanniques, en particulier trois laïcs qui se succÚdent à GenÚve : Richard Wilcox, Robert Haldane et Henry Drummond.
Richard Wilcox est un disciple de George Whitefield, cet anglican Ă la thĂ©ologie calviniste qui fut le tout premier prĂ©dicateur du RĂ©veil en Angleterre. InstallĂ© Ă GenĂšve pendant quelques mois pour son nĂ©goce, Wilcox organise en 1816 dans sa maison des rĂ©unions avec les Ă©tudiants en thĂ©ologie oĂč il dĂ©veloppe avec force la doctrine du salut et toute la thĂ©ologie calviniste. Parmi les participants, on retrouve Jean-Guillaume Gonthier, Henri Pyt, Ămile Guers, Ami Bost et Jacques-Antoine Porchat[2].
En , câest lâ Ă©vangĂ©liste laĂŻc Ă©cossais Robert Haldane qui lui succĂšde au sein du milieu revivaliste genevois. Marin converti lors dâune crise religieuse[16], cet Ă©vangĂ©liste chevronnĂ© sâest lancĂ© Ă 50 ans (en 1816) dans une tournĂ©e dâĂ©vangĂ©lisation sur le continent. De passage Ă GenĂšve, il se rend compte fortuitement de la totale ignorance dâun Ă©tudiant en thĂ©ologie quant Ă la Bible. Il dĂ©cide alors de rester sur place et, le , devant une vingtaine dâĂ©tudiants, il donne la premiĂšre dâune sĂ©rie de confĂ©rences sur lâĂ©pĂźtre aux Romains, oĂč il insiste sur la justification par la foi seule[17]. FrĂ©dĂ©ric Monod, le futur pasteur de lâĂglise libre de Paris, Ă©crivit: « Ce qui mâĂ©tonna et me fit rĂ©flĂ©chir plus que toute autre chose, ce fut sa connaissance pratique de lâĂcriture, sa foi implicite Ă la divine autoritĂ© de cette parole, dont nos professeurs Ă©taient presque aussi ignorants que nous [âŠ]. En suivant rĂ©guliĂšrement cette Ă©pĂźtre, [Haldane] eut lâoccasion de nous mettre sous les yeux un corps complet de thĂ©ologie et de morale chrĂ©tienne. Cet enseignement, par la bĂ©nĂ©diction de Dieu qui sây fit puissamment sentir, atteignit la conscience et le cĆur de plusieurs de ses auditeurs qui, comme moi, font remonter Ă ce vĂ©nĂ©rable et fidĂšle serviteur de Dieu leur premiĂšre connaissance de la voie du salut et de lâĂvangile de vĂ©ritĂ©. Jâenvisage comme lâun des plus grands privilĂšges de ma vie, maintenant avancĂ©e, dâavoir Ă©tĂ© son interprĂšte presque durant tout le temps quâil expliqua cette Ă©pĂźtre, Ă©tant presque le seul qui connĂ»t assez bien lâanglais pour ĂȘtre honorĂ© de cet emploi⊠Le nom de Robert Haldane est insĂ©parablement liĂ© Ă lâaurore du rĂ©veil de lâĂvangile en Suisse et en France »[18].
La hardiesse des prĂ©dicateurs du RĂ©veil va croissant : Ă NoĂ«l 1816, le pasteur dĂ©sormais retraitĂ© Jean-Isaac-Samuel CellĂ©rier prĂȘche sur la nature divine de JĂ©sus-Christ et, trois mois plus tard, le jeune CĂ©sar Malan (pasteur depuis 1810) prĂȘche sur le salut par grĂące dont il a personnellement acquis la certitude lâannĂ©e dâavant, en lisant lâĂ©pĂźtre aux ĂphĂ©siens. Face Ă lâirritation suscitĂ©e par ce sermon, la VĂ©nĂ©rable Compagnie publie, le , un nouveau rĂšglement qui impose Ă tous les futurs pasteurs de ne plus prĂȘcher, sur le territoire genevois, sur la maniĂšre dont la nature divine est unie Ă la personne de JĂ©sus-Christ, ni sur le pĂ©chĂ© originel, ni sur la maniĂšre dont la grĂące opĂšre, ni sur la prĂ©destination. Ce rĂšglement nâinterdit donc ni plus ni moins que lâexpression partielle dâune thĂ©ologie calviniste Ă GenĂšve. Les Ă©tudiants de la SociĂ©tĂ© des Amis sont quant Ă eux donc dĂ©finitivement interdits de pastorat : Guers entre en dissidence et Pyt sâexpatrie pour Ă©vangĂ©liser. Quant Ă Haldane, il quitte GenĂšve le pour aller Ă©vangĂ©liser Montauban et sa facultĂ© de thĂ©ologie protestante avant de rentrer en Ăcosse.
Un troisiĂšme Britannique, Henry Drummond, arrive Ă GenĂšve au moment oĂč Haldane en part. Encore jeune, fortunĂ©, ancien membre du Parlement, il sâinstalle Ă SĂ©cheron, dans ce qui est Ă lâĂ©poque la campagne genevoise â la Villa Pictet-Menet quâil occupe alors a disparu au XXe siĂšcle au profit dâune aile du BIT, aujourdâhui de lâOMC[19]. Contrairement Ă Haldane, il approuve lâidĂ©e de crĂ©er une Ăglise sĂ©parĂ©e si lâon y est contraint. Il est rapidement « repĂ©rĂ© », et la VĂ©nĂ©rable Compagnie demande au Conseil d'Ătat que Drummond soit expulsĂ©. Ce dernier se rĂ©fugie alors en France, Ă Ferney-Voltaire.
CrĂ©ation dâune « Ăglise libre »
Exclu de lâĂglise officielle et influencĂ© par Drummond, le petit groupe issu de la SociĂ©tĂ© des Amis va se constituer le une premiĂšre Ăglise indĂ©pendanteâ. Le , ils prennent la cĂšne ensemble, hors de lâĂglise officielle, sous la prĂ©sidence de CĂ©sar Malan, pasteur consacrĂ© de lâĂglise officielle de GenĂšve. Le , Henri Pyt, Jean-Guillaume Gonthier et le Français Pierre MĂ©janel sont dĂ©signĂ©s comme conducteurs spirituels, CĂ©sar Malan nâayant pas souhaitĂ© rompre avec lâĂglise Ă©tablie. La petite communautĂ© se rĂ©unira dans divers locaux, avant de trouver en 1818 une salle suffisamment grande pour accueillir la croissance de la congrĂ©gation, au Bourg-de-Four, non loin du temple Saint-Pierre ; elle sera connue dĂšs lors, et jusquâen 1839, sous le nom dâĂ©glise du Bourg-de-Four[20]. En janvier de la mĂȘme annĂ©e, MĂ©janel, qui est français, a Ă©tĂ© expulsĂ© par les autoritĂ©s genevoises et remplacĂ© Ă la tĂȘte de lâĂglise naissante par Empeytaz, revenu de Saint-PĂ©tersbourg, et par Guers[2]. En 1824, la communautĂ© compte environ trois cents membres[20].
CĂ©sar Malan, qui veut changer lâĂglise nationale de lâintĂ©rieur et lui faire retrouver la foi de la RĂ©forme, construit une chapelle en bois dans son jardin[21]. Ses prĂ©dications ont du succĂšs et il devient pratiquement un pasteur indĂ©pendant. Le Conseil d'Ătat le dĂ©met de ses fonctions en 1823 et Malan se retrouve hors de lâĂglise nationale. Souhaitant rester au sein de lâĂglise dâĂtat, le pasteur Louis Gaussen nâen a pas moins fondĂ© en 1831, avec dâautres, la «âSociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©liqueâde GenĂšve » qui, trĂšs vite, a commencĂ© Ă cĂ©lĂ©brer des cultes, Ă organiser des catĂ©chismes et ouvre une Ăcole de thĂ©ologie. Le Conseil dâĂtat rĂ©voque donc aussi Gaussen. Exclus de lâĂglise genevoise, les « rĂ©veillĂ©s » achĂštent alors un terrain et y construisent, en 1833, la chapelle de lâOratoire[20], qui abrite toujours une Ăglise Ă©vangĂ©lique libre aujourdâhui[19]. La chapelle de la PĂ©lisserie, deuxiĂšme Ă©glise Ă©vangĂ©lique libre de GenĂšve, sera ouverte en 1839 pour remplacer lâĂ©glise du Bourg-de-Four devenue trop petite ; elle aussi est toujours en activitĂ©[19].
La population voyant dâun mauvais Ćil ces «âsectairesâ» commence Ă sâagiter, les injures fusent, puis des pierres sont lancĂ©es. La police doit intervenir. Un jeune sergent de la garde, FĂ©lix Neff, reçoit Ă cette occasion un petit traitĂ© Ă©vangĂ©lique qui va le chambouler. Il quitte son travail et devient prĂ©dicateur-Ă©vangĂ©liste itinĂ©rant en Suisse romande dâabord, puis en France, notamment dans les Hautes-Alpes[20].
Le RĂ©veil vaudois
Voisin du canton de GenĂšve, le canton de Vaud est atteint Ă son tour par le RĂ©veil Ă partir de 1818, date oĂč de premiĂšres rencontres ont lieu notamment Ă Sainte-Croix. La population se montre lĂ aussi parfois hostile Ă ces rĂ©unions qui ont souvent lieu dans des granges et les interrompent par des manifestations bruyantes et parfois violentes contre les « rĂ©veillĂ©s », qualifiĂ©s de « mĂ©thodistes » ou de « mĂŽmiers »[22], ce qui a pour effet dâinquiĂ©ter les autoritĂ©s civiles qui cherchent dĂšs lors Ă interdire ces rĂ©unions. LâinterfĂ©rence permanente des autoritĂ©s Ă©tatiques marque en effet le RĂ©veil vaudois : initialement, les pasteurs et les organisateurs des rĂ©unions sont arrĂȘtĂ©s, emprisonnĂ©s ou expulsĂ©s. Le RĂ©veil sâĂ©tend nĂ©anmoins et les rĂ©unions se tiennent parfois en plein air Ă Sauvabelin, dans la vallĂ©e de Joux ou aux Granges de Sainte-Croix. En 1824, le pasteur Charles Rochat et deux de ses collĂšgues fondent Ă Vevey la toute premiĂšre communautĂ© religieuse indĂ©pendante du canton de Vaud, ce qui est parfaitement illĂ©gal. Banni, Rochat parvient Ă revenir clandestinement sur le territoire cantonal et Ă y reprendre son apostolat. MalgrĂ© les difficultĂ©s et les persĂ©cutions, une quinzaine de communautĂ©s se forment de 1824 Ă 1828, notamment Ă Sainte-Croix, Bex et Payerne. La loi change en 1834 et autorise dĂšs lors les rĂ©unions et les cultes en tous lieux. En 1839, une nouvelle loi modifie le serment de consĂ©cration des pasteurs, qui ne mentionne plus de confession de foi, mais fait seulement rĂ©fĂ©rence Ă la Bible. Par cette loi, lâĂtat prive lâĂglise de confession de foi officielle. MĂ©contents de cette intervention de lâĂtat sur les doctrines de lâĂglise, plusieurs pasteurs dĂ©missionnent, dont Alexandre Vinet. En 1845, sous la conduite du pasteur de Montreux Charles Monnard, de nouvelles dĂ©missions dĂ©bouchent, deux ans plus tard, sur la crĂ©ation de lâĂglise libre, indĂ©pendante de lâĂtat et regroupant 33 paroisses[23].
En , lors de son premier synode, la nouvelle Ăglise dĂ©cide de crĂ©er sa propre facultĂ© de thĂ©ologie (quâon appellera la MĂŽme). Le schisme durera prĂšs dâun siĂšcle, les deux Ăglises rĂ©formĂ©es vivant cĂŽte Ă cĂŽte dans le canton de Vaud jusquâen 1966. Les « libristes » sont Ă lâorigine de nombreuses initiatives et institutions : ainsi lâĂ©cole de garde-malades de la Source est crĂ©Ă©e en 1859 par ValĂ©rie de Gasparin-Boissier, qui veut prendre le contrepied de lâInstitution des diaconesses fondĂ©e en 1842 Ă Ăchallens par le pasteur Louis Germond[24] - [25]. En opposition avec ce quâelle considĂšre comme une lâimage de la femme trop marquĂ©e par lâesprit de sacrifice et de renoncement, Madame de Gasparin milite pour la compĂ©tence professionnelle, liĂ©e Ă la dimension chrĂ©tienne du soutien aux malades, et donne en 1891 Ă lâĂ©cole le nom dâĂcole normale Ă©vangĂ©lique des garde-malades. ParallĂšlement, les libristes et rĂ©veillĂ©s vaudois fondent lâhĂŽpital du Samaritain Ă Vevey (1858), lâinfirmerie de Rolle (1861), et lâHospice de lâenfance, premier du genre en Suisse[23].
Alexandre Vinet, que certains considĂšrent comme le principal penseur protestant du XIXe siĂšcle, a participĂ© au RĂ©veil vaudois mĂȘme si son influence, en partie posthume, dĂ©borde largement les frontiĂšres de la Suisse[26]. Il avait connu la notoriĂ©tĂ© dĂšs 1826, la SociĂ©tĂ© de la morale chrĂ©tienne (issue du RĂ©veil parisien) lui ayant dĂ©cernĂ© un prix pour son « MĂ©moire en faveur de la libertĂ© des cultes ». Dans cet ouvrage, Alexandre Vinet dĂ©fendait le principe de la sĂ©paration de lâĂglise et de lâĂtat, en totale contradiction avec le fait que l'Ăglise rĂ©formĂ©e Ă©tait prĂ©cisĂ©ment une Ăglise d'Ătat dans le canton de Vaud. Alors que l'Ătat vaudois, dans l'Ă©lan de sa rĂ©volution de 1845, tentait de placer l'Ăglise sous contrĂŽle, de nombreux pasteurs et fidĂšles s'appuyĂšrent sur les thĂšses de Vinet pour fonder une Ăglise libre en 1847, l'annĂ©e mĂȘme oĂč Vinet dĂ©cĂšde. Ses Ćuvres, marquĂ©es au coin d'une qualitĂ© littĂ©raire hors du commun et d'une vive sensibilitĂ© revivaliste, furent largement diffusĂ©es aprĂšs sa mort et influenceront profondĂ©ment le protestantisme dâexpression française, toutes tendances confondues, pendant prĂšs dâun siĂšcle[26].
Le RĂ©veil bĂąlois
Un rĂ©veil issu du piĂ©tisme wurtembergeois avait Ă©galement touchĂ© BĂąle Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, oĂč fut fondĂ©e une « SociĂ©tĂ© allemande du christianisme » dont Christian Gottlieb Blumhardt[27] fut lâanimateur et le secrĂ©taire pendant 15 ans. Cette SociĂ©tĂ© fut elle-mĂȘme Ă lâorigine de la fondation de la SociĂ©tĂ© biblique de BĂąle et de la Mission de BĂąle, deux institutions dont le rayonnement fut trĂšs important Ă travers le monde. Elles servirent de modĂšle Ă la SociĂ©tĂ© biblique de Paris (fondĂ©e en 1818) et Ă la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris (fondĂ©e en 1822). Un des « passeurs » entre BĂąle et Paris fut le pasteur Henri Grandpierre, neuchĂątelois formĂ© Ă BĂąle, qui dirigea la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris de 1826 Ă 1856 et fut une des chevilles ouvriĂšres de la chapelle Taitbout, haut lieu du RĂ©veil parisien[28].
Le RĂ©veil en France
Situation religieuse en France au début du XIXe siÚcle
La situation du protestantisme français diffÚre profondément de celle de GenÚve :
- Le protestantisme français a traversĂ© de multiples Ă©preuves jusquâen 1815 : aux persĂ©cutions des rois catholiques ont succĂ©dĂ© celle de la Terreur puis, en 1815, de la Terreur blanche, deux Ă©pisodes dâune violence extrĂȘme qui provoquent Ă nouveau des emprisonnements, des exĂ©cutions ou des meurtres de protestants, notamment de pasteurs. Ces crises qui sâenchaĂźnent presque sans discontinuer ont considĂ©rablement appauvri la culture religieuse dâun protestantisme le plus souvent privĂ© de pasteurs et a appris aux protestants Ă se dissimuler plutĂŽt quâĂ tĂ©moigner de leur foi.
- La situation dogmatique nâa en apparence pas Ă©voluĂ©. En particulier, on est toujours fidĂšle Ă la confession de La Rochelle au contraire de lâĂglise rĂ©formĂ©e de GenĂšve dont la Compagnie des pasteurs avait renoncĂ© Ă lâusage dâune confession de foi.
- La piĂ©tĂ© populaire demeure forte comme en tĂ©moigne le bon accueil fait le plus souvent aux pasteurs et Ă©vangĂ©listes du RĂ©veil venus de lâĂ©tranger, mĂȘme si les apĂŽtres du RĂ©veil ont volontiers un peu noirci le tableau pour mieux faire ressortir la nĂ©cessitĂ© ou les rĂ©sultats de leur apostolat.
Le rationalisme occupe toutefois une place importante dans les esprits, cela dâautant plus que le rationalisme rĂ©volutionnaire issu des LumiĂšres est Ă lâorigine mĂȘme de lâĂ©mancipation des protestants. Les prĂ©dications de lâĂ©poque tĂ©moignent de cette confusion entre religion et philosophie : on y parle davantage de lâĂtre suprĂȘme, ou du grand architecte de lâunivers que du Dieu dâAbraham et de MoĂŻse, et on y multiplie les dissertations moralisantes sur le devoir, lâhumilitĂ©, le respect dĂ» aux vieillards et autres, Ă©vitant tout le cĆur du christianisme. En 1768, un pasteur de Bordeaux influencĂ© par les FrĂšres moraves, Ătienne Gibert, est en grande difficultĂ© face au consistoire, et presque dĂ©mis de ses fonctions pour avoir prĂȘchĂ© sur lâĂ©tat de pĂ©chĂ© et de condamnation de lâhomme, sur la nĂ©cessitĂ© de changer et sur les moyens de salut. Craignant de provoquer un schisme, il part alors pour lâAngleterre [29]. Sous le Premier Empire, cette tendance lĂ©nifiante se cumule avec une louange immodĂ©rĂ©e pour lâEmpereur, comparĂ© Ă CĂ©sar, Alexandre, Constantin ou mieux encore au Messie lui-mĂȘme[30].
Les précurseurs du Réveil en France
MalgrĂ© la situation difficile du protestantisme, la France compte nĂ©anmoins de grands prĂ©curseurs du RĂ©veil, soit issus de ses marches (Alsace, MontbĂ©liardâŠ), soit issus de lâĂglise sous la croix.
Oberlin
LâAlsace est fertile en prĂ©curseurs du RĂ©veil. Outre Spener qui irrigue de sa foi toute une gĂ©nĂ©ration de pasteurs[8], câest Jean-FrĂ©dĂ©ric Oberlin qui se consacre Ă la fois au dĂ©veloppement Ă©ducatif et Ă©conomique de la paroisse dĂ©shĂ©ritĂ©e du Ban de la Roche, inaugurant ainsi la dimension sociale du RĂ©veil, et Ă lâĂ©vangĂ©lisation et Ă la diffusion de la Bible avec lâappui de la SociĂ©tĂ© biblique et Ă©trangĂšre de Londres. Ayant Ă©tabli un comitĂ© Ă Waldersbach, il fut lâun des principaux diffuseurs de la Bible Ă son Ă©poque avec plus de 10 000 bibles et nouveaux testaments diffusĂ©s en France avant que la SociĂ©tĂ© biblique de Paris ne soit fondĂ©e[31].
Les « pasteurs fidÚles »
Comme Ă GenĂšve, les premiers revivalistes sont des pasteurs[32] ou des professeurs restĂ©s attachĂ©s Ă lâexpression de la foi telle que les rĂ©formateurs lâavaient fixĂ©e. Parmi eux, Daniel Encontre dont le rĂŽle comme recteur de la facultĂ© de thĂ©ologie de Montauban sera important[33], Jean-AndrĂ© Gachon (1766-1838), pasteur Ă Saint-Hippolyte-du-Gard (1797-1817) puis Ă MazĂšres (1817-1838)[34], François-Maurice Marzials (1779-1861), pasteur au Cailar (1801-1816) puis Ă Montauban (1816-1856), François Bonnard (nĂ© en 1776 Ă Nyon, dĂ©cĂ©dĂ© en 1838 Ă Montauban), professeur dâhĂ©breu biblique Ă la facultĂ© de thĂ©ologie protestante de Montauban[35], CĂ©sar Chabrand (1780-1863), notamment pendant son pastorat Ă Toulouse, Abraham Lissignol (1784-1861), nĂ© Ă GenĂšve et pasteur Ă Montpellier de 1809 Ă 1851, Alphonse Gonthier (1773-1834), nĂ© Ă Yverdon et pasteur Ă NĂźmes de 1805 Ă 1813 avant de retourner en Suisse, Adrien Soulier (1756-1843) pasteur notamment Ă Milhaud (Gard), AndrĂ© Blanc (nĂ© vers 1790 sans doute Ă Briançon, dĂ©cĂ©dĂ© le ) pasteur Ă Mens (IsĂšre), CĂ©sar Bonifas (1794-1855), pasteur Ă Grenoble (1820-44) puis professeur de thĂ©ologie Ă Montauban⊠TrĂšs souvent influencĂ©s par les Moraves, souvent passĂ©s par la Suisse, ces pasteurs forment la « bonne terre » qui va accueillir et faire fructifier en France la prĂ©dication des missionnaires anglais ou suisses[36].
Aux noms qui précÚdent qui sont ces pasteurs classiquement considérés comme les précurseurs de Réveil, il faut ajouter ceux qui relÚvent les communautés protestantes décimées par les persécutions : Antoine Court dans le Midi, Jean De Visme (1760-1819) ou Jean-Baptiste Née (1756-1826) dans le Nord.
Montauban
La facultĂ© de thĂ©ologie de Montauban est fondĂ©e en 1808. Le pasteur François Bonnard y est professeur aprĂšs avoir Ă©tĂ© pasteur Ă Massillargues[37]. Robert Haldane y sĂ©journe de 1819 Ă 1821 et sây occupe surtout de la rĂ©impression de la Bible Martin avec Bonnard et Marzials ; il y met Ă©galement par Ă©crit et fait traduire en français ses cĂ©lĂšbres confĂ©rences sur lâĂpitre aux Romains et son « Ăvidence du christianisme », deux ouvrages qui seront remis Ă chaque Ă©tudiant Ă la fin de leurs Ă©tudes[38].
La facultĂ© trouve en la personne de Daniel Encontre, initialement pasteur « au dĂ©sert », un doyen qui la maintient dans le droit chemin doctrinal et qui rĂ©tablit la discipline dans les mĆurs des Ă©tudiants ; elle sera un lieu dâincubation pour des groupes de jeunes Ă©tudiants.
Les quakers français
Dans le Gard, particuliĂšrement en Vaunage, des chrĂ©tiens pĂ©nĂ©trĂ©s des valeurs Ă©vangĂ©liques ont pratiquĂ© une forme de christianisme proche du quakerisme depuis une pĂ©riode mal connue du XVIIIe siĂšcle (notamment dans les villages de CongĂ©nies, FontanĂšs, Quissac et Calvisson) [39]. Ces assemblĂ©es sont restĂ©es de taille modeste[40]. Bien quâen contact avec les quakers anglais, cette communautĂ© fit un particuliĂšrement bon accueil au RĂ©veil mĂ©thodiste promu par le missionnaire Charles Cook[41].
Essaimage du noyau revivaliste genevois
Les jeunes aspirants pasteurs genevois soutenus par la fortune de Henry Drummond vont essaimer Ă travers la France. Drummond fondera la « SociĂ©tĂ© continentale de Londres » pour rĂ©Ă©vangĂ©liser lâEurope, sociĂ©tĂ© Ă laquelle Haldane prendra une part active. Ămile Guers en fut le premier agent central. En cette qualitĂ©, il publia de 1818 Ă 1822 Le Magazine Ă©vangĂ©lique, qui apportait des nouvelles missionnaires du monde entier. En furent les agents : Ami Bost, lâun des premiers missionnaires de cette sociĂ©tĂ© en Alsace, Henri Pyt qui Ă©vangĂ©lisa successivement le Nord et le piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en, Antoine Porchat actif notamment dans la Sarthe[42]ainsi que Jean-FrĂ©dĂ©ric Vernier, Ă©vangĂ©liste en IsĂšre et FĂ©lix Neff, actif dans les dĂ©partements alpins.
Les autres Suisses
On note Ă©galement les noms des Suisses sans lien avec le foyer genevois : le pasteur Henri Grandpierre, neuchĂątelois dâorigine, mais passĂ© par BĂąle et issu du RĂ©veil bĂąlois, qui contribuera au RĂ©veil parisien, Henri Jaquet (1788-1867), nĂ© Ă Vevey, mais passĂ© par la Souabe oĂč il est devenu piĂ©tiste, fondateur du centre de formation de Glay (Doubs), Abraham Oulevay, originaire de Bavois, principal fondateur de lâassemblĂ©e darbyste de BĂ©thoncourt, ou de Louis Vierne de GenĂšve, installĂ© Ă MontbĂ©liard.
Les méthodistes
FondĂ© par John Wesley en raison du mauvais accueil fait Ă ses prĂ©dications par les autoritĂ©s anglicanes, le mĂ©thodisme est la principale dĂ©nomination issue du Grand RĂ©veil et, dĂšs lâorigine, une dĂ©nomination missionnaire. Ă la mort de son fondateur en 1791, le mĂ©thodisme compte 313 prĂ©dicateurs itinĂ©rants en Grande-Bretagne, 227 en AmĂ©rique du Nord et des missionnaires dans la totalitĂ© des colonies britanniques[43].
Le premier missionnaire mĂ©thodiste arrivĂ© en France est un certain William Mahy, venu de Jersey Ă partir de 1791, un temps secondĂ© par un autre Jersiais, Jean de Quetteville[44]. Ils exercent leur ministĂšre dans les environs de Caen. AprĂšs lâĂ©clipse provoquĂ©e par le RĂ©volution française, le flambeau est repris par deux jeunes Ă©migrĂ©s bretons convertis pendant leur sĂ©jour Ă Jersey, Jean du Pontavice, et Arnaud de Kerpezdron, qui eux aussi, se consacrent au tĂ©moignage et Ă lâĂ©vangĂ©lisation de la Normandie. Leurs disciples, souvent dâorigine catholique, se rĂ©pandent en Normandie et en Bretagne[45]. Lâorganisateur des missions mĂ©thodistes, Thomas Coke, Ă©tait venu prĂȘcher en France sans succĂšs en 1791[46]; il eut lâidĂ©e dâenvoyer en France quelques annĂ©es plus tard William Toase, qui avait Ă©tĂ© Ă partir de 1810 un fidĂšle visiteur des prisonniers français dĂ©tenus sur les bateaux prisons amarrĂ©s sur la riviĂšre Medway. Celui-ci parlait un bon français et dĂ©veloppa le mĂ©thodisme dans les Ăźles anglo-normandes, en Normandie et Ă Paris[47]. Ce fut Toase qui, ayant ĆuvrĂ© pour obtenir de nouveaux Ă©vangĂ©listes pour la France, obtint de haute lutte en 1818 lâenvoi en France de Charles Cook, prĂ©dicateur dĂ©jĂ rĂ©putĂ© pour son efficacitĂ©, sa grande culture et sa forte personnalitĂ©[48].
Le dĂ©veloppement du mĂ©thodisme dans le reste de la France est principalement lâĆuvre de Charles Cook, carrossier puis professeur anglais venu au travail missionnaire Ă 29 ans, et en France Ă 31 ans. Il passe par la Normandie oĂč il est bien accueilli et accompagnĂ© par le pasteur Rollin de Caen, mais il consacrera lâessentiel de son activitĂ© au sud de la France. Il se fixe en Vaunage (entre NĂźmes et Montpellier), dans la localitĂ© de Caveirac, non loin de CongĂ©nies, village marquĂ© par le dĂ©veloppement, Ă la fin du siĂšcle prĂ©cĂ©dent, d'une communautĂ© quaker entiĂšrement locale dont certains Ă©lĂ©ments se rallient au mĂ©thodisme. Depuis la Vaunage, Cook rayonne dans tout le Midi et jusquâen Suisse. En 1852, les mĂ©thodistes sont implantĂ©s dans huit dĂ©partements : Calvados, Meuse, Pas-de-Calais, Seine, Gard, HĂ©rault, DrĂŽme et Hautes-Alpes. Charles Cook est clairement Ă lâorigine du mĂ©thodisme dans les 4 derniers nommĂ©s[49].
Par ailleurs, un deuxiĂšme foyer dâĂ©vangĂ©lisation mĂ©thodiste en France sera lancĂ© avec lâarrivĂ©e, en 1868 Ă Strasbourg, dâun missionnaire amĂ©ricain germanophone, le pasteur Johann Schnatz, suivi de plusieurs autres missionnaires germanophones. Neuf communautĂ©s en Alsace-Moselle sont les hĂ©ritiĂšres de leurs efforts[50]. La dĂ©marche des missionnaires mĂ©thodistes demeure en gĂ©nĂ©ral de rĂ©veiller la ferveur religieuse en France, et non de fonder des paroisses. « Nous nâavons formĂ© dâĂglises que lĂ oĂč nous avons Ă©tĂ© repoussĂ©s par lâĂglise nationale » Ă©crit ainsi Paul Cook, fils du missionnaire[51]. De nombreux postes mĂ©thodistes seront en outre fusionnĂ©s avec des paroisses rĂ©formĂ©es ou rattachĂ©s Ă lâĂglise rĂ©formĂ©e (câest le cas de Cherbourg dĂšs le XIXe siĂšcle et de 16 paroisses au dĂ©but XXe siĂšcle). La prĂ©sence mĂ©thodiste en France reste cependant notable Ă ce jour avec 21 paroisses[50].
Les baptistes
Le baptisme a commencĂ© vers 1810, avec un petit groupe de chrĂ©tiens habitant le village de Nomain dans le Nord[52]. Les groupes dâĂ©tude biblique animĂ©e par lâagriculteur Louis Caulier ne semblaient pas, au premier abord, diffĂ©rer des autres groupes de protestants (rĂ©formĂ©s) de la rĂ©gion, tous desservis de loin en loin par le pasteur Jean de Visme, comparĂ© Ă Antoine Court pour son Ćuvre de relĂšvement du protestantisme dans le Nord. On attribue Ă une influence anglaise survenue Ă lâoccasion de lâoccupation de la rĂ©gion par les coalisĂ©s entre 1815 et 1818 lâorientation proprement baptiste de ce noyau originel[53].
En 1819-1820, lâĂ©vangĂ©liste baptiste suisse Henri Pyt a exercĂ© une influence dĂ©terminante dans plusieurs rĂ©gions oĂč sa prĂ©dication touche de nombreuses personnes, particuliĂšrement Ă GenĂšve, puis dans le Nord de la France, en Eure-et-Loir, au Pays basque et Ă Paris[54], ce qui conduisit Ă la fondation de la FĂ©dĂ©ration des Ăglises Ă©vangĂ©liques baptistes de France[55]. En 2000, il y avait 40 000 fidĂšles baptistes en France[56].
Les Assemblées de FrÚres
Les « assemblĂ©es de FrĂšres » trouvent leur origine dans les annĂ©es 1820 Ă Dublin oĂč de jeunes chrĂ©tiens se retrouvent pour Ă©tudier la Bible et revenir Ă la simplicitĂ© de l'Ăglise primitive[57]. Parmi ces jeunes, il y avait John Gifford Bellett, Francis Hutchinson, Edward Cronin[58]. En 1832, Henry Craik et George MĂŒller dĂ©marrent un groupe Ă Bristol qui sera organisĂ© en des sous-groupes selon les Ăąges[59]. MĂŒller sera Ă©galement Ă lâorigine de la fondation d'orphelinats dans la ville[60].
En 1840, John Nelson Darby, un prĂȘtre irlandais quitte lâĂglise anglicane en Irlande pour rejoindre le mouvement comme prĂ©dicateur[61]. En 1848, le mouvement des FrĂšres se divisa en deux branches. Lâaile « ouverte » de George MĂŒller, Henry Craik et Chapman et lâaile « exclusive » de John Nelson Darby[62] - [63] - [64] - [65].
Les idĂ©es de Darby pĂ©nĂštrent en France au sein de certaines assemblĂ©es piĂ©tistes prĂ©existantes, notamment grĂące Ă lâactivitĂ© de personnes formĂ©es par le pasteur piĂ©tiste suisse Henri Jaquet (1788-1867), fondateur du centre de Glay au Pays de MontbĂ©liard : Jean-FrĂ©dĂ©ric Vernier dans la DrĂŽme, Pierre MĂ©netrez Ă Chalon-sur-SaĂŽne, FrĂ©dĂ©ric ViĂ©not autour de MontbĂ©liard. Darby visite le Pays de MontbĂ©liard sous la conduite de ce dernier en 1850, ce qui dĂ©termine le rattachement au Mouvement des frĂšres dâune dizaine de communautĂ©s piĂ©tistes du Pays de MontbĂ©liard[66].
Peu structurĂ©s, les darbystes sont particuliĂšrement difficiles Ă dĂ©nombrer. On leur connaĂźt 32 communautĂ©s rĂ©parties dans des rĂ©gions traditionnellement protestantes telles que le Gard, lâArdĂšche, lâIsĂšre, le Doubs (arrondissement de MontbĂ©liard) ou le Bas-Rhin, voire dans quelques « terres de mission » telles que le Pas-de-Calais ou la SaĂŽne-et-Loire[64].
Les piétistes alsaciens
Des communautĂ©s piĂ©tistes avait Ă©tĂ© fondĂ©es Ă Munster, Colmar et Mulhouse en 1820 Ă la suite des prĂ©dications dâAmi Bost. De langue allemande, elles se joignirent aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, avec quelques autres, Ă la « Pilgermission St Chrischona » (mission des pĂšlerins St. Chrischona) qui avait Ă©tĂ© fondĂ©e en 1840 Ă Bettingen, prĂšs de BĂąle, par Christian Friedrich Spittler. En 1952, elles dĂ©cidĂšrent de quitter le cadre concordataire et formĂšrent lâ« Union des sociĂ©tĂ©s Ă©vangĂ©liques St Chrischona » (USEC). En 2010, lâunion dâĂglises a fusionnĂ© avec son mouvement missionnaire pour former une seule Ćuvre nommĂ©e « Vision-France, une Union dâĂglises protestantes Ă©vangĂ©liques » affiliĂ©e Ă Chrischona International. Elle comporte en 2017 20 paroisses en France dont 15 en Alsace-Moselle[67].
Les réformés
Une partie importante du RĂ©veil nâaboutit pas Ă la crĂ©ation dâĂglises nouvelles, mais Ă la rĂ©novation de lâintĂ©rieur du protestantisme institutionnel (concordataire Ă cette Ă©poque)[68]. Les oppositions qui sâinstaurent graduellement entre les plus libĂ©raux et les plus orthodoxes provoquent rĂ©guliĂšrement des divisions et la crĂ©ation dâĂglises indĂ©pendantes qui, pour la plupart (mais pas toutes), reviendront ultĂ©rieurement dans le giron de lâĂglise rĂ©formĂ©e de France telle quâelle sera constituĂ©e en 1938. En 1832, le pasteur Adolphe Monod est rĂ©voquĂ© par le consistoire rĂ©formĂ© de Lyon parce quâil refuse de donner la cĂšne aux personnes quâil n'en juge pas dignes. Il prĂ©side donc quelque temps une Ă©glise indĂ©pendante avant dâĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ© comme professeur Ă la facultĂ© de thĂ©ologie protestante de Montauban.
Les évangéliques libres
De nouvelles Ćuvres dâĂ©vangĂ©lisation sâouvrent poussĂ©es par lâesprit du RĂ©veil. Ainsi, la chapelle Taitbout propose, Ă partir de 1830 Ă Paris, des cultes le dimanche aprĂšs-midi afin de ne pas concurrencer celui des paroisses protestantes. Les formes traditionnelles de culte y sont bousculĂ©es, la robe pastorale est boudĂ©e, de nouveaux cantiques piĂ©tistes, souvent issus du RĂ©veil britannique, y sont chantĂ©s en plus des anciens psaumes de la RĂ©forme. C'est lĂ que naquit en 1834 le premier recueil français de cantiques du RĂ©veil, les Chants chrĂ©tiens[69]. AprĂšs avoir attirĂ© la haute sociĂ©tĂ© protestante de lâĂ©poque, elle essaime et donne lieu Ă la crĂ©ation en 1850 de l'Ă©glise du Luxembourg, rue Madame Ă Paris, crĂ©Ă©e afin d'Ă©vangĂ©liser dans le quartier latin[70] et, en 1868, sous la conduite du pasteur EugĂšne Bersier, de l'Ă©glise rĂ©formĂ©e de l'Ătoile (avenue de la Grande-ArmĂ©e, dans un quartier en pleine construction Ă l'Ă©poque), qui est au dĂ©part conçue comme une annexe semi-autonome de la chapelle Taitbout[71].
En 1849, FrĂ©dĂ©ric Monod et AgĂ©nor de Gasparin quittent l'Ăglise rĂ©formĂ©e et fondent l'Union des Ăglises Ă©vangĂ©lique libres de France, avec la premiĂšre Ă©glise indĂ©pendante : la chapelle du Nord[72] - [73].
Le Réveil par région
Les tentatives des sociétés étrangÚres
De nombreuses initiatives dâannonce de lâĂvangile dans lâesprit du RĂ©veil furent entreprises Ă Paris par divers organismes Ă©trangers, mais sans obtenir de rĂ©sultats manquants :
- AprĂšs la tentative infructueuse de Thomas Coke en 1791, dâautres mĂ©thodistes furent envoyĂ©s Ă Paris : le pasteur Hawthrey en 1820, les pasteurs Croggon et Adams Ă Charenton en 1823 auprĂšs dâun groupe dâouvriers anglais employĂ©s dans une fonderie parisienne, le pasteur Tourgis, bilingue, Ă partir de 1824. Ce dernier connut un certain succĂšs et ouvrit des salles de rĂ©union dans les quartiers de Montmartre et de Saint-Denis. Le mĂ©thodisme ne connut toutefois pas un succĂšs aussi important Ă Paris quâen province et, Ă son arrivĂ©e Ă Paris en 1844, le pasteur Jean-Louis Rostan (originaire du Queyras et Ă©mule de FĂ©lix Neff) constate que le mĂ©thodisme parisien reste encore balbutiant[74].
- En 1815, le révérend Mark Wilks ouvrit une chapelle congrégationaliste anglaise[75].
- Un lieu de culte anglican fut ouvert en 1818, et une Ă©glise anglicane officielle, placĂ©e sous la protection de lâambassade britannique, fut Ă©tablie en 1824 par le rĂ©vĂ©rend Lewis Way[75].
- Ă partir de 1818, Pierre MĂ©janel, aidĂ© par Antoine Porchat, prĂȘchait aux alentours du jardin du Luxembourg, parvenant Ă se faire connaĂźtre en chantant des cantiques sur la voie publique ou dans les jardins. Ayant adhĂ©rĂ© aux idĂ©es de l'Ăcossais Edward Irving, il devint la tĂȘte dâaffiche des irvingiens Ă Paris[75].
- Le presbytĂ©rien Ă©cossais Robert Haldane avait quant Ă lui ouvert, en 1824 Ă Paris, un institut destinĂ© Ă former les Ă©vangĂ©listes et missionnaires de langue française, qui devint en mĂȘme temps un lieu de rĂ©unions. Un moment soutenu par Pyt, ce lieu de culte devint finalement le siĂšge de la communautĂ© darbyste parisienne[76].
Le Réveil réformé évangélique
Câest Ă FrĂ©dĂ©ric Monod, pasteur dâorigine genevoise, disciple de Robert Haldane et dont le pĂšre, Jean Monod, est pasteur de lâĂglise officielle, quâil revient dâavoir crĂ©Ă© un vĂ©ritable engouement pour les idĂ©es du RĂ©veil Ă Paris. NommĂ© pasteur adjoint en 1820 Ă Paris, essentiellement employĂ© comme aumĂŽnier des hĂŽpitaux et des prisons, il sera nommĂ© pasteur titulaire en 1832. Par sa prĂ©dication et par son activisme au sein de multiples sociĂ©tĂ©s religieuses, il est le catalyseur du RĂ©veil parisien. EntrĂ© en dissidence en 1848 sur la question des confessions de foi, il devient, jusquâĂ sa mort en 1863, pasteur de lâĂglise Ă©vangĂ©lique libre de Paris. Il dirigea pendant 43 ans lâorgane de lâorthodoxie rĂ©formĂ©e, les « Archives du Christianisme »[77].
La chapelle du Nord est construite au passage des Petites-Ăcuries Ă lâinitiative de FrĂ©dĂ©ric Monod en 1849. Par la suite vont y prĂȘcher ThĂ©odore Monod (fils de FrĂ©dĂ©ric), Tommy Fallot, qui mena une action d'Ă©vangĂ©lisation auprĂšs du monde ouvrier, Ălie Gounelle, qui compte parmi les fondateurs du mouvement du christianisme social[78], pour y accueillir le culte de lâĂglise Ă©vangĂ©lique libre Ă Paris ; toujours Ă son instigation, elle est dĂ©mĂ©nagĂ©e ensuite rue de Chabrol en 1853 puis rue des Petits-HĂŽtels en 1862[79].
Le Réveil réformé libéral
Athanase Coquerel fut lâanimateur du RĂ©veil libĂ©ral. Suffragant appelĂ© en 1830 par le pasteur Paul-Henri Marron alors quâil Ă©tait en poste Ă lâĂ©glise wallonne d'Amsterdam, il est Ă lâorigine en 1835 de lâouverture du temple des Batignolles, 3e temple rĂ©formĂ© parisien (il nây avait jusquâalors que lâOratoire du Louvre et le temple du Marais). Homme de convictions trĂšs engagĂ© dans la citĂ©, il fut Ă©lu conventionnel en 1848 et dĂ©putĂ© en 1849. Il est le principal reprĂ©sentant du courant libĂ©ral. Ă partir de 1832, il est lui-mĂȘme nommĂ© pasteur titulaire et appelle Ă ses cĂŽtĂ©s comme suffragant un autre libĂ©ral, Auguste Montandon (1803-1876), alors pasteur au temple protestant de Luneray[80]. Celui-ci sera le premier prĂ©sident de la « SociĂ©tĂ© des Ă©coles du dimanche » et lâun des animateurs de la SociĂ©tĂ© de l'histoire du protestantisme français, dont il est successivement le secrĂ©taire (1834-1864), le vice-prĂ©sident (1864-1868) puis le prĂ©sident (1874-1876)[81]. Autre Ă©lĂ©ment du RĂ©veil libĂ©ral, le pasteur Samuel Vincent intervient, depuis son poste pastoral Ă NĂźmes, dans le dĂ©bat intellectuel français, en Ă©tant non seulement amenĂ© Ă sâopposer Ă Lammenais, mais encore en Ă©tant le premier en France Ă prendre en compte Ă faire connaĂźtre les idĂ©es du thĂ©ologien allemand Schleiermacher[82] - [83].
Le Réveil luthérien
RĂ©tabli en 1808 par le Concordat, le culte luthĂ©rien nâavait comme seule Ă©glise parisienne que le temple des Billettes, et deux pasteurs, le MontbĂ©liardais Georges Boissard (1783-1836)[84] et lâAlsacien Jean-Jacques Goepp (1771-1835)[85] - [86]. Le pasteur Louis Verny[87], proche d'Alexandre Vinet, succĂ©da Ă Goepp Ă son dĂ©cĂšs et sâavĂ©ra ĂȘtre Ă la fois un intellectuel de premier plan, dont le rayonnement fut important, et un infatigable prĂ©dicateur, auteur de catĂ©chisme et de cantiques restĂ©s longtemps en usage dans lâĂ©glise luthĂ©rienne de Paris[80]. Sous la monarchie de Juillet, les luthĂ©riens parisiens furent encouragĂ©s par la prĂ©sence Ă Paris dâHĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin, Ă©pouse du prince royal et duc d'OrlĂ©ans Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans, qui est le fils aĂźnĂ© du roi Louis-Philippe. Plusieurs paroisses sont alors ouvertes, y compris en banlieue, de mĂȘme qu'Ă Lyon et Ă Nice. Les pasteurs Meyer et Valette ouvrent en outre une mission Ă lâintention des Allemands alors nombreux Ă travailler Ă Paris[88] - [89].
Les sociétés chrétiennes
Le RĂ©veil porte en lui un souci dâinitiatives en matiĂšre dâĂ©vangĂ©lisation et de mission, ce qui a conduit Ă la crĂ©ation de nombreuses sociĂ©tĂ©s chrĂ©tiennes, source de rayonnement et de propagation de la foi protestante. En voici quelques-unes :
- La SociĂ©tĂ© biblique française est crĂ©Ă©e en 1818 avec pour mission de publier des traductions de la Bible de bonne qualitĂ©, dans les formats et les prĂ©sentations adaptĂ©es Ă tous les publics[90]. Cette crĂ©ation est due Ă celle de deux pasteurs luthĂ©riens : dâune part, le pasteur FrĂ©dĂ©ric LĂ©o, un Allemand venu Ă Paris en 1811 comme pasteur suffragant du consistoire luthĂ©rien, frappĂ© par la pĂ©nurie de bibles en France, procĂšde dâabord Ă des importations de bibles de Suisse puis lance une souscription pour en imprimer en France, ce que lâimprimeur Firmin-Didot peut rĂ©aliser Ă prix rĂ©duit grĂące Ă son procĂ©dĂ© de stĂ©rĂ©otypie et, dâautre part. Jean-Daniel Kieffer (1787-1833), pasteur alsacien orientaliste et traducteur de la Bible en turc. En accord avec les autoritĂ©s catholiques françaises, le pasteur LĂ©o fonde aussi en 1816 la « SociĂ©tĂ© catholique de distribution du Nouveau Testament », qui diffusera le Nouveau Testament dans la version de Sacy, mais cela ne fait quâun temps, car le Saint-SiĂšge condamne les sociĂ©tĂ©s bibliques en 1825, ce qui met fin Ă cette activitĂ©[91].
- La Société des traités religieux (1821)[92].
- La SociĂ©tĂ© de la morale chrĂ©tienne fut fondĂ©e en 1821 par des progressistes catholiques et protestants soucieux de mettre en pratique la morale chrĂ©tienne dans les affaires politiques, suivant lâexemple quaker. Parmi ses fondateurs, le pasteur Goepp, le rĂ©vĂ©rend Mark Wilks et le baron Auguste-Louis de StaĂ«l-Holstein. Ce dernier sâappuie notamment sur le pasteur Wilson, en poste Ă Nantes, et sur lâarmateur mĂ©thodiste Thomas DobrĂ©e pour faire aboutir une campagne pour lâabolition de lâesclavage[93]. Son action sera prolongĂ©e par la crĂ©ation en 1834 de la SociĂ©tĂ© française pour l'abolition de l'esclavage, avec les mĂȘmes promoteurs, qui s'inspirent directement de l'action - couronnĂ©e de succĂšs en 1833 - menĂ©e par les abolitionnistes britanniques sous la conduite de l'anglican Ă©vangĂ©lique William Wilberforce.
- La SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris, crĂ©Ă©e en 1822, dont le premier prĂ©sident, Antoine Galland (1792-1862)[94], originaire de GenĂšve, tenait un culte tous les dimanches aprĂšs-midi Ă la maison des missions[80]. Son successeur, le pasteur dâorigine neuchĂąteloise Henri Grandpierre[95], chercha Ă trouver un local plus vaste et mieux situĂ© pour ces cultes qui rĂ©unissaient les bienfaiteurs tant rĂ©formĂ©s que luthĂ©riens de la SociĂ©tĂ© des missions de Paris. Ce fut la chapelle Taitbout qui fut choisie[96]. La SociĂ©tĂ© des missions de Paris sera lâorganisatrice de lâeffort missionnaire protestant français dâabord en direction du Lesotho, oĂč elle a un impact remarquable, puis en OcĂ©anie (Tahiti, Nouvelle-CalĂ©donie), et dans diffĂ©rentes rĂ©gions dâAfrique entrĂ©es dans le giron colonial français comme le Gabon, le Congo-Brazzaville, le SĂ©nĂ©gal ou la Kabylie[97].
- Le comitĂ© pour lâencouragement des Ă©coles du dimanche (1826)[92].
- Le comitĂ© pour lâencouragement de lâinstruction primaire chez les protestants de France (1829)[92].
- La Société biblique française (1833) est une scission de la Société biblique de Paris, pour laquelle prirent parti ses sections rurales et les orthodoxes parisiens. Le motif de discorde avait été la « bataille des apocryphes », les orthodoxes faisant campagne depuis longtemps pour la suppression des livres apocryphes dans les Bibles, ce que refusaient les libéraux[98].
- La SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique française (1833 Ă©galement), construite sur le modĂšle de la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique de GenĂšve (1831), elle-mĂȘme inspirĂ©e par les pratiques anglaises, a pour but dâĂ©vangĂ©liser dans les milieux catholiques, ce que les libĂ©raux trouvaient dĂ©placĂ©[98].
- La SociĂ©tĂ© des intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©raux du protestantisme français (1842) vise Ă permettre une coordination protestante rendue difficile par la division des luthĂ©riens et des rĂ©formĂ©s rĂ©sultant des articles organiques de 1802. Ses principaux animateurs sont AgĂ©nor de Gasparin et Antoine Vermeil[99].
- Une « branche française » de lâ« Alliance Ă©vangĂ©lique universelle », groupement qui se veut international et interdĂ©nominationnel, voit le jour en 1846 Ă Paris Ă la suite de sa crĂ©ation en Angleterre, en 1846 Ă©galement, lors d'une confĂ©rence mondiale Ă laquelle participait le pasteur Adolphe Monod[100]. Antoine Vermeil en est le secrĂ©taire[99].
- La SociĂ©tĂ© centrale dâĂ©vangĂ©lisation est crĂ©Ă©e en 1847 sous lâimpulsion du pasteur Henri Grandpierre pour coordonner les efforts parfois dispersĂ©s des organismes dâĂ©vangĂ©lisation locaux[99].
Le RĂ©veil aristocratique et mondain
Ă partir de 1830, le dĂ©veloppement de la chapelle Taibout est symptomatique du succĂšs du protestantisme parisien sous lâimpulsion du RĂ©veil. Le succĂšs de cette chapelle indĂ©pendante est fulgurant et les personnalitĂ©s les plus hautes s'y pressent : William Henry Waddington, lâamiral Verhuell, le pasteur Edmond de PressensĂ©, la fille de Madame de StaĂ«l, Albertine, Ă©pouse du duc de Broglie, Victor de PressensĂ©, le comte Pellet de la LozĂšre, le banquier Jules Mallet, Henri Lutteroth, Rosine de Chabaud-Latour, Mark Wilks. Le pasteur Jean-Henri Grandpierre (qui deviendra directeur de la SociĂ©tĂ© des Missions) dont les sermons ont un grand impact, en devient rapidement le principal prĂ©dicateur[101]. Dans le sillage de la chapelle Taibout sâouvrent des sĂ©ries dâannexes parfois importantes :
- L'Ă©glise du Luxembourg, rue Madame Ă Paris, nĂ©e en 1850 de la volontĂ© de membres de la chapelle de la rue Taitbout de crĂ©er une Ćuvre d'Ă©vangĂ©lisation dans le quartier latin. Celle-ci occupe dâabord un local louĂ©, avant que la construction du bĂątiment actuel ne soit dĂ©cidĂ©e. Il est inaugurĂ© le . La nouvelle paroisse a parmi ses premiers pasteurs Roger Hollard, issu de la chapelle Taitbout, qui y exercera pendant 35 ans[70]. Le , l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la paroisse dĂ©cide de son rattachement Ă l'Ăglise rĂ©formĂ©e de France crĂ©Ă©e l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente[102].
- Les écoles et la chapelle de la rue Saint-Maur, constitués en église en 1856 sous la conduite du pasteur Lenoir[103].
- Les écoles et la chapelle du boulevard Saint-Antoine, constitués en église en 1858 sous la conduite du pasteur Byse[103].
- L'Ă©glise rĂ©formĂ©e de l'Ătoile (avenue de la Grande-ArmĂ©e, dans un quartier en pleine construction), qui est au dĂ©part (en 1868) conçue comme une annexe semi-autonome de la chapelle Taitbout, oĂč le pasteur EugĂšne Bersier continue Ă officier tout en prĂ©sidant la nouvelle paroisse[71].
Les membres de la chapelle Taitbout sont aussi Ă lâorigine de plusieurs Ćuvres sociales ; ils apportent notamment un appui dĂ©cisif Ă une Ćuvre en faveur des femmes dĂ©tenues â sous le nom de « ComitĂ© Saint-Lazare », du nom de la prison pour femmes - puis Ă la fondation de lâĆuvre des diaconesses de Reuilly sous la direction du pasteur rĂ©formĂ© revivaliste Antoine Vermeil et dâune de ses anciennes paroissiennes bordelaises, Caroline Malvesin.
Les Ćuvres sociales
Les Ćuvres issues du RĂ©veil sont nombreuses : Ă©coles, salles dâasile (câest-Ă -dire jardins dâenfants), Ă©coles du dimanche, institut de formation thĂ©ologique des Batignolles (sous lâimpulsion de Robert Haldane), mais aussi lâaide sociale : lâassociation luthĂ©rienne de charitĂ© (1830), lâassociation de charitĂ© rĂ©formĂ©e (1830), lâorphelinat des Billettes (1830), la SociĂ©tĂ© des amis des pauvres (1833) , la fondation Lambrechts (1835), les diaconesses de Reuilly (1845)[104].
Une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration dâĆuvres du RĂ©veil se manifestera ensuite avec les dĂ©buts en France de la Mission Mac All (1871), trĂšs orientĂ©e sur le social, puis de lâArmĂ©e du salut (1881).
En Alsace
LâAlsace est une terre Ă la fois piĂ©tiste et libĂ©rale. Spener, pĂšre du piĂ©tisme, Ă©tait Alsacien, il avait eu pour successeur le Suisse Ami Bost que son activitĂ© brouillonne avait fait expulser dâAlsace, et câest lâAlsacien François-Henri Haerter qui fut lâorganisateur du piĂ©tisme en Alsace, ce quâil rĂ©ussit Ă faire sans crĂ©er de scission dans les Ă©glises dâAlsace. Il fonda en 1834 la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique de Strasbourg, destinĂ©e Ă toucher les milieux ouvriers, accueillit les Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens, nouvellement fondĂ©es, fonda une maison de diaconesses en 1842, une Ă©cole normale dâinstitutrices, un orphelinat et un hĂŽpital Ă Guebwiller en 1856, en liaison avec lâĆuvre charitable dĂ©jĂ Ă©tablie par lâĂ©pouse de lâindustriel Bourcard, puis un collĂšge pour jeunes filles en 1871 (le collĂšge Lucie Berger). Les diaconesses prirent en charge lâhĂŽpital municipal de Mulhouse en 1844 et de lâensemble des Ćuvres sociales mulhousiennes, les sept diaconies, en 1853. Des laĂŻcs issus des familles protestantes mulhousiennes touchĂ©es par le RĂ©veil telles que les Dollfus, Mieg, Schlumberger, Dietelen, contribuent fortement Ă ces Ćuvres sociales[105].
En mĂȘme temps, autour de lâuniversitĂ©, la thĂ©ologie libĂ©rale, parfois en accord avec le piĂ©tisme, se dĂ©veloppe. En 1850, TimothĂ©e Colani y fonde avec Edmond SchĂ©rer la Revue de thĂ©ologie et de philosophie chrĂ©tienne[106] qui devient l'organe du libĂ©ralisme thĂ©ologique strasbourgeois.
Par ailleurs, le pasteur strasbourgeois FrĂ©dĂ©ric Horning (1809-1882) combine la ferveur du RĂ©veil avec un fort traditionalisme luthĂ©rien, et s'oriente, avec sa paroisse de Saint-Pierre-le-Jeune, vers un luthĂ©ranisme confessionnel. Son combat fĂ©dĂšre les oppositions au libĂ©ralisme dont fait preuve le directoire de l'Ăglise de la Confession d'Augsbourg. AprĂšs la paroisse de Heiligenstein en 1869, plusieurs paroisses se sĂ©parent de lâĂglise officielle[107]. Elles se sont regroupĂ©es en un synode officieux en 1927 pour former aujourd'hui l'Ăglise Ă©vangĂ©lique luthĂ©rienne - Synode de France, Ă©glise luthĂ©rienne de tendance Ă©vangĂ©lique, associĂ©e Ă l'Ăglise luthĂ©rienne - Synode du Missouri.
LâAriĂšge
MazĂšres est une ville protestante oĂč une communautĂ© morave avait pris pied[108]. Jean-AndrĂ© Gachon (1766-1838) y est pasteur de 1817 Ă 1838[109]. Henri Pyt (1796-1835) exerce son premier ministĂšre hors de Suisse Ă Saverdun en 1818-1819[110]. Selon une lettre de Charles Cook de 1819, le pasteur Gachon aurait converti plus de 300 personnes dans la rĂ©gion de MazĂšres[111].
Le Nord de la France
DĂšs l'Ădit de tolĂ©rance et jusque dans les annĂ©es 1810, les anciens pasteurs, qui avaient connu les difficultĂ©s de la clandestinitĂ© et parfois la prison, abattirent un travail considĂ©rable pour ranimer le protestantisme dans ses foyers traditionnels et prĂ©parent ainsi activement le RĂ©veil. On peut citer les pasteurs Jean De Visme (1760-1819) ou Jean-Baptiste NĂ©e (1756-1826). Leur succĂšde une gĂ©nĂ©ration de pasteurs revivalistes comme Antoine Colani (1783-1844), venu de Suisse qui, Ă partir de 1811, dĂ©veloppe fortement sa paroisse de LemĂ© tout en visitant rĂ©guliĂšrement les communautĂ©s alentour, qu'elles soient rĂ©formĂ©es ou baptistes[112].
Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1820, les colporteurs-Ă©vangĂ©listes commencent Ă sillonner le Nord et la Picardie. LâĂ©vangĂ©liste suisse Antoine Porchat sâinstalla dans la Somme en 1822. Des rĂ©veils se manifestĂšrent dans diffĂ©rentes paroisses rurales rĂ©formĂ©es telles que Sautin, Hargicourt ou Templeux-le-GuĂ©rard[113]. Ces rĂ©veils renforcĂšrent la vitalitĂ© de ces paroisses rurales, mais aussi celles de grandes villes voisines, Saint-Quentin, Douai, LiĂ©vin et finalement l'agglomĂ©ration de Lille. En Picardie mĂ©ridionale, un colportage Ă©vangĂ©lique baptiste parti de Genlis et Manicamp touche Chauny et La FĂšre dans les annĂ©es 1830, grĂące notamment Ă une femme, Esther Carpentier, et au pasteur Jean-Baptiste CrĂ©tin (1813-1893), originaire dâOrchies[114].
La SociĂ©tĂ© chrĂ©tienne du Nord est fondĂ©e en 1843 afin dâĂ©vangĂ©liser le Nord et la Picardie (elle Ă©tend ensuite son action Ă la Champagne et Ă la Lorraine. Outre lâaide apportĂ©e aux paroisses dissĂ©minĂ©es, elle enregistre un certain nombre de rĂ©veils locaux : en 1846, Ă CrĂšvecĆur, un village entiĂšrement catholique prĂšs de Cambrai, un groupe dâhabitants demande un pasteur, quâon lui envoie ; le mĂȘme phĂ©nomĂšne se reproduit Ă plus grande Ă©chelle en 1851 Ă Fresnoy-le-Grand, prĂšs de Saint-Quentin, oĂč la nouvelle paroisse compte dâemblĂ©e 300 membres, puis en 1860 Ă Maubeuge et Ă Troissy, non loin dâĂpernay, en 1863[115].
Câest ensuite le bassin minier qui sera atteint par les Ă©vangĂ©listes : des postes paroisses sont fondĂ©es Ă LiĂ©vin en 1882, Hersin-Coupigny et Bruay en 1885, HĂ©nin-LiĂ©tard en 1888, Beuvry en 1890, Sin-le-Noble en 1892[116].
DĂšs 1810, un rĂ©veil baptiste spontanĂ© a commencĂ© Ă Nomain et il sâĂ©tend ensuite, avec le soutien de Pyt, autour de Douai. Les baptistes, aidĂ©s par des financements venus d'AmĂ©rique, dĂ©veloppent en outre dĂšs les annĂ©es 1830 trois communautĂ©s qui regroupent au milieu du XIXe siĂšcle quelque 350 fidĂšles essentiellement d'origine catholique :
- Chauny, dont le pasteur est un jeune instituteur lillois issu du catholicisme, Victor Lepoids (1817-1890),
- La FÚre, avec le jeune pasteur Irénée Foulon (1824-1885),
- Verberie - Saint-Sauveur (Oise)[114].
Le Pays de Montbéliard
Le piĂ©tisme est prĂ©sent au Pays de MontbĂ©liard dĂšs les dĂ©buts du RĂ©veil. Une quinzaine de groupes piĂ©tistes y fonctionnent dĂ©jĂ en 1820, notamment Ă MontbĂ©liard, BĂ©thoncourt, Terre-Blanche et Colombier-Fontaine. Leur origine est dâabord due Ă lâinfluence germanique, retransmise notamment par le pasteur Jean-FrĂ©dĂ©ric Nardin (1687-1728) qui appela sans relĂąche les protestants Ă se rĂ©veiller de 1699 Ă 1728, et dont les sermons continuent Ă circuler bien des annĂ©es plus tard, et sans doute aussi Ă une discrĂšte influence morave (les Moraves sont par exemple prĂ©sents dans le village de MontĂ©cheroux[108]). Comme partout, ces piĂ©tistes se rĂ©unissent dans les maisons et les granges sans cesser de participer Ă la vie de leur paroisse. En outre, un pasteur suisse du nom de Henri Jacquet fonde, en 1822 Ă Glay, un institut de formation (qui existe toujours : câest le Centre de Glay, rattachĂ© aujourdâhui Ă lâĂglise luthĂ©rienne du Pays de MontbĂ©liard), ayant pour but de former des instituteurs-Ă©vangĂ©listes. PiĂ©tiste et trĂšs actif, Jaquet incommode les dirigeants de lâĂglise luthĂ©rienne concordataire et il est rĂ©voquĂ© en 1833, ce qui pousse ses disciples Ă essaimer. Lâun dâentre eux est FrĂ©dĂ©ric ViĂ©not, pĂšre de John ViĂ©not, et collaborateur temporaire de John Darby. Le passage de ce dernier dans la rĂ©gion en 1850 dĂ©termine le rattachement dâune petite dizaine de groupes aux assemblĂ©es de FrĂšres : MontbĂ©liard, Bethoncourt, Terre-Blanche, Colombier-ChĂątelot, Beutal, DĂ©sandans, Lougres, Longevelle[66].
On note lâouverture, en 1875 Ă MontbĂ©liard, dâune chapelle Ă©vangĂ©lique Ă lâinitiative du baron Ădouard de Chabaud-Latour, frĂšre de Rosine de Chabaud-Latour, alliĂ© Ă la famille industrielle montbĂ©liardaise Roux[117]. Ce lieu de culte ferme en 1923, mais est ensuite occupĂ© par l'ArmĂ©e du salut[118].
Les Hautes-Alpes
Dans lâun des anciens terroirs marquĂ©s par la persĂ©cution des Vaudois, la persĂ©vĂ©rance du Suisse FĂ©lix Neff provoque en 1825 un RĂ©veil dans les hautes vallĂ©es du Queyras : FreissiniĂšres, Dormilhouse, Le Minsas, La Combe⊠Ces rĂ©gions au climat rigoureux sont dĂ©shĂ©ritĂ©es : FĂ©lix Neff est leur Oberlin ; se souvenant de son expĂ©rience dâapprenti jardinier et auteur dans sa jeunesse dâun petit traitĂ© dâarboriculture, il introduit de nouvelles cultures particuliĂšrement la pomme de terre qui nây Ă©tait pas encore cultivĂ©e, les canaux dâirrigation sont restaurĂ©s, des Ă©coles sont bĂąties, une sociĂ©tĂ© dâĂ©vangĂ©lisation est ouverte Ă FreissiniĂšres[119]. TouchĂ© par une maladie Ă lâestomac et sans doute Ă©puisĂ© par son activitĂ© si intense, Neff doit quitter la rĂ©gion en 1827 et meurt en 1829 Ă GenĂšve, quatre jours aprĂšs son 32e anniversaire[32].
LâĆuvre ainsi laissĂ©e sans pasteur est reprise quelque temps par des prĂ©dicateurs mĂ©thodistes, avant que le ComitĂ© protestant de Lyon se prĂ©occupe en 1856 dâaider ces communautĂ©s isolĂ©es en rĂ©unissant toutes les bonnes volontĂ©s venues de Suisse, dâItalie (la « table vaudoise ») ou dâAngleterre[120].
Ă Bordeaux
Le RĂ©veil prend son essor Ă Bordeaux notamment sous la conduite du pasteur Antoine Vermeil, de 1824 Ă 1840, avec notamment la crĂ©ation dâun « bureau de charitĂ© protestante », dâune « sociĂ©tĂ© de bienfaisance» permettant aux dames protestantes de la ville de soutenir le « bureau de charitĂ© », dâune Ă©cole du dimanche, dâune Ă©cole primaire protestante, dâune salle d'asile, dâun deuxiĂšme temple (le temple des Chartrons) et dâun cimetiĂšre protestant[121].
Difficultés avec les autorités publiques
Le statut de libertĂ© de culte accordĂ© par le Concordat de 1802 Ă©tait accompagnĂ© de nombreuses restrictions opposables aux activitĂ©s dâĂ©vangĂ©lisation : le culte devait se tenir dans les temples. Aucune association, action dâĂ©vangĂ©lisation, aucun prosĂ©lytisme nâĂ©tait tolĂ©rĂ©. La loi sur le sacrilĂšge ne protĂ©geait que le culte catholique et, dans certains localitĂ©s, obligation Ă©tait faite par les reprĂ©sentants de lâĂtat Ă la population de pavoiser pour les fĂȘtes catholiques sans considĂ©ration de leur religion, ce qui provoqua des incidents avec le consistoire protestant de Barre-des-CĂ©vennes en 1818. Le pasteur Paul Roman de Lourmarin fut condamnĂ© en premiĂšre instance pour une rĂ©bellion du mĂȘme ordre en 1819, puis acquittĂ© en appel. Une nouvelle affaire Ă Marseille lâannĂ©e suivante met fin Ă ces exigences gouvernementales[122]. En 1825 et 1826, lâouverture de nouveaux temples protestants Ă Paris et Ă Lyon furent refusĂ©es par les autoritĂ©s. En 1826, le prince de Salm, qui avait abjurĂ© le catholicisme Ă Strasbourg, fut expulsĂ© de France par ordre ministĂ©riel[123]. En 1838, un pasteur fut condamnĂ© pour avoir tenu une rĂ©union dans sa maison et un arrĂȘt de la cour dâOrlĂ©ans favorable Ă la libertĂ© religieuse fut cassĂ© par la Cour suprĂȘme et, en 1844, AgĂ©nor de Gasparin plaida en vain la cause de la libertĂ© religieuse Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s. La rĂ©volution de 1848 met fin Ă cette guerilla administrative anti-protestante[122].
Polémiques avec le catholicisme
La visibilitĂ© accrue du protestantisme et de son Ă©lite parisienne a pour effet dâirriter non seulement les autoritĂ©s (qui rĂ©compensĂšrent dâune pension trois pasteurs qui sâĂ©taient convertis au catholicisme et firent imprimer leurs Ă©crits par lâimprimerie nationale), mais aussi une partie de lâĂglise et de lâĂ©lite intellectuelle catholique, qui rĂ©agit parfois avec une grande violence. Ainsi, lâacadĂ©micien ultra-conservateur Louis de Bonald, qui considĂšre la RĂ©forme protestante comme une cause du dĂ©rĂšglement de la sociĂ©tĂ©, ne craint pas dâĂ©crire dans le journal royaliste La Quotidienne : « Les pĂšres de votre Ă©glise lâont fondĂ©e par la luxure, le parjure, le meurtre ». Joseph de Maistre et Lamennais sont parmi les penseurs les plus critiques, mĂȘlant souvent la politique et la religion â on est sous la Restauration. Du cĂŽtĂ© protestant, Paul Stapfer, Henri Pyt et Samuel Vincent leur rĂ©pondent et alimentent les polĂ©miques[123].
Le séparatisme
La difficultĂ© du RĂ©veil Ă transformer de lâintĂ©rieur les Ăglises Ă©tablies se traduit par une tendance au sĂ©paratisme, câest-Ă -dire, face Ă la rĂ©sistance des institutions, Ă la constitution dâĂglises indĂ©pendantes des structures existantes, soit au niveau paroissial soit au niveau des unions dâĂ©glises :
- Câest le cas dĂ©jĂ du mĂ©thodisme oĂč John Wesley franchit, poussĂ© par les Ă©vĂ©nements, le pas que George Whitefield nâavait pas voulu franchir, et organise une vĂ©ritable Ăglise parallĂšle Ă lâanglicanisme ;
- Câest le cas des Ăglises libres qui sâĂ©tablissent Ă GenĂšve dĂšs le dĂ©but du RĂ©veil francophone ou de lâUnion des Ăglises Ă©vangĂ©lique libres de France, Ă©tablie par FrĂ©dĂ©ric Monod et AgĂ©nor de Gasparin aprĂšs la division survenue Ă propos de la confession de foi lors de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du protestantisme de 1848[72] - [73]. De la mĂȘme maniĂšre, Adolphe Monod avait Ă©tĂ© amenĂ© Ă crĂ©er une Ă©glise Ă©vangĂ©lique libre Ă Lyon en 1833 aprĂšs cinq ans de luttes acrimonieuses avec son consistoire[124].
- Pour des raisons plus fondamentales, câest le cas du darbysme, dont le fondateur estime que les structures ecclĂ©siales existantes sont nocives.
Le sĂ©paratisme conduit Ă un certain nombre de tensions et parfois de violences entre les nouvelles communautĂ©s et les anciennes. Ains, en 1835 Ă Vauvert, le jour de lâinauguration de la chapelle mĂ©thodiste, le pasteur rĂ©formĂ© enflamme-t-il les esprits en lisant en chaire une longue lettre contre les wesleyens et le prĂ©dicateur mĂ©thodiste, M. Hocart, est-il accueilli par des jets de pierre, et son sermon est-il interrompu par des moqueries de toutes sortes. Les faits se reproduisent les jours suivants, le pasteur mĂ©thodiste Jean-Louis Rostan est molestĂ©, la chapelle est vandalisĂ©e et sa toiture trĂšs endommagĂ©e par les manifestants. Il faut lâintervention la plus ferme des autoritĂ©s pour ramener le calme malgrĂ© lâĂ©chauffement des esprits[125].
La crise irvingienne
Le pasteur presbytĂ©rien Ă©cossais Edward Irving, prĂ©dicateur Ă©mĂ©rite, est Ă lâorigine du dĂ©veloppement dâune doctrine millĂ©nariste apparue dans le cadre dâun groupe pentecĂŽtiste se rĂ©unissant en Angleterre. Soutenu financiĂšrement par Henry Drummond (1786-1860) (celui-lĂ mĂȘme qui avait succĂ©dĂ© Ă Haldane Ă GenĂšve)[126], il sera lâorganisateur de lâĂglise catholique-apostolique qui regroupera des chrĂ©tiens de diverses confessions partageant lâattente dâun retour imminent du Christ. Aujourdâhui presque Ă©teint, ce groupe dit « irvinguien » attirera Ă lui un certain nombre de prĂ©dicateurs du RĂ©veil, comme Pierre MĂ©janel, ce qui contribue Ă freiner lâexpansion du RĂ©veil francophone.
Le RĂ©veil en Belgique
Le Réveil réformé évangélique
Le RĂ©veil se diffuse en Belgique sous lâinfluence du pasteur genevois Jean-Henri Merle d'AubignĂ©, dont la vocation pastorale a Ă©tĂ© inspirĂ©e par Robert Haldane lors de son sĂ©jour Ă GenĂšve. Pasteur de lâĂglise protestante de la Chapelle royale Ă Bruxelles de 1823 Ă 1830, puis professeur Ă lâĂcole de lâOratoire de GenĂšve, qui relĂšve d'une Ă©glise issue du RĂ©veil, dissidente par rapport Ă lâĂglise officielle genevoise, il se consacre Ă partir de 1830 Ă l'Ă©vangĂ©lisation dans l'esprit du RĂ©veil. Le , un agent de la British Bible Society, W. P. Tiddy, et des pasteurs belges, suisses et français, dont Jonathan de Vismes, pasteur de Dour, et François de Faye, pasteur de Tournai, fondent la SociĂ©tĂ© Ă©vangĂ©lique belge (SEB), dont l'action missionnaire est centrĂ©e sur la Wallonie. La SEB est dâemblĂ©e marquĂ©e par la pensĂ©e du thĂ©ologien suisse Alexandre Vinet, qui privilĂ©gie une Ăglise de type confessant. Hostile Ă toute ingĂ©rence des autoritĂ©s en matiĂšre de foi, la SEB devient, en 1849, lâĂglise chrĂ©tienne missionnaire belge (ECMB). Elle reconnaĂźt la Confessio Belgica de 1561, Ćuvre du pasteur Guy de BrĂšs, comme expression de sa croyance et adopte une organisation presbytĂ©rienne, dĂ©centralisĂ©e, basĂ©e sur l'auto-administration locale et lâautoritĂ© d'un synode national Ă©lu. Entre 1877 et 1912, lâECMB passe de 7 000 Ă 11 000 membres, parmi lesquels 7 000 habitent les vastes rĂ©gions industrielles wallonnes. LâĂcole de thĂ©ologie de l'Oratoire de GenĂšve formera les premiers pasteurs wallons, comme le Borain Hector Cornet-Auquier[127] - [128]. En 1890, ce sont les Ăglises baptistes qui sâimplantent en Belgique tandis les Ăglises rĂ©formĂ©es des Pays-Bas implantent deux communautĂ©s dans le pays[129]. En 1853 Ă Bruxelles, les YMCA/YWCA (en français : UCJG, Union chrĂ©tienne de jeunes gens/jeunes filles) ouvrent une branche belge qui formera de nombreux jeunes Ă l'engagement social et ecclĂ©sial. En 1854 apparaissent des AssemblĂ©es de FrĂšres (ou darbystes). En 1875, le pasteur Nicolas de Jonge ouvre Ă Bruxelles une Ă©cole de formation dâĂ©vangĂ©listes que le futur peintre Vincent Van Gogh frĂ©quentera[129] - [130]. Ce dernier, fils d'un pasteur nĂ©erlandais, sera briĂšvement Ă©vangĂ©liste dans le milieu ouvrier du Borinage, en 1879-1880[131] - [132]. Le pasteur de Jonge crĂ©e ensuite lâassociation nĂ©erlandophone Silo qui regroupe deux Ă©coles, une clinique, une imprimerie et huit communautĂ©s[129]. En 1908 est crĂ©Ă©e la SociĂ©tĂ© belge des missions protestantes au Congo qui va mener s'investir au Congo puis, aprĂšs 1918, Ă©galement au Rwanda et au Burundi[129] - [130].
Le Réveil réformé libéral
En 1880 est fondĂ©e lâĂglise protestante libĂ©rale de Bruxelles.
La théologie du Réveil
Lâhistorien du protestantisme Ămile LĂ©onard distingue trois tendances au sein du RĂ©veil francophone[133] :
- Un rĂ©veil piĂ©tiste, qui mise sur lâĂ©motion religieuse et insiste sur lâaccĂšs de chaque chrĂ©tien Ă une relation personnelle avec JĂ©sus-Christ ; ses principaux promoteurs sont notamment Robert Haldane, Henri-Louis Empeytaz, Ami Bost, puis les mĂ©thodistes.
- Un rĂ©veil orthodoxe, principalement axĂ© sur un retour aux affirmations fondamentales du christianisme telles quâelles ressortent de la thĂ©ologie calviniste, avec les pasteurs et Ă©vangĂ©listes CĂ©sar Malan, FĂ©lix Neff, Adolphe Monod, Louis Gaussen ou encore Jean de Visme.
- Un rĂ©veil intellectualiste libĂ©ral, avec Samuel Vincent, Louis-Ferdinand FontanĂšs, TimothĂ©e Colani et les membres de « lâĂcole de Strasbourg »[2] - [134].
HĂ©ritage du RĂ©veil
Le renouveau du protestantisme Ă©tabli
Selon les diffĂ©rents historiens du RĂ©veil, les « rĂ©veillĂ©s » ne rĂ©ussirent certes ni Ă convertir leur pays comme ils sâen Ă©taient fixĂ© lâobjectif, ni mĂȘme la majoritĂ© de leurs coreligionnaires mais, influant sur lâensemble des protestants, ils provoquĂšrent une vĂ©ritable renaissance du protestantisme francophone. NumĂ©riquement dâabord, Gustave Lagny observe par exemple que les effectifs pastoraux français font plus que doubler entre 1829 et 1843 : on est passĂ© en 15 ans de 305 Ă 765 pasteurs[135]. Alice Wemyss note que le RĂ©veil modernise le protestantisme Ă plusieurs points de vue :
- Il le dote dâune sĂ©rie dâinstitutions et de pratiques jusquâalors inconnues telles que le chant de cantiques (au lieu des anciens psaumes et chorals), les Ă©coles du dimanche, les Ă©tudes bibliques, les rĂ©unions de priĂšre et mĂȘme les enterrements prĂ©sidĂ©s par un pasteur, conçus au dĂ©but comme un moyen dâĂ©vangĂ©lisation[136].
- Il donne aux femmes une place importante, ne serait-ce que par lâimportance de certaines figures de proue fĂ©minines du RĂ©veil parisien telles que Rosine de Chabaud-Latour, trĂšs proche de la famille Guizot, Mme Jules Mallet nĂ©e Ămilie Oberkampf, ou Henriette AndrĂ©-Walther, fille du gĂ©nĂ©ral FrĂ©dĂ©ric Henri Walther[137], sans oublier Caroline Malvesin, fondatrice des diaconesses de Reuilly. Enfin, ce sera une femme, Catherine Booth-Clibborn, faisant Ă©quipes avec deux autres femmes, qui sera, non sans peine, lâinitiatrice de lâArmĂ©e du Salut en France (en 1881) puis en Suisse.
- Il permet au protestantisme de sâadapter face Ă lâexode rural et Ă la perte de substance des paroisses rurales traditionnelles.
- Il ouvre la voie au christianisme social et les patrons issus du RĂ©veil seront citĂ©s en exemple, y compris par le pape Paul VI, qui citera particuliĂšrement Daniel Legrand, disciple dâOberlin[137].
LâĂ©clatement en de multiples dĂ©nominations
L'historien Ămile LĂ©onard souligne que les divisions et les querelles entre Ăglises, voire au sein des Ăglises, ont partiellement gommĂ© une partie des bĂ©nĂ©fices du RĂ©veil au cours de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle[138].
LâĂ©lan missionnaire
Le piĂ©tisme de Spener et surtout Francke, puis le RĂ©veil sont les facteurs de mobilisation missionnaire afin d'annoncer l'Ăvangile dans le monde entier[139]. Le mouvement missionnaire prend une ampleur toute nouvelle avec la crĂ©ation des diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s des missions qui vont durablement dĂ©velopper et structurer l'effort missionnaire protestant. De maniĂšre non exhaustive, on peut citer[140] :
- Baptist Missionary Society (1792)
- London Missionary Society (1795)
- Société des missions néerlandaise (en néerlandais: Nederlandsch Zendelinggenootschap, 1797)
- American Board of Commissionners for foreign Mission (1810)
- Société évangélique des missions de Bùle (1815)
- Société des missions évangéliques de Paris (1824)
- Société des missions évangéliques de Lausanne (1826)
- Société belge des missions protestantes au Congo (1908)[130].
La SociĂ©tĂ© des missions de Paris, nĂ©e en marge du protestantisme Ă©tabli et active propagatrice du RĂ©veil en France, se tient Ă©loignĂ©e de tout dogmatisme et entend s'appuyer sur une spiritualitĂ© vivante, ce qui lui vaut des dĂ©buts difficiles, mais elle finit par ĂȘtre reconnue. Son dĂ©veloppement suit les appels reçus des diffĂ©rents champs de mission : c'est d'abord le Lesotho oĂč les premiers missionnaires arrivent dĂšs 1829, renouant sur place avec quelques huguenots Ă©migrĂ©s 150 ans auparavant. C'est un plein succĂšs et une Ăglise africaine indĂ©pendante y est solidement Ă©tablie Ă la fin du siĂšcle. Suivent le SĂ©nĂ©gal, la PolynĂ©sie, la Zambie, le Gabon, Madagascar, les Iles LoyautĂ© et la Nouvelle-CalĂ©donie puis, aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale des territoires prĂ©cĂ©demment allemands comme le Togo ou le Cameroun[141]. Le Service protestant de mission de Paris actuel (aussi dĂ©nommĂ© DEFAP) est l'hĂ©ritier de cette sociĂ©tĂ© missionnaire.
La Société des missions évangéliques de Lausanne n'opÚre que jusqu'en 1857. Au cours de ses années d'activité, elle a le temps de lancer des missions en Afrique, par exemple au Mozambique, ainsi qu'une mission en Amérique du Nord auprÚs des Amérindiens sioux, qu'elle remettra à l'American Board en 1845[142]. Elle forme aussi Henriette Feller, une baptiste, qui se consacrera à l'évangélisation en terre catholique au Québec.
Les mouvements et les Ćuvres
Ă lâissue de la crise du RĂ©veil, le « monopole ecclĂ©siastique », qui voulait que seules les Ăglises soient habilitĂ©es Ă transmettre le message de lâĂvangile, est abandonnĂ©. Ce sont les Ćuvres et les mouvements qui vont prendre le relais et de loin surpasser lâinfluence des seules Ăglises[138]. Certains de ces mouvements ou organisations sont nĂ©s en France, dâautres sont internationaux et arrivent en France et en Suisse sur les talons du RĂ©veil. Ils ont dĂ©cuplĂ© les capacitĂ©s dâinfluence des Ăglises.
- Les Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens et leur Ă©quivalent fĂ©minin (en anglais YMCA et YWCA), fondĂ©es en Angleterre en 1844 par un petit groupe de jeunes rĂ©voltĂ©s par les conditions matĂ©rielles et morales dĂ©volues Ă la jeunesse ouvriĂšre et rĂ©unis autour dâun ouvrier drapier de 23 ans, George Williams, un anglican devenu congrĂ©gationaliste Ă la suite de son expĂ©rience de RĂ©veil. Ce mouvement devient en quelques annĂ©es un mouvement international (prĂ©sent dans neuf pays en 1851), se faisant le promoteur dâune vie saine et sainte par le sport, la rĂ©flexion intellectuelle et la pratique religieuse. La fondation officielle des Unions chrĂ©tiennes de jeunes gens en France et en Suisse en 1852 puis en Belgique en 1853, se fait sur les traces du RĂ©veil. Henri Dunant, futur fondateur de la Croix-Rouge, fait partie de lâUnion de Paris en 1852.
- La Mission populaire évangélique du pasteur Robert Whitaker McAll, qui se lance en 1871 à Paris, va donner lieu ensuite au développement :
- Du scoutisme protestant, le premier Ă apparaĂźtre en France, soit sous forme confessionnelle (les Ăclaireurs unionistes), soit sous forme laĂŻque (les Ăclaireurs de France), avant de sâĂ©tendre Ă dâautres milieux
- De coopĂ©ratives appliquant les idĂ©es de lâĂcole de NĂźmes, mouvement coopĂ©ratif inspirĂ© par l'Ă©conomiste protestant Charles Gide et soutenu le pasteur Tommy Fallot.
De multiples Ćuvres sociales issues du RĂ©veil subsistent au XXIe siĂšcle, certaines ayant perdu leur caractĂšre Ă©vangĂ©lique au profit d'une vocation purement sociale, mais toutes ayant rĂ©sultĂ© du mĂȘme Ă©lan initial :
- Les asiles de La Force fondĂ©es par John Bost (fils dâAmi Bost), institution sanitaire et mĂ©dico-sociale protestante Ă but non lucratif, reconnue dâutilitĂ© publique depuis 1877, qui accueille des personnes (enfants, adolescents, adultes et seniors) souffrant de troubles psychiques et de handicap physique et/ou mental, ainsi que des personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes[143],
- Les établissements hospitaliers ou résidences pour personnes ùgées dépendant des diaconesses de Strasbourg ou des diaconesses de Reuilly,
- La Croix-Rouge, dont le fondateur, Henry Dunant, avait été touché par le Réveil[144],
- L'Ăcole pratique de service social, fondĂ©e Ă Paris en 1913 par le pasteur revivaliste Paul Doumergue, dont le programme d'enseignement a directement inspirĂ© celui prĂ©conisĂ© pour le diplĂŽme d'Ătat dâassistant de service social (qui est le premier diplĂŽme officiel crĂ©Ă© en France dans ce domaine)[145].
Notes et références
- LĂ©onard 1964, p. 157-217.
- Jean-Marc Daumas, Les origines du rĂ©veil au XIXe siĂšcle, La Revue rĂ©formĂ©e, tome XLVIII, no 194 - 1997/3 (), Ăditions Kerygma, (ISSN 1777-5698)
- Wemyss 1977, p. 216.
- Maury 1892, p. 13-15.
- Ămile LĂ©onard, Histoire gĂ©nĂ©rale du protestantisme, tome III « DĂ©clin et renouveau » (Paris: PUF, 1964), p. 190.
- Wemyss 1977, p. 45.
- Maury 1892, p. 316-319.
- Philippe Jacob Spener, le « deuxiĂšme rĂ©formateur », in « La RĂ©forme 500 aprĂšs, le protestantisme en Alsace, Les Saisons dâAlsace Hors SĂ©rie hiver 2016/2017, , Ă©diteur : DerniĂšres Nouvelles dâAlsace, p. 35.
- Timothy Maschke, Philipp Spener's Pia Desideria, Lutheran Quarterly, no 6 (1992), p. 193.
- Marc Lienhard, « Introduction », dans Pia desideria, coll. « Les Cahiers d'Arfuyen » (no 65) (ISBN 2908825023, présentation en ligne).
- (en) Vaughn Scribner, « Transatlantic Actors: The Intertwining Stages of George Whitefield and Lewis Hallam Sr., 1739â1756 », Journal of Social History, vol. 50, no 1,â , p. 1â27 (ISSN 1527-1897, DOI 10.1093/jsh/shw006)
- La formule du Consensus helvĂ©tique sera dĂ©noncĂ©e en 1706 par la compagnie des pasteurs de GenĂšve, sous lâinfluence notamment de Jean-Alphonse Turretin et la thĂ©ologie libĂ©rale de lâĂ©cole de Saumur deviendra dĂšs lors prĂ©dominante Ă GenĂšve. Voir Simon Scharff : François Turretin, ThĂ©ologien de lâorthodoxie classique, article de La Revue rĂ©formĂ©e, n° 227â2004/2, tome LV, mars 2014, consultĂ©e en ligne le 8 octobre 2017
- LĂ©on Maury, Le RĂ©veil religieux dans lâĂglise rĂ©formĂ©e Ă GenĂšve et en France (Paris, 1892), 2 vol., tome 1, p. 5
- Maury 1964, p. 15-19.
- Gabriel MĂŒtzenberg, « CellĂ©rier, Jean-Isaac-Samuel » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Sous lâinfluence du thĂ©ologien calviniste Charles Simeon (1759-1836) Spark of Grace - A book about the "Haldane Revival" in France, par Joe Ridholls. Haldane Ă©tait personnellement favorable au baptĂȘme des adultes, mais il nâen fit pas Ă©tat pendant son sĂ©jour Ă GenĂšve.
- Ces commentaires de lâĂ©pĂźtre aux Romains ont Ă©tĂ© par la suite publiĂ©es en français.
- Robert et James Haldane, leurs travaux Ă©vangĂ©liques en Ăcosse, en France et Ă GenĂšve (Lausanne, 1859, traduit par Petitpierre), tome II, 24ss., citĂ© par Jean-Marc Daumas, in Les origines du rĂ©veil au XIXe siĂšcle, La Revue rĂ©formĂ©e no 194, 1997/3 (), tome XLVIII .
- Benjamin Chaix, Le RĂ©veil divise lâĂglise protestante de GenĂšve, article de la Tribune de GenĂšve, du , consultĂ© le
- Luc-Olivier Décoppet, « 2017 : le Réveil de GenÚve a 200 ans ! », site lafree.ch, consulté le
- Ămile G. LĂ©onard, Histoire gĂ©nĂ©rale du protestantisme, tome III « DĂ©clin et renouveau » (Paris: PUF, 1964), p. 193.
- Selon Wiktionary (accĂ©dĂ© le ), mot qui dĂ©signe les piĂ©tistes, surtout en Suisse, probablement issu de lâancien français mommerie (« mascarade »), dont le sens a Ă©voluĂ© vers bigoterie, affectation de pratiques religieuses.
- Jean-Pierre Bastan, La fracture religieuse vaudoise 1847-1966, GenĂšve, Labor et Fides, , 402 p. (ISBN 978-2-8309-1590-7).
- Notice sur Louis Germond« Réveil protestant francophone » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- « Bienvenue à Saint-Loup », sur saint-loup.ch (consulté le )
- « Alexandre Vinet (1797-1847) », sur museeprotestant.org (consulté le )
- « Réveil protestant francophone » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- Lagny 1958, p. 29-30.
- Maury 1892, p. 221-230.
- Maury 1892, p. 240.
- Maury 1892, p. 258.
- Les renseignements biographiques de ce paragraphe ont Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©s dans la base de donnĂ©es ââPasteursââ qui contient plus de 42 500 donnĂ©es fiches concernant les pasteurs protestants ayant exercĂ© en France .
- Pierre-Daniel Bourchenin, Daniel Encontre, son rÎle dans l'église, sa théologie, d'aprÚs des documents pour la plupart inédits : thÚse publiquement soutenue devant la Faculté de théologie protestante de Montauban, en mars 1877, Montauban, J. Vidallet, (lire en ligne).
- Maury 1892, p. 298-301.
- Maury 1892, p. 277.
- Maury 1892, p. 298-319.
- Maury 1892, p. 276.
- Maury 1892, p. 279-208.
- Maury 1892, p. 319-326.
- Pour les dates de création des nouvelles assemblées, voir la chronologie de Henry van Etten : Le quakerisme, Paris, 1953.
- Par exemple Ă CongĂ©nies, "Elisabeth Fourmaud, quaker, puis mĂ©thodiste, Ă©pouse en 1818 Louis Jaulmes, membre de lâĂglise rĂ©formĂ©e de CongĂ©nies. (âŠ) [ce] pĂšre RĂ©formĂ© et [cette] mĂšre quaker convertie mĂ©thodiste, [ont] trois fils pasteurs mĂ©thodistes [et] quatre fils dans lâĂ©glise rĂ©formĂ©e.", Actes du 2e Colloque sur les relations entre Quakers et RĂ©formĂ©s francophones Ă travers les siĂšcles (16-), intervention de Mme Christine Jaulmes, p. 3-4, Ăditeur : centre quaker de CongĂ©nies.
- Sébastien Fath, "Du ghetto au réseau: le protestantisme évangélique en France (1800-2005)", Numéro 47 de Histoire et société, Labor et Fides, GenÚve, 2005, (ISBN 9782830911398), 425 p., voir p. 119
- Maury 1892, p. 400.
- Maury 1892.
- Maury 1892, p. 403-415.
- Maury 1902, p. 404-406.
- (en) William Toase et William Arthur, Memorials of the Rev. William Toase : consisting principally of extracts from his journals and correspondence, illustrative of the rise and progress of Methodism in France and the Channel Islands : compiled by a friend ; with an introduction by William Arthur., Londres, Wesleyan Conference Office, , 224 p. (lire en ligne).
- Maury 1902, p. 422.
- Maury 1892, p. 415-434.
- « Union de lâĂglise ĂvangĂ©lique MĂ©thodiste de France (UEEMF) », sur Site du Conseil National des Ă©glises Ă©vangĂ©lique de France (consultĂ© le ).
- Maury 1892, p. 441.
- SĂ©bastien Fath, Une autre maniĂšre d'ĂȘtre chrĂ©tien en France: socio-histoire de l'implantation baptiste, 1810-1950, Editions Labor et Fides, GenĂšve, 2001, p. 101
- Sébastien Fath, Les débuts de l'implantation baptiste dans le Nord (1810-1821). In: Revue du Nord, tome 91, no 330, . p. 267-281; doi : 10.3406/rnord.1999.2916 lire en ligne, consulté le
- Kenneth J Stewart, Restoring the Reformation: British Evangelicalism and the Francophone 'Reveil' 1816-1849, Wipf and Stock Publishers, USA, 2006, p. 84
- SĂ©bastien Fath, Une autre maniĂšre d'ĂȘtre chrĂ©tien en France: socio-histoire de l'implantation baptiste, 1810-1950, Ăditions Labor et Fides, GenĂšve, 2001, p. 111-112
- SĂ©bastien Fath, Une autre maniĂšre d'ĂȘtre chrĂ©tien en France: socio-histoire de l'implantation baptiste, 1810-1950, Ăditions Labor et Fides, GenĂšve, 2001, p. 8
- Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism: Revised and expanded edition, Baylor University Press, USA, 2004, p. 458
- Massimo Introvigne, The Plymouth Brethren, Oxford University Press, USA, 2018, p. 31
- Massimo Introvigne, The Plymouth Brethren, Oxford University Press, USA, 2018, p. 40-41
- BBC, Museum opens for Bristol orphanage founder George MĂŒller, bbc.com, UK,
- William H. Brackney, Historical Dictionary of Radical Christianity, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 99
- Samuel S. Hill, Charles H. Lippy, Charles Reagan Wilson, Encyclopedia of Religion in the South, Mercer University Press, USA, 2005, p. 246
- Pierre-Henry Nau, « Texte rédigé à l'occasion de l'exposition d'histoire "En Dieu mon appuy", à Montbéliard en septembre 1999 », sur Filéo, Le site d'information des Assemblées Chrétiennes dites "de frÚres" d'Europe francophone, (consulté le ).
- « Assemblées de FrÚres dites darbystes », sur Site du Conseil National des églises évangélique de France (consulté le ).
- « John Nelson Darby (1800-1882) », sur lexique-biblique.com (consulté le ).
- Etienne LaĂŒgt, « Histoire des assemblĂ©es de frĂšres en France », sur FilĂ©o, Le site d'information des AssemblĂ©es ChrĂ©tiennes dites "de frĂšres" d'Europe francophone, (consultĂ© le ).
- « Vision-France (V-F) », sur Site du Conseil National des églises évangélique de France (consulté le ).
- Burdette Crawford Poland, French Protestantism and the French Revolution, Princeton University Press, USA, 2015, p. 257
- Lagny 1958, p. 30-33.
- Fiche consacrée au temple du Luxembourg sur le site de l'Observatoire du Patrimoine religieux (OPR), consulté le
- Jean-François Zorn, Le grand siĂšcle d'une mission protestante: la Mission de Paris de 1822 Ă 1914, coll.MĂ©moire d'Ăglises, Ăditions Karthala, 2012, (ISBN 9782811106225), 791 pages, p. 571 et suivantes
- (en) John McClintock et James Strong, « Monod, Frédéric », dans John McClintock, James Strong, Cyclopaedia of Biblical, Theological, and Ecclesiastical Literature, vol. 6 (10 volumes), New York, Harper and Brothers, (lire en ligne), p. 504.
- « Monod, Frédéric », Dictionnaire historique de la Suisse.
- Lagny 1958, p. 444.
- Lagny 1958, p. 447.
- Lagny 1958, p. 446.
- Lagny 1958, p. 450-451.
- « Frédéric Monod (1794-1863 », sur museeprotestant.org, Musée virtuel du protestantisme (consulté le ).
- Selon le Dictionnaire historique des rues de Paris de Hillairet, lâĂglise rĂ©formĂ©e Ă©vangĂ©lique dispose alors de trois lieux de cultes parisiens : le premier Ă©difiĂ© par des AmĂ©ricains de plusieurs dĂ©nominations et dite « chapelle amĂ©ricaine Saint-HonorĂ© » se trouve au 21, rue de Berri (8e arrondissement), une autre se trouve dans le quartier des Ternes et la troisiĂšme est la Chapelle du Nord ; citĂ© dans « Historique de la Chapelle du Nord Ă Paris » sur le site Les temples protestants de France, consultĂ© le .
- Lagny 1958, p. 453.
- « Auguste Montandon », sur base.huguenots-france.org (consulté le )
- Bernard Reymond, « Samuel Vincent (1787-1837) », sur museeprotestant.org (consulté le ).
- « Samuel Vincent », sur base.huguenots-france.org (consulté le ).
- « Georges Boissard » (consulté le ).
- « Jean-Jacques Goepp » (consulté le ).
- Lagny 1958, p. 452.
- « Louis Verny », sur base.huguenots-france.org (consulté le ).
- LĂ©onard 1964, p. 371.
- C'est par exemple le cas du pĂšre du pasteur Henri Nick.
- « La Société biblique française », sur alliancebiblique.fr (consulté le ).
- « Les pionniers : Frédéric LEO, Jean-Daniel KIEFFER », sur alliancebiblique.fr (consulté le ).
- LĂ©onard 1964, p. 237.
- Wemyss 1977, p. 135.
- « Antoine Galland », sur base.huguenots-france.org (consulté le ).
- « Henri Grandpierre », sur base.huguenots-france.org (consulté le ).
- Lagny 1958, p. 456.
- « Sociétés des Missions », sur museeprotestant.org (consulté le ).
- LĂ©onard 1964, p. 238.
- Lagny 1958, p. 41.
- Nathalie Paquereau et Stéphane Lauzet, « http://www.protestants.org/index.php?id=1682 », sur Protestants.org, (consulté le )
- Lagny 1958, p. 35.
- Page "Temple du Luxembourg à Paris", sur le site http://temples.free.fr, consulté le
- Maury 1902, p. 465.
- Lagny 1958, p. 48-49.
- LĂ©onard 1964, p. 372.
- Notice de la Revue de théologie et de philosophie chrétienne, BNF.
- Gustave Koch, Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne, 17, 1991, p. 1670-1672
- Lagny 1958, p. 30.
- « Jean-André Gachon » (consulté le )
- Isabelle Olekhnovitch, Henri Pyt, prédicateur du Réveil, Théologie évangélique, 2006, no 5.3, p. 287-292 [flte.fr/wp-content/uploads/2015/08/ThEv2006-3-Henri_Pyt_predicateur_Reveil.pdf]
- Maury 1902, p. 313.
- SĂ©bastien Fath et Jean-Paul Willaime, Une autre maniĂšre d'ĂȘtre chrĂ©tien en France : socio-histoire de l'implantation baptiste, 1810-1950, dans Histoire et sociĂ©tĂ©, numĂ©ro 41, Labor et Fides, , 1222 p. (ISBN 978-2-8309-0990-6, lire en ligne), p. 118
- Maury 1902, p. 330-331.
- « Les « Ă©vangĂ©liques » en Picardie du XIXe siĂšcle Ă nos jours. Les gros bataillons du protestantisme », MĂ©moires de la FĂ©dĂ©ration des SociĂ©tĂ©s d'Histoire et d'ArchĂ©ologie de l'Aisne, t. LV,â , p. 229 (lire en ligne)
- Puaux 1893, p. 63-65.
- Puaux 1893, p. 66.
- LĂ©on Sahler, Portraits montbĂ©liardais des XVIIIe et XIXe siĂšcles, Paris, Ădouard Champion, , 76 p. (lire en ligne), p. 65
- Bernard Ducouret, « Temple dit Eglise évangélique », sur Patrimoimne en Bourgogne Franche-Comté, (consulté le )
- Maury 1902, p. 379-380.
- Puaux 1893, p. 69.
- Lagny 1958, p. 48.
- Maury 1902, p. 469.
- Maury 1902, p. 471.
- Lagny 1958, p. 485-489.
- Maury 1902, p. 475-476.
- LĂ©onard 1964, p. 186-188.
- Pierre-Yves Charles, « Les Protestants Wallons. Histoire et Dictionnaire de 1517 à nos jours », inédit.
- Hector Cornet Ă©tudie la thĂ©ologie Ă GenĂšve de 1839 Ă 1846. Il prend le nom de Cornet-Auquier Ă partir de 1845. Voir : Crapuchet Simonne, « 2 - De la direction du complexe hĂŽpital-Ă©cole « Bagatelle » », dans : , Bagatelle 1930-1958. La Maison de santĂ© protestante de Bordeaux : prĂ©sences et dĂ©veloppements rĂ©cents, sous la direction de Crapuchet Simonne. Toulouse, ĂrĂšs, « ETHISS », 1992, p. 37-62. URL : https://www.cairn.info/bagatelle-1930-1958--9782865862238-page-37.htm
- « Bref historique », sur le site Protestanet, site du protestantisme belge (consulté le )
- « Le protestantisme en Belgique », sur Musée virtuel du protestantisme (consulté le )
- Bernard Zurcher, Vincent van Gogh. Vie et Ćuvre, Fribourg, Office du livre, , 326 p. (ISBN 2-09-284732-5), p. 20
- Michel MallĂšvre, Les Ă©vangĂ©liques (collection "Que penser de?", Namur, Ăditions jĂ©suites, , 120 p. (ISBN 978-2-87356-706-4, lire en ligne)
- « 1848 et lâessai de rĂ©organisation du protestantisme français », Revue de thĂ©ologie et dâaction Ă©vangĂ©liques (Aix, n 1, ), 50, citĂ© par Jean-Marc Daumas , in Les origines du rĂ©veil au XIXe siĂšcle, La Revue rĂ©formĂ©e no 194, 1997/3 (), tome XLVIII
- LĂ©onard 1964, p. 232.
- Lagny 1958, p. 37.
- Wemyss 1977, p. 217.
- Wemyss 1977, p. 219.
- LĂ©onard 1964, p. 386.
- LĂ©onard 1964, p. 469.
- LĂ©onard 1964, p. 492.
- LĂ©onard 1964, p. 493-509.
- Gerrit Jan Van Butselaar, Africains, missionnaires et colonialistes : les origines de l'Ăglise PresbytĂ©rienne du Mozambique (Mission Suisse), 1880-1896, Leyde, E. J. Brill, , 260 p., p. 22-23
- « Fondation John BOST - 24130 La Force - 24 Dordogne - organismes Handicap- National - Personnes Handicapées », sur Annuaire Sanitaire et Social (consulté le )
- LĂ©onard 1964, p. 415.
- GeneviĂšve Perrot, « Les savoirs en service social avant 1950 », Vie sociale, no 3,â , p. 33-43 (DOI 10.3917/vsoc.083.0033, lire en ligne)
Bibliographie
- LĂ©on Maury, Le RĂ©veil religieux dans lâĂglise rĂ©formĂ©e Ă GenĂšve et en France, vol. 2, Paris,
- Frank Puaux, Les Ćuvres du protestantisme français au XIXe siĂšcle : Exposition universelle de Chicago, publiĂ©es sous la direction de Frank Puaux, Paris, comitĂ© protestant français (Paris), , 480 p. (lire en ligne)
- Gustave Lagny, Le rĂ©veil de 1830 Ă Paris et les origines des diaconesses de Reuilly : une page d'histoire protestante, Lyon, Ăditions Olivetan, , 207 p. (ISBN 978-2-915245-92-9, lire en ligne)
- Ămile-Guillaume LĂ©onard, Histoire gĂ©nĂ©rale du protestantisme, vol. 3, Paris, Presses universitaires de France, , 786 p. (ISBN 978-2-13-041889-4)
- Christian Maillebouis, Les Momiers, la dissidence religieuse Ă Saint-Voy. 1820-1845, Mazet-Saint-Voy, 1990, 204 p.
- Christian Maillebouis, Vie et pensĂ©es dâun darbyste, A. DentanâŻ: 1805-1873, Mazet-Saint-Voy, SociĂ©tĂ© dâhistoire de la montagne, 1991, 174 p.
- Christian Maillebouis, « Influences darbystes au Mazet-Saint-Voy, dans la deuxiÚme moitié du XIXe siÚcle », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, 2003, p. 289-357.
- Christian Maillebouis, « Sur lâimplantation du âdarbysmeâ en France au XXe siĂšcle », Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 159, 2013, p. 329-364.
- Christian Maillebouis, « Le plateau du nord MĂ©zenc, terre dâĂ©lection du darbysme français », Cahiers de la Haute-Loire, 2016, p. 211-261.
- Christian Maillebouis, « Assemblées darbystes », dans Anne-Laure Zwilling (dir.), Les minorités religieuses en France, un état des lieux, Paris, CNRS, 2018, p. 964-979.
- Alice Wemyss, Histoire du RĂ©veil 1790-1849, Paris, Les Bergers et les Mages,