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Frères moraves

Les Frères moraves sont une dĂ©nomination protestante très ancienne puisqu'elle s'inspire de la prĂ©dication de Jan Hus[2], mort en 1415. Elle doit son nom au fait qu'une communautĂ© a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en Saxe par des exilĂ©s chassĂ©s de Moravie par la persĂ©cution religieuse. Cette dĂ©nomination apparentĂ©e aux Frères tchèques est rassemblĂ©e dans la communion Unitas Fratrum (« unitĂ© des frères »). Très ancrĂ©e dans la piĂ©tĂ© individuelle, dĂ©nuĂ©e de toute hiĂ©rarchie, cette petite communautĂ© de quelque 750 000 membres en 2015[3] est traditionnellement très active dans le domaine missionnaire et très attachĂ©e Ă  l'expression musicale de la foi.

Frères moraves
Logo de l'organisation
Sceau de l'Agnus Dei (vitrail de l’église morave à Winston-Salem, Caroline du Nord.)
Situation
Création XVe siècle
Type DĂ©nomination protestante
Organisation
Effectifs 1 210 000 membres (2018)[1]
Personnes clés Jan Hus, Petr Chelčický, Nikolaus Ludwig von Zinzendorf

Site web www.unitasfratrum.org

Historique

Jan Hus prêchant, manuscrit tchèque des années 1490.

À la suite de l’excommunication en 1412 et de la condamnation au bûcher en 1415 du réformateur Jan Hus, un mouvement prend naissance qui revendique la liberté de prêcher et qui s’oppose à la richesse du clergé. Lors de la Réforme, ce mouvement, l’Union des Frères ou Frères tchèques, se rallie au protestantisme. Mais après la révolte de Bohême qui se conclut en 1620 par la défaite des protestants à la bataille de la Montagne Blanche, l’Église hussite est persécutée en Moravie et doit opérer dans la dispersion et la clandestinité.

En , le comte Nikolaus Ludwig von Zinzendorf (1700-1760) accueille un groupe de Frères moraves sur ses terres de Berthelsdorf en Saxe. Ceux-ci fondent alors un nouveau village qu'ils appellent Herrnhut (c'est-à-dire "protection divine" ou "protection du Seigneur"). Sous l'impulsion de Zinzendorf lui-même puis de son successeur August Gottlieb Spangenberg, cette communauté développe par la suite une très forte activité missionnaire, notamment au Groenland, en Afrique et parmi les esclaves des Antilles. Ils bâtissent ainsi l'Église morave Friedensfeld à Christiansted dans les Îles Vierges des États-Unis. Plus tard, des congrégations de cette Église s’installent aux États-Unis.

Cette Église développe sa propre doctrine, voulant retrouver la fraternité des premiers chrétiens. Ils élisent leur clergé et, conservant leurs propres évêques, rejettent la hiérarchie religieuse locale. Ils traduisent la Bible en langue vulgaire. Dans ce mouvement, on prône l’importance de l’éducation et l’on dénonce l’intolérance religieuse. Des écoles secondaires et supérieures de bon niveau sont créées dans toute l’Europe, notamment à Neuwied en Allemagne.

De 1494 Ă  1550, les Frères moraves sont divisĂ©s en deux partis, le « parti mineur Â» et le « parti majeur Â». Les Frères du parti mineur sont considĂ©rĂ©s comme les premiers anti-trinitariens[4].

Idées de l’Église morave

Selon l'évêque morave britannique Clarence H. Shawe, cinq idées caractérisent l'Église morave[5] :

  • la simplicitĂ©, qui consiste Ă  se focaliser sur les Ă©lĂ©ments essentiels de la foi et Ă  ne pas s'engager dans les subtilitĂ©s de la dĂ©finition doctrinale. De cette simplicitĂ© dĂ©coulent des qualitĂ©s secondaires d'authenticitĂ© et de praticitĂ©.
  • le bonheur, qui est la rĂ©ponse naturelle et spontanĂ©e au don gratuit et gracieux du salut par Dieu.
  • la discrĂ©tion est basĂ©e sur la croyance que Dieu s'appuie sur la diversitĂ© des Ă©glises chrĂ©tiennes pour rĂ©pondre Ă  diffĂ©rents besoins spirituels. Il n'est donc pas nĂ©cessaire de chercher Ă  « convertir » des chrĂ©tiens appartenant Ă  d'autres Ă©glises. La source de l'unitĂ© chrĂ©tienne n'est pas extĂ©rieure, mais intĂ©rieure, dans la relation de chacun avec le Sauveur.
  • la fraternitĂ© est basĂ©e sur cette relation de cĹ“ur. Comme l'Ă©crit Shawe, « la fraternitĂ© [Ă  l'Ă©poque de Zinzendorf] signifiait non seulement un pont entre les diffĂ©rences thĂ©ologiques mais aussi les diffĂ©rences sociales; l'artisan et l'aristocrate Ă©taient rĂ©unis en frères et siĂ©geaient en tant que membres Ă©gaux dans le mĂŞme comitĂ© ».
  • l'esprit de service implique une attitude de service joyeux, dans l’Église mais aussi et surtout au service du monde « pour l'extension du Royaume de Dieu ». Historiquement, cela s'est traduit par de fortes contributions dans le travail Ă©ducatif et surtout dans le travail missionnaire.

Galerie

  • Jan Roh +1547
    Jan Roh +1547
  • Comenius 1592-1670
    Comenius 1592-1670
  • Nitschmann (de) 1695-1772
    Nitschmann (de) 1695-1772
  • Zinzendorf 1700-1760
    Zinzendorf 1700-1760
  • Jeune morave (1750s)
    Jeune morave (1750s)
  • Bechler (de) 1784-1857
    Bechler (de) 1784-1857
  • Ernst Julius von Seidlitz (1695-1766) Ă  Gnadenfrei en SilĂ©sie
    Ernst Julius von Seidlitz (1695-1766) à Gnadenfrei en Silésie

Bibliographie

  • Daniel S. LarangĂ©, La Parole de Dieu en BohĂŞme et Moravie : La tradition de la prĂ©dication de Jan Hus Ă  Jan Amos Comenius, Paris, L'Harmattan, coll. « Religions & spiritualitĂ© », [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 978-2-296-06552-9)
  • E.-A. Senft, L'Église de l'UnitĂ© des Frères (Moraves) : Esquisses historiques, Neuchâtel, Delachaux et NiestlĂ©, , 277 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. (de) « Die weltweite Brüder-Unität 2018 », Statistik, sur www.herrnhuter-missionshilfe.de, Herrnhuter Missionshilfe (HMH), (consulté le )
  2. Jean-Claude Faure, « Le géographe rebelle », Sud Ouest,‎
  3. (en) Welcome to the Moravian Church site de l'Église morave , accès le 12 juin 2015.
  4. L'Unité des Frères moraves : l'antitrinitarisme d'avant la réforme, article du 15 octobre 2009 publié par Fabien Girard.
  5. (en) Clarence H. Shawe, The Spirit of the Moravian Church [« L'esprit de l'Eglise morave »], Londres, The Moravian Book Room, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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