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John Viénot

John Viénot, né le à Asnières-lès-Bourges et mort le à Paris, est un pasteur et théologien français luthérien d’origine montbéliardaise et l’un des principaux historiens du protestantisme français au XIXe siècle/début XXe siècle.

Outre ses charges de ministre du culte protestant au temple Saint-Martin puis à l’Oratoire du Louvre à Paris, il est bibliothécaire de la ville de Montbéliard, président de la Société d'Émulation de Montbéliard, président du consistoire de Montbéliard, professeur d’histoire à la Faculté de théologie protestante de Paris, président de la Société de l'histoire du protestantisme français et, pendant la Première Guerre mondiale, secrétaire général du Comité protestant de propagande française à l’étranger.

Biographie

John Emmanuel Viénot est né à Asnières-lès-Bourges (Cher), le [1] - . Il est le fils de l’instituteur évangéliste Jacques Frédéric Viénot (1813-1864) né à Couthenans, non loin de Montbéliard, et de Catherine née Duvernoy (1816-1900). La famille Viénot est originaire des villages de Raynans et Issans dans le pays de Montbéliard[2]. Le prénom de John, assez rare en France à cette époque, lui est donné en mémoire de John Darby, dont Jacques Frédéric Vienot a été proche lors de sa visite en France en 1850[3]. Après des études de lettres et de théologie protestante à Paris (où il obtient un baccalauréat ès-lettres et un baccalauréat en théologie), John Viénot commence sa carrière à Montbéliard en 1883 en tant que suffragant du pasteur Jeanmaire à qui il succède en 1886 comme pasteur du temple Saint-Martin. Il est en même temps (de 1883 à 1900) l’aumônier protestant du lycée Cuvier de Montbéliard[4] - [5].

Il épouse en 1887 Suzanne Catherine Élisabeth Peugeot (1867-1894), fille d’Edmond Peugeot (1839-1901), propriétaire à Belchamp, et de Marie Dumas (1842-1913). Ils ont cinq enfants (Madeleine 1888-1964, Anne 1889-1976, Marthe 1890-1980, Paul 1892-1981 et Étienne 1893-1914) mais son épouse meurt le . John Viénot épouse alors (en 1896) Marguerite Marie Henriette Peugeot (1866-1940), la sœur aînée de sa première épouse. Quatre enfants naîtront de ce second mariage (Suzanne 1896-1897, Jacques 1898-1981, Marcel 1900-1900 et Marguerite 1902-1971).

En 1895, il obtient une licence en théologie protestante à la faculté de théologie protestante de Paris, intitulée « La vie ecclésiastique et religieuse dans la principauté de Montbéliard »[2]. Il soutient en 1900 à Paris une thèse de doctorat sur l’histoire de la Réforme dans le pays de Montbéliard des origines jusqu’à la mort de Pierre Toussaint. Cette thèse est publiée la même année sous forme de deux volumes de 368 et 260 pages[6].

En 1900, il est appelé à Paris pour prendre le poste de professeur d’histoire ecclésiastique à la faculté de théologie protestante de Paris, ce qui lui permet de fréquenter assidûment les Archives nationales et de documenter sa grande œuvre, son Histoire du protestantisme français.

En 1906, après la loi de séparation des Églises et de l'État, il est nommé maître de conférence d'histoire moderne à la Sorbonne mais reçoit simultanément un appel du temple protestant de l'Oratoire du Louvre. Entre la Sorbonne et sa vocation pastorale, il choisit cette dernière. Il devient donc pasteur à l'Oratoire tout en conservant sa chaire d’histoire ecclésiastique à la faculté de théologie de Paris devenue faculté libre. Partageant ses responsabilités pastorales avec notamment Wilfred Monod et Jules-Émile Roberty, il reste 26 ans pasteur à l’Oratoire du Louvre, prenant sa retraite en 1931 à 72 ans, un an après avoir pris sa retraite de la faculté de théologie protestante (où il est resté 33 ans)[7].

Peu après le début de sa courte retraite, il est marqué par la maladie (il subit une opération courant 1933) et par la perte d’un collègue et ami, l’inspecteur ecclésiastique Gédéon Jaulmes avec qui il avait collaboré à Montbéliard et lancé la revue La Vie nouvelle[8] - [2]. Il a néanmoins le temps de terminer la relecture du deuxième tome de son Histoire de la Réforme française, avec l’aide de sa femme et de sa fille aînée. Il meurt à Paris le , laissant inachevé un ouvrage sur Auguste Sabatier. Son corps est transféré à Montbéliard le pour l'inhumation dans le cimetière de cette ville[2].

Philosophie

Théologie

Quoique très ferme dans ses convictions et dans sa piété, John Viénot se range parmi les libéraux comme en témoigne son intérêt pour Auguste Sabatier.

Vision historique du protestantisme

John Viénot veut défendre et transmettre l’image du protestantisme français dans la société française, y compris parmi les protestants. « Le protestantisme contemporain, écrivait-il, ne connaît pas l’histoire : l’histoire, c’est-à-dire la gloire et la valeur du protestantisme français ! Il y sur ce point une réforme complète de notre éducation religieuse à opérer. »[2]. C’est le sens de sa démarche d’historien qui étudie tour à tour les grandes étapes du protestantisme français du XVIe siècle au XVIIIe siècle et publie en conséquence : les débuts de la Réforme en France et à Montbéliard, les persécutions en France et en particulier à Paris tandis que Montbéliard s’organise autour de l’église luthérienne, (voir liste des publications ci-dessous). John Viénot voit dans le protestantisme une forme plus achevée de civilisation et regrette "qu'en France l'évolution du Protestantisme a été entravée et faussée par la persécution, tandis que dans le Pays de Montbéliard, la religion nouvelle a pu se développer et vivre avec plus de liberté" ; il insiste sur les conséquences heureuses de ce développement, puis se tournant vers "la belle et grande patrie française", il affirme que « bien des tristesses et des humiliations lui auraient été épargnées si, dès le XVIe siècle, elle avait pu être au bénéfice de la méthode protestante »[2].

Joignant le geste à la parole, il vulgarise l’histoire protestante en publiant en 1902 son Histoire du pays de Montbéliard à l'usage de la jeunesse et des familles, afin que tous les paroissiens aient conscience du passé protestant et de la contribution du protestantisme à la nation.

Patriotisme

Très attachĂ© Ă  la France, mĂŞme si comme il l’écrit, MontbĂ©liard n’est française que depuis peu, John ViĂ©not, tout comme son collègue GĂ©dĂ©on Jaulmes, manifeste par ses Ă©crits un vĂ©ritable Ă©lan patriotique[2]. Son dossier de LĂ©gion d’honneur tĂ©moigne qu’il a fondĂ© pendant la guerre une organisation de propagande française dĂ©nommĂ©e « Pour la France », et qu’il a Ă©tĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© protestant de propagande française Ă  l’étranger dont les Ă©crits ont Ă©tĂ© largement publiĂ©s aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni. Il a Ă©galement recueilli 250 000 francs, au profit des rĂ©gions dĂ©vastĂ©es, lors de ses confĂ©rences aux Pays-Bas[4]. Ce patriotisme participe Ă  la dĂ©fense d'un protestantisme parfois suspectĂ© et parfois attaquĂ© comme Ă©tant proche de certaines puissances Ă©trangères[9].

Publications

En France

  • Étude critique des renseignements parallèles du livre des Rois et du prophète ÉsaĂŻe sur le règne d'ÉzĂ©chias (thèse de baccalaurĂ©at en thĂ©ologie), Paris, imprimerie de C. Noblet, 1884
  • La Vie ecclĂ©siastique et religieuse dans la principautĂ© de MontbĂ©liard au XVIIIe siècle (thèse de licence prĂ©sentĂ©e Ă  la FacultĂ© de ThĂ©ologie protestante de Paris), Librairie G. Fischbacher, Paris, 1895 et imprimerie C. Jacot et Cie, Audincourt, 1895 (386 pages) et sur le mĂŞme sujet :
  • De Pristinis montbelgardensis evangelicae ecclesiae liturgiis, imprimerie C. Jacot, Audincourt, 1895 (47 pages)
  • Vieilles chansons du Pays de MontbĂ©liard publiĂ©es avec une introduction et des notes, MontbĂ©liard, 1897 (193 pages)
  • Le rĂ©gime de la sĂ©paration de l’Église et de l’État dans l'ancienne principautĂ© de MontbĂ©liard de 1793 Ă  1801, Paris, 1897 (24 pages)
  • Histoire de la rĂ©forme dans le pays de MontbĂ©liard depuis les origines jusqu'Ă  la mort de P. Toussain, 1524-1573, (thèse de doctorat prĂ©sentĂ©e Ă  la FacultĂ© de ThĂ©ologie protestante de Paris), imprimerie MontbĂ©liardaise, MontbĂ©liard,1900, puis imprimerie Fischbacher, Paris, 1900 (2 volumes, 356 et 358 pages)
  • Les origines de la rĂ©forme Ă  Besançon, 1520-1534 imprimerie Fischbacher, Paris, 1901
  • Un apologiste de la Saint-BarthĂ©lemy : Pierre Charpentier, leçon d'ouverture de l’annĂ©e universitaire, Paris, 1902
  • Le Grand-duc Paul et la grande-duchesse Marie-Foedorowna et leur sĂ©jour en France en 1782, imprimerie L. Bernin, DĂ´le, 1902
  • Histoire du pays de MontbĂ©liard Ă  l'usage de la jeunesse et des familles, imprimerie P. Juillard, Audincourt, 1904
  • La Bible et l'homme moderne, bureaux de la "Revue chrĂ©tienne", Paris, 1908
  • Jean Calvin, souvenir du 4e centenaire de sa naissance : allocutions prononcĂ©es Ă  l'Oratoire du Louvre, le bureaux de la "Revue chrĂ©tienne", Paris, 1909
  • L'Église de l'Oratoire du Louvre en 1908, imprimerie montbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1909
  • Calvin et la conscience moderne, Librairie Fischbacher, Paris, 1910
  • Ă€ propos de FĂ©nelon : M. Jules LemaĂ®tre et les protestants, Bureaux de la "Revue chrĂ©tienne", Paris, 1910
  • Ce que raconte un vieux temple, le temple Saint-Martin de MontbĂ©liard, de 1607 Ă  nos jours, imprimerie montbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1910
  • L'Anti-protestantisme Ă  l'heure actuelle, imprimerie MontbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1910
  • L'amour et la mort : sermon prononcĂ© Ă  l'Oratoire du Louvre, le , 1910
  • Pie X et l'histoire, discussion des affirmations historiques de l'encyclique "Editae saepe", Fischbacher, Paris, 1911
  • La remontĂ©e française : sermon prononcĂ© Ă  l'Oratoire du Louvre, le , 1911
  • Promenades Ă  travers le Paris des martyrs, 1523-1559, Fischbacher, Paris, 1913
  • Y a-t-il une rĂ©forme française antĂ©rieure Ă  Luther ? Paris, 1913
  • Le libĂ©ralisme religieux, SociĂ©tĂ© de sociologie, Paris, 1814
  • Pendant la guerre, discours prononcĂ©s Ă  l'Oratoire et au Foyer de l'âme, Fischbacher, Paris, 1915
  • La propagande allemande et l’union sacrĂ©e en France, Paris, 1915
  • RĂ©ponse Ă  l’appel allemand aux chrĂ©tiens Ă©vangĂ©liques de l’étranger, Paris, 1915
  • Un voyage de Mercure, conte grec, imprimerie montbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1916
  • Paroles françaises prononcĂ©es Ă  l'oratoire du Louvre…, Paris, 1916
  • Luther et l'Allemagne, Fischbacher, Paris, 1916 (44 pages)
  • ÉpĂ®tre au Tigre de France, imprimerie montbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1918
  • Le droit et la volontĂ© de l'Alsace-Lorraine : souvenirs du , Librairie Fischbacher, Paris, 1918
  • La RĂ©forme et l'Ă©ducation, 1918
  • Les protestants français et l'AmĂ©rique, discours prononcĂ© Ă  la sĂ©ance d'ouverture des cours de la FacultĂ© de thĂ©ologie protestante de Paris, Fischbacher, Paris, 1918 (22 pages)
  • Les protestants et l'AmĂ©rique (de Coligny Ă  l'IndĂ©pendance), Fischbacher, Paris, 1919
  • Histoire de la RĂ©forme française, tome I, Des origines Ă  l'Édit de Nantes, Librairie Fischbacher, Paris, 1926, prix ThĂ©rouanne de l'AcadĂ©mie française en 1927
  • Auguste Sabatier, tome 1, La jeunesse, 1839-1879, Librairie Fischbacher, Paris, 1927
  • La situation actuelle des religions dans le monde : le protestantisme, Paris, 1930
  • Le livre d'immatriculation au collège des MontbĂ©liards Ă  Tubingue…, imprimerie "Je sers", 1931
  • Georges Cuvier Ă©tait-il allemand ? Paris, 1932
  • Georges Cuvier, 1769-1832 : le NapolĂ©on de l'intelligence, Librairie Fischbacher, Paris, 1932
  • Histoire de la RĂ©forme française, tome II, De l'Edit de Nantes Ă  sa rĂ©vocation, Fischbacher, Paris, 1934 (parution posthume)
  • Les Protestants dans la patrie, Ă©ditions La Cause, Paris, [19..?]

Aux Pays-Bas

  • (nl) Luther en Duitschland… met een woord vooraf van F. J. Krop, (Luther et l’Allemagne… avec un avant-propos de F. J. Krop), Rotterdam, 1916
  • Antoine Court et la restauration du protestantisme en France, Ă©ditions Geloof en Vrijheid, Rotterdam, 1935 ?

En collaboration

  • Victoire et dĂ©livrance, par MM. les pasteurs J.E. Roberty, Wilfred Monod et John ViĂ©not / Paris : Fischbacher, 1919
  • Rapport sur les travaux de la FacultĂ© : sĂ©ance de rentrĂ©e des cours de la FacultĂ© de thĂ©ologie protestante de Paris le vendredi / par M. le doyen Édouard Vaucher ; suivi de la Leçon d'ouverture par M. le Professeur John ViĂ©not et du Rapport sur les concours, Librairie Fischbacher, Paris, 1909
  • Le sentiment religieux Ă  l'heure actuelle : entretiens et discussion [durant l'hiver 1913-1914 / Union de libres penseurs et de libres croyants pour la culture morale] ; par MM. Abauzit, Anglas, Belot, Boegner, Bois, Bonet-Maury, BouglĂ©, Bourgin, Buisson, Caspar, Charmy, Chavan, Mme Compain, MM. Duguit, Dunan, Dunois, Durkheim, Erhardt, Faleire, De Faye, Gounelle, Le Roy, Louis-Germain LĂ©vy, Mme Moll-Weiss, MM. Jean et Henri Monnier, Wilfred Monod, Parodi, Polacco, Roberty, Romain Rolland, Rouffiac, SĂ©ailles, Seippel, Sembat, Mme Siegfried, MM. Edouard Soulier, Valès, ViĂ©not, Charles Wagner et Mlle Wust, Ă©diteur J. Vrin, Paris, 1919
  • Wilfred Monod, John ViĂ©not, Jules-Émile Roberty, Avertissement, consolation, support mutuel, imprimerie montbĂ©liardaise, MontbĂ©liard, 1914

Distinctions

Références

  1. Voir sa notice sur le site des archives de la ville de Montbéliard .
  2. « John Viénot : président de la Société de l'histoire du protestantisme français de 1922 à 1933 », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 1934, vol. 83, Janvier-Mars, p. 5-23 [lire en ligne].
  3. Étienne Laügt, « Histoire des assemblées de frères en France », sur Filéo, Le site d'information des Assemblées chrétiennes dites « de frères » d'Europe francophone, (consulté le ).
  4. « Base Leonore », sur www.culture.gouv.fr, Ministère français de la Culture (consulté le ).
  5. Il est en fait aumônier du collège communal Cuvier, précurseur du lycée actuel, fondé en 1811 dans le bâtiment des halles de Montbéliard et qui déménage en 1890 vers la rue Velotte
  6. Victor-Louis Bourrilly. Revue critique du livre de John Viénot, Histoire de la Réforme dans le Pays de Montbéliard, depuis les origines jusqu'à la mort de P. Toussain, 1524-1573, Montbéliard, 1900. In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 3 no 1, 1901, p. 44-46 [lire en ligne].
  7. Philippe Vassaux, « Les années 1933 et 1934 à l'Oratoire », consulté le 4 septembre 2017
  8. John Viénot, « Nécrologie. Le Pasteur Gédéon Jaulmes », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, vol.82, Octobre-décembre 1933, p. 546-547 [lire en ligne].
  9. André Encrevé, « Émile Doumergue », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN 2701012619, lire en ligne), p. 177-178.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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