Baron (noblesse)
Baron est un titre de noblesse.
Le mot vient du terme latin baro, dont l'étymologie est incertaine. Ce pourrait être un mot archaïque baro (homme libre) apparenté au vieil anglais beorn (homme guerrier[1]). Le passage au sens de « noble » s'est fait ensuite par l'intermédiaire du composé vieux-francique sacebaro (subordonné du comte chargé de percevoir les amendes), formé avec un préfixe pouvant avoir le sens (litige) en rapport avec le vieux norrois saka (accuser[2]).
Dans la hiérarchie moderne des titres de noblesse, baron est un titre inférieur à celui de vicomte, mais supérieur à celui de chevalier. La femme et plus rarement la fille d'un baron porte le titre de baronne. Tandis que le mari d'une baronne (dans le cas d'un anoblissement à titre personnel, comme cela peut être le cas en Belgique) ne peut jamais porter le titre reçu par son épouse.
En Allemagne
Le système nobiliaire est issu du Saint Empire Romain Germanique (962-1806), de la Confédération du Rhin (1806-1814), de la Confédération germanique (1815-1866) puis de l'Empire Allemand (1871-1918). Tout d'abord, il faut constater qu'une noblesse allemande unique n'a jamais existé. La noblesse allemande était divisée en plusieurs fractions selon les régions (Royaumes, Principautés, Grands-duchés et Duchés), les confessions, le rang des familles à la fin de l'ancien régime et les titulaires de titres nobles.
La fin de la Première Guerre mondiale produisit un choc sur la noblesse allemande avec la fin peu glorieuse de la monarchie en 1918. C'est bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale que l'on a pu parler d'une noblesse allemande "unifiée" par la formation de l'Association des associations de la noblesse allemande (Vereinigung der Deutschen Adelsverbände).
La liste des particules est longue : an, auf, van, von, von dem, von den, von der, zu. On maintient obligatoirement la particule dans des cas bien précis : - après le prénom : Herbert von Karajan ; - après le titre de politesse ou de civilité : Herr/Monsieur von Karajan ; - après le titre de noblesse : Le Prince von Bismarck ; - après un titre ou une fonction : le Maréchal von Kleist.
En Angleterre
Dans le système nobiliaire britannique il ne faut pas le confondre avec le baronnet. En Angleterre, le titre de baron est le plus bas degré des pairies d'Angleterre, d'Irlande, de Grande-Bretagne et du Royaume-Uni. On s'adresse à lui par lord N. et ses enfants reçoivent le titre de Honourable, abrégé en Hon.
En Belgique
En Belgique, le titre de baron est supérieur à celui de chevalier et inférieur à celui de vicomte. Il est accordé par le Roi.
En Bretagne
Contrairement à la hiérarchie utilisée en France, le titre de baron est le plus élevé. À partir de 1451, le duc introduit un nombre maximum de neuf barons pouvant siéger aux États en référence aux neuf évêchés bretons. On distingue alors les baronnies comme suit[3] :
- baronnie d'ancienneté : une des nombreuses seigneuries citées comme baronnies avant 1451 ;
- baronnie d'États : une des seigneuries officiellement reconnues comme ayant le droit de garder leur dignité et titre de baronnie lors des sessions des États de Bretagne ;
- ancienne baronnie d'États : baronnie d'État sans érection. Il y en six incontestablement reconnues : Léon, Vitré, Fougères, Châteaubriant, Retz, La Roche-Bernard et Ancenis, et deux temporairement tolérées : Pontchâteau, et Pont-L'Abbé ;
- nouvelle baronnie d'États : baronnie d'État avec élection. Il n'y en a que huit et seulement deux ducs et une duchesse de Bretagne en ont érigé : Pierre II, François II et Anne. Dans l'ordre de leur première élection :
- Derval (19 mai 1451),
- Malestroit (22 mai 1451),
- Quintin (23 mai 1451),
- Lanvaux (24 mars 1464 puis réérigée le 4 septembre 1485),
- Avaugour (24 septembre 1480),
- Coëtmen (6 septembre 1487),
- La Hunaudaye (6 septembre 1487),
- Pont-L'Abbé (décembre 1493, confirmée en 1505-1506),
- Pontchâteau (5 juin 1630), élection déguisée par Louis XIII.
En Écosse
En Écosse, le titre de baron, qui était attaché à une terre, n'a jamais été un titre de la pairie (le titre le plus bas dans la hiérarchie de la pairie d'Écosse est Lord of Parliament, en général abrégé en Lord). Les barons écossais ont perdu leurs droits de juridiction avec l'abolition de la féodalité par l'Abolition of Feudal Tenures, etc. (Scotland) Act 2000, entré en vigueur le 28 novembre 2004, qui préserve cependant leur dignité. La qualité de baron écossais, qui peut être cédée, de même que celle — anglaise — de lord of the manor, est un titre d'origine féodale sans noblesse attachée[4]. Ce titre, héréditaire et transmissible par ordre de primogéniture, est précédé à l'écrit du prédicat The Much Honoured (le très honoré) ; il donne le droit aux barons de timbrer les armes que leur octroie le Lord Lyon d’Écosse (mais pas d'une couronne, réservée aux pairs).
En Espagne
En Espagne, il existait deux types de baronnies : les anciennes juridictions féodales du royaume d'Aragon et Valence e.g. la baronnie de Polop (en espagnol Baronía de Polop), et les titres accordés par les souverains depuis le XVIe siècle, titres qui n'avaient pas d'assise féodale.
En Estonie et en Lettonie (Noblesse Germano-Balte ; Barons baltes)
Les descendants des Chevaliers Porte-Glaive (intégrés à l'Ordre Teutonique) fondent la noblesse allemande de la Baltique. Les allemands baltes étaient des populations de culture et de langue allemande, minorité dominante, grands propriétaires fonciers. Au traité de Versailles de 1919, l'Estonie et la Lettonie se sont constitués en République à partir des Duchés de Livonie, d'Estonie et de Courlande.
Du XIIème au XXème siècle, la hiérarchie nobiliaire Germano-balte était organisée en ordre croissant, les écuyers (Junkers), les chevaliers (Ritter), les barons (Freiherren), les vicomtes (Vizgräfe), les comtes (Gräfe) et enfin, les ducs (Herzöge). Tous les membres cependant se considèrent théoriquement comme égaux. L'Association des chevaleries baltes est membre de l'Association des associations de la noblesse allemande.
En Finlande
La Finlande fit partie intégrante du Royaume de Suède jusqu’en 1809. L’origine de la noblesse finlandaise est donc la même que celle de Suède. La couronne de Suède perdit la Finlande au profit de l'Empire de Russie après la querre de 1808-1809. Le Grand-Duché de Finlande était une partie autonome de l'Empire russe jusqu'en décembre 1917.
Les familles suédoises nobles résidant en Finlande furent immatriculées dans une nouvelle maison de la noblesse finlandaise fondée en 1818. Le nombre des familles répertoriées à la maison de la noblesse est de 357.
Les titres de la noblesse finlandaise sont : 1) Prince (Ruhtinas), 2) Comte (Greve), 3) Baron (Friherre) et 4) Noble (Adelsman).
En 2019, 145 sont encore représentées en ligne masculine. Le nombre des familles comtales est actuellement de 4, des familles barons de 24 et des familles nobles sans titre de 108. Dans presque chaque famille une branche vit à l’étranger.
En France
Au Moyen Âge, le terme baron désigne tout membre de la haute aristocratie, qui tient directement son fief du roi. Les Montmorency se qualifiaient de premiers barons de France, de premiers barons chrétiens. Les barons de cette époque sont parmi les plus vieilles familles de France. De ce fait, les fiefs de chevalier se trouvant dans les comtés ont pris le nom de baronnie. Les seigneurs des baronnies n'ont que tardivement porté le titre de baron. Nous avons des mentions de ce terme dans les romans de Chrétien de Troyes, qui datent de la seconde moitié du XIIe siècle. Jean de Joinville, célèbre pour son livre la vie de Saint Louis, fait également mention des barons qui accompagnèrent Louis IX durant la septième croisade.
À partir du XVIe siècle, le titre de baron est intégré à la hiérarchie nobiliaire.
En France, le titre de baron était jusqu'à la Révolution attaché à un type de fief qui a été érigé en baronnie. En Bretagne, les ducs érigèrent neuf baronnies à l'imitation des neuf évêchés du duché. En Normandie, les ducs avaient formé un nombre important de baronnies, donnant à leurs titulaires le droit de siéger à l'Échiquier de Normandie. Leur territoire était généralement et volontairement morcelé. Certaines appartenaient à des menses épiscopales (un évêque en ayant donc l'usufruit en tant que seigneur titulaire tout au long de son épiscopat) et d'autres à des abbayes.
À partir de Napoléon, qui rétablit le titre de baron supprimé par la Révolution française, le titre fut accordé de façon héréditaire, il était alors le plus souvent attaché à une terre où à un majorat (on parlait alors d'un majorat-baronnie), ou bien de façon personnelle. Dans les deux cas, il fut accordé sans plus de considérations féodales, les seigneuries étant abolies depuis 1789, de même que l'étaient les autres titres.
En Italie
La noblesse italienne désigne l'ensemble des familles nobles ou anoblies reconnues dans le royaume d'Italie de sa fondation à son abolition, à la proclamation de la République en 1946.
Le hiérarchie nobiliaire en Italie est la suivante : 01) Prince, 02) Duc, 03) Marquis, 04) Comte, 05) Vicomte (plutôt rare), 06) Baron, 07) Seigneur (Uniquement dans le Royaume de Sardaigne et dans le Royaume de Sicile), 08) Patricien, 09) Chevalier héréditaire, 10) Noble.
En Lituanie
La grande majorité de la noblesse du Grand-Duché de Lituanie se considérait comme polonais.
Saint-Empire romain germanique (1356-1806)
Les titres de noblesse du Saint-Empire romain germanique étaient noble (Edelfreï), chevalier (Reichsritter), baron (Reichsfreiherr), comte (Reischgraf) et prince (Reichfürst). Ils avaient le privilège de préséance sur toute autre noblesse dans le Saint-Empire. Cette noblesse disparut en 1806 avec la chute du Saint-Empire et fut ensuite incorporée dans les monarchies européennes actuelles.
Le titre de baron (Reichsfreiherr) était accordé par l'empereur, là aussi sans assise féodale, on parlait de « baron de N. et du Saint-Empire ». Tous les enfants, même les filles, portent également le titre sous la forme « Baron prénom de N. ».
Royaume de Hongrie
En Hongrie, le titre de Magnats désignait, depuis 1397, les descendants des barons du royaume (Filii baronum ou bárófi en hongrois). Ces derniers reçurent dans les années 1430 le titre de Magnificus, appellation jusqu'alors réservée aux barons du royaume[5].
Le titre de baron devient héréditaire à partir de 1498.
Il est à distinguer les barons du royaume (baron regni), titre le plus élevé et le plus prestigieux, non héréditaire — jusqu'en 1498 — désignant à l'origine les personnages revêtant les plus hautes fonctions de l'État, et les barons naturels de Hongrie, titre créé en 1487 par le roi Mathias pour récompenser ses plus fidèles partisans.
Ainsi verra le jour la distinction entre « vrais barons » (veri barones), issus de l'exercice des plus hautes charges, et « barons que de nom » (barones nomine solo), simples titres de noblesse.
Sous les Habsbourg, de nombreux titres sont donnés et le titre de baron devient inférieur à celui de comte, bien que ce dernier existait depuis longtemps en Hongrie.
En Pologne
La Pologne comme de nombreux royaumes européens connut et connait toujours la présence d'une élite et notamment des familles d'ascendance noble. La hiérarchie des titres de noblesse polonais : 1) Roi 2) Prince 3) Comte 4) Baron 5) Seigneur, Chevalier, Ecuyer ou Noble sans titre.
En Russie
A la veille de la Première Guerre mondiale, la noblesse constituait un ensemble numériquement important : elle comptait environ 1,9 million d'individus, soit près de 01% de la population russe. Au début du XXème siècle, on comptait huit cent trente (830) familles ayant les titres de princes, comtes et barons.
Le titre de prince était le plus ancien et prestigieux. Dans la Russie impériale, le titre de comte russe fut instauré par l'Empereur Pierre le Grand. A la même époque fut introduit et octroyé le titre de baron russe par l'Empereur. Dans l'Empire de toutes russies, le titre de baron était accordé par le tsar de façon héréditaire. Les noms des familles nobles russes ne possèdent pas de particule (ex : Baron Romanov, Comte Romanoff).
Aux Tonga
La noblesse tongienne est constituée de titres d'inspiration britannique, de manière quelque peu simplifiée en raison du petit nombre de nobles dans ce royaume. Tout noble porte le titre de lord ; le roi a la prérogative de « promouvoir » un lord au titre de baron. À présent, il n'y a qu'un baron aux Tonga, le Baron Fielakepa, auquel le roi George Tupou V conféra ce titre lorsqu'il le nomma lord juridique en juillet 2008[6] - [7] - [8].
Le titre fut créé par le roi Taufaʻahau Tupou IV, qui l'attribua en premier lieu à ʻAlipate Tupou, Lord Vaea, en juin 1970, l'élevant ainsi à un rang de prééminence supérieur à celui de tous les autres nobles (hormis les membres de la famille royale)[9].
Galerie
- Couronne de baron anglais.
- Couronne de baron belge.
- Couronne de baron du Saint-Empire.
- Couronne de baron espagnol.
- Couronne de baron germanique (après 1806).
- Couronne de baron français.
- Couronne de baron et pair de France.
- Toque de baron sous l'Empire français.
- Couronne de baron suédois.
- Couronne de baron danois et norvégien.
- Couronne de baron italien.
- Couronne de baron des Pays-Bas.
- Couronne de baron portugais.
Traductions
Le titre de baron était tout à fait commun dans la plupart des pays européens et se retrouve dans diverses langues souvent sous une forme légèrement modifiée. La liste suivante inclut les formes masculines et féminines et, le cas échéant, le nom du fief correspondant (la baronnie). Il faut signaler que l'existence de ce mot dans une langue citée n'implique pas toujours l'utilisation réelle du titre dans le pays correspondant.
Langue | Titre masculin | Titre féminin | Nom du fief |
---|---|---|---|
Albanais | Baron | Baroneshë | |
Allemand | Baron Freiherr | Baronin, Baronesse Freifrau (pour l'épouse d'un baron), Freiherrin ou Freiin (pour la fille d'un baron) | |
Anglais | Baron (en Angleterre) Lord (en Écosse) | Baroness (en Angleterre) Lady (en Écosse) | Barony |
Arménien | Բարոն (Baron) | Բարոնուհի (Baronouhi) | |
Biélorusse | Baron | Baranesa | |
Bulgare | Барон (Baron) | Баронеса (Baronesa) | |
Catalan | Baró | Baronessa | Baronia |
Croate | Barun | Barunica | |
Danois | Baron | Baronesse | |
Espagnol | Barón | Baronesa | |
Espéranto | Barono | Baronino | Baronujo |
Estonien | Parun | Paruniproua | |
Finnois | Paroni, Vapaaherra | Paronitar, Vapaaherratar | |
Français | Baron | Baronne | Baronnie |
Grec moderne | Βαρώνος (Varónos) | (Varoni) | |
Hongrois | Báró, Főúr | Bárónő | |
Islandais | Barón, Fríherra | Barónessa | |
Irlandais | Barún | Banbharún | |
Italien | Barone | Baronessa | Baronia |
Latin | Baro | ||
Letton | Barons | Baronese | |
Lituanien | Baronas | Baroniene | |
Luxembourgeois | Baroun | Barounin, Baronesse | |
Macédonien | Baron | Baronesa | |
Maltais | Baruni | Barunessa | |
Monégasque | Barun | Barunessa | |
Néerlandais | Baron, Vrijheer (litt. seigneur libre) | Barones, Vrijvrouw (litt. femme libre) | Baronie |
Norvégien | Baron, Friherre | Baronesse | Baroni |
Polonais | Baron | Baronowa, Baronessa | |
Portugais | Barão | Baronesa | Baronato |
Romanche | Barun | Barunessa | |
Roumain | Baron | Baroană (Baroneasă = femme « de type Baron ») | |
Russe | Барон (Baron) | Баронесса (Baronessa) | |
Serbe | Барон (Baron) | Бароница (Baronica) | Баронија (Baronija) |
Slovaque | Barón | Barónka | |
Slovène | Baron | Baronica | |
Suédois | Baron, Friherre | Baronessa, Friherrinna | |
Tchèque | Baron | Baronka, Baronesa | |
Ukrainien | Барон (Baron) | Баронка (Baronka) | Баронеса (Baronesa) |
Voir aussi
Bibliographie
- Éric Thiou, Dictionnaire des titres et des terres titrées en France sous l’Ancien Régime, Éditions Mémoire et Documents, Versailles, 2003, 270 p.
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
- (en) Douglas Harper, « baron », sur Online Etymology Dictionary.
- « baron », Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Bertrand Yeurc'h, « Les barons aux États de Bretagne, du XIIIe siècle à la Révolution », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, no 140, , p. 309-27 (ISSN 0249-6763)
- C.i.l.a.n.e., , 125 p. (ISBN 978-84-89851-20-7, lire en ligne), p. 69.
- Upper nobility (Kingdom of Hungary) Article en anglais sur la haute noblesse dans le royaume de Hongrie
- (en) "New Life Peers appointed", Taimi Media Network, 30 décembre 2010
- (en) "Appointment of Four Law Lords", gouvernement des Tonga, 28 juillet 2008
- (en) "Nobles", gouvernement des Tonga
- (en) "The Kingdom of Tonga Pays Tribute to its 12th Prime Minister, Baron Vaea of Houma", gouvernement des Tonga