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Culte (protestantisme)

Un culte est un office religieux dans le protestantisme. C'est un moment que le chrĂ©tien passe avec Dieu et lui rend honneur par la louange et l'adoration, et oĂč il s'adresse Ă  lui par la priĂšre. Le sermon (ou prĂ©dication) lui apporte un enseignement spirituel et thĂ©ologique fondĂ© sur la lecture et l'explication de textes bibliques[1].

IntĂ©rieur de l'Église rĂ©formĂ©e nĂ©erlandaise de Doornspijk (Pays-Bas) pendant un culte.

Le culte communautaire a lieu le dimanche[1]. Il revĂȘt une grande importance car, dans la conception protestante, il y a Ă©glise lĂ  oĂč il y a assemblĂ©e de croyants ; on peut donc dire que c'est le culte qui fait l'Église[2]. Toutefois, le culte peut aussi ĂȘtre familial ou, plus rarement, ĂȘtre pris dans un sens individuel.

Le lieu de culte traditionnel se nomme « temple » (ou parfois église, notamment chez les luthériens et chez certains réformés ou au Canada). Toutefois, ce lieu n'est ni sacré ni consacré.

Le culte protestant se différencie de la messe catholique en ce qu'il ne comporte aucun aspect sacrificiel[2]. La Sainte-CÚne n'y est d'ailleurs pas systématiquement célébrée[1].

Approche biblique et théologique

Un mouvement de Dieu vers l’Homme

Pour les protestants, le culte est une rencontre avec Dieu, Ă  l’initiative de Dieu[1]. Les chrĂ©tiens sont les bĂ©nĂ©ficiaires et les destinataires du culte. Lors du culte, Dieu rappelle au chrĂ©tien ce qu’Il lui donne et ce qu’Il attend en retour. A cette invite, le fidĂšle apporte sa rĂ©ponse[2]. Cette conception du culte a Ă©tĂ© rĂ©affirmĂ©e par Karl Barth : ce n’est pas le chrĂ©tien qui d’abord apporte, ou donne quelque chose Ă  Dieu, mais au contraire, il reçoit de lui la parole de vie et l’annonce du salut, et l’appel Ă  se mobiliser Ă  son service et Ă  celui de nos prochains[2]. C’est pourquoi les RĂ©formateurs ont nettement majorĂ© le “sacrement” (ce que Dieu offre Ă  l’ĂȘtre humain) et minorĂ© le “sacrifice” (ce que l’ĂȘtre humain offre Ă  Dieu), et qu’ils ont reprochĂ© au catholicisme de faire l’inverse.

Les valeurs protestantes du culte

Culte de jeunesse mennonite en plein air conduit par Alice Kauffman aux États-Unis en 1952.

Dans la logique protestante, le culte et l'Église sont la mĂȘme chose : les deux se dĂ©finissent comme une convocation par Dieu de personnes singuliĂšres qui, ayant rĂ©pondu Ă  cet appel, forment l'Église (du grec ጐÎșÎșÎ»Î·ÏƒÎŻÎ±, l'assemblĂ©e). Le culte est simplement une des formes de cette « Église » qui n'est pas d'abord une institution, mais un mouvement permanent. Des personnes viennent, se reconnaissent (ou non) comme frĂšres et sƓurs, trouvent de la nourriture, et repartent[3] - [1] - [4]. Dans la conception protestante ou Ă©vangĂ©lique, prĂ©sente dĂšs la RĂ©forme, le culte est un partage et sa cĂ©lĂ©bration doit avant tout ĂȘtre intelligible pour les participants, puisque le sens du culte est d’annoncer l’évangile, de faire entendre la parole qui vient de Dieu. Luther et Calvin ont donc prescrit l’utilisation de la langue du peuple, comprise par tous, lors des cultes. du pays. Ils ont donc aussi souhaitĂ© que la forme du culte puisse Ă©voluer avec les Ă©poques ou la culture des rĂ©gions et des groupes qui l’organisent. Aujourd’hui, cette mĂȘme rĂšgle conduit Ă  demander aux prĂ©dicants de s'exprimer avec un vocabulaire et des rĂ©fĂ©rences culturelles de notre temps[2]. D’autre part, en rĂ©action contre l’apparat des cĂ©rĂ©monies du catholicisme classique, les protestant ont prĂ©conisĂ© et pratiquĂ© la plus grande simplicitĂ©.

Historique

Origine

Le culte est une pratique de la vie chrĂ©tienne qui a ses origines dans le culte juif[5]. JĂ©sus-Christ et Paul de Tarse ont enseignĂ© une nouvelle forme d'adoration de Dieu[6]. Dans les Écritures, JĂ©sus est dĂ©crit comme se rĂ©unissant avec ses disciples pour partager des enseignements et dĂ©battre de sujets[7], prier et chanter des cantiques[8] ; dans les Actes des ApĂŽtres, on lit que les premiers chrĂ©tiens avaient Ă©galement cette habitude. Dans la premiĂšre lettre aux Corinthiens, Paul de Tarse a prĂ©cisĂ© les principaux Ă©lĂ©ments composant le culte chrĂ©tien Ă  savoir la louange, l’enseignement (sermon), l’offrande, la Sainte-cĂšne ou communion [9].

Martin Luther

En 1526, Luther publie ce qu'il appelle "la messe allemande", un ordre du service religieux qui conserve celui de la messe, mais l’expurge de tout Ă©lĂ©ment sacrificiel puisque, Ă©crit-il, « le saint Sacrement n'a pas Ă©tĂ© instituĂ© pour que l'on en fasse un sacrifice expiatoire - car ce sacrifice a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© consommĂ© sur la croix - mais pour qu'il serve Ă  rĂ©veiller en nous la foi, et Ă  rĂ©conforter les consciences. »[10]. Luther indique Ă©galement que sa liturgie a un caractĂšre indicatif. Il la dit adaptĂ©e Ă  l’Eglise allemande de la rĂ©gion de Wittenberg, mais pas forcĂ©ment Ă  d'autres villes ou rĂ©gions[2]. Luther Ă©tablit aussi le principe d’intelligibilitĂ© du culte : l’évangile doit y ĂȘtre annoncĂ© de maniĂšre comprĂ©hensible Ă  tous. C’est pourquoi Luther insiste tellement sur l’utilisation de la langue allemande, tolĂ©rant le latin seulement pour les cultes en milieu universitaire, afin de donner aux Ă©tudiants une meilleure connaissance de cette langue[2]. Luther conserve aussi la tradition du chant d’église, parfois en conservant des mĂ©lodies catholiques, mais, toujours fidĂšle Ă  son souci pĂ©dagogique, il s’attache Ă  promouvoir le chant d’assemblĂ©e, sur des airs simples et faciles Ă  retenir. Ces hymnes luthĂ©riens traditionnels sont connus sous le nom de chorals[11].

Jean Calvin

PrĂ©dication pendant le culte de l'Église rĂ©formĂ©e française de Soho Square Ă  Londres, en 2018.

L’approche de Calvin est diffĂ©rente : se fondant sur le principe-clĂ© de la RĂ©forme protestante Sola scriptura, Jean Calvin rejette tout ce qui lui semble provenir de la tradition et non de la Bible. Les conceptions calviniennes, largement partagĂ©es dans le monde Ă©vangĂ©lique, sont parfois dĂ©nommĂ©es principe rĂ©gulateur du culte. Elles excluent clairement les images, tableaux ou statues, comme, Ă  l’origine, les instruments de musiques, assimilĂ©s Ă  des images. Beaucoup de calvinistes des premiers temps ont donc pratiquĂ© la psalmodie exclusive (chant de psaumes)[12] pour le culte[13], bien que Calvin lui-mĂȘme autorisait, en plus des Psaumes, d'autres chants tirĂ©s de la Bible[14]. Cette pratique caractĂ©risa notamment le culte presbytĂ©rien pendant un certain temps.

Toutefois Calvin prĂ©cise lui aussi qu’on peut changer les formes du culte, en instituer de nouvelles et abolir celles qui ont Ă©tĂ© « selon ce qui est expĂ©dient[2]. »

John Knox

Dans le monde anglo-saxon, ces principes sont transmis par les soins de John Knox. En effet, au dĂ©but de la RĂ©forme Ă©cossaise, faute d’ordre Ă©tabli pour les offices religieux rĂ©formĂ©s, le culte dĂ©pendait de l’initiative des pasteurs locaux[15]. En 1556, alors qu’il est rĂ©fugiĂ© Ă  GenĂšve avec les leaders protestants Ă©cossais fuyant les persĂ©cutions mariales qui avaient lieu en Angleterre, John Knox dĂ©crit en dĂ©tail l’ordre du culte hebdomadaire dans sa Letter of Wholesome Councell. Il avait dans un premier temps soutenu le deuxiĂšme Livre de la priĂšre commune (1552) d'Édouard VI, qui Ă©tait recommandĂ© par les Lords of the Congregation, mais sous l’infuence de Calvin, il publie avant de quitter GenĂšve son propre Livre de l'ordre commun[16] et c'est celui-ci qui fut imprimĂ© et approuvĂ© par l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'Église d'Écosse[17] de 1562. Enrichi, il fut rĂ©imprimĂ© avec les confessions de foi et les psaumes mĂ©triques en 1564, et constitua le livre officiel pour le culte jusqu'Ă  son remplacement par le Directoire de Westminster en 1643[15].

Le RĂ©veil

Le chant d’hymnes religieux, plus souvent appelĂ©s cantiques dans le protestantisme, est une pratique qui se gĂ©nĂ©ralise avec le RĂ©veil[18]. C’est un moyen d’évangĂ©lisation par exemple pour Dwight Moody, qui engage le chanteur Ira Sankey pour l’accompagner dans ses tournĂ©es d’évangĂ©lisation [19]. En France Ă©galement, c’est le RĂ©veil qui introduit la pratique du chant des cantiques pendant les cultes rĂ©formĂ©s, de mĂȘme que les enterrements prĂ©sidĂ©s par un pasteur, conçus au dĂ©but comme un moyen d’évangĂ©lisation[20].

Évolution du culte presbytĂ©rien

Le culte presbytérien a évolué dans le sens d'un accommodement progressif avec les pratiques musicales initialement interdites.

  • Introduction des chants continus : dans les premiers temps, la mĂ©thode de chant habituelle suivie lors du culte presbytĂ©rien Ă©tait le lining out, selon lequel un precentor lit ou chante une ligne et l'assemblĂ©e la rĂ©pĂšte aprĂšs lui.Il s'agit toutefois d'une mesure essentiellement pratique d’ailleurs aussi adoptĂ©e par d'autres dĂ©nominations, parce-que beaucoup de gens n'Ă©taient pas suffisamment lettrĂ©s pour suivre les paroles par Ă©crit, et qu'on manquait par ailleurs de livres de cantiques. À partir d'environ 1720, beaucoup dĂ©fendirent l'introduction du chant continu (ou rĂ©gulier)[21] et le chant continu fut introduit dans beaucoup d'Églises presbytĂ©riennes Ă  travers le monde.
  • Introduction des hymnes : aprĂšs avoir chantĂ© des psaumes durant deux cents ans, l'Église d'Écosse adopta officiellement en 1861 des hymnes ou cantiques non tirĂ©s directement de la Bible[22], suivie par l'Église libre d'Écosse en 1872[23]. Les hymnes et d'autres chants extra-bibliques sont maintenant largement utilisĂ©s dans les cercles presbytĂ©riens ; les dĂ©tails variant suivant les dĂ©nominations.
  • Introduction des instruments : au dĂ©but du XIXe siĂšcle, le rĂ©vĂ©rend R. William Ritchie de l'Ă©glise de Saint-Andrew de Glasgow, tenta d'introduire un orgue dans son Ă©glise, mais fut informĂ© par le consistoire de Glasgow (Glasgow presbytery[24]) que « l'utilisation d'orgues lors du culte public de Dieu est contraire Ă  la loi et Ă  la constitution de notre Église Ă©tablie[25]. » En 1863, le rĂ©vĂ©rend Robert Lee introduisit un harmonium pour le culte Ă  la Greyfriars Kirk d'Édimbourg. Lee dĂ©fendit la musique instrumentale Ă  l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de 1864, laquelle dĂ©clara alors que « de telles innovations devraient seulement ĂȘtre empĂȘchĂ©es lorsqu'elles perturbent la paix de l'Église et l'harmonie des assemblĂ©es. » Un orgue fut par la suite installĂ© Ă  Greyfriars et utilisĂ© pour la premiĂšre fois en 1865[26].

Cultes contemporains dans les églises évangéliques

Le culte dans les Ă©glises Ă©vangĂ©liques est vu comme un acte d'adoration de Dieu[27]. Il n'y a pas de liturgie, la conception du culte est plus informelle[28]. Il contient gĂ©nĂ©ralement deux parties principales, la louange (musique chrĂ©tienne) et la prĂ©dication, avec pĂ©riodiquement la Sainte-cĂšne [29] - [30] - [31] - [32]. Avec le mouvement charismatique des annĂ©es 1960, une nouvelle conception de la louange dans le culte, comme taper des mains et lever les mains en signe d’adoration (surtout chez les charismatiques et certains pentecĂŽtistes), a pris place dans plusieurs dĂ©nominations Ă©vangĂ©liques [33]. Dans les annĂ©es 1980 et 1990, la musique chrĂ©tienne contemporaine, comprenant une grande variĂ©tĂ© de styles musicaux, comme le rock chrĂ©tien et le hip-hop chrĂ©tien a fait son apparition dans la louange [34] - [35] - [36]. Dans les annĂ©es 2000 et 2010, les technologies numĂ©riques ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans les cultes, comme les vidĂ©oprojecteurs pour la diffusion des paroles de louange ou de vidĂ©o, sur grands Ă©crans [37] - [38]. L’usage des mĂ©dias sociaux comme YouTube et Facebook pour retransmettre les cultes en direct ou en diffĂ©rĂ©, par Internet, se sont Ă©galement rĂ©pandus [39]. Les offrandes par Internet sont devenues une pratique courante dans plusieurs Ă©glises[40] - [41]. Dans certaines Ă©glises, une place particuliĂšre est rĂ©servĂ©e aux guĂ©risons avec imposition des mains lors des cultes [42] - [43]. La guĂ©rison par la foi ou guĂ©rison divine est considĂ©rĂ©e comme un hĂ©ritage de JĂ©sus acquis par sa mort et rĂ©surrection[44]. Lors du culte, il y a gĂ©nĂ©ralement une crĂšche pour les bĂ©bĂ©s[45]. Les enfants et les adolescents ont un enseignement adaptĂ©, l’école du dimanche, dans une salle distincte[46] - [47].

Formes du culte communautaire protestant

Contenu du culte

Un pasteur rĂ©formĂ© prĂȘchant pendant un culte, au Suriname.

Le culte communautaire est celui de l'assemblĂ©e paroissiale ou congrĂ©gation rĂ©unie gĂ©nĂ©ralement le dimanche matin, ou le samedi pour les adventistes. Il est gĂ©nĂ©ralement prĂ©sidĂ© par un ministre : pasteur ou prĂ©dicateur laĂŻc, mais certaines Églises (ou certaines circonstances) permettent un autre fonctionnement plus collĂ©gial ou plus spontanĂ©[48]. Si les lectures bibliques et la prĂ©dication forment le moment essentiel du culte communautaire, celui-ci suit nĂ©anmoins en gĂ©nĂ©ral une liturgie structurĂ©e, faisant une plus ou moins grande place, selon les diverses sensibilitĂ©s thĂ©ologiques, aux priĂšres liturgiques ou spontanĂ©es (louange, repentance, intercession, consĂ©cration Ă  Dieu), aux affirmations de foi (annonce de la grĂące ou du pardon de Dieu, confession de foi, tĂ©moignage personnel), et aux hymnes religieux. Les textes bibliques proposĂ©s pour le dimanche sont actuellement communs avec ceux de l'annĂ©e liturgique catholique. Toutefois, si les luthĂ©riens suivent assez systĂ©matiquement le lectionnaire ƓcumĂ©nique, les rĂ©formĂ©s conservent la tradition qui consiste Ă  choisir librement les textes bibliques sur lesquels porteront la prĂ©dication. Dans certains temples, des cycles de prĂ©dication sont organisĂ©s qui permettent de suivre des parcours bibliques Ă  des occasions particuliĂšres.

Ordre du culte dans les Ă©glises protestantes historiques

Dans la grande diversitĂ© protestante, le culte comprend, d'une façon plus ou moins planifiĂ©e, les Ă©lĂ©ments suivants, selon les Églises[1] :

  • un temps d'accueil, suivi d’une salutation, d’une proclamation de la grĂące de Dieu et d’une louange adressĂ©e Ă  Dieu sous forme du chant d’un psaume,
  • un temps de reconsĂ©cration Ă  Dieu (rappel de la loi, confession des pĂ©chĂ©s, repentance, annonce de la grĂące et retour Ă  Dieu), le tout Ă©tant ponctuĂ© de priĂšres et rĂ©pons chantĂ©s, choisis en fonction des temps liturgiques (de l’Avent et NoĂ«l, de la Passion, de PĂąques, de PentecĂŽte et de l’Église).
  • lectures bibliques et prĂ©dication, encadrĂ©s par des cantiques. La prĂ©dication, qui peut durer 15 Ă  20 minutes est le moment central du culte dans tous les courants protestants ou Ă©vangĂ©liques. Les lectures sont prĂ©cĂ©dĂ©es d’une priĂšre invoquant l’Esprit Saint, dite priĂšre d’illumination, afin que la Parole de Dieu soit pour les fidĂšles une porte ouverte Ă  l’inattendu et une actualisation du message du Christ.
Un sacrement écossais, tableau d'Henry John Dobson représentant une sainte-cÚne dans un temple réformé.
  • À la suite de la prĂ©dication, l’assemblĂ©e confesse sa foi au moyen d’une profession de foi, traditionnelle ou non, choisie par le cĂ©lĂ©brant.
  • Suivent les annonces, essentiellement consacrĂ©es Ă  la vie de l’Église locale ou rĂ©gionale.
  • Elles sont suivies de l’offrande, signe de reconnaissance.
  • Les cultes se terminent par une priĂšre d’intercession soit conduite par le prĂ©dicant (l’officiant s'adresse Ă  Dieu au nom de toute la communautĂ©) soit spontanĂ©e (une ou plusieurs personnes s'adressent Ă  Dieu) dans le cas des Églises Ă©vangĂ©liques ;
  • La bĂ©nĂ©diction finale et l’envoi rappellent aux fidĂšles que la paix de Dieu les accompagne dans leur mission au dehors, pendant la semaine, et le culte s’achĂšve avec un dernier chant.
  • Avant l’intercession et la bĂ©nĂ©diction s’intercale la Sainte CĂšne, selon la frĂ©quence choisie par la paroisse (quatre fois par an, deux fois par mois, tous les dimanches).
  • Les baptĂȘmes sont parfois cĂ©lĂ©brĂ©s au cours d'un culte, soit au dĂ©but soit Ă  la fin.

Ordre du culte dans les églises évangéliques

Les cultes des Églises Ă©vangĂ©liques accordent en gĂ©nĂ©ral une importance moindre aux liturgies traditionnelles, vues comme trop figĂ©es et austĂšres, au profit de priĂšres spontanĂ©es, de tĂ©moignages de vie, de chants de louange par le chant, lectures de versets bibliques. Ces Églises attendent de leurs membres un engagement fort dans la vie de la communautĂ©. Le culte est souvent festif, avec musique d’orchestre et participation de la communautĂ© pour exprimer la joie pendant le culte. Les chants contemporains, sur des musiques et des rythmes modernes issus du gospel ou mĂȘme du rock, y ont trĂšs largement supplantĂ© les hymnes et cantiques traditionnels[1]. Le culte Ă©vangĂ©lique consiste donc en un temps de louange, suivi d’un temps de lecture bibliques et de prĂ©dication, et pĂ©riodiquement d’une sainte cĂšne.

Variantes et rituels spécifiques

Congrégation pentecÎtiste en priÚre, en Slovaquie, en 2002.
  • Chez les quakers, aucun rite ni aucun clergĂ© n’a Ă©tĂ© conservĂ©, tout est fondĂ© sur « l’expĂ©rience directe de la lumiĂšre intĂ©rieure que chacun porte en soi ». Les assemblĂ©es quakers se tiennent dans le silence jusqu’à ce qu’un ou une participant(e) se sent appelĂ©(e) Ă  prendre la parole[50].
  • Dans les Églises baptistes, l’expression de la piĂ©tĂ© individuelle l’emporte sur l’expression commune de la foi. Les confessions de foi traditionnelles issues de la tradition chrĂ©tienne y sont donc moins utilisĂ©s que dans les autres dĂ©nominations[1].
  • Au sein des Églises pentecĂŽtistes, aprĂšs 15 Ă  30 minutes de chants de louange collectifs, chaque participant est invitĂ© Ă  prĂ©senter Ă  Dieu sa propre louange. C’est Ă  ce moment que vont s’exprimer les charismes tels que les parlers en langues et les guĂ©risons[1].
  • Les communautĂ©s tziganes protestantes du monde ont constituĂ© un mouvement mondial d’église qui rĂ©unit jusqu’à 30 000 personnes sous un chapiteau pour des cultes d’une ferveur particuliĂšrement intense[1].

Autres formes de culte

Le culte individuel

Selon la pensée protestante, Dieu est toujours disponible pour passer un temps avec nous, à quelque moment que ce soit. Ainsi, toute personne peut s'adresser à Lui dans un esprit de priÚre et de reconnaissance. Le culte individuel consiste généralement en louanges, lecture personnelle de la Bible et en priÚre qui lui répond, priÚre généralement spontanée. Il existe des listes de lectures quotidiennes et des livrets de commentaires pour aider le croyant dans ce culte.

Le culte familial

À mi-chemin entre culte communautaire et culte individuel, le culte familial consiste en lecture et commentaire bibliques et en priĂšre et chant, sous la prĂ©sidence du chef de famille, le matin, le soir, ou avant un repas familial. Cette pratique mise en honneur par Coligny a Ă©tĂ© inscrite dans la discipline de l’Église rĂ©formĂ©e de France Ă  partir de 1565[51].

Lieux de culte

Temple protestant d'Exincourt (Doubs).

Le protestantisme ne sacralise pas ses lieux de culte. Aucun bĂątiment ou local spĂ©cifiques n’est a priori nĂ©cessaire pour cĂ©lĂ©brer un culte puisque ce sont les croyants eux-mĂȘmes qui sont « le temple de Dieu »[52]. Des cultes peuvent donc se tenir soit dans des bĂątiments ad hoc, soit dans des maisons ou d’autres locaux, soit en plein air, soit encore lors de cultes radiodiffusĂ©s ou tĂ©lĂ©visĂ©s[1].

Églises et temples

Les lieux de culte sont gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s « temple » ou « bĂątiment (d'Ă©glise) »[53] - [54] - [55]. Dans certaines megachurches, l’appellation « campus » est parfois utilisĂ©e [56] - [57]. L’architecture des lieux de cultes est majoritairement caractĂ©risĂ©e par sa sobriĂ©tĂ©[58] - [59]. La croix christique est l’un des seuls symboles spirituels qui peut gĂ©nĂ©ralement ĂȘtre vu sur le bĂątiment d’une Ă©glise Ă©vangĂ©lique et qui permet d’identifier l’appartenance du lieu [60] - [61].

Certains cultes ont lieu dans des thĂ©Ăątres, des Ă©coles ou des salles polyvalentes, en location pour le dimanche uniquement [62] - [63] - [64]. En raison de leur comprĂ©hension du deuxiĂšme des dix commandements, les Ă©vangĂ©liques n’ont pas de reprĂ©sentation matĂ©rielle religieuse comme des statues, des icĂŽnes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[65] - [66]. Dans certains bĂątiments se trouve un baptistĂšre, sur la scĂšne de l’auditorium (aussi appelĂ©e « sanctuaire ») ou dans une salle distincte, dans lequel on procĂšde au baptĂȘme par immersion[67] - [68].

Megachurches

Temple Salem de Cotonou, affilié aux Assemblées de Dieu, au Bénin, 2018

Les cultes Ă©vangĂ©liques prennent des proportions impressionnantes dans les megachurches (Ă©glises oĂč plus de 2 000 personnes se rĂ©unissent chaque dimanche) [69] - [70]. Dans certaines de ces mĂ©gaĂ©glises, plus de 10000 personnes se rassemblent chaque dimanche. Ces derniĂšres sont appelĂ©es Gigachurch[71] - [72].

Une doctrine particuliĂšrement controversĂ©e dans les Ă©glises Ă©vangĂ©liques est celle de la thĂ©ologie de la prospĂ©ritĂ©, qui s’est rĂ©pandue dans les annĂ©es 1970 et 1980 aux États-Unis, principalement par le tĂ©lĂ©vangĂ©lisme[73]. Cette doctrine est centrĂ©e sur l’enseignement de la foi chrĂ©tienne comme un moyen de s’enrichir financiĂšrement et matĂ©riellement, par une « confession positive » et une contribution aux ministĂšres chrĂ©tiens[74]. Des promesses de guĂ©rison divine et de prospĂ©ritĂ© sont garanties en Ă©change de certains montants de dons [75] - [76] - [77]. La fidĂ©litĂ© dans la dĂźme permettrait de s’éviter les malĂ©dictions de Dieu, les attaques du diable et la pauvretĂ© [78] - [79] - [80]. Les offrandes et la dĂźme occupent ainsi beaucoup de temps dans certains cultes[81]. Souvent associĂ©e avec la dĂźme obligatoire, cette doctrine est parfois comparĂ©e Ă  un business religieux [82] - [83] - [84] - [79]. Elle est critiquĂ©e par des pasteurs et des unions d’église, comme le CNEF, en France [85] - [86].

Églises de maison

Dans certains pays du monde qui appliquent la charia ou le communisme, les interdictions de culte pour les chrĂ©tiens, la complexitĂ© d'obtention d'autorisations gouvernementales, et les persĂ©cutions des chrĂ©tiens, ont fait que les Ă©glises de maison sont une rĂ©alitĂ© pour de nombreux croyants[87] - [88] - [89] - [90]. Par exemple, il y a des mouvements Ă©vangĂ©liques d'Églises de maison en Chine [91]. Les rencontres ont ainsi lieu dans des maisons privĂ©es, en secret et dans "l'illĂ©galitĂ©"[92]. Dans des pays oĂč il n'y a pas de persĂ©cutions, le mouvement de l'Église Ă©mergente a favorisĂ© le dĂ©veloppement d'Ă©glises de maison [93].

Robe pastorale

Sainte CÚne célébrée par deux pasteurs en robe lors d'un culte à l'église protestante Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg en 2014, tous deux en robe pastorale, l'un d'eux portant une étole.

Dans les paroisses rĂ©formĂ©es et Ă©vangĂ©liques, il est courant que le pasteur ou la pasteure prĂȘche et cĂ©lĂšbre le culte en vĂȘtements de tous les jours, donc sans robe pastorale[94]. Le pasteur est d'ailleurs parfois remplacĂ© par un laĂŻc formĂ© et reconnu par l'Ă©glise comme prĂ©dicateur laĂŻc, qui lui aussi prĂȘche "en civil".

Les pasteurs luthĂ©riens et rĂ©formĂ©s portaient traditionnellement la robe pastorale noire lors des cultes, associĂ©e Ă  un col Ă  rabat blanc. Cette tenue Ă©tait celle autrefois en usage dans les universitĂ©s. Elle avait Ă©tĂ© choisie pour souligner le rĂŽle d'enseignement du pasteur qui n'est pas un prĂȘtre mais un "lettrĂ©" qui explique les textes bibliques[95]. Elle reste en usage pour les cĂ©rĂ©monies les plus importantes et plus systĂ©matiquement dans certaines paroisses ou selon le choix personnel de certains pasteurs. Les luthĂ©riens lui ajoutent volontiers une Ă©tole soulignant la couleur du temps liturgique, Ă©ventuellement dĂ©jĂ  prĂ©sente dans les draperies prĂ©sentes dans le temple[1].

Le clergĂ© anglican a quant Ă  lui longtemps conservĂ© les usages catholiques de port de la soutane et d'une certaine pompe lors des cultes (plus marquĂ©e dans la Haute Église).

Notes et références

  1. « le culte protestant français aujourd'hui », sur le site du Musée virtuel du protestantisme (consulté le )
  2. AndrĂ© Gounelle, « L’ecclĂ©siologie dans le protestantisme, chapitre 12 : Le culte », sur le site d’AndrĂ© Gounelle (consultĂ© le )
  3. « Le Culte Protestant », sur Oratoire du Louvre, (consulté le )
  4. Elisabeth Parmentier, « Le culte », sur Fédération protestante de France (consulté le )
  5. BBC, Christian worship, bbc.co.uk, UK, 23 juin 2009
  6. Geoffrey Wainwright, The Oxford History of Christian Worship, Oxford University Press , USA, 2006, p. 465
  7. Amy-Jill Levine, Dale C. Allison Jr., John Dominic Crossan, The Historical Jesus in Context, Princeton University Press, USA, 2009, p. 2
  8. Marc 14.26, Matthieu 26.30; voir John J. Pilch, A Cultural Handbook to the Bible, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2012, p. 263
  9. John Paul Heil, The Letters of Paul as Rituals of Worship, Casemate Publishers, USA, 2012, p. 38, 41
  10. Confession d’Augsbourg, article XXIV. »lire en ligne.
  11. Hubert Guicharousse, Les musiques de Luther, Labor & Fides, , 324 p. (ISBN 2830907477).
  12. La psalmodie exclusive est la doctrine selon laquelle, dans le culte, seuls les psaumes bibliques peuvent ĂȘtre chantĂ©s, sans accompagnement instrumental ; voir par exemple la Confession de foi de Westminster, chapitre XXI, paragraphe V.
  13. (en) Brian Schwertley, Musical Instruments in the Public Worship of God, 1998. Consulté le 21 août 2009.
  14. (en) John Barber, Luther and Calvin on Music and Worship, Reformed Perspectives Magazine, vol. 8, n° 26, . Consulté le 21 août 2009.
  15. (en) J.H.S. Burleigh, A Church History of Scotland, p. p160–163.
  16. « Book » in Martin R. Gabriel, Le dictionnaire du christianisme, Publibook, 2007 (ISBN 9782748338508) p. 58
  17. L'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (en anglais : General Assembly) est le titre retenu par l’Église d'Écosse pour son synode gĂ©nĂ©ral.
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Bibliographie

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Articles connexes

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