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Louange

La louange est le fait de rendre hommage à quelqu’un ou à quelque chose, qu’il soit humain ou divin. La louange se fait de diverses manières, selon les religions ou les coutumes de l’adorateur. Il peut s’agir d’offrandes, de chants ou de danses ; l'adorateur le fait dans un acte de reconnaissance à Dieu.

Le dictionnaire encyclopédique Hachette fait comme unique distinction entre la louange et l’adoration le fait que l’adoration est forcément adressée à une divinité[1], bien que, dans l’usage courant, il soit possible d’utiliser le terme d’adoration pour exprimer une forte passion pour quelque chose sans que la religion n’entre en compte.

Définition judéo-chrétienne

Le concept de l’adoration a eu des accents différents au sein de l’histoire du salut. Ces différences sont particulièrement saillantes entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

Louange dans l'Ancien Testament

Au travers des époques, les Juifs ont eu un niveau de révélation différent sur l’adoration. Cela est principalement dû à la très grande diversité de lieux, d’époques, de systèmes politiques et de contextes dans lesquels se sont trouvés les adorateurs du Dieu d’Israël au temps de l’Ancienne Alliance[2]. Le contexte noachique était bien différent du contexte post-exilique par exemple, aussi bien au niveau du degré de révélation reçu qu’au niveau des coutumes de l’époque, et de la situation politique.

La chose certaine est que, dans l’Ancienne Alliance, la louange était vécue sous la forme d’actes externes, régulés de façon méticuleuse. Cela n’est pas à dire, cependant, que c’était l’acte en lui-même qui glorifiait Dieu. Celui-ci servait d’interface au travers de laquelle Dieu était glorifié. L’important était l’attitude de cœur de l’adorateur. Ceci se voit au travers de textes comme : « Car j'aime la piété et non les sacrifices, Et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. »[3] « La fidélité […] du peuple de Dieu […] est plus liée à la signification qu’ils donnent à leurs formes cultuelles qu’aux formes elles-mêmes »[4]. Les formes utilisées dans l’Ancien Testament avaient un sens de par le fait qu’elles reflétaient, par symbolisme, la valeur de Dieu. Ce n’était pas le fait même d’accomplissement du rite qui était important, mais ce que le rite disait. L’adorateur exerçant le rite devait donc avoir une certaine attitude de cœur pour pouvoir prétendre accomplir le rite, et proclamer, par cela même, ce que disait le rituel par symbolisme.

L’Ancien Testament comporte un livre, les Psaumes, qui est un recueil de chants de louange et d'adoration[5].

Louange dans le Nouveau Testament

C’est dans le Nouveau Testament que la louange trouve son accomplissement, car c’est là où la révélation de Dieu concernant la louange prend son sens le plus complet.

La chose la plus importante à retenir est que la louange de Dieu dans le Nouveau Testament n’est plus assignée à un lieu ou à un certain moment, ni à un rituel particulier. L’adorateur doit être quelqu’un qui loue Dieu en esprit et en vérité[6] - [7].

En conséquence :

  • La libertĂ© apportĂ©e par la mort et la rĂ©surrection du Christ, introduisant le dĂ©but de la Nouvelle Alliance, a permis que la louange puisse se vivre au travers de formes aussi diverses que variĂ©es. Il n’y a plus, dans le Nouveau Testament, de règles concernant la pratique de l’adoration, et ceci permet Ă  des gens de toutes langues, de toutes nations et de toutes cultures de pouvoir prendre part au culte de Dieu, les obstacles culturels formĂ©s par les rituels du judaĂŻsme n’étant plus normatifs. L’adoration de YahvĂ© est devenue globale de par son absence de forme rĂ©glementĂ©e dans le Nouveau Testament.
  • La louange « en esprit et en vĂ©ritĂ© », n’étant plus basĂ©e autour du rituel, devient une affaire du quotidien, de chaque instant. Quiconque prĂ©tendra adorer Dieu convenablement veillera Ă  ce que chacune de ses actions reflète la valeur de celui-ci. On n’offre plus de sacrifices, mais plutĂ´t son ĂŞtre tout entier Ă  Dieu[8].

Distinction catholique entre l'adoration et la louange

Malgré un lien étroit essentielle entre ces deux notions, l'Église catholique opère, dans le Catéchisme de l'Église Catholique, une légère distinction entre les deux.

« L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Elle exalte la grandeur du Seigneur qui nous a fait (cf. Ps 95, 1-6) et la toute-puissance du Sauveur qui nous libère du mal. »

« La prière de louange, toute désintéressée, se porte vers Dieu ; elle le chante pour Lui, elle Lui rend gloire, au-delà de ce qu’il fait, parce qu’Il EST. »

Musique chrétienne

Après avoir institué la Cène, Jésus a chanté des cantiques avec les apôtres [9]. Dans la première lettre aux Corinthiens, l'apôtre Paul encourage également les croyants à « chanter à Dieu » durant leurs rencontres [10]. Ainsi, le mot louange est aussi associé à un style de musique et de prière qui décrit les chants utilisés pour louer et adorer Dieu dans différentes églises chrétiennes.

La prière de louange est l'une des formes de la prière chrétienne qui met l'accent sur la relation d'amour et de proximité entre Dieu et l'homme. En effet, si lors des réunions, le message est pour les hommes ; la louange est pour Dieu[11].

En France, les Angels Music Awards récompensent les artistes francophones de musique chrétienne.

Musique catholique

L'Église catholique romaine utilise abondamment la musique dans le cadre de ses liturgies. De nombreuses pièces ont été composées en tant que chant de louange, à commencer par le Gloria qui, dès le IIe siècle, est intégré à la liturgie de la messe de Noël[12]. Les chants de louange sont présents dans les différents répertoires de la musique sacrée catholique : chant grégorien, chorale traditionnelle, chant d'assemblée accompagné d'orgue[13]...

Le chant de louange peut ĂŞtre prĂ©sent dans le cadre de la liturgie de la messe ou de l'office divin ou de temps de prières, personnel ou en groupe. L'existence de rĂ©unions de prière de formes diverses mais centrĂ©es sur la louange musicale s'est particulièrement dĂ©veloppĂ©e avec le « Renouveau charismatique Â» depuis les annĂ©es 1960. Dans les pays du sud, elle peut ĂŞtre acculturĂ©e (avec des tamtams, par exemple).

Musique protestante

Dans les églises protestantes multitudinistes (luthérienne, réformées, anglicanes), les chants (hymnes religieux ou gospel) sont encadrés par la liturgie et généralement accompagnés de l’orgue [14]. Certaines églises protestantes ont été influencées par la musique chrétienne contemporaine et offrent à la fois des cultes avec de la musique « traditionnelle » et de la musique contemporaine[15].

Musique évangélique

Dans les églises évangéliques (baptistes, pentecôtistes, charismatiques), les chants en commun (musique chrétienne) occupent une place très importante ; souvent la moitié du temps dans un culte [16] - [17] - [18] - [19]. Pour les évangéliques, la louange à travers la musique chrétienne est une des composantes de la foi, qui est présente dans la vie de tous les jours [20].

Avec le mouvement charismatique des années 1960, une nouvelle conception de la louange dans le culte, comme taper des mains et lever les mains en signe d’adoration, a pris place dans plusieurs dénominations évangéliques [21].

Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine, comprenant une grande variété de styles musicaux, comme le rock chrétien et le hip-hop chrétien a fait son apparition dans la louange [22] - [23] - [24].

DĂ©finition islamique

La notion de louange fait également partie intégrante de l'islam. Dans le Coran, la formule de louange adressé à Dieu débute les sourates 1, 18 et 35 du Coran. La formule "al hamdoulillah" en arabe qui signifie "Louange à Allah" est également très répandue. Des journaux ont même dédié leurs noms à la louange de Dieu[25], comme pour rappeler que sans la grâce divine, l'homme ne serait pas ce qu'il est devenu. La notion de Louange à Dieu et l’acte en lui-même font partie des mécanismes ésotériques les plus importants du rapprochement de Dieu et de la sanctification de l’âme.

Notes et références

  1. E. Fouquet, H. Nerfs, ss. dir., Dictionnaire Encyclopédique Illustré, Paris, Hachette, 1997.
  2. Pour une exploration des variantes dans l’expression de l’adoration au sein de l’AT, cf. Yoshiaki Hattor, « Theology of Worship in the Old Testament », in Worship: Adoration and Action, éd. D. A. Carson, Grand Rapids, MI/Carlisle, Baker Book House/The Paternoster Press, 1993, 256 p., p. 21-48.
  3. Livre d’Osée, 6, v. 6, Bible Louis Segond.
  4. Yoshiaki Hattori, ibid., p. 49.
  5. Sigmund Mowinckel, The Psalms in Israel's Worship, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2004, p. 28
  6. Évangile selon Jean, 4, v. 23.
  7. Cf. G.E Ladd, A Theology of the New Testament, Grand Rapids, Michigan, Wm. B. Eerdmans Publishing Company, 1993, édition révisée sous dir. D. A. Hagner, première édition parue en 1974, 764 p., p. 328.
  8. Cf. Épître de Paul aux Romains, 12 v. 1-2.
  9. Marc 14.26, Matthieu 26.30; voir John J. Pilch, A Cultural Handbook to the Bible, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 2012, p. 263
  10. John Paul Heil, The Letters of Paul as Rituals of Worship, Casemate Publishers, USA, 2012, p. 38, 41
  11. (en) « La louange », sur publicroire.com (consulté le ).
  12. Gloria in Excelsis Deo « EncyclopĂ©die Catholique » : Le Gloria est attribuĂ© Ă  Telesphore selon Innocent III et Ă  Symmachus, selon d'autres
  13. « Liturgie et Sacrements : la pastorale liturgique et sacramentelle en France », sur Liturgie & Sacrements (consulté le ).
  14. Bruce E. Shields, David Alan Butzu, Generations of Praise: The History of Worship, College Press, USA, 2006, p. 343
  15. Suzel Ana Reily, Jonathan M. Dueck, The Oxford Handbook of Music and World Christianities, Oxford University Press, USA, 2016, p. 491
  16. Robert Dusek, Facing the Music, Xulon Press, USA, 2008, p. 65
  17. Bruce E. Shields, David Alan Butzu, Generations of Praise: The History of Worship, College Press, USA, 2006, p. 307
  18. Gaspard Dhellemmes, Spectaculaire poussée des évangéliques en Île-de-France, lejdd.fr, France, 7 juin 2015
  19. Anna E. Nekola, Tom Wagner, Congregational Music-Making and Community in a Mediated Age, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2016, p. 26
  20. Stella Lau, Popular Music in Evangelical Youth Culture, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2013, p. 153
  21. Robert H. Krapohl, Charles H. Lippy, The Evangelicals: A Historical, Thematic, and Biographical Guide, Greenwood Publishing Group, USA, 1999, p. 171
  22. Suzel Ana Reily, Jonathan M. Dueck, The Oxford Handbook of Music and World Christianities, Oxford University Press, USA, 2016, p. 443
  23. Mathew Guest, Evangelical Identity and Contemporary Culture: A Congregational Study in Innovation, Wipf and Stock Publishers, USA, 2007, p. 42
  24. Don Cusic, Encyclopedia of Contemporary Christian Music: Pop, Rock, and Worship: Pop, Rock, and Worship, ABC-CLIO, USA, 2009, p. 85-86
  25. « Journal La Louange », sur al-hamdoulillah.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • D. A. Carson, Ed., Worship : Adoration and Action, Grand Rapids, MI/Carlisle, Baker Book House/The Paternoster Press, 1993, 256 p.
  • D. G. Petreson, En Esprit et en VĂ©ritĂ©, ThĂ©ologie Biblique de l’Adoration, ClĂ©on d’Andran, Excelsis, 2005, traduit de l’anglais par Pierre Coleman et Christophe Paya, Titre original : Engaging with God, a Biblical Theology of Worship, Apollos, Inter-Varsity Press, 1992
  • D. G. Peterson, “Adoration”, Dictionnaire de ThĂ©ologie Biblique, ClĂ©on d’Andran, Excelsis, 2006, 1 006 p., p. 418-427
  • J. Piper, Desiring God, Meditations of a Christian Hedonist, Leicester, Inter-Varsity Press, 2003, Troisième Ă©dition, Première Ă©dition parue en 1986, 391 p., p. 77-109.
  • M. Pilavachi, C. Borlase, For the Audience of One, Londres, Hodder & Staughton, 1999, 143 p.
  • M. Redman, The Unquenchable Worshipper, Eastbourne, Kingsway, Survivor, 2001, 91 p.

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