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Marine byzantine

La marine byzantine constitue la composante maritime des forces armĂ©es de l’Empire byzantin. HĂ©ritiĂšre de la marine romaine, elle continua d’ailleurs Ă  en porter le nom (áżŹÏ‰ÎŒÎ±áż–Îșό ΜαυτÎčÎșό : RhĂŽmaiko nautiko), puisque « byzantin, byzantine » est un adjectif tardif, donnĂ© a posteriori par JĂ©rĂŽme Wolf en 1557 ; les « Byzantins » se considĂ©raient comme Romains. Cependant, la marine byzantine joue un rĂŽle beaucoup plus dĂ©terminant dans la dĂ©fense et la survie de l’empire. Ainsi, la flotte romaine, bien infĂ©rieure en puissance et en prestige aux lĂ©gions, fait face Ă  peu de menaces maritimes importantes et reste cantonnĂ©e Ă  un rĂŽle de police, tandis que la mer est en revanche vitale pour l’existence de l’Empire byzantin, ce qui a amenĂ© plusieurs historiens Ă  parler d’« empire maritime »[1] - [2].

 Dessin de l'enseigne impĂ©riale des navires byzantins au XIVe siĂšcle
L'enseigne impĂ©riale (vassilikon flamouron) des navires byzantins au XIVe siĂšcle, dĂ©crite par Georges Kodinos et reproduite dans l’atlas castillan Conoscimento de todos los reinos (v. 1350)[3] - [4].

Généralités

L'hĂ©gĂ©monie romaine en MĂ©diterranĂ©e est d’abord mise Ă  mal par les Vandales avant que Justinien Ier n’élimine cette menace. Les Goths aussi s’étaient emparĂ©s de navires, avaient passĂ© le Bosphore et pillĂ© l’Hellade et l’Anatolie. À cette Ă©poque, l’introduction du dromon au sein d’une flotte permanente symbolise une Ă©volution majeure de la marine byzantine par rapport Ă  ses racines romaines. Ce processus s’accĂ©lĂšre face aux premiĂšres conquĂȘtes musulmanes au VIIe siĂšcle qui font du lac romain qu’était la MĂ©diterranĂ©e (mare nostrum ou internum) un vaste champ de bataille entre Byzantins et Arabes. La flotte byzantine joue un rĂŽle primordial dans la dĂ©fense contre les Arabes puisqu’elle leur barre Ă  de nombreuses reprises la route tant des possessions italiennes de l’empire que de Constantinople. Le feu grĂ©geois est un atout capital dans cette lutte.

Au dĂ©part, la dĂ©fense des cĂŽtes byzantines et des abords de Constantinople est assurĂ©e par la grande flotte des Caravisiens (ΚαραϐÎčσÎčÎŹÎœÎżÎč, dĂ©nomination qui est aussi Ă  l’origine du mot « caravelle »). NĂ©anmoins, cette mission est progressivement dĂ©volue aux flottes thĂ©matiques (rĂ©gionales) tandis qu’une flotte impĂ©riale centrale est maintenue Ă  Constantinople, protĂ©geant la ville et formant le cƓur des expĂ©ditions navales[5]. À partir de la fin du VIIIe siĂšcle, la marine byzantine, bien organisĂ©e et puissante, domine en MĂ©diterranĂ©e. MalgrĂ© la persistance de l’antagonisme avec les marines musulmanes, rythmĂ© d’une alternance de succĂšs et de dĂ©boires, les Byzantins sous Romain Ier LĂ©capĂšne retrouvent au Xe siĂšcle leur position de suprĂ©matie en MĂ©diterranĂ©e orientale
 au prix de la dĂ©forestation des Balkans et de l’Anatolie ainsi que d’un certain dĂ©peuplement des cĂŽtes et des Ăźles, Ă  la fois pour Ă©viter les incursions ennemies, que pour l’engagement des marins, des combattants de marine (ΔπÎčÏÎŹÏ„Î”Ï‚ : Ă©pibates) et des rameurs (qui Ă©taient des citoyens, tradition perpĂ©tuĂ©e Ă  Venise).

Au cours du XIe siĂšcle, la marine commence Ă  dĂ©cliner Ă  l’image de l’Empire. Les Byzantins doivent faire face Ă  de nouveaux dĂ©fis maritimes venant cette fois de l’Occident. Ils sont peu Ă  peu contraints de se reposer pour leur dĂ©fense sur les marines des citĂ©s-États italiennes, jadis byzantines mais devenues indĂ©pendantes, telles que Venise ou GĂȘnes, ce qui n’est pas sans lourdes consĂ©quences pour l’économie et la souverainetĂ© byzantines[6]. Une certaine renaissance se dessine sous les ComnĂšnes, mais le dĂ©tournement de la quatriĂšme croisade sur Constantinople en 1204-1205 inaugure une nouvelle pĂ©riode de dĂ©clin provoquĂ©e par le morcellement de l’Empire par les CroisĂ©s. AprĂšs la restauration de l’Empire en 1261, plusieurs empereurs PalĂ©ologues tentent de revigorer la marine byzantine, mais leurs efforts sont contrecarrĂ©s par la perte des ressources commerciales de l’Empire (la route de la soie, par exemple) restĂ©es depuis la croisade aux mains des VĂ©nitiens et des GĂ©nois.

Jusqu’au milieu du XIVe siĂšcle, la flotte byzantine, qui pouvait Ă  certaines Ă©poques dĂ©ployer des centaines de navires, est limitĂ©e Ă  une douzaine de vaisseaux au mieux[7] et le contrĂŽle de la mer ÉgĂ©e passe dĂ©finitivement aux mains des Italiens et des Ottomans[5]. Cette marine diminuĂ©e n’en reste pas moins active jusqu’à la chute de Constantinople en 1453 et mĂȘme un peu aprĂšs, puisque des vaisseaux rescapĂ©s restent aux États successeurs comme le despotat de MorĂ©e, l’empire de TrĂ©bizonde et les principautĂ©s de Moldavie et de ThĂ©odoros[8].

MĂȘme si l’organisation de la marine est comparable Ă  celle de l’armĂ©e byzantine, appartenir Ă  la marine est moins prestigieux et peu de ses dirigeants ont influĂ© de façon dĂ©cisive sur la politique byzantine. La marine comprend divers navires dont les caractĂ©ristiques sont parfois floues, mais le navire-type est le « dromon » (ΎρόΌωΜ). À partir du XIIe siĂšcle, le gouvernail d'Ă©tambot se gĂ©nĂ©ralise et les caractĂ©ristiques des navires byzantins et des navires d’Europe occidentale se rapprochent de plus en plus. Contrairement Ă  une idĂ©e rĂ©pandue, le feu grĂ©geois n’est pas une « arme miracle » et son utilisation comporte des risques : il importe d’ĂȘtre sous le vent pour Ă©viter d’en ĂȘtre soi-mĂȘme victime, et un coup de catapulte dans le xylocastre Ă  feu grĂ©geois peut dĂ©clencher un incendie Ă  bord. C’est pourquoi la marine byzantine recourt Ă  des tactiques et Ă  des armements plus classiques, dĂ©taillĂ©s dans le Taktika de LĂ©on VI le Sage. Par ailleurs, l’Empire a mis en place un systĂšme efficace de phares, balises et sĂ©maphores (Ă  feux et fumĂ©es de diffĂ©rents coloris) pour communiquer avec ses troupes et ses flottes[9].

Histoire

Les premiers siĂšcles

carte de la Méditerranée occidentale à la fin du cinquiÚme siÚcle
À la fin du Ve siĂšcle, la MĂ©diterranĂ©e occidentale tombe aux mains des royaumes barbares. Les conquĂȘtes de Justinien Ier restaurent la domination romaine sur cette mer, domination qui perdure jusqu'aux invasions arabes de la deuxiĂšme moitiĂ© du VIIe siĂšcle.

Guerres civiles et invasions barbares

À l'image de l'Empire qu'elle sert, la marine byzantine s'inscrit dans la continuitĂ© des institutions de l’Empire romain. En l’absence de vĂ©ritables menaces maritimes en MĂ©diterranĂ©e aprĂšs la bataille d’Actium en 31 av. J.-C., la marine romaine remplit essentiellement des missions de police et d’escorte. Les grandes batailles navales, comme Ă  l’époque des guerres puniques, n'existent plus et la flotte romaine se compose majoritairement de petits navires, plus efficaces pour ses nouvelles missions. Jusqu’au dĂ©but du IVe siĂšcle, la flotte romaine permanente se rĂ©duit. Ainsi, quand les flottes des empereurs rivaux Constantin le Grand et Licinius s’affrontent en 324[e 1], elles sont composĂ©es de navires nouvellement construits et nouvellement commandĂ©s venant des citĂ©s portuaires de l’est de la MĂ©diterranĂ©e[10]. Cependant, les guerres civiles des IVe et Ve siĂšcles provoquent un sursaut de vitalitĂ© de la flotte qui est sollicitĂ©e pour le transport des troupes[a 1]. De considĂ©rables forces navales continuent Ă  ĂȘtre employĂ©es dans la MĂ©diterranĂ©e occidentale au cours du premier quart du Ve siĂšcle, notamment en Afrique du Nord.

Mais la domination romaine dans cette rĂ©gion est remise en cause avec l'occupation de l’Afrique par les Vandales[a 2]. Le royaume vandale de Carthage, dirigĂ© par le roi GensĂ©ric, lance dĂšs 440 des raids sur les cĂŽtes italiennes et grecques. Les Vandales parviennent mĂȘme Ă  mettre Rome Ă  sac en 455. Les raids vandales continuent impunĂ©ment au cours des deux dĂ©cennies qui prĂ©cĂšdent la chute de Rome malgrĂ© les tentatives romaines de les dĂ©faire[a 3]. L’Empire romain d’Occident est impuissant, sa marine est quasiment annihilĂ©e[11]. L’empereur romain d’Orient peut encore faire appel aux ressources et Ă  l’expertise navale prĂ©sente en MĂ©diterranĂ©e orientale. Une premiĂšre expĂ©dition est menĂ©e en 448 qui ne va pas plus loin que la Sicile. En 460, les Vandales attaquent et dĂ©truisent une flotte de l’Empire romain d’Occident Ă  CarthagĂšne en Espagne[a 3]. En fin de compte, en 468, une Ă©norme expĂ©dition lancĂ©e par Basiliscus, qui comprend 1 113 navires et 100 000 hommes, Ă©choue dĂ©sastreusement[i 1]. Quelque 600 navires sont dĂ©truits par le mĂȘme nombre de brĂ»lots et le coĂ»t financier de cette dĂ©faite s'Ă©lĂšve Ă  130 000 piĂšces d’or et 700 piĂšces d’argent[i 1]. L’Empire est alors ruinĂ©[12], ce qui le force Ă  traiter avec GensĂ©ric et Ă  signer un traitĂ© de paix. AprĂšs la mort de GensĂ©ric en 477, la menace vandale reflue[a 4].

Le VIe siÚcle et le retour du contrÎle romain sur la Méditerranée avec Justinien Ier

Le VIe siĂšcle marque la renaissance de la puissance navale romaine. En 508, l'antagonisme avec le roi ostrogoth ThĂ©odoric le Grand s’aggrave et l’empereur Anastase envoie une flotte de 100 navires pour lancer des raids sur les cĂŽtes italiennes[a 5]. En 513, le magister militum pour la Thrace se rĂ©volte contre l’empereur Anastase[i 2]. Le rebelle assemble une flotte de 200 navires qui est dĂ©truite par le gĂ©nĂ©ral Marinus aprĂšs quelques succĂšs initiaux. Cette victoire est permise en grande partie par l'utilisation d'une substance incendiaire (peut-ĂȘtre une premiĂšre forme du feu grĂ©geois)[b 1].

En 533, prenant avantage de l’absence de la flotte vandale Ă  proximitĂ© de la Sardaigne, une armĂ©e de 15 000 hommes dirigĂ©e par BĂ©lisaire est envoyĂ©e en Afrique par une flotte d’invasion de quatre-vingt-douze dromons et de 500 navires de transport[e 2] - [h 1]. Cette invasion dĂ©clenche la guerre des Vandales, la premiĂšre des guerres de reconquĂȘte de Justinien. Cette grande opĂ©ration amphibie est rendue possible par le contrĂŽle des voies de navigation de la MĂ©diterranĂ©e. La flotte joue un rĂŽle vital dans l’approvisionnement et le renforcement des forces et garnisons dispersĂ©es de la force expĂ©ditionnaire byzantine[b 1]. Ce fait n'Ă©chappe pas aux ennemis de Byzance qui prennent conscience de l'importance de possĂ©der une flotte. DĂ©jĂ , durant les annĂ©es 520, ThĂ©odoric planifie la construction d’une importante flotte dirigĂ©e contre les Byzantins et les Vandales, mais sa mort en 526 limite l’étendue de ce plan[a 6]. En 535, la guerre des Goths commence avec une attaque byzantine en tenaille, d’un cĂŽtĂ©, une flotte transportant une nouvelle fois l’armĂ©e de BĂ©lisaire de la Sicile Ă  l’Italie et, de l’autre, une armĂ©e envahissant la Dalmatie[h 1]. Le contrĂŽle de la mer par Byzance est d’une grande importance stratĂ©gique. Il permet Ă  la petite armĂ©e byzantine d’occuper avec succĂšs la pĂ©ninsule en 540[a 7].

En 541, cependant, le nouveau roi ostrogoth Totila arme une flotte de 400 navires de guerre avec laquelle il prive l'Empire byzantin de la domination des mers entourant l'Italie. Deux flottes byzantines sont dĂ©truites prĂšs de Naples en 542[a 8] et, en 546 dans un vain effort de libĂ©rer Rome de l’emprise ostrogothe, BĂ©lisaire commande alors personnellement une flotte de 200 navires contre la flotte gothe qui bloque l’estuaire du Tibre[e 3]. En 550, Totila envahit la Sicile et l’annĂ©e suivante, sa flotte de 300 navires lui permet de prendre possession de la Sardaigne et de la Corse. Elle lance mĂȘme des raids jusqu’à Corfou et les cĂŽtes de l’Épire[a 9]. Cependant, une dĂ©faite lors de la bataille navale de Sena Gallica marque le dĂ©but de l’ascendant byzantin sur les Ostrogoths[b 1]. Avec les conquĂȘtes de l’Italie et du sud de l’Espagne sous Justinien, la MĂ©diterranĂ©e redevient un « lac romain »[b 1] - [13].

MalgrĂ© la perte ultĂ©rieure de la plupart de l’Italie envahie par les Lombards, les Byzantins maintiennent leur contrĂŽle sur les mers (mĂȘme si les Lombards tentent quelques rares incursions maritimes). De fait, ils sont capables de conserver plusieurs bandes cĂŽtiĂšres italiennes durant plusieurs siĂšcles[a 10]. La seule action navale d’importance au cours des 80 annĂ©es suivantes se dĂ©roule durant le siĂšge de Constantinople par l’Empire sassanide, les Avars et les Slaves en 626. Durant ce siĂšge, la flotte slave composĂ©e de navires monoxyles est interceptĂ©e par la marine byzantine et dĂ©truite, empĂȘchant le passage de l’armĂ©e perse du Bosphore et forçant les Avars Ă  lever le siĂšge[e 4].

L'Ă©mergence de la menace maritime arabe

Carte des principales opĂ©rations et combats navals opposant les Byzantins et les Arabes entre le VIIe et le XIe siĂšcle
Carte des principales opérations et combats navals opposant les Byzantins et les Arabes entre le VIIe et le XIe siÚcle.

Au cours des annĂ©es 640, la conquĂȘte musulmane de la Syrie et de l’Égypte crĂ©e une nouvelle menace pour Byzance. Ces conquĂȘtes ont apportĂ© aux Arabes de nouvelles zones de recrutement et de nouvelles sources de production. De plus, les Byzantins ayant dĂ©montrĂ© la nĂ©cessitĂ© d’avoir une force navale importante lors de leur Ă©phĂ©mĂšre reprise d’Alexandrie en 644, les Arabes lancent la crĂ©ation d’une marine importante. Pour cet objectif, la nouvelle Ă©lite musulmane, qui vient principalement de la partie nord-est de la pĂ©ninsule arabique, est largement dĂ©pendante des ressources et de la main-d’Ɠuvre du Levant rĂ©cemment conquis (en particulier les Coptes Ă©gyptiens). Ces derniers fournissaient encore les Ă©quipages et les navires de la marine byzantine quelques annĂ©es auparavant[14] - [b 2] - [15]. De plus, les bases navales de la Palestine emploient aussi les ouvriers navals de l’Irak et de la Perse[16]. Le manque d’illustrations avant le dĂ©but du XIVe siĂšcle induit l’absence de connaissances prĂ©cises sur les spĂ©cificitĂ©s des premiers navires de guerre musulmans, bien qu’on suppose gĂ©nĂ©ralement que leur marine se situe dans la droite ligne de la tradition maritime rĂ©gnant en MĂ©diterranĂ©e orientale. Étant donnĂ© que la nomenclature nautique est largement partagĂ©e et qu’il y a eu des siĂšcles d’interactions entre les deux cultures, les navires byzantins et arabes prĂ©sentent de nombreuses similaritĂ©s[b 3] - [17] - [18]. Cette similaritĂ© s’étend aux tactiques et Ă  l’organisation gĂ©nĂ©rale de la flotte, les traductions des manuels militaires byzantins Ă©tant Ă  la disposition des amiraux arabes[b 3].

AprĂšs s’ĂȘtre emparĂ©e de Chypre en 649 et avoir lancĂ© des raids sur la Sicile, la CrĂšte et Rhodes[i 3], la jeune marine arabe dĂ©fait de maniĂšre dĂ©cisive les Byzantins pourtant dirigĂ©s personnellement par l’empereur Constant II au cours de la bataille des MĂąts en 655[a 11] - [i 4]. Cette dĂ©faite byzantine catastrophique ouvre la MĂ©diterranĂ©e aux Arabes et marque le dĂ©but d'une sĂ©rie de luttes durant plusieurs siĂšcles pour le contrĂŽle des voies de navigation de la MĂ©diterranĂ©e[19] - [a 11]. Au cours du rĂšgne de MuÊżÄwiya Ier, les raids s’intensifient, en prĂ©paration de l’assaut sur Constantinople (prise de Chios et de la presqu'Ăźle de Cyzique)[i 5]. Lors du premier siĂšge arabe de Constantinople, la flotte byzantine prouve sa nĂ©cessitĂ© pour la survie de l’empire, et la flotte arabe est dĂ©faite grĂące Ă  l’utilisation d’une nouvelle arme secrĂšte : le feu grĂ©geois[i 6]. L’avance musulmane en Anatolie et en mer ÉgĂ©e est interrompue et une trĂȘve de 35 ans est conclue peu aprĂšs[a 12] - [h 2].

Durant les annĂ©es 680, Justinien II porte une attention particuliĂšre aux besoins de la marine, la renforçant par le rĂ©tablissement de 18 500 MardaĂŻtes le long des cĂŽtes sud de l’empire. Ils sont employĂ©s en tant que marins ou rameurs[c 1]. NĂ©anmoins, la menace de la marine arabe s’intensifie avec l’invasion progressive de l’Afrique du Nord durant les annĂ©es 680 et 690. La derniĂšre forteresse byzantine, Carthage, tombe en 698, bien qu’une expĂ©dition maritime byzantine tente briĂšvement de la reprendre[e 5] - [h 3]. Le gouverneur arabe Moussa Ibn NoçaĂŻr bĂątit une nouvelle citĂ© qui lui sert de base navale, Tunis. 1 000 constructeurs navals coptes sont amenĂ©s pour construire une nouvelle flotte qui doit dĂ©fier la domination byzantine de la MĂ©diterranĂ©e occidentale[a 13]. Ainsi, au dĂ©but du VIIIe siĂšcle, les raids musulmans se dĂ©veloppent contre les possessions byzantines de la MĂ©diterranĂ©e occidentale, en particulier en Sicile[16] - [a 14]. De surcroĂźt, la nouvelle flotte permet aux Musulmans de complĂ©ter leur conquĂȘte du Maghreb et d’ensuite prendre possession de l’Espagne wisigothique[a 15].

Contre-offensive byzantine

Photographies de piÚces d'or représentant les visages de l'empereur Léon III et de son fils Constantin V
PiÚces de monnaie représentant les visages de l'empereur Léon III l'Isaurien et de son fils et successeur Constantin V. Ensemble, ils forment le fer de lance de la résistance byzantine aux Arabes, malgré les crises internes causées par leur politique iconoclaste[d 1].

Les Byzantins ne sont pas capables de rĂ©pondre efficacement Ă  l’avance musulmane en Afrique, car ils sont accaparĂ©s par des guerres civiles de 695 Ă  715[a 16]. Ils peuvent seulement rĂ©agir par des raids comme celui de 709 qui aboutit Ă  la capture de l’amiral arabe rĂ©sidant en Égypte[a 14]. Cependant, les Byzantins sont aussi conscients que les Arabes prĂ©parent une nouvelle offensive de grande envergure contre Constantinople. Face aux prĂ©paratifs du calife Al-WalÄ«d Ier (705-715), l’empereur byzantin Anastase II (713-715) prĂ©pare la capitale et monte une action prĂ©ventive contre les prĂ©parations navales arabes, sans rĂ©ussite[a 16] - [h 4]. Anastase est ensuite renversĂ© par ThĂ©odose III (715-717) en 715. Ce dernier subit le mĂȘme sort deux ans plus tard alors que les troupes arabes pĂ©nĂštrent en Anatolie. Lorsqu’il arrive sur le trĂŽne, LĂ©on III l’Isaurien (717-741) doit faire face au second siĂšge de Constantinople par les Arabes. L’utilisation du feu grĂ©geois qui dĂ©vaste la flotte arabe est de nouveau un instrument de la victoire byzantine[h 5] ainsi qu'un rude hiver et une attaque bulgare qui sapent les forces arabes[a 17].

À la suite du siĂšge, la flotte arabe en plein repli est dĂ©vastĂ©e par une tempĂȘte tandis que la flotte byzantine pille LaodicĂ©e de Syrie et que l’armĂ©e chasse les Arabes d’Asie Mineure[e 6] - [d 2]. Au cours des trois dĂ©cennies suivantes, les conflits navals consistent en des raids rĂ©guliers des deux cĂŽtĂ©s, les Byzantins lançant des attaques rĂ©pĂ©tĂ©es contre les bases navales musulmanes en Syrie (LaodicĂ©e) et en Égypte (Damiette et Tinnis)[a 14]. En 727, une rĂ©volte des thĂšmes maritimes, largement motivĂ©e par l’iconoclasme de l’empereur, est rĂ©primĂ©e par la flotte impĂ©riale qui se sert une nouvelle fois du feu grĂ©geois[d 1]. En dĂ©pit des pertes occasionnĂ©es, prĂšs de 390 navires sont envoyĂ©s attaquer Damiette en 739[a 14]. En 746, une expĂ©dition navale omeyyade contre Chypre est dĂ©truite par la flotte des CibyrrhĂ©otes lors de la bataille de Keramaia[20], puis, en 747, une flotte byzantine soutenue par les navires des citĂ©s-États italiennes, qui font leur apparition, dĂ©fait les flottes combinĂ©es de Syrie et d’Alexandrie. Ces derniĂšres actions brisent les capacitĂ©s navales du Califat omayyade[a 14].

Le renouveau de la marine arabe

Image tirée du manuscrit de Jean SkylitzÚs représentant la flotte de pirates sarrasins se dirigeant vers la CrÚte
La flotte de pirates sarrasins se dirigeant vers la CrĂšte. Image provenant du manuscrit de Jean SkylitzĂšs Ă  Madrid.

Cette prĂ©dominance de la marine byzantine dure jusqu’au dĂ©but du IXe siĂšcle quand une suite de revers de fortune annonce sa fin et ouvre la voie au zĂ©nith de la domination navale arabe[a 18]. DĂ©jĂ  en 790, les Byzantins sont lourdement dĂ©faits dans le golfe d’Antalya et les raids contre Chypre et la CrĂšte reprennent sous le rĂšgne d’Haroun ar-Rachid (786-809)[a 19]. Autour de la MĂ©diterranĂ©e, de nouvelles puissances sont en train d’émerger. La plus importante naĂźt au sein de l’Empire carolingien Ă  la suite de la Pax NicĂ©phori en 803 qui enclenche le processus d'autonomisation croissante de la ville byzantine de Venise. Celle-ci profite de l’échec d’une attaque byzantine en 809 pour affirmer son indĂ©pendance[a 20]. Dans le mĂȘme temps, l’Ifriqiya voit l’arrivĂ©e de la nouvelle dynastie aghlabide qui met immĂ©diatement en place des vagues de raids en MĂ©diterranĂ©e centrale[a 20].

Miniature représentant la révolte de Thomas le Slave qui réussit à gagner le soutien des flottes des thÚmes maritimes
Miniature représentant la révolte de Thomas le Slave qui réussit à gagner le soutien des flottes des thÚmes maritimes.

Au contraire, les Byzantins sont affaiblis par une sĂ©rie de dĂ©faites catastrophiques contre les Bulgares suivie en 820 par la rĂ©volte de Thomas le Slave. Celui-ci s’attire le soutien d’une grande partie des forces armĂ©es byzantines, y compris les flottes des thĂšmes maritimes[a 21] - [h 6]. MalgrĂ© son Ă©crasement, la rĂ©volte a sĂ©vĂšrement diminuĂ© les dĂ©fenses de l’empire. Cet affaiblissement entraĂźne la conquĂȘte de la CrĂšte entre 824 et 827 par des Andalous exilĂ©s. Trois tentatives byzantines pour recouvrer l’üle Ă©chouent au cours des quelques annĂ©es suivantes. L’üle devient alors une base pour les activitĂ©s des Musulmans dans la mer ÉgĂ©e, ce qui bouleverse radicalement le rapport de force dans la rĂ©gion[a 22]. En dĂ©pit de plusieurs succĂšs contre les corsaires crĂ©tois et d’un raid destructeur sur Damiette par une flotte byzantine de 85 vaisseaux en 853[a 23], la puissance navale arabe se raffermit dans le Levant sous les Abbassides[b 4].

La situation est aussi extrĂȘmement dĂ©plorable Ă  l’Ouest. Un coup critique est infligĂ© Ă  l’empire en 827 lorsque les Aghlabides commencent la lente conquĂȘte de la Sicile, aidĂ©s en cela par la dĂ©fection du commandant byzantin EuphĂ©mios et de la flotte du thĂšme insulaire[b 4] - [a 23]. En 838, les Musulmans traversent l’Italie et prennent les villes de Brindisi et de Tarente, suivies bientĂŽt par Bari. Les opĂ©rations vĂ©nitiennes contre eux sont des Ă©checs et au cours de la dĂ©cennie 840, les Arabes peuvent impunĂ©ment lancer des raids sur l’Italie et sur l’Adriatique. Ils attaquent mĂȘme Rome en 846[b 4] - [h 7]. Une offensive des Lombards et de Lothaire Ier Ă©choue Ă  dĂ©loger les Musulmans d’Italie. Pendant ce temps, deux offensives de grande envergure tentant de rĂ©cupĂ©rer la Sicile sont lourdement dĂ©faites en 840 et 859[a 22]. À partir de 850, les Byzantins et les ChrĂ©tiens en gĂ©nĂ©ral sont rĂ©duits Ă  la dĂ©fensive du fait de la domination progressive de la mer MĂ©diterranĂ©e par les Arabes soutenus par un grand nombre de troupes indĂ©pendantes ghazies[b 4] - [21].

Lors de cette pĂ©riode, alors que les forces byzantines affaiblies se dĂ©fendent contre des ennemis sur tous les fronts, elles voient aussi l’arrivĂ©e d’une nouvelle et inattendue menace. La Rus’ fait sa premiĂšre apparition dans l’histoire byzantine avec un raid contre la Paphlagonie au cours de la dĂ©cennie en 830, suivi par un raid majeur en 860[22] - [a 24] - [h 8].

La reconquĂȘte byzantine, l'Ăšre de la dynastie macĂ©donienne

Au cours des IXe et Xe siĂšcles, pendant que le califat abbasside se divisait en multiples petits États arabes et s’affaiblissait, les Byzantins lancĂšrent une sĂ©rie de campagnes victorieuses contre eux[a 25]. Cette reconquĂȘte byzantine fut dirigĂ©e par les souverains de la dynastie macĂ©donienne qui marquĂšrent l’apogĂ©e de l’Empire byzantin[23] - [d 3].

Le rĂšgne de Basile Ier

photographie de monnaie en or représentant l'empereur Basile Ier
Solidus en or représentant l'empereur Basile Ier. Son patronage de la flotte aboutit à plusieurs succÚs et son souvenir se propagea parmi les marins, créant un lien fort avec la dynastie macédonienne, ce qui se ressentit sous le rÚgne du petit-fils de Basile[24].

L’ascension de Basile Ier (867-886) annonce ce retour en force de l’Empire byzantin. Basile Ier s’engage dans une politique offensive. Il continue celle de son prĂ©dĂ©cesseur Michel III (842-867) et montre une grande attention Ă  la flotte, avec comme consĂ©quence plusieurs victoires[25]. En 867, une flotte dirigĂ©e par le drongaire grec NicĂ©tas Ooryphas fait lever le siĂšge de Raguse, libĂšre la Dalmatie des attaques arabes et rĂ©tablit la prĂ©sence byzantine dans la rĂ©gion[26]. Quelques annĂ©es plus tard, il vainc Ă  deux reprises (bataille de Kardia et bataille du Golfe de Corinthe) les pirates crĂ©tois[d 4], sĂ©curisant temporairement la mer ÉgĂ©e[b 4]. Chypre est aussi temporairement rĂ©occupĂ©e et Bari repasse sous le contrĂŽle de Byzance[d 5]. À ce moment, la prĂ©sence musulmane en Cilicie se renforce nĂ©anmoins et Tarse devient une base majeure pour des attaques terrestres et maritimes contre le territoire byzantin. Le rĂšgne de l’émir Yazaman al-Khadim (882-891) est marquĂ© par de nombreuses attaques de ce type[a 26].

À l’Ouest, les musulmans continuent de rĂ©guliĂšrement progresser pendant que les troupes byzantines montrent leur inaptitude. L’empire est forcĂ© de demander l’aide de ses sujets italiens et doit recourir au transfert de la flotte orientale en Italie pour mettre fin Ă  tout progrĂšs musulman[27]. À la chute d’Enna en 855, la souverainetĂ© byzantine sur la Sicile se rĂ©duit Ă  la bande littorale orientale de l’üle qui subit une pression de plus en plus importante. Une expĂ©dition en 868 n’obtient qu'un soulagement. Syracuse est de nouveau attaquĂ©e en 869, et en 870, Malte tombe aux mains des Aghlabides[a 27] - [h 9]. Les corsaires musulmans reprennent leurs raids en Adriatique et, bien qu’ils soient repoussĂ©s d’Apulie au dĂ©but des annĂ©es 880, ils Ă©tablissent des bases le long de la cĂŽte occidentale de l’Italie dont ils ne sont complĂštement dĂ©logĂ©s qu’en 915[a 28]. En 878, Syracuse, la principale forteresse byzantine de Sicile, est de nouveau attaquĂ©e et finit par tomber, en grande partie Ă  cause de la flotte impĂ©riale, occupĂ©e Ă  transporter du marbre pour la construction de la Nea Ekklesia, la nouvelle Ă©glise de Basile[c 2]. En 880, le successeur d’Ooryphas, le drongaire Nasar, obtient une victoire significative sur les Tunisiens lors d’un raid sur les Ăźles Ioniennes[h 9]. Il procĂšde ensuite Ă  des raids sur la Sicile emportant un important butin, capturant plusieurs navires arabes lors de la bataille navale de Stelai, avant de dĂ©faire une autre flotte musulmane Ă  Punta Stilo. Au mĂȘme moment, une autre escadre byzantine remporte une victoire significative Ă  Naples[28] - [a 29]. Ces succĂšs permettent Ă  une Ă©phĂ©mĂšre contre-offensive byzantine de se dĂ©velopper en Occident dans la dĂ©cennie 880 sous la direction du gĂ©nĂ©ral NicĂ©phore Phocas l'AĂźnĂ©. Les Byzantins peuvent alors reprendre pied en Apulie et en Calabre et crĂ©ent le thĂšme de Longobardie qui devient ensuite le catĂ©panat d'Italie en s'unissant avec le thĂšme de Calabre[29] - [30]. NĂ©anmoins, une lourde dĂ©faite lors de la bataille navale de Milazzo en 888 signe le dĂ©but de la disparition virtuelle de l'activitĂ© de la marine byzantine dans les eaux italiennes au cours du siĂšcle suivant[b 4] - [a 30].

Raids arabes durant le rĂšgne de LĂ©on VI

Le sac de Thessalonique par les Arabes dirigés par Léon de Tripoli en 904, extrait du manuscrit SkylitzÚs
Le sac de Thessalonique par les Arabes dirigĂ©s par LĂ©on de Tripoli en 904, est dĂ©peint par le manuscrit SkylitzĂšs de Madrid. C'est l'acte le plus important perpĂ©trĂ© par les pirates arabes au sein de la mer ÉgĂ©e sous le rĂšgne de LĂ©on VI.

En dĂ©pit des succĂšs de Basile, l’Empire byzantin fait face Ă  de sĂ©rieuses menaces durant le rĂšgne de LĂ©on VI. Au nord, une guerre Ă©clate contre les Bulgares du tsar SimĂ©on Ier et une partie de la flotte impĂ©riale est utilisĂ©e en 895 pour transporter une armĂ©e hongroise le long du Danube et lancer des raids sur la Bulgarie[d 6]. Cette guerre est Ă  la source de nombreuses lourdes dĂ©faites alors que dans le mĂȘme temps la menace de la marine arabe atteint un nouveau seuil avec une suite de raids dĂ©vastateurs sur les littoraux de la mer ÉgĂ©e, le cƓur de l’Empire byzantin. En 891 ou 893, une flotte arabe met Ă  sac l’üle de Samos et le strategos de l’üle est fait prisonnier[31]. En 898, l’amiral Raghieb fait prisonnier 3 000 marins du Kibyrrhaiotai. Ces pertes affaiblissent les dĂ©fenses byzantines, ouvrant la mer ÉgĂ©e aux raids des flottes syriennes[a 26]. Le premier choc sĂ©rieux intervient en 901 quand le renĂ©gat Damien de Tarse pille DĂ©mĂ©trias[i 7] pendant que l’annĂ©e suivante, Taormine, le dernier poste avancĂ© byzantin en Sicile, tombe aux mains des musulmans[31] - [a 28]. Le dĂ©sastre d’importance intervient cependant en 904 quand un autre renĂ©gat, LĂ©on de Tripoli, lance un raid sur la mer ÉgĂ©e. Sa flotte pĂ©nĂštre Ă  l’intĂ©rieur des Dardanelles avant de mettre Ă  sac la deuxiĂšme plus grande ville de l’empire, Thessalonique. La flotte impĂ©riale reste passive face Ă  la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique des Arabes[32]. Il n’est alors guĂšre surprenant d’observer qu’une mentalitĂ© dĂ©fensive et prudente prĂ©vaut dans le manuel d’instruction navale de l’époque de LĂ©on VI (le Naumachica)[b 4].

L’amiral byzantin se distinguant le plus Ă  cette Ă©poque est HimĂ©rios, le logothĂšte du drome. NommĂ© amiral en 904, il est incapable d’empĂȘcher le sac de Thessalonique mais il obtient une importante victoire en 906 et, en 910, il mĂšne une offensive victorieuse sur LaodicĂ©e en Syrie[33]. La citĂ© est mise Ă  sac et son arriĂšre-pays pillĂ© et ravagĂ© sans qu’un seul navire ne soit perdu[34]. Un an plus tard, une importante expĂ©dition de 112 dromons et 75 pamphyloi avec 43 000 hommes, qui prend la mer sous la direction d’HimĂ©rios, a pour objectif l’émirat de CrĂšte. Toutefois, cette expĂ©dition Ă©choue non seulement dans sa reconquĂȘte de l’üle[d 7], mais elle tombe en outre dans une embuscade lors du voyage de retour, et est entiĂšrement dĂ©truite par LĂ©on de Tripoli prĂšs de Chios[a 31].

La situation commence Ă  se renverser vers 920. CoĂŻncidence ou non, la mĂȘme annĂ©e est marquĂ©e par l’ascension d’un amiral, Romain Ier LĂ©capĂšne, sur le trĂŽne impĂ©rial. C’est la deuxiĂšme fois aprĂšs TibĂšre III mais aussi la derniĂšre fois qu’un amiral devient empereur byzantin. Finalement, en 923, la dĂ©faite de LĂ©on de Tripoli Ă  Lemnos, couplĂ©e avec la mort de Damien lors du siĂšge d’une forteresse byzantine l’annĂ©e suivante accĂ©lĂšrent la rĂ©surgence de la marine byzantine[a 32].

ReconquĂȘte de la CrĂšte et du Levant

Le siÚge de Candie, principale forteresse musulmane en CrÚte, dépeinte dans le manuscrit SkylitzÚs de Madrid
Le siĂšge de Candie, la principale forteresse musulmane en CrĂšte, est dĂ©peinte dans le manuscrit SkylitzĂšs de Madrid. NicĂ©phore Phocas dirige une expĂ©dition trĂšs importante qui reprend la CrĂšte et protĂšge la mer ÉgĂ©e de la menace des pirates musulmans.

Les progrĂšs de l’empire se manifestent en 942 quand l’empereur Romain Ier envoie une escadre en mer TyrrhĂ©nienne. Utilisant le feu grĂ©geois, la flotte byzantine dĂ©truit une flotte de corsaires musulmans prĂšs de Fraxinetum[a 33]. Cependant en 949, une autre expĂ©dition de prĂšs de 100 navires lancĂ©e par Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte sur la CrĂšte se termine en dĂ©sastre du fait de l’incompĂ©tence de son chef, Constantin GongylĂšs[35] - [a 34] - [i 8]. Une nouvelle offensive sur l’Italie en 951-952 est dĂ©faite par les Aghlabides. NĂ©anmoins, une autre expĂ©dition en 956 et la destruction de la flotte tunisienne par une tempĂȘte en 958 stabilisent temporairement la situation italienne de l’Empire byzantin[a 33]. De 963 Ă  965, une rĂ©volte dans les Ăźles grecques oblige les Byzantins Ă  envoyer une force expĂ©ditionnaire reprendre Taormina[a 35]. Mais en 965, les Byzantins subissent une lourde dĂ©faite face Ă  la marine fatimide au dĂ©troit de Messine qui annonce la diminution de l’activitĂ© navale byzantine dans la rĂ©gion[b 5]. Les eaux italiennes sont de nouveau dĂ©laissĂ©es jusqu'en 1025, date Ă  laquelle les Byzantins rĂ©apparaissent activement en Italie mĂ©ridionale et en Sicile[b 5] - [a 36].

À l’est, en 956, le stratĂšge Basile HexamilitĂšs inflige une dĂ©faite Ă©crasante Ă  la flotte de Tarse. Cette victoire ouvre la voie pour la reconquĂȘte de la CrĂšte[a 33]. Celle-ci est confiĂ©e Ă  NicĂ©phore II Phocas qui en 960 envoie une flotte de 100 dromons, 200 chelandia et 308 navires de transport emmenant une force totale de 77 000 hommes pour soumettre l’üle[d 8]. La conquĂȘte de la CrĂšte dissipe la menace principale sur la mer ÉgĂ©e, le cƓur maritime de l’Empire byzantin[i 9]. Peu aprĂšs, NicĂ©phore Phocas reprend le contrĂŽle de la Cilicie (en 963) et de Chypre (en 968)[36] ainsi que du nord de la cĂŽte syrienne (en 969)[a 37] - [i 10]. Ces conquĂȘtes suppriment la menace d’une des seules puissantes flottes musulmanes syriennes tandis qu’elles rĂ©tablissent la domination byzantine sur la MĂ©diterranĂ©e orientale. C’est ainsi que NicĂ©phore Phocas peut se vanter devant Liutprand de CrĂ©mone en lui disant : « Je commande seul la mer »[b 5] - [25] - [K 1]. Quelques raids et confrontations navales se dĂ©roulent aussi contre la puissance montante des Fatimides Ă  la fin du Xe siĂšcle. Cependant, des relations pacifiques sont rĂ©tablies peu aprĂšs. De fait, la MĂ©diterranĂ©e orientale reste relativement calme durant les quelques dĂ©cennies suivantes[a 38].

À la mĂȘme pĂ©riode, la flotte byzantine est aussi active en mer Noire. Ainsi, une flotte russe qui menace Constantinople en 941 est dĂ©truite par 15 vieux navires Ă©quipĂ©s prĂ©cipitamment du feu grĂ©geois[h 10]. De mĂȘme, la flotte joue un rĂŽle important dans la guerre russo-byzantine de 968-971 quand Jean Ier TzimiskĂšs envoie 300 navires sur le Danube pour bloquer l’armĂ©e Rus’ en plein repli[d 9].

Le déclin du XIe siÚcle

Tout au long du XIe siĂšcle, la marine byzantine fait face Ă  peu de dĂ©fis. La menace musulmane a dĂ©cru durant le Xe siĂšcle tandis que les relations de l’Empire byzantin avec les Fatimides sont restĂ©es le plus souvent pacifiques. Le dernier raid arabe contre le territoire impĂ©rial intervient en 1035 dans les Cyclades avant d’ĂȘtre vaincu l’annĂ©e d’aprĂšs[a 39]. Une autre attaque Rus’ en 1043 est repoussĂ©e avec aisance. À l’exception d’une Ă©phĂ©mĂšre tentative de reconquĂ©rir la Sicile menĂ©e par Georges ManiakĂšs, aucune autre expĂ©dition navale majeure n’intervient. InĂ©vitablement, cette longue pĂ©riode de paix et de prospĂ©ritĂ© porte Ă  un sentiment d’autosatisfaction conduisant Ă  nĂ©gliger l’armĂ©e. DĂ©jĂ , lors du rĂšgne de Basile II (976-1025), la dĂ©fense de l’Adriatique est cĂ©dĂ©e Ă  la marine vĂ©nitienne[37]. Avec Constantin IX (1042-1055), l’armĂ©e et la marine voient leur service militaire diminuĂ© et de plus en plus remplacĂ© par le paiement d’une somme d’argent. De fait, la dĂ©pendance envers des troupes de mercenaires ne fait que s’accroĂźtre[a 40] - [38]. Les grands thĂšmes maritimes dĂ©clinent et sont remplacĂ©s par des petites escadres soumises au commandant militaire local, ce dernier luttant plus contre la piraterie que contre d’importantes flottes ennemies[a 41].

Dans le dernier quart du XIe siĂšcle, la marine byzantine n’est plus que l’ombre d’elle-mĂȘme, la nĂ©gligence dont elle a Ă©tĂ© l’objet l’ayant conduit Ă  un dĂ©clin prononcĂ©. L’incompĂ©tence de ses officiers et le manque de fonds ne font qu'empirer la situation de plus en plus dĂ©plorable[39]. Kekaumenos Ă©crit vers 1078 une lamentation sur « le prĂ©texte de patrouilles raisonnables (conduites par les navires byzantins) n’ayant rien Ă  faire si ce n’est transporter du blĂ©, de l’orge, du vin, du fromage, de l’huile d’olive, des lĂ©gumes et d’importantes sommes d’argent des Ăźles aux cĂŽtes de la mer ÉgĂ©e pendant qu’ils fuient l’ennemi avant mĂȘme que celui-ci ne soit apparu et ne devienne une menace pour les Romains »[40]. À l’époque oĂč Kekaumenos s'exprime, un nouvel ennemi d’envergure vient d’apparaĂźtre, le royaume normand de Sicile qui a expulsĂ© les Byzantins du sud de l’Italie et conquis la Sicile[a 42]. À prĂ©sent, il porte ses yeux sur les cĂŽtes adriatiques de l’Empire byzantin et au-delĂ . À l’est, la dĂ©sastreuse dĂ©faite de l’Empire byzantin Ă  Mantzikert en 1071 conduit Ă  une guerre civile et Ă  la perte de l’Anatolie, le cƓur Ă©conomique et militaire de Byzance. Ces terres sont dorĂ©navant occupĂ©es par les Turcs seldjoukides qui Ă©tablissent leur capitale Ă  NicĂ©e en 1081, Ă  quelques kilomĂštres de Constantinople[a 43].

Tentatives de renforcement sous Alexis Ier et Jean II

À ce moment-lĂ , l’histoire de la marine byzantine prend un tour tragique. L’invasion normande ne peut ĂȘtre devancĂ©e et leur armĂ©e prend Corfou. Elle dĂ©barque sans rencontrer d’opposition en Épire et assiĂšge DurrĂ«s[a 44]. Cette invasion marque le dĂ©but d’une pĂ©riode de guerre qui consume les ressources insuffisantes d’un empire assiĂ©gĂ© de toutes parts[41]. Le nouvel empereur, Alexis Ier ComnĂšne (1081-1118), est forcĂ© de demander l’aide de la marine vĂ©nitienne qui a dĂ©jĂ  dans les annĂ©es 1070 fait valoir son autoritĂ© sur l’Adriatique et la Dalmatie au dĂ©triment des Normands[42]. En 1082, en Ă©change de leur aide, les VĂ©nitiens obtiennent d’importantes concessions commerciales[43] - [i 11]. Ce traitĂ© et les extensions ultĂ©rieures des privilĂšges accordĂ©s aux VĂ©nitiens rendent Byzance pratiquement dĂ©pendante de la rĂ©publique italienne puis de GĂšne et de Pise. Ainsi, l’historien John Birkenmeier note que :

« La faiblesse de la marine byzantine conduit Venise Ă  extorquer de Constantinople des privilĂšges Ă©conomiques et Ă  dĂ©terminer si les envahisseurs peuvent ou non pĂ©nĂ©trer dans l’empire. Elle parie aussi sur le fait qu’aucune tentative ne sera faite par Byzance pour lui restreindre ses activitĂ©s navales et commerciales[41]. »

Au cours des affrontements contre les Normands dans les annĂ©es 1080, la seule force navale efficace de l’Empire byzantin consiste en une escadre dirigĂ©e par Michel Maurex, un ancien commandant naval des dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes. Avec Venise, il rĂ©ussit Ă  prendre le dessus sur une flotte normande. Cependant cette flotte commune est surprise et vaincue par les Normands de Corfou en 1084[a 45] - [44].

Alexis rĂ©alise l’importance de possĂ©der sa propre flotte et malgrĂ© ses prĂ©occupations terrestres, il prend des mesures pour remettre en place une marine d’importance. Ses efforts aboutissent Ă  plusieurs succĂšs notamment en contrant les tentatives de Zachas, l’émir de Smyrne, de lancer sa flotte Ă  travers la mer ÉgĂ©e et de menacer Constantinople[45] - [46]. La flotte dirigĂ©e par Jean Doukas est utilisĂ©e ultĂ©rieurement pour mater des rĂ©voltes en CrĂšte et Ă  Chypre[a 46]. Avec l’aide des CroisĂ©s, Alexis a les moyens de reprendre le contrĂŽle des cĂŽtes orientales de la mer ÉgĂ©e et d’étendre son influence vers l’est de l’Anatolie. En 1104, une escadre de 10 navires s’empare de LaodicĂ©e et d’autres villes cĂŽtiĂšres jusqu’à Tripoli[47] - [i 12]. En 1118, Alexis est capable de transmettre une petite flotte Ă  son successeur Jean II ComnĂšne (1118-1143)[a 47] - [46]. Comme son pĂšre, Jean II se concentre sur l’armĂ©e et sur des campagnes terrestres rĂ©guliĂšres mais il prend soin de maintenir la puissance navale et le systĂšme d’approvisionnement. En 1122, cependant, Jean refuse de renouveler les privilĂšges commerciaux donnĂ©s aux VĂ©nitiens par Alexis. En reprĂ©sailles, Venise pille plusieurs Ăźles byzantines et devant l’incapacitĂ© de sa propre flotte Ă  lutter contre la marine vĂ©nitienne, Jean II est obligĂ© de renouveler le traitĂ© en 1125[a 47]. À cette Ă©poque, la marine byzantine n’est pas suffisamment puissante pour se confronter victorieusement aux VĂ©nitiens, en particulier depuis que d’autres menaces requiĂšrent l’utilisation des ressources de l’empire. Peu aprĂšs cet incident, Jean II, sur les conseils de son ministre des finances Jean de Poutze, coupe les fonds pour la marine qu’il transfĂšre Ă  l’armĂ©e, n'Ă©quipant que sommairement ses vaisseaux[d 10] - [a 47].

Expéditions navales de Manuel Ier

Miniature représentant l'alliance entre Amaury et Manuel
L'alliance entre Amaury et Manuel se concrĂ©tise par l'expĂ©dition d'Andronic KontostĂ©phanos en Égypte.

La marine connaĂźt un important retour en force sous le rĂšgne de Manuel Ier ComnĂšne qui s’en sert de maniĂšre intensive dans ses relations avec les musulmans et les États latins de l’est de la MĂ©diterranĂ©e[d 11]. Au cours des premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne, les forces navales byzantines demeurent faibles : en 1147, le flotte de Roger II de Sicile sous la direction de Georges d'Antioche est capable de lancer des raids sur Corfou et les Ăźles Ioniennes ainsi que de pĂ©nĂ©trer sans opposition en mer ÉgĂ©e[a 48]. L’annĂ©e suivante, grĂące Ă  une aide vĂ©nitienne, une armĂ©e accompagnĂ©e d’une flotte trĂšs importante (Ă  peu prĂšs cinq cents navires de guerre et mille navires de transport) est envoyĂ©e reprendre Corfou et les Ăźles Ioniennes occupĂ©es par les Normands. En reprĂ©sailles, une flotte normande de quarante vaisseaux atteint Constantinople, dĂ©montre sa force dans le Bosphore prĂšs du Grand palais et ravage les faubourgs[48] - [a 49]. Toutefois, lors de son voyage de retour, elle est attaquĂ©e et dĂ©truite par une flotte byzantine ou vĂ©nitienne[a 49].

En 1155, une escadre byzantine de dix navires est envoyĂ©e Ă  AncĂŽne pour soutenir Robert III de Loritello, un rebelle normand. Cette intervention marque la derniĂšre tentative byzantine pour reprendre le contrĂŽle de l’Italie mĂ©ridionale. En dĂ©pit de succĂšs initiaux et de renforts envoyĂ©s par le mĂ©gaduc Alexis ComnĂšne Bryenne, l’expĂ©dition est finalement une dĂ©faite en 1156 et quatre navires byzantins sont capturĂ©s[d 12]. En 1169, les efforts de Manuel Ier finissent apparemment par aboutir lorsqu’une flotte uniquement byzantine de cent cinquante galĂšres, vingt navires de transport lourds et soixante navires de transport de cavalerie sous la direction d’Andronic KontostĂ©phanos est envoyĂ©e envahir l’Égypte en soutien au royaume franc de JĂ©rusalem[49] - [a 50]. MalgrĂ© la flotte impressionnante, l’invasion Ă©choue et la moitiĂ© de la flotte byzantine est dĂ©truite dans une tempĂȘte lors du retour[50].

À la suite de l’emprisonnement des VĂ©nitiens prĂ©sents sur le territoire de l’empire en 1171, la flotte byzantine est suffisamment forte pour dissuader une attaque franche des VĂ©nitiens qui prennent Chios et s’y installent pour les nĂ©gociations[h 11]. Manuel envoie une flotte de cent cinquante navires dirigĂ©s par Andronic KontostĂ©phanos pour dĂ©fier les VĂ©nitiens et employer une lente tactique poussant les VĂ©nitiens, affaiblis par la maladie, Ă  commencer une retraite avant d’ĂȘtre poursuivis par la flotte de KontostĂ©phanos[51] - [a 51]. ComparĂ©e aux humiliations de 1125, cette victoire apparaĂźt remarquable. En 1177, une autre flotte de cent cinquante navires, toujours dirigĂ©s par KontostĂ©phanos, destinĂ©s Ă  attaquer l’Égypte, fait demi-tour aprĂšs avoir essuyĂ© Ă  Acre le refus du comte Philippe de Flandres ainsi que de nombreux nobles du royaume de JĂ©rusalem de participer Ă  la campagne[52] - [50] - [h 12]. Cependant, Ă  la fin du rĂšgne de Manuel Ier, la difficultĂ© d’une guerre constante sur tous les fronts et des divers projets grandioses de l’empereur devient Ă©vidente. L’historien NicĂ©tas ChoniatĂšs attribue la montĂ©e de la piraterie lors des derniĂšres annĂ©es du rĂšgne de Manuel Ă  la diffusion de fonds destinĂ©s Ă  la maintenance de la marine vers d’autres secteurs nĂ©cessitant les deniers impĂ©riaux[53].

La dynastie des Anges

illustration de la prise de Constantinople en 1204 par les Croisés
La prise de Constantinople en 1204 par les Croisés marque le triomphe des Latins et plus particuliÚrement de la puissance navale vénitienne sur l'Empire byzantin affaibli.

AprĂšs la mort de Manuel et la dĂ©position de la dynastie des ComnĂšne en 1185, la marine byzantine dĂ©cline rapidement. La maintenance des galĂšres et l’entretien d’équipages compĂ©tents coĂ»tent trĂšs cher et la nĂ©gligence conduit Ă  une rapide dĂ©tĂ©rioration de la flotte. DĂ©jĂ , en 1182, les Byzantins avaient Ă©tĂ© contraints d'engager des mercenaires vĂ©nitiens comme membres d’équipage de plusieurs galĂšres byzantines[a 52].

MalgrĂ© tout, durant les annĂ©es 1180, les forces navales byzantines restent consĂ©quentes, et les sources contemporaines citent encore des expĂ©ditions comptant soixante-dix Ă  cent navires[54]. Ainsi, l’empereur Andronic Ier peut encore rassembler cent navires de guerre en 1185 pour rĂ©sister Ă  l’assaut d’une flotte normande en mer de Marmara avant de l'annihiler[55]. NĂ©anmoins, le traitĂ© de paix qui suit inclut une clause requĂ©rant la fourniture d'une flotte Ă  l’empire par la Sicile. De mĂȘme, Isaac II Ange signe un traitĂ© avec les VĂ©nitiens en 1186 dans lequel la RĂ©publique italienne s'engage Ă  fournir quarante Ă  cent galĂšres. En contrepartie, elle bĂ©nĂ©ficie de concessions commerciales. Ces deux traitĂ©s montrent que le gouvernement byzantin a conscience de l'insuffisance de ses propres forces navales[a 52]. En 1186, quand son frĂšre Alexis est fait prisonnier Ă  Acre, Isaac II envoie quatre-vingts galĂšres pour le libĂ©rer et le ramener. Mais la flotte byzantine est dĂ©truite Ă  Chypre par le pirate normand Margaritus de Brindisi. Plus tard au cours de la mĂȘme annĂ©e, une autre flotte byzantine de soixante-dix navires est envoyĂ©e par Isaac II pour reprendre le contrĂŽle de Chypre Ă  Isaac Doukas ComnĂšne. De nouveau, Margaritus remporte une victoire sur les Byzantins[56]. Enfin, Ă  la suite d'une tentative de regagner des territoires perdus en Terre sainte en 1189, l’empereur byzantin accepte d’envoyer cent galĂšres pour aider Saladin Ă  capturer Antioche[57].

Le dĂ©clin s’accĂ©lĂšre au cours des annĂ©es 1190. Selon ChoniatĂšs, le mĂ©gaduc Michel Stryphnos finance lui-mĂȘme l’équipement des navires de guerre[a 52]. Ainsi, en 1196, il ne reste plus que trente galĂšres[7]. Les Byzantins sont alors impuissants face aux opĂ©rations gĂ©noises et vĂ©nitiennes en mer ÉgĂ©e Ă  la fin du XIIe siĂšcle. Progressivement, ces raids permettent aux Italiens d’imposer leur volontĂ© Ă  Constantinople[a 53]. Au cours de cette pĂ©riode, les Byzantins comptent sur l’enrĂŽlement de mercenaires pour combattre les ennemis de l’empire[49]. Mais, Ă  la mĂȘme Ă©poque, en 1203, la quatriĂšme croisade arrive Ă  Constantinople. Les Byzantins n’ont plus qu’une vingtaine de navires trĂšs dĂ©labrĂ©s pour faire face au siĂšge, dont dix-sept sont employĂ©s sans succĂšs comme brĂ»lots contre les VĂ©nitiens[7].

L'Empire de Nicée et la dynastie des Paléologues

Fresque représentant l'empereur Michel VIII Paléologue
L'empereur Michel VIII Paléologue. En reprenant Constantinople, il restaure l'Empire byzantin. C'est également le dernier rÚgne sous lequel l'empire est une puissance navale d'importance.

AprĂšs la quatriĂšme croisade et le sac de Constantinople, l’Empire byzantin est partagĂ© par les CroisĂ©s tandis que les Byzantins subsistent dans diffĂ©rents États rĂ©clamant tous le titre impĂ©rial. Les principaux sont le despotat d’Épire et l’Empire de NicĂ©e. Le premier ne maintient pas de flotte tandis que les NicĂ©ens utilisent leur flotte pour la dĂ©fense cĂŽtiĂšre[58] - [59]. Sous la direction de Jean III Doukas VatatzĂšs, une politique plus Ă©nergique est poursuivie. En 1225, la marine nicĂ©enne occupe les Ăźles de Lesbos, Chios, Samos et Icaria[h 13]. Cependant, cette marine ne dispose pas de la puissance de celle de Venise qui garde la mainmise sur le trafic mĂ©diterranĂ©en[60]. Ainsi, en tentant le blocus de Constantinople en 1235, la marine nicĂ©enne est dĂ©faite par une petite force vĂ©nitienne et lors d’une tentative similaire en 1241, les NicĂ©ens sont de nouveau mis en dĂ©route[59]. Durant la dĂ©cennie 1230, les NicĂ©ens soutiennent une rĂ©bellion locale en CrĂšte contre Venise qui n’est que partiellement couronnĂ©e de succĂšs, et suivie du dĂ©part forcĂ© des derniĂšres troupes nicĂ©ennes de l’üle en 1236[f 1] - [61]. Conscient de la faiblesse de sa marine, en mars 1261, l’empereur byzantin Michel VIII PalĂ©ologue signe le traitĂ© de Nymphaeon avec les GĂ©nois qui combattent la marine vĂ©nitienne. Aux termes de ce traitĂ©, les GĂ©nois s’engagent Ă  fournir des navires pour aider Michel VIII Ă  prendre Constantinople en Ă©change de privilĂšges commerciaux[f 2] - [62].

AprĂšs la reprise de Constantinople quelques mois plus tard, Michel VIII peut dĂ©sormais reconstituer sa propre flotte. Au dĂ©but des annĂ©es 1260, la marine byzantine reste faible, faiblesse mise en Ă©vidence par la dĂ©faite d’une petite escadre byzantino-gĂ©noise de quarante-huit navires contre une escadre vĂ©nitienne plus petite en 1263[63]. Toutefois, profitant de la guerre vĂ©nĂ©to-gĂ©noise en 1270[62], les efforts de Michel VIII aboutissent Ă  la construction d’une marine forte de 80 navires dont les Ă©quipages sont composĂ©s de mercenaires latins servant sous les couleurs impĂ©riales, mais aussi de Tzakoniens, originaires de MorĂ©e et spĂ©cialement amenĂ©s Ă  Constantinople pour servir dans la nouvelle marine. La mĂȘme annĂ©e, une flotte de 24 galĂšres assiĂšge la ville d’Oreos en EubĂ©e et dĂ©fait une flotte latine de 20 galĂšres[f 3]. C’est le premier succĂšs d’une opĂ©ration navale conduite de façon indĂ©pendante par les Byzantins et le dĂ©but d’une campagne navale organisĂ©e en mer ÉgĂ©e par Licario qui continue pendant les annĂ©es 1270 et dont le rĂ©sultat est la reprise, brĂšve cependant, de plusieurs Ăźles sous contrĂŽle latin[j 1] - [K 2].

Cette renaissance ne dure pourtant pas longtemps. AprĂšs de la mort de Charles d’Anjou en 1285 et la fin du danger d’une invasion provenant de l’Italie, Andronic II PalĂ©ologue pense que, assurĂ© de l’aide de la puissance navale de ses alliĂ©s gĂ©nois, il peut se passer de l'entretien d’une flotte et des coĂ»ts importants qui en dĂ©coulent. Andronic dissout donc sa marine et engage Ă  la place de 50 Ă  60 navires gĂ©nois en 1291. La rĂ©duction par Andronic des dĂ©penses militaires, qui touche aussi l’armĂ©e, suscite immĂ©diatement une considĂ©rable opposition et de vives critiques de la part des Ă©rudits de l’époque et des fonctionnaires importants de l’empire[64]. Durant le long rĂšgne d’Andronic, les Turcs prennent peu Ă  peu possession des cĂŽtes anatoliennes de la mer ÉgĂ©e et l’Empire byzantin est incapable de renverser la situation[65] - [j 2]. À la mĂȘme Ă©poque, en 1296 et 1297, une flotte vĂ©nitienne attaque Constantinople et pille ses faubourgs[j 3]. L’historien NicĂ©phore GrĂ©goras commente ainsi ces Ă©vĂšnements : « Si les Byzantins possĂ©daient encore une marine, les Latins n’auraient jamais pu se comporter avec une outrecuidance si exacerbĂ©e envers eux et les Turcs n’auraient jamais pu poser leurs yeux sur le sable des rivages de la mer ÉgĂ©e
 »[j 3].

AprĂšs 1305, l’empereur tente tardivement de reconstituer une marine en construisant dix navires mais ses efforts sont rĂ©duits Ă  nĂ©ant[7]. Son petit-fils et hĂ©ritier, Andronic III essaie activement de rĂ©tablir la puissance maritime de l’empire, dirigeant personnellement des expĂ©ditions contre les possessions latines en mer ÉgĂ©e mais ses efforts ne peuvent contrecarrer le dĂ©clin gĂ©nĂ©ral de l’empire[j 4]. AprĂšs son rĂšgne, le plus grand nombre de navires de guerre possĂ©dĂ©s par les Byzantins mentionnĂ© excĂšde rarement la dizaine. NĂ©anmoins, avec la rĂ©quisition des navires de commerce, des flottes de 100 Ă  200 navires peuvent occasionnellement ĂȘtre rĂ©unies[7]. Ainsi en 1329, Andronic III envoie une flotte de 105 navires soutenir la rĂ©bellion grecque de l'Ăźle de Chios menĂ©e par LĂ©on KalothĂ©tos contre la domination de l'Italien Martin Zaccaria[h 14] - [j 5]. Il participe aussi Ă  la Ligue navale contre les Turcs formĂ©e de Venise et des Hospitaliers en fournissant 10 navires[K 3]

La marine joue un rĂŽle actif durant la guerre civile de 1341-1347 durant laquelle son commandant, le mĂ©gaduc Alexis Apokaukos joue un rĂŽle primordial[j 6]. AprĂšs de la guerre civile, l’empereur Jean VI CantacuzĂšne essaie de restaurer la marine de guerre ainsi que la marine marchande avec comme but, dans les deux cas, de rĂ©duire la dĂ©pendance de l’empire vis-Ă -vis de la colonie gĂ©noise de Galata, mais aussi pour empĂȘcher les Turcs de franchir les Dardanelles[j 7]. À la fin, il s’assure de l’aide vĂ©nitienne mais en mars 1349, sa flotte nouvellement construite de neuf navires de gros tonnage soutenue par 100 plus petits navires est prise dans une tempĂȘte au sud des cĂŽtes de Constantinople[j 8]. L’inexpĂ©rience de l’équipage entraĂźne la panique et les navires sont coulĂ©s ou capturĂ©s par les GĂ©nois[66] - [f 4]. En 1351, CantacuzĂšne participe avec seulement quatorze navires dirigĂ©s par Constantin TarchaniotĂšs Ă  la guerre de Venise et de l’Aragon contre GĂȘnes, mais il est trĂšs vite vaincu et doit donc signer une paix dĂ©favorable[67] - [f 5].

Jean VI CantacuzĂšne est le dernier empereur qui dispose de moyens pour restaurer la marine de l’empire. Ce dernier, affaibli par les guerres civiles et les pertes territoriales, entre dans une pĂ©riode de dĂ©clin irrĂ©mĂ©diable. Il est caractĂ©ristique qu’en 1418, un pamphlet de GĂ©misthos PlĂ©thon au despote ThĂ©odore PalĂ©ologue conseille de ne pas assurer la maintenance d’une marine car les ressources sont insuffisantes pour assurer l’existence d’une marine de guerre et d’une armĂ©e[f 6]. Au cours de la brĂšve usurpation de Jean VII PalĂ©ologue en 1390, Manuel II n’est capable de rassembler que cinq galĂšres et quatre petits vaisseaux (incluant ceux provenant des chevaliers de Rhodes) pour reprendre Constantinople et secourir son pĂšre Jean V PalĂ©ologue[f 7]. Six ans plus tard, Manuel promet d’armer dix navires pour assister la croisade de Nicopolis[68] - [K 4]. Trente ans plus tard, il prend le commandement personnel de quatre galĂšres et de deux autres vaisseaux transportant de l’infanterie et de la cavalerie pour sauver l’üle de Thasos d’une invasion[69]. De mĂȘme, en 1421, dix navires byzantins sont engagĂ©s en soutien du prĂ©tendant Mustapha contre le sultan Mourad II[68].

La derniĂšre victoire navale byzantine consignĂ©e date de 1427 au cours d’une bataille aux Ăźles Échinades, quand l’empereur Jean VIII PalĂ©ologue vainc la flotte infĂ©rieure en nombre de Carlo Ier Tocco, comte de CĂ©phalonie et despote d’Épire[j 9] - [N 1]. Cette victoire permet Ă  Jean VIII de prendre possession de toutes les forteresses de Carlo en MorĂ©e[70]. La derniĂšre action de la marine byzantine intervient lors de la chute de Constantinople aux mains des Turcs en 1453. Une flotte rassemblant des navires byzantins, gĂ©nois et vĂ©nitiens (le nombre exact de navires variant de 10 Ă  39) dĂ©fend Constantinople contre la flotte ottomane[71] - [f 8]. Au cours du siĂšge, le 20 avril 1453, le dernier engagement naval de l’histoire de l’Empire byzantin intervient quand trois galĂšres gĂ©noises escortent un navire de transport byzantin qui se fraie un passage au travers de l’énorme blocus maritime de Constantinople mis en place par les Turcs, les quatre navires rĂ©ussissant Ă  atteindre la Corne d'Or[72] - [j 10]. Ces derniers navires transportaient les quelques habitants de Constantinople qui ont pu s'enfuir avant que les Ottomans ne parviennent jusqu'au port. Une liste de passagers a Ă©tĂ© conservĂ©e et on y trouve des noms prestigieux tels que six membres de la famille PalĂ©ologue, deux CantacuzĂšne, deux ComnĂšne, deux Lascaris, deux Notaras et d'autres nobles et citoyens qui trouvent refuge Ă  Chios, en MorĂ©e, en CrĂšte ou Ă  Venise.

Organisation

PĂ©riode protobyzantine (IVe - milieu du VIIe siĂšcle)

AprĂšs le dĂ©clin du IIIe siĂšcle, la marine se renforce sous le commandement de l’empereur DioclĂ©tien et passe de 46 000 Ă  64 000 hommes[d 13], maximum atteint par la derniĂšre marine romaine. Au IVe siĂšcle, les grandes flottes permanentes du dĂ©but de l’empire sont progressivement fractionnĂ©es en de petites escadres. Au cours des IVe et Ve siĂšcles, la situation de la structure de la marine reste assez confuse. La flotte du Danube (nommĂ©e Classis Histrica), avec ses propres flottilles de lĂ©gionnaires, est encore attestĂ©e dans le Notitia Dignitatum et ses activitĂ©s croissantes sont commentĂ©es par VĂ©gĂšce[73]. À l’ouest, plusieurs flottes fluviales sont mentionnĂ©es mais les vieilles flottes prĂ©toriennes ont presque toutes disparu[74]. MĂȘme les flottes restantes des provinces maritimes occidentales apparaissent sĂ©rieusement affaiblies et incapables de contrer les attaques des barbares[75]. À l’est, les flottes d’Alexandrie et de Syrie existent jusque vers les annĂ©es 400 selon des sources officielles, pendant qu’une flotte stationne Ă  Constantinople mĂȘme, peut-ĂȘtre crĂ©Ă©e avec ce qu’il reste des flottes prĂ©toriennes. Toutefois, sa taille reste inconnue et n’apparaĂźt pas dans le Notitia.

Durant le Ve siĂšcle, lors des opĂ©rations en MĂ©diterranĂ©e, les flottes semblent ĂȘtre regroupĂ©es sur des bases ad hoc puis aussitĂŽt dissoutes[b 1]. La premiĂšre flotte permanente qui peut ĂȘtre datĂ©e du VIe siĂšcle, correspond Ă  la rĂ©volte de Vitalien en 513-515 quand Anastase Ier crĂ©e une flotte pour contrer celle des rebelles[b 1]. Cette derniĂšre subsiste, sous Justinien Ier et ses successeurs, avant d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e en une force professionnelle et permanente[b 2]. Cependant, en l’absence de menace navale, la marine de la fin du VIe siĂšcle est relativement petite, composĂ©e de plusieurs petites flottilles sur le Danube et de deux flottes principales Ă  Ravenne et Ă  Constantinople[76]. Des flottilles supplĂ©mentaires sont prĂ©sentes dans les grands centres commerciaux et maritimes de l’empire. À Alexandrie, elles fournissent l’escorte de la flotte annuelle transportant le grain Ă  Constantinople et Ă  Carthage, et elles contrĂŽlent la MĂ©diterranĂ©e occidentale[77]. La tradition navale depuis longtemps Ă©tablie et l’infrastructure de ces zones facilitent la maintenance de la flotte. Ainsi, quand intervient une expĂ©dition navale, une flotte importante peut ĂȘtre rapidement regroupĂ©e sans entraĂźner des coĂ»ts trĂšs importants en rĂ©quisitionnant les nombreux vaisseaux marchands[78].

ThĂšmes maritimes

carte de l'Empire byzantin vers l'année 900
L'Empire byzantin entre le VIe et le IXe siÚcle avec les thÚmes vers l'année 900. Les possessions impériales isolées autour de la Méditerranée sont défendues et renforcées par les flottes byzantines.

En rĂ©ponse aux conquĂȘtes arabes durant le VIIe siĂšcle, les empereurs adaptent l'organisation des provinces fondĂ©e jusqu'ici sur la sĂ©paration des pouvoirs administratifs et militaires, et concentrent ces pouvoirs sous l'autoritĂ© d'un stratĂšge, commandant d'un thĂšme, unitĂ© militaire qui finit par dĂ©signer la province oĂč elle stationne. Chaque thĂšme entretient et lĂšve ses propres forces locales. À la suite d’une sĂ©rie de rĂ©voltes des forces thĂ©matiques durant le rĂšgne de Constantin V, les premiers thĂšmes, trĂšs vastes, sont progressivement divisĂ©s tandis qu’une armĂ©e impĂ©riale (tagmata) est crĂ©Ă©e et stationne Ă  Constantinople ou aux alentours. Elle sert de rĂ©serve centrale qui forme dĂ©sormais le cƓur des armĂ©es en campagne[c 3] - [79].

Un processus similaire est suivi dans la flotte, laquelle est organisĂ©e sur un principe comparable. Dans les annĂ©es 660, Constant II Ă©tablit le corps des Karabisianoi (en grec : ΚαραÎČÎčσÎčÎŹÎœÎżÎč soit les marins)[d 14] provenant peut-ĂȘtre du reste de la vieille Quaestura exercitus[80] ou de l’armĂ©e de l’Illyrie[c 4]. Elle est dirigĂ©e par un stratĂšge (le stratĂšge du PloĂŻmon)[81] et inclut la cĂŽte sud de l’Asie mineure de Milet Ă  SĂ©leucie en Cilicie mais aussi les Ăźles de la mer ÉgĂ©e et les possessions impĂ©riales du sud de la GrĂšce. Son quartier-gĂ©nĂ©ral se situe d’abord Ă  Samos avec un commandant subordonnĂ©, le drongaire Ă  Cibyrrha en Pamphylie. Comme le nom le suggĂšre, il comprend la plupart de la marine de l’empire et fait face Ă  la principale menace maritime, les flottes arabes de l’Égypte et de la Syrie[b 5] - [80].

Les premiers thĂšmes, trĂšs grands, sont subdivisĂ©s en plus petits thĂšmes. D’autres sont crĂ©Ă©s Ă  la suite des reconquĂȘtes des IXe et Xe siĂšcles. Bien que la plupart des thĂšmes terrestres aient un littoral et maintiennent des navires pour le dĂ©fendre, les principaux thĂšmes maritimes du VIIIe au Xe siĂšcle sont au nombre de trois :

  • le thĂšme des CibyrrhĂ©otes (ΞέΌα ΚÎčÎČυρραÎčÏ‰Ï„áż¶Îœ) est crĂ©Ă© Ă  partir de la flotte des Karabisianoi et dirige l’administration et la dĂ©fense des cĂŽtes sud de l’Asie Mineure[82]. La date exacte de sa crĂ©ation est incertaine, les estimations allant de 690[82] aux annĂ©es 720[a 54]. Le siĂšge du stratĂšge, mentionnĂ© pour la premiĂšre fois en 734, se situe au dĂ©part Ă  Cibyrrha et plus tard Ă  Antalya[c 5] - [83]. Ses principaux lieutenants rĂ©sident dans le catĂ©panat de MardaitĂšs ; un ek prosƍpou (commandant en second) rĂ©side Ă  Syllaeum et un drongaire Ă  Kos[83]. Dans le Taktikon Uspensky de 842/843, deux drongaires subordonnĂ©s sont aussi mentionnĂ©s, un pour la mer ÉgĂ©e (Aigaio Pelagos, en fait le nord de la mer ÉgĂ©e) et un pour le Kolpos (le Golfe, la rĂ©gion autour de Samos)[84]. SituĂ© Ă  proximitĂ© du Levant musulman, il reste la principale flotte byzantine durant plusieurs siĂšcles[b 5] - [K 5] - [N 2] jusqu’à ce qu’elle soit rĂ©duite avec le dĂ©clin de la menace de la marine musulmane. La derniĂšre flotte est mentionnĂ©e en 1043, le thĂšme devenant ensuite une province purement civile[83] ;
  • le thĂšme de l’ÉgĂ©e (ΞέΌα Î‘áŒ°ÎłÎ±ÎŻÎżÏ…) est sĂ©parĂ© du thĂšme des CibyrrhĂ©otes vers 843, sĂ»rement en rĂ©ponse Ă  la nouvelle menace provenant de l’émirat musulman de CrĂšte. Il inclut toutes les Ăźles de la mer ÉgĂ©e Ă  l’exception du DodĂ©canĂšse[a 23] - [c 6] ;
  • le thĂšme de Samos (ΞέΌα ÎŁÎŹÎŒÎżÏ…) est sĂ©parĂ© du thĂšme de la mer ÉgĂ©e vers 882[c 6] - [K 5]. Il inclut les cĂŽtes ioniennes (Ionie) et sa capitale se trouve Ă  Smyrne[85] - [N 3].
 carte des thĂšmes en Asie Mineure vers 950
Les thÚmes en Asie Mineure vers 950. Le thÚme de Chaldia se situe au nord-est, celui de Paphlagonie au nord de l'Asie Mineure et celui des Cibyrrhéotes sur la cÎte sud.

De surcroĂźt, la flotte impĂ©riale centrale (ÎČασÎčλÎčÎșόΜ πλώÎčÎŒÎżÎœ, basilikon plƍimon) Ă  Constantinople est renforcĂ©e et joue un rĂŽle majeur notamment dans les actions visant Ă  repousser le siĂšge de Constantinople par les Arabes[80]. Du fait de sa base la plus importante, elle est aussi connue sous le nom de « flotte de Stenon » (les dĂ©troits des Dardanelles)[a 55]. À la diffĂ©rence de la premiĂšre marine romaine, oĂč les flottes provinciales sont infĂ©rieures en nombre et incluent seulement de plus petits vaisseaux que ceux de la flotte centrale, les flottes thĂ©matiques sont probablement d’importantes formations[b 6].

D’autres thĂšmes possĂšdent une force navale considĂ©rable :

  • le thĂšme de l’Hellas (ΞέΌα áŒ™Î»Î»ÎŹÎŽÎżÏ‚) est fondĂ© vers 686-689 par Justinien II. Il englobe les possessions impĂ©riales du sud de la GrĂšce avec Corinthe comme capitale. Justinien y installe 6 500 MardaĂŻtes qui fournissent des rameurs ainsi que des hommes pour les garnisons[d 14]. Ce n’est pas un thĂšme exclusivement naval mais il maintient sa propre flotte. Il est scindĂ© en 809 entre le thĂšme du PĂ©loponnĂšse et le nouveau thĂšme de l’Hellas qui couvre la GrĂšce centrale et la Thessalie. Il garde aussi une plus petite flotte[d 15] - [82] ;
  • le thĂšme de Sicile (ΞέΌα ÎŁÎčÎșÎ”Î»ÎŻÎ±Ï‚) couvre la Sicile et les possessions impĂ©riales du sud-ouest de l’Italie (en Calabre). Seul bastion de la puissance navale byzantine Ă  l’ouest, il perd progressivement de sa puissance Ă  la fin du IXe siĂšcle et disparaĂźt avec la perte de Taormina en 902[b 5] ;
  • le thĂšme de Ravenne correspond Ă  l’exarchat de Ravenne qui est perdu en 751 ;
  • le thĂšme de CĂ©phalonie (ΞέΌα ÎšÎ”Ï†Î±Î»Î»Î·ÎœÎŻÎ±Ï‚) contrĂŽle les Ăźles Ioniennes et devient un archontat en 809[d 15]. Les nouvelles possessions impĂ©riales de l’Apulie lui sont ajoutĂ©es durant les annĂ©es 870 avant qu’elles ne soient mises sous la direction d’un thĂšme sĂ©parĂ©, le thĂšme de Longobardie vers 910[c 7] ;
  • le thĂšme de Paphlagonie (ΞέΌα Î Î±Ï†Î»Î±ÎłÎżÎœÎŻÎ±Ï‚) et le thĂšme de Chaldia (ΞέΌα Î§Î±Î»ÎŽÎŻÎ±Ï‚) sont issus de la division du thĂšme des ArmĂ©niaques vers 819 par LĂ©on V, et grĂące Ă  leurs propres escadres navales, ils forment un Ă©lĂ©ment de dĂ©fense face aux assauts de la Rus’[d 16].

Taille et effectifs

À l’image de sa contrepartie terrestre, l'effectif exact de la marine byzantine et de ses unitĂ©s sont l'objet de dĂ©bats, en raison de l’insuffisance et de la nature ambiguĂ« des sources primaires. Seuls les effectifs de la fin du IXe siĂšcle et du dĂ©but du Xe siĂšcle sont connus grĂące Ă  une source dĂ©taillĂ©e datĂ©e de l’expĂ©dition crĂ©toise de 911. Cette liste rĂ©vĂšle que durant le rĂšgne de LĂ©on VI le Sage, la marine atteint 34 200 rameurs et peut-ĂȘtre prĂšs de 8 000 fantassins de marine[c 8]. La flotte impĂ©riale centrale totalise 19 600 rameurs et 4 000 fantassins de marine sous le commandement du drongaire et du basilikon plƍimon. Ces 4 000 fantassins de marine sont des soldats professionnels, recrutĂ©s pour la premiĂšre fois en tant que corps par Basile Ier dans les annĂ©es 870. Ils sont un grand atout dans la flotte impĂ©riale qui dĂ©pendait auparavant des soldats provenant des thĂšmes et de la tagmata pour complĂ©ter ses forces. Ce nouveau corps est plus fiable, mieux entraĂźnĂ© et immĂ©diatement disponible en cas de besoin[d 4]. Le statut Ă©levĂ© de ces marins est illustrĂ© par le fait qu’ils sont considĂ©rĂ©s comme appartenant Ă  la tagmata impĂ©riale et organisĂ©s sur un principe similaire[c 9]. La flotte thĂ©matique de l’ÉgĂ©e compte 2 610 rameurs et 400 fantassins de marine, la flotte des CibyrrhĂ©otes comporte 5 710 rameurs et 1 000 fantassins de marine, la flotte de l’üle de Samos comprend 3 980 rameurs et 600 fantassins de marine, enfin, le thĂšme de l’Hellas fournit 2 300 rameurs avec une partie de ses 2 000 soldats thĂ©matiques servant aussi de fantassins de marine[c 8].

Le tableau suivant contient les estimations de Warren Treadgold sur le nombre de rameurs durant toute l’histoire byzantine :

Année30045751854077584295910251321
Rameurs 32 000[d 17]32 000[d 17]30 000[d 18]30 000[d 18]18 500[d 19]14 600[d 20]34 200[d 20]34 200[d 20]3 080[d 21]

Contrairement Ă  ce qui est souvent dit, les galĂ©riens ne sont pas utilisĂ©s en tant que rameurs que ce soit par les Byzantins, les Arabes ou leurs prĂ©dĂ©cesseurs grecs et romains[86]. Au cours de l’existence de l’empire, les Ă©quipages byzantins sont constituĂ©s majoritairement d’hommes libres mais d’ascendance modeste. Ce sont des soldats professionnels astreints Ă  accomplir le service militaire (strateia) en Ă©change d’une paie ou de l’acquisition d’une propriĂ©tĂ©. Durant la premiĂšre moitiĂ© du Xe siĂšcle, les derniĂšres paies Ă  ĂȘtre connues ont une valeur de 2 Ă  3 livres (0,91 Ă  1,4 kg) d’or pour les marins ou l’infanterie de marine[87] - [88]. La marine byzantine utilise aussi des prisonniers de guerre ou des Ă©trangers. Un groupe Ă©nigmatique connu sous le nom de Toulmatzoi (peut-ĂȘtre des Dalmates) apparaĂźt lors de l’expĂ©dition crĂ©toise ainsi que de nombreux Rus' qui reçoivent le droit de servir dans les forces armĂ©es byzantines Ă  la suite des nombreux traitĂ©s signĂ©s entre la Rus’ et Byzance au cours du Xe siĂšcle[g 1].

Dans son De Ceremoniis, Constantin PorphyrogĂ©nĂšte donne la liste des flottes pour les expĂ©ditions contre la CrĂšte en 911 et 949. L'interprĂ©tation de ces rĂ©fĂ©rences provoque un vif dĂ©bat. Ainsi, les chiffres donnĂ©s pour l'ensemble de la flotte impĂ©riale en 949 peuvent ĂȘtre lus de diffĂ©rentes maniĂšres : soit la flotte possĂšde 100 navires, soit elle en possĂšde 150 voire 250[N 4]. Tout dĂ©pendent de la lecture du texte grec. Le sens prĂ©cis du mot ousia (ÎżÏÏƒÎŻÎ±) fait aussi l’objet de confusion : traditionnellement, on considĂšre qu’il s’agit d’un groupe standardisĂ© de 108 hommes, et un navire peut embarquer plus d’un seul groupe. Dans le contexte du De Ceremoniis, cependant, le terme peut aussi signifier « unitĂ© » ou « navire »[89] - [g 2]. Le nombre de 150 semble plus compatible avec les nombres trouvĂ©s dans d’autres sources, et c’est celui acceptĂ© par la plupart des spĂ©cialistes, bien qu’ils divergent sur la composition de la flotte. Makrypoulias interprĂšte les nombres de 8 pamphyloi, 100 ousiakoi et 42 dromons comme Ă©tant adĂ©quats, ces chiffres incluant les deux navires impĂ©riaux et les dix navires de l’escadre Stenon[g 3] - [c 10]. Au total, pour la taille de la marine byzantine Ă  cette Ă©poque, Warren Treadgold extrapole un autre chiffre, incluant les 240 navires environ des flottes thĂ©matiques. De fait, on atteint un chiffre de 307 navires pour l’expĂ©dition crĂ©toise de 960-961. Selon Treadgold, ce chiffre reprĂ©sente probablement approximativement celui de l'ensemble de la marine byzantine (en incluant les petites flottilles) durant les IXe et Xe siĂšcles[c 10]. Toutefois, il est notable qu’une chute significative du nombre de navires et d’hommes liĂ©s aux flottes thĂ©matiques devient Ă©vidente entre 911 et 949. Cette chute qui rĂ©duit la taille des flottes thĂ©matiques du tiers au quart du total de la marine est due en partie Ă  l’accroissement du nombre des lĂ©gers ousiakos aux dĂ©pens des lourds dromons. Ce changement est motivĂ© en partie par les difficultĂ©s financiĂšres et par le manque d’effectifs. Il est aussi un indicateur de la tendance gĂ©nĂ©rale qui conduit Ă  la disparition complĂšte des flottes provinciales Ă  la fin du XIe siĂšcle[g 4].

Structure des grades

Bien que les thĂšmes maritimes soient organisĂ©s comme leurs homologues terrestres, les sources byzantines sur la structure exacte des grades prĂȘtent Ă  confusion[a 56]. Le terme usuel d’amiral est stratēgos (stratĂšge), terme utilisĂ© Ă©galement pour les gĂ©nĂ©raux gouvernant les thĂšmes terrestres. En dessous de stratēgos, il y a deux ou trois tourmarchai (correspondant au titre de vice-amiral d’escadre) qui supervisent plusieurs drongaires (droungarioi, l’équivalent des contre-amiraux de la marine française)[a 57]. Jusqu’à la fin du IXe siĂšcle, les gouverneurs des thĂšmes de l’ÉgĂ©e et de Samos sont aussi dĂ©nommĂ©s drongaires depuis que leur commandement est dĂ©tachĂ© du thĂšme original des CibyrrhĂ©otes[a 57]. Ensuite, ils reprennent leur titre de stratĂšge. Toutefois, le commandant de la flotte impĂ©riale reste connu sous le nom de droungarios tou basilikou (auquel est adjoint plus tard le terme de megas ou « grand » en latin)[90]. Ce titre est toujours utilisĂ© sous l’ùre ComnĂšne mais uniquement pour le commandant de la flotte impĂ©riale d’escorte. Il survit jusqu’à l’ùre PalĂ©ologue, et est citĂ©e dans le Livre des Charges du XIVe siĂšcle de Georges Kodinos[91]. La charge de second ou d’adjoint est appelĂ©e topotērētē. Cette derniĂšre est aussi mentionnĂ©e pour la flotte impĂ©riale mais son rĂŽle est peu dĂ©crit par les sources byzantines. Il pourrait avoir occupĂ© un poste similaire Ă  celui du Port Admiral de la Royal Navy (poste chargĂ© de la logistique militaire)[a 58]. Bien que certains officiers supĂ©rieurs soient des marins professionnels ayant progressĂ© dans la hiĂ©rarchie, la plupart des commandants proviennent de la cour impĂ©riale et s’appuient sur la plus grande expĂ©rience de leurs subalternes pour le domaine maritime[a 59].

Les amiraux sont aussi gouverneurs de leurs thĂšmes. Ils sont assistĂ©s par un prƍtonotarios, qui dirige l’administration civile du thĂšme. En outre, plusieurs officiers de l’état-major sont des chartoularios chargĂ©s de l’administration maritime. Le prƍtomandatƍr (messager en chef) agit en chef de l’état-major. Par ailleurs, parmi les komĂ©tĂšs (comtes), il existe un komēs tēs hetaireias qui commande la garde personnelle (hetaireia) du drongaire[c 9]. Les escadres de trois ou cinq navires sont dirigĂ©es par un komēs ou un droungarios (drongaire) et chaque capitaine de navire se nomme un kentarchoi (un centurion), bien que des sources littĂ©raires utilisent le terme plus archaĂŻque de nauarchos ou mĂȘme de triērarchos[a 60].

Chaque Ă©quipage de navire, en fonction de sa taille, est composĂ© d’un Ă  trois ousiai. Sous la direction du capitaine, il y a le bandophoros (le porte-drapeau) qui agit en tant qu’officier exĂ©cutant, deux timoniers qui sont appelĂ©s prƍtokaraboi (en quelque sorte, les conducteurs du navire, littĂ©ralement la tĂȘte du navire), ou parfois et de maniĂšre plus archaĂŻque kybernētes, et d'un officier de proue, le prƍreus[b 7]. En pratique, il y a plusieurs de ces hommes sur chaque navire, travaillant en relais[a 61]. La plupart de ces hommes montent en grade au fur et Ă  mesure. Ainsi, plusieurs rĂ©fĂ©rences dans le De Administrando Imperio font mention de premiers rameurs (prƍtelatai) qui deviennent prƍtokaraboi dans les navires impĂ©riaux, avant de devenir des officiers plus haut gradĂ©s. Parmi ceux-ci, l’empereur Romain LĂ©capĂšne est celui qui rencontra le plus grand succĂšs[a 62]. Il existe aussi un certain nombre de spĂ©cialistes Ă  bord des navires tels que deux rameurs de proue et le siphƍnatores qui travaille sur les siphons servant Ă  asperger les navires ennemis de feu grĂ©geois[b 7]. Un boukinatƍr (le clairon) est Ă©galement mentionnĂ© dans les sources[a 63]. Celui-ci transmet les ordres aux rameurs (kƍpēlatai ou elatai)[a 64]. Depuis que l’infanterie de marine est organisĂ©e en unitĂ© rĂ©guliĂšre[a 64], leurs rangs sont similaires Ă  ceux de l’armĂ©e.

Les réformes des ComnÚnes

AprĂšs le dĂ©clin de la marine au XIe siĂšcle, Alexis Ier la refonde sur des bases diffĂ©rentes. Les flottes thĂ©matiques ont presque toutes disparu et leurs restes sont amalgamĂ©s au sein d’une flotte impĂ©riale unifiĂ©e. Celle-ci est maintenant dirigĂ©e par un mĂ©gaduc (megas doux)[46] - [i 13]. Le Grand drongaire de la flotte est seulement le commandant de l’ensemble de la flotte mais, subordonnĂ© au mĂ©ga duc, exerce comme commandant en second[46] - [92]. Le mĂ©ga duc est aussi nommĂ© gouverneur de la GrĂšce mĂ©ridionale, qui correspond aux vieux thĂšmes de l’Hellas et du PĂ©loponnĂšse divisĂ©s en districts (oria) qui possĂšdent chacun une flotte[93] - [94]. Durant le rĂšgne de Jean II ComnĂšne, les Ăźles de l’ÉgĂ©e deviennent responsables de la protection, de l’équipage et de l’approvisionnement des navires de guerre. Les sources contemporaines sont fiĂšres du fait que la grande flotte de Manuel soit composĂ©e d’équipages de natifs romains bien qu’elle continue d’utiliser des mercenaires et des escadres alliĂ©es[46] - [95]. NĂ©anmoins, le fait que la flotte soit maintenant exclusivement construite et basĂ©e dans les alentours de Constantinople et que les flottes provinciales ne soient pas reconstituĂ©es a des dĂ©savantages. Ainsi, les rĂ©gions Ă©loignĂ©es, en particulier la GrĂšce, sont laissĂ©es vulnĂ©rables aux attaques[96].

La marine nicéenne

Avec le dĂ©clin de la flotte byzantine Ă  la fin du XIIe siĂšcle, l’empire est progressivement liĂ© aux flottes vĂ©nitiennes et gĂ©noises. À la suite du sac de Constantinople en 1204 toutefois, les sources suggĂšrent dĂ©jĂ  la prĂ©sence d’une flotte relativement puissante sous le rĂšgne du premier empereur de NicĂ©e ThĂ©odore Ier Lascaris. Cependant, on manque de dĂ©tails prĂ©cis Ă  propos de cette flotte. Au cours des rĂšgnes de Jean III et de ThĂ©odore II, la marine a deux zones stratĂ©giques d’opĂ©rations. En mer ÉgĂ©e, elle rĂ©alise des opĂ©rations contre les Ăźles (principalement Rhodes) ainsi que des missions de transport et de soutien aux armĂ©es combattant dans les Balkans[97]. En mer de Marmara, les NicĂ©ens cherchent Ă  interdire aux navires latins de pĂ©nĂ©trer sur cette mer, mais aussi Ă  menacer Constantinople, la capitale de l’Empire latin de Constantinople. Smyrne est le principal chantier naval et la base de dĂ©part pour les opĂ©rations en mer ÉgĂ©e. Une base secondaire se trouve aussi Ă  StadĂ©ia tandis que la base principale des opĂ©rations en mer de Marmara est Ă  Holkos prĂšs de Lampsaque sur la pĂ©ninsule de Gallipoli[98].

La marine des Paléologues

En dĂ©pit de leurs efforts, les empereurs nicĂ©ens Ă©chouent Ă  mettre en dĂ©faut la domination vĂ©nitienne des mers et sont forcĂ©s de demander l’aide des GĂ©nois[j 11] - [f 2]. En 1261, Michel VIII rĂ©ussit Ă  reprendre Constantinople grĂące Ă  la ruse de son gĂ©nĂ©ral Alexis Strategopoulos[j 12]. L’empereur s'efforce alors de rĂ©duire sa dĂ©pendance envers la marine gĂ©noise, en construisant une marine nationale[99].

Il forme de nouveaux corps pour cet objectif. Les Gasmules (Î“Î±ÏƒÎŒÎżáżŠÎ»ÎżÎč) sont des hommes d’ascendance Ă  la fois grecque et latine vivant autour de la capitale. Des colons venant de Laconie appelĂ©s Lakƍnes (ΛάÎșωΜΔς, soit les Laconiens) ou Tzakoniens (΀ζΏÎșωΜΔς) forment l’infanterie de marine et composent le gros des effectifs de la marine byzantine durant les dĂ©cennies 1260 et 1270[f 9] - [j 13]. Michel VIII reconstitue aussi les effectifs des rameurs, dĂ©nommĂ©s Prosalentai ou Prosēlontes appartenant Ă  un corps sĂ©parĂ©[f 10]. Tous ces corps reçoivent une petite solde et une terre Ă  cultiver en Ă©change de leurs services. De plus, ils sont installĂ©s ensemble dans des petites colonies[f 11]. Les Prosalentai sont installĂ©s le long du rivage septentrional de la mer ÉgĂ©e[f 12] pendant que les Gasmules et les Tzakoniens sont installĂ©s principalement autour de Constantinople et en Thrace. Ces corps continuent d’exister mais sous un format qui se rĂ©duit au cours des derniers siĂšcles de l’empire (la derniĂšre mention des Prosalentai date de 1361, celle des Gasmules date de 1422)[7]. Sous la dynastie des PalĂ©ologues, la principale base de la flotte est le port de Kontoskalion sur le rivage de la mer de Marmara Ă  Constantinople. Celui-ci est draguĂ© et fortifiĂ© par Michel VIII[j 14]. Parmi les bases navales provinciales, la plus importante se situe probablement Ă  Monemvasia dans le PĂ©loponnĂšse[100].

Dans le mĂȘme temps, Michel et ses successeurs continuent d’utiliser des Ă©trangers au sein de la flotte. Face Ă  la versatilitĂ© des citĂ©s italiennes avec lesquelles les alliances changent rĂ©guliĂšrement, les mercenaires sont de plus en plus employĂ©s au cours des derniers siĂšcles de l’empire. Ils sont souvent rĂ©compensĂ©s par l’obtention de fiefs. La plupart de ces mercenaires, comme Giovanni de lo Cavo (seigneur de Rhodes et d’Anafi) ou Benedetto Zaccaria (seigneur de PhocĂ©e) sont gĂ©nois, GĂšnes Ă©tant Ă  cette Ă©poque l’alliĂ© principal des Byzantins. Sous Michel VIII, Licario devient le premier Ă©tranger Ă  obtenir le titre de mĂ©gaduc tout en acquĂ©rant comme fief l’üle d’EubĂ©e[f 13]. Un autre rang d’importance, celui d'amiral (ጀΌÎčÏÎŹÎ»ÎčÎżÏ‚ ou ጀΌÎčÏÎŹÎ»Î·Ï‚) est introduit Ă  la suite de l'Ă©pisode catalan[K 6]. Il correspond en importance au troisiĂšme grade aprĂšs ceux de mĂ©ga duc et de mĂ©ga drongaire[101].

Les navires

Origines et Ă©tymologie

La marine byzantine comprend divers navires dont les caractĂ©ristiques sont parfois floues et les reconstitutions plus ou moins conjecturales : ophidies (ÎżÏ†ÎčÎŽÎŻÏ‚, « serpent », Ă  rames, sans mĂąture permanente, effilĂ©es et basses sur l’eau, pour dĂ©barquer et rembarquer), ouzies (ÎżÏ…Î¶Î”ÎčÎŹ) et mahonnes (ΌαχώΜΔς) du Pont Euxin ; les noms de ces derniers sont d’origine turcique : Oghouzes = peuple turcophone, turc mavuna, mavna « voilier Ă  fond plat ». Toutefois, jusqu’au XIIe siĂšcle le navire type de combat reste le dromon (ΎρόΌωΜ), lui-mĂȘme de plusieurs types et tonnages, du lourd dromon Ă  xylocastres (tours en bois armĂ©es de catapultes, de balistes ou de lance-feu grĂ©geois) au lĂ©ger pamphyle (Ï€Î±ÎŒÏ•Ï…Î»ÎŻÏ‚) Ă  un seul mĂąt, rapide et maniable[102]. Les dromons sont apparemment issus de l’évolution de la liburne, λÎčÎČÏ…ÏÎœÎŻÏ‚, galĂšre lĂ©gĂšre attestĂ©e au temps de la flotte impĂ©riale romaine. Le mot dromon apparut pour la premiĂšre fois Ă  la fin du Ve siĂšcle. Il est d'abord communĂ©ment rĂ©servĂ©, jusqu’au VIe siĂšcle, Ă  la dĂ©signation d'un type spĂ©cifique de galĂšres de course[a 65]. Le terme dromon lui-mĂȘme dĂ©rive de dromos « course », ce qui souligne que la qualitĂ© principale de ces navires Ă©tait leur rapiditĂ©, comme le soulignait au VIe siĂšcle Procope de CĂ©sarĂ©e[a 66]. Au cours des siĂšcles suivants, alors que les combats maritimes avec les Arabes s’aggravaient, des versions lourdes avec deux et peut-ĂȘtre mĂȘme trois bancs de rameurs apparurent[b 8]. À la mĂȘme Ă©poque, le sens du mot dromon s'Ă©largit Ă  celui de « navire de guerre » : il sert dĂšs lors souvent de synonyme d'un autre terme byzantin apparaissant pour la premiĂšre fois au cours du VIIIe siĂšcle[a 67], celui de chĂ©landion (Ï‡Î”Î»ÎŹÎœÎŽÎčÎżÎœ, dĂ©rivĂ© de kelēs « coureur »), employĂ© Ă©galement pour les grands navires de guerre.

Évolutions et caractĂ©ristiques

L’apparence et l’évolution de la marine mĂ©diĂ©vale est sujet Ă  dĂ©bat : jusque rĂ©cemment, on n’avait pas trouvĂ© de restes de navire Ă  rame de l'AntiquitĂ© ou du haut-Moyen Âge, et les informations devaient ĂȘtre glanĂ©es en analysant les sources littĂ©raires, les illustrations artistiques et les vestiges de quelques navires marchands. Ce n'est qu'en 2005-2006 que les fouilles archĂ©ologiques menĂ©es dans le cadre du projet Marmaray Ă  l'emplacement du port de ThĂ©odose (actuel Yenikapi) ont permis de mettre au jour les vestiges d'une vingtaine de navires byzantins du VIe au Xe siĂšcle, dont des galĂšres[103] - [104].

La position classique voit comme principales diffĂ©rences entre les premiers dromons et les liburnes, et plus gĂ©nĂ©ralement les galĂšres mĂ©diterranĂ©ennes, l’adoption d’un pont plus large (le katastrƍma), l’abandon des Ă©perons d’étrave Ă  l’avant en faveur d’un Ă©peron Ă©mergĂ© et l’introduction progressive des voiles latines[a 68]. Les raisons exactes qui motivent l’abandon de l’éperon d’étrave (en latin rostrum, en grec ጔΌÎČÎżÎ»ÎżÏ‚) sont peu claires. DĂšs le IVe siĂšcle, des illustrations montrent des Ă©perons pointant vers le haut, notamment dans le manuscrit Vergilius vaticanus. Cela accrĂ©dite l'idĂ©e qu'un Ă©peron Ă©mergĂ© a remplacĂ© l'Ă©peron d'Ă©trave dĂšs l'Ă©poque des derniĂšres galĂšres romaines[a 69].

Ce changement peut s'expliquer par l’évolution graduelle des mĂ©thodes de construction des coques de trirĂšmes, basĂ©es au dĂ©part sur l’assemblage par mortaises et tenons. C’est contre ces derniers que l’éperon d’étrave est dĂ©veloppĂ©. Peu Ă  peu, la mĂ©thode de construction change et conduit Ă  l’adoption de coques plus rĂ©sistantes mais aussi moins rigides et donc moins vulnĂ©rables aux attaques des Ă©perons d’étrave[a 70]. Il semble qu'au dĂ©but du VIIe siĂšcle la fonction originelle de l’éperon d’étrave est oubliĂ©e. C’est ce qui transparaĂźt des commentaires d’Isidore de SĂ©ville, selon lequel les Ă©perons d’étrave sont utilisĂ©s pour se protĂ©ger contre les collisions avec des rochers immergĂ©s[a 71]. En ce qui concerne la voile latine, diffĂ©rents historiens ont suggĂ©rĂ© qu’elle a Ă©tĂ© introduite en MĂ©diterranĂ©e par les Arabes qui l’auraient importĂ©e d’Inde, son « lieu de naissance ». NĂ©anmoins, la dĂ©couverte de nouvelles rĂ©fĂ©rences littĂ©raires et de nouvelles illustrations au cours des derniĂšres dĂ©cennies a conduit les historiens Ă  faire remonter l’apparition de la voile latine au Levant Ă  des dates plus anciennes[105] - [106] - [107] - [108]. En effet, elle serait apparue Ă  la fin de l’époque hellĂ©nistique ou au dĂ©but de l’époque romaine. En outre, cette antĂ©rioritĂ© ne concerne pas uniquement la version triangulaire de la voile mais aussi la version quadrilatĂ©rale, ces deux versions Ă©tant utilisĂ©es durant plusieurs siĂšcles (surtout sur les plus petits navires) en parallĂšle avec des voiles carrĂ©es[105] - [a 72]. La flotte d’invasion de BĂ©lisaire en 533 Ă©tait apparemment au moins en partie composĂ©e de navires Ă  voiles latines. C’est probablement Ă  cette date que la voile latine est devenue le grĂ©ement standard des dromons[109]. Cette Ă©volution entraĂźne la disparition progressive de la traditionnelle voile carrĂ©e dans le monde des marines mĂ©diĂ©vales[a 72].

Les dromons que Procope dĂ©crit ne possĂšdent qu’un unique banc de rameurs avec approximativement 50 rameurs, 25 de chaque cĂŽtĂ©[a 73]. À la diffĂ©rence des navires hellĂ©nistiques qui utilisaient un tangon, ils s’étendaient directement depuis la coque[b 9]. Pour les derniers dromons birĂšmes des IXe et Xe siĂšcles, les deux bancs de rameurs (elasiai) sont divisĂ©s par le pont, la premiĂšre rangĂ©e se situant en dessous tandis que la deuxiĂšme rangĂ©e se trouve au-dessus du pont. On prĂ©voyait que ces rameurs combattent aux cĂŽtĂ©s des fantassins de marine lors des opĂ©rations d’abordage[a 74]. Makrypoulias suggĂšre la disposition suivante : 25 rameurs en dessous et 35 sur le pont de chaque cĂŽtĂ© d’un dromon composĂ© de 120 rameurs[g 5]. La longueur totale de ces navires Ă©tait probablement de 32 mĂštres[a 75]. Si la plupart des navires n'ont qu'un seul mĂąt (histos ou katartion), les dromons birĂšmes, plus larges, ont probablement besoin de deux mĂąts pour pouvoir manƓuvrer[a 76]. De fait, une seule voile latine pour un navire de cette taille aurait atteint une dimension empĂȘchant toute manƓuvre[110]. Le navire est dirigĂ© au moyen de deux gouvernails Ă  la poupe (prymnē), qui est en outre dotĂ©e d’une tente (skēnē) abritant la couchette du capitaine (krab(b)at(t)os)[a 77]. La proue (prƍra) est munie d’un gaillard d’avant (pseudopation), en dessous duquel se situe le siphon du feu grĂ©geois[a 78], bien que des siphons secondaires soient parfois situĂ©s sur les flancs du navire[111]. Une pavesade (kastellƍma), sur laquelle les marins peuvent fixer leur bouclier, s’étend sur les flancs du navire, protĂ©geant l’équipage du pont[a 79]. Les plus gros navires sont en outre dotĂ©s de chĂąteaux en bois (xylokastra) sur chaque cĂŽtĂ© entre les mĂąts[112] et semblables Ă  ceux attestĂ©s sur les liburnes romaines, abritant des archers sur des estrades de tir surĂ©levĂ©es[b 10]. L’éperon de proue (peronion) est destinĂ© Ă  atteindre les rames du navire ennemi, Ă  les briser et Ă  les neutraliser[a 80].

Dans le manuscrit de Jean SkylitzĂšs, on trouve des reprĂ©sentations de dromons, mais elles ne sont pas descriptives et n'ont d'autre rĂŽle que d'illustrer la narration. La seule certitude concernant leur aspect porte sur l'architecture des Ɠuvres vives, grĂące aux Ă©paves trouvĂ©es dans le port de Yenikapı (en) lors de la construction de la station du mĂȘme nom sur la ligne ferroviaire Ä°stanbul-Halkalı (en)[113]. Concernant les Ɠuvres mortes et le grĂ©ement, les descriptions d'Ă©poque sont interprĂ©tables, et il existe de nombreuses reconstitutions conjecturelles de diffĂ©rents modĂšles de dromons, sous forme de maquettes ou d'images dans divers ouvrages (par exemple d'HĂ©lĂšne Ahrweiler, Louis BrĂ©hier et Georg Ostrogorsky) et musĂ©es (tel le MusĂ©e nautique du PirĂ©e ou celui de Madrid) mais aucune ne recueille l'assentiment de l'ensemble des historiens et des spĂ©cialistes, et toutes sont contestĂ©es[102].

  • Maquette d'un dromon (proue) au MusĂ©e maritime de HaĂŻfa.
    Maquette d'un dromon (proue) au Musée maritime de Haïfa.
  • Divers dromons d'aprĂšs Rafael Monleon, peintre du MusĂ©e nautique de Madrid.
    Divers dromons d'aprÚs Rafael Monleon, peintre du Musée nautique de Madrid.
  • Petit dromon d'aprĂšs les descriptions de l'empereur LĂ©on VI le Sage.
    Petit dromon d'aprĂšs les descriptions de l'empereur LĂ©on VI le Sage.

Types de navires

À la fin du Xe siĂšcle, on connaĂźt deux types principaux de birĂšme (Ă  deux rangs de rameurs) de genre dromon, d’aprĂšs les inventaires des expĂ©ditions crĂ©toises de 911 et 949 :

  • le ousiakos (Îżáœ‘ÏƒÎčαÎșός), Ă  100 rames, ainsi nommĂ© parce qu’équipĂ© d’une ousia de 108 ;
  • le pamphylos ou pamphylion (Ï€ÎŹÎŒÏ†Ï…Î»ÎżÏ‚, Ï€ÎŹÎŒÏ†Ï…Î»ÎčÎżÎœ), Ă  100 rames, Ă©quipĂ© d’une ousia et demie (soit 120 Ă  160 hommes), dont le nom suggĂšre une origine pamphylienne, qui sert de transport[K 7] et dont l’équipage surnumĂ©raire faisait fonction d’infanterie de marine ;
  • on ajoute Ă  ces deux types le dromƍn Ă  proprement parler, Ă©quipĂ© de deux ousiai[a 81] - [114].

Dans le De Ceremoniis, on dĂ©peint le lourd dromƍn comme ayant un Ă©quipage encore plus grand de 230 rameurs et de 60 Ă  70 marins[K 8] ; Pryor les considĂšre comme un Ă©quipage surnumĂ©raire transportĂ©[a 82], tandis que Makrypoulis suggĂšre que ces hommes correspondent Ă  un second rang de rameurs sur chacun des bancs supĂ©rieurs[g 6]. Un navire plus petit et Ă  un seul rang, le monērēs (ÎŒÎżÎœÎźÏÎ·Ï‚) ou galea (γαλέα), d’un Ă©quipage d’environ 60 hommes, est utilisĂ© pour les missions de reconnaissance mais Ă©galement sur les flancs lors des batailles[a 83]. En particulier, la galea semble ĂȘtre fortement associĂ©e aux MardaĂŻtes, et Christos Makrypoulias suggĂšre mĂȘme que ce navire est exclusivement utilisĂ© par eux[g 7]. Des dromons Ă  trois rangs (trirĂšmes) sont dĂ©crits dans une Ɠuvre du IXe siĂšcle dĂ©diĂ©e au parakoimƍmenos Basile LĂ©capĂšne. Cependant, ce traitĂ©, dont seuls des fragments ont Ă©tĂ© conservĂ©s, repose principalement sur des rĂ©fĂ©rences relatives Ă  l’apparence et Ă  la construction d’une trirĂšme de l’époque classique ; il doit donc ĂȘtre utilisĂ© avec prudence en ce qui concerne ce navire Ă  cette pĂ©riode byzantine[115] - [a 84]. L’existence de trirĂšmes est toutefois attestĂ©e dans la marine fatimide des XIe et XIIe siĂšcles, et des rĂ©fĂ©rences faites par LĂ©on VI Ă  de gros bateaux arabes au Xe siĂšcle peuvent aussi concerner des galĂšres Ă  trois rangs[b 11].

En ce qui concerne les navires de transport, les Byzantins recourent habituellement Ă  des marchands ordinaires pour le transport (phortēgoi) ou l’approvisionnement (skeuophora). Ceux-ci semblent ĂȘtre des bateaux Ă  voile plutĂŽt que des bateaux Ă  rames[a 85]. Les Byzantins et les Arabes pratiquent Ă©galement le transport de chevaux (hippagƍga), soit au moyen de bateaux Ă  voile, soit par galĂšres, ces derniĂšres Ă©tant certainement modifiĂ©es pour les chevaux[a 86] - [112]. Étant donnĂ© que les chelandia semblent Ă  l'origine ĂȘtre des navires de transport de chevaux Ă  rames, cela suggĂšre des diffĂ©rences de construction entre le chelandion et le dromƍn proprement dit, des appellations qui sont par ailleurs souvent utilisĂ©s sans distinction dans les sources. Alors que le dromƍn se dĂ©veloppe exclusivement en tant que galĂšre de guerre, le chelandion devrait comporter un compartiment spĂ©cialement adaptĂ© aux chevaux, augmentant son maĂźtre-bau et la profondeur de sa cale[a 87]. En outre, les sources byzantines font rĂ©fĂ©rence au sandalos ou sandalion (ÏƒÎŹÎœÎŽÎ±Î»ÎżÏ‚, ÏƒÎ±ÎœÎŽÎŹÎ»ÎčÎżÎœ), un bateau emmenĂ© par de plus gros navires ; le type dĂ©crit dans le De Ceremoniis a un seul mĂąt, quatre rames et un gouvernail[g 8]. Enfin, le transbordement (en) des gros navires Ă  terre et inversement se fait par des canots ventrus Ă  fond relativement plat appelĂ©s χώρΔÎčα (horia : « arrondis »)[116].

Les influences occidentales des derniers siĂšcles

La pĂ©riode exacte Ă  laquelle le dromon est supplantĂ© par des navires dĂ©rivĂ©s de la galea et d’origine italienne est incertaine. Le terme reste en usage jusqu’à la fin du XIIe siĂšcle, bien que les auteurs byzantins ne fassent pas de distinctions[a 88]. Les auteurs occidentaux contemporains utilisent le terme pour de gros navires, habituellement de transport, et des preuves existent selon lesquelles cet usage s’est aussi rĂ©pandu parmi les Byzantins[a 89]. La description de la flotte byzantine par Guillaume de Tyr en 1169, dans laquelle les « dromons » sont classĂ©s en tant qu'imposants navires de transport, distincts des navires Ă  deux rangs de rameurs, peut donc indiquer l’adoption de nouveaux types de galĂšre birĂšme par les Byzantins[a 90]. À partir du XIIIe siĂšcle, le terme « dromon » tombe progressivement en dĂ©suĂ©tude et est remplacĂ© par celui de katergon (ÎșÎŹÏ„Î”ÏÎłÎżÎœ), un terme de la fin du XIe siĂšcle appliquĂ© Ă  l’origine Ă  l’équipage, issu de populations soumises au service militaire[a 91]. Durant la basse-Ă©poque de l'Empire byzantin, les navires s’alignent sur les modĂšles occidentaux : le terme katergon est utilisĂ© sans distinction pour les navires byzantins et latins, et le chelandion des transports Ă©quins est remplacĂ© par la taride occidentale (dĂ©rivant elle-mĂȘme de l'arabe áč­arrÄ«da, transposĂ©e en tareta, ταρέτα, en grec)[a 92]. Un processus similaire est observĂ© dans les sources de Sicile angevine, dans lesquelles le terme chelandre est remplacĂ© par celui de taride, bien que tous deux soient utilisĂ©s pendant une certaine pĂ©riode. Aucune diffĂ©rence de construction n'est mentionnĂ©e entre les deux, qui font rĂ©fĂ©rence aux navires de transport de chevaux (usserii) capables de transporter de vingt Ă  quarante chevaux[b 12].

Les galĂšres birĂšmes de style italien restent le modĂšle dominant au sein des flottes mĂ©diterranĂ©ennes jusqu’à la fin du XIIIe siĂšcle, bien que des sources de cette Ă©poque fournissent peu de descriptions sur leur construction[b 13]. À cette date, les galĂšres deviennent presque toutes des trirĂšmes, c’est-Ă -dire avec trois rameurs sur un mĂȘme banc situĂ© au-dessus du pont, chacun maniant une rame diffĂ©rente ; ce systĂšme se nomme alla sensile[b 14]. Les VĂ©nitiens ont aussi dĂ©veloppĂ© ce que l’on appelle « la grande galĂšre », qui est une galĂšre Ă©largie capable de transporter plus de cargaison pour le commerce[b 15].

On connaĂźt peu de choses des navires byzantins de cette Ă©poque. Les notes prises par le clerc byzantin Sylvestre Syropoulos sur le voyage de 1437 de la dĂ©lĂ©gation byzantine du concile de Florence ainsi que les notes du capitaine grĂ©co-vĂ©nitien Michel de Rhodes mentionnent que la plupart des navires sont vĂ©nitiens ou papaux. Cependant, ces derniĂšres indiquent aussi que l’empereur Jean VII PalĂ©ologue voyage sur un navire impĂ©rial. Il n’est cependant pas Ă©tabli que ce vaisseau est bien byzantin ou qu'il a Ă©tĂ© louĂ©, et sa nature demeure inconnue. NĂ©anmoins, il est notĂ© qu’il est plus rapide que les grandes galĂšres commerciales vĂ©nitiennes l’accompagnant. De ce fait, il est possible que ce vaisseau impĂ©rial fĂ»t une galĂšre de guerre lĂ©gĂšre[117]. Michel de Rhodes Ă©crit aussi un traitĂ© sur la construction navale qui fournit des illustrations et des instructions sur la construction des principaux vaisseaux (galĂšres et voiliers) utilisĂ©s par Venise ou les autres États maritimes de la rĂ©gion durant la premiĂšre partie du XVe siĂšcle.

Stratégies et armes

Les leçons militaires du passĂ© ont Ă©tĂ© codifiĂ©es, prĂ©servĂ©es et transmises par les Byzantins grĂące Ă  l'usage de manuels militaires. En dĂ©pit de leur terminologie parfois archaĂŻsante, ces textes forment la base de la connaissance actuelle de la science navale byzantine. Les principaux textes ayant Ă©tĂ© conservĂ©s sont les chapitres sur les combats navals (peri naumachias) dans la Tactica de LĂ©on le Sage et NicĂ©phore Ouranos (tous deux s’inspirant largement de la Naumachiai du VIe siĂšcle et d’Ɠuvres antĂ©rieures)[115], complĂ©tĂ©s par les passages relevants du De administrando imperio de Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte et d’autres textes d’auteurs byzantins et arabes[b 3].

Stratégie navale, logistique et tactique

L’examen des opĂ©rations navales antiques et mĂ©diĂ©vales nĂ©cessite une comprĂ©hension des limites technologiques des flottes de galĂšres. Celles-ci se comportent mal dans les eaux agitĂ©es et peuvent ĂȘtre submergĂ©es par les vagues, une catastrophe en haute mer comme le montrent les exemples historiques de galĂšres englouties en raison du mauvais temps (cf. par exemple les pertes romaines lors de la premiĂšre guerre punique)[118]. La saison maritime est dĂšs lors habituellement limitĂ©e Ă  la pĂ©riode s’étalant de la mi-printemps Ă  septembre[b 16] - [119]. La vitesse de croisiĂšre d’une galĂšre, mĂȘme en utilisant les voiles, est Ă©galement limitĂ©e, tout comme l’est l’approvisionnement qu’elle peut transporter[120] - [119]. En particulier, l’eau est d’une importance cruciale ; avec une consommation estimĂ©e Ă  8 litres par jour pour chaque rameur, sa disponibilitĂ© est un facteur opĂ©rationnel dĂ©cisif sur les cĂŽtes souvent arides et ensoleillĂ©es de la MĂ©diterranĂ©e orientale[a 93]. On estime que les petits dromons peuvent transporter environ quatre jours d’eau[a 94]. Cela signifie que les flottes composĂ©es de galĂšres sont restreintes aux navigations cĂŽtiĂšres[118] et doivent frĂ©quemment accoster pour remplir leurs rĂ©serves et reposer leur Ă©quipage[b 17]. Le comportement des Byzantins en atteste, de la campagne de BĂ©lisaire contre les Vandales aux expĂ©ditions crĂ©toises. C'est pour ces raisons que NicĂ©phore Ouranos souligne le besoin de disposer d'« hommes dotĂ©s de la connaissance exacte et de l'expĂ©rience de la mer [
], dont les vents qui soufflent depuis les terres causent la houle. Ils doivent connaĂźtre les rochers cachĂ©s de la mer et les lieux sans fond, et les terres Ă  partir desquelles on peut naviguer, et les Ăźles adjacentes, les ports et la distance entre chacun de ces ports. Ils doivent connaĂźtre Ă  la fois les pays et leurs ressources en eau[a 94]. »

Les combats navals mĂ©diĂ©vaux en MĂ©diterranĂ©e sont donc essentiellement cĂŽtiers et amphibies, destinĂ©s Ă  la prise de contrĂŽle de territoires cĂŽtiers ou d’üles, et non Ă  l’exercice d’un contrĂŽle de la mer[a 95]. De plus, Ă  la suite de l’abandon de l’éperon d’étrave, la seule arme capable d’endommager un navire jusqu’à l’avĂšnement de la poudre Ă  canon et des projectiles explosifs[a 96], les combats en mer deviennent selon les mots de John Pryor, « plus imprĂ©visibles. Aucune puissance ne peut plus espĂ©rer obtenir un tel avantage en matiĂšre d’armement ou de connaissance de l’équipage qui pourrait rendre le succĂšs probable »[a 97]. Ce n’est donc pas une surprise si les manuels byzantins mettent en avant des tactiques prudentes, donnant la prioritĂ© Ă  la prĂ©servation de la flotte, et l'acquisition de renseignements corrects. L’accent y est mis sur la surprise tactique et, inversement, sur la nĂ©cessitĂ© de ne pas ĂȘtre surpris par l’ennemi. Dans l’idĂ©al, la bataille ne doit ĂȘtre livrĂ©e que lorsque la supĂ©rioritĂ© numĂ©rique ou tactique est assurĂ©e[a 98]. L’insistance est Ă©galement mise sur l’adaptation des forces et des tactiques Ă  l’ennemi potentiel : par exemple, LĂ©on VI oppose aux Arabes et Ă  leurs lourds et lents navires (koumbaria) les embarcations lĂ©gĂšres et rapides (akatia, principalement monoxyles) des Slaves et des Rus'[a 99] - [121].

Illustration représentant la flotte byzantine qui repousse une attaque des Rus' sur Constantinople en 941
La flotte byzantine repousse une attaque des Rus' sur Constantinople en 941. Les abordages et les combats au corps Ă  corps fixent l’issue de la plupart des batailles au Moyen Âge. Les dromons byzantins sont ici reprĂ©sentĂ©s faisant chavirer les mahonnes des Rus' et brisant leurs rames avec leurs Ă©perons[a 100].

En campagne, aprĂšs l’assemblement des divers escadrons dans des bases fortifiĂ©es (aplēkta) le long des cĂŽtes, la flotte se compose d’un groupe principal, constituĂ© de navires Ă  rames, et d’un groupe de convoi (touldon) de navires de transport Ă  voile ou Ă  rames, qui est Ă©cartĂ© en cas de bataille[a 101]. La flotte de guerre est divisĂ©e en escadres, et les ordres sont transmis de navire en navire au moyen de drapeaux signalĂ©tiques (kamelaukia) et de lanternes[a 102].

À l’approche et lors d’une bataille, le bon ordonnancement de la formation est critique : une flotte dĂ©sordonnĂ©e signifie que ses navires ne peuvent s’entraider, menant probablement Ă  la dĂ©faite[a 103]. Les flottes qui ne parviennent pas Ă  garder leur formation ou qui Ă©chouent Ă  former une contre-formation (antiparataxis) appropriĂ©e en fonction de celle de l’ennemi Ă©vitent souvent ou abandonnent le combat[122] - [a 104]. Le recours Ă  des manƓuvres tactiques est donc destinĂ© Ă  rompre la formation ennemie[122] et comprend des stratagĂšmes variĂ©s, comme la division des forces afin de lancer des manƓuvres sur les flancs, la feinte d’une retraite ou le maintien d’une force de rĂ©serve en embuscade[a 105]. En effet, LĂ©on VI met ouvertement en garde contre les confrontations directes et recommande le recours Ă  des stratagĂšmes[a 106]. Selon lui, une formation en croissant semble ĂȘtre la norme, avec le vaisseau amiral au centre et les bateaux les plus lourds aux extrĂ©mitĂ©s de la formation afin de contourner les flancs de l’ennemi[a 107] - [K 8]. Une sĂ©rie de variantes, d’autres tactiques et contre-formations sont possibles, selon les circonstances[b 3].

Lorsque les flottes sont suffisamment proches, l’échange de projectiles (brĂ»lots, flĂšches, javelots) commence. Le but n’est pas de couler le navire mais de dĂ©cimer l’équipage avant les opĂ©rations d’abordage, qui sont dĂ©terminantes[a 108]. DĂšs que les forces ennemies sont considĂ©rĂ©es comme suffisamment rĂ©duites, les flottes se rapprochent, les navires sont saisis au grappin, et les marins et les rameurs du rang supĂ©rieur abordent le bateau ennemi et commencent les combats au corps Ă  corps[123].

Armement

Photographie de grenade à main et chausse-trapes grecques retrouvées en CrÚte
Grenades et chausse-trapes grecques retrouvĂ©es en CrĂšte, Xe – XIIe siĂšcles.

À la diffĂ©rence de la guerre navale dans l’AntiquitĂ©, les navires byzantins et arabes ne sont plus forcĂ©ment munis de taran ou Ă©peron, et les mĂ©thodes principales du combat entre navires sont l’abordage, le jet de projectiles enflammĂ©s ainsi que l’utilisation de liquides inflammables dont le feu grĂ©geois[b 6]. Loin d’ĂȘtre aussi redoutable que l’on le croit, le feu grĂ©geois est peu efficace sauf sous certaines conditions et n’est pas l’arme antinavire dĂ©cisive que l'Ă©peron a pu ĂȘtre entre les mains d’un Ă©quipage expĂ©rimentĂ©[124].

Comme leurs ancĂȘtres romains, les navires byzantins et arabes sont Ă©quipĂ©s de petites catapultes (mangana) et de balistes (toxoballistrai) pouvant lancer des flĂšches, des javelots, des pierres et des pots de feu grĂ©geois ou d’autres liquides incendiaires mais aussi des chausse-trapes et mĂȘme des objets remplis de chaux pour Ă©touffer l’ennemi[125] ou, comme l’empereur LĂ©on VI le suggĂšre, des scorpions et des serpents, ce qui est quelque peu invraisemblable[a 109] - [125]. Les fantassins de marine et les rameurs situĂ©s sur le banc supĂ©rieur possĂšdent une armure lourde pour les combats (LĂ©on les appelle « cataphractes »). Ils sont armĂ©s pour le combat rapprochĂ© avec des lances ou des sabres tandis que les autres marins sont dotĂ©s d’un vĂȘtement protecteur en feutre (neurika) et s’arment d’arcs et d’arbalĂštes[a 110]. L’importance et le volume des projectiles durant les combats navals peuvent ĂȘtre Ă©valuĂ©s grĂące aux manifestes racontant les expĂ©ditions crĂ©toises du Xe siĂšcle. Ils font mention de dix mille chausse-trapes, cinquante arcs et dix mille flĂšches, vingt navires transportant des ballistrai avec deux cents boulons appelĂ©s myai (« mouches »). En outre, chaque dromon transporte cent javelots[126].

À partir du XIIe siĂšcle, l’arbalĂšte (Ï„Î¶áŸ¶ÎłÎłÏÎ±, tzangra) devient fort importante dans les guerres navales en MĂ©diterranĂ©e, et reste l’arme la plus mortelle jusqu’à l’avĂšnement de la poudre Ă  canon[127]. Les Byzantins y recourent souvent, principalement lors des siĂšges, bien que son utilisation lors des combats navals soit rapportĂ©e[f 14]. Le canon n’est introduit que lors de la seconde moitiĂ© du XIVe siĂšcle mais reste rarement utilisĂ© par les Byzantins, qui ne disposent que de quelques piĂšces d'artillerie pour la dĂ©fense des murailles de Constantinople. À la diffĂ©rence des VĂ©nitiens et des GĂ©nois, rien ne suggĂšre que les Byzantins en aient Ă©quipĂ© un navire[128].

Le feu grégeois

Les rĂ©sines et naphtes utilisĂ©es pour la pĂȘche au lamparo ont pu ĂȘtre Ă  l'origine du feu grĂ©geois.
Illustration d'un feu grégeois
Description du feu grégeois dans le manuscrit de Jean SkylitzÚs.

Le « feu grĂ©geois » est le nom donnĂ© par les Occidentaux au produit inflammable utilisĂ© par les Byzantins. Ceux-ci recourent Ă  divers noms descriptifs pour le nommer, dont le plus commun est le « feu liquide » (áœ‘ÎłÏÏŒÎœ Ï€áżŠÏ). Bien que l’emploi de produits incendiaires par les Byzantins soit attestĂ© depuis le dĂ©but du VIe siĂšcle, le feu grĂ©geois n'aurait Ă©tĂ© crĂ©Ă© qu'en 673 par un ingĂ©nieur de Syrie, un certain Kallinikos[a 111]. La mĂ©thode la plus courante d’utilisation est de le rĂ©pandre par un large tuyau de bronze (siphƍn) sur les navires ennemis[b 6] - [129]. Il peut Ă©galement ĂȘtre versĂ© dans des jarres projetĂ©es par des catapultes ; des grues pivotantes (gerania) sont aussi mentionnĂ©es, versant le combustible sur les bateaux ennemis[a 112]. Habituellement, la mixture est conservĂ©e dans des tonneaux chauffĂ©s et pressurisĂ©s, et projetĂ©e dans le tuyau au moyen d’une sorte de pompe, les opĂ©rateurs se rĂ©fugiant derriĂšre de grands boucliers de fer. Une version portable (cheirosiphƍn) existe Ă©galement, dont l’invention est attribuĂ©e Ă  LĂ©on VI, qui en fait un analogue direct du lance-flammes moderne[b 18]. Son procĂ©dĂ© de fabrication est un secret d’État, et ses composants ne peuvent qu’ĂȘtre vaguement devinĂ©s ou dĂ©crits Ă  partir des sources secondaires comme chez Anne ComnĂšne, de maniĂšre telle que sa composition exacte reste encore inconnue. Dans ses effets, le feu grĂ©geois a dĂ» ĂȘtre assez semblable au napalm[b 6]. Les sources contemporaines rapportent clairement qu’il ne peut ĂȘtre Ă©teint avec de l’eau, mais qu’il flotte et brĂ»le sur l’eau[129] ; le sable peut l’éteindre en le privant d’oxygĂšne, et plusieurs auteurs mentionnent Ă©galement un vinaigre fort ou de l’urine[a 113].

En dĂ©pit des rĂ©cits quelque peu exagĂ©rĂ©s des sources byzantines, il n’est en aucun cas une arme miraculeuse et n’a pas empĂȘchĂ© de sĂ©rieuses dĂ©faites[130] - [131]. Sa portĂ©e limitĂ©e et la nĂ©cessitĂ© de bĂ©nĂ©ficier d’une mer calme et de conditions de vent favorables en restreignent l’utilisation[a 114]. De fait, le feu grĂ©geois est surtout efficace sur une mer calme comme celle de Marmara et contre un ennemi supĂ©rieur en nombre contre lequel une stratĂ©gie classique comme l'abordage ou l'Ă©peron seraient trop hasardeuses[132] NĂ©anmoins, dans des circonstances favorables et contre un ennemi non prĂ©parĂ©, sa grande capacitĂ© destructive et son impact psychologique peuvent se rĂ©vĂ©ler dĂ©cisifs, comme les combats contre les Russes l’ont montrĂ© Ă  plusieurs reprises. Il continue Ă  ĂȘtre mentionnĂ© durant le XIIe siĂšcle, mais les Byzantins ne l’utilisent pas lors de la quatriĂšme croisade, peut-ĂȘtre parce qu’ils ont perdu l'accĂšs aux rĂ©gions (le Caucase et la cĂŽte orientale de la mer Noire) oĂč on trouve ses principaux ingrĂ©dients[a 115]. Enfin, il semble Ă  peu prĂšs sĂ»r que les Arabes ont fini par dĂ©couvrir le secret du feu grĂ©geois vers le Xe siĂšcle car certaines sources mentionnent son utilisation, entre autres par la flotte de LĂ©on de Tripoli[132] - [K 9].

Le rîle de la marine dans l’histoire byzantine

Il n’est pas Ă©vident d’évaluer l’importance historique de la marine byzantine.

D’une part, l’Empire byzantin, pendant toute sa vie, dĂ©fend des cĂŽtes Ă©tendues, le plus souvent avec un arriĂšre-pays Ă©troit. De surcroĂźt, les navires sont toujours les moyens de transport les plus rapides et les moins chers alors mĂȘme que les principaux centres urbains et commerciaux byzantins ainsi que la plupart des terres fertiles se trouvent Ă  proximitĂ© de la mer[133]. Ces caractĂ©ristiques couplĂ©es Ă  la menace posĂ©e par les Arabes du VIIe au Xe siĂšcle nĂ©cessitent le maintien d’une flotte puissante. Ainsi, il est possible que la marine ait jouĂ© le rĂŽle le plus important dans la dĂ©fense victorieuse de Constantinople lors des deux siĂšges arabes, ce qui sauva l’Empire. Enfin, les opĂ©rations navales font partie intĂ©grante de l’effort byzantin contre les Arabes du fait des nombreux raids et contre-raids qui se dĂ©roulent jusqu’à la fin du Xe siĂšcle[a 116].

D’autre part, la nature et les limites des techniques maritimes de l’époque empĂȘchent la Byzance aussi bien que ses adversaires de dĂ©velopper une thalassocratie[a 117]. Les flottes de galĂšre, renvoyĂ©es Ă  des opĂ©rations cĂŽtiĂšres, ne joueront pas un rĂŽle indĂ©pendant. De plus, comme l’illustre l’alternance des victoires et des dĂ©faites byzantines, aucun belligĂ©rant ne parvient Ă  prendre durablement l’ascendant sur l’autre. Bien que les Byzantins remportent quelques succĂšs spectaculaires comme la victoire nocturne de Nasar en 880, de tels succĂšs sont contrebalancĂ©s par des malheurs tout aussi spectaculaires[a 118]. Les rapports faisant Ă©tat de mutineries par les rameurs au sein de la flotte rĂ©vĂšlent aussi que leurs conditions sont souvent Ă©loignĂ©es des idĂ©aux prescrits dans les manuels[a 119]. Cela, joint Ă  la prĂ©pondĂ©rance traditionnelle des grands propriĂ©taires terriens de l’Anatolie au sein des Ă©lites militaires et civiles, implique qu’à l’image de l’Empire romain, la marine a toujours Ă©tĂ© largement vue comme un supplĂ©tif aux forces terrestres, un fait qui est bien mis en lumiĂšre par la faiblesse relative des positions des amiraux au sein de la hiĂ©rarchie impĂ©riale[134] - [135].

Il n’en reste pas moins clair que le dĂ©clin progressif de la puissance navale byzantine au cours des Xe et XIe siĂšcles, causĂ© par la montĂ©e en puissance des citĂ©s-États italiennes (notamment Venise et plus tard GĂȘnes), a eu Ă  long terme un impact net sur le destin de l’Empire. Lors de la quatriĂšme croisade une dĂ©fense maritime qui fait dĂ©faut sera la cause premiĂšre du sac de Constantinople, catastrophe qui Ă©branlera l’État byzantin jusque dans ses fondements[136]. L’Empire amorce ce dĂ©clin lui-mĂȘme au IXe siĂšcle quand il recourt de plus en plus aux Italiens pour compenser sa propre faiblesse navale Ă  l’Ouest. Les rĂ©publiques italiennes profitent de leur rĂŽle d’intermĂ©diaires dans le commerce maritime entre Byzance et l’Europe occidentale, marginalisant la marine marchande byzantine. Cela aura un effet nĂ©faste sur la disponibilitĂ© des forces navales byzantines[137]. En outre, au fur et Ă  mesure que les rĂ©publiques italiennes sortent de la sphĂšre byzantine, elles commencent inĂ©vitablement Ă  poursuivre leurs propres politiques Ă  tel point qu’à partir de la fin du XIe siĂšcle, elles passent de la protection de l’Empire Ă  son exploitation et parfois Ă  son pillage, annonçant l’assujettissement financier et politique de l’Empire Ă  leurs intĂ©rĂȘts[138]. Le manque d’une marine forte s’est certainement fait durement ressentir pour les Byzantins Ă  cette Ă©poque comme les commentaires de KĂ©kaumĂ©nos en tĂ©moignent. Des empereurs puissants et dynamiques comme Manuel II ComnĂšne et Michel VIII PalĂ©ologue rĂ©ussissent Ă  ranimer la puissance maritime de Byzance. Mais, mĂȘme aprĂšs s’ĂȘtre dĂ©barrassĂ©s des VĂ©nitiens, ces derniers sont remplacĂ©s par les GĂ©nois et les Pisans. Le commerce reste ainsi le monopole des Latins qui continuent de dĂ©tourner les profits au dĂ©triment de Byzance. De surcroĂźt, Ă  la mort de ces empereurs, leurs Ɠuvres disparaissent rapidement[96]. AprĂšs 1204 et malgrĂ© la brĂšve exception du rĂšgne de Michel VIII, les fortunes de la petite marine byzantine sont intimement liĂ©es aux alliances changeantes avec les rĂ©publiques maritimes italiennes[f 15].

D’une perspective globale de l’histoire byzantine, l’étude montre que la croissance et le dĂ©clin de la puissance navale traduisent bien le flux et le reflux du sort de l’Empire, constat qui a conduit le byzantinologue français Louis BrĂ©hier Ă  remarquer ceci : « Les Ă©poques de domination de l’Empire byzantin sont celles lors desquelles il avait le contrĂŽle des mers et c’est quand il le perdit que les revers arrivĂšrent »[139].

Notes et références

Notes

  1. Louis Bréhier fait référence à une action byzantine en 1434 lors de laquelle la flotte parvient à repousser une attaque génoise contre Constantinople.
  2. En 911, le thĂšme des CibyrrhĂ©otes fournit 5 600 marins et soldats de marine et 1 000 rĂ©servistes pour l'expĂ©dition en CrĂšte. C'est le contingent thĂ©matique le plus important de l'expĂ©dition. Cf. E. Luttwak, La grande stratĂ©gie de l'Empire byzantin, p. 355.
  3. En 911, le thĂšme fournit4 000 marins et fantassins de marine, 1 000 rĂ©servistes et 22 navires pour l'expĂ©dition en CrĂšte
  4. Voici la liste qu'en donne Louis Bréhier dans son ouvrage Les institutions de l'Empire byzantin : 20 dromons, 49 transports, 7 pamphyles et 12 chélandia-pamphyles soit 88 navires dont 28 proviennent des flottes thématiques

Références

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  • Donald MacGillivray Nicol (trad. Hugues Defrance), Les derniers siĂšcles de Byzance, 1261-1453, Texto, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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Ouvrages sur la marine byzantine

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  • HĂ©lĂšne Bibicou, « ProblĂšmes de la Marine byzantine », Annales Ă©conomies, sociĂ©tĂ©s et civilisations,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • HĂ©lĂšne Bibicou, Études d'histoire maritime de Byzance. À propos du thĂšme des Caravisiens, Paris,
  • HĂ©lĂšne Bibicou, « ProblĂšmes de la marine byzantine », Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, vol. 13, no 2,‎ , p. 327–338 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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  • Rodica Ciocan-Ivanescu, « GĂ©opolitique et culturologie dans l'espace de la thalassocratie byzantine », Byzantinoslavica, vol. 54,‎ , p. 202-210
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  • Edmond Jurien de la GraviĂšre, « La marine des Byzantins », La revue des deux mondes, vol. 65,‎ , p. 130-158
  • Rodolphe Guilland, « Études de titulature et de prosopographie byzantines : les chefs de la marine byzantine: drongaire de la flotte, grand drongaire de la flotte, duc de la flotte, mĂ©gaduc », Byzantinische Zeitschrift, vol. 44,‎ , p. 212–240.
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Ouvrages sur les marines mĂ©diterranĂ©ennes au Moyen Âge

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  • Lucien Basch, « La voile latine, son origine, son Ă©volution et ses parentĂ©s arabes », dans Harry Tzalas (dir.), Tropis VI, 6th International Symposium on Ship Construction in Antiquity, Lamia 1996 proceedings, Athens, Hellenic Institute for the Preservation of Nautical Tradition, , p. 55–85.
  • (en) I. C. Campbell, « The Lateen Sail in World History », Journal of World History, vol. 6, no 1,‎ , p. 1–23 (lire en ligne).
  • (en) Lionel Casson, The Ancient Mariners : Seafarers and Sea Fighters of the Mediterranean in Ancient Times, Princeton University Press, , 246 p. (ISBN 978-0-691-01477-7, lire en ligne).
  • (en) Lionel Casson, Ships and Seamanship in the Ancient World, Johns Hopkins University Press, , 470 p. (ISBN 0-8018-5130-0, lire en ligne).
  • (en) John Dotson, « Venice, Genoa and Control of the Seas in the Thirteenth and Fourteenth Centuries », dans John B. Hattendorf et Richard W. Unger (dir.), War at Sea in the Middle Ages and the Renaissance, Boydell Press, (ISBN 0851159036), p. 109–136.
  • (en) Robert Gardiner (dir.), The Age of the Galley : Mediterranean Oared Vessels since pre-Classical Times, Conway Maritime Press, , 256 p. (ISBN 978-0-85177-955-3). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Zaraza Friedman et Levent Zoroglu, « Kelenderis Ship — Square or Lateen Sail? », The International Journal of Nautical Archaeology, vol. 35, no 1,‎ , p. 108–116 (DOI 10.1111/j.1095-9270.2006.00091.x).
  • (en) Frederic Chapin Lane, Venice, a Maritime Republic : A Maritime Republic, JHU Press, , 505 p. (ISBN 978-0-8018-1460-0, lire en ligne).
  • (en) Patrice Pomey, « The Kelenderis Ship: A Lateen Sail », The International Journal of Nautical Archaeology, vol. 35, no 2,‎ , p. 326–329 (DOI 10.1111/j.1095-9270.2006.00111.x).
  • (en) John H. Pryor, Geography, Technology, and War : Studies in the Maritime History of the Mediterranean, 649–1571, Cambridge/New York/Oakleigh Australia, Cambridge University Press, , 238 p. (ISBN 0-521-42892-0, lire en ligne).
  • (en) Archibald Ross Lewis et Timothy J. Runyan, European Naval and Maritime History, 300–1500, Indiana University Press, , 192 p. (ISBN 0-253-20573-5).
  • Zysberg et Burlet, Venise, la SĂ©rĂ©nissime et la mer, DĂ©couverte Gallimard,

Autres ouvrages

  • (en) John B. Bury, The Imperial Administrative System of the Ninth Century — With a Revised Text of the Kletorologion of Philotheos, Oxford University Publishing, .
  • (en) Vassilios Christides, « Military Intelligence in Arabo-Byzantine Naval Warfare », dans K. Tsiknakis (dir.), Byzantium at War (9th–12th c.), National Hellenic Research Foundation — Centre for Byzantine Research, (ISBN 960-371-001-6, lire en ligne), p. 269–281.
  • (en) R. H. Dolley, « The Warships of the Later Roman Empire », The Journal of Roman Studies, Society for the Promotion of Roman Studies, vol. 38,‎ , p. 47–53 (DOI 10.2307/298170, lire en ligne).
  • Jules Gay, L'Italie mĂ©ridionale et l'Empire byzantin, B. Franklin,
  • (en) Ian Heath, Armies of the Middle Ages, vol. II : The Ottoman Empire, Eastern Europe and the Near East, 1300–1500, Wargames Research Group, .
  • (en) Michael MacCormick, Origins of the European Economy : Communications and Commerce, A.D. 300–900, Cambridge University Press, , 1101 p. (ISBN 978-0-521-66102-7, lire en ligne).
  • (en) Penny MacGeorge, Late Roman Warlords, Oxford University Press, , 368 p. (ISBN 978-0-19-925244-2), « Appendix: Naval Power in the Fifth Century ».
  • (el) Dimitris Michalopoulos et Antonis Milanos, ΕλληΜÎčÎșÎŹ Πλοία Ï„ÎżÏ… ÎœÎ”ÏƒÎ±ÎŻÏ‰ÎœÎ±, Evropi,‎ (ISBN 960-253-028-6).
  • (en) Donald MacGillivray Nicol, Byzantium and Venice : A Study in Diplomatic and Cultural Relations, Cambridge University Press, , 465 p. (ISBN 978-0-521-42894-1, lire en ligne).
  • (en) David Nicolle, Medieval Warfare Source Book : Christian Europe and its Neighbours, Brockhampton Press, , 320 p. (ISBN 1-86019-861-9).
  • (el) Kimon Emmanouil Plakogiannakis, TimÄ«tikoi Titloi kai Energa Axiƍmata sto Vyzantio, IANOS, (ISBN 960-7771-57-5).
  • (en) Peter Topping, A History of the Crusades, vol. III : The fourteenth and fifteenth centuries, University of Wisconsin Press, , 813 p. (ISBN 978-0-299-06670-3, lire en ligne), « The Morea, 1364—1460 ».

Articles connexes

Liens externes

  • Fouilles du port de ThĂ©odose Ă  Yenikapi (Istanbul) sur
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