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Grand Palais (Constantinople)

Le Grand Palais (en grec ÎœÎ­ÎłÎ± Î Î±Î»ÎŹÏ„ÎčÎżÎœ / MĂ©ga PalĂĄtion, en turc BĂŒyĂŒk Saray), aussi appelĂ© « Palais sacrĂ© » (en grec áŒčΔρ᜞Μ Î Î±Î»ÎŹÏ„ÎčÎżÎœ, HierĂČn PalĂĄtion ; en latin : Sacrum Palatium) Ă©tait le plus grand ensemble architectural de Constantinople. Depuis sa construction sous Constantin Ier jusqu’au Xe siĂšcle, il s'est agrandi au grĂ© des besoins et des goĂ»ts des diffĂ©rents empereurs, les parties les plus anciennes Ă©tant progressivement abandonnĂ©es au profit de nouveaux Ă©difices, situĂ©s plus au sud. L’ensemble de ces Ă©difices, cours, pavillons et Ă©glises formaient un ensemble irrĂ©gulier et hĂ©tĂ©roclite.

Grand palais
ÎœÎ­ÎłÎ± Î Î±Î»ÎŹÏ„ÎčÎżÎœ
Vestige du Palais de Boucoléon, qui faisait partie du Palais Sacré
Présentation
Type
Palais
Civilisation
Destination initiale
RĂ©sidence des basileus
Style
État de conservation
détruit (d)
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
41° 00â€Č 23″ N, 28° 58â€Č 40″ E
GĂ©olocalisation sur la carte : Turquie
(Voir situation sur carte : Turquie)
GĂ©olocalisation sur la carte : Constantinople
(Voir situation sur carte : Constantinople)

Les premiers vestiges du Grand Palais furent mis au jour lors des fouilles ayant suivi le grand incendie de 1911. Des excavations subsĂ©quentes ont permis de retrouver la Chalkē ou entrĂ©e monumentale du palais. En l’absence d’autres fouilles, notre connaissance du complexe s’appuie sur des sources littĂ©raires, notamment le De Ceremoniis de l’empereur Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte.

Emplacement

Le complexe Ă©tait situĂ© au sud-ouest de la pĂ©ninsule formĂ©e par la Corne d’Or, et devait correspondre Ă  la surface occupĂ©e de nos jours par la mosquĂ©e du Sultan Ahmet et ses dĂ©pendances, dans le quartier Fathi. Comprenant toute une sĂ©rie d’édifices, Ă  l’instar du prĂ©sent palais de Topkapi, le Grand Palais s’étendait de l’hippodrome au mur maritime sur une pente raide de 33 mĂštres descendant en six terrasses jusqu’à la mer de Marmara[1]. Dans son voisinage immĂ©diat se trouvaient : l’hippodrome Ă  l’ouest, les bains de Zeuxippe, l’Augustaion ou forum impĂ©rial, Hagia Sophia et Sainte-IrĂšne au nord, l’église des Saints-Serge-et-Bacchus au sud-est [2].

Histoire et excavations récentes

Un des piliers du Grand Palais, aujourd’hui au MusĂ©e archĂ©ologique d’Istanbul.

Lorsque Constantin Ier (r. 306-337) voulut faire de sa nouvelle capitale une Nouvelle Rome, il planifia l’édification d’un palais situĂ© Ă  32 m. au-dessus du niveau de la mer entre Hagia Sophia et l’Hippodrome de Constantinople auquel il Ă©tait reliĂ©. Ce palais subit de nombreuses transformations et additions au cours des deux siĂšcles qui suivirent jusqu’à ce que son entrĂ©e, la porte monumentale de la Chalkē et le corps de garde attenant soient dĂ©truits durant les rĂ©voltes dites de Nika en 532. La construction d’un nouveau palais dĂ©buta, 16 m. plus bas, sous l’empereur Justinien Ier (r. 527-565) ; on doit Ă  Justin II (r. 565-578) l’addition du Chrysotriklinos. TibĂšre II (578-582) fit construire de nouveaux quartiers impĂ©riaux dans la section nord. Justinien II (r. 685-695 ; 705-711) renforça la protection de l’ensemble et fit construire le Triklinos. Par la suite, l’empereur ThĂ©ophile (r. 829-842) fit construire un pavillon Ă  deux Ă©tages contenant le Triconque (Triconchos) et le Sigma, alors que Basile Ier (r. 867-886) y ajouta des appartements impĂ©riaux (le Kainourgion et le Pentakoubouklon), une nouvelle Ă©glise (la Nea Ekklesia), plusieurs chapelles et un terrain de polo (le Tzykanisterion). Jugeant les dĂ©fenses du palais inadĂ©quates, NicĂ©phore II (r. 963-969) fit construire un puissant mur de dĂ©fense autour de la partie centrale qui surplombait le port du BoukolĂ©on[3] - [4].

Alexis Ier (r. 1081 Ă  1118) dĂ©cida de dĂ©mĂ©nager sa rĂ©sidence au Palais des Blachernes, conservant le Grand Palais comme centre administratif et cĂ©rĂ©moniel de la capitale[3]. Le dĂ©clin continua au siĂšcle suivant alors que des parties du complexe furent ou bien dĂ©molies ou bien comblĂ©es de dĂ©bris. Les derniĂšres additions sont dues Ă  l’empereur Manuel Ier (r. 1143 - 1180) qui fit construire une vaste salle appelĂ©e Manouelites dĂ©corĂ©e de mosaĂŻques cĂ©lĂ©brant ses victoires et, probablement, une autre appelĂ©e Mouchroutas d’inspiration persane Ă  gauche du Chrysotriklinos. Au cours du sac de Constantinople par la QuatriĂšme Croisade, le palais fut pillĂ© par les soldats de Boniface de Montferrat. Les empereurs latins continueront tout de mĂȘme de l’habiter sans avoir les moyens de le faire restaurer. Le dernier empereur latin, Baudouin II (1226-1261), dut mĂȘme se rĂ©signer Ă  faire enlever les plaques de cuivre couvrant le toit pour les vendre[5].

Le palais n’était plus que ruines lors de la reprise de Constantinople par Michel VIII PalĂ©ologue (r. 1261-1282). De mĂȘme que ses successeurs, il prĂ©fĂ©ra habiter le Palais des Blachernes, utilisant le Grand Palais comme prison. Lors de la conquĂȘte par les forces de Mehmet II (r. Ă  Constantinople : 1453-1481) en 1453, le sultan trouva le palais en ruines et abandonnĂ©. La plus grande partie du palais fut dĂ©molie au cours de la reconstruction de la citĂ© pendant les premiĂšres annĂ©es de l’ùre ottomane. L’ensemble du quartier fut livrĂ© Ă  la construction domiciliaire jusqu’à ce que le sultan Ahmet Ier dĂ©molisse ce qui restait du Palais de DaphnĂš et de la Kathisma pour y construire en rĂ©utilisant une partie des matĂ©riaux la mosquĂ©e du sultan Ahmet et ses dĂ©pendances[6].

Il ne reste presque rien, aujourd’hui, de ces ouvrages imposants. Un incendie qui ravagea au dĂ©but du XXe siĂšcle les quartiers adjacents permit de commencer les excavations[7]. De premiĂšres fouilles furent faites en 1921-1923 par E. Mamboury et T. Wiegand[8], puis par le Walker Trust de la University of St Andrews en 1935-1938. Interrompus par la guerre, les travaux reprirent de 1952 Ă  1954 sous la direction de David Talbot Rice[9], lesquelles mirent au jour une salle absidiale ainsi qu'une cour Ă  pĂ©ristyle (66 Ă— 55 m) dĂ©corĂ©e d'un pavement de mosaĂŻques de sol de trĂšs belle facture. DatĂ©es des environs du VIe siĂšcle, elles constituaient sans doute une partie du dĂ©cor de l’un des nombreux pĂ©ristyles et sont maintenant exposĂ©es au MusĂ©e de la mosaĂŻque du Grand Palais. Moins du quart de la superficie totale du Grand Palais a Ă©tĂ© excavĂ© Ă  ce jour, une grande partie du palais Ă©tant situĂ© sous la prĂ©sente MosquĂ©e du Sultan Ahmet et autres Ă©difices de la pĂ©riode ottomane.

Sources

La principale source pour nos connaissances de cet ensemble est un ouvrage de Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte, le De Ceremoniis. Ce manuel constitue une compilation de textes allant du VIe siĂšcle au Xe siĂšcle dĂ©crivant entre autres les processions auxquelles donnaient lieu les cĂ©rĂ©monies impĂ©riales ; sur cette base, il a Ă©tĂ© possible de reconstituer au mieux l’évolution du palais[10]. Nos deux autres sources sont la description que fait ThĂ©ophane ContinuĂ© des Ă©difices construits par les empereurs ThĂ©ophile et Basile Ier[11] ainsi que le rĂ©cit que fait Nicolas MesaritĂšs de la tentative de coup d’État de Jean ComnĂšne en 1200 [12].

Les Ă©difices

Le grand Palais de Constantinople; l’ancien palais Ă©tait situĂ© au nord-est; le nouveau au sud-ouest.

Le Grand Palais Ă©tait constituĂ© d’un ensemble d’édifices construit au fil des siĂšcles sur un terrain en pente descendant vers la mer de Marmara et s’étageant sur six niveaux. Allant du nord (ancien palais) vers le sud (nouveau palais), on trouvait les Ă©difices suivants.

L’ancien palais

MosaĂŻque du Ve siĂšcle en provenance du Grand Palais.

Chalkē

La Chalkē (en grec byzantin ΧαλÎșῆ Πύλη/ chalkē, «Porte de Bronze») Ă©tait l’entrĂ©e de cĂ©rĂ©monie, situĂ©e au nord-ouest du palais. Son nom vient des grandes portes de bronze qui donnaient sur la place de l’Augoustaion. La Chalkē fut reconstruite aprĂšs avoir Ă©tĂ© incendiĂ©e au cours de la rĂ©volte de Nika en 532, mais perdit par la suite son rĂŽle d’entrĂ©e principale du palais. Au Xe siĂšcle, elle n’était plus guĂšre utilisĂ©e que pour les grandes processions au cours desquelles l’empereur empruntait la voie royale ou Regia, continuation de la Mesē, pour se rendre Ă  l’Augoustaion et de lĂ  Ă  Hagia Sophia le long d’un portique (embolos). La Chalkē permettait Ă©galement d’accĂ©der aux quartiers de la garde impĂ©riale (Scholai, Kandidatoi, Exkoubita) sur l’emplacement des anciens bains de Zeuxippe servant en partie de prison[13].

DaphnĂš

Le palais de DaphnĂš[N 1] est le nom que l’on donne gĂ©nĂ©ralement Ă  l’ensemble des Ă©difices qui forment la partie la plus ancienne du complexe palatial, datant du rĂšgne de Constantin Ier. Son nom lui vient soit du nom d'une statue figurant la nymphe, soit du laurier prophĂ©tique d'Apollon, soit des couronnes de laurier que l'empereur distribuait aux sĂ©nateurs le [14]. C'est un ensemble de salles de rĂ©ceptions, de banquets et d'appartements privĂ©s. La principale façade du DaphnĂš Ă©tait situĂ©e au nord et Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e d’une imposante cour appelĂ©e « le Tribunal » permettant de rassembler un trĂšs grand nombre de personnes lors de cĂ©rĂ©monies telles l’acclamation d’un nouveau cĂ©sar ou d’une impĂ©ratrice qui nĂ©cessitaient la prĂ©sence de l’armĂ©e et des hauts-fonctionnaires[15]. Un escalier permettait de se rendre du Tribunal Ă  l’entrĂ©e principale du Palais et Ă  sa salle principale, le Consistoire. Un autre corridor permettait de se rendre au Triklinos des dix-neuf kits et Ă  l’Augusteus[1].

Magnaure

Adjacent Ă  la Chalkē se trouvait la Magnaure (magna aula c’est-Ă -dire « grande salle »). Elle Ă©tait composĂ©e de trois salles et de trois absides, dont celle du milieu contenait la salle du trĂŽne, dit « trĂŽne de Salomon » dotĂ© d’un mĂ©canisme permettant de le faire s’élever jusqu’au plafond. C'est lĂ  oĂč l'empereur recevait les ambassadeurs. Selon Liutprand, elle Ă©tait ornĂ©e de statues animĂ©es, d’oiseaux qui chantaient et de lions qui rugissaient. La Magnaure existait dĂ©jĂ  dans le palais de Constantin. Reconstruite sous Justinien et restaurĂ©e au VIIe siĂšcle par HĂ©raclius, elle abritera sous le rĂšgne de Michel III, une universitĂ© dirigĂ©e par LĂ©on le Philosophe[16] - [13] .

Le Consistoire

ImmĂ©diatement au sud des quartiers de la garde impĂ©riale et Ă  droite du Tribunal, se trouvait le Consistoire ou ancienne salle du trĂŽne. Il Ă©tait sĂ©parĂ© du Palais de DaphnĂš par une petite cour appelĂ©e Onopodion et servait de grande salle de rĂ©union avec un trĂŽne impĂ©rial sur une estrade. ImmĂ©diatement au sud du Consistoire se trouvait l’église du Seigneur (Ï„ÎżÏ… ÎšÏ…ÏÎŻÎżÏ…) construit selon la tradition par Constantin Ier oĂč on conservait d’anciens vĂȘtements ainsi que les Ă©tendards impĂ©riaux. L’entrĂ©e de cette Ă©glise du Seigneur permettait Ă  l’empereur de passer par une sĂ©rie de corridors du nouveau palais au sud Ă  la Chalkē et Ă  Hagia Sophia lorsqu’il ne s’y rendait pas en procession[17].

Trois autres Ă©difices sont Ă©galement mentionnĂ©s dans les sources littĂ©raires comme faisant partie de l’ancien palais et Ă©taient situĂ©s Ă  l’est de l’hippodrome.

Triklinos des dix-neuf Lits

Cette salle de banquet Ă©tait ainsi appelĂ©e parce qu’elle se composait de neuf alcĂŽves situĂ©es de part et d’autre de la salle contenant chacune une table et trois divans pour les invitĂ©s ainsi que d’une abside au fond de la salle oĂč se trouvait la table rĂ©servĂ©e Ă  l’empereur et Ă  ses invitĂ©s personnels. On y mangeait Ă  la façon des anciens Romains allongĂ© sur des divans semi-circulaires appelĂ©s sigma (lettre ayant la forme du « C » en français)[18]. Devant s'Ă©tendait une cour Ă  portique, le « Tribunal des dix-neuf Lits », dominĂ©e par une terrasse ou balcon (hĂȘliakon) oĂč l'empereur faisait proclamer solennellement des dĂ©cisions lĂ©gislatives. Au sud du Triklinos se trouvait le Koiton ou ancienne chambre Ă  coucher et appartements privĂ©s impĂ©riaux, elle-mĂȘme adjacente Ă  l’Octagon servant de vestiaire lors des cĂ©rĂ©monies impĂ©riales au Xe siĂšcle. La chambre Ă  coucher impĂ©riale donnait sur la Kathisma ou loge impĂ©riale de l’hippodrome. Enfin immĂ©diatement Ă  l’est du Triklinos se trouvait l’Augusteus[N 2], utilisĂ© principalement pour le couronnement des impĂ©ratrices[19]. C’est dans cette salle qu’étaient exposĂ©s les empereurs dĂ©funts, aprĂšs quoi le cortĂšge funĂšbre empruntait la porte de la ChalkĂš pour se rendre Ă  l’église des Saints-ApĂŽtres oĂč se trouvait le mausolĂ©e de Constantin[20].

Koiton

Les appartements privĂ©s de l’empereur ou Koiton Ă©taient situĂ©s au sud des salles de rĂ©ception, autour d’une imposante cour intĂ©rieure d’oĂč l’empereur jouissait d’une vue Ă©tendue sur la mer de Marmara et le Bosphore. Donnant sur la mĂȘme cour intĂ©rieure se trouvait l’une des principales Ă©glises du palais consacrĂ©e Ă  saint Étienne et construite par la sƓur de l’empereur ThĂ©odose II en 421 qui fut utilisĂ©e pour les mariages impĂ©riaux jusqu’au XIe siĂšcle. Ces appartements permettaient d’accĂ©der Ă  l’hippodrome couvert et, de lĂ , Ă  la Kathisma[1].

Troullos

Il s'agit d'une grande salle surmontĂ©e d'une coupole (en grec : trullos) dĂ©corĂ©e d'une mosaĂŻque reprĂ©sentant le Christ, construite sous le rĂšgne de TibĂšre II et oĂč se tinrent deux conciles ƓcumĂ©niques, celui de 680 et le « Concile in Trullo » ; elle servait de siĂšge Ă  l'administration des finances publiques, le genikon, et existait encore en 1180 alors qu’elle est signalĂ©e dans la Chronique de Guillaume de Tyr.

Genikon

Le Genikon (en grec : ÎłÎ”ÎœÎčÎșόΜ) Ă©tait un Ă©difice distinct Ă  l’intĂ©rieur du Grand Palais, construit supposĂ©ment sous Constantin Ier, mais dont on ignore l’emplacement exact. On y traitait de questions administratives relatives aux taxes fonciĂšres, Ă  la perception des impĂŽts et Ă  la mise Ă  jour de la liste des contribuables. L’édifice fut dĂ©moli sous Isaac II (r. 1185-1195 ; 1203-1204)[21].

Le nouveau palais

MosaĂŻque du Ve siĂšcle en provenance du Grand Palais.

DĂ©jĂ  au Ve siĂšcle, des membres de la famille impĂ©riale s’étaient fait construire des villas sur la pente descendant vers la mer de Marmara, suivant la coutume des jardins et villas impĂ©riales que l’on retrouve Ă  la villa d’Hadrien au Tivoli ou au palais flavien Ă  Rome[2]. Celles-ci furent progressivement intĂ©grĂ©es au pĂ©rimĂštre du nouveau palais qui, avec de nouveaux Ă©difices, avait dĂ©jĂ  pris forme Ă  la fin du VIIe siĂšcle[22]. Ainsi, le Chrysotriklinos qui devait servir de salle du trĂŽne pour Justin II Ă  la fin du VIe siĂšcle, fut le lieu oĂč se dĂ©roulaient des cĂ©rĂ©monies qui, auparavant, se tenaient Ă  l’Augustaion et au Consistoire alors que des cĂ©rĂ©monies religieuses qui se tenaient auparavant Ă  la chapelle de Saint-Étienne furent dĂ©placĂ©es vers Notre-Dame-du-Phare et la Nea Ekklesia[23].

Palais d'Hormisdas

Au VIe siĂšcle, Justinien, avant de devenir empereur, vivait avec Theodora dans une villa appelĂ©e Palais d’Hormidas, du nom du prince perse Hormisdas, rĂ©fugiĂ© Ă  Constantinople sous le rĂšgne de Contantin Ier, situĂ©e prĂšs de l’église des Saints-Serge-et-Bacchus. AprĂšs son accession au trĂŽne, il joignit ce domaine au Grand Palais.

Palais du BoukoléÎn

Son nom lui vient d’une statue d’un bƓuf et d’un lion situĂ©e Ă  l’entrĂ©e (en grec : (ÎČÎżáżŠÏ‚ et λέωΜ; litt : bƓuf et lion)[24]. Reconstruit par ThĂ©ophile (r. 829-842) sur l’emplacement d’un premier palais attribuĂ© Ă  ThĂ©odose II, ce palais Ă©tait considĂ©rĂ© comme « la rĂ©sidence maritime des empereurs » et Ă©tait souvent confondu avec « Palais d’Hormidas » Ă  l’arriĂšre [N 3]. Donnant sur la mer de Marmara, il Ă©tait dotĂ© d’un port pour l’usage de l’empereur. Le palais cessa de servir de rĂ©sidence sous les PalĂ©ologue et fut transformĂ© en prison. Il fit place au dĂ©but de l’empire ottoman Ă  un quartier domiciliaire [25].

Chrysotriklinos

Construit sous Justin II, le Chrysotriklinos (c'est-Ă -dire le triklinos d'or ou Î§Ï±Ï…ÏƒÎżÏ„Ï±ÎŻÏ°Î»ÎčÎœÎżÏ‚ en grec), remplaça le Consistoire comme salle du trĂŽne. De forme octogonale, couvert d’une coupole et percĂ©e de seize fenĂȘtres, le Chrysotriklinos servait principalement aux banquets d’apparat et aux fĂȘtes liturgiques. La salle pouvait accueillir 102 convives. Le trĂŽne de l’empereur Ă©tait situĂ© dans une abside, dont le cul-de-four Ă©tait dĂ©corĂ© d’un Christ Pantocrator assis sur un trĂŽne. Parmi les nombreux objets prĂ©cieux conservĂ©s dans cette salle figurait un arbre d'or avec des oiseaux chantant[26] - [27].

SituĂ© entre le Grand Palais au nord et le palais de BoukolĂ©ĂŽn au sud, le Chrysotriklinos avait Ă  sa gauche le Lausiakos et le Ioustinianos et Ă  sa droite la Nea Ekklesia. Il devait se trouver juste au-dessus du port du BoukolĂ©ĂŽn et permettait de passer des salles rĂ©servĂ©es Ă  l’administration aux appartements privĂ©s de l’empereur (Koiton ou chambre Ă  coucher impĂ©riale)[28] - [29].

Lausiakos et Ioustinianos

Sous Justinien II (r. 685 – 695; 705 – 711), deux grandes salles d’assemblĂ©e furent construites au nord du Chrysotriklinos : le Lausiakos et le Ioustinianos ou Triklinos de Justinien. Le Lausiakos Ă©tait en fait une galerie donnant au sud sur le porche du Chrysotriklinos appelĂ© l’Horlogion (probablement en raison de la prĂ©sence d’un cadran solaire) et au nord sur le Ioustinianos et les bureaux de l’administration impĂ©riale. Les cortĂšges l’empruntaient pour se rendre de l’un Ă  l’autre ; le long des murs Ă©taient disposĂ©s des siĂšges pour les dignitaires du rang le plus Ă©levĂ©, les « Archontes du Lausiakos ». Il communiquait par une porte de bronze avec les cuisines impĂ©riales et la salle Ă  diner privĂ©e de l’empereur (aristeterion), lesquelles Ă©taient situĂ©es tout prĂšs. Certains empereurs (LĂ©on V, ThĂ©ophile) l’utilisĂšrent pour des rencontres administratives et des discussions thĂ©ologiques[30].

Le Ioustinianos Ă©tait une grande salle de rĂ©ception, construite en 694 sur l'ordre de Justinien II. À son extrĂ©mitĂ© nord se trouvait un porche semi-circulaire appelĂ© Skyla (litt : trophĂ©es) probablement parce qu’il abritait la proue de navires capturĂ©s en mer. La porte de la Skyla formait la limite nord du Grand Palais et ouvrait sur l’hippodrome couvert, ce dernier donnant accĂšs Ă  la Kathisma ou loge impĂ©riale du grand hippodrome de Constantinople [31] - [32].

L’hippodrome couvert

L’hippodrome couvert (en grec : σÎșΔπαστός áŒ±Ï€Ï€ÏŒÎŽÏÎżÎŒÎżÏ‚) semble avoir Ă©tĂ© soit un jardin ayant la forme de l’hippodrome, soit un long corridor sĂ©parĂ© en son centre par un mur et avoir Ă©tĂ© utilisĂ© soit pour des promenades Ă  cheval, soit pour des courses de chariot privĂ©es. Il Ă©tait situĂ© sur une terrasse en contrebas du palais Ă  26 m. du niveau de la mer[1]. Endroit important dans les cĂ©rĂ©monies impĂ©riales, il ne doit pas ĂȘtre confondu avec l’hippodrome de Constantinople, souvent dĂ©signĂ© dans les textes comme l’hippodrome « non couvert » beaucoup plus imposant et situĂ© immĂ©diatement Ă  l’ouest (ጀσÎșÎ­Ï€Î±ÏƒÏ„ÎżÏ‚). Du IXe siĂšcle au XIe siĂšcle il abrita l’un des plus importants tribunaux de la capitale formĂ© des « juges de l’hippodrome » (ÎșρÎčτα᜶ Ï„ÎżáżŠ áŒ±Ï€Ï€ÎżÎŽÏÏŒÎŒÎżÏ…) et les « juges du voile » (ÎșρÎčτα᜶ Ï„ÎżáżŠ ÎČÎźÎ»ÎżÏ…) qui statuaient en matiĂšre de protocole[33] - [34].

Triconque et Sigma

Au nord-est du Chrysotriklinos, se trouvaient deux Ă©difices construits en 840 par l’empereur ThĂ©ophile : le Triconque (en grec : ΀ϱጰÎșÎżÎœÏ‡ÎżÏ‚ / Triconchos) et le Sigma. Le Triconque Ă©tait une salle Ă  trois absides (ou conques), alors que le Sigma Ă©tait un portique semi-circulaire formĂ© de quinze colonnes de marbre, construite en mĂȘme temps. Son nom, sigma, se rĂ©fĂšre Ă  la lettre grecque qui Ă©pouse la forme du « C » français. Le mĂȘme empereur fit construire dans les environs nombre de pavillons rĂ©sidentiels Ă  la mode des souverains abbassides de Bagdad avec qui il Ă©tait en Ă©troit contact.

ThĂ©ophile aimait tellement ces deux Ă©difices qu’il dĂ©laissa en leur faveur le Chrysotriklinos pour les fonctions officielles et le Koiton pour ses appartements privĂ©s, passant de l’un Ă  l’autre Ă©difice suivant les saisons [35]. DĂ©jĂ  Ă  son Ă©poque (premiĂšre moitiĂ© du IXe siĂšcle), l’ancien palais semble avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©, car en 831, lors de la cĂ©lĂ©bration de son triomphe Ă  l’occasion de la capture de Tarse, l’empereur fit un arrĂȘt devant la ChalkĂš, mais sans y entrer et, traversant l’hippodrome, entra dans le palais par la porte de la Kathisma pour se rendre au nouveau palais par la cour de DaphnĂš [36].

Kainourgion

Enfin, Basile Ier vers la fin du IXe siĂšcle fit ajouter deux Ă©difices importants au nouveau palais : le Kainourgion (ou Nouvel ouvrage) et la Nea Ekklesia (ou Nouvelle Église), ainsi qu’un terrain de polo. SituĂ© prĂšs du Chrysotriklinos, le Kainourgion Ă©tait une salle en forme de basilique soutenue par seize colonnes, dont huit en marbre de Thessalie et huit autres en onyx et Ă©tait dĂ©corĂ©e de mosaĂŻques reprĂ©sentant les campagnes militaires de l'empereur[36].

Nea Ekklesia

La Nea Ekklesia (en grec : Νέα ጘÎșÎșÎ»Î·ÏƒÎŻÎ± ; litt : "nouvelle Ă©glise") fut la premiĂšre Ă©glise monumentale Ă  ĂȘtre construite dans la capitale de l'Empire byzantin depuis Hagia Sophia au VIe siĂšcle; sa construction marqua le dĂ©but de la pĂ©riode intermĂ©diaire de l'architecture byzantine. Le terme « nea » (nouvelle) signifiait sans aucun doute dans l’esprit de son fondateur, Basile Ier le dĂ©but d’une nouvelle Ăšre, tout comme Hagia Sophia l’avait Ă©tĂ© au temps de Constantin Ier [36].

Notre-Dame-du-Phare

Construite probablement au cours du VIIIe siĂšcle (elle est attestĂ©e pour la premiĂšre fois dans la chronique de ThĂ©ophane le Confesseur pour l'annĂ©e 769), l’église Notre-Dame-du-Phare (en grec : Î˜Î”ÎżÏ„ÏŒÎșÎżÏ‚ Ï„ÎżáżŠ ÎŠÎŹÏÎżÏ…, par rĂ©fĂ©rence Ă  un phare se trouvant Ă  proximitĂ©) abritait l'une des plus importantes collections de reliques chrĂ©tiennes de la ville (couronne d’épines, tunique sans couture, lance de Longin, table de la Sainte CĂšne, bassin du lavement des pieds, Mandylion d’Édesse) et Ă©tait la principale chapelle palatine des empereurs byzantins.

Tzykanisterion

Pour faire construire la Nea Ekklesia, Basile Ier dut faire dĂ©molir un terrain de sport construit sous ThĂ©odose II. À sa place, il en fit construire un plus grand au nord-est de la Nea Ekklesia. Le nom, d’origine perse, signifie « endroit oĂč lancer la balle » et servait sans doute au polo [37].

MĂ©sokĂšpion

Ce jardin, le plus grand du Palais, s’étendait entre la NĂ©a Ekklesia et le TzykanistĂšrion.

Bibliographie

Sources primaires

  • (fr) Procope de CĂ©sarĂ©e (trad. Denis Roques), Constructions de Justinien Ier, Alexandrie, Edizioni dell'Orso, 2011 (ISBN 978-8-8627-4296-2).
  • (fr) Constantin VII PorphirogĂ©nĂšte. Le livre des cĂ©rĂ©monies. En deux volumes (texte grec et traduction française), suivis de deux volumes intitulĂ©s « Commentaires ». Paris, Les Belles Lettres, 1967.
  • (la) Theophanus continuatus. (dans) Corpus scriptorum historiae byzantinae, Volume 45 , Ed. Weber, Bonn, 1838.

Sources secondaires

  • Raymond Janin, Constantinople byzantine : dĂ©veloppement urbain et rĂ©pertoire topographique, Archives de l'Orient chrĂ©tien, , 2e Ă©d.
  • Rodolphe Guilland, Études de topographie de Constantinople byzantine, Tomes I & II, Berlin, Akademie-Verlag, .
  • (en) Angold, Michel. Nicholas Mesarites: His Life and Works in Translation. Liverpool University Press, 2019. (ISBN 978-1786942043).
  • (en) Bardill, J. “The Architecture and Archeology of the Hippodrome in Constantinople (in) Hippodrom/Atmeydani. A Stage for Istanbul’s History, Istanbul (2010) (Catalogue of Exhibition, Pera Museum) pp. 140 – 145.
  • (en) Bardil. J. “The Great Palace of the Byzantine Emperors and The Walker Trust Excavations” (in) Journal of Roman Archeology, 12 (1999) pp. 217 – 230.
  • (en) Bardill, J. “The Palace of Lausus and Nearby Monuments in Constantinople” (in) American Journal of Archeology, 101, 1997, pp. 67 – 69. (Sur le palais de Lausos).
  • (en) Berger, A. « The Byzantine Court as Physical Space” (dans) The Byzantine Court: Source of Power and Culture. Ed. N. Necipoglu – A. Ödekan – E. AkyĂŒrek, Istanbul, 2013.
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Notes et références

Notes

  1. La plupart des sources se rĂ©fĂšrent Ă  l’ensemble des Ă©difices de l’ancien palais comme au « DaphnĂš » ; toutefois, dans le De Ceremoniis, le nom est rĂ©servĂ© Ă  la seule cour situĂ©e au sud des principales salles de rĂ©ception du Grand Palais
  2. Ne pas confondre avec la place de l’Augusteon.
  3. La Patria de Constantinople fait référence à deux édifices distincts.

Références

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  24. Karakatsanis, « Palace of Boukoleon » (2008)
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  26. Constantin VII PorphyrogénÚte, De Ceremoniis
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  34. « Covered hippodrome » [en ligne] https://www.byzantium1200.com/chippodrome.html.
  35. Featherstone (2015) p. 596
  36. Featherstone (2015) p. 597
  37. Kazdhan (1991) « Tzykanisterion », vol. 3, p. 2137

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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