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Daphné (nymphe)

Dans la mythologie grecque, Daphné (en grec Δάφνη / Dáphnê, signifiant « laurier ») est une nymphe d'une très grande beauté. Selon les sources antiques, elle est soit la fille du dieu fleuve de Thessalie Pénée et de la naïade Créuse, de Ladon, ou de Pénée et de Gaïa[1].

Daphné
Apollon et Daphné, fresque antique de Pompéi
Biographie
Nom dans la langue maternelle
Δάφνη
Activité
Père
Pénée ou Ladon (d) ou Amyclas
Mère
Autres informations
Vénérée par
Apollon et Daphné, sculpture en marbre du Bernin (1598–1680), inspirée des Métamorphoses d'Ovide, Galerie Borghèse, Rome.

Son mythe est sujet à de nombreuses interprétations. Elle serait le premier amour d'Apollon. La plus connue raconte que le dieu Apollon et elle furent touchés par des flèches décochées par Éros. Apollon a été atteint par une flèche en or, qui lui administre un désir fou, tandis que Daphné a reçu une flèche de plomb, qui lui inspire le dégoût de l'amour. Apollon poursuit donc Daphné de ses assiduités jusqu'à l'épuisement. Daphné implore son père de lui venir en aide : celui-ci la métamorphose en laurier pour déjouer Apollon.

Dès lors, Apollon voua un culte au laurier. Lors des Jeux pythiques, organisés tous les quatre ans à Delphes en l'honneur d'Apollon, des couronnes de laurier cueillies dans la vallée de Tempé étaient distribuées comme prix. Cela devint ensuite un symbole de victoire pour les généraux, les athlètes, les poètes et les musiciens. Le poète lauréat est un bon exemple moderne de ce prix qui, bien que datant de la Renaissance italienne, est toujours distribué dans certains pays anglophones. Selon Pausanias le Périégète, « la tradition qui suppose qu'Apollon fut amoureux de Daphné, fille du Ladon, est, à ce que je crois, le seul motif pour lequel on ait, aux jeux pythiques, adopté la couronne de laurier pour les vainqueurs »[1].

La plupart des représentations artistiques de ce mythe se concentrent sur le moment de la métamorphose de Daphné.

Mythe

La version la plus ancienne retrouvée du mythe de Daphné et Apollon est celle de Phylarque, qui fut retranscrite par Parthénios de Nicée. Plus tard, le poète romain Ovide composa une réécriture de la légende grecque qui figure dans ses Métamorphoses.

Ovide

La poursuite d'une nymphe par un dieu olympien, partie du culte religieux archaïque grec, a reçu un développement plus anecdotique dans les Métamorphoses d'Ovide. Selon cette version, l'amour fou d'Apollon est causé par une flèche en or que lui décoche Cupidon, fils de Vénus, pour punir le dieu, qui eut critiqué ses talents d'archer en lui disant : « Que fais-tu, enfant délicat, avec ces armes puissantes ? »[2] et pour lui montrer le pouvoir de l'amour. Cupidon décoche une deuxième flèche à Daphné, cette fois-ci en plomb, ce qui lui inspire le dégoût de l'amour et la fait fuir Apollon.

Exalté par l'amour, Apollon poursuit Daphné sans relâche. Pour l'empêcher de fuir, il lui assure qu'il ne lui veut aucun mal : « Nymphe, fille de Pénée, je t'en prie, reste ; ce n'est pas un ennemi qui te poursuit[3]. » Pendant qu'elle continue à fuir, Apollon regrette de ne pas pouvoir se guérir de la blessure de Cupidon bien qu'il soit dieu de la médecine et malgré sa connaissance des plantes : « Je possède la maîtrise des plantes. Hélas pour moi, puisqu'aucune herbe ne guérit l'amour[4]. » Quand Apollon la rattrape enfin, Daphné prie son père, le dieu fleuve de Thessalie Pénée, qu'il lui envoie de l'aide et la change immédiatement en laurier : « La prière à peine finie, une lourde torpeur saisit ses membres, sa poitrine délicate s'entoure d'une écorce ténue, ses cheveux deviennent feuillage, ses bras des branches, des racines immobiles collent au sol son pied, naguère si agile, une cime d'arbre lui sert de tête ; ne subsiste que son seul éclat[5]. » Cela ne suffit toutefois pas à calmer l'ardeur d'Apollon qui, en embrassant l'arbre, sent toujours le cœur de la nymphe battre. Il déclare alors : « Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse, au moins tu seras mon arbre ; toujours, tu serviras d'ornement, ô laurier, à mes cheveux, à mes cithares, à mes carquois[6]. » En entendant ces mots, Daphné plie ses branches et sa cime comme pour signifier son accord.

Parthénios de Nicée

Une version plus ancienne du mythe, moins connue depuis la Renaissance, est l'œuvre du poète hellénistique Parthénios de Nicée dans ses Aventures d'Amour (Erotica Pathemata). Le conte de Parthénios est inspiré d'une histoire relatée par l'historien grec Phylarque et connue de Pausanias le Périégète, qui la conta dans sa Description de la Grèce. Dans cette version, Daphné est une jeune fille mortelle, fille d'Amyclas, qui adore chasser en Laconie et est dévouée à Artémis, et qui, par conséquent, a choisi de rester vierge. Elle est désirée par le jeune Leucippe, qui se déguise en jeune fille pour être admis dans son entourage exclusivement féminin, et réussit à gagner son affection. Apollon, qui est également amoureux de Daphné, suggère aux jeunes femmes de se baigner dans le Ladon ; elles se dénudent toutes, et Leucippe, refusant de faire de même, est contraint de dévoiler sa virilité. Il est alors tué à coups de javelots par les femmes. Apollon s'approche alors de Daphné, et cette dernière, le fuyant, demande à Zeus de l'aider : ce dernier la transforme alors en laurier[7].

Évocations artistiques

Sculpture

Opéra

  • Dafne (1598), opĂ©ra de Jacopo Peri et Jacopo Corsi, livret de Ottavio Rinuccini.
  • La Dafne (1608) opĂ©ra de Marco da Gagliano, livret de Ottavio Rinuccini.
  • Die Dafne (1627), opĂ©ra de Heinrich SchĂĽtz, livret de Martin Opitz.
  • DaphnĂ© (1938), opĂ©ra de Richard Strauss.
  • Air de la folie - dans l’acte II de PlatĂ©e (1745), comĂ©die lyrique de Jean Philippe Rameau, livret Adrien Joseph Le Valois d’Orville, Sylvain Ballot de Sauvot.

Cantate

Jeu vidéo

  • DaphnĂ© est un personnage important dans le Visual novel Odyssian Blaze. Dans ce jeu, DaphnĂ© est libĂ©rĂ©e de sa prison vĂ©gĂ©tale après quarante annĂ©es, et souhaite se venger d'Apollon.

Peinture

Notes et références

  1. Pausanias le Périégète, Description de la Grèce, livre X, chapitre VII.
  2. Ovide, MĂ©tamorphoses, 1.456.
  3. Ovide, Métamorphoses, 1.504 – 505.
  4. Ovide, Métamorphoses, 1.522 – 523.
  5. Ovide, Métamorphoses, 1.548 – 522.
  6. Ovide, Métamorphoses, 1.557 – 559.
  7. Parthénios de Nicée, Aventures d'Amour, chapitre XV.
  8. « Statuette de Daphné », sur musee-renaissance.fr (consulté le ).
  9. « Brooklyn Museum: Daphne », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )

Liens externes

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