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TroisiĂšme concile de Constantinople

Le TroisiĂšme Concile de Constantinople comporta dix-huit sessions qui se dĂ©roulĂšrent du au . Il est considĂ©rĂ© comme le sixiĂšme concile ƓcumĂ©nique tant par les Églises orthodoxes que par l’Église catholique romaine ainsi que par certaines autres Églises occidentales[1].

TroisiĂšme concile de Constantinople
Informations générales
DĂ©but 680
Fin 681
Lieu Constantinople
Liste des conciles

Ce concile condamna les doctrines du monoĂ©nergisme et du monothĂ©lisme et jeta l’anathĂšme sur ses premiers dĂ©fenseurs, les patriarches de Constantinople Serge, Pyrrhus et Cyr, ainsi que le pape Honorius. Il confirma la doctrine que JĂ©sus-Christ Ă©tait dotĂ© de deux Ă©nergies et de deux volontĂ©s (divine et humaine). L’empereur Constantin IV prit une part active aux dĂ©libĂ©rations des onze premiĂšres sessions de mĂȘme qu’à la session finale, ayant dĂ» mener entretemps une expĂ©dition contre les Bulgares[2].

Contexte historique

« SixiĂšme concile ƓcumĂ©nique » (Miniature 45 de la Chronique de Constantin Manasses).

Ce concile avait pour but de mettre un terme aux controverses thĂ©ologiques ayant eu cours au Ve siĂšcle, lesquelles s’étaient amplifiĂ©es sous les rĂšgnes des empereurs HĂ©raclius (r. 610-641) et Constant II (r. 641-668). Conflit religieux certes, mais Ă©galement conflit politique puisque les partisans du monophysisme[N 1] Ă©taient particuliĂšrement nombreux en Syrie, en Égypte, en MĂ©sopotamie et en ArmĂ©nie.

Dans le but d'unifier les chrĂ©tiens de l'empire et de pouvoir contrer l'importante menace perse, puis arabe, l’empereur HĂ©raclius chercha Ă  Ă©laborer un compromis, le monoĂ©nergisme, en fonction duquel bien que le Christ ait eu deux « natures », il n’avait qu’une « Ă©nergie »[3]. Ce compromis rejetĂ©, un deuxiĂšme compromis fut prĂ©sentĂ© par le patriarche Serge de Constantinople en 616. AppelĂ© « monothĂ©lisme » cette variante du monoĂ©nergisme proclamait que bien que le Christ ait eu deux natures, il n’avait qu’une seule volontĂ© (qualifiĂ©e de « thĂ©andrique » c'est-Ă -dire divino-humaine), car il ne pouvait y avoir en lui d’opposition entre sa volontĂ© humaine et sa volontĂ© divine[4].

Le monothĂ©lisme fut bien accueilli par certains monophysites dont ceux d’Égypte qui, en 633, rĂ©intĂ©grĂšrent l’Église orthodoxe. Cependant plusieurs thĂ©ologiens s’opposĂšrent Ă  cette formulation, en particulier Ă  la notion d’une seule activitĂ©. Pour apaiser les esprits, le patriarche Serge promulgua en 663 un dĂ©cret, le PsĂ©phos, interdisant Ă  tout chrĂ©tien de soulever la question. À Rome, le pape Honorius Ier confirma le PsĂ©phos, mais laissa la porte ouverte Ă  une seule volontĂ© du Christ[5]. Voulant clore le dĂ©bat, l’empereur fit publier en 638 une profession de foi, l’EcthĂšse qui confirmait le PsĂ©phos et reconnaissait au Christ une volontĂ© unique. Cette publication n'eut pas l'effet politique escomptĂ© : non seulement les monophysites n'y adhĂ©rĂšrent pas, mais cette publication marqua le point de dĂ©part d'un nouveau conflit entre les patriarcats de Rome et Constantinople.

AcceptĂ©e par certains patriarches d’Orient, cette nouvelle doctrine se heurta Ă  l’opposition de Rome oĂč le pape Jean IV (r. 640-642) condamna le monothĂ©lisme en 640[6]. La mort d’HĂ©raclius d’une part, la perte des provinces orientales d’Égypte, de Syrie et de Palestine aux mains des Arabes d’autre part modifiĂšrent l’équilibre des forces politiques et partant, religieuses [7]. Constant II (r. 641-668) crut faire cesser la controverse en interdisant en 648 toute discussion sur le sujet dans l’empire[8]. Mais le pape Martin Ier (r. 649-653) convoqua un concile en 649 qui condamna et le monoĂ©nergisme et le monothĂ©lisme. L’empereur fit alors arrĂȘter le pape, lequel, accusĂ© de haute trahison, fut condamnĂ© et exilĂ© Ă  Cherson oĂč il mourut des sĂ©vices reçus[8].

Lorsqu’il arriva au pouvoir, Constantin IV (r. 668-685) dut d’abord faire face au pĂ©ril arabe dont l’avancĂ©e s’étendait jusqu’aux portes de Constantinople[9] - [10]. Ses succĂšs contre MuÊżawiya en 678 lui permirent de se tourner contre une nouvelle menace, celle des Turcs bulgares qui cherchaient Ă  s’installer dans la rĂ©gion du delta du Danube. Dans un premier temps, Ă  l’étĂ© 678, il leur infligea une sĂ©vĂšre dĂ©faite dans la vallĂ©e du Strymon qui les obligea Ă  fuir vers le nord, permettant ainsi de croire la paix revenue de ce cĂŽtĂ©.

Ayant perdu tout espoir de rĂ©cupĂ©rer les provinces d’Orient oĂč se concentraient les partisans du monothĂ©lisme, Constantin crut le moment venu de rĂ©soudre la question du monothĂ©lisme qui continuait Ă  empoisonner les relations avec la papautĂ©.

Préparatifs

Il Ă©crivit en 678 au pape Donus (r. 676-678) suggĂ©rant la tenue d’un concile qui rĂšglerait la question une fois pour toutes. Lorsque la lettre parvint Ă  Rome, le pape Donus Ă©tait mort, mais son successeur Agathon (r. 678-681) rĂ©agit favorablement Ă  l’idĂ©e et fit convoquer des synodes Ă  travers l’Europe pour recueillir les vues de l’Occident chrĂ©tien, puis il rĂ©unit un synode gĂ©nĂ©ral de quelque cent-vingt-cinq Ă©vĂȘques Ă  Rome lors de la fĂȘte de PĂąques 680 pour faire la synthĂšse de ces discussions et prĂ©senter la position commune des Églises d’Occident[11]. On y choisit Ă©galement les reprĂ©sentants du pape au Concile. La dĂ©lĂ©gation qui devait arriver Ă  Constantinople en Ă©tait constituĂ©e entre autres des Ă©vĂȘques de Palerme, Reggio, Porto, de leurs suites et d’un prĂȘtre nommĂ© ThĂ©odore, lĂ©gat de l’Église grecque de Ravenne[12] - [11]. Elle Ă©tait porteuse de deux lettres, l’une du pape Agathon Ă  l’empereur et l’autre des participants au synode de Rome Ă  l’endroit de leurs collĂšgues sur place Ă  Constantinople. DĂšs leur arrivĂ©e, l’empereur donna instruction au patriarche Georges Ier de Constantinople de convoquer tous les Ă©vĂȘques relevant de sa juridiction. Il demanda Ă©galement la prĂ©sence du patriarche d’Antioche, Macaire, qui rĂ©sidait Ă  Constantinople en raison de l’occupation arabe de son territoire. Les siĂšges patriarcaux d’Alexandrie et de JĂ©rusalem Ă©tant vacants, ils furent reprĂ©sentĂ©s au concile par des « tenant-lieu » (Ï„ÎżÏ€ÎżÏ„Î·ÏÎ·Ï„Î±ÎŻ) : le « prĂȘtre Pierre » pour Alexandrie, et le « prĂȘtre Georges » reprĂ©sentant le gardien du siĂšge de JĂ©rusalem.

DĂ©roulement

La premiĂšre session[N 2] du concile devait se tenir le dans la salle du Grand Palais recouverte d’un dĂŽme d’oĂč son nom de Trullus. Elle ne rĂ©unit que trente-sept Ă©vĂȘques ainsi qu’un nombre indĂ©terminĂ© d’assistants. La session fut prĂ©sidĂ©e par l’empereur ayant Ă  sa gauche les lĂ©gats du pape et de son concile ainsi que le reprĂ©sentant du patriarcat de JĂ©rusalem et, Ă  sa droite, les patriarches de Constantinople et d’Antioche ainsi que le reprĂ©sentant d’Alexandrie[13]. L’évangile ayant Ă©tĂ© placĂ© au centre de l’assemblĂ©e, celle-ci se dĂ©clara « ƓcumĂ©nique », comptant des reprĂ©sentants des cinq patriarcats. L’empereur prĂ©sida cette session ainsi que les dix suivantes, aprĂšs quoi il dut partir combattre les Bulgares, ne revenant que pour la session finale[2].

Les premiers Ă  prendre la parole furent les reprĂ©sentants du pape, lesquels s’adressant Ă  l’empereur, rappelĂšrent que quarante-six ans auparavant le patriarche Serge de Constantinople avait exposĂ© une nouvelle thĂ©orie Ă  l’effet qu’il n’y avait en JĂ©sus-Christ qu’une seule volontĂ© et une seule opĂ©ration, lui demandant d’oĂč venait cette nouveautĂ©. La rĂ©plique fut donnĂ©e par les patriarches Georges de Constantinople et Macaire d’Antioche qui rĂ©pondirent qu’ils ne faisaient ainsi qu’enseigner la doctrine acceptĂ©e par les conciles ƓcumĂ©niques prĂ©cĂ©dents et exposĂ©e par les patriarches Serge, Paul, Pyrrhus et Pierre de Constantinople, par le pape Honorius et par Cyrus, Ă©vĂȘque d’Alexandrie. Macaire s’appuya notamment sur un discours de saint Cyrille Ă  l’empereur ThĂ©odose compris dans le premier volume du concile d’ÉphĂšse Ă  l’effet que : « L’appui de votre empire est le mĂȘme JĂ©sus-Christ par qui les rois rĂšgnent, et les princes rendent justice : car sa volontĂ© est toute-puissante »[13].

Les deux sessions suivantes furent consacrĂ©es Ă  l’examen des actes du Concile de ChalcĂ©doine et du DeuxiĂšme Concile de Constantinople oĂč l’on dĂ©couvrit que certains textes du « Discours de Mennas, archevĂȘque de Constantinople, Ă  Vigile, pape de Rome, sur ce qu’il n’y a qu’une volontĂ© en JĂ©sus-Christ » avaient Ă©tĂ© falsifiĂ©s par l’addition de deux livres sous le nom du pape Vigile[14].

La quatriĂšme session () fut consacrĂ©e Ă  la lecture des lettres du pape Agathon et du synode tenu Ă  Rome qu’il avait fallu faire traduire en grec, tĂąche imposante car il s’agissait de longs exposĂ©s doctrinaux chargĂ©s de passages des PĂšres et de l’Écriture. Toutes deux condamnaient le monothĂ©lisme et ne contenaient nulle mention de la position adoptĂ©e par le pape Honorius[15].

Le patriarche Macaire ayant demandĂ© du temps pour rassembler les textes appuyant ses thĂ©ories, la cinquiĂšme session ne fut tenue que le et la sixiĂšme le . Le patriarche Macaire y dĂ©posa trois volumes de passages tirĂ©s des Ă©crits des PĂšres de l’Église Ă  la dĂ©fense de sa position[16].

Au cours de la huitiĂšme session, le , l’empereur demanda aux patriarches Georges et Macaire s’ils acceptaient le contenu des lettres envoyĂ©es par le pape Agathon et son concile. Le patriarche de Constantinople modifia sa position et confessa les deux volontĂ©s et les deux opĂ©rations. Il fut suivi des autres Ă©vĂȘques dĂ©pendant de Constantinople et de la plupart des autres Ă©vĂȘques, Ă  l’exception de l’évĂȘque ThĂ©odore d’ArmĂ©nie qui prĂ©senta un mĂ©moire demandant que l’on ne condamnĂąt ni les tenants de la premiĂšre position, ni ceux de la deuxiĂšme, les conciles ƓcumĂ©niques prĂ©cĂ©dents ne s’étant pas prononcĂ©s sur le sujet. Le patriarche Macaire d’Antioche maintint ses positions, mĂȘme s’il fut abandonnĂ© par cinq Ă©vĂȘques de sa dĂ©pendance. L’assemblĂ©e prononça ensuite l’anathĂšme contre Macaire qui fut dĂ©mis de sa charge d’évĂȘque[17].

Il ne devait plus assister aux sessions jusqu’à la quatorziĂšme. Au cours de la neuviĂšme session le , on invita ThĂ©odore de MĂ©litĂšne et les trois autres Ă©vĂȘques qui s’étaient joints Ă  lui Ă  reprendre leur place. Le seul disciple de Macaire qui restait, un nommĂ© Étienne, fut chassĂ© de l’assemblĂ©e[18].

Entre-temps, le nombre d’évĂȘques arrivant Ă  Constantinople augmentait : douze Ă©vĂȘques s’ajoutĂšrent Ă  la dixiĂšme session et une trentaine Ă  la onziĂšme. On y lut divers textes dans le but d’en extirper les passages se rĂ©fĂ©rant Ă  une unitĂ© de volontĂ© et d’opĂ©ration, condamnant en particulier les textes rĂ©digĂ©s par Macaire et son disciple Étienne. C’est Ă  ce moment que l’empereur partit combattre les Bulgares, se faisant reprĂ©senter pendant les travaux par les patrices Constantin et Anastase et les ex-consuls Polyeucte et Pierre[19].

La douziĂšme session rĂ©unit environ quatre-vingts Ă©vĂȘques, mais aucun reprĂ©sentant de l’Église d’Antioche. Le patriarche Macaire ayant entretemps reconnu comme siens divers Ă©crits que le patriarche avait remis Ă  l’empereur pour transmission au concile, on fit demander Ă  l’empereur que lui et ses disciples soient chassĂ©s de Constantinople et qu’un autre Ă©vĂȘque soit nommĂ© pour le siĂšge d'Antioche[20].

Lors de la treiziĂšme session (), on jeta l’anathĂšme sur les Ă©crits des patriarches Serge, Cyrus, Pyrrhus, Paul et Pierre ainsi que sur le pape Honorius qui n'avait pas condamnĂ© leur doctrine. Une lettre du pape Honorius Ă  Serge, ainsi qu’une de Pyrrhus au pape Jean furent brĂ»lĂ©es sur le champ[21].

Les trois sessions suivantes furent consacrĂ©es Ă  l’examen de divers textes dont certains avaient Ă©tĂ© falsifiĂ©s pour Ă©taler la thĂšse monophysite. Certains Ă©vĂȘques Ă©loignĂ©s n’arrivĂšrent Ă  Constantinople que pour la seiziĂšme session tenue le . Georges de Constantinople plaida, mais en vain, pour que l’on s’abstint de jeter l’anathĂšme sur ses prĂ©dĂ©cesseurs Serge, Pyrrhus, Paul et Pierre[22].

La dix-septiĂšme session datĂ©e du servit Ă  dĂ©finir la confession de foi du Concile qui fut adoptĂ©e lors de la derniĂšre session en date du Ă  laquelle assistĂšrent l’empereur et plus de cent soixante Ă©vĂȘques. Dans cette confession de foi, le concile :

  • reconnaissait les cinq conciles ƓcumĂ©niques prĂ©cĂ©dents ;
  • condamnait les auteurs de la nouvelle erreur : ThĂ©odore de Pharan[N 3], Serge, Pyrrhus, Paul et Pierre de Constantinople ;
  • approuvait les deux lettres du pape Agathon et de son concile comme conformes Ă  la doctrine du concile de ChalcĂ©doine.

Les trois lĂ©gats du pape signĂšrent le document, suivis des patriarches de Constantinople, d’Alexandrie (reprĂ©sentĂ© par le prĂȘtre Pierre), d’Antioche (ThĂ©ophane ayant Ă©tĂ© nommĂ© entretemps pour succĂ©der Ă  Macaire) et de JĂ©rusalem (reprĂ©sentĂ© par le prĂȘtre Pierre). AprĂšs quoi l’assemblĂ©e acclama l’empereur comme « nouveau David », « nouveau Marcien » et « nouveau Justinien » ; ce dernier ajouta en dernier sa signature et Ă©mit un Ă©dit pour l’exĂ©cution des dĂ©crets du concile[23].

Le pape Agathon devait mourir en . Ce fut donc son successeur, LĂ©on II (r. 682-683) qui reçut les deux lettres par lesquelles le concile rĂ©pondait aux lettres initiales du pape Agathon et des Ă©vĂȘques d’Occident qui avaient assistĂ© au synode de Rome et qui confirma Ă  l’empereur la conformitĂ© de leur contenu aux doctrines des cinq prĂ©cĂ©dents conciles[24]. La grande querelle du monothĂ©lisme Ă©tait ainsi officiellement terminĂ©e.

Suite des Ă©vĂšnements

En rĂ©alitĂ©, la dispute prit du temps Ă  s’apaiser et le monothĂ©lisme ne disparut pas immĂ©diatement du Moyen-Orient. AprĂšs l’interlude de Justinien II (r. 685-695; 705-711) au cours de laquelle celui-ci rĂ©unit le concile « in Trullo » ou « Quinisexte » qui fit apparaitre les diffĂ©rences de conceptions entre les Églises orientale et occidentale et dont les conclusions furent rejetĂ©es par le pape Serge Ier[25], elle devait ressurgir lorsqu’un successeur de Constantin IV, l’empereur Philippicos (r. 711-713) arriva au pouvoir.

D’origine armĂ©nienne, celui-ci, appelĂ© BardanĂšs Ă  sa naissance, demeurait comme beaucoup de ses compatriotes favorable au monothĂ©lisme[26]. Deux mois aprĂšs son entrĂ©e Ă  Constantinople, Philippicos dĂ©posa le patriarche Cyrus de Constantinople qui dĂ©fendait les conclusions du TroisiĂšme Concile de Constantinople et le remplaça par Jean VI de Constantinople, qui partageait ses vues. Dans un Ă©dit impĂ©rial, il dĂ©savoua les dĂ©cisions de ce concile et dĂ©crĂ©ta le monothĂ©lisme seule doctrine autorisĂ©e. Un synode purement byzantin fut ensuite organisĂ© : la majoritĂ© des Ă©vĂȘques souscrivirent Ă  l’édit impĂ©rial, y compris le futur patriarche Germain Ier de Constantinople, qui Ă©tait alors mĂ©tropolite de Cyzique [27]. Et pour que personne ne se trompe sur ce changement radical, il fit enlever une inscription commĂ©morative de ce concile placĂ©e sur la porte du Milion, face au Palais impĂ©rial, la remplaçant par une reprĂ©sentation de l’empereur et du patriarche Serge, ancien champion du monothĂ©lisme[28] - [29] - [30]. La mĂȘme annĂ©e, il voulut rallier son pays d’origine au patriarcat byzantin et expulsa ceux qui s’y opposĂšrent. Le rĂ©sultat fut une Ă©migration des ArmĂ©niens, qui cessĂšrent de voir en Byzance leur protectrice, vers les pays arabes[31].

À Rome la position de l’empereur provoqua une violente opposition. Le pape Constantin (r. 708-715) rĂ©pondit Ă  la lettre par laquelle Philippicos lui faisait part de son avĂšnement dans des termes qui lui semblĂšrent profondĂ©ment hĂ©rĂ©tiques en interdisant de reproduire l’effigie de l’empereur sur des piĂšces de monnaie, de rĂ©fĂ©rer Ă  son rĂšgne dans la datation de documents et mĂȘme d’inclure son nom dans les priĂšres de l’Église. De plus, il donna l’ordre de faire placer dans l’église de Saint-Pierre les images non seulement du SixiĂšme Concile, mais Ă©galement des cinq prĂ©cĂ©dents [32]. Les divergences thĂ©ologiques sur la nature du Christ trouvaient ainsi leur expression dans l’adoption ou l’exclusion de certaines images [33] et prĂ©figuraient la grande crise de l’iconoclasme.

Bibliographie

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Notes et références

Notes

  1. Du grec ÎŒÏŒÎœÎżÏ‚ « seul, unique » et φύσÎčς « nature »), doctrine christologique apparue au Ve siĂšcle dans la partie orientale de l’empire en rĂ©action au nestorianisme, laquelle affirmait que le Fils n'avait qu'une seule nature, la nature divine, sa nature humaine Ă©tant absorbĂ©e par sa nature divine.
  2. Les sessions se tinrent selon le calendrier suivant : (1) 7 novembre 680 ; (2) 10 novembre ; (3) entre le 10 et le 15 novembre ; (4) 15 novembre ; (5) 7 décembre ; (6) 12 février 681 ; (7) 13 février; (8) 7 mars ; (9) 8 mars ; (10) 18 mars ; (11) 20 mars ; (12) 22 mars ; (13) 23 mars ; (14) 5 avril ; (15) 26 avril ; (16) 9 août ; (17) 11 septembre ; (18) 16 septembre.
  3. ThĂ©ologien chrĂ©tien, mort sans doute vers 630, qui fut d’abord supĂ©rieur du monastĂšre de Raithu dans le SinaĂŻ avant de devenir Ă©vĂȘque de Pharan, localitĂ© voisine.

Références

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  2. Ostrogorsky (1983) p. 158
  3. Bury (2005) p. 250
  4. Norwich 1990, p. 309
  5. Murphey & Sherwood (1974) pp. 156-162
  6. Maraval (2017) pp. 427-428
  7. Morrisson (2004) p. 75
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  12. Norwich (1989) p. 326
  13. Peltier (1847) para 2
  14. Peltier (1847) para 4
  15. Peltier (1847) para 5
  16. Peltier (1847) para 6 & 7
  17. Peltier (1847) para 8
  18. Peltier (1847) para 9
  19. Peltier (1847) para 10
  20. Peltier (1847) para 11
  21. Peltier (1847) para 12
  22. Peltier (1847) para 14
  23. Peltier (1847) para 15 et 16
  24. Peltier (1847) para 18
  25. Ostrogorsky (1983) p. 168
  26. Ostrogorsky (1983) p. 181
  27. Treadgold (1997) p. 343
  28. Agathon Diacre, cité par Ostrogorsky (1983) p. 181
  29. Treagold (1997) p. 387
  30. Norwich (1989) p. 347
  31. Bréhier (1969) p. 71
  32. Norwich (1989) p. 348
  33. Liber Pontificalis, cité par Ostrogorsky (1983) p. 181

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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