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Guerres byzantino-bulgares

Sous le nom de guerres byzantino-bulgares on regroupe les conflits qui opposĂšrent l’Empire byzantin aux peuplades proto-bulgares dĂšs l’installation de celles-ci dans la pĂ©ninsule des Balkans au VIIe siĂšcle et se continuĂšrent jusqu’à la conquĂȘte de la Bulgarie par les Turcs ottomans en 1396.

Guerres byzantino-bulgares
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le premier empire bulgare et les batailles d’Asparoukh à Kardam.
Informations générales
Date 680 – 1355 (675 ans)
Lieu PĂ©ninsule balkanique
Issue Impasse
  • Affaiblissement majeur des deux empires
  • Domination ottomane des Balkans.

Guerres byzantino-bulgares

Batailles

ArrivĂ©s dans le nord-est de la Bulgarie d’aujourd’hui dans les annĂ©es 670, les Proto-Bulgares progressĂšrent vers le sud-ouest en conquĂ©rant des territoires appartenant Ă  diverses tribus slaves et Ă©tablissant leur capitale Ă  Pliska. Les affrontements commencĂšrent lorsque ces Proto-Bulgares franchirent le Danube pour pĂ©nĂ©trer dans l’Empire byzantin. Constantin IV tenta de s’opposer Ă  leur intrusion mais fut dĂ©fait et dut, en 681, reconnaitre l’État bulgare. Byzantins et Bulgares continuĂšrent Ă  s’affronter au cours du siĂšcle suivant jusqu’à ce que les Bulgares conduits par Krum infligent une sĂ©rie de cuisantes dĂ©faites aux Byzantins. AprĂšs la mort de Krum en 814, son fils Omourtag nĂ©gocia une paix durable. Mais en 893, l’empereur bulgare SimĂ©on Ier, qui espĂ©rait Ă©galer Byzance en puissance, rĂ©ussit Ă  vaincre les Byzantins, sans toutefois parvenir Ă  rĂ©aliser son rĂȘve de s’y substituer.

En 971, l’empereur byzantin Jean Ier TzimiskĂšs, profitant du fait que la Bulgarie Ă©tait en guerre avec les Russes, les PetchenĂšgues, les Magyars et les Croates, rĂ©ussit Ă  s’emparer d’une grande partie du territoire et, aprĂšs avoir vaincu Boris II, s’empara de sa capitale. À la suite de la bataille de Kleidion en 1014, les Byzantins sous Basile II conquirent l’ensemble du territoire. Des rĂ©bellions sporadiques eurent lieu en 1040 et 1041 ainsi que dans les annĂ©es 1080, sans succĂšs. Toutefois en 1185 les frĂšres ThĂ©odore (Pierre) et Ivan Assen[N 1] prirent la tĂȘte d’un mouvement contre l’Empire byzantin alors en proie Ă  des troubles dynastiques internes.

AprĂšs la chute de Constantinople aux mains des croisĂ©s en 1204, l’empereur bulgare Kaloyan tenta d’établir des relations amicales avec les vainqueurs, mais le nouvel Empire latin rejeta ses offres d’alliance. Déçu par ce rejet, Kaloyan se tourna alors vers l’Empire de NicĂ©e, l’un des États successeurs de Byzance. MĂȘme si son neveu, Boril, fit alliance avec les Latins, les successeurs de celui-ci se rangĂšrent du cĂŽtĂ© de NicĂ©e en dĂ©pit d’attaques sporadiques de la part de cet empire qui tentait de reprendre les territoires europĂ©ens perdus. AprĂšs la reconquĂȘte de Constantinople en 1261, les Byzantins tirant avantage de la guerre civile qui rĂ©gnait en Bulgarie s’emparĂšrent d’une portion de la Thrace, mais l’empereur bulgare ThĂ©odore Svetoslav reprit les territoires perdus. Les relations entre les deux États continuĂšrent Ă  fluctuer jusqu’à ce que les Turcs ottomans s’emparent de la capitale bulgare en 1396 et de Constantinople en 1453.

Khanat bulgare du Danube

Asparoukh

Les premiers affrontements entre Proto-Bulgares et Byzantins eurent lieu lorsque le troisiĂšme fils du Khan Koubrat, Asparoukh ( ? – 701), aprĂšs avoir franchi le Dniepr, lança entre 671 et 680 une sĂ©rie de raids sur les territoires au sud du Danube, soit la MĂ©sie peuplĂ©e de tribus slaves et la Thrace sous contrĂŽle byzantin, Ă©tablissant leur capitale Ă  Pliska (prĂšs de l’actuel village d’Aboba, Bulgarie). L’un de ces raids se termina en 679 par la bataille d’Andrinople (Odrin en bulgare, Édirne aujourd’hui) oĂč l’armĂ©e byzantine fut dĂ©faite. L’annĂ©e suivante, l’empereur Constantin IV (r. -) mena une opĂ©ration terrestre et maritime contre les envahisseurs avant d’assiĂ©ger leur camp fortifiĂ© d’Ongala. Mais prĂ©textant sa mauvaise santĂ©, Constantin dut quitter son armĂ©e, laquelle prise de panique fut vaincue par les Proto-Bulgares Ă  Messembria (Nesseba en Bulgarie). Constantin fut forcĂ© de reconnaitre l’existence de l’État bulgare en 681 et, semble-t-il, de payer tribut pour Ă©viter de nouvelles incursions en Thrace. Vainement du reste puisque huit ans plus tard Asparoukh menait une campagne victorieuse contre la Thrace byzantine[1] - [2] - [3] - [4].

Tervel

Carte de la Bulgarie au temps de Tervel

Le khan Tervel (r. de 701 Ă  718 ou de 700 Ă  721 selon les sources) apparait pour la premiĂšre fois dans les textes byzantins en 704 lorsque l’empereur dĂ©posĂ© Justinien II se rĂ©fugia chez lui et sollicita son aide pour reconquĂ©rir son trĂŽne. Tervel accepta en Ă©change d’un pacte d’amitiĂ©, de cadeaux et d’une promesse de mariage avec sa fille. Avec une armĂ©e de 15 000 hommes, Justinien se dirigea vers Constantinople oĂč il rĂ©ussit Ă  entrer en 705. Revenu sur le trĂŽne, l’empereur fit exĂ©cuter ceux qui l’avaient remplacĂ©, les empereurs Leontios et TibĂšre II, de mĂȘme que de nombreux adversaires, inaugurant ainsi un rĂ©gime de terreur. Il fit don Ă  Tervel de nombreux prĂ©sents, lui accorda le titre de CĂ©sar, ce qui faisait de lui le deuxiĂšme personnage de l’empire et le premier chef d’État Ă©tranger Ă  recevoir un tel titre dans l’histoire de Byzance, ainsi que possiblement des concessions territoriales dans une rĂ©gion du nord de la Thrace appelĂ©e Zagora. On ignore toutefois si la fille de Justinien, Anastasia, fut effectivement donnĂ©e en mariage Ă  Tervel[5] - [6] - [7] - [8].

Mais Ă  peine trois ans plus tard, Justinien II lui-mĂȘme brisa leur accord et se lança apparemment dans une opĂ©ration militaire visant Ă  rĂ©cupĂ©rer le territoire cĂ©dĂ©. Tervel le dĂ©fit Ă  la bataille d’Anchialos (prĂšs de l’actuelle ville cĂŽtiĂšre de PomoriĂ© en Bulgarie) en 708. Devant faire face Ă  une dangereuse rĂ©bellion en Asie mineure, Justinien dut Ă  nouveau se retourner vers Tervel en 711, mais cette fois Tervel ne lui accorda qu’une modeste troupe de 3 000 hommes. AidĂ© par les Khazars, le gĂ©nĂ©ral Philippe parvint Ă  s’emparer de Constantinople et Ă  capturer Justinien qu’il fit exĂ©cuter alors que ses alliĂ©s bulgares recevaient la permission de rentrer chez eux. Profitant de la confusion rĂ©gnant Ă  Constantinople, Tervel envahit la Thrace en 712 et la ravagea s’avançant pratiquement jusqu’aux portes de Constantinople[5] - [9] - [10].

Constantin V

Les guerres de 741 Ă  775 entre Bulgares et Byzantins.

AprĂšs la mort de Tervel, il semblerait que les relations entre les deux nations aient Ă©tĂ© paisibles, les textes byzantins ne faisant Ă©tat d’aucune invasion pendant le rĂšgne du khan Sevar (725-739 ?). Toutefois Ă  la mort de celui-ci qui marquait l’extinction de la dynastie Dulo, une longue pĂ©riode de troubles s’abattit sur la Bulgarie, permettant aux Byzantins de consolider leurs positions. AprĂšs avoir installĂ© aux frontiĂšres de la Bulgarie les prisonniers faits lors de ses campagnes en ArmĂ©nie et en MĂ©sopotamie en 752, le nouvel empereur Constantin V (r. 741-775) conduisit entre 756 et 775 pas moins de neuf campagnes visant Ă  Ă©tablir le Danube comme frontiĂšre entre les deux pays. Les frĂ©quents changements de monarques (pas moins de huit khans se partagĂšrent le trĂŽne en vingt ans) et les crises politiques constantes conduisirent la Bulgarie au bord de l’anĂ©antissement[11] - [12].

Au cours de sa premiĂšre campagne en 756, Constantin V parvint Ă  dĂ©faire les Bulgares Ă  deux reprises, mais en 759, Vinekh (r. 754-762 ?), alors khan des Bulgares, infligea une sĂ©vĂšre dĂ©faite aux Byzantins lors de la bataille du col de Rishki. Vinekh tenta alors de conclure une trĂȘve avec les Byzantins, mais fut assassinĂ© par les nobles bulgares. Son successeur, Teletz (r. 762-765 ?), fut dĂ©fait Ă  la deuxiĂšme bataille d’Anchialos en 763. Les campagnes suivantes ne permirent pas aux deux belligĂ©rants de faire des avancĂ©es significatives, les Byzantins ne pouvant traverser les montagnes des Balkans et leur flotte ayant Ă©tĂ© anĂ©antie Ă  deux reprises lors de violentes tempĂȘtes (2 600 navires furent perdus lors d’une seule de ces tempĂȘtes en 765). En 774, Constantin V put dĂ©faire des forces bulgares infĂ©rieures en nombre Ă  Berzitia, mais ce devait ĂȘtre sa derniĂšre victoire. MenacĂ© dans son pays, le nouveau khan Telerig (r. 768-777) envoya des Ă©missaires Ă  Constantin V indiquant son dĂ©sir de quitter la Bulgarie et de trouver refuge Ă  Constantinople. Il parvint Ă  inciter Constantin V Ă  trahir ses propres espions prĂ©sents Ă  Pliska qui furent arrĂȘtĂ©s et exĂ©cutĂ©s. La mort de Constantin en 775 empĂȘcha les nĂ©gociations d’aller plus loin[11] - [13] - [14] - [15].

Représailles manquées de Constantin VI

Le jeune empereur, Constantin VI (r. 780-797), parvint Ă  se dĂ©barrasser de la tutelle de sa mĂšre, IrĂšne, en 790. Il se lança presque immĂ©diatement dans une politique de reprĂ©sailles contre les Bulgares qui avaient envahi la vallĂ©e du Strouma en 789. Toutefois le khan Kardam (777 – entre 796 et 803) parvint Ă  repousser les Byzantins d’abord prĂšs d’Andrinople (aujourd’hui Édirne en Turquie) en Thrace, puis Ă  la bataille de Marcellae. Se fiant Ă  de fausses rumeurs, Constantin ordonna l’attaque, mais fut bientĂŽt dĂ©fait, Kardam s’emparant de la tente impĂ©riale et des serviteurs de l’empereur. AprĂšs son retour Ă  Constantinople, celui-ci dut signer un traitĂ© de paix et s’engager Ă  payer un tribut annuel aux Bulgares [16] - [17].

En 796, le gouvernement impĂ©rial ignora le tribut et Kardam crut nĂ©cessaire de menacer la Thrace si les promesses n’étaient pas remplies. Selon ThĂ©ophane le Confesseur, Constantin VI tourna l’exigence en ridicule, envoyant au khan bulgare des excrĂ©ments les qualifiant de « tribut adĂ©quat » et menaçant celui-ci d’envoyer une nouvelle armĂ©e Ă  Marcellae. L’armĂ©e impĂ©riale se mit Ă  nouveau en route vers le nord, et, une fois de plus, fit face aux troupes de Kardam prĂšs d’Andrinople. Les armĂ©es se firent face pendant 17 jours sans que le combat s’engage, les deux souverains ayant entrepris des nĂ©gociations. Finalement, le conflit fut Ă©vitĂ© et la paix fut conclue aux mĂȘmes conditions qu’en 792[16].

Krum

L’empire byzantin au dĂ©but du rĂšgne de NicĂ©phore Ier en 802.

Le nouveau khan de Bulgarie, Krum (r. entre 796 et 803 – 814), entreprit d’agrandir son empire et d’y faire rĂ©gner l’ordre en y Ă©tablissant les rudiments d’un systĂšme Ă©tatique. Il s’engagea rapidement dans une sĂ©rie d’incursions dans les Balkans, envahissant la vallĂ©e du Strouma en 807 oĂč il dĂ©fit l’armĂ©e byzantine et capturant les sommes considĂ©rables destinĂ©es Ă  payer la solde des soldats. Deux ans plus tard, il assiĂ©gea Serdica (aujourd’hui Sofia) qu’il força Ă  capituler, exĂ©cutant l’ensemble de la garnison en dĂ©pit de sa promesse de sauf-conduit. Ceci conduisit l’empereur NicĂ©phore Ier (r. 802-811) Ă  transfĂ©rer des populations d’Anatolie pour les disposer le long de la frontiĂšre et de tenter de reprendre Ă©ventuellement Serdica, tentative qui devait s’avĂ©rer finalement vaine[18] - [19].

Conflits avec Nicéphore Ier

Expansion de la Bulgarie pendant le rĂšgne de Krum.

Au dĂ©but de 811, NicĂ©phore Ier (r. 802-811) lança une expĂ©dition massive contre la Bulgarie, avançant jusqu’à Marcellae (prĂšs de l’actuelle Karnobat en Bulgarie). LĂ , Krum tenta de parlementer le , mais NicĂ©phore Ă©tait maintenant dĂ©terminĂ© Ă  poursuivre son avance. Son armĂ©e parvint Ă  Ă©viter les embuscades tendues dans les passes des montagnes des Balkans et dĂ©fit une armĂ©e de 12 000 hommes qui tentait d’empĂȘcher leur avancĂ©e en MĂ©sie. Une autre armĂ©e de 50 000 hommes, assemblĂ©e Ă  la hĂąte, fut Ă©galement dĂ©faite devant les murs de la capitale bulgare de Pleska qui tomba aux mains de l’empereur le [20]. LĂ , NicĂ©phore s’appropria les trĂ©sors amassĂ©s par Krum, incendia la ville et engagea son armĂ©e Ă  massacrer la population. Une nouvelle tentative diplomatique de Krum fut repoussĂ©e[21] - [16] - [19].

Cependant, son armĂ©e devenant de plus en plus indisciplinĂ©e, NicĂ©phore se rĂ©solut Ă  retraiter vers la Thrace. Pendant ce temps, Krum tenta de mobiliser tous les sujets disponibles, y compris les femmes, pour mettre en place des embuches dans les cols de montagnes et surprendre l’armĂ©e byzantine sur le chemin du retour. Au lever du jour, le , les Byzantins se retrouvĂšrent coincĂ©s entre un fossĂ© et un mur de bois dans le col de Varbica. NicĂ©phore fut tuĂ© dans la bataille qui s’ensuivit de mĂȘme qu’une bonne partie de ses troupes. Son fils, Staurakios fut conduit en suretĂ© par la garde impĂ©riale aprĂšs avoir reçu une blessure au cou qui le laissa paralysĂ©. Si on en croit la tradition, Krum fit alors sertir le crĂąne de l’empereur dans de l’argent et s’en servit comme d’un gobelet Ă  boire. Ce trait lui valut une rĂ©putation de brutalitĂ© et le surnom de « nouveau SennachĂ©rib » [22] - ž[13] - [23] - [24].

Conflits avec Michel Ier Rhangabé

Préparatifs de la guerre entre Kroum et Michel Rangabé. Chronique de Jean SkylitzÚs.

Staurakios dut abdiquer aprĂšs un court rĂšgne et devait mourir des consĂ©quences de sa blessure l’annĂ©e suivante. Son successeur fut son beau-frĂšre, Michel Ier RhangabĂ© (r. 811-813). La mĂȘme annĂ©e, soit 812, Krum envahit la Thrace byzantine, s’emparant de Develt (prĂšs de Sredets en Bulgarie) et forçant la population des forteresses voisines Ă  s’enfuir vers Constantinople. En position de force, il offrit de revenir au traitĂ© de paix de 776. Peu dĂ©sireux de nĂ©gocier en position de faiblesse au dĂ©but de son rĂšgne, le nouvel empereur refusa cette proposition, prenant prĂ©texte de la clause sur l’échange des dĂ©serteurs. Pour mettre plus de pression sur l’empereur, Krum assiĂ©gea et captura Messembria Ă  l’automne 812[25] - [26] - [27].

En , les Bulgares envahirent Ă  nouveau la Thrace; l’empereur byzantin envoya une armĂ©e qui eut d’abord le dessus. EncouragĂ© par ce succĂšs, Michel Ier rĂ©quisitionna des troupes de partout dans l’empire et se dirigea vers le nord, espĂ©rant remporter une victoire dĂ©cisive. Krum pour sa part se dirigea vers le sud en direction d’Andrinople et Ă©tablit son camp prĂšs d’Andrinople oĂč les deux armĂ©es se firent face, sans toutefois engager de combat pendant deux semaines. Finalement, le , lors de la bataille de Versinikia, les Byzantins attaquĂšrent mais furent immĂ©diatement mis en dĂ©route. Poursuivi par la cavalerie de Krum, la dĂ©route de Michel Ier fut complĂšte et Krum put s’avancer vers Constantinople devant laquelle il mit le siĂšge. DiscrĂ©ditĂ©, Michel fut forcĂ© d’abdiquer et de se retirer dans un monastĂšre, le troisiĂšme empereur byzantin Ă  ĂȘtre ainsi vaincu par Krum en autant d’annĂ©es; il fut remplacĂ© par l’un de ses gĂ©nĂ©raux qui devint LĂ©on V l’ArmĂ©nien (r. 813-820)[28] - [29] - [30].

Conflits avec LĂ©on V l’ArmĂ©nien

Proclamation de LĂ©on V comme empereur (Miniature Madrid Skylitzes)

LĂ©on V (r. 813-820) entreprit immĂ©diatement des nĂ©gociations avec Krum. Une rencontre fut organisĂ©e mais Ă  peine arrivĂ©, Krum fut attaquĂ© par des archers byzantins et blessĂ© alors qu’il tentait de s’échapper. Furieux, il ravagea les environs de Constantinople avant de retourner en Bulgarie, capturant Andrinople au passage dont il transporta la population de l’autre cĂŽtĂ© du Danube. En dĂ©pit de l’hiver qui approchait, Krum profita de la tempĂ©rature clĂ©mente pour envoyer une force de 30 000 hommes en Thrace oĂč il s’empara d’Arkadioupolis (aujourd’hui LĂŒleburgaz en Turquie) faisant quelque 50 000 prisonniers. Le butin amassĂ© en Thrace enrichit considĂ©rablement Krum et les Ă©lĂ©ments d’architecture qu’il rapporta servirent Ă  la reconstruction de Pliska, probablement en grande partie grĂące Ă  des artisans byzantins faits prisonniers[31] - [32].

Il devait profiter de l’hiver qui s’approchait pour prĂ©parer une attaque massive contre Constantinople. Il mourut toutefois avant d’avoir pu mettre son projet Ă  exĂ©cution le et son fils, Omurtag lui succĂ©da[33].

TraitĂ© de paix d’Omurtag

Omurtag envoie une dĂ©lĂ©gation auprĂšs de l’empereur byzantin (Chronique de Jean SkylitzĂšs)

Omurtag (r. 814-831) tenta de continuer la politique d’expansion de son pĂšre, mais une nouvelle campagne en Thrace fut arrĂȘtĂ©e par l’armĂ©e byzantine. Les Bulgares avaient rĂ©ussi Ă  s’avancer jusqu’à Bulgarophygon (aujourd’hui Babaeski en Turquie) mais ils y furent dĂ©faits par l’empereur LĂ©on V. Omurtag ne dut son salut qu’à la rapiditĂ© de son cheval. Sans porter un coup dĂ©cisif aux Bulgares, cette dĂ©faite s’ajoutait Ă  d’autres facteurs forçant Omurtag Ă  la prudence : danger d’une alliance entre les empires byzantin et franc contre la Bulgarie, nĂ©cessitĂ© de consolider son emprise sur les territoires nouvellement conquis et nouvelles rĂ©bellions des tribus des steppes. En 815, un traitĂ© de paix de trente ans scellait la frontiĂšre entre les deux États en Thrace (le « grand mur » entre Develt et Makrolivada passant entre Andrinople et Philippopolis), rĂ©glait le problĂšme des Slaves demeurĂ©s Ă  Byzance et prĂ©voyait un Ă©change de prisonniers de guerre[34] - [35]. Le traitĂ© devait ĂȘtre respectĂ© par les deux parties et fut renouvelĂ© lors de l’accession au trĂŽne du nouvel empereur byzantin Michel II (r. 842-867). Pendant cette pĂ©riode les Bulgares ne devaient franchir que deux fois la frontiĂšre. En 821, le gĂ©nĂ©ral Thomas le Slave, rĂ©clamant pour lui-mĂȘme le trĂŽne dont Michel s’était emparĂ© aprĂšs le meurtre de LĂ©on V, organisa une impressionnante rĂ©bellion qui força l’empereur Ă  demander l’aide l’Omurtag. Celui-ci envoya une armĂ©e qui parvint Ă  dĂ©faire les rebelles lors de la bataille de Kedouktos Ă  l’hiver 822 ou au printemps 823[36]. La deuxiĂšme se produisit en 836/837. AprĂšs avoir succĂ©dĂ© Ă  son pĂšre, l’empereur ThĂ©ophile (r. 829-842) se hĂąta de ravager des rĂ©gions Ă  l’intĂ©rieur de l’Empire bulgare. Les Bulgares ripostĂšrent et, sous la direction d’Isbul, premier ministre de Malamir (r. 831-836) qui avait succĂ©dĂ© Ă  Omurtag, rĂ©ussirent Ă  se rendre jusqu’à Andrinople. À la mĂȘme Ă©poque, sinon un peu plus tĂŽt, ils s’étaient dĂ©jĂ  rendus maitres de Philippopolis (aujourd’hui Plovdiv en Bulgarie) et de ses environs. La guerre prit fin toutefois lorsque des Slaves dans les environs de Thessalonique se rebellĂšrent contre l’Empire byzantin en 837[37] - [38].

ThĂ©ophile s’adressa alors aux Bulgares pour tenter de mettre fin Ă  la rĂ©bellion. En mĂȘme temps toutefois, il envoyait sa flotte dans le delta du Danube pour tenter d’évacuer une partie de la population qui y avait Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e par Krum et Omurtag. En reprĂ©sailles, Isbul ravagea les rĂ©gions cĂŽtiĂšres de Thrace et de MacĂ©doine, capturant la ville de Philippi. Cette campagne devait avoir comme rĂ©sultat l’établissement de la souverainetĂ© bulgare sur les tribus slaves des Smoljani qui s’étaient rebellĂ©s en 837.

Premier Empire bulgare

Boris Ier

Le baptĂȘme de Boris Ier (Miniature de la Chronique de Jean SkylitzĂšs).

En dĂ©pit de son habiletĂ© diplomatique, de ses talents de leader et du rĂŽle qu’il joua dans la conversion de la Bulgarie au catholicisme, Boris Ier (r. 852-889) ne fut guĂšre un chef militaire particuliĂšrement habile, essuyant nombre de dĂ©faites aux mains des Francs, des Croates, des Serbes et des Byzantins.

Guerre de 852

En 852, Malamir mourut et Boris monta sur le trĂŽne. Presque immĂ©diatement, il se lança dans une courte campagne contre Byzance. Nous ne possĂ©dons aucune information sur cette guerre, mais il se peut qu’il ait conquis certains territoires Ă  l’intĂ©rieur de la MacĂ©doine[39].

Guerre de 855-856

Un nouveau conflit entre Byzance et la Bulgarie Ă©clata en 855. Cette fois ce fut l’Empire byzantin qui chercha Ă  reprendre le contrĂŽle de territoires perdus Ă  l’intĂ©rieur de la Thrace, ainsi que les ports autour du golfe de Burgas sur la mer Noire. Les forces byzantines Ă©taient commandĂ©es par le jeune empereur Michel III (r. 842-867) et le CĂ©sar Bardas; elles purent reprendre Philippopolis (Plovdiv), Develtus (Zagora), Anchialos (PomoriĂ©) et Messembria (Nessebar) de mĂȘme que la rĂ©gion frontaliĂšre entre Sider et Develtus dans le nord de la Thrace[40] - [41]. À ce moment, Boris aux prises avec les Francs sous la conduite de Louis le Germanique et avec les Croates, ne put intervenir.

Conflits reliés à la conversion de Boris au christianisme

En 863, Boris pour des raisons probablement aussi bien politiques que religieuses dĂ©cida de se convertir au christianisme et envoya Ă  cet effet une mission chez les Francs. Les Byzantins ne pouvaient accepter qu’un voisin possiblement dangereux tombe de cette façon sous le contrĂŽle des Francs. AprĂšs avoir remportĂ© une Ă©clatante victoire sur les Arabes, les Byzantins jouissaient de leur pleine puissance militaire qu’ils dirigĂšrent contre la Bulgarie. Une flotte fut dĂ©pĂȘchĂ©e en mer Noire pendant qu’une armĂ©e se disposait Ă  envahir le pays par voie de terre. Le gros des troupes de Boris Ă©tant en campagne dans le nord-ouest en Moravie, Boris n’eut d’autre choix que de capituler immĂ©diatement. Il mit fin Ă  l’alliance avec les Francs, permit au clergĂ© grec de venir Ă©vangĂ©liser la Bulgarie et lui-mĂȘme fut baptisĂ©, l’empereur Michel III lui servant de parrain. À la suite de quoi, il reprit le contrĂŽle de la rĂ©gion de Zagora [42] - [43] - [44].

Ambitions impériales de Siméon Ier

Les Empires byzantin et bulgare Ă  la mort de Basile Ier, vers 890.

L’avĂšnement de SimĂ©on Ier (r. 893-927) devait marquer la fin de la pĂ©riode de paix qui suivit le baptĂȘme de Boris[45]. Ce furent les Byzantins qui dĂ©butĂšrent les hostilitĂ©s lorsque LĂ©on VI (r. 886-912), sous l’influence de sa femme ZoĂ© Zaoutzaina et de son pĂšre Stylianos ZaoutzĂšs, transfĂ©ra le marchĂ© pour les biens bulgares de Constantinople Ă  Thessalonique oĂč les marchands bulgares furent soumis Ă  de lourdes taxes. SimĂ©on se devait de rĂ©agir. Aussi, Ă  l’automne 894, il envahit l’Empire byzantin par le nord, rencontrant peu d’opposition, les forces byzantines se trouvant alors dans l’est de l’Anatolie pour arrĂȘter des invasions arabes. InformĂ© de l’offensive bulgare, LĂ©on envoya des troupes formĂ©es d’unitĂ©s stationnĂ©es dans la capitale pour contrer l’offensive, mais celles-ci furent mises en dĂ©route quelque part dans le thĂšme de MacĂ©doine. Les Magyars rĂ©ussirent Ă  battre les armĂ©es de SimĂ©on Ă  deux reprises, mais en 896, elles furent vaincues Ă  leur tour lors de la bataille du Buh mĂ©ridional (aujourd'hui en Ukraine). La guerre se termina la mĂȘme annĂ©e par une cuisante dĂ©faite byzantine prĂšs de Bulgarophygon en Thrace orientale. Le marchĂ© fut alors retournĂ© Ă  Constantinople et les Byzantins durent payer un tribut annuel Ă  la Bulgarie[46] - [47].

Au dĂ©but du Xe siĂšcle, les Arabes avaient achevĂ© la conquĂȘte de la Sicile et des pirates dĂ©vastaient les cĂŽtes de la mer ÉgĂ©e. En 904, ils s’emparĂšrent de Thessalonique. Leur but Ă©tant le pillage et non la conquĂȘte, ils se retirĂšrent immĂ©diatement; les armĂ©es de SimĂ©on firent alors leur apparition dans les parages et celui-ci ouvrit les nĂ©gociations avec Byzance. Contre la promesse de ne pas prendre Thessalonique, SymĂ©on put Ă©tendre ses frontiĂšres jusqu’à Nea Philadelphia (NareĆĄ), quelque vingt-deux kilomĂštres au nord de Thessalonique. De plus, les Byzantins reconnurent son occupation de la plus grande partie de la MacĂ©doine prise par les Bulgares depuis le milieu du IXe siĂšcle, annexant les tribus slaves bulgaro-macĂ©doniennes Ă  l’ouest de leur empire[48] - [49].

La mort de LĂ©on VI le donna lieu Ă  une rĂ©volution de palais Ă  Constantinople. Son successeur, Constantin VII (r. 913-959), Ă©tait un fils qu’il avait eu de sa quatriĂšme Ă©pouse, Zoe Karbonopsina, mariage non reconnu par l’Église. Le frĂšre de LĂ©on VI, Alexandre, ambitionnait de saisir le trĂŽne. Lorsque ce dernier expulsa la mĂšre de Constantin du palais, SimĂ©on y vit prĂ©texte Ă  rĂ©clamer la succession de l’empire pour lui-mĂȘme afin de remplacer Byzance comme principal puissance de la rĂ©gion et, possiblement, de former un nouvel empire byzantino-bulgare. Alexandre mourut le , laissant la direction de l’empire Ă  un conseil de rĂ©gence ayant Ă  sa tĂȘte le patriarche Nicolas Mystikos (dĂ©posĂ© pour avoir refusĂ© de reconnaitre le quatriĂšme mariage de LĂ©on VI) et en Ă©cartant de la rĂ©gence, contre tous les usages, ZoĂ©, la mĂšre de l’empereur. Ceci donna l’occasion Ă  SimĂ©on de se diriger Ă  la tĂȘte de ses troupes vers Constantinople Ă  la fin juillet ou en aout 913. Les nĂ©gociations qui s’ensuivirent virent les Byzantins promettre de payer les arrĂ©rages des tributs dus aux Bulgares et la promesse que Constantin VII Ă©pouserait l’une des filles de SimĂ©on. Mais, peut-ĂȘtre plus important encore, le patriarche dut « couronner » SimĂ©on, le faisant empereur. La nature de ce couronnement soulĂšve plusieurs interrogations, le patriarche n’ayant pas placĂ© sur la tĂȘte de SimĂ©on une couronne (stemma), mais plutĂŽt sa mitre Ă©piscopale (epirrhiptarion). Quoi qu’il en soit, Ă  partir de ce moment et jusqu’à sa mort, SimĂ©on utilisera le titre d’ « Empereur des Bulgares et des Romains »[50] - [51] - [52] - [53].

Les forces bulgares dĂ©faisant l’armĂ©e byzantine Ă  Bulgarophygon en 896 (Miniature de la Chronique de Jean SkylitzĂšs).

SimĂ©on retourna alors en Bulgarie. À Constantinople, ZoĂ© parvint Ă  retourner au palais et prit le contrĂŽle des affaires en . Elle renvoya le patriarche Nicolas du gouvernement, dĂ©savoua la reconnaissance du titre impĂ©rial de SimĂ©on et rejeta le plan visant Ă  ce que son fils Ă©pouse une fille de SimĂ©on. En reprĂ©sailles, SimĂ©on envahit la Thrace Ă  l’étĂ© 914 et captura Andrinople. En 917, une armĂ©e byzantine sous la conduite de LĂ©on Phocas, fils de NicĂ©phore Phocas, envahit la Bulgarie avec l’aide de la flotte byzantine sous le commandement de Romain LĂ©capĂšne qui se dirigea vers les ports de la mer Noire. En route vers Messembria oĂč elles devaient recevoir des renforts transportĂ©s par mer, les forces de LĂ©capĂšne s’arrĂȘtĂšrent prĂšs du port d’Anchialos. Lorsqu’il eut vent de cette invasion, SimĂ©on se hĂąta d’aller au-devant des Byzantins qu’il prit par surprise Ă  partir des collines avoisinantes. La bataille d'Anchialos le 20 aout 917 fut l’une des plus importantes de l’histoire mĂ©diĂ©vale : les Bulgares dĂ©firent complĂštement les Byzantins, tuant plusieurs gĂ©nĂ©raux; Phocas lui-mĂȘme parvint toutefois Ă  s’échapper et Ă  fuir Ă  Messembria[54]. AprĂšs cette victoire, SimĂ©on s’allia aux leaders petchenĂšgues et entreprit une offensive de grande envergure contre les territoires byzantins d’Europe s’avançant jusqu’aux portes de Constantinople et affrontant LĂ©on Phocas qui Ă©tait entretemps de retour prĂšs du village de Katasyrtai tout prĂšs de la capitale[55] - [56].

Le tsar bulgare mena Ă©galement une politique agressive Ă  l’endroit des principautĂ©s serbes qui Ă©taient favorables Ă  Byzance. Des troupes bulgares conduites par ThĂ©odore Sigritsa et Marmais envahirent le pays, dĂ©posant au passage des souverains locaux comme Petar Gojniković et Pavle Branović[57]. Pendant ce temps, en 919 Ă  Constantinople, l’amiral Romain LecapĂšne avait remplacĂ© l’impĂ©ratrice ZoĂ© en tant que rĂ©gent du jeune Constantin VII; il fit un pas de plus en prenant le titre de coempereur en , assumant ainsi la direction de fait de l’empire. Furieux, SimĂ©on, incapable de s’emparer du trĂŽne byzantin par des moyens diplomatiques se rĂ©solut Ă  recourir aux armes pour imposer sa volontĂ©. Il augmenta la pression sur Byzance de 920 Ă  922 en menant Ă  l’ouest des raids en Thessalie, se rendant jusqu’à l’isthme de Corinthe et Ă  l’est en Thrace, et en s’avançant jusqu’aux Dardanelles qu’il traversa pour assiĂ©ger la ville de Lampsacus. En 921, les forces de SimĂ©on apparurent devant Constantinople et exigĂšrent la dĂ©position de LecapĂšne. En 922, victorieux Ă  Pigae, ils ravagĂšrent la Corne d’Or et s’emparĂšrent de Bizye[58] - [59].

RĂ©alisant toutefois qu’il ne pourrait s’emparer de Constantinople sans une flotte, SimĂ©on envoya une dĂ©lĂ©gation chez le souverain fatimide Ubayd Allah al-Mahdi Billah en Afrique du Nord, lequel possĂ©dait une puissante force maritime. Le Fatimide accepta de l’aider et envoya ses propres reprĂ©sentants avec les dĂ©lĂ©guĂ©s bulgares pour conclure une alliance. Cependant ceux-ci furent arrĂȘtĂ©s par les Byzantins Ă  Calabria; ceux-ci envoyĂšrent leur propre dĂ©lĂ©gation en Égypte, offrant de gĂ©nĂ©reux cadeaux pour que les Fatimides renoncent Ă  cette alliance, ce Ă  quoi ces derniers agrĂ©Ăšrent[60] - [61].

Les Balkans en 925.

En Serbie, Pavle Branović, alliĂ© des Byzantins, faisait la lutte Ă  son cousin Zaharija Pribislavljević pour le contrĂŽle du pays. Pavle Ă©tant alliĂ© des Byzantins, SimĂ©on enrĂŽla Zaharije et l’envoya avec une petite armĂ©e pour lutter contre son cousin lui promettant le trĂŽne s’il rĂ©ussissait. Zaharije rĂ©ussit Ă  dĂ©faire son cousin et Ă  prendre le contrĂŽle du pays. Toutefois, ayant passĂ© de longues annĂ©es Ă  Constantinople et se souvenant d’avoir Ă©tĂ© en captivitĂ© chez les Bulgares, il se tourna bientĂŽt du cĂŽtĂ© byzantin et se mit Ă  inciter les diverses tribus slaves situĂ©es le long de la frontiĂšre avec la Bulgarie Ă  se rebeller. AlertĂ©, SimĂ©on envoya une petite armĂ©e qui fut battue et la tĂȘte de plusieurs gĂ©nĂ©raux furent envoyĂ©es par Zaharije Ă  Constantinople[62] - [57] - [63].

Ainsi dĂ©boutĂ© Ă  la fois par les Fatimides et par les Serbes, SimĂ©on chercha Ă  conclure une trĂȘve avec Romain LecapĂšne. Une rencontre fut organisĂ©e sur la Corne d’Or le ; un accord de paix fut discutĂ©, mais SimĂ©on quitta l’entrevue sans rien signer ou promettre quoi que ce soit[64].

En 926, les troupes bulgares envahirent la Croatie, alliĂ©e de Byzance, oĂč s’était rĂ©fugiĂ© Zaharije Pribislavljević aprĂšs que SimĂ©on ait envoyĂ© des troupes contre son ancien alliĂ© et prit possession de l’ensemble du pays. Toutefois, son armĂ©e fut sĂ©vĂšrement battue par celle du roi Tomislav de Croatie (r. vers 910-928) Ă  la bataille des hauteurs de Bosnie. Le pape intervint alors pour nĂ©gocier la paix entre les deux souverains. Quoique l’armĂ©e envoyĂ©e par SimĂ©on en Croatie ait Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truite, il lui restait suffisamment de forces pour envisager une nouvelle agression contre Constantinople [65] - [66] - [63].

Quatorze annĂ©es de guerre ne permirent pas Ă  SimĂ©on de rĂ©aliser son objectif de conquĂ©rir le trĂŽne de Byzance. Et c’est alors qu’il prĂ©parait une nouvelle invasion qu’il mourut d’une crise cardiaque Ă  Preslav le [67] - [66] - [68].

Relations entre Pierre Ier et les Byzantins

L’empereur NicĂ©phore II Phocas.

Peu aprĂšs son accession, le nouveau tsar Pierre Ier (r. 927-969) reprit les armes contre Byzance en envahissant la Thrace. AprĂšs cette dĂ©monstration de force militaire, Pierre envoya une dĂ©lĂ©gation Ă  Constantinople pour conclure la paix. Les frontiĂšres furent ainsi rĂ©tablies le long des tracĂ©s fixĂ©s par les prĂ©cĂ©dents traitĂ©s de 897 et 904. Les rĂ©centes conquĂȘtes de la Bulgarie en Thrace furent remises Ă  Byzance qui, en retour, reconnut le contrĂŽle bulgare sur l’intĂ©rieur de la MacĂ©doine. Une alliance matrimoniale fut conclue en vertu de laquelle Pierre obtint comme Ă©pouse Maria LĂ©capĂšne, petite-fille de Romain Ier; Constantinople consentit Ă©galement le paiement d’un tribut annuel, la reconnaissance du titre d’empereur (tsar) de Pierre et l’autonomie de l’Église bulgare. Cette paix devait durer jusqu’en 966[69] - [68] - [70].

Lorsque Maria LĂ©capĂšne mourut au milieu des annĂ©es 960, le nouvel empereur byzantin, NicĂ©phore II Phocas (r. 963-969) refusa de payer le tribut Ă  la Bulgarie, prĂ©textant que les sommes versĂ©es jusque-lĂ  n’étaient qu’une allocation de subsistance pour la princesse cessant Ă  la mort de celle-ci. Pour montrer son sĂ©rieux, il fit une dĂ©monstration de force Ă  la frontiĂšre entre les deux États. Comme on lui dĂ©conseillait d’envahir directement la Bulgarie, il envoya un Ă©missaire au prince Sviatoslav Igorevich de Kiev pour inciter cet État Ă  envahir la Bulgarie par le nord. Sviatoslav, ravi de cette proposition, lança une puissante armĂ©e contre la Bulgarie qui dĂ©fit les Bulgares sur le Danube, s’emparant de quelque quatre-vingt forteresses en 967. L’annĂ©e suivante, Pierre Ier envoya deux de ses fils nĂ©gocier un traitĂ© de paix Ă  Constantinople et, semble-t-il, servir d’otages[71] - [72] - [73].

Invasion de Sviatoslav et conquĂȘte byzantine de la Bulgarie

Sviatoslav Ier le Brave portant la vychyvanka.

L’un des deux fils de Pierre envoyĂ© Ă  Constantinople Ă©tait le futur empereur Boris II (r. 969-977). L’accord qu’il avait mission de nĂ©gocier devait mettre fin au conflit entre Byzance et la Bulgarie qui pourraient dĂšs lors unir leurs forces contre le trop puissant Sviatoslav Ier (r. 962-972) de Kiev. L’annĂ©e suivante toutefois une nouvelle invasion kiĂ©vienne devait dĂ©faire les forces bulgares, Ă  la suite de quoi Pierre Ier abdiqua et se retira dans un monastĂšre. Boris reçut alors dans des circonstances quelque peu mystĂ©rieuses la permission de retourner en Bulgarie pour prendre la place de son pĂšre[74] - [75].

Boris II se rĂ©vĂ©la toutefois incapable d’arrĂȘter la progression des forces kiĂ©viennes et se trouva bientĂŽt forcĂ© de faire alliance avec Kiev pour se tourner contre les Byzantins. Une nouvelle campagne kiĂ©vienne contre la Thrace fut toutefois arrĂȘtĂ©e par le nouvel empereur byzantin Jean Ier TzimiscĂšs (r. 969-976) Ă  Arcadiopolis en 970, lequel en profita pour s’avancer dans le nord. Ne pouvant fermer les cols des Balkans, Sviatoslav laissa les Byzantins progresser en MĂ©sie oĂč ils mirent le siĂšge devant la capitale Preslav. MĂȘme si KĂ©viens et Bulgares joignirent leurs forces pour dĂ©fendre la ville, les Byzantins aprĂšs avoir mis le feu aux structures de bois et aux toits avec leurs missiles, s’emparĂšrent de l’endroit. Boris II fut fait prisonnier par Jean TzimiscĂšs qui continua Ă  poursuivre les KiĂ©viens jusqu’à Drastar (aujourd’hui Silistra en Bulgarie) en affirmant ĂȘtre l’alliĂ© et le protecteur de Boris qu’il traita avec le plus grand respect. Toutefois, aprĂšs que Sviatoslav ait Ă©tĂ© forcĂ© de nĂ©gocier et soit retournĂ© chez lui, TzimiscĂšs fit de mĂȘme, amenant avec lui la famille royale bulgare prisonniĂšre de mĂȘme que le trĂ©sor de l’empire. Au cours d’une cĂ©rĂ©monie en 971 Ă  Constantinople, on retira officiellement Ă  Boris II ses insignes impĂ©riaux pour ne lui laisser que le titre byzantin de «magistros ». Les territoires bulgares de Thrace et de MĂ©sie infĂ©rieure devinrent partie intĂ©grante de l’Empire byzantin et furent confiĂ©s Ă  des gouverneurs nommĂ©s par Constantinople; le patriarcat bulgare fut aboli [76] - [77] - [78].

Le tsar Samuel et la conquĂȘte de la Bulgarie par Basile II

La Bulgarie sous les Comitopouli, vers 1000

La cĂ©rĂ©monie de 971 avait comme but de rendre officielle la fin de l’Empire bulgare; toutefois, les Byzantins s’avĂ©rĂšrent incapables d’exercer un contrĂŽle effectif sur les provinces occidentales de la Bulgarie. Celles-ci continuĂšrent Ă  ĂȘtre dirigĂ©es par leurs propres gouverneurs au nombre desquels se trouvait une famille aristocratique Ă  la tĂȘte de laquelle se trouvaient quatre frĂšres surnommĂ©s les « ComitopouloĂŻ » (littĂ©ralement : fils du comte), nommĂ©s David, MoĂŻse, Aaron et Samuel. ConsidĂ©rĂ©s comme des rebelles par le pouvoir de Constantinople, ces quatre frĂšres se considĂ©raient plutĂŽt comme un « conseil de rĂ©gence » en l’absence de Boris[79] - [80] - [75].

Alors que les frĂšres commençaient Ă  attaquer les territoires avoisinants sous la tutelle de Constantinople, les autoritĂ©s byzantines eurent recours Ă  un stratagĂšme qui permit Ă  Boris II et Ă  son frĂšre Romain de « s’évader », espĂ©rant que leur apparition en Bulgarie crĂ©erait une scission entre les ComitopouloĂŻ et les autres leaders bulgares. Mais alors que les frĂšres entraient dans une rĂ©gion contrĂŽlĂ©e par les Bulgares en 977, Boris II fut pris pour un noble byzantin en raison de ses habits et tuĂ© par un garde frontalier. Romain parvint toutefois Ă  faire reconnaitre son identitĂ© et fut reconnu comme l’empereur lĂ©gitime. Toutefois, ayant Ă©tĂ© castrĂ© par les Byzantins pour ne plus avoir d’enfants et ne pouvant de ce fait monter sur le trĂŽne. Il appartint donc au plus jeune des frĂšres, Samuel, de prendre la tĂȘte de la rĂ©sistance contre les Byzantins[81] - [75] - [82].

L’empire de Samuel se distinguait de l’empire de SimĂ©on par un dĂ©placement de son centre de gravitĂ© vers le sud-ouest, la nouvelle capitale ayant Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  Ohrid (aujourd’hui en RĂ©p. de MacĂ©doine du Nord) qui devint aussi le siĂšge du patriarcat bulgare rĂ©tabli aprĂšs avoir Ă©tĂ© supprimĂ© par Jean TzimiscĂšs[83]. Éventuellement, les Byzantins rĂ©ussirent Ă  se soumettre l’ensemble de la Bulgarie; Samuel nĂ©anmoins rĂ©sista Ă  Basile II pendant des dĂ©cennies, parvenant Ă  mettre en dĂ©route l’armĂ©e de Basile lors de la bataille des Portes de Trajan en 986[84]. La victoire de Samuel incita le pape GrĂ©goire V Ă  le reconnaitre comme « tsar » et il fut couronnĂ© Ă  Rome en 997.

La guerre reprit sur une grande Ă©chelle en 1002. Cette fois, l’armĂ©e de Basile Ă©tait plus puissante et ce dernier Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  conquĂ©rir la Bulgarie une fois pour toutes. Il dĂ©ploya son armĂ©e qui venait de rentrer victorieuse aprĂšs une campagne contre les Arabes en Orient et Samuel fut forcĂ© de se retirer Ă  l’intĂ©rieur du pays tout en continuant une guerre de guĂ©rilla contre les Byzantins, espĂ©rant amener ceux-ci Ă  nĂ©gocier. Pendant une douzaine d’annĂ©es il parvint ainsi Ă  sauvegarder l’indĂ©pendance de la Bulgarie et Ă  empĂȘcher Basile de s’emparer des principales villes du pays, y compris Ohrid, la capitale[85] - [86] - [87].

Le , Basile II rĂ©ussit Ă  coincer la principale armĂ©e bulgare Ă  Kleidion (de nos jours dans la province de Blagoevgrad en Bulgarie) et Ă  engager la bataille alors que Samuel Ă©tait absent. Ce fut une victoire Ă©clatante pour Basile II, lequel selon la lĂ©gende aurait fait aveugler 14 000 prisonniers ne laissant qu’un homme sur cent avec un seul Ɠil pour guider le retour de ses camarades. À la vue de cette misĂ©rable colonne, le tsar Samuel s’accusant lui-mĂȘme de la dĂ©faite, aurait eu une crise cardiaque dont il serait mort moins de trois mois plus tard, le . C’est Ă  la suite de cette lĂ©gende que Basile II aurait reçu le surnom de Bulgaroctone ou « Tueur de Bulgares »[88] - [89] - [90].

Ivan Vladislav

Une victoire des Byzantins sur les Bulgares. Au moment oĂč Ivan Vladislav monta sur le trĂŽne nombre de forteresses bulgares avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© conquises par la force ou par trahison (Miniature de la Chronique de Jean SkylitzĂšs).

Ce qui restait de l’empire de Samuel passa Ă  son fils Gavril (Gabriel) Radomir. Les dĂ©faites se succĂ©dĂšrent alors que les Byzantins s’emparaient de nombreuses forteresses du pays. En 1015, Gavril Radomir fut assassinĂ© par son cousin Ivan (Jean) Valdislav (r. 1015-1018), fils d’Aaron l’un des quatre frĂšres ComitopouloĂŻ. La situation du pays Ă©tant presque dĂ©sespĂ©rĂ©e aprĂšs deux dĂ©cennies de guerre avec l’Empire byzantin, et afin de consolider sa position, Ivan Vladislav tenta de nĂ©gocier une trĂȘve avec Basile II. Les nĂ©gociations ayant Ă©chouĂ©, il poursuivit la rĂ©sistance tentant, mais en vain de repousser les Byzantins en renforçant son armĂ©e, en reconstruisant de nombreuses forteresses et en poussant les PetchenĂšgues Ă  venir Ă  son aide [91] - [92] - [93].

Les forces byzantines ayant pĂ©nĂ©trĂ© fort avant dans son empire en 1016, il tenta de rallier ses forces et de consolider son pouvoir sur la cĂŽte sud-est de l’Adriatique. À l’hiver 1018, il commença le siĂšge de Dyrrachium (aujourd’hui Durazzo en Albanie), mais fut tuĂ© pendant une contre-attaque des dĂ©fenseurs de la citĂ© devant les murs de la ville. Ce fut la derniĂšre des grandes batailles entre le premier empire bulgare et Byzance[91] - [94].

AprĂšs la mort d’Ivan Vladislav, la majeure partie de la noblesse bulgare et de la cour, y compris son Ă©pouse Maria, se soumit Ă  Basile II en Ă©change de garanties pour leurs propres vies, leurs statuts et leurs biens. Une partie de la noblesse fut transfĂ©rĂ©e en Anatolie oĂč elle reçut des terres en pronoia, des titres de noblesse et, souvent, des Ă©pouses byzantines. Une faction de la noblesse et de l’armĂ©e toutefois se rallia au fils ainĂ© d’Ivan Vladislav, Presian, et continua la lutte dans la rĂ©gion de Sirmium jusqu’en 1019, aprĂšs quoi il fut amenĂ© captif Ă  Constantinople oĂč il reçut le titre de magistros comme l’avait Ă©tĂ© Boris II [95] - [96].

Domination byzantine

Petar (Pierre) II Delyan

Peter Delyan est proclamé empereur de Bulgarie

Les annĂ©es 1030 furent une dĂ©cennie de sĂ©cheresse et de mauvaises rĂ©coltes. De plus les successeurs byzantins de Basile II ne firent pas preuve de la mĂȘme souplesse dans l’administration de la Bulgarie. Il en rĂ©sulta une rĂ©volte contre les Byzantins au cours de l’étĂ© 1040, conduite par Pierre Deljan qui se disait fils de Gavril Radomir et qui s’empara du pouvoir sous le nom de Petar II Delyan (r. 1040 – 1041)[97] - [98] - [99]. Celui-ci rĂ©ussit d’abord Ă  s’emparer de NiĆĄ et de Skopje en s’alliant d’abord Ă  un autre leader rĂ©volutionnaire, Tihomir, qui avait dirigĂ© la rĂ©bellion dans la rĂ©gion de Durazzo, puis en l’éliminant. Il se dirigea alors vers Thessalonique oĂč se trouvait l’empereur 8 (r. 1034-1041). Michel s’enfuit laissant derriĂšre lui le trĂ©sor impĂ©rial qui aboutit bientĂŽt dans les mains de Petar[100] - [101] - [102].

Les succĂšs de Petar prirent fin lorsque son cousin, Alousianos, (petit-fils d’Aaron ComitopouloĂŻ et dont le pĂšre Ivan Vladislav avait assassinĂ© le pĂšre de Petar, Gavril Radomir), se prĂ©sentant comme un dĂ©serteur de la cour byzantine oĂč il vivait en disgrĂące, il vint rencontrer Petar qui le reçut chaleureusement et lui confia une partie de son armĂ©e pour attaquer Thessalonique. Une sortie des assiĂ©gĂ©s le , jour de la fĂȘte du saint patron de la ville, saint DĂ©mĂ©trios, conduisit Ă  la dĂ©faite de cette armĂ©e [100].

L’annĂ©e suivante, au cours d’un diner pendant lequel Petar s’enivra, Alousianos en profita pour lui couper le nez et l’aveugler avant de le livrer Ă  Michel IV. Se rĂ©clamant du sang de Samuel, il fut proclamĂ© empereur par les troupes, mais il fit dĂ©fection et, alors que son armĂ©e se prĂ©parait Ă  la bataille, il retourna Ă  Constantinople. Bien qu’aveugle, Petar prit le commandement de ses troupes mais fut dĂ©fait par les Byzantins Ă  la bataille d’Ostrovo et amenĂ© Ă  Constantinople oĂč il fut possiblement exĂ©cutĂ©[100].

Petar III

Constantin Bodin (Petar III), portrait fantaisiste du XIXe siĂšcle

En 1072, les nobles bulgares se rĂ©voltĂšrent Ă  Skopje contre le gouvernement byzantin sous la direction de George Voitekh (Georgi Vojteh), un descendant de la premiĂšre famille noble de la cour bulgare qui incita le roi Michel de Zeta (DioclĂ©e) Ă  prĂ©senter un de ses fils comme successeur de Petar II. Le septiĂšme fils de Michel, Constantin Bodin, fut ainsi choisi et couronnĂ© Ă  Skopje sous le nom de Petar III[103] - [104] - [105]. Les troupes du nouvel empereur Petar III prirent NiĆĄ et Ohrid, mais subirent une dĂ©faite Ă©crasante Ă  la bataille de Kastoria. La contre-attaque byzantine prit Skopje avec l'aide de George Voitekh, qui trahit d'abord Petar III, et ensuite tenta de trahir les Byzantins, mais en vain. Dans une autre bataille, Petar III fut capturĂ© par les Byzantins et envoyĂ© prisonnier Ă  Constantinople. Il y demeura prisonnier de longues annĂ©es jusqu’à ce, vers 1078, il soit dĂ©livrĂ© par des marins vĂ©nitiens ou que sa famille ait payĂ© une importante rançon. Il succĂ©da Ă  son pĂšre, Michel Ier en 1081[106].

En dĂ©pit de son antĂ©rieure opposition Ă  l'Empire byzantin, Constantin Bodin soutint d’abord les Byzantins contre l'attaque de Robert Guiscard et ses Normands Ă  Durazzo en 1081, mais ensuite resta inactif, permettant aux Normands prendre la ville[107]. AprĂšs la mort de Robert Guiscard en 1085, Constantin Bodin dut faire face Ă  l'hostilitĂ© de l'Empire byzantin, qui rĂ©cupĂ©ra Durazzo et, pour punir le roi de DioclĂ©e d'avoir pris le parti des Normands, lança une campagne entre 1089 et 1091 qui permit de faire captif Constantin Bodin une seconde fois[N 2]. Celui-ci mourut en 1101 ou en 1108[108].

Second empire bulgare

Fondation

L’église Saint-DĂ©mĂ©trius de Tărnovo construite par les deux frĂšres ThĂ©odore et Ivan au dĂ©but de leur insurrection.

Afin de lutter contre les Normands, l’empereur byzantin s’était rendu en Bulgarie recruter des hommes et distribuant des fiefs (pronoia) Ă  cet effet. À l’automne, ayant levĂ© suffisamment de troupes, il parvint Ă  chasser les Normands des Balkans. C’est alors que deux frĂšres d’origine valaque, ThĂ©odore (qui devait devenir le futur Pierre IV) et Ivan (Jean) Assen, se prĂ©sentĂšrent devant l’empereur Isaac II Ange (1185 – 1195 et 1203 – 1204) Ă  Kypsela pour rĂ©clamer Ă  leur tour une pronoia dans la rĂ©gion des montagnes du Grand Balkan. Leur demande ayant Ă©tĂ© refusĂ©e avec morgue et Ivan frappĂ© durant l’esclandre par l’oncle de l’empereur, ceux-ci retournĂšrent dans la rĂ©gion de Tărnovo oĂč la mauvaise administration et les impĂŽts extraordinaires levĂ©s pour financer la guerre contre Guillaume II de Sicile et pour cĂ©lĂ©brer le mariage de l’empereur avec Marguerite de Hongrie avaient conduit Ă  de nombreuses rĂ©voltes en pays valaque. Bulgares et Valaques dĂ©cident donc de s'allier et de faire alliance avec les Coumans et le joupan serbe Étienne Nemanja. Ne pouvant s’emparer de la capitale historique de Preslav, ils s’établirent dans une nouvelle capitale, Tărnovo qui devient le centre de la rĂ©volte alors que ThĂ©odore-Pierre revĂȘtait les insignes impĂ©riaux sous le nom de Pierre IV[109] - [110] - [111].

En peu de temps les insurgĂ©s prirent le contrĂŽle des rĂ©gions formant les actuelles Bulgarie, MacĂ©doine et Serbie orientale; seules la DobrogĂ©e et la cĂŽte de la Mer Noire demeuraient hors de leur portĂ©e. À partir de l’étĂ© 1186, Isaac II au cours de quatre campagnes dont deux qu’il dirigea lui-mĂȘme infligea plusieurs dĂ©faites aux Valaques, les repoussant au nord du Danube. Ces victoires ne rĂ©ussirent pas Ă  briser les rebelles et Isaac dut se rĂ©soudre Ă  nĂ©gocier. Un accord fut signĂ© Ă  Lovetch en 1186 qui reconnaissait de fait le Second Empire bulgare[112] - [113]. En 1189, Pierre IV proclama son frĂšre cadet Ivan Assen corĂ©gent, ne se rĂ©servant que le nord-est du pays avec Preslav comme centre; Ivan devenait ainsi le principal souverain[114] - [115].

Pendant cette pĂ©riode, Étienne Nemanja, grand Ćœupan de Serbie s’empara d’une partie des territoires byzantins encore soumis au gouverneur de Braničevo en Bulgarie[116], Ă  la suite de quoi Nemanja et Pierre IV conclurent un accord contre Byzance [117]. AprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de la « rĂ©gion oĂč le Danube rencontre la mer » (l’actuelle Dobruja)[118], Pierre IV envoya un Ă©missaire Ă  Barberousse pour proposer une alliance contre les Byzantins[119]. Isaac II fit de mĂȘme, mais Barberousse, dĂ©sireux d’aller directement en Terre Sainte, rejeta les deux offres[120] - [121] - [115].

Une fois passĂ©e la troisiĂšme croisade, Isaac II dĂ©cida de porter un grand coup contre les Bulgares et une puissante armĂ©e se dirigea vers la Bulgarie oĂč elle mit le siĂšge devant Tărnovo oĂč rĂ©gnait maintenant Ivan Assen (r. 1189-1196). Celui-ci infligea une sĂ©vĂšre dĂ©faite aux Byzantins prĂšs d’Arcadiopolis (aujourd’hui LĂŒleburgaz en Turquie Ă  la frontiĂšre bulgare) qui fut anĂ©antie. Les Bulgares avaient alors la voie libre pour envahir la Thrace. Jusqu’à ce jour, la chaine du Grand Balkan avait constituĂ© la frontiĂšre entre les empires bulgare et byzantin. AprĂšs la victoire d’Arcadiopolis, l’enjeu devenait le sud de la Thrace, la rĂ©gion des Rhodopes et la MacĂ©doine[122] - [123].

En 1195, Isaac II prĂ©parait une sixiĂšme invasion de la Bulgarie par le sud alors que la Bela de Hongrie ferait de mĂȘme par le nord[124]. Toutefois il fut renversĂ© par Alexis III Ange (r. 1195-1203) qui, pour faire oublier ce coup d’État dĂ©pensa sans compter le trĂ©sor public, alors que l’empereur romain germanique Henri VI exigeait le versement d’un tribut de 5 000 livres (rĂ©duit par la suite Ă  1600). Les Bulgares profitĂšrent de la situation pour s’enfoncer dans les Rhodopes, parvenant jusqu’aux abords de Thessalonique [125].

Lorsque l’empereur Ivan Ier Assen fut assassinĂ©, son successeur Kaloyan (surnom signifiant « le beau Jean » : en bulgare ИĐČĐ°Đœ ĐšĐ°Đ»ĐŸŃĐœ, en français Ivan Kaloyan) (r. 1197-1207) continua la politique hostile Ă  l'Empire byzantin et obtint l'allĂ©geance d'Ivanko, l’assassin de Ivan Assen Ier, qui avait Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© par les Byzantins par le poste de thĂ©marque de Philippopolis[126] - [127] - [128]. AprĂšs avoir obtenu du pape Innocent III la reconnaissance de son titre d’empereur, il força Alexis III Ă  en faire autant aprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de Konstanteia (Simeonovgrad en Bulgarie) en Thrace, de Varna en 1201 et de la plus grande partie de la MacĂ©doine slave en 1202. De plus, Alexis promit de reconnaĂźtre au mĂ©tropolite de Tărnovo le titre de patriarche de l'Église bulgare et valaque, chose Ă  laquelle se refusait le pape[129].

QuatriĂšme croisade

Ivan Assen II de Bulgarie

En 1204, la QuatriĂšme croisade aboutit Ă  la prise de Constantinople par les croisĂ©s et Ă  la crĂ©ation de l'Empire latin de Constantinople. Baudouin de Hainaut en devint l'empereur, et dĂ©cida de conquĂ©rir les anciennes terres de l'Empire byzantin, y compris le Regnum Bulgarorum et Valachorum. Les hostilitĂ©s furent dĂ©clenchĂ©es lorsque l’aristocratie grecque de Thrace, se sentant menacĂ©e par les Latins, fit appel Ă  Kaloyan. Le , l'armĂ©e bulgare surprit la cavalerie latine dans le nord d'Andrinople; l'empereur Baudouin fut capturĂ©, le comte Louis de Blois tuĂ©, et le doge de Venise Enrico Dandolo tenta de ramener les restes de l’armĂ©e Ă  Constantinople, mourant d'Ă©puisement durant cette retraite. Kaloyan en profita pour conquĂ©rir Serres et Philippopolis ainsi qu’une grande partie des territoires latins de Thrace et de MacĂ©doine[130] - [131] - [132].

L’inimitĂ© entre Bulgares et Latins se perpĂ©tua, Kaloyan adoptant le surnom de RĂŽmaioktonos (« Tueurs de Romains ») rĂ©fĂ©rence dĂ©risoire au titre que Basile II s’était lui-mĂȘme appropriĂ© de Boulgaroktonos. Kaloyan mourut devant les murs de Thessalonique en 1207 dans des circonstances mystĂ©rieuses.

Boril (r. 1207-1217), fils d’une sƓur des rois Asen, Pierre et Kaloyan, lui succĂ©da et Ă©pousa la femme de son prĂ©dĂ©cesseur elle aussi coumane. Mais son autoritĂ© fut dĂšs le dĂ©part contestĂ©e de toutes parts. L’hĂ©ritier lĂ©gitime, le prince Ivan (Jean) Assen (futur Ivan Assen II), et son frĂšre Alexandre se rĂ©fugiĂšrent dans la PrincipautĂ© de Galicie-Volhynie et commencĂšrent Ă  intriguer contre lui, pendant que son cousin Alexis Slave dĂ©clarait son indĂ©pendance dans les Rhodopes et pendant qu’un autre neveu de Kaloyan du nom de Strez faisait de mĂȘme dans la forteresse de ProsĂȘk sur le Vardar. Avec l’aide des Serbes, ce dernier Ă©tendit son territoire Ă  travers la MacĂ©doine jusqu’à Bitola (sud-ouest de la rĂ©publique de MacĂ©doine)[133].

Boril pour satisfaire ses boyards et ses auxiliaires coumans, reprit la politique de son prĂ©dĂ©cesseur contre l’Empire latin de Constantinople et en envahit la Thrace. L’armĂ©e bulgaro-valaque et les Coumans furent Ă©crasĂ©s le devant Philippopolis par le nouvel empereur Henri de Hainaut[134] - [135] - [136].

En 1209, Boril conclut un accord avec ThĂ©odore Laskaris, empereur Ă  NicĂ©e, et Michel, despote d’Épire, lequel s’était dĂ©jĂ  reconnu vassal d’Henri. Au dĂ©but de 1211, les troupes de NicĂ©e traversĂšrent en Europe et mirent le siĂšge devant Constantinople. Henri, qui Ă©tait Ă  Thessalonique, se hĂąta de rentrer et dĂ©fendre sa capitale. Il persuada alors le sultan d’Iconium d’attaquer NicĂ©e, forçant ainsi ThĂ©odore Ă  lever le siĂšge de Constantinople. Aux prises avec les Bogomils Ă  l’intĂ©rieur, Boril se rĂ©vĂ©la incapable de rĂ©ussir les deux objectifs qu’il s’était fixĂ©s Ă  l’extĂ©rieur : regagner les territoires perdus en Thrace et prendre Thessalonique. Henri quant Ă  lui avait tout avantage Ă  Ă©loigner le pĂ©ril bulgare pour faire face Ă  ses autres ennemis dont les Serbes. La papautĂ© servit alors d’intermĂ©diaire et un accord fut conclu en 1213, scellĂ© par une alliance matrimoniale qui vit la fille adoptive de Boril Ă©pouser Henri de Hainaut devenu veuf[137] - [138].

Pendant ce temps une rĂ©volte se dĂ©clara en Bulgarie Ă  Vidin qui s’étendit bientĂŽt au nord-ouest de la Bulgarie. En 1217 le prĂ©tendant Ivan (Jean) Assen II revint en Bulgarie appuyĂ© par une armĂ©e russe et coumane. La capitale fut prise; capturĂ©, Boril fut aveuglĂ© et finit ses jours dans un monastĂšre pendant qu’Ivan (Jean) Assen II (r. 1218-1241) montait sur le trĂŽne [139] - [140]. Il lui fallut une douzaine d’annĂ©es pour reprendre le devant de la scĂšne qui, pendant le rĂšgne de Boril Ă©tait passĂ© au despotat d’Épire[141].

Habile diplomate, Ivan Assen II pratiqua une politique d’alliance matrimoniale avec pratiquement tous ses voisins. AprĂšs avoir, en 1219/1221, conclut un mariage dynastique avec Anne-Marie, la fille du roi AndrĂ© II de Hongrie, ce qui lui permet de rĂ©cupĂ©rer le banat de Craiova, le knĂ©sat slavo-valaque de TrgoviĆĄte et les villes serbes de Belgrade et Braničevo, il voulut renforcer vers 1229/1230 ses liens avec l'empire latin d'Orient en projetant le mariage de sa fille HĂ©lĂšne avec l'empereur Baudouin II de Courtenay. AprĂšs avoir vaincu l’éphĂ©mĂšre empereur de Thessalonique, ThĂ©odore Ier Ange Doukas ComnĂšne, lors de la bataille de Klokotnica, le , il se tourna vers l’empire de NicĂ©e et, en 1235, sa fille Helena Ă©pousa le futur ThĂ©odore II Laskaris, fils de l’empereur Jean III Doukas VatatzĂšs. Cette union coĂŻncidait avec la restauration du patriarcat bulgare avec le consentement du patriarche de Constantinople en exil ainsi qu’avec le siĂšge de Constantinople par les forces alliĂ©es de Jean III et d’Ivan Assen II. Par la suite toutefois, les Bulgares retirĂšrent leur aide lorsqu’il devint Ă©vident que ni l’Empire latin, ni l’Empire de NicĂ©e aux prises l’un avec l’autre, n’avaient la force nĂ©cessaire pour attaquer la Bulgarie[142] - [143] - [144] - [145].

Restauration de l’Empire byzantin et guerres civiles en Bulgarie

L’Empire byzantin sous Michel VIII PalĂ©ologue en 1265.

Peu aprĂšs avoir restaurĂ© l’Empire byzantin, Michel VIII PalĂ©ologue (r. 1261-1282) s’impliqua dans la guerre civile qui faisait rage en Bulgarie entre Ivan Assen III et IvaĂŻlo, garçon de ferme qui avait pris la tĂȘte d’une rĂ©volte dans le nord-est de la Bulgarie alors ravagĂ© par les Mongols et qui, Ă  la tĂȘte d’une armĂ©e de paysans, s’était emparĂ© de la capitale Tărnovo durant le rĂšgne de Michel Assen II encore enfant[146]. Michel VIII PalĂ©ologue dĂ©cida de porter au trĂŽne un fils de l’éphĂ©mĂšre tsar Mitzo (ou Mico – diminutif de Dimintri) Assen qui vivait en exil Ă  Constantinople, Ă  qui il donna sa fille aĂźnĂ©e IrĂšne comme Ă©pouse. AprĂšs avoir proclamĂ© son Ă©lĂ©vation au trĂŽne sous le nom d’Ivan Assen III (r. 1279-1280), il envoya plusieurs armĂ©es pour le porter au pouvoir [147] - [148]. IvaĂŻlo dĂ©fit plusieurs de ces armĂ©es, mais fut assiĂ©gĂ© pendant trois mois dans Drăstăr (Silistra) par les Mongols alliĂ©s de Michel VIII. Pendant ce temps, une force byzantine assiĂ©geait la capitale bulgare Tărnovo ; la noblesse locale, leurrĂ©e par une rumeur de la mort d'IvaĂŻlo, accepta de donner le titre d'empereur Ă  Ivan Assen III. Pour renforcer sa position dans Tărnovo, Ivan Asen III maria sa sƓur Marija (Kira Marija) au noble bulgaro-couman Georges Ier Terter (r. 1280-1292). MalgrĂ© cela, il fut incapable de s'imposer dans l'ensemble de l'empire. IvaĂŻlo rĂ©apparut devant les murs de la capitale et dĂ©fit deux tentatives byzantines pour secourir Ivan Assen III. DĂ©sespĂ©rĂ©s, l’empereur et son Ă©pouse IrĂšne PalĂ©ologue s'enfuirent secrĂštement Ă  Constantinople[149] - [150].

Georges Terter Ier fut alors proclamĂ© empereur. Il adopta une politique anti-byzantine et soutint Charles d’Anjou dans son offensive contre l’empire byzantin[151]. AprĂšs que son alliĂ© ait dĂ» se retirer des Balkans et que lui-mĂȘme ait dĂ» cĂ©der le nord de la MacĂ©doine aux Serbes, il signa en 1284 un traitĂ© de paix avec Constantinople, ce qui permit le retour de son fils ThĂ©odore Svetoslav qui y Ă©tait retenu comme otage[152].

Guerre de Théodore Svetoslav contre Byzance

Au XIIIe siĂšcle tant l’Empire byzantin que l’Empire bulgare Ă©taient en dĂ©clin et durent Ă  maintes reprises soit s’allier pour faire front commun contre des envahisseurs comme les Mongols ou les Turcs, soit s’allier Ă  l’un de ceux-ci contre l’autre empire. AprĂšs avoir passĂ© plusieurs annĂ©es Ă  Constantinople comme otage, ThĂ©odore Svetoslav (r. 1300-1322) fut envoyĂ© de la mĂȘme façon Ă  la cour du khan mongol NogaĂŻ qu’il accompagna dans sa conquĂȘte de la Bulgarie oĂč il se fit proclamer empereur, demeurant le vassal des Mongols[153].

Profitant du reflux des Mongols, ThĂ©odore Svetoslav Ă©tendit ensuite progressivement son pouvoir sur la Bessarabie jusqu’à Kilia et aux rives du Dniestr. Il prit Ă©galement l’offensive dans le nord de la Thrace, occupant les ports byzantins de la Mer Noire de Messembria (Nesebăr) et Anchialos (Pomorie) ainsi que Sozopolis (Sozopol) et Agathopolis (Ahtopol) en 1303. Les Byzantins contre-attaquĂšrent mais ils furent dĂ©faits Ă  la bataille de Skafida en 1304 oĂč l’empereur Michel IX PalĂ©ologue (r. 1294-1320) dut prendre la fuite [154].

En 1306, ThĂ©odore Svetoslav prit Ă  son service les mercenaires alains en rĂ©volte contre Byzance qu’il Ă©tablit sur son territoire et tenta de faire de mĂȘme avec ceux de la Compagnie catalane Ă©galement en rĂ©volte contre leur employeur. L’annĂ©e suivante, il rĂ©ussit Ă  faire la paix avec Byzance qui reconnut ses conquĂȘtes et en 1320 il Ă©pousa ThĂ©odora, une fille de l’empereur associĂ© Michel IX PalĂ©ologue. Il devait par la suite rester en paix avec ses voisins jusqu’à sa mort en 1322[154] - [155].

Guerre de Georges II Terter et de Michel III Chichman contre Byzance

La Bulgarie durant le rĂšgne de Michel Chichman.

Ayant succĂ©dĂ© Ă  son pĂšre en 1322, Georges II Terter (r. 1322-1323) devint presque immĂ©diatement impliquĂ© dans la guerre civile qui opposait Andronic II PalĂ©ologue (r. 1282-1328) Ă  son petit-fils, Andronic III PalĂ©ologue (r. 1328-1381). Profitant de la situation, Georges Terter II envahit la Thrace byzantine et, n’y rencontrant pratiquement aucune rĂ©sistance, s’empara de Philippopolis l’annĂ©e mĂȘme de sa proclamation. Au cours d’une nouvelle campagne, il s’empara de plusieurs forteresses dans la rĂ©gion d’Andrinople mais il fut finalement dĂ©fait par les troupes d’Andronic III, lequel prĂ©parait une invasion de la Bulgarie lorsqu’il apprit la nouvelle de la mort du tsar bulgare, apparemment de causes naturelles[156].

Une certaine confusion rĂ©gna alors en Bulgarie oĂč Michel III Chichman[N 3] (r. 1323-1330) monta sur le trĂŽne. Ce fut au tour des Byzantins de profiter de la situation suscitant d’abord un nouveau prĂ©tendant, Voysil, frĂšre de l’ancien empereur Smilets (r. 1292-1298) qui avait rĂ©gnĂ© entre Georges Ier Terter et Ivan II, et se barricada Ă  Krăn, contrĂŽlant les vallĂ©es entre les montagnes des Balkans et Sredna Gora. Ils envahirent ensuite le nord de la Thrace, s’emparant de plusieurs villes importantes (Yambol, Lardea, Ktenia, Rusokastro, Anchialus, Sozopol et Agatopol)[157]. Michel III descendit alors vers le sud pour combattre les Byzantins dont une armĂ©e assiĂ©geait Philippopolis (Plovdiv)[158].

S’il put forcer Andronic Ă  retraiter, il ne put empĂȘcher les Byzantins de s’emparer de Philippopolis. En dĂ©pit de cette perte, Michel III rĂ©ussit Ă  expulser Voysil et reprit le contrĂŽle du nord et du nord-est de la Thrace en 1324. Un traitĂ© de paix fut finalement conclu, ratifiant le statu quo et scellĂ© par le mariage de Michel III avec Theodora Palaiologina, la sƓur d’Andronic III qui avait Ă©tĂ© l’épouse de ThĂ©odore Svetoslav[159] - [160].

Lors du dĂ©but de la guerre civile entre Andronic II PalĂ©ologue (r. 1282-1328) et son petit-fils Andronic III PalĂ©ologue (1328-1341) les souverains de Serbie et de Bulgarie se rangĂšrent chacun dans un camp. Michel III Chichman se lia avec son beau-frĂšre le jeune Andronic et en il signa avec lui un traitĂ© qui prĂ©voyait son soutien si celui-ci l’aidait contre les Serbes partisans d’Andronic II PalĂ©ologue. AprĂšs la mort de l’empereur Andronic II PalĂ©ologue en Michel Chichman renia ses engagements et envahit la Thrace du nord avec une armĂ©e de Bulgares et de Mongols en . Le nouvel empereur Andronic III PalĂ©ologue rĂ©agit rapidement marchant avec ses groupes contre les Bulgares et s’emparant d’une forteresse frontaliĂšre. Michel III Chichman jugea alors prudent de signer un traitĂ© de non-agression Ă  Andrinople en 1330[161] - [160].

Pendant cette pĂ©riode les relations avec la Serbie s’étaient fortement dĂ©tĂ©riorĂ©es et le tsar Michel Chichman fut tuĂ© lorsque les bulgares furent Ă©crasĂ©s le lors de la bataille de Kjustendil par les armĂ©es Serbes de Stefan UroĆĄ III Dečanski. Ce dernier chassa la reine ThĂ©odora Palaiologina et imposa comme tsar son neveu Ivan Stefan dont le rĂšgne sera de courte durĂ©e : les boyards hostiles Ă  sa mĂšre rĂ©gente organisĂšrent un coup d’État qui le remplaça par son cousin Ivan Aleksandăr, neveu de Michel III Chichman[162] - [163].

Les guerres d’Ivan (Jean) Alexandre

La Bulgarie sous le rùgne d’Ivan Alexandre.

Les relations toujours tendues entre les deux empires se dĂ©tĂ©riorĂšrent au dĂ©but des annĂ©es 1340 lorsqu’Ivan Aleksandre exigea des Byzantins l’extradition de son cousin Chichman, troisiĂšme fils de Michel III Chichman, menaçant ceux-ci de guerre s’ils n’obtempĂ©raient pas. Cet ultimatum se retourna contre eux lorsque les Byzantins persuadĂšrent l’émir turc de Smyrne, Umur Bey, d’envoyer sa flotte contre les Bulgares. DĂ©barquant dans le delta du Danube, les Turcs ravagĂšrent le pays avoisinants s’emparant des villes de la rĂ©gion. Ivan Alexandre rĂ©pondit en envahissant l’Empire byzantin prĂ©textant qu’il y avait Ă©tĂ© invitĂ© par les habitants d’Andrinople. Toutefois, ses troupes devaient ĂȘtre dĂ©faites Ă  deux reprises par les Turcs, alliĂ©s des Byzantins[164] - [165].

Une nouvelle guerre civile devait faire rage Ă  Constantinople de 1341 Ă  1347 opposant la rĂ©gence de Jean V PalĂ©ologue (r. – aout 1376; – , – ) Ă  son protecteur dĂ©signĂ©, Jean VI CantacuzĂšne (r. 1347-1354). Les voisins de Byzance prirent Ă  nouveau avantage de la situation, les Serbes d’Étienne DuĆĄan se rangeant du cĂŽtĂ© de Jean VI CantacuzĂšne, les Bulgares d’Ivan Alexandre du cĂŽtĂ© de Jean V et de la RĂ©gence[166]. MĂȘme si les deux pays choisirent des prĂ©tendants opposĂ©s, ils maintinrent leur alliance l’un avec l’autre. Comme prix de l’appui apportĂ© par Ivan Alexandre. La rĂ©gence de Jean V lui concĂ©da la ville de Philippopolis et neuf autres forteresses importantes des Rhodopes en 1344 [167]. Ce devait ĂȘtre le dernier grand succĂšs de la politique Ă©trangĂšre d’Ivan Alexandre.

Une nouvelle guerre civile byzantine eut des répercussions sur la Bulgarie en 1352, cette fois lors du conflit opposant Mathieu CantacuzÚne à Jean V, lequel ayant atteint sa majorité, était désireux de se débarrasser de son beau-pÚre Jean VI CantacuzÚne[168].

Mathieu Assen CantacuzĂšne Ă©tait le fils de Jean VI CantacuzĂšne et d’IrĂšne Assen. En rĂ©compense pour l’appui donnĂ© Ă  son pĂšre au cours de la guerre civile contre Jean V PalĂ©ologue, celui-ci s’était vu accordĂ© la Thrace et les Rhodopes en apanage en 1347 et fut proclamĂ© coempereur en 1353 lorsque la guerre reprit entre Jean V et Jean VI. CapturĂ© par les Serbes en 1356 ou 1357, Mathieu se retrouva bientĂŽt prisonnier de Jean V qui s’empara de ses territoires. Toutefois, les Turcs, conduits par le bey Orhan, s’étaient engagĂ©s aux cĂŽtĂ©s de CantacuzĂšne Ă  qui ils avaient fourni 10 000 hommes. En , la cavalerie turque avait affrontĂ© les forces serbes et possiblement bulgares car Ă  l’issue de la bataille livrĂ©e prĂšs de Demotika elle alla ravager la Bulgarie. C’était la premiĂšre bataille qui allait ouvrir aux Ottomans la porte de l’Europe[169].

Fin de la Bulgarie

La Bulgarie aprùs la mort d’Ivan Alexandre.

En 1364 une courte guerre Ă©clata Ă  nouveau entre Byzance et la Bulgarie qui permit aux Byzantins de reprendre Anchialos[170]. Deux ans plus tard, l’empereur byzantin Jean V se rendit en Hongrie et dĂ©cida au retour de passer par la Bulgarie. Ivan Alexandre prit sa revanche en le faisant emprisonner. AmĂ©dĂ©e de Savoie, son cousin, vint Ă  sa rescousse en lançant sa flotte contre la Bulgarie en mer Noire, s’emparant de Messembria et de Sozopolis. Ivan Alexandre dut non seulement relĂącher l’empereur, mais Ă©galement cĂ©der ces deux villes Ă  Byzance. Ces pertes commerciales et territoriales devaient affaiblir encore un peu plus la Bulgarie[171] - [172].

À la mort d’Ivan Alexandre en , son fils ainĂ© par un deuxiĂšme mariage, Ivan Chichman III (r. 1371-1396) monta sur le trĂŽne qui lui fut immĂ©diatement disputĂ© par son demi-frĂšre, Ivan Sratsimir (r. 1371-1396), nĂ© d’un mariage prĂ©cĂ©dent[173].

Ivan Chichman s’installa donc dans le centre de la Bulgarie avec pour capitale Tǎrnovo. Peu aprĂšs son avĂšnement, les forces unies des nobles serbes menĂ©es par le roi VukaĆĄin Mrnjavčević furent vaincus par les Turcs ottomans Ă  la bataille de la Marica le . Les Ottomans entrĂšrent en Bulgarie et Ivan Chichman fut forcĂ© de reconnaĂźtre la domination ottomane et d'envoyer sa sƓur Thamar (Kera Tamara) comme Ă©pouse du sultan Murad Ier en 1373 et de faire soumission Ă  Murad Ier en 1376[174].

À l’annonce de la nomination de son frĂšre cadet comme empereur, Ivan Sratsimir fit sĂ©cession et s’installa Ă  Vidin dont il mit l’archevĂȘque sous la juridiction du patriarcat de Constantinople pour prouver son indĂ©pendance. En raison de sa position gĂ©ographique, Vidin Ă©tait initialement Ă  l’abri des attaques des diffĂ©rents begs turcs qui ravageaient les Balkans et Ivan Sratsimir ne fit aucun effort pour venir au secours d’Ivan Chichman dans sa lutte contre les Turcs. Ce n’est qu’aprĂšs la chute de Tărnovo en 1393 qu’il rĂ©alisa le danger pour son propre royaume et se joignit Ă  la croisade dirigĂ©e par le roi de Hongrie, Sigismond. Sans succĂšs puisqu’aprĂšs la dĂ©sastreuse bataille de Nicopolis en 1396, les Ottomans marchĂšrent sur Vidin dont ils s’emparĂšrent. Ivan Sracimir fut capturĂ© et emprisonnĂ© Ă  Bursa oĂč il fut probablement exĂ©cutĂ© [175] - [176].

Notes et références

  1. Le nom exact est en bulgare : ИĐČĐ°Đœ ĐŃĐ”Đœ I, en valaque : Ioan Asen I et en grec : Î™Ï‰ÎŹÎœ Î‘ÏƒÎ­ÎœÎżÏ… Α. Ivan est normalement rendu en français par « Jean »; le prĂ©nom Ivan continuera Ă  ĂȘtre utilisĂ© tout au long de cet article pour faciliter les rĂ©fĂ©rences Ă  d’autres articles de WikipĂ©dia en français. De mĂȘme, le nom Asen peut ĂȘtre orthographiĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres; nous avons choisi « Assen » qui semble prĂ©valoir dans ces mĂȘmes articles
  2. Les opinions divergent sur les derniĂšres annĂ©es de Constantin Bodin. Milobar suggĂšre que celui-ci rĂ©gna sans interruption jusqu’en 1108; Zlatarski croit plutĂŽt la thĂšse d’une deuxiĂšme captivitĂ©. D’autres enfin croient que Bodin fut capturĂ© mais qu’il retourna Ă  Duklja pour y trouver un État oĂč Raska et la Bosnie avaient fait sĂ©cession (Fine (1991) pp. 228-229
  3. Le nom se dit en bulgare : ĐœĐžŃ…Đ°ĐžĐ» III ĐšĐžŃˆĐŒĐ°Đœ ĐŃĐ”Đœ. Nous utiliserons ici la pratique française de translitĂ©ration « Chichman »; toutefois, on trouvera dans de nombreux textes la translitĂ©ration anglo-saxonne Ć iĆĄman
Références
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Voir aussi

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