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Nessebar (ville)

Nessebar (en bulgare Несебър, translittération internationale Nesebǎr, « Messembrie » en français classique, d'après son nom grec Μεσημβρία / Messembria qui signifie « midi » et supposément « cité de Melsas »[1]) est une cité historique de la Bulgarie, de population grecque de l'Antiquité à 1923, juchée sur une presqu'île rocheuse s'avançant en mer Noire.

Nessebar
Несебър
Μεσημβρία
Blason de Nessebar
Héraldique
Nessebar (ville)
Administration
Pays Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
District Municipalité de Nessebar
Oblast Bourgas (oblast)
Code postal 8230
Démographie
Population 10 324 hab. (2008)
Géographie
Coordonnées 42° 39′ 33″ nord, 27° 43′ 42″ est
Altitude m
Divers
http://www.nesebarinfo.com/
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Bulgarie
Voir sur la carte administrative de Bulgarie
Nessebar

    Géographie

    Située au nord de Bourgas, Nessebar, habitée de nos jours par des Bulgares, côtoie la ville nouvelle de Slantchev Briag, une station balnéaire du littoral de la mer Noire, qui accueille des milliers de vacanciers.

    Le climat est du type pontique avec un taux élevé d'humidité dans l'air tout au long de l'année. Le nombre de jours ensoleillés est de 240 à 260 par an.

    Pendant l'été, les températures moyennes de l'eau sont de 20−26 °C et les températures ambiantes de 28−30 °C. La différence entre les températures pendant la journée et pendant la nuit n'est jamais supérieure de 3 °C du fait du voisinage de la mer. Une brise constante apporte de la fraîcheur dans la chaleur de l'été.

    Histoire

    Une histoire trois fois millénaire

    La ville de Nessebar a plus de 3 000 ans d'histoire et constitue l'un des plus anciens établissements humains du Pont-Euxin (l'actuelle mer Noire). Elle s'est appelée d'abord Melsambria ou Menebria puis Messembria pendant l'Antiquité puis Messemvria durant le Moyen Âge.

    Antiquité

    L'antique Melsambria ou Menebria est fondée, sur une côte habitée par les Thraces, sur une petite île proche de la côte, au VIe siècle av. J.-C., par des colons doriens venus de Mégare. Selon la mythologie grecque, le nom de la localité signifiait "ville de Melsas"[2] supposé être le fondateur de la ville. Deux ports existent sur l'île à cette époque : un au nord et un au sud, dans lesquels des coques d'anciens navires ont été trouvés. La cité devient un important centre commercial concurrent d'Apollonie du Pont, avec laquelle elle entra en conflit pour le contrôle d'Anchialos dans la première moitié du IIe siècle av. J.-C.[3]. Hérodote mentionne la ville de Messambria à deux reprises (IV, 93 et VI, 33)[4]. Il évoque par ailleurs[5] une autre Messembrie, ville de Thrace sur la Mer Égée, qui à l'époque de Xerxès, constituait la possession la plus occidentale des Samothraciens)[4].

    Durant l'Antiquité tardive, l'alluvionnement a rattaché l'île à la côte par un cordon littoral : Messembrie forme depuis lors un tombolo. Les restes actuels de la période hellénique sont constitués par l'acropole, un temple dédié à Apollon et une agora. Un mur, qui faisait partie des fortifications, peut encore être vu dans la partie nord de la presqu'île. Des monnaies de bronze et d'argent furent frappées à partir de -400 environ, puis à compter du IIIe siècle av. J.-C., en or. En -72, au Ier siècle, la ville est intégrée à l'Empire romain, mais continue à frapper ses propres monnaies et demeure un important centre culturel et commercial de la province romaine de Thrace.

    Époque byzantine

    La christianisation de l'Empire romain d'orient fait entrer Messembrie dans la civilisation byzantine, mais sur le plan politique, elle passe fréquemment des Byzantins aux Bulgares et inversement, formant, dans les deux cas, une prospère « céphalie » (κεφαλία, кефалия) grecque[6] qui conserve sa prospérité, car les batailles précédant les cessions se déroulent sur le continent en face de Messembrie (conquis, pour la première fois, par la Bulgarie en 812). En 817, l'empereur byzantin Léon V y remporte une victoire sur les armées du khan bulgare Kroum. La ville passe cependant aux Bulgares par la suite, puisqu'en 864, le tsar Boris Ier de Bulgarie doit la rendre aux Byzantins, qui la perdent à nouveau au profit de Siméon Ier de Bulgarie, pour finalement la reprendre en 997 lors des campagnes du basileus grec Basile II. En 1186, Messembrie passe au Deuxième État bulgare, redevient byzantine en 1261 puis à nouveau bulgare en 1304, sous le tsar Théodore Svetoslav. En 1366, les « latins » d'Amédée VI de Savoie la rendent à l'Empire byzantin.

    Époque ottomane et moderne

    En 1396, la ville échoit à l'Empire ottoman, qui l'appelle Misivri. Durant les presque cinq siècles de domination ottomane, elle perd son importance économique mais une vie culturelle chrétienne s'y maintient : des églises sont construites et ses ateliers de fabrication d'icônes sont réputés parmi les Grecs et les Bulgares. Au XIXe siècle Nessebar est le centre d'une kaza du sandjak d'Islimye.

    Après la guerre russo-turque de 1877-1878 et la restauration d'une Bulgarie autonome, en 1878, Nessebar devient le chef-lieu d'une kaza du sandjak de Bourgas, au sein de la province de Roumélie orientale. Lors de l'union de celle-ci avec la Principauté de Bulgarie, à la fin du XIXe siècle, Nessebar est essentiellement peuplée de pêcheurs, de vignerons et d'artisans grecs pontiques. À partir de 1923, Bulgarie et Grèce étant signataires du traité de Lausanne, des échanges de population ont lieu, les Grecs doivent quitter leur ville tandis que des Bulgares de Grèce les remplacent. Beaucoup de Messembriotes grecs s'installent en groupe dans une banlieue de Salonique appelée dès lors « Nouvelle-Messembrie » (Νέα Μεσημβρία). Dans les années 1930, Nessabar devient une cité balnéaire du rivage bulgare de la mer Noire : de nouveaux quartiers sont construits sur le continent et la vieille ville de la presqu'île commence à être restaurée, processus qui se poursuit aujourd'hui.

    Archéologie et patrimoine architectural

    De l'antiquité, on peut encore voir les restes de l'enceinte construite au VIe siècle av. J.-C., mais qui a été partiellement érodée par la mer, tout comme l'acropole qui se trouvait à l'extrémité est de la presqu'île. Au-dessus du port nord, s'érigeait le temple de Zeus hyperdexios, détruit lors des persécutions du paganisme par les chrétiens à partir des édits de Théodose II et remplacé par une basilique. D'après de nombreuses sources épigraphiques, Messembria disposait d'un théâtre, d'un gymnase, et d'un grand nombre de temples et de synagogues. Bénéficiant d'un commerce maritime florissant, ses habitants se sont fait construire de somptueuses demeures à péristyle très décorées. Un luxe que l'on retrouve dans la nécropole où une riche collection de céramique attique, ionienne, et mégarienne a été découverte ainsi que de magnifiques parures funéraires. Durant la longue période byzantine, le mur d'enceinte est reconstruit et des tours y sont ajoutées. Deux basiliques remarquables de style constantinopolitain sont édifiées. Au Moyen Âge, des aristocrates de la capitale byzantine y bâtissent des résidences secondaires et rivalisent dans les soins apportés à l'embellissement et à l'urbanisation de la ville, notamment dans la construction de nombreuses églises et chapelles dotées de formes harmonieuses. Au cours des siècles suivants, les façades des maisons s'enrichissent d'ornementations spécifiques alternant des pierres de taille blanches, briques rouges et carreaux de céramique peinte vernissés.

    Économie

    L'économie de la ville repose très largement sur le tourisme : la ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983 et bénéficie de l'afflux entraîné par les stations balnéaires proches : Slantchev Briag, Sveti Vlas, Obzor et Ravda, situées au nord de la ville, au fond d'une longue baie.

    Galerie

    • Moulin à vent.
      Moulin à vent.
    • Ruines de la forteresse médiévale.
      Ruines de la forteresse médiévale.
    • Ruines de la forteresse médiévale.
      Ruines de la forteresse médiévale.
    • Église du Christ pantocrator.
      Église du Christ pantocrator.
    • Église St-Jean-Baptiste (Prodromos).
      Église St-Jean-Baptiste (Prodromos).
    • Église Saint-Jean Aliturgiète.
      Église Saint-Jean Aliturgiète.
    • Église St-Stephanos.
      Église St-Stephanos.
    • Église des archanges Michel et Gabriel (ruinée).
      Église des archanges Michel et Gabriel (ruinée).
    • Église Ste-Parascève, transformée en galerie d'art.
      Église Ste-Parascève, transformée en galerie d'art.

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    1. edited by E.S. Shuckburgh, Herodotos, VI, Erato, Cambridge, University Press, , [Reprinted]. éd., 308 p. (ISBN 978-0-521-05248-1, lire en ligne), p. 236, Rumen Teofilov Ivanov, Roman cities in Bulgaria, Vol. 2, National Museum of Bulgarian Books and Polygraphy, (lire en ligne), p. 41 et Krzysztof Nawotka, The Western Pontic cities : history and political organization, Hakkert, (lire en ligne)
    2. edited by E.S. Shuckburgh, Herodotos, VI, Erato, Cambridge, University Press, , [Reprinted]. éd., 308 p. (ISBN 978-0-521-05248-1, lire en ligne), p. 236
    3. Inscriptiones graecae in Bulgaria repertae, 388 bis
    4. L'Enquête d'Hérodote, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade, trad. A Barguet, 2002
    5. Hérodote, VII, 108
    6. Raymond Detrez, Historical Dictionary of Bulgaria, 2-nd ed. 2006 (ISBN 9780810849013) ; Alain Ducellier, Michel Kaplan, Bernadette Martin et Françoise Micheau, Le Moyen Âge en Orient, Paris, 2014 ; Éric Limousin, Le Monde byzantin du milieu du VIIIe siècle à 1204 : économie et société, ed. Bréal 2007 (ISBN 9782749506326) ; Arnold Toynbee, Nevil Forbes et al., The Balkans : a history of Bulgaria, Serbia, Greece, Rumania, Turkey, ed. Clarendon Press, Oxford 1916, 407 p.
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