Port de Neorion
Le Port de Neorion (en grec : ÎÎčΌᜎΜ ÏοῊ ÎΔÏÏÎŻÎżÏ ou ÎÎčΌᜎΜ Ïáż¶Îœ ÎΔÏÏÎŻÏÎœ) fut un port de Constantinople (aujourdâhui Istanbul en Turquie) qui fut en activitĂ© de la fondation de la ville au IVe siĂšcle jusquâĂ la fin de lâEmpire ottoman. Ce fut le premier port bĂąti lors de la fondation de la capitale par Constantin Ier et le second sur la Corne dâOr aprĂšs le Prophorion, qui avait Ă©tĂ© le port de lâancienne Byzance[1] - [2].
Emplacement
Le port se trouvait sur la rive sud de la Corne dâOr, Ă lâest du pont moderne de Galata dans la sixiĂšme rĂ©gion de Constantinople[2]. Ă lâĂ©poque ottomane, cela correspondait au quartier Bahçekapi (litt : Porte du jardin), situĂ© entre les entrepĂŽts de la douane et la medrese AbdĂŒlhamit[2]. De nos jours, le site appartient au mahalle[N 1] Bahcekapi, partie de lâancien district EminönĂŒ aujourd'hui intĂ©grĂ© au district Fatih[N 2]. Lâanse oĂč se trouvait jadis le bassin du port est de nos jours en partie comblĂ©e et est occupĂ©e par les terminaux de traversiers vers le Bosphore, Kadiköy et ĂskĂŒdar.
Histoire
Le Neorion fut le premier port construit Ă Constantinople aprĂšs sa fondation et le deuxiĂšme de la rĂ©gion aprĂšs le Prosphorion qui avait Ă©tĂ© le port de Byzance, avant la crĂ©ation de Constantinople. Selon une ancienne tradition, câest lĂ que lâapĂŽtre saint AndrĂ© sâinstalla en arrivant Ă Byzance et câest de lĂ quâil commença son apostolat pour convertir les Byzantins[1]. Il Ă©tait situĂ© sur la Corne dâOr, juste en dessous de la pente nord-ouest de la premiĂšre colline de la ville dans le quartier appelĂ© « ta Eugeniou » (en grec : Ïᜰ ÎáœÎłÎ”ÎœÎŻÎżÏ ). Son emplacement sur la rive sud de la Corne dâOr lui permettait dâĂ©chapper aux tempĂȘtes provoquĂ©es par ce vent pĂ©riodique du sud-ouest appelĂ© Lodos en turc ou Libeccio en italien et en français[N 3]. De plus lâensablement y Ă©tait moins un problĂšme que pour les ports du sud de la citĂ© comme le port dâĂleuthĂ©rios ou du Kontoskalion[1]. LâentrĂ©e des bateaux Ă voile dans la Corne dâOr Ă©tait possible par nâimporte quel vent, le seul pouvant crĂ©er problĂšme et un lĂ©ger ensablement Ă©tant le vent du nord[3]. Le port avait une double vocation servant Ă la fois au commerce et Ă la construction navale; il abritait Ă©galement une usine de production de rames (en grec : ÎșÎżÏÎŹÏÎčα)[1]. LâactivitĂ© principale y Ă©tant le commerce, le port Ă©tait entourĂ© dâentrepĂŽts[4]. De nombreux incendies ravagĂšrent le quartier : en 433, tous les entrepĂŽts furent dĂ©truits par les flammes; en 465, un feu sây dĂ©clara qui ravagea huit des rĂ©gions de la citĂ©; en 559, les entrepĂŽts furent Ă nouveau la proie des flammes[4]. En 697, lâempereur LĂ©once (r. 695-698) fit draguer le bassin que lâon croyait ĂȘtre un foyer de contamination de la peste [3] - [4].
Tout au long des siĂšcles, le port de Neorion conserva son importance, laquelle sâaccrut mĂȘme lorsque les colonies commerciales italiennes (et possiblement juives) acquirent le droit dâinstaller des reprĂ©sentations Ă Constantinople[3] - [4]. Les VĂ©nitiens et les Amalfitains furent les premiers et sâĂ©tablirent Ă lâouest; vinrent ensuite les Pisans, lesquels Ă la fin du XIe siĂšcle sâĂ©tablirent dans la rĂ©gion ouest du port dĂ©jĂ densĂ©ment peuplĂ©e; enfin, en 1155, vinrent les GĂ©nois qui crĂ©Ăšrent leur propre colonie dans un quartier au sud et Ă lâest du Neorion[4]. Longtemps aprĂšs le dĂ©part de ceux-ci vers Galata, de lâautre cĂŽtĂ© de la Corne dâOr, une communautĂ© juive vint les remplacer dans le quartier oĂč elle demeura jusquâau milieu du XXe siĂšcle lorsque toute cette zone fut dĂ©molie pour permettre lâĂ©largissement de la route cĂŽtiĂšre et la crĂ©ation dâun square en face de la mosquĂ©e Yeni [4]. Leur prĂ©sence dans ce quartier conduisit au cours de la pĂ©riode ottomane Ă changer le nom de la Porta Neoriou des murailles de Constantinople en Ăifutkapi (litt : Porte des Juifs)[4]. Au temps de leur plus grande extension, le territoire des colonies italiennes sâĂ©tendait Ă lâouest du Neorion pour atteindre la Porte de Bigla/Vigla (appelĂ©e sur la carte Porte du Drongaire Ă lâĂ©poque byzantine et Odun Kapi ou Porte du bois de chauffage Ă lâĂ©poque ottomane)[3]. Lorsque la puissance gĂ©noise atteint son maximum dâampleur sous la dynastie des PalĂ©ologues, le commerce avec lâĂ©tranger se transporta du Neorion vers Galata; toutefois avec la chute de Constantinople en 1453 et le dĂ©clin subsĂ©quent de lâhĂ©gĂ©monie commerciale gĂ©noise, le port reprit son importance et la conserva jusquâĂ la fin de la pĂ©riode ottomane[4].
Description
Le long de la rive du Neorion sâĂ©tendait un portique appelĂ© Keratembolin (en grec : ÎΔÏαÏΔΌÎČÏλÎčÎœ)[1], nom dĂ©rivĂ© dâune statue Ă©rigĂ©e sur une voute de bronze reprĂ©sentant un homme porteur de quatre cornes sur la tĂȘte[5]. Selon une lĂ©gende, on trouvait Ă©galement dans les environs la statue dâun bĆuf qui mugissait une fois lâan jetant la terreur dans la population[1], ce Ă cause de quoi lâempereur Maurice (r. 582-602) ordonna quâon la jette Ă la mer[1]. Une partie du port Ă©tait connue sous le nom de « vieil Ă©quipement » (en grec : áŒĄ ÏαλαÎčᜰ áŒÎŸÎŹÏÏÏ ÏÎčÏ) et abritait un chantier navel; non loin de lĂ se trouvait lâĂ©glise de Sainte-EuphĂ©mie-de-ChalcĂ©doine[3].
Bibliographie
- (de) Berger, Albrecht. Untersuchungen zu den Patria Konstantinupoleos. Bonn, R. Habelt, 1988. (ISBN 3774923574).
- (de) Heher, Dominik. âJulianoshafen â Sophienhafen â Kontoskalionâ. (in) Falko Daim (ed.). Die byzantinischen HĂ€fen Konstantinopels. Verlag des Römisch-Germanischen Zentralmuseums, Mainz 2016, (ISBN 978-3-88467-275-4), pp. 51â66.
- (fr) Janin, Raymond. Constantinople Byzantine. DĂ©veloppement Urbain et RĂ©pertoire Topographique. Paris, Institut Français d'Ătudes Byzantines, 1964.
- (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Bildlexikon Zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul Bis Zum Beginn D. 17 Jh. TĂŒbingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).
- (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Die HĂ€fen von Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul. Wasmuth, TĂŒbingen, 1994, (ISBN 380301042X).
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Neorion_Harbour » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Dans le systĂšme territorial turc l'Ă©chelon administratif local relevant d'une municipalitĂ© d'Ă©chelon supĂ©rieur. Le terme peut ĂȘtre traduit en français par quartier, bien que ce terme puisse aussi dĂ©signer un semt.
- Quartier historique au cĆur de la ville d'Istanbul, s'Ă©tendant sur la zone prise par Mehmet le ConquĂ©rant, le 29 mai 1453, Ă lâintĂ©rieur des anciennes murailles de Constantinople.
- Sans doute parce que ce mĂȘme vent traverse aussi lâItalie et la Corse.
Références
- Janin (1964) p. 235
- MĂŒller-Wiener (1977) p. 57
- Janin (1964) p. 236
- MĂŒller-Wiener (1977) p. 58
- Janin (1964) p. 90
Voir aussi
Liens internes
Lien externe
- Byzantiun 1200. « Old Golden Gate ». [en ligne] http://byzantium1200.com/oldgate.html.