Siège de Raguse (866-868)
Le siège de Raguse (aujourd'hui Dubrovnik en Croatie) par les Aghlabides d'Ifriqiya se déroula durant quinze mois, du début de l'année 866 jusqu'à la levée du siège à l'approche de la marine byzantine en 868. L'échec du siège et le retour des Byzantins dans la région de Dalmatie marque le début d'une politique agressive de Basile Ier (l'empereur byzantin) vers l'Occident. Dans un premier temps, les Byzantins recouvrent l'autorité sur la région par l'intermédiaire de la mise en place du thème de Dalmatie. En outre, cet événement facilite la christianisation de la Serbie et des autres tribus slaves des Balkans occidentaux. Par la suite, les Byzantins renforcent leur présence dans l'Italie du sud grâce à la prise de contrôle de la côte est de l'Adriatique.
Date | 866-868 |
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Lieu | Raguse (aujourd'hui Dubrovnik, Croatie) |
Issue | Victoire byzantine |
Empire byzantin | Aghlabides |
Nicétas Oryphas | Sawdan (émir de Bari) Saba Kalfün |
Forces inconnues à Raguse Flotte byzantine de cent navires | Trente-six navires |
Batailles
Conquête musulmane de l'Égypte
Invasions Omeyyades & Sièges de Constantinople
Guerre frontalière arabe-byzantine
Conquête musulmane de la Sicile et du sud de l’Italie
Guerres navales et raids
Reconquête byzantine
Coordonnées | 42° 38′ 25″ nord, 18° 06′ 30″ est |
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Contexte
Au début du règne de Basile Ier en 867, l'autorité byzantine sur la Sicile et le sud de l'Italie se réduit face à l'expansion des Aghlabides. De même, dans les Balkans occidentaux, les tribus slaves (Croates, Serbes, Zachlumie, Travonie, Dioclée, Kanalites et Narentines) ont rejeté la suzeraineté byzantine et réaffirmé leur indépendance. De ce fait, la mer adriatique devient la proie des pirates slaves et sarrasins, les premiers opérant depuis les rivages de la Dalmatie et les autres depuis leurs bases au sud de l'Italie (Bari, Tarente et Brindisi)[1] - [2].
Siège et conséquences
Selon le petit-fils de Basile Ier, Constantin VII Porphyrogénète (empereur byzantin du Xe siècle), les Aghlabides lancent une importante campagne maritime en 866 contre les côtes de Dalmatie. Trente-six navires sont commandés par Sawdan, l'émir de Bari, Saba de Tarente et Kalfün[3]. La flotte aghlabide pille les cités de Budva, Risan et Kotor, avant de mettre le siège devant Raguse[2] - [4]. Les habitants de la ville parviennent à résister au siège durant quinze mois mais, alors que leurs forces déclinent, ils envoient des émissaires à Constantinople pour demander de l'aide. L'empereur Basile accepte de leur porter assistance et équipe une flotte de cent navires, sous la direction du patrice expérimenté Nicétas Oryphas. Quand ils apprennent l'arrivée de cette armada, les Arabes décident de se replier sur Bari[5] - [6].
Cette expédition est le premier exemple de la nouvelle politique étrangère conduite par Basile, en faveur d'une réaffirmation de l'influence de Byzance vers l'Occident[7]. L'intervention de Nicétas Oryphas a des conséquences immédiates. Les tribus slaves envoient des émissaires à l'empereur pour reconnaître sa suzeraineté. Basile envoie des ambassadeurs et des missionnaires dans la région, restaurant l'autorité byzantine dans les cités côtières et créant le thème de Dalmatie. Dans le même temps, elles laissent les principautés serbes à l'intérieur des terres largement autonomes. Enfin, la christianisation de ces tribus commence à la même époque[1] - [8].
Pour assurer la sécurité de ses possessions dalmates et le contrôle de l'Adriatique, Basile réalise qu'il doit neutraliser les bases arabes en Sicile. À cette fin, en 869, il ordonne à Oryphas de conduire une nouvelle flotte incluant des navires en provenance de Raguse qui transporte des contingents slaves. Cette expédition est menée conjointement à l'intervention de Louis II d'Italie pour conquérir Bari. Si cette tentative échoue, Louis parvient à prendre la ville deux ans plus tard. Finalement, en 876, la ville repasse sous le contrôle de l'Empire byzantin. Elle devient la capitale et le cœur d'une nouvelle province byzantine qui devient par la suite le thème de Longobardie. Ces événements marquent le début d'une offensive byzantine , qui a pour but de reprendre le contrôle de la plupart du sud de l'Italie et qui s'étale jusqu'au XIe siècle[9].
Voir aussi
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Siege of Ragusa (866-868) » (voir la liste des auteurs).
- Nicol 1992, p. 30.
- Wortley 2010, p. 142.
- Metcalfe 2009, p. 20.
- Moravscik et Jenkins 1967, p. 127.
- Moravscik et Jenkins 1967, p. 127, 129.
- Wortley 2010, p. 142-143.
- Nicol 1992, p. 31.
- Wortley 2010, p. 143.
- Kreutz 1996, p. 41-45, 57, 63-66, 68.
Sources
- (en) Barbara Kreuz, Before the Normans : Southern Italy in the Ninth and Tenth Centuries, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 228 p. (ISBN 0-8122-1587-7, lire en ligne)
- (en) Alex Metcalfe, The Muslims of Medieval Italy, Édimbourg, Edinburgh University Press, , 314 p. (ISBN 978-0-7486-2008-1)
- (en) Gyula Moravscik et R.J.H. Jenkins, Constantine Porphyrogenitus : De Administrando Imperio, Dumbarton Oaks, (ISBN 0-88402-021-5)
- (en) Donald M. Nicol, Byzantium and Venice : A Study in Diplomatic and Cultural Relations, Cambridge University Press, , 465 p. (ISBN 0-521-42894-7, lire en ligne)
- (en) John Wortley (trad. du grec ancien), John Skylitzes : A Synopsis of Byzantine History, 811-1057 : Translation and Notes, Cambridge, Cambridge University Press, , 491 p. (ISBN 978-0-521-76705-7)