Théodose III
ThĂ©odose III (en grec : ÎΔοΎÏÏÎčÎżÏ ÎÊč) fut un empereur et un usurpateur byzantin de 715 au . Percepteur dâimpĂŽts Ă Adramyttium, il fut enlevĂ© en 715 par les troupes de la marine byzantine et celles du thĂšme de lâOpsikion en rĂ©volte contre lâempereur Anastase II (r. 713 â 715). Ainsi devenu ThĂ©odose III, il marcha sur Constantinople qui lui ouvrit ses portes en . Ce nâest que plusieurs mois plus tard quâAnastase accepta dâabdiquer et de se faire moine. Toutefois, plusieurs thĂšmes se refusĂšrent Ă reconnaitre ThĂ©odose, voyant en lui une marionnette des Opsikiens. Ce fut le cas des Anatoliens et des ArmĂ©niaques conduits par leur strategos (gĂ©nĂ©ral) respectif, LĂ©on lâIsaurien et Artabasdos.
Théodose III | |
Empereur byzantin | |
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Solidus à l'effigie de Théodose III. | |
RĂšgne | |
- | |
PĂ©riode | Usurpateur |
Précédé par | Anastase II |
Suivi de | LĂ©on III l'Isaurien |
Biographie | |
Descendance | Théodose |
LĂ©on se proclama alors empereur (LĂ©on III) pendant lâĂ©tĂ© 716 aprĂšs sâĂȘtre alliĂ© avec le calife des Omeyyades; ThĂ©odose pour sa part sâallia avec le khan des Bulgares, Tervel, aprĂšs avoir rĂ©glĂ© la question de la frontiĂšre entre lâEmpire byzantin et lâEmpire bulgare. LĂ©on marcha alors contre Constantinople, sâemparant au passage de NicomĂ©die oĂč il fit de nombreux prisonniers dont le fils de ThĂ©odose. Lâempereur se rendit au conseil du patriarche Germanos et du SĂ©nat, nĂ©gociant sa vie et celle de son fils contre son abdication et sa reconnaissance de LĂ©on comme empereur. Ce dernier entra dans Constantinople le et permit effectivement Ă ThĂ©odose et Ă son fils de se retirer dans un monastĂšre; ThĂ©odose devait plus tard devenir Ă©vĂȘque dâĂphĂšse oĂč il mourut Ă une date indĂ©terminĂ©e.
Contexte historique
AprĂšs la levĂ©e du siĂšge de Constantinople (674-678) le Califat omeyyade et lâEmpire byzantin purent jouir dâune pĂ©riode de paix [1] jusquâĂ ce que lâempereur Justinien II (r. 685-695; 705-711) pendant son deuxiĂšme rĂšgne ne reprenne les hostilitĂ©s. Il en rĂ©sulta une sĂ©rie de victoires arabes, la perte du contrĂŽle des principautĂ©s dâArmĂ©nie et du Caucase par les Byzantins et la perte de nombreuses villes et forteresses[2] - [3] - [4]. DĂšs 712 les frontiĂšres de lâempire commencĂšrent Ă faiblir et les raids arabes en Asie mineure byzantine purent sây enfoncer de plus en plus profondĂ©ment alors que la rĂ©ponse byzanine devenait de plus en plus faible[5] - [6]. Ces succĂšs enhardirent les Arabes qui commencĂšrent Ă planifier une nouvelle attaque sur Constantinople dĂšs le rĂšgne du calife Al-WalÄ«d Ier (r. 705-715). AprĂšs sa mort, SulaymÄn (r. 715-717) continua les prĂ©paratifs[7] - [8] - [9] - [10] - [11], assemblant ses forces dans la plaine de Dabiq, au nord dâAlep, sous le commandement de son frĂšre, Maslama ibn Abd al-Malik[9].
ParallĂšlement, sur la frontiĂšre nord de lâempire, Slaves et Bulgares constituaient un danger de plus en plus sĂ©rieux, menaçant le contrĂŽle de Byzance sur les Balkans et la GrĂšce[12]. DĂ©jĂ au cours du rĂšgne de lâusurpateur Philippicos BardanĂšs (r. 711-713), les Bulgares sous la conduite de leur khan Tervel sâĂ©taient avancĂ©s en 712 jusque sous les murailles de Constantinople, pillant les abords de la ville oĂč se trouvaient les riches villas de lâĂ©lite byzantine qui sây retirait lâĂ©tĂ© [13].
Accession au trĂŽne
Les prĂ©paratifs de SulaymÄn, y compris la construction dâune flotte de guerre, nâĂ©chappĂšrent pas Ă lâempereur Anastase II (r. 713-715) qui avait dĂ©jĂ fait construire lâHexamilion pour protĂ©ger la frontiĂšre nord; il commença alors les prĂ©paratifs pour parer toute nouvelle attaque contre la capitale. Sous couvert dâune ambassade diplomatique, il envoya le prĂ©fet de la ville, Daniel de Sinope, se renseigner sur leurs desseins. Il fit amasser des stocks de blĂ© dans les greniers publics, ordonna aux habitants de Constantinople de se constituer une rĂ©serve de provision pour trois ans ou de quitter la ville, fit Ă©quiper une flotte et rĂ©parer les murs le long de la mer[14] - [15] - [16]. Dans sa Chronique, ThĂ©ophane le Confesseur[17] affirme que dĂšs 715, Anastase avait ordonnĂ© que les Ă©lĂ©ments de la flotte armĂ©e se rĂ©unissent Ă Rhodes pour avancer de lĂ vers Phoenix. On identifie gĂ©nĂ©ralement cette « Phoenix » Ă lâactuelle Finike en Lycie, mais il peut aussi sâagir de lâactuelle Feneket devant Rhodes[18], et mĂȘme de la PhĂ©nicie (lâactuel Liban) cĂ©lĂšbre par ses forĂȘts de cĂšdres[5] - [19] - [20]. Câest Ă cet endroit que les troupes de lâOpsikion se mutinĂšrent contre leur commandant Jean le Diacre quâils assassinĂšrent avant de faire voile vers Adramyttium (aujourdâhui Edremit en Turquie). En cours de route elles acclamĂšrent comme empereur un percepteur de taxes de leur province du nom de ThĂ©odose qui fut forcĂ© dâaccepter lâhonneur Ă son corps dĂ©fendant :
« Lorsque ces criminels arrivĂšrent Ă Adramyttium, nâayant plus de chef, ils trouvĂšrent un rĂ©sident de lâendroit du nom de ThĂ©odose, percepteur dâimpĂŽt de son mĂ©tier, citoyen privĂ© sans allĂ©geance politique. Ils le pressĂšrent de devenir empereur, mais lui, sâenfuit dans les collines et sây cacha. Mais ils le trouvĂšrent et le forcĂšrent Ă accepter leur acclamation comme empereur[21]. »
ThĂ©odose fut donc acclamĂ©, contre son grĂ©, comme empereur par les troupes de lâOpsikion Ă Adramyttium vers [22] - [23]. Anastase conduisit alors son armĂ©e en Bithynie, dans le thĂšme de lâOpsikion, pour y mater la rĂ©volte. Mais plutĂŽt que de rester sur place pour combattre lâempereur, ThĂ©odose dirigea la flotte vers Chrysopolis, sur la cĂŽte du Bosphore opposĂ©e Ă Constantinople. Il devait y conduire un siĂšge de six mois avant que des opposants Ă Anastase ne lui ouvrent les portes de la ville, lui permettant de sâemparer de la capitale en [23] - [24] - [25] - [26]. De son cĂŽtĂ©, Anastase devait demeurer Ă NicĂ©e six mois au terme desquels il accepta dâabdiquer et de se retirer Ă Thessalonique oĂč il prit lâhabit monastique[27] - [28].
Le rĂšgne
Le rĂšgne de ThĂ©odose III devait ĂȘtre encore plus court que celui de son prĂ©dĂ©cesseur. Un de ses premiers gestes fut de rĂ©installer dans le palais impĂ©rial la reprĂ©sentation du troisiĂšme concile de Constantinople (sixiĂšme concile ĆcumĂ©nique) que lâempereur Philippicos BardanĂšs avait fait enlever, ce qui lui valut le qualificatif dâ « orthodoxe » dans le Liber Pontificalis [23] - [N 1]. Plusieurs thĂšmes ne reconnurent pas la lĂ©gitimitĂ© de son avĂšnement, notamment ceux des Anatoliens et des ArmĂ©niaques sous le commandement de leur gĂ©nĂ©ral respectif, LĂ©on lâIsaurien et Artabasde [29] - [30]. LĂ©on sâautoproclama « empereur » Ă lâĂ©tĂ© 716[30] - [31] - [32] et demanda lâappui des Arabes qui voyaient favorablement ce conflit, estimant que la confusion qui sâensuivrait rendrait plus facile une nouvelle attaque contre Constantinople[33] - [34].
De son cĂŽtĂ©, ThĂ©odose nĂ©gocia un traitĂ© avec le khan bulgare Tervel pour obtenir son appui dans lâĂ©ventualitĂ© dâune attaque des Arabes contre lâempire. En vertu de ce traitĂ©, l'Empire Byzantin reconnut les frontiĂšres bulgares, y compris les terres nouvellement acquises de Zagore et fixa la frontiĂšre entre les deux pays Ă partir de Mileoni en Thrace; Byzance sâengagea Ă continuer de payer le tribut annuel Ă la Bulgarie convenu en 679 entre Asparoukh et Constantin IV et confirmĂ© par Justinien II; les deux empires convinrent d'Ă©changer des rĂ©fugiĂ©s politiques accusĂ©s de comploter contre le pouvoir en place; finalement les marchands bulgares obtinrent officiellement l'accĂšs au premier marchĂ© d'Europe Ă Constantinople[23].
Pour sa part, LĂ©on se dirigea vers Constantinople peu aprĂšs sâĂȘtre autoproclamĂ©, capturant dâabord NicomĂ©die oĂč, entre autres personnalitĂ©s, il trouva et fit prisonnier le fils de ThĂ©odose; aprĂšs quoi, il marcha sur Chrysopolis. Ayant appris que son fils avait Ă©tĂ© fait prisonnier, ThĂ©odose, suivant lâavis du patriarche Germain et du SĂ©nat, entra en nĂ©gociations avec LĂ©on au printemps 717, acceptant dâabdiquer et de reconnaitre LĂ©on comme empereur[23] - [30] - [35] - [36] - [37]. LĂ©on entra dans Constantinople et y prit le pouvoir le , permettant tel que promis Ă ThĂ©odose et Ă son fils de se retirer dans un couvent pour sây faire moines[30] - [35] - [36] - [37].
La Chronique de Josué le Stylite donne toutefois une interprétation légÚrement différente des faits :
« Lorsque lâempereur (ThĂ©odose Constantin) vit quâune armĂ©e marchait contre lui et que son commandant militaire, du nom de LĂ©on, Ă©tait entrĂ© en nĂ©gociations avec elle, son cĆur se mit Ă battre et ses mains Ă trembler. Il abdiqua lâempire, dĂ©posa sa couronne et se rasa le crĂąne. Car, il est une coutume parmi les empereurs des Romains, que si lâun dâentre eux abdique, il se rase le crĂąne et demeure chez lui, nâayant plus contact avec son entourage. Câest ce que fit celui-ci. Et mĂȘme lorsque le gĂ©nĂ©ral LĂ©on lui envoya un message disant « Prends courage et ne crains pas », on ne put le faire revenir sur sa dĂ©cision et il abdiqua lâempire[38]. »
.
Vers 719, ThĂ©odose devint Ă©vĂȘque dâĂphĂšse oĂč il mourut; lui ou son fils, fut enseveli dans lâĂ©glise Saint-Philippe dâĂphĂšse[23]. Le chroniqueur ThĂ©ophane le Confesseur indique[39] que le mĂ©tropolite ThĂ©odose d'ĂphĂšse, qui joua un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant lors du concile de HiĂ©reia en 754, Ă©tait le fils de l'empereur TibĂšre III. L'historien Graham V. Sumner[40] a supposĂ© que ce personnage n'Ă©tait autre que l'empereur ThĂ©odose III lui-mĂȘme, aprĂšs quâil entra dans les ordres, et devenu mĂ©tropolite d'ĂphĂšse vers 729. Cyril Mango et Roger Scott[41] considĂšrent cette identification comme chronologiquement improbable. Selon la Vie d'Ătienne le Jeune (§42 sqq.), le mĂ©tropolite ThĂ©odose d'ĂphĂšse Ă©tait toujours en vie et actif en 763, ce qui supposerait quâil ait vĂ©cu trente ans aprĂšs avoir abdiquĂ©. Lâalternative est que cet Ă©vĂȘque ait Ă©tĂ© le fils de ThĂ©odose, tonsurĂ© en mĂȘme temps que lui, et que ThĂ©ophane ait fait une erreur en parlant du « fils » au lieu du « petit-fils » de TibĂšre III[23].
Bibliographie
Source primaire
- ThĂ©ophane le Confesseur, Chronographie. Ăd. C. de Boor (1883â85).
Sources secondaires
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Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Theodosius III » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Certains auteurs comme Georges Ostrogorsky attribuent Ă Anastase II le rĂ©tablissement de cette reproduction sur la base dâAgathon le Diacre (Ostrogorsky (1983), p. 136).
Références
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- Haldon (1990), pp. 80, 82
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- Mango & Scott (1997) pp. 540, 545
- Lillie (1976), pp. 127-128
- Harrack (1999) p. 150
- Théophane le Confesseur, Chronographie, éd. De Boor, p. 427.
- Graham V. Sumner, « Philippicus, Anastasius II and Theodosius III », dans Greek, Roman and Byzantine Studies, 17, 1976, p. 287-294.
- Cyril Mango et Roger Scott, The chronicle of Theophanes Confessor : Byzantine and Near Eastern history, AD 284-813, Clarendon Press, 1997.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- De imperatoribus Romanis, an Online Encyclopedia of Roman Emperors. [en ligne] http://www.roman-emperors.org/.
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) British Museum
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :