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MĂ©gaduc

Le mĂ©gaduc (en grec μέγας δούξ, soit « grand duc Â») est un des postes les plus Ă©levĂ©s de la hiĂ©rarchie byzantine de la fin de l'Empire byzantin.

Le mégaduc Alexis Apokaukos (années 1340), BnF.

Histoire

Le titre est crĂ©Ă© par Alexis Ier Comnène (1081 – 1118) qui rĂ©forme la marine byzantine en dĂ©sagrĂ©gation et amalgame ses restes avec les diffĂ©rentes escadres provinciales pour crĂ©er une force unifiĂ©e dirigĂ©e par le mĂ©gaduc[1]. Le beau-frère de l’empereur, Jean Doukas, est habituellement considĂ©rĂ© comme le premier Ă  occuper ce poste en 1092, quand il doit Ă©liminer la menace reprĂ©sentĂ©e par l’émir turc Tzachas. Cependant, un document de dĂ©cembre 1085 prĂ©sente la signature du moine Niketas. Le poste de duc de la flotte avec des responsabilitĂ©s similaires constitue peut-ĂŞtre l’origine du poste de mĂ©gaduc. Ce poste est occupĂ© par Manuel Boutoumitès vers 1086 puis par Constantin Dalassène vers 1090[2] - [1].

Le premier mĂ©gaduc, Jean Doukas, dirige des campagnes terrestres et maritimes et permet le rĂ©tablissement de la souverainetĂ© byzantine sur la mer ÉgĂ©e, la Crète et Chypre dans les annĂ©es 1092-1093, ainsi que sur l’Anatolie occidentale en 1097[3] - [4] - [5]. Ă€ cette Ă©poque, le mĂ©gaduc dirige aussi les provinces de l'Hellas, du PĂ©loponnèse et de la Crète qui fournissent le gros des ressources et des effectifs de la flotte. NĂ©anmoins, le mĂ©gaduc occupe un des postes les plus importants de l’empire et de ce fait est particulièrement impliquĂ© dans les affaires gouvernementales au travers de diffĂ©rentes campagnes militaires. De fait, les diffĂ©rentes provinces qu’il a Ă  sa charge sont dirigĂ©es de facto par le prĂ©teur local ainsi que d’autres dirigeants locaux[6]. Au cours du XIIe siècle, la fonction est dominĂ©e par la famille KontostĂ©phanos[1], et Andronic KontostĂ©phanos fait partie des officiers les plus importants de Manuel Ier Comnène (1143-1180), qui lui permet de remporter de nombreuses victoires terrestres et navales.

Avec la disparition de fait de la marine byzantine Ă  la suite de la quatrième croisade, le titre de mĂ©gaduc devient plus honorifique dans l’Empire de NicĂ©e. Ainsi, Michel VIII PalĂ©ologue (1259 – 1282) est mĂ©gaduc lorsqu’il devient le rĂ©gent de Jean IV Lascaris[7]. Le titre est aussi utilisĂ© par l’Empire latin de Constantinople. En 1207, l’empereur latin octroie l’île de Lemnos et le titre hĂ©rĂ©ditaire de mĂ©gaduc au VĂ©nitien Filocalo Navigajoso[1].

Après la reconquĂŞte de Constantinople en 1261, le mĂ©gaduc devient de nouveau le chef de la marine byzantine et c'est un poste de haut rang (le 6e rang après celui d’empereur), entre celui de protovestiaire et celui de protostrataire[8] - [1]. Il est parfois confĂ©rĂ© Ă  des Ă©trangers au service de l’empire, le plus connu d’entre eux Ă©tant l’Italien Licario qui reprend de nombreuses Ă®les de la mer ÉgĂ©e pour le compte de l’empereur Michel VIII[9] ; Roger de Flor, le chef de la compagnie catalane, occupe aussi ce poste au dĂ©but du XIVe siècle[1]. Ă€ partir du milieu du XIVe siècle, le poste est parfois confĂ©rĂ© en mĂŞme temps que celui de mesazon (le chef du secrĂ©tariat impĂ©rial). Alexis Apokaukos est de ceux-lĂ  et fait partie des leaders du gouvernement impĂ©rial lors de la guerre civile de 1341-1347 comme soutien de Jean V PalĂ©ologue contre Jean VI Cantacuzène (1347 – 1354). Le dernier et peut-ĂŞtre le plus connu des mĂ©gaducs et mĂ©sazons est Lucas Notaras, qui sert Constantin XI PalĂ©ologue jusqu’à la chute de Constantinople[10].

Notes et références

  1. Kazhdan 1991, vol. 2, « Megas doux », p. 1330.
  2. Skoulatos 1980, p. 61, 181.
  3. Polemis 1968, p. 66-69.
  4. Skoulatos 1980, p. 145-149.
  5. Angold 1997, p. 150.
  6. Magdalino 2002, p. 234.
  7. Bartusis 1997, p. 274.
  8. Bartusis 1997, p. 381.
  9. Bartusis 1997, p. 60.
  10. Nicol 2008, p. 400.

Bibliographie

  • (en) Michael Angold, The Byzantine Empire (1025-1204) : A Political History, Londres, Longman, , poche (ISBN 978-0-582-49061-1 et 0582490618).
  • (en) Mark C. Bartusis, The Late Byzantine Army : Arms and Society, 1204-1453, Philadelphie, UniversitĂ© of Pennsylvania Press, , 438 p., poche (ISBN 978-0-8122-1620-2 et 0812216202, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • Rodolphe Guilland, Recherches sur les institutions byzantines, t. I, Berlin, Akademie-Verlag, .
  • (en) John F. Haldon, Warfare, state and society in the Byzantine world, 565–1204, Londres, Routledge, (ISBN 1-85728-494-1).
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
  • (en) Paul Magdalino, The Empire of Manuel I Komnenos, 1143-1180, Cambridge University Press, , 584 p. (ISBN 0-521-52653-1, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • Donald MacGillivray Nicol (trad. Hugues Defrance), Les derniers siècles de Byzance, 1261-1453, Paris, Texto, (ISBN 978-2-84734-527-8) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) Demetrios I. Polemis, The Doukai : A Contribution to Byzantine Prosopography, Londres, Athlone Press, Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • Basile Skoulatos, Les personnages byzantins de l'Alexiade : Analyse prosopographique et synthèse, Louvain, Nauwelaerts, Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
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