Lampsaque
Lampsaque (en grec ancien ÎÎŹÎŒÏαÎșÎżÏ / LĂĄmpsakos : « venteuse », aujourd'hui Lapseki), dâabord connue comme Pityussa (Î ÎčÏÏ ÎżáżŠÏÏα / PityoĆ©ssa : « la madrague ») est une ancienne citĂ© grecque dâAsie mineure, situĂ©e sur la rive sud de lâHellespont, en Troade.
Histoire
Selon la tradition, câest une colonie fondĂ©e par les PhocĂ©ens. Sa position stratĂ©gique de port sur lâHellespont est le fondement de sa prospĂ©ritĂ© commerciale. Au VIe siĂšcle av. J.-C., elle est soumise par les Lydiens puis, au dĂ©but des guerres mĂ©diques, par les Perses, menĂ©s par DaurisĂšs, gendre de Darius Ier. ArtaxerxĂšs Ier confie ensuite Lampsaque Ă ThĂ©mistocle en Ă©change dâun approvisionnement en vin local[1], rĂ©putĂ© dans toute la GrĂšce.
AprĂšs la bataille du cap Mycale, elle rejoint la ligue de DĂ©los et paie un tribut de douze talents. En 411 av. J.-C., elle fait dĂ©fection et sâallie au Spartiate Dercylidas. Elle est reprise par lâAthĂ©nien StrombichidĂšs[2] avant dâĂȘtre regagnĂ©e par Lysandre en 405 av. J.-C.[3]
Elle est le lieu de naissance du rhĂ©teur AnaximĂšne, de lâhistorien Charon et des philosophes Adimante, MĂ©trodore de Lampsaque lâAncien et MĂ©trodore de Lampsaque le Jeune.
Ă lâĂ©poque hellĂ©nistique, Lampsaque se trouve dans la zone dâinfluence du royaume de Pergame. Lors de la cinquiĂšme guerre de Syrie, menĂ©e par le SĂ©leucide Antiochos III, Lampsaque est menacĂ©e. LâarrivĂ©e du gĂ©nĂ©ral romain P. CornĂ©lius Scipion contraint Antiochos Ă abandonner la ville ainsi que les autres citĂ©s de lâHellespont[4]. La citĂ© fait ensuite alliance avec Rome. Sous la tutelle romaine, elle connaĂźt la prospĂ©ritĂ© : CicĂ©ron la dĂ©crit ainsi comme « une des plus renommĂ©es et des plus cĂ©lĂšbres de lâAsie[5] ».
Le christianisme commence Ă sây implanter dĂšs le IIe siĂšcle. Au IVe siĂšcle, ParthĂ©nios est le premier Ă©vĂȘque connu de Lampsaque. AprĂšs le « millĂ©naire byzantin », Lampsaque est prise par les ottomans en 1330. En 1847, non loin de la ville, des agriculteurs ont dĂ©gagĂ© un ensemble de piĂšces dâargenterie liturgique, le trĂ©sor de Lampsaque comportant des cuillĂšres dâargent, un calice, un siĂšge pliant et des candĂ©labres, poinçonnĂ©s sous le rĂšgne de Justinien Ier. Sa population grecque est expulsĂ©e en 1923 selon les dispositions du traitĂ© de Lausanne entre la GrĂšce et la Turquie, et sâinstalle en EubĂ©e, prĂšs de Chalcis, fondant une localitĂ© appelĂ©e « la Nouvelle-Lampsaque » (ÎÎα ÎÎŹÎŒÏαÎșÎżÏ).
Priape
Lampsaque est Ă lâorigine du culte de Priape :
« Les habitants de Lampsaque, ville situĂ©e sur les bords de lâHellespont, sâavisĂšrent, les premiers, de tirer ce symbole (le phallus) de la dĂ©pendance des dieux-soleil, de lâĂ©riger en divinitĂ©, et de lui rendre un culte particulier sous le nom antique de Priape. Ce dieu naquit dans cette ville, dit la fable, ce qui, en langage allĂ©gorique, signifie que son culte y prit naissance. »
â Jacques-Antoine Dulaure, Des divinitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices, ou du culte du phallus chez les anciens et les modernes ..., Dentu, , 427 p. (lire en ligne), « Origine du Phallus et de son culte ».
Les cités voisines de Parion et de PÚge (en grec : ΠηγΟ : « la source »/ PegÊ)[6] vouaient elles aussi un culte au dieu Priape.
Personnages
- Charon (vers 500-aprĂšs 465 av. J.-C.) historien logographe
- MĂ©trodore, dit l'Ancien (Ve siĂšcle av. J.-C.) philosophe
- AnaximĂšne (380-320 av. J.-C.) historien, lâun des prĂ©cepteurs d'Alexandre le Grand
- Anaxagore (500 â 428 av. J.-C.), philosophe
- Polyen (vers 340â 278 av. J.-C.) mathĂ©maticien, ami dâĂpicure
- Straton (vers 335-vers 269 av. J.-C.) philosophe aristotélicien, deuxiÚme scolarque du Lycée
- MĂ©trodore, dit le Jeune (321-277 av. J.-C.) philosophe disciple dâĂpicure
- Ăpicure y a enseignĂ© avant de fonder le Jardin Ă AthĂšnes
- ColotĂšs (IIIe siĂšcle av. J.-C.) disciple d'Ăpicure
- Thémista épouse de Léontée, philosophe épicurienne surnommée la Solon féminine
- LĂ©ontĂ©e de Lampsaque (IIIe siĂšcle av. J.-C.) disciple dâĂpicure
- IdomĂ©nĂ©e de Lampsaque (vers 310-vers 270 av. J.-C.) ami et disciple dâĂpicure
- Xénophon de Lampsaque, géographe[7]
- Abraham de Lampsaque (? - 366) ascĂšte
- Denise (? -450) martyre avec Pierre, Paul et André de Lampsaque
- Tryphon (entre 222 et 232-251) saint martyr à Nicée[8].
Notes et références
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (XIII, 1, 12) et Thucydide, La Guerre du PéloponnÚse [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 138, 5).
- Thucydide, La Guerre du PéloponnÚse [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 62, 2-3).
- Plutarque, Vies parallÚles [détail des éditions] [lire en ligne] (Lysandre, IX, 5-6).
- Polybe, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (XXI, 3, 12).
- Contre VerrĂšs, II, 1, 24.
- (tr) « Tarihçe (Histoire) », sur « Site du district de Biga »
- Cité par Pline l'Ancien dans Historia naturalis, VI, 200, et ici .
- Charles Louis Richard, Jean Joseph Giraud, BibliothÚque sacrée, ou, Dictionnaire universel historique, dogmatique, canonique, géographique et chronologique des sciences ecclésiastiques, (présentation en ligne, lire en ligne), « Tryphon, martyr en Bythinie », p. 360
Annexes
Liens externes
- « Lapseki / Lampsaki / Lampsaque », sur Istanbul insolite