Ne doit pas ĂȘtre confondu avec NMNH.
Le Muséum national d'Histoire naturelle[2] (MNHN) est un établissement français d'enseignement, de recherche et de diffusion de la culture scientifique naturaliste (sciences de la vie, sciences de la Terre, anthropologie et disciplines dérivées).
Nom local |
Muséum national d'histoire naturelle |
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Type | |
Ouverture | |
Visiteurs par an |
plus de 3,2 millions en 2018 (tous sites confondus) |
Site web |
Collections |
Animaux vivants ou naturalisés, plantes vivantes ou en herbiers, graines, fossiles, minéraux, roches, météorites, objets ethnographiques, objets et documents scientifiques |
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Nombre d'objets |
66,8 millions en 2020 (66 785 288 au 10 octobre 2014[1]) |
Pays | |
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Adresse | |
Coordonnées |
Fondé en 1793 en continuité du Jardin royal des plantes médicinales créé en 1626[3], c'est l'un des plus anciens établissements mondiaux de ce type. Il est doté du statut de grand établissement et placé sous la double tutelle administrative des ministÚres de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de l'Environnement[4],[5].
Depuis la réforme de 2014, il est dirigé par un président, assisté de directeurs-généraux délégués. Le Muséum dispose d'un personnel d'environ 2200 membres dont cinq cents chercheurs[6].
Sommaire
Ătablissements du MusĂ©um
à la différence de beaucoup de musées d'histoire naturelle, le Muséum national d'Histoire naturelle n'est pas composé d'un seul site, mais de quatorze, à Paris et en différents lieux de France : la plupart sont multifonctionnels.
Son siÚge se trouve au jardin des plantes de Paris qui est à la fois botanique, écologique et zoologique, et comprend un ensemble de galeries scientifiques qui sont autant de musées spécialisés, de laboratoires, de serres, et une bibliothÚque spécialisée[7].
D'importants budgets sont nĂ©cessaires pour faire fonctionner, entretenir, rĂ©nover et mettre ces installations aux normes (principalement pour la sĂ©curitĂ© et l'accessibilitĂ©). Les entrĂ©es payantes ne suffisent pas Ă couvrir ces dĂ©penses et certaines installations ouvertes au public n'ont pu ĂȘtre rĂ©habilitĂ©es.
Ainsi, l'aquarium-musĂ©e de la mer de Dinard a Ă©tĂ© dĂ©finitivement fermĂ© en 1996[note 1], de mĂȘme que les galeries d'Entomologie et de PalĂ©obotanique Ă Paris, respectivement fermĂ©es en 1996 et 1998.
Paris
Les sites sont au nombre de quatre Ă Paris, sur une surface de 41,2 hectares au total :
- le Jardin des plantes (27 ha dont 23,5 ha au nord de la rue Buffon et 3,5 ha au sud[8]) comportant :
- une grande perspective à la française de la place Valhubert à l'Est jusqu'à la rue Geoffroy-Saint-Hilaire à l'Ouest ;
- les jardins à l'anglaise et le « grand labyrinthe »[note 2] surmonté par la gloriette de Buffon ;
- les grandes serres du Jardin des plantes ;
- le jardin alpin ;
- le jardin Ă©cologique ;
- l'Ă©cole de botanique ;
- la ménagerie du Jardin des plantes ;
- les maisons de Buffon, de Cuvier, de Chevreul ; le « bùtiment de la baleine » (ancienne galerie d'anatomie comparée, créée par Cuvier en 1802 et ouverte au public de 1806 à 1898[9]) ; l'hÎtel de Magny (abritant les bureaux de l'administration centrale et dont les salons furent ouverts au public de 2008 à 2017 pour une présentation historique du Jardin des plantes), les amphithéùtres « Rouelle » et « Verniquet » ;
- la grande galerie de l'Ăvolution ;
- la galerie des enfants[10] (situĂ©e dans le bĂątiment de la grande galerie de l'Ăvolution) ;
- la galerie de Minéralogie et de Géologie (l'exposition permanente « Trésors de la terre » y retrace l'ensemble du monde minéral)[11] ;
- la galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée ;
- la galerie de Botanique ;
- la galerie de PalĂ©obotanique (ouverte au public de 1972 Ă 1998), situĂ©e dans le mĂȘme bĂątiment que la galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie[note 3] ;
- la galerie d'Entomologie dans le « clos Patouillet » (ouverte au public de 1961 à 1996 au rez-de-chaussée du laboratoire d'entomologie, au 45-55 rue Buffon, à la place de la galerie cynégétique du duc d'Orléans présentée de 1928 à 1959[12],[13]) ;
- le parc zoologique de Paris, dans le bois de Vincennes (14,5 ha) ;
- l'Institut de paléontologie humaine, situé dans le 13e arrondissement, géré en partenariat par la Fondation Albert Ier, Prince de Monaco et le Muséum national d'histoire naturelle.
- le musée de l'Homme, dans le Palais de Chaillot au Trocadéro.
Hors de Paris
Hors de Paris les sites du Muséum sont au nombre de dix :
- le centre d'écologie générale de Brunoy ;
- l'arboretum de Versailles-ChĂšvreloup, Ă Rocquencourt ;
- la réserve zoologique de la Haute-Touche, à Obterre ;
- la station de biologie marine de Concarneau, avec son espace public : le « Marinarium » ;
- la station de biologie marine de Dinard (Centre de recherche et d'enseignement sur les systĂšmes cĂŽtiers - CRESCO) ;
- le musée du site de l'abri Pataud, aux Eyzies ;
- le jardin botanique alpin La Jaÿsinia à Samoëns ;
- le site paléontologique de Sansan ;
- l'Harmas de Jean-Henri Fabre Ă SĂ©rignan-du-Comtat ;
- le jardin botanique du Val Rahmeh, Ă Menton.
Missions
Les statuts fondateurs de l'actuel Muséum, en 1793, établissent ses cinq principales missions :
- la conservation de collections scientifiques comprenant environ 67 millions de spécimens ainsi que des espÚces vivantes sur 12 sites à Paris et dans le reste de la France ;
- la diffusion de la culture scientifique dans les spécialités propres à l'établissement ;
- la recherche ;
- l'enseignement[14] et la formation Ă la recherche (master et doctorat) ;
- l'expertise scientifique.
Ces spécialités concernent les disciplines propres à l'histoire naturelle, à savoir :
- l'étude de l'organisation et du fonctionnement du monde vivant (systématique, anatomie comparée, biochimie, biophysique, physiologie, etc.) ;
- l'étude du monde animal (zoologie et disciplines dérivées) ;
- l'étude du monde des champignons (mycÚtes et myxomycÚtes, mycologie et disciplines dérivées) ;
- l'étude du monde végétal (botanique et disciplines dérivées) ;
- l'étude de la vie unicellulaire, eucaryote, archéenne et bactérienne (microbiologie et disciplines dérivées) ;
- l'étude de la Terre et du monde minéral (géomorphologie, écologie, minéralogie, pétrologie, etc. et disciplines dérivées) ;
- l'étude de l'évolution de la vie, à travers ses traces minérales ou génétiques (paléontologie, génétique et disciplines dérivées) ;
- l'étude de l'évolution de la lignée humaine, de son insertion dans l'environnement, de son impact sur les milieux, des rapports entre l'espÚce humaine et les milieux, des rapports entre nature et culture (anthropologie et disciplines dérivées telle l'ethnobotanique).
Dans l'expression « histoire naturelle », le terme « histoire » renvoie Ă son sens Ă©tymologique : « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquĂȘte », « connaissance acquise par l'enquĂȘte », qui lui-mĂȘme a pour racine le terme ጔÏÏÏÏ, hĂstĆr signifiant « sagesse », « tĂ©moin » ou « juge ». Ainsi, l'« histoire naturelle » est une enquĂȘte approfondie sur la nature, une collection de rĂ©sultats, mais aussi de doutes acquis Ă un moment donnĂ©, et qui, comme dans toute dĂ©marche scientifique, seront remis en question par de nouvelles dĂ©couvertes, mais n'en accumulent pas moins une « sagesse » au sujet des questions naturelles. En un sens plus rĂ©cemment acquis, le terme « histoire » dans « histoire naturelle » peut aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©, Ă la lumiĂšre de l'approche actuelle de cette discipline, comme l'histoire approchĂ©e de notre planĂšte, de la vie (palĂ©ontologie) et de la lignĂ©e humaine (anthropologie). Selon cette vision rĂ©cente de ce que serait l'« histoire naturelle », le terme « naturelle » renverrait alors Ă la biodiversitĂ© actuelle de notre planĂšte. Au XXIe siĂšcle, l'« histoire naturelle » est ainsi plus que jamais d'actualitĂ© en tant qu'approche systĂ©mique pluridisciplinaire, englobant sans les opposer aussi bien l'homme que la nature, l'environnement que le dĂ©veloppement, la prĂ©servation que la valorisation. La « culture scientifique naturaliste » est, au MusĂ©um, une part intĂ©grante de la culture (voir Ăducation Ă l'environnement et au dĂ©veloppement durable).
Histoire
Le MusĂ©um national d'histoire naturelle est fondĂ© le par dĂ©cret de la Convention[3]. Cet Ă©tablissement est la mĂ©tamorphose dâun « jardin d'utopie » plus ancien[15], le Jardin royal des plantes mĂ©dicinales qui dispensait dĂ©jĂ le savoir des savants qui lâadministraient, et qui avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© au XVIIe siĂšcle sur la terre d'Alez oĂč, au XVIe siĂšcle, lâapothicaire philanthrope Nicolas HouĂ«l donnait des cours dâherboristerie[16]. Sur ce site, la tradition dâenseigner lâhistoire naturelle remonte donc Ă prĂšs de cinq siĂšcles.
XVIIe siĂšcle

En 1626, lâun des mĂ©decins du roi, Guy de La Brosse, appuyĂ© par le premier mĂ©decin Jean HĂ©roard, et par Richelieu, persuade Louis XIII de crĂ©er Ă Paris un « jardin de plantes mĂ©dicinales ». Un nouvel Ă©dit royal est proclamĂ© en 1635 et ce jardin, le Jardin royal des plantes mĂ©dicinales, ouvre finalement ses portes en 1640, devant servir dâune part, Ă la culture, la conservation, lâĂ©tude et lâutilisation des plantes utiles Ă la santĂ©, et, dâautre part et Ă destination des futurs mĂ©decins et apothicaires, Ă lâenseignement de la botanique, de la chimie et de lâanatomie. Ces cours, enseignĂ©s en français (câest une premiĂšre, car partout ailleurs câest en latin), sont Ă©galement accessibles au grand public. Ils sont dispensĂ©s par des « dĂ©monstrateurs » et obtiennent un vif succĂšs : des auditeurs de tous Ăąges, français et Ă©trangers, frĂ©quentent les leçons donnĂ©es au Jardin[l 1].
DestinĂ© initialement aux collections botaniques et aux besoins de la maison royale (dâoĂč le nom de « Jardin royal des plantes mĂ©dicinales »), le Jardin suscite lâhostilitĂ© de la facultĂ© de mĂ©decine, seule Ă Paris, Ă pouvoir dĂ©cerner le grade de docteur en mĂ©decine. Dâailleurs, les dĂ©monstrateurs sont tous mĂ©decins, mais formĂ©s, eux, en province, et notamment Ă Montpellier, facultĂ© rivale et dĂ©testĂ©e. Autre sujet dâaversion : les nouvelles disciplines enseignĂ©es au Jardin, comme la mĂ©decine chimique ou la circulation du sang, qui sont des hĂ©rĂ©sies pour les universitaires parisiens, gardiens des traditions hippocratique et galĂ©nique. JusquâĂ la fin du XVIIe siĂšcle, la facultĂ© de mĂ©decine de Paris fera tout ce quâelle pourra pour sâopposer, devant le Parlement, aux dĂ©cisions prises par le surintendant ou lâintendant du Jardin[l 2].
En 1693, Guy-Crescent Fagon accĂšde Ă cette derniĂšre fonction en devenant premier mĂ©decin du roi Louis XIV. Petit neveu du fondateur Guy de la Brosse, son administration est remarquable : il apaise par un compromis le conflit devenu aigu avec la FacultĂ© de Paris, recrute un personnel compĂ©tent (tels Tournefort, lâun des pĂšres de la botanique française, Vaillant, mais aussi Antoine de Jussieu, fondateur dâune dynastie de botanistes) et enfin encourage les voyages dâĂ©tude dans les pays lointains. De cette Ă©poque datent les premiĂšres collections du Jardin, constituĂ©es tout dâabord par des missionnaires (Charles Plumier entre 1689 et 1697 aux Antilles, Louis FeuillĂ©e entre 1703 et 1711 dans les AndesâŠ), puis par des mĂ©decins (Augustin Lippi en 1704 au Soudan et surtout Tournefort en MĂ©diterranĂ©e orientale et en Anatolie de 1700 Ă 1702). Fagon favorise lâimportation et lâacclimatation des plantes tropicales, notamment le cafĂ©, jusquâalors monopole de lâEmpire ottoman, que Jussieu introduit aux Antilles[l 3].
XVIIIe siĂšcle
Au XVIIIe siĂšcle, lâactivitĂ© se diversifie : de lâart de guĂ©rir par les plantes, on passe progressivement Ă lâhistoire naturelle. Le lendemain de la mort de Louis Poirier, premier mĂ©decin du roi, le dĂ©cret royal du sĂ©pare cette charge de celle du surintendant du Jardin royal des plantes et, en 1729, lâancien « droguier » qui a perdu progressivement son aspect dâofficine, prend officiellement le titre de « cabinet dâHistoire naturelle »[l 4].
Dix ans plus tard, en 1739, le « Jardin du roi » comme on lâappelle dĂ©sormais, prend une nouvelle dimension, grĂące Ă lâun des savants les plus en vue du XVIIIe siĂšcle : Buffon (1707-1788). Ce naturaliste complet (il publie tout au long de son mandat la monumentale Histoire naturelle en 36 volumes, un vĂ©ritable best-seller de lâĂ©poque), membre de lâAcadĂ©mie française et trĂ©sorier perpĂ©tuel de celle des sciences, va diriger lâĂ©tablissement pendant prĂšs dâun demi-siĂšcle, jusquâĂ sa mort en 1788. GrĂące Ă lui, en 50 ans le Jardin double sa superficie, lâĂ©cole de botanique ainsi que le cabinet d'Histoire naturelle sont agrandis et, avant sa mort, un vaste amphithĂ©Ăątre et une nouvelle serre sont mis en chantier.
Comme Fagon, Buffon recrute de nouveaux et prestigieux naturalistes : AndrĂ© Thouin, Antoine-Laurent de Jussieu, les frĂšres Rouelle (Guillaume-François « l'aĂźnĂ© » auquel succĂ©dera Hilaire-Marin « le cadet »), Fourcroy, Mertrud, mais aussi Daubenton, Lamarck ou Dolomieu. Les voyages de dĂ©couverte et dâĂ©tude Ă but naturaliste se succĂšdent : Jean-AndrĂ© Peyssonnel dĂ©couvre la nature animale du corail vivant sur les cĂŽtes de « Barbarie » (1725) ; Joseph de Jussieu passe 35 ans au PĂ©rou espagnol (1735-1770) et contribue largement Ă la connaissance du quinquina, dĂ©couvert par La Condamine ; Jean Baptiste Christian FusĂ©e-Aublet explore la Guyane (1762-1764) tout comme Louis Claude Richard (1781-1789). Dans lâocĂ©an Indien, Pierre Poivre acclimate les Ă©pices Ă lâĂźle Maurice (1770) alors que son cousin Pierre Sonnerat accomplit plusieurs pĂ©riples vers les Indes Orientales Ă la fin du XVIIIe siĂšcle. Dâautres, comme le botaniste Philibert Commerson ou les jardiniers Jean Nicolas Collignon (qui accompagne les navigateurs Bougainville et LapĂ©rouse) et Joseph Martin, enrichissent Ă leur tour les collections vivantes du Jardin. En un demi-siĂšcle, lâĂ©nergie et le travail acharnĂ© de Buffon font du Jardin lâun des phares scientifiques du XVIIIe siĂšcle, de notoriĂ©tĂ© internationale.
Ă sa mort, en 1788, le roi nomme Ă la tĂȘte du Jardin un militaire, Auguste de Flahaut, qui nâentend pas grand-chose aux sciences, ni mĂȘme Ă lâhorticulture, et dont se plaignent vainement auprĂšs du roi le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et le personnel du Jardin, notamment les dĂ©monstrateurs.
Révolution française
La RĂ©volution modifie profondĂ©ment le fonctionnement du Jardin. Le , un dĂ©cret de lâAssemblĂ©e nationale demande aux dĂ©monstrateurs de rĂ©diger un projet pour sa rĂ©organisation. La premiĂšre assemblĂ©e vote le dĂ©part dâAuguste de Flahaut et Ă©lit Ă l'unanimitĂ© Daubenton directeur. Ce dernier charge une commission comprenant Antoine-François Fourcroy, Bernard LacĂ©pĂšde et Antoine Portal de rĂ©diger le rĂšglement de la nouvelle institution et dâen fixer le fonctionnement et les missions du MusĂ©um : instruire le public, constituer des collections et participer activement Ă la recherche scientifique. Le corps des professeurs et leur directeur, Ă©lu et renouvelĂ© chaque annĂ©e, devaient ĂȘtre les garants de lâindĂ©pendance de la recherche.
Mais, prise par lâactualitĂ© politique alors tumultueuse, lâAssemblĂ©e nationale laisse ce projet de cĂŽtĂ©. En 1791, de Flahaut dĂ©missionne, remplacĂ© en 1792 par Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre. Ce nâest quâen 1793 que Joseph Lakanal (1762-1845), apportant les collections du prince de CondĂ© rencontre Daubenton et dĂ©couvre le projet de 1790. Lakanal le porte Ă lâAssemblĂ©e et, dĂšs le lendemain , obtient le vote du dĂ©cret Ă©tablissant le MusĂ©um, donnant ainsi au Jardin une existence juridique propre[note 4].
Le poste dâintendant est alors remplacĂ© par la fonction de directeur. Lâancienne hiĂ©rarchie des officiers du Jardin, notamment en dĂ©monstrateurs et sous-dĂ©monstrateurs, est abolie. Douze postes de professeurs assurent, de façon Ă©gale et collĂ©giale, lâadministration du MusĂ©um. Les enseignements sont rĂ©partis en douze chaires professorales[l 5].
XIXe siĂšcle

Avec deux savants prestigieux, Ătienne Geoffroy Saint-Hilaire et Georges Cuvier, lâĂ©tude de la vie animale prend, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, lâavantage sur celle des plantes, qui prĂ©dominait jusquâalors[l 6]. Geoffroy Saint-Hilaire, proche des idĂ©es transformistes de Lamarck, crĂ©a la mĂ©nagerie dĂšs 1793 et sâopposera durant le premier tiers du siĂšcle Ă Cuvier, partisan convaincu des thĂ©ories catastrophistes et fixistes. En affirmant, bien avant Charles Darwin, la transformation progressive et successive des espĂšces au fil des gĂ©nĂ©rations et au cours du temps, Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire prĂ©cĂšdent dâun demi-siĂšcle la publication de lâOrigine des espĂšces en 1859. L'abbĂ© RenĂ© Just HaĂŒy, fondateur de la cristallographie gĂ©omĂ©trique, y enseigne en 1800. Diverses thĂ©ories ou dĂ©couvertes voient le jour au MusĂ©um : le principe de corrĂ©lation des formes sur lequel Cuvier fonde lâanatomie comparĂ©e et la palĂ©ontologie, la sĂ©rie de travaux de Chevreul sur les corps gras, les recherches de Charles Naudin, qui formule vers 1860, au mĂȘme moment que Gregor Mendel, les lois essentielles de la gĂ©nĂ©tique ou encore la dĂ©couverte de la radioactivitĂ© en 1896 qui vaudra Ă Henri Becquerel, quelques annĂ©es plus tard, en 1903, le prix Nobel de physique.
Dâautres savants vont ponctuer la vie du MusĂ©um en ce XIXe siĂšcle, notamment LacĂ©pĂšde, Gay-Lussac, Milne Edwards pĂšre puis fils, Chevreul, Alcide d'Orbigny, la lignĂ©e des Becquerel ou Claude Bernard. La plupart dâentre eux sont membres de lâAcadĂ©mie des sciences ou de lâAcadĂ©mie de mĂ©decine. Plusieurs enseignent au CollĂšge de France ou Ă lâĂcole centrale Paris[l 7].
La multiplication tout au long du XIXe siĂšcle des voyages d'exploration augmente considĂ©rablement les collections : l'expĂ©dition d'Ăgypte de NapolĂ©on Bonaparte de 1798 Ă 1801, Ă laquelle participent prĂšs de 170 savants dont Geoffroy Saint-Hilaire, prĂ©cĂšde de peu celle dâAlexander von Humboldt en AmĂ©rique du Sud (1799-1804) ou celle de Nicolas Baudin dans les terres australes (1800-1803). Suivront celles d'Auguste de Saint-Hilaire au BrĂ©sil (1816-1822), de Claude Gay au Chili (1828-1842), de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent en GrĂšce (1829) puis en AlgĂ©rie (1840-1842), de l'abbĂ© David en Chine (entre 1862 et 1874) ou d'Alfred Grandidier Ă Madagascar (1865-1870). Et n'oublions pas l'une des premiĂšres expĂ©ditions spĂ©cifiquement orientĂ©e vers la palĂ©ontologie, celle d'Albert Gaudry sur le site de Pikermi en GrĂšce (1855-1860). Et la liste des expĂ©ditions auxquels participent les savants du MusĂ©um est loin d'ĂȘtre exhaustive[18].
Pour conserver les collections ainsi enrichies, le vieux chĂąteau achetĂ© par Louis XIII en 1633, au moment de la crĂ©ation du Jardin royal des plantes mĂ©dicinales, a dĂ©jĂ Ă©tĂ© remaniĂ© et agrandi tout au long du XVIIIe siĂšcle, jusqu'Ă prĂ©senter sous l'Empire une façade de 120 mĂštres le long de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Mais ces extensions s'avĂ©rant insuffisantes, on construit et on dĂ©mĂ©nage Ă tour de bras : Charles Rohault de Fleury Ă©difie une nouvelle galerie de MinĂ©ralogie entre 1833 et 1837, premier bĂątiment spĂ©cifiquement destinĂ© Ă ĂȘtre un musĂ©e en France. Ă son extrĂ©mitĂ©, un grand espace a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© pour abriter les herbiers, eux aussi de plus en plus nombreux. Le mĂȘme architecte Ă©lĂšve Ă©galement deux Ă©lĂ©gantes serres jumelles entre 1833 et 1836, restaurĂ©es en 1980-1981 puis en 2005-2010 et toujours en service. Enfin, entre 1877 et 1889, Jules AndrĂ© construit la galerie de Zoologie et, Ă l'extrĂȘme fin du siĂšcle (1898), est inaugurĂ©e la galerie de PalĂ©ontologie et d'Anatomie comparĂ©e[l 8].
Avec la nomination, en 1836, du chimiste EugĂšne Chevreul (1786-1889), le MusĂ©um commence Ă s'intĂ©resser, comme sa « rivale » la facultĂ© des sciences de Paris, aux sciences physiques, chimiques et de l'Univers, d'oĂč la crĂ©ation en 1837, pour Antoine Becquerel, de la chaire de physique appliquĂ©e[l 9]. Cette pĂ©riode prend fin avec Alphonse Milne-Edwards, en 1890, et la promulgation du dĂ©cret du qui signe le retour en force de l'histoire naturelle biologique basĂ©e sur l'Ă©tude des collections (cette politique restera en vigueur jusqu'Ă la veille de la Seconde Guerre mondiale)[l 10]. Entre-temps, le gouvernement de NapolĂ©on III avait adoptĂ© en 1863 un dĂ©cret portant le mandat de directeur Ă 5 ans sans limitation de renouvellement : Chevreul le restera 28 ans. Le nombre de chaires augmente Ă©galement et certaines sont divisĂ©es en deux Ă mesure que les disciplines se spĂ©cialisent.
Pour favoriser ses activitĂ©s de recherche liĂ©es Ă la mer, le MusĂ©um ouvre en 1882 un laboratoire de recherche maritime Ă l'Ăźle Tatihou[19] qui Ă partir de 1887 devient sa toute premiĂšre station maritime. Elle restera en fonctionnement dans l'Ăźle jusqu'en 1923[20] et sera transfĂ©rĂ©e Ă Saint-Servan en 1924[21] puis Ă Dinard en 1935[22], annĂ©e oĂč elle est devenue l'actuelle station de biologie marine de Dinard avec l'ajout en 2008 du Cresco (Centre de recherche et d'enseignement sur les systĂšmes cĂŽtiers, gĂ©rĂ© paritairement avec l'Ifremer). L'autre station maritime du MusĂ©um, la station de biologie marine de Concarneau, avait Ă©tĂ© fondĂ©e par Victor Coste en 1859, mais ce n'est que depuis 1996 que le MusĂ©um la gĂšre paritairement avec le CollĂšge de France.
Pour enrichir les collections au fil de l'extension et de l'exploration de l'empire colonial français, une « Ă©cole coloniale » a vu le jour en 1889 et un enseignement spĂ©cial destinĂ© aux voyageurs a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© en 1893, avant mĂȘme le ministĂšre des colonies (qui date de 1894).
Trop vastes pour ĂȘtre intĂ©gralement prĂ©sentĂ©es, les collections du MusĂ©um font l'objet d'expositions temporaires qui remportent un vif succĂšs. L'une des premiĂšres est, en 1884, consacrĂ©e aux campagnes ocĂ©anographiques du Travailleur et du Talisman ; les visiteurs pouvaient y voir les appareils (dragues, sondes, thermomĂštres) utilisĂ©s par les chercheurs embarquĂ©s ainsi que de nombreux Ă©chantillons en bocaux des animaux (poissons, crustacĂ©s, mollusques, Ă©chinodermes, zoophytes) recueillis jusqu'Ă 5 000 mĂštres de profondeur (une performance pour l'Ă©poque)[l 11]. Les travaux naturalistes en Antarctique et ethnographiques en Terre de Feu sur les Selknams par Ămile Racovitza de l'expĂ©dition Belgica ainsi que le laboratoire du navire furent Ă©galement exposĂ©s dans l'ancienne galerie du Duc d'OrlĂ©ans, rue Buffon[23].
XXe siĂšcle

La loi de finances du accorde au MusĂ©um l'autonomie financiĂšre et un budget propre d'1 million de francs de l'Ă©poque (soit autant que le budget de la facultĂ© des sciences)[l 10]. Dans la mĂȘme annĂ©e Edmond Perrier, directeur du MusĂ©um, dĂ©cide de fonder la SociĂ©tĂ© des Amis du MusĂ©um avec pour but de donner son appui moral et financier au MusĂ©um. En ce dĂ©but du XXe, les collections du MusĂ©um s'accroissent considĂ©rablement. Les voyages se multiplient : d'Alfred Lacroix en Martinique Ă la suite de l'Ă©ruption de la Montagne PelĂ©e en 1902, jusqu'Ă Robert Gessain Ă la fin des annĂ©es 1970 au Groenland, en passant par Henri Humbert Ă Madagascar (entre 1912 et 1960), Marcel Griaule entre Dakar et Djibouti (1931-1933) ou Henri Lehmann (1901-1991) au Guatemala (1954-1969).


AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, le MusĂ©um acquiert de nouveaux Ă©tablissements dans et hors de la capitale. En 1922, il hĂ©rite de la propriĂ©tĂ© de l'entomologiste Jean-Henri Fabre Ă SĂ©rignan-du-Comtat, prĂšs d'Orange[l 12]. Le MusĂ©e du Duc d'OrlĂ©ans, 45 rue Buffon[24], est inaugurĂ© le [12]. La prĂ©sentation des animaux naturalisĂ©s, dans des dioramas reconstituant leur environnement naturel, relevait alors dâune musĂ©ographie innovante et spectaculaire pour lâĂ©poque (au moins en France)[25],[12]. Ce musĂ©e a Ă©tĂ© fermĂ© au public en 1959[25],[12].
L'activitĂ© botanique du MusĂ©um ne s'Ă©tant pas dĂ©mentie, il devient propriĂ©taire par legs du domaine de ChĂšvreloup en 1934. La mĂȘme annĂ©e, le prĂ©sident du Conseil inaugure le parc zoologique de Vincennes, suivi quelques annĂ©es plus tard par le musĂ©e de l'Homme, installĂ© dans le nouveau TrocadĂ©ro (1937)[l 13].
à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le Muséum compte 19 chaires magistrales pour autant de professeurs-administrateurs. Durant les quatre années d'Occupation, les pénuries d'énergie et d'aliments provoquent la perte d'une partie des collections vivantes (serres, ménagerie et zoo de Vincennes). L'établissement abrite des réseaux de résistants : l'un au Jardin des plantes autour des professeurs Roger Heim, Jean-Pierre Lehman et Jean Orcel, l'autre au musée de l'Homme autour du pr. Paul Rivet. Au sortir de la guerre c'est Roger Heim qui dirige le Muséum de 1950 à 1965[l 12], parvenant à redresser l'établissement dans un contexte difficile (l'histoire naturelle étant, en pleine croissance économique, souvent considérée comme une « discipline mineure » et obsolÚte[note 5]). Conscient des déséquilibres et de la surexploitation des ressources par l'expansion humaine, Heim contribue en 1948 à la création de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 1962, il installe au Muséum un « service de conservation de la nature » qui évolue en 1979 en « secrétariat de la faune et de la flore », puis en 1992 en « délégation permanente à l'environnement »[l 12]. Durant cette période, le Muséum acquiert l'abri Pataud en Dordogne (1957), la réserve zoologique de la Haute-Touche dans l'Indre (1958) et le jardin botanique de Val Rahmeh à Menton (1966).
Tout au long du XXe siĂšcle, de nouveaux milieux jusque-lĂ pas ou peu explorĂ©s sont dĂ©couverts : on pĂ©nĂštre de plus en plus loin Ă l'intĂ©rieur des forĂȘts primaires, des moyens techniques permettent d'explorer les fonds ocĂ©aniques et de dĂ©couvrir que la vie y rĂ©side. On dĂ©couvre Ă©galement que la vie rĂ©side Ă l'intĂ©rieur des grottes que RenĂ© Jeannel et Norbert Casteret explorent. Les scientifiques repoussent les limites gĂ©ographiques de leurs recherches pour couvrir l'ensemble de la biosphĂšre. Le MusĂ©um s'intĂ©resse aussi Ă l'espace puisque parmi ses collections, on peut trouver des matĂ©riaux extraterrestres comme des mĂ©tĂ©orites[26] et quelques pierres de Mars.
Au MusĂ©um l'ĂȘtre humain est bien compris comme une partie et un acteur de l'histoire naturelle : la vie des peuples autochtones par exemple est Ă©tudiĂ©e par l'ethnographie qui se dĂ©veloppe dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, amenant la crĂ©ation, en 1880, du musĂ©e d'ethnographie du TrocadĂ©ro, rattachĂ© en 1928 au MusĂ©um et transformĂ© en musĂ©e de l'Homme dix ans plus tard[l 14]. Ce musĂ©e collecte Ă©galement de plus en plus de fossiles d'hominidĂ©s : parmi ses riches collections, on peut y voir le crĂąne de l'homme de Tautavel, le pithĂ©canthrope de Java, un moulage du cĂ©lĂšbre australopithĂšque surnommĂ© « Lucy » (dont le fossile original, conservĂ© en Ăthiopie, est vieux de plus de trois millions d'annĂ©es), ou encore au musĂ©e de l'Homme les fossiles originaux de l'Homme de Cro-Magnon datant de 27 700 ans, de lâHomme de la Chapelle-aux-Saints, principal squelette d'Homme de NĂ©andertal (60 000 ans), de lâHomme de la Ferrassie, de lâenfant du Pech-de-lâAzĂ©, de la tĂȘte de la Dame du Cavillon recouverte de coquillages (24 000 ans) ou de la femme de lâabri Pataud[27],[28] avec des Ćuvres dâart prĂ©historique comme la VĂ©nus de Lespugue. Les fossiles d'autres animaux ne sont pas en reste. InstallĂ©s dans la galerie de PalĂ©ontologie de la rue Buffon, on y trouve entre autres le cĂ©lĂšbre Mosasaure de Maastricht, un grand spĂ©cimen de MĂ©gathĂ©rium, au moins deux squelettes complets de mammouths, le squelette de l'Aepyornis offert par l'AmĂ©ricain Andrew Carnegie en 1908, les fossiles des fouilles varoises de 1985 Ă Canjuers, dont un exemplaire adulte ou sub-adulte de Compsognathus, un moulage de celui qui fut en 1908 le premier crĂąne complet de Tyrannosaurus, ou encore un authentique crĂąne fossilisĂ© de Triceratops dont le MusĂ©um avait fait l'acquisition en 1912. Mais ce sont surtout les squelettes complets de dinosaures qui rencontrent dans cette galerie le plus de succĂšs (Diplodocus, Allosaurus, Iguanodon, Carnotaurus, Unenlagia, Dromaeosaurus, BambiraptorâŠ).
Au cours du XXe siÚcle les expositions temporaires se multiplient. Celle du tricentenaire du Jardin royal des plantes médicinales, en 1935, déploie tout l'arc-en-ciel des divers domaines de l'histoire naturelle et retrace l'histoire du Muséum. De à , cette histoire fut exposée dans le « cabinet d'histoire du Jardin des plantes » (dans des salles de l'hÎtel de Magny, mais ce « cabinet d'histoire » est désormais dissous). Au fil des années, la muséographie des expositions évolue et s'accompagne de beaux catalogues. Parmi les plus visitées, signalons Orchidées et plantes épiphytes en 1966, Météorites, messagÚres du cosmos en 1968, La Nature au microscope électronique en 1971, Le Sahara avant le désert en 1974, Les plus beaux coquillages du monde en 1975, Histoire naturelle de la sexualité en 1977 avec André Langaney, La bionique, science des inventions de la nature en 1985 et les cristaux géants du Brésil en 1987, qui ensemble ont attiré plus d'un million de visiteurs. Un public nombreux suit également les conférences-débats et les séances de travaux dirigés[l 15].
Ă partir de 1975, un plan de rĂ©habilitation des locaux et de regroupement des laboratoires se met en place : on rĂ©nove les anciennes galeries du XIXe siĂšcle, on y ajoute des ailes mais on effectue Ă©galement de spectaculaires rĂ©alisations, comme en tĂ©moigne la zoothĂšque souterraine ouverte en 1986 et destinĂ©e Ă abriter les collections de la galerie de zoologie, fermĂ©e au public depuis 1965[l 16]. Cette galerie sera rouverte trente ans plus tard, en 1994, sous la forme d'une « grande galerie de l'Ăvolution » inaugurĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique François Mitterrand. Pour les enfants, des ateliers pĂ©dagogiques sont organisĂ©s dĂšs 1970 sous l'Ă©gide, entre autres, de GeneviĂšve Meurgues, mais prennent une dimension nouvelle avec la « galerie des Enfants », salle permanente d'activitĂ©s ouverte dans la grande galerie de l'Ăvolution[10].
PrÚs de deux millions de personnes visitent chaque année les divers sites parisiens du Jardin des plantes, y compris les étudiants qui fréquentent le Muséum, car celui-ci est également un campus et un centre de formation pour les futurs chercheurs : depuis 1989, il délivre seul le doctorat nouveau régime et, depuis 1995, il a l'habilitation ministérielle pour sept nouveaux DEA[l 15].
Sur le plan administratif, en 1968, une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du personnel (alors plus de 2 200 personnes) avait proposĂ© de remplacer l'assemblĂ©e des professeurs (instituĂ©e en 1793 comme unique instance dirigeante, scientifiquement comme administrativement) par un conseil oĂč seraient reprĂ©sentĂ©s Ă parts Ă©gales les professeurs, les chercheurs et les techniciens. Cette proposition n'a pas abouti, mais au fil des annĂ©es l'assemblĂ©e des professeurs a perdu de ses prĂ©rogatives au profit des secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux nommĂ©s par les ministĂšres de tutelle. Ainsi, le dĂ©cret du fait du MusĂ©um national d'histoire naturelle un Ă©tablissement public Ă caractĂšre scientifique, culturel et professionnel. Ce dĂ©cret met fin au rĂŽle d'administrateurs des professeurs et substitue l'assemblĂ©e des professeurs par deux conseils formĂ©s de membres Ă©lus (en majoritĂ©) ou nommĂ©s pour quatre ans, parmi lesquels peuvent aussi se trouver des personnes extĂ©rieures Ă l'Ă©tablissement : un conseil d'administration de 28 membres et un conseil scientifique de 12 membres divisĂ© en trois sections (collections, recherche, diffusion des connaissances), chaque section Ă©tant habilitĂ©e Ă se rĂ©unir sĂ©parĂ©ment des autres[29]. En 1994, une nouvelle circulaire ajoute un troisiĂšme conseil de gestion, le conseil des laboratoires.
XXIe siĂšcle
L'évolution des statuts de l'établissement dans le sens d'une complexification croissante (mais pas forcément plus fonctionnelle) se poursuit au XXIe siÚcle et le décret du dissout les chaires d'enseignement et de recherche. Les collections et les personnes qui constituaient les anciennes chaires sont alors distribuées dans sept « départements de recherche » (depuis 2017 dissous eux aussi) :
- « Ăcologie et gestion de la biodiversitĂ© »
- « Histoire de la Terre »
- « Hommes, natures et sociétés »
- « Milieux et peuplements aquatiques »
- « Préhistoire humaine »
- « Régulations, développement et diversité moléculaire »
- « Systématique et évolution ».
Par ce dĂ©cret sont aussi crĂ©Ă©s des niveaux hiĂ©rarchiques intermĂ©diaires entre la direction et les chercheurs, ainsi que des structures transversales pour dĂ©finir les grandes missions du MusĂ©um et y encadrer les recherches. Les fonctions de l'ancien directeur sont partagĂ©es entre un prĂ©sident, qui prĂ©side le conseil d'administration, et un directeur gĂ©nĂ©ral qui dirige effectivement l'Ă©tablissement. Tous deux sont dĂ©sormais nommĂ©s pour 4 ans directement par le prĂ©sident de la RĂ©publique. Les laboratoires sont conservĂ©s et placĂ©s sous l'autoritĂ© des dĂ©partements nouvellement crĂ©Ă©s afin de coordonner les activitĂ©s des chercheurs. L'Ă©tablissement est placĂ© dĂ©sormais sous la tutelle de trois ministĂšres : Ăducation nationale, Recherche et Ăcologie. Ce systĂšme est si complexe qu'en 2017 les sept dĂ©partements de 2001 sont rĂ©duits Ă trois, les trois dĂ©partements encore en vigueur au sein du MusĂ©um[30] :
- « Homme et environnement »
- « Adaptations du vivant »
- « Origines et évolution »
Aujourd'hui, le Muséum est responsable de la conservation d'un patrimoine de 67 millions de spécimens dont plusieurs centaines de milliers de « types » de tous genres (voir ci-dessous), spécimens incluant des centaines de milliers de plantes vivantes et environ 3 500 animaux vivants. Avec 1 800 personnes en France (pas toutes à Paris), dont une majorité de chercheurs et de techniciens, le Muséum tient un rÎle national et international majeur dans le développement de la recherche en histoire naturelle et dans la diffusion de la culture scientifique[31].
Le fonctionnement
Le laboratoire de géologie, dans l'ßlot Poliveau.
Les laboratoires de malacologie, minéralogie, mammalogie et ornithologie.
à droite, le vivarium de la Ménagerie, collection d'arthropodes et de petits vertébrés rares, vivants.
Le MusĂ©um est administrĂ© par un conseil d'administration prĂ©sidĂ© par le prĂ©sident du musĂ©um, assistĂ© d'un conseil scientifique[32]. Le prĂ©sident est assistĂ© de directeurs gĂ©nĂ©raux dĂ©lĂ©guĂ©s. Outre le prĂ©sident, le conseil d'administration comprend cinq reprĂ©sentants de lâĂtat, nommĂ©s respectivement par les ministres chargĂ©s de l'enseignement supĂ©rieur, de l'environnement, de la recherche, de la culture et du budget ; six personnalitĂ©s qualifiĂ©es, n'appartenant pas au MusĂ©um, nommĂ©es conjointement par les ministres chargĂ©s de la tutelle, et onze membres Ă©lus parmi les enseignants. Le conseil scientifique se prononce et fait des propositions sur toute question scientifique relevant de la mission du MusĂ©e, il comprend 30 membres, quinze personnalitĂ©s qualifiĂ©es et quinze Ă©lus parmi le personnel.
Le Muséum national d'histoire naturelle dispose de quatre directions générales déléguées :
- une direction générale déléguée aux ressources ;
- une direction générale déléguée aux collections ;
- une direction générale déléguée à la recherche, à l'expertise, à la valorisation et à l'enseignement ;
- une direction générale déléguée aux musées, aux jardins et aux zoos.
et trois départements scientifiques transversaux aux trois directions générales déléguées « techniques » :
- Homme et environnement ;
- adaptations du vivant ;
- origines et Ă©volution.
Les anciennes chaires
Avant d'acquérir sa structure actuelle, le Muséum national d'histoire naturelle a longtemps fonctionné par chaires, qui ont évolué dans le temps :
Avant la réorganisation de 2016, il comptait cinq directions transversales et dix départements scientifiques.
Collections scientifiques
à l'exception des espÚces vivantes, les collections de spécimens du Muséum sont conservées en quasi-totalité sur ses sites parisiens ainsi qu'aux Eyzies et à Sérignan. Elles sont, avec plus de 66,8 millions de spécimens estimés dont 426 985 « types »[33], parmi les plus importantes du monde avec celles du National Museum of Natural History de Washington et du musée d'histoire naturelle de Londres : ce patrimoine de l'humanité est essentiel pour comprendre la biodiversité[34] :
Type de collection | Quantité |
---|---|
Minéraux | [35]. | 135 000 spécimens
Roches | 600 000 Ă©chantillons (ce chiffre est une estimation, le chantier des collections Ă©tant encore en cours). |
Météorites | musée d'histoire naturelle de Londres et la Smithsonian Institution de Washington)[36]. | 4 000 échantillons (sur 1 500 météorites inviduelles), 3e du monde en nombre de chutes observées (derriÚre le
Fossiles | [37]. | 2 700 000 spécimens
Champignons | [38]. | 500 000 spécimens (herbier)
Algues et micro-algues | [39]. | 570 000 spécimens (herbier)
Mousses et lichens | [40]. | 900 000 et 500 000 spécimens
Plantes à fleurs et fougÚres | [41]. | 8 000 000 spécimens illustrant 320 000 espÚces vasculaires, 30 000 échantillons de graines
Méduses, coraux, anémones | [42]. | 2 000 - 35 000 - 2 000 spécimens respectivement
Mollusques | [43]. | 5 000 000 spécimens
Insectes | [44]. | 40 000 000 spécimens
Poissons | [45]. | 400 000 spécimens
Reptiles | [46]. | 130 000 spécimens
Amphibiens | [47]. | 170 000 spécimens
Oiseaux | [48] mis en peau. | 130 000 spécimens
MammifÚres | [49]. | 130 000 spécimens
Crùnes humains | 35 000 spécimens. |
PiÚces préhistoriques | [50]. | 2 000 000 piÚces
Objets ethnographiques | 300 000 spécimens. |
Plantes vivantes | 25 000 spécimens. |
Animaux vivants | 5 000 spécimens. |
La collection d'algues de la galerie de Botanique[39] est composée d'un herbier d'environ 570 000 spécimens et d'une algothÚque d'environ 1 000 souches répertoriées d'algues d'eau douce vivantes.
La collection de champignons[38] est composée d'un herbier de 500 000 spécimens, d'une mycothÚque comportant 4 000 souches vivantes et de 420 modÚles en cire colorée représentant des champignons de la région parisienne, réalisés par André-Pierre Pinson, chirurgien-major sous Louis XVI.
La collection de fossiles est répartie sur plusieurs sites[37] et comprend plus de 2,7 millions de spécimens dont :
- la collection de vertébrés comprenant 300 000 spécimens de mammifÚres, reptiles, oiseaux et poissons ;
- la collection de non-vertébrés comprenant environ 2,5 millions de spécimens, particuliÚrement riche en mollusques tertiaires de France et d'Europe ;
- la collection de paléobotanique comprenant plus de 200 000 exemplaires de plantes fossiles ;
- la collection de micropaléontologie comprenant plus de 30 000 lames répertoriées de foraminifÚres.
BibliothĂšques

Le Muséum national d'histoire naturelle comprend une direction des bibliothÚques et de la documentation, qui fédÚre la bibliothÚque centrale du Muséum et 22 bibliothÚques spécialisées, certaines au Jardin des plantes, les autres présentes sur certains des autres sites du Muséum.
Le cabinet du roi comprenait déjà au moment de la Révolution quelques dizaines d'ouvrages. Toutefois, le décret du va créer les conditions de son développement. D'une part, la bibliothÚque reçoit une existence officielle et le premier étage lui est attribué[51]. D'autre part, le décret prononce l'attribution au Muséum de la collection des « Vélins du Roi », toujours conservés par l'établissement et désormais numérisés, ainsi que les doubles d'ouvrages d'histoire naturelle présents à la bibliothÚque royale. Surtout, il autorise le Muséum à alimenter ses collections dans les dépÎts littéraires de la capitale.
La bibliothĂšque prend ainsi rapidement de l'ampleur, constituant une collection encyclopĂ©dique avec un net intĂ©rĂȘt pour les sciences, en particulier biologiques, et les techniques. La bibliothĂšque reçoit par ailleurs d'importants dons et legs, notamment de Georges Cuvier ou de Michel-EugĂšne Chevreul.
En 1823, les collections atteignent dĂ©jĂ 15 000 volumes. En 1837, l'inauguration du bĂątiment de la galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie de l'architecte Charles Rohault de Fleury fournit l'occasion d'installer la bibliothĂšque dans des locaux plus vastes. Cette nouvelle bibliothĂšque servira pendant plus d'un siĂšcle, alors mĂȘme que les collections augmentent encore (300 000 volumes vers 1950). L'architecte Henri Delaage (1900-1992) conçoit donc l'actuel bĂątiment, inaugurĂ© le , qui comprend deux salles de lecture et sept niveaux de magasins.
Les collections actuelles de la bibliothĂšque centrale peuvent ĂȘtre estimĂ©es Ă environ 200 000 volumes de livres modernes, plus de 13 000 titres de pĂ©riodiques (3 000 vivants environ), environ 105 000 imprimĂ©s anciens, prĂšs de 8 000 manuscrits, des cartes, des estampes et un millier d'objets d'art[52].
Depuis 1992, la bibliothÚque centrale est dépositaire d'un « fonds polaire » constitué par Jean Malaurie. Elle donne désormais aussi accÚs à une dizaine de bases de données et prÚs de 5 000 titres de périodiques électroniques[53].
Une médiathÚque, ouverte à un large public, comprend environ 8 000 ouvrages, une centaine de périodiques et des dossiers documentaires.
Le budget propre de la bibliothÚque est d'environ 1,3 million d'euros. La bibliothÚque du Muséum est centre d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique (CADIST) et « pÎle associé » de la BibliothÚque nationale de France.
Parmi les 22 bibliothÚques associées, la bibliothÚque du musée de l'Homme a été en grande partie transférée au musée du quai Branly, mais des considérations pratiques et scientifiques ont conduit les responsables de ce dernier musée à en restituer une importante partie au musée de l'Homme. à travers cette bibliothÚque, le Muséum est CADIST à un autre titre[54].
Direction
Source : Philippe Jaussaud et Ădouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um : en 516 biographies, Publications scientifiques du MusĂ©um national d'histoire naturelle, Paris 2004, 264 pages, (ISBN 2-85653-565-8).
Directeur Ă©lu pour un an.
- 1793 Ă 1794 : Louis Jean-Marie Daubenton.
- 1794 Ă 1795 : Antoine-Laurent de Jussieu.
- 1795 à 1796 : Bernard LacépÚde.
- 1796 Ă 1797 : Louis Jean-Marie Daubenton.
- 1797 Ă 1798 : Louis Jean-Marie Daubenton.
- 1798 Ă 1799 : Antoine-Laurent de Jussieu.
- 1799 Ă 1800 : Antoine-Laurent de Jussieu.
Directeur Ă©lu pour deux ans.
- 1800 à 1801 : Antoine-François Fourcroy.
- 1802 à 1803 : René Desfontaines.
- 1804 à 1805 : Antoine-François Fourcroy.
- 1806 à 1807 : René Desfontaines.
- 1808 Ă 1809 : Georges Cuvier.
- 1810 à 1811 : René Desfontaines.
- 1812 à 1813 : André Laugier.
- 1814 à 1815 : André Thouin.
- 1816 à 1817 : André Thouin.
- 1818 à 1819 : André Laugier.
- 1820 à 1821 : René Desfontaines.
- 1822 Ă 1823 : Georges Cuvier.
- 1824 Ă 1825 : Louis Cordier.
- 1826 Ă 1827 : Georges Cuvier.
- 1828 à 1829 : René Desfontaines.
- 1830 Ă 1831 : Georges Cuvier.
- 1832 Ă 1833 : Louis Cordier.
- 1834 Ă 1835 : Adrien de Jussieu.
- 1836 Ă 1837 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1838 Ă 1839 : Louis Cordier.
- 1840 Ă 1841 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1842 Ă 1843 : Adrien de Jussieu.
- 1844 Ă 1845 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1846 Ă 1847 : Adolphe Brongniart.
- 1848 Ă 1849 : Adrien de Jussieu.
- 1850 Ă 1851 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1852 à 1853 : André Marie Constant Duméril.
- 1854 Ă 1855 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1856 Ă 1857 : Pierre Flourens.
- 1858 Ă 1859 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1860 Ă 1861 : Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
- 1862 Ă 1863 : Michel-EugĂšne Chevreul.
Directeur nommé pour cinq ans.
- 1863 Ă 1879 : Michel-EugĂšne Chevreul.
- 1879 à 1891 : Edmond Frémy.
- 1891 Ă 1900 : Alphonse Milne-Edwards.
- 1900 Ă 1919 : Edmond Perrier.
- 1919 Ă 1931 : Louis Mangin.
- 1932 Ă 1936 : Paul Lemoine.
- 1936 Ă 1942 : Louis Germain.
- 1942 Ă 1949 : Achille Urbain.
- 1950 à 1950 : René Jeannel.
- 1951 Ă 1965 : Roger Heim.
- 1966 Ă 1970 : Maurice Fontaine.
- 1971 Ă 1975 : Yves Le Grand.
- 1976 Ă 1985 : Jean Dorst.
- 1985 Ă 1990 : Philippe Taquet.
- 1990 Ă 1994 : Jacques FabriĂšs.
- 1994 Ă 1999 : Henry de Lumley.
Président nommé pour cinq ans.
- 2002-2006 : Bernard Chevassus-au-Louis.
- 2006-2008 : André Menez
- 2009-2015 : Gilles BĆuf
- 2015- : Bruno David
Quelques lieux représentatifs du MNHN
LĂ©gende des images :
A) Le cétacéum (podium des cétacés), dans la galerie d'Anatomie comparée
B) Statue de Bernardin de St-Pierre, avec Paul et Virginie
C) Le jardin alpin
D) L'hĂŽtel de Magny
E) La galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée, avec la statue du Premier artiste de Paul Richer
F) La galerie de Minéralogie et de Géologie
G) La serre de Nouvelle-Calédonie construite entre 1834 et 1836 (à l'époque le « pavillon oriental ») d'aprÚs les plans de Charles Rohault de Fleury
H) La maison de Cuvier
I) L'allĂ©e des Becquerel, cĂŽtĂ© nord, mĂšne Ă la maison de Cuvier oĂč Henri Becquerel dĂ©couvrit la radioactivitĂ© en 1896.
J) La galerie de Paléontologie, au premier étage, avec sa mezzanine. Le premier étage expose les vertébrés fossiles et la mezzanine les invertébrés fossiles
K) L'un des abris zoologiques de la ménagerie.
AccĂšs
Le MusĂ©um national d'histoire naturelle, qui a plusieurs entrĂ©es, rues Cuvier, Buffon et Geoffroy Saint-Hilaire, quai Saint-Bernard et Place Valhubert, est desservi par des lignes d'autobus (24â57â61â63â67â89â91), par le MĂ©tro de Paris (stations Gare d'Austerlitz, Jussieu, Monge et Censier-Daubenton, oĂč passe aussi le bus 47) et par le â
(station Austerlitz).
Notes et références
Notes
- L'« aquarium et musée de la mer » de Dinard a été fermé en 1996 et ses bùtiments vendus, mais la recherche scientifique continue à la station de biologie marine de Dinard, au Centre de recherche et d'enseignement sur les systÚmes cÎtiers (Cresco).
- Les deux « labyrinthes » du Jardin des plantes n'ont de labyrinthe que le nom puisque le « grand labyrinthe » est en réalité un chemin en spirale menant à son sommet à la gloriette de Buffon et le « petit labyrinthe » est un espace consacré à l'observation d'oiseaux, contenant aussi des ruches. Si le « grand labyrinthe » est entiÚrement ouvert au public, le « petit labyrinthe », lui, est réservé aux chercheurs, mais en grande partie accessible aux regards des passants qui parcourent les chemins du jardin à l'anglaise.
- La galerie de Paléobotanique fut ouverte au public en 1972, à l'initiative du professeur Jean-Pierre Lehman, dans l'aile Est de la galerie de Minéralogie et de Géologie. Par de nombreux fossiles de végétaux en exposition, elle retraçait l'histoire évolutive des végétaux. Elle n'eut pas le succÚs escompté et fut fermée au public en 1998 puis démantelée en 2005 : une partie des collections de cette galerie a été transférée à la mezzanine de la galerie de Paléontologie, une autre dans la « serre de l'histoire des plantes ».
- Jacques-Louis Macie, nĂ© vers 1765 Ă Paris, fut un chimiste, gĂ©ologue, cristallographe, physicien, mathĂ©maticien, Ă©conomiste et historien devenu britannique sous le nom de James Smithson ([1] et [2]). Ayant manifestĂ© un grand intĂ©rĂȘt aux idĂ©aux de lâinstruction publique et de la dĂ©mocratie, il fut enthousiasmĂ© par la crĂ©ation en France du « MusĂ©um central des arts de la RĂ©publique » (devenu musĂ©e du Louvre) et du MusĂ©um national d'histoire naturelle ([3]). Plus ĂągĂ© et devenu trĂšs fortunĂ©, James Smithson souhaita favoriser lâĂ©mergence dâune institution similaire aux Ătats-Unis, pays neuf encore dĂ©pourvu de grandes institutions de ce type : par son testament de 1826, lui qui ne sâest jamais rendu aux Ătats-Unis et ne semble pas avoir entretenu de correspondance avec des scientifiques amĂ©ricains, lĂ©gua la somme alors colossale de 100 000 livres sterling Ă une Ă©ventuelle institution amĂ©ricaine consacrĂ©e Ă promouvoir la science. Son vĆu, retardĂ© par un procĂšs entre le notaire et ses hĂ©ritiers en ligne indirecte, ne se rĂ©alisa que vingt ans plus tard lorsquâun apport complĂ©mentaire de lâĂtat amĂ©ricain permit la crĂ©ation de la Smithsonian Institution. Il existe une certaine similitude entre cette institution de Washington et le principal site, au jardin des plantes de Paris, du MusĂ©um national d'histoire naturelle qui, dans les deux cas, alignent des musĂ©es et galeries variĂ©es d'Est en Ouest le long d'une perspective Ă la française situĂ©e entre elles.
- Ce dĂ©sintĂ©rĂȘt français pour l'histoire naturelle, inaugure au XXe siĂšcle au MNHN une tradition dĂ©plorĂ©e par les scientifiques, les musĂ©ologues et le public, celle des fermetures prolongĂ©es, voire dĂ©finitives des prĂ©sentations : musĂ©e du Duc d'OrlĂ©ans fermĂ© en 1959 ; galerie de Zoologie : 28 ans de 1966 Ă 1994 ; galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie : 10 ans de 2004 Ă 2014 ; musĂ©e de l'Homme, en partie dĂ©pouillĂ© au profit du musĂ©e du quai Branly du fait d'une rĂ©organisation des collections nationales : 6 ans de 2009 Ă 2015 ; zoo de Vincennes : 6 ans de 2008 Ă 2014 ; grandes Serres : 5 ans de 2005 Ă 2010 (mais les quatre derniers sont consacrĂ©s aux travaux de rĂ©novation) ; galerie de PalĂ©obotanique fermĂ©e en 1998, puis dĂ©mantelĂ©e en 2005 ; galerie d'Entomologie situĂ©e dans les laboratoires de la rue Buffon et aquarium-musĂ©e de la mer de Dinard concurrencĂ© par celui de Saint-Malo, fermĂ©s en 1996. Contrairement aux Anglo-Saxons et aux peuples nordiques qui considĂšrent l'histoire naturelle comme un ensemble de disciplines scientifiques d'importance majeure et y consacrent beaucoup d'argent, en France on n'agit qu'au coup par coup lorsque la vĂ©tustĂ© arrive Ă des consĂ©quences spectaculairement scandaleuses et subitement mĂ©diatisĂ©es Ă la suite d'incidents fortuits. Ce fut le cas Ă la grande Galerie, Ă la MĂ©nagerie et aux Serres, qui n'ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©es que parce que les toitures tombaient littĂ©ralement en morceaux ou parce que des journalistes se sont scandalisĂ©s des conditions de vie de certains animaux. Plus rĂ©cemment, des appels Ă mĂ©cĂ©nat ont Ă©tĂ© lancĂ©s en 2016 afin de susciter des dons pour sauver des Ă©lĂ©ments du patrimoine du MusĂ©um. La restauration de la gloriette de Buffon du XVIIIe siĂšcle, menacĂ©e par les intempĂ©ries, la pollution et la corrosion, nĂ©cessite des financements estimĂ©s Ă 700 000 euros. Devenue potentiellement dangereuse pour le public, son accĂšs a dĂ» ĂȘtre fermĂ© en attendant de rĂ©unir la somme et d'entreprendre les travaux : Odile Morain, « Jardin des Plantes : la gloriette de Buffon en pĂ©ril, a besoin de donateurs », sur francetvinfo.fr, . Pour restaurer l'abri des chevaux de Przewalski, de 1890, dans la MĂ©nagerie, une autre souscription nationale a Ă©tĂ© lancĂ©e : [4] publiĂ© le 08 dĂ©cembre 2016 dans Connaissance des Arts consultĂ© le 12 janvier 2017 et [5] consultĂ© le 12 janvier 2017.
Références
- Yves Laissus, Le Muséum national d'histoire naturelle, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes / Mémoire des lieux » (no 249), , 144 p. (ISBN 978-2-07-053323-7, OCLC ) ; nouv. éd. 2003, 128 p. (ISBN 2-07-053323-9)
- Y. Laissus (1995), p. 12.
- Y. Laissus (1995), p. 14.
- Y. Laissus (1995), p. 15.
- Y. Laissus (1995), p. 16.
- Y. Laissus, 1995, p. 21.
- Y. Laissus (1995), p. 22-23.
- Y. Laissus (1995), p. 22.
- Y. Laissus (1995), p. 68.
- Y. Laissus (1995), p. 24.
- Y. Laissus (1995), p. 26.
- Y. Laissus (1995), p. 93.
- Y. Laissus (1995), p. 30.
- Y. Laissus (1995), p. 28.
- Y. Laissus (1995), p. 73.
- Y. Laissus (1995), p. 92.
- Y. Laissus (1995), p. 30-31.
- Autres sources
- Bilan du premier récolement décennal des musées de France, p. 4, 10 octobre 2014, base Joconde, site culture.gouv.fr
- « Muséum national d'Histoire naturelle », sur www.mnhn.fr (consulté le )
- « Présentation », sur Muséum national d'histoire naturelle (consulté le ).
- « Décret no 2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle », Légifrance.
- Décret n° 2014-1107 du 1er octobre 2014 modifiant le décret n° 2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle (lire en ligne) , sur Légifrance.
- Rapport d'activité 2018.
- « Tous les lieux du Muséum » sur le site de l'institution [6].
- Au sud de la rue Buffon se trouve le « clos Patouillet » ou « ßlot Buffon-Poliveau », ancienne propriété de Buffon qui abrite de nombreux laboratoires et une importante partie des collections du Muséum (voir [7]).
- Luc VivÚs et Cécile Colin-Fromont (préf. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparée et de Paléontologie : Muséum d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys Muséum d'histoire naturelle, (réimpr. 2015), 95 p. (ISBN 978-2-85495-468-5, OCLC ), p. 8-9
- « Galerie des Enfants », sur Galeries, Jardins, Zoo - Jardin des Plantes (consulté le ).
- Page Facebook de la galerie de Minéralogie, consultée le 17 décembre 2014.
- Ăric Buffetaut, « Un musĂ©e princier disparu », EspĂšces : Revue d'histoire naturelle, no 27,â , p. 76-80 (ISSN ) .
- Amandine Péquignot (Me de conf., UMR208 "PALOC" - IRD/MNHN), « La collection du duc d'Orléans au Muséum » in HypothÚses du 24 jan. 2020, « Le Muséum national d'histoire naturelle, objet d'Histoire (recherches, hommes, institutions, patrimoine, enseignement » - lire en ligne [8] vu le 22 déc. 2021.
- L'enseignement supérieur sur www.mnhn.fr
- Emma C. Spary, Le Jardin d'utopie. L'histoire naturelle en France de L'Ancien RĂ©gime Ă la RĂ©volution, traduit de l'anglais par Claude Dabbak, Ă©d. du MNHN, 2005, (ISBN 2-85653-566-6).
- Philippe Jaussaud, Ădouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um en 516 biographies, Paris, 2004, (ISBN 2-85653-565-8) et Yves Laissus, Le MusĂ©um dâhistoire naturelle, 2e Ă©dit. 2003 p. 12.
- Jeanne Pronteau, Edme Verniquet (1727-1804) : architecte et auteur du "grand plan de Paris" (1785-1791), 1986, p. 261.
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- Jean-Marie Dewarumez, Historique des laboratoires maritimes du Boulonnais
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- [PDF] Rapport d'activité 2005.
- Décret n°2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle modifié par le décret n° 2014-1107 du 1er octobre 2014
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- Pascale Heurtel, « Muséum national d'histoire naturelle », dans Les BibliothÚques parisiennes : architecture et décor, [2002], p. 166-167.
- Sophie Guérinot-Nawrocki, Rapport de stage à la bibliothÚque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, 2004, en ligne sur le site de l'Enssib.
- Rapport d'activités pour 2006, p. 13
- Véronique Heurtematte, « Ecce homo », dans Livres Hebdo, no 717, 18 janvier 2008, p. 72.
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et Jean-Louis Fischer (dir.) (préf. Roger Chartier), Le muséum au premier siÚcle de son histoire : [actes du colloque de Paris, juin 1993, centre Alexandere Koyré], Paris, Editions du Muséum national d'histoire naturelle, coll. « Archives / Muséum national d'histoire naturelle », , 687 p. (ISBN 978-2-85653-516-5, OCLC )
- Dominique Bezombes, La Grande Galerie du Muséum national d'histoire naturelle : Conserver c'est transformer, Paris, Le Moniteur, , 168 p. (ISBN 2-281-19083-8)
- Philippe Jaussaud et Ădouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um : en 516 biographies, Paris, MusĂ©um national d'histoire naturelle, , 630 p. (ISBN 978-2-85653-565-3, OCLC )
- Philippe Morat (dir.), L'herbier du monde : cinq siĂšcles d'aventures et de passions botaniques au MusĂ©um national d'histoire naturelle, Paris, Les Ăd. du MusĂ©um Les ArĂšnes-l'Iconoclaste, , 239 p. (ISBN 978-2-912485-71-7, OCLC )
- Luc VivÚs et Cécile Colin-Fromont (préf. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparée et de Paléontologie : Muséum d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys Muséum d'histoire naturelle, (réimpr. 2015), 95 p. (ISBN 978-2-85495-468-5, OCLC )
Articles connexes
- Liste de musées d'histoire naturelle
- Liste des plus grands herbiers du monde
- Liste des directeurs du Muséum national d'histoire naturelle
- Liste des chaires du Muséum national d'histoire naturelle
- Grandes serres du Jardin des plantes
- MĂ©nagerie du Jardin des plantes
- Galerie de Minéralogie et de Géologie
- Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée
- Grande galerie de l'Ăvolution
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- Ăducation Ă l'environnement et au dĂ©veloppement durable
- Musée de l'Homme
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Liens externes
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- Site de Vigie-Nature, programme de sciences participatives du Muséum
- Site de La planÚte revisitée, programme d'expéditions naturalistes du Muséum national d'histoire naturelle
- DĂ©cret de fondation du 10 juin 1793, sur Gallica
- Site des Publications scientifiques du Muséum
- « La page de la bibliothÚque du muséum national d'histoire naturelle », sur Gallica (BnF) (consulté le )