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Muséum national d'histoire naturelle

musée situé à Paris, en France

Ne doit pas ĂȘtre confondu avec NMNH.

Le Muséum national d'Histoire naturelle[2] (MNHN) est un établissement français d'enseignement, de recherche et de diffusion de la culture scientifique naturaliste (sciences de la vie, sciences de la Terre, anthropologie et disciplines dérivées).

Muséum national d'histoire naturelle
Image dans Infobox.
Le sceau du Muséum, dessiné en 1793 par Gérard van Spaendonck et revisité en 2018, illustre les trois RÚgnes de la nature, le travail collectif et la Révolution française.
Informations générales
Nom local
Muséum national d'histoire naturelle
Type
Ouverture
Visiteurs par an
plus de 3,2 millions en 2018
(tous sites confondus)
Site web
Collections
Collections
Animaux vivants ou naturalisés, plantes vivantes ou en herbiers, graines, fossiles, minéraux, roches, météorites, objets ethnographiques, objets et documents scientifiques
Nombre d'objets
66,8 millions en 2020 (66 785 288 au 10 octobre 2014[1])
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
Jardin des plantes
57, rue Cuvier
75005 Paris
Coordonnées
Localisation sur la carte du 5e arrondissement de Paris
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Localisation sur la carte de Paris
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Fondé en 1793 en continuité du Jardin royal des plantes médicinales créé en 1626[3], c'est l'un des plus anciens établissements mondiaux de ce type. Il est doté du statut de grand établissement et placé sous la double tutelle administrative des ministÚres de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de l'Environnement[4],[5].

Depuis la réforme de 2014, il est dirigé par un président, assisté de directeurs-généraux délégués. Le Muséum dispose d'un personnel d'environ 2200 membres dont cinq cents chercheurs[6].

Établissements du MusĂ©um

À la diffĂ©rence de beaucoup de musĂ©es d'histoire naturelle, le MusĂ©um national d'Histoire naturelle n'est pas composĂ© d'un seul site, mais de quatorze, Ă  Paris et en diffĂ©rents lieux de France : la plupart sont multifonctionnels.

Son siÚge se trouve au jardin des plantes de Paris qui est à la fois botanique, écologique et zoologique, et comprend un ensemble de galeries scientifiques qui sont autant de musées spécialisés, de laboratoires, de serres, et une bibliothÚque spécialisée[7].

D'importants budgets sont nĂ©cessaires pour faire fonctionner, entretenir, rĂ©nover et mettre ces installations aux normes (principalement pour la sĂ©curitĂ© et l'accessibilitĂ©). Les entrĂ©es payantes ne suffisent pas Ă  couvrir ces dĂ©penses et certaines installations ouvertes au public n'ont pu ĂȘtre rĂ©habilitĂ©es.

Ainsi, l'aquarium-musĂ©e de la mer de Dinard a Ă©tĂ© dĂ©finitivement fermĂ© en 1996[note 1], de mĂȘme que les galeries d'Entomologie et de PalĂ©obotanique Ă  Paris, respectivement fermĂ©es en 1996 et 1998.

Paris

Les sites parisiens du Muséum national d'histoire naturelle.
Plan du principal site du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.
Carte des sites du Muséum national d'histoire naturelle en France.

Les sites sont au nombre de quatre Ă  Paris, sur une surface de 41,2 hectares au total :

  1. le Jardin des plantes (27 ha dont 23,5 ha au nord de la rue Buffon et 3,5 ha au sud[8]) comportant :
  2. le parc zoologique de Paris, dans le bois de Vincennes (14,5 ha) ;
  3. l'Institut de palĂ©ontologie humaine, situĂ© dans le 13e arrondissement, gĂ©rĂ© en partenariat par la Fondation Albert Ier, Prince de Monaco et le MusĂ©um national d'histoire naturelle.
  4. le musée de l'Homme, dans le Palais de Chaillot au Trocadéro.

Hors de Paris

Hors de Paris les sites du MusĂ©um sont au nombre de dix :

Missions

Les statuts fondateurs de l'actuel MusĂ©um, en 1793, Ă©tablissent ses cinq principales missions :

  1. la conservation de collections scientifiques comprenant environ 67 millions de spĂ©cimens ainsi que des espĂšces vivantes sur 12 sites Ă  Paris et dans le reste de la France ;
  2. la diffusion de la culture scientifique dans les spĂ©cialitĂ©s propres Ă  l'Ă©tablissement ;
  3. la recherche ;
  4. l'enseignement[14] et la formation Ă  la recherche (master et doctorat) ;
  5. l'expertise scientifique.

Ces spĂ©cialitĂ©s concernent les disciplines propres Ă  l'histoire naturelle, Ă  savoir :

Dans l'expression « histoire naturelle Â», le terme « histoire Â» renvoie Ă  son sens Ă©tymologique : « histoire Â» vient du grec ancien historia, signifiant « enquĂȘte Â», « connaissance acquise par l'enquĂȘte Â», qui lui-mĂȘme a pour racine le terme ጔστωρ, hĂ­stƍr signifiant « sagesse Â», « tĂ©moin Â» ou « juge Â». Ainsi, l'« histoire naturelle Â» est une enquĂȘte approfondie sur la nature, une collection de rĂ©sultats, mais aussi de doutes acquis Ă  un moment donnĂ©, et qui, comme dans toute dĂ©marche scientifique, seront remis en question par de nouvelles dĂ©couvertes, mais n'en accumulent pas moins une « sagesse Â» au sujet des questions naturelles. En un sens plus rĂ©cemment acquis, le terme « histoire Â» dans « histoire naturelle Â» peut aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©, Ă  la lumiĂšre de l'approche actuelle de cette discipline, comme l'histoire approchĂ©e de notre planĂšte, de la vie (palĂ©ontologie) et de la lignĂ©e humaine (anthropologie). Selon cette vision rĂ©cente de ce que serait l'« histoire naturelle Â», le terme « naturelle Â» renverrait alors Ă  la biodiversitĂ© actuelle de notre planĂšte. Au XXIe siĂšcle, l'« histoire naturelle Â» est ainsi plus que jamais d'actualitĂ© en tant qu'approche systĂ©mique pluridisciplinaire, englobant sans les opposer aussi bien l'homme que la nature, l'environnement que le dĂ©veloppement, la prĂ©servation que la valorisation. La « culture scientifique naturaliste Â» est, au MusĂ©um, une part intĂ©grante de la culture (voir Éducation Ă  l'environnement et au dĂ©veloppement durable).

Un numéro du Bulletin du Muséum, dont la couverture est illustrée par H. Hissard, 1939.

Histoire

Le MusĂ©um national d'histoire naturelle est fondĂ© le par dĂ©cret de la Convention[3]. Cet Ă©tablissement est la mĂ©tamorphose d’un « jardin d'utopie Â» plus ancien[15], le Jardin royal des plantes mĂ©dicinales qui dispensait dĂ©jĂ  le savoir des savants qui l’administraient, et qui avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© au XVIIe siĂšcle sur la terre d'Alez oĂč, au XVIe siĂšcle, l’apothicaire philanthrope Nicolas HouĂ«l donnait des cours d’herboristerie[16]. Sur ce site, la tradition d’enseigner l’histoire naturelle remonte donc Ă  prĂšs de cinq siĂšcles.

XVIIe siĂšcle

En 1626, l’un des mĂ©decins du roi, Guy de La Brosse, appuyĂ© par le premier mĂ©decin Jean HĂ©roard, et par Richelieu, persuade Louis XIII de crĂ©er Ă  Paris un « jardin de plantes mĂ©dicinales Â». Un nouvel Ă©dit royal est proclamĂ© en 1635 et ce jardin, le Jardin royal des plantes mĂ©dicinales, ouvre finalement ses portes en 1640, devant servir d’une part, Ă  la culture, la conservation, l’étude et l’utilisation des plantes utiles Ă  la santĂ©, et, d’autre part et Ă  destination des futurs mĂ©decins et apothicaires, Ă  l’enseignement de la botanique, de la chimie et de l’anatomie. Ces cours, enseignĂ©s en français (c’est une premiĂšre, car partout ailleurs c’est en latin), sont Ă©galement accessibles au grand public. Ils sont dispensĂ©s par des « dĂ©monstrateurs Â» et obtiennent un vif succĂšs : des auditeurs de tous Ăąges, français et Ă©trangers, frĂ©quentent les leçons donnĂ©es au Jardin[l 1].

DestinĂ© initialement aux collections botaniques et aux besoins de la maison royale (d’oĂč le nom de « Jardin royal des plantes mĂ©dicinales Â»), le Jardin suscite l’hostilitĂ© de la facultĂ© de mĂ©decine, seule Ă  Paris, Ă  pouvoir dĂ©cerner le grade de docteur en mĂ©decine. D’ailleurs, les dĂ©monstrateurs sont tous mĂ©decins, mais formĂ©s, eux, en province, et notamment Ă  Montpellier, facultĂ© rivale et dĂ©testĂ©e. Autre sujet d’aversion : les nouvelles disciplines enseignĂ©es au Jardin, comme la mĂ©decine chimique ou la circulation du sang, qui sont des hĂ©rĂ©sies pour les universitaires parisiens, gardiens des traditions hippocratique et galĂ©nique. Jusqu’à la fin du XVIIe siĂšcle, la facultĂ© de mĂ©decine de Paris fera tout ce qu’elle pourra pour s’opposer, devant le Parlement, aux dĂ©cisions prises par le surintendant ou l’intendant du Jardin[l 2].

En 1693, Guy-Crescent Fagon accĂšde Ă  cette derniĂšre fonction en devenant premier mĂ©decin du roi Louis XIV. Petit neveu du fondateur Guy de la Brosse, son administration est remarquable : il apaise par un compromis le conflit devenu aigu avec la FacultĂ© de Paris, recrute un personnel compĂ©tent (tels Tournefort, l’un des pĂšres de la botanique française, Vaillant, mais aussi Antoine de Jussieu, fondateur d’une dynastie de botanistes) et enfin encourage les voyages d’étude dans les pays lointains. De cette Ă©poque datent les premiĂšres collections du Jardin, constituĂ©es tout d’abord par des missionnaires (Charles Plumier entre 1689 et 1697 aux Antilles, Louis FeuillĂ©e entre 1703 et 1711 dans les Andes
), puis par des mĂ©decins (Augustin Lippi en 1704 au Soudan et surtout Tournefort en MĂ©diterranĂ©e orientale et en Anatolie de 1700 Ă  1702). Fagon favorise l’importation et l’acclimatation des plantes tropicales, notamment le cafĂ©, jusqu’alors monopole de l’Empire ottoman, que Jussieu introduit aux Antilles[l 3].

XVIIIe siĂšcle

L'amphithĂ©Ăątre ordonnĂ© par Buffon et Ă©difiĂ© par l'architecte Edme Verniquet (1727-1804) : les trois hĂ©micycles hĂ©misphĂ©riques ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s par Jacques Molinos[17].

Au XVIIIe siĂšcle, l’activitĂ© se diversifie : de l’art de guĂ©rir par les plantes, on passe progressivement Ă  l’histoire naturelle. Le lendemain de la mort de Louis Poirier, premier mĂ©decin du roi, le dĂ©cret royal du sĂ©pare cette charge de celle du surintendant du Jardin royal des plantes et, en 1729, l’ancien « droguier Â» qui a perdu progressivement son aspect d’officine, prend officiellement le titre de « cabinet d’Histoire naturelle Â»[l 4].

Dix ans plus tard, en 1739, le « Jardin du roi Â» comme on l’appelle dĂ©sormais, prend une nouvelle dimension, grĂące Ă  l’un des savants les plus en vue du XVIIIe siĂšcle : Buffon (1707-1788). Ce naturaliste complet (il publie tout au long de son mandat la monumentale Histoire naturelle en 36 volumes, un vĂ©ritable best-seller de l’époque), membre de l’AcadĂ©mie française et trĂ©sorier perpĂ©tuel de celle des sciences, va diriger l’établissement pendant prĂšs d’un demi-siĂšcle, jusqu’à sa mort en 1788. GrĂące Ă  lui, en 50 ans le Jardin double sa superficie, l’école de botanique ainsi que le cabinet d'Histoire naturelle sont agrandis et, avant sa mort, un vaste amphithĂ©Ăątre et une nouvelle serre sont mis en chantier.

Comme Fagon, Buffon recrute de nouveaux et prestigieux naturalistes : AndrĂ© Thouin, Antoine-Laurent de Jussieu, les frĂšres Rouelle (Guillaume-François « l'aĂźnĂ© Â» auquel succĂ©dera Hilaire-Marin « le cadet Â»), Fourcroy, Mertrud, mais aussi Daubenton, Lamarck ou Dolomieu. Les voyages de dĂ©couverte et d’étude Ă  but naturaliste se succĂšdent : Jean-AndrĂ© Peyssonnel dĂ©couvre la nature animale du corail vivant sur les cĂŽtes de « Barbarie Â» (1725) ; Joseph de Jussieu passe 35 ans au PĂ©rou espagnol (1735-1770) et contribue largement Ă  la connaissance du quinquina, dĂ©couvert par La Condamine ; Jean Baptiste Christian FusĂ©e-Aublet explore la Guyane (1762-1764) tout comme Louis Claude Richard (1781-1789). Dans l’ocĂ©an Indien, Pierre Poivre acclimate les Ă©pices Ă  l’üle Maurice (1770) alors que son cousin Pierre Sonnerat accomplit plusieurs pĂ©riples vers les Indes Orientales Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle. D’autres, comme le botaniste Philibert Commerson ou les jardiniers Jean Nicolas Collignon (qui accompagne les navigateurs Bougainville et LapĂ©rouse) et Joseph Martin, enrichissent Ă  leur tour les collections vivantes du Jardin. En un demi-siĂšcle, l’énergie et le travail acharnĂ© de Buffon font du Jardin l’un des phares scientifiques du XVIIIe siĂšcle, de notoriĂ©tĂ© internationale.

À sa mort, en 1788, le roi nomme Ă  la tĂȘte du Jardin un militaire, Auguste de Flahaut, qui n’entend pas grand-chose aux sciences, ni mĂȘme Ă  l’horticulture, et dont se plaignent vainement auprĂšs du roi le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et le personnel du Jardin, notamment les dĂ©monstrateurs.

Révolution française

La RĂ©volution modifie profondĂ©ment le fonctionnement du Jardin. Le , un dĂ©cret de l’AssemblĂ©e nationale demande aux dĂ©monstrateurs de rĂ©diger un projet pour sa rĂ©organisation. La premiĂšre assemblĂ©e vote le dĂ©part d’Auguste de Flahaut et Ă©lit Ă  l'unanimitĂ© Daubenton directeur. Ce dernier charge une commission comprenant Antoine-François Fourcroy, Bernard LacĂ©pĂšde et Antoine Portal de rĂ©diger le rĂšglement de la nouvelle institution et d’en fixer le fonctionnement et les missions du MusĂ©um : instruire le public, constituer des collections et participer activement Ă  la recherche scientifique. Le corps des professeurs et leur directeur, Ă©lu et renouvelĂ© chaque annĂ©e, devaient ĂȘtre les garants de l’indĂ©pendance de la recherche.

Mais, prise par l’actualitĂ© politique alors tumultueuse, l’AssemblĂ©e nationale laisse ce projet de cĂŽtĂ©. En 1791, de Flahaut dĂ©missionne, remplacĂ© en 1792 par Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre. Ce n’est qu’en 1793 que Joseph Lakanal (1762-1845), apportant les collections du prince de CondĂ© rencontre Daubenton et dĂ©couvre le projet de 1790. Lakanal le porte Ă  l’AssemblĂ©e et, dĂšs le lendemain , obtient le vote du dĂ©cret Ă©tablissant le MusĂ©um, donnant ainsi au Jardin une existence juridique propre[note 4].

Le poste d’intendant est alors remplacĂ© par la fonction de directeur. L’ancienne hiĂ©rarchie des officiers du Jardin, notamment en dĂ©monstrateurs et sous-dĂ©monstrateurs, est abolie. Douze postes de professeurs assurent, de façon Ă©gale et collĂ©giale, l’administration du MusĂ©um. Les enseignements sont rĂ©partis en douze chaires professorales[l 5].

XIXe siĂšcle

Alphonse Milne-Edwards, directeur du MusĂ©um Ă  la fin du XIXe siĂšcle.

Avec deux savants prestigieux, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Georges Cuvier, l’étude de la vie animale prend, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, l’avantage sur celle des plantes, qui prĂ©dominait jusqu’alors[l 6]. Geoffroy Saint-Hilaire, proche des idĂ©es transformistes de Lamarck, crĂ©a la mĂ©nagerie dĂšs 1793 et s’opposera durant le premier tiers du siĂšcle Ă  Cuvier, partisan convaincu des thĂ©ories catastrophistes et fixistes. En affirmant, bien avant Charles Darwin, la transformation progressive et successive des espĂšces au fil des gĂ©nĂ©rations et au cours du temps, Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire prĂ©cĂšdent d’un demi-siĂšcle la publication de l’Origine des espĂšces en 1859. L'abbĂ© RenĂ© Just HaĂŒy, fondateur de la cristallographie gĂ©omĂ©trique, y enseigne en 1800. Diverses thĂ©ories ou dĂ©couvertes voient le jour au MusĂ©um : le principe de corrĂ©lation des formes sur lequel Cuvier fonde l’anatomie comparĂ©e et la palĂ©ontologie, la sĂ©rie de travaux de Chevreul sur les corps gras, les recherches de Charles Naudin, qui formule vers 1860, au mĂȘme moment que Gregor Mendel, les lois essentielles de la gĂ©nĂ©tique ou encore la dĂ©couverte de la radioactivitĂ© en 1896 qui vaudra Ă  Henri Becquerel, quelques annĂ©es plus tard, en 1903, le prix Nobel de physique.

D’autres savants vont ponctuer la vie du MusĂ©um en ce XIXe siĂšcle, notamment LacĂ©pĂšde, Gay-Lussac, Milne Edwards pĂšre puis fils, Chevreul, Alcide d'Orbigny, la lignĂ©e des Becquerel ou Claude Bernard. La plupart d’entre eux sont membres de l’AcadĂ©mie des sciences ou de l’AcadĂ©mie de mĂ©decine. Plusieurs enseignent au CollĂšge de France ou Ă  l’École centrale Paris[l 7].

La multiplication tout au long du XIXe siĂšcle des voyages d'exploration augmente considĂ©rablement les collections : l'expĂ©dition d'Égypte de NapolĂ©on Bonaparte de 1798 Ă  1801, Ă  laquelle participent prĂšs de 170 savants dont Geoffroy Saint-Hilaire, prĂ©cĂšde de peu celle d’Alexander von Humboldt en AmĂ©rique du Sud (1799-1804) ou celle de Nicolas Baudin dans les terres australes (1800-1803). Suivront celles d'Auguste de Saint-Hilaire au BrĂ©sil (1816-1822), de Claude Gay au Chili (1828-1842), de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent en GrĂšce (1829) puis en AlgĂ©rie (1840-1842), de l'abbĂ© David en Chine (entre 1862 et 1874) ou d'Alfred Grandidier Ă  Madagascar (1865-1870). Et n'oublions pas l'une des premiĂšres expĂ©ditions spĂ©cifiquement orientĂ©e vers la palĂ©ontologie, celle d'Albert Gaudry sur le site de Pikermi en GrĂšce (1855-1860). Et la liste des expĂ©ditions auxquels participent les savants du MusĂ©um est loin d'ĂȘtre exhaustive[18].

Pour conserver les collections ainsi enrichies, le vieux chĂąteau achetĂ© par Louis XIII en 1633, au moment de la crĂ©ation du Jardin royal des plantes mĂ©dicinales, a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remaniĂ© et agrandi tout au long du XVIIIe siĂšcle, jusqu'Ă  prĂ©senter sous l'Empire une façade de 120 mĂštres le long de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Mais ces extensions s'avĂ©rant insuffisantes, on construit et on dĂ©mĂ©nage Ă  tour de bras : Charles Rohault de Fleury Ă©difie une nouvelle galerie de MinĂ©ralogie entre 1833 et 1837, premier bĂątiment spĂ©cifiquement destinĂ© Ă  ĂȘtre un musĂ©e en France. À son extrĂ©mitĂ©, un grand espace a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© pour abriter les herbiers, eux aussi de plus en plus nombreux. Le mĂȘme architecte Ă©lĂšve Ă©galement deux Ă©lĂ©gantes serres jumelles entre 1833 et 1836, restaurĂ©es en 1980-1981 puis en 2005-2010 et toujours en service. Enfin, entre 1877 et 1889, Jules AndrĂ© construit la galerie de Zoologie et, Ă  l'extrĂȘme fin du siĂšcle (1898), est inaugurĂ©e la galerie de PalĂ©ontologie et d'Anatomie comparĂ©e[l 8].

Avec la nomination, en 1836, du chimiste EugĂšne Chevreul (1786-1889), le MusĂ©um commence Ă  s'intĂ©resser, comme sa « rivale Â» la facultĂ© des sciences de Paris, aux sciences physiques, chimiques et de l'Univers, d'oĂč la crĂ©ation en 1837, pour Antoine Becquerel, de la chaire de physique appliquĂ©e[l 9]. Cette pĂ©riode prend fin avec Alphonse Milne-Edwards, en 1890, et la promulgation du dĂ©cret du qui signe le retour en force de l'histoire naturelle biologique basĂ©e sur l'Ă©tude des collections (cette politique restera en vigueur jusqu'Ă  la veille de la Seconde Guerre mondiale)[l 10]. Entre-temps, le gouvernement de NapolĂ©on III avait adoptĂ© en 1863 un dĂ©cret portant le mandat de directeur Ă  5 ans sans limitation de renouvellement : Chevreul le restera 28 ans. Le nombre de chaires augmente Ă©galement et certaines sont divisĂ©es en deux Ă  mesure que les disciplines se spĂ©cialisent.

Pour favoriser ses activitĂ©s de recherche liĂ©es Ă  la mer, le MusĂ©um ouvre en 1882 un laboratoire de recherche maritime Ă  l'Ăźle Tatihou[19] qui Ă  partir de 1887 devient sa toute premiĂšre station maritime. Elle restera en fonctionnement dans l'Ăźle jusqu'en 1923[20] et sera transfĂ©rĂ©e Ă  Saint-Servan en 1924[21] puis Ă  Dinard en 1935[22], annĂ©e oĂč elle est devenue l'actuelle station de biologie marine de Dinard avec l'ajout en 2008 du Cresco (Centre de recherche et d'enseignement sur les systĂšmes cĂŽtiers, gĂ©rĂ© paritairement avec l'Ifremer). L'autre station maritime du MusĂ©um, la station de biologie marine de Concarneau, avait Ă©tĂ© fondĂ©e par Victor Coste en 1859, mais ce n'est que depuis 1996 que le MusĂ©um la gĂšre paritairement avec le CollĂšge de France.

Pour enrichir les collections au fil de l'extension et de l'exploration de l'empire colonial français, une « Ă©cole coloniale Â» a vu le jour en 1889 et un enseignement spĂ©cial destinĂ© aux voyageurs a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© en 1893, avant mĂȘme le ministĂšre des colonies (qui date de 1894).

Trop vastes pour ĂȘtre intĂ©gralement prĂ©sentĂ©es, les collections du MusĂ©um font l'objet d'expositions temporaires qui remportent un vif succĂšs. L'une des premiĂšres est, en 1884, consacrĂ©e aux campagnes ocĂ©anographiques du Travailleur et du Talisman ; les visiteurs pouvaient y voir les appareils (dragues, sondes, thermomĂštres) utilisĂ©s par les chercheurs embarquĂ©s ainsi que de nombreux Ă©chantillons en bocaux des animaux (poissons, crustacĂ©s, mollusques, Ă©chinodermes, zoophytes) recueillis jusqu'Ă  5 000 mĂštres de profondeur (une performance pour l'Ă©poque)[l 11]. Les travaux naturalistes en Antarctique et ethnographiques en Terre de Feu sur les Selknams par Émile Racovitza de l'expĂ©dition Belgica ainsi que le laboratoire du navire furent Ă©galement exposĂ©s dans l'ancienne galerie du Duc d'OrlĂ©ans, rue Buffon[23].

XXe siĂšcle

Le MusĂ©um national d'histoire naturelle en 1902 : projet pour un nouveau bĂątiment des « animaux fĂ©roces Â». ÉlĂ©vation, par Victor-Auguste Blavette. Archives nationales (France).

La loi de finances du accorde au MusĂ©um l'autonomie financiĂšre et un budget propre d'1 million de francs de l'Ă©poque (soit autant que le budget de la facultĂ© des sciences)[l 10]. Dans la mĂȘme annĂ©e Edmond Perrier, directeur du MusĂ©um, dĂ©cide de fonder la SociĂ©tĂ© des Amis du MusĂ©um avec pour but de donner son appui moral et financier au MusĂ©um. En ce dĂ©but du XXe, les collections du MusĂ©um s'accroissent considĂ©rablement. Les voyages se multiplient : d'Alfred Lacroix en Martinique Ă  la suite de l'Ă©ruption de la Montagne PelĂ©e en 1902, jusqu'Ă  Robert Gessain Ă  la fin des annĂ©es 1970 au Groenland, en passant par Henri Humbert Ă  Madagascar (entre 1912 et 1960), Marcel Griaule entre Dakar et Djibouti (1931-1933) ou Henri Lehmann (1901-1991) au Guatemala (1954-1969).

La galerie de Botanique, contenant plus de 8 millions de spĂ©cimens dont 500 000 « types Â».
Moaï de l'ßle de Pùques du musée de l'Homme, amené en 1872 à bord de la frégate La Flore, transféré en 2005 au musée du quai Branly.

AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, le MusĂ©um acquiert de nouveaux Ă©tablissements dans et hors de la capitale. En 1922, il hĂ©rite de la propriĂ©tĂ© de l'entomologiste Jean-Henri Fabre Ă  SĂ©rignan-du-Comtat, prĂšs d'Orange[l 12]. Le MusĂ©e du Duc d'OrlĂ©ans, 45 rue Buffon[24], est inaugurĂ© le [12]. La prĂ©sentation des animaux naturalisĂ©s, dans des dioramas reconstituant leur environnement naturel, relevait alors d’une musĂ©ographie innovante et spectaculaire pour l’époque (au moins en France)[25],[12]. Ce musĂ©e a Ă©tĂ© fermĂ© au public en 1959[25],[12].

L'activitĂ© botanique du MusĂ©um ne s'Ă©tant pas dĂ©mentie, il devient propriĂ©taire par legs du domaine de ChĂšvreloup en 1934. La mĂȘme annĂ©e, le prĂ©sident du Conseil inaugure le parc zoologique de Vincennes, suivi quelques annĂ©es plus tard par le musĂ©e de l'Homme, installĂ© dans le nouveau TrocadĂ©ro (1937)[l 13].

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le MusĂ©um compte 19 chaires magistrales pour autant de professeurs-administrateurs. Durant les quatre annĂ©es d'Occupation, les pĂ©nuries d'Ă©nergie et d'aliments provoquent la perte d'une partie des collections vivantes (serres, mĂ©nagerie et zoo de Vincennes). L'Ă©tablissement abrite des rĂ©seaux de rĂ©sistants : l'un au Jardin des plantes autour des professeurs Roger Heim, Jean-Pierre Lehman et Jean Orcel, l'autre au musĂ©e de l'Homme autour du pr. Paul Rivet. Au sortir de la guerre c'est Roger Heim qui dirige le MusĂ©um de 1950 Ă  1965[l 12], parvenant Ă  redresser l'Ă©tablissement dans un contexte difficile (l'histoire naturelle Ă©tant, en pleine croissance Ă©conomique, souvent considĂ©rĂ©e comme une « discipline mineure Â» et obsolĂšte[note 5]). Conscient des dĂ©sĂ©quilibres et de la surexploitation des ressources par l'expansion humaine, Heim contribue en 1948 Ă  la crĂ©ation de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 1962, il installe au MusĂ©um un « service de conservation de la nature Â» qui Ă©volue en 1979 en « secrĂ©tariat de la faune et de la flore Â», puis en 1992 en « dĂ©lĂ©gation permanente Ă  l'environnement Â»[l 12]. Durant cette pĂ©riode, le MusĂ©um acquiert l'abri Pataud en Dordogne (1957), la rĂ©serve zoologique de la Haute-Touche dans l'Indre (1958) et le jardin botanique de Val Rahmeh Ă  Menton (1966).

Tout au long du XXe siĂšcle, de nouveaux milieux jusque-lĂ  pas ou peu explorĂ©s sont dĂ©couverts : on pĂ©nĂštre de plus en plus loin Ă  l'intĂ©rieur des forĂȘts primaires, des moyens techniques permettent d'explorer les fonds ocĂ©aniques et de dĂ©couvrir que la vie y rĂ©side. On dĂ©couvre Ă©galement que la vie rĂ©side Ă  l'intĂ©rieur des grottes que RenĂ© Jeannel et Norbert Casteret explorent. Les scientifiques repoussent les limites gĂ©ographiques de leurs recherches pour couvrir l'ensemble de la biosphĂšre. Le MusĂ©um s'intĂ©resse aussi Ă  l'espace puisque parmi ses collections, on peut trouver des matĂ©riaux extraterrestres comme des mĂ©tĂ©orites[26] et quelques pierres de Mars.

Au MusĂ©um l'ĂȘtre humain est bien compris comme une partie et un acteur de l'histoire naturelle : la vie des peuples autochtones par exemple est Ă©tudiĂ©e par l'ethnographie qui se dĂ©veloppe dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, amenant la crĂ©ation, en 1880, du musĂ©e d'ethnographie du TrocadĂ©ro, rattachĂ© en 1928 au MusĂ©um et transformĂ© en musĂ©e de l'Homme dix ans plus tard[l 14]. Ce musĂ©e collecte Ă©galement de plus en plus de fossiles d'hominidĂ©s : parmi ses riches collections, on peut y voir le crĂąne de l'homme de Tautavel, le pithĂ©canthrope de Java, un moulage du cĂ©lĂšbre australopithĂšque surnommĂ© « Lucy Â» (dont le fossile original, conservĂ© en Éthiopie, est vieux de plus de trois millions d'annĂ©es), ou encore au musĂ©e de l'Homme les fossiles originaux de l'Homme de Cro-Magnon datant de 27 700 ans, de l’Homme de la Chapelle-aux-Saints, principal squelette d'Homme de NĂ©andertal (60 000 ans), de l’Homme de la Ferrassie, de l’enfant du Pech-de-l’AzĂ©, de la tĂȘte de la Dame du Cavillon recouverte de coquillages (24 000 ans) ou de la femme de l’abri Pataud[27],[28] avec des Ɠuvres d’art prĂ©historique comme la VĂ©nus de Lespugue. Les fossiles d'autres animaux ne sont pas en reste. InstallĂ©s dans la galerie de PalĂ©ontologie de la rue Buffon, on y trouve entre autres le cĂ©lĂšbre Mosasaure de Maastricht, un grand spĂ©cimen de MĂ©gathĂ©rium, au moins deux squelettes complets de mammouths, le squelette de l'Aepyornis offert par l'AmĂ©ricain Andrew Carnegie en 1908, les fossiles des fouilles varoises de 1985 Ă  Canjuers, dont un exemplaire adulte ou sub-adulte de Compsognathus, un moulage de celui qui fut en 1908 le premier crĂąne complet de Tyrannosaurus, ou encore un authentique crĂąne fossilisĂ© de Triceratops dont le MusĂ©um avait fait l'acquisition en 1912. Mais ce sont surtout les squelettes complets de dinosaures qui rencontrent dans cette galerie le plus de succĂšs (Diplodocus, Allosaurus, Iguanodon, Carnotaurus, Unenlagia, Dromaeosaurus, Bambiraptor
).

Au cours du XXe siĂšcle les expositions temporaires se multiplient. Celle du tricentenaire du Jardin royal des plantes mĂ©dicinales, en 1935, dĂ©ploie tout l'arc-en-ciel des divers domaines de l'histoire naturelle et retrace l'histoire du MusĂ©um. De Ă  , cette histoire fut exposĂ©e dans le « cabinet d'histoire du Jardin des plantes Â» (dans des salles de l'hĂŽtel de Magny, mais ce « cabinet d'histoire Â» est dĂ©sormais dissous). Au fil des annĂ©es, la musĂ©ographie des expositions Ă©volue et s'accompagne de beaux catalogues. Parmi les plus visitĂ©es, signalons OrchidĂ©es et plantes Ă©piphytes en 1966, MĂ©tĂ©orites, messagĂšres du cosmos en 1968, La Nature au microscope Ă©lectronique en 1971, Le Sahara avant le dĂ©sert en 1974, Les plus beaux coquillages du monde en 1975, Histoire naturelle de la sexualitĂ© en 1977 avec AndrĂ© Langaney, La bionique, science des inventions de la nature en 1985 et les cristaux gĂ©ants du BrĂ©sil en 1987, qui ensemble ont attirĂ© plus d'un million de visiteurs. Un public nombreux suit Ă©galement les confĂ©rences-dĂ©bats et les sĂ©ances de travaux dirigĂ©s[l 15].

À partir de 1975, un plan de rĂ©habilitation des locaux et de regroupement des laboratoires se met en place : on rĂ©nove les anciennes galeries du XIXe siĂšcle, on y ajoute des ailes mais on effectue Ă©galement de spectaculaires rĂ©alisations, comme en tĂ©moigne la zoothĂšque souterraine ouverte en 1986 et destinĂ©e Ă  abriter les collections de la galerie de zoologie, fermĂ©e au public depuis 1965[l 16]. Cette galerie sera rouverte trente ans plus tard, en 1994, sous la forme d'une « grande galerie de l'Évolution Â» inaugurĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique François Mitterrand. Pour les enfants, des ateliers pĂ©dagogiques sont organisĂ©s dĂšs 1970 sous l'Ă©gide, entre autres, de GeneviĂšve Meurgues, mais prennent une dimension nouvelle avec la « galerie des Enfants Â», salle permanente d'activitĂ©s ouverte dans la grande galerie de l'Évolution[10].

PrĂšs de deux millions de personnes visitent chaque annĂ©e les divers sites parisiens du Jardin des plantes, y compris les Ă©tudiants qui frĂ©quentent le MusĂ©um, car celui-ci est Ă©galement un campus et un centre de formation pour les futurs chercheurs : depuis 1989, il dĂ©livre seul le doctorat nouveau rĂ©gime et, depuis 1995, il a l'habilitation ministĂ©rielle pour sept nouveaux DEA[l 15].

Sur le plan administratif, en 1968, une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du personnel (alors plus de 2 200 personnes) avait proposĂ© de remplacer l'assemblĂ©e des professeurs (instituĂ©e en 1793 comme unique instance dirigeante, scientifiquement comme administrativement) par un conseil oĂč seraient reprĂ©sentĂ©s Ă  parts Ă©gales les professeurs, les chercheurs et les techniciens. Cette proposition n'a pas abouti, mais au fil des annĂ©es l'assemblĂ©e des professeurs a perdu de ses prĂ©rogatives au profit des secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux nommĂ©s par les ministĂšres de tutelle. Ainsi, le dĂ©cret du fait du MusĂ©um national d'histoire naturelle un Ă©tablissement public Ă  caractĂšre scientifique, culturel et professionnel. Ce dĂ©cret met fin au rĂŽle d'administrateurs des professeurs et substitue l'assemblĂ©e des professeurs par deux conseils formĂ©s de membres Ă©lus (en majoritĂ©) ou nommĂ©s pour quatre ans, parmi lesquels peuvent aussi se trouver des personnes extĂ©rieures Ă  l'Ă©tablissement : un conseil d'administration de 28 membres et un conseil scientifique de 12 membres divisĂ© en trois sections (collections, recherche, diffusion des connaissances), chaque section Ă©tant habilitĂ©e Ă  se rĂ©unir sĂ©parĂ©ment des autres[29]. En 1994, une nouvelle circulaire ajoute un troisiĂšme conseil de gestion, le conseil des laboratoires.

XXIe siĂšcle

L'Ă©volution des statuts de l'Ă©tablissement dans le sens d'une complexification croissante (mais pas forcĂ©ment plus fonctionnelle) se poursuit au XXIe siĂšcle et le dĂ©cret du dissout les chaires d'enseignement et de recherche. Les collections et les personnes qui constituaient les anciennes chaires sont alors distribuĂ©es dans sept « dĂ©partements de recherche Â» (depuis 2017 dissous eux aussi) :

  • « Ă‰cologie et gestion de la biodiversitĂ© Â»
  • « Histoire de la Terre Â»
  • « Hommes, natures et sociĂ©tĂ©s Â»
  • « Milieux et peuplements aquatiques Â»
  • « PrĂ©histoire humaine Â»
  • « RĂ©gulations, dĂ©veloppement et diversitĂ© molĂ©culaire Â»
  • « SystĂ©matique et Ă©volution Â».

Par ce dĂ©cret sont aussi crĂ©Ă©s des niveaux hiĂ©rarchiques intermĂ©diaires entre la direction et les chercheurs, ainsi que des structures transversales pour dĂ©finir les grandes missions du MusĂ©um et y encadrer les recherches. Les fonctions de l'ancien directeur sont partagĂ©es entre un prĂ©sident, qui prĂ©side le conseil d'administration, et un directeur gĂ©nĂ©ral qui dirige effectivement l'Ă©tablissement. Tous deux sont dĂ©sormais nommĂ©s pour 4 ans directement par le prĂ©sident de la RĂ©publique. Les laboratoires sont conservĂ©s et placĂ©s sous l'autoritĂ© des dĂ©partements nouvellement crĂ©Ă©s afin de coordonner les activitĂ©s des chercheurs. L'Ă©tablissement est placĂ© dĂ©sormais sous la tutelle de trois ministĂšres : Éducation nationale, Recherche et Écologie. Ce systĂšme est si complexe qu'en 2017 les sept dĂ©partements de 2001 sont rĂ©duits Ă  trois, les trois dĂ©partements encore en vigueur au sein du MusĂ©um[30] :

  • « Homme et environnement Â»
  • « Adaptations du vivant Â»
  • « Origines et Ă©volution Â»

Aujourd'hui, le MusĂ©um est responsable de la conservation d'un patrimoine de 67 millions de spĂ©cimens dont plusieurs centaines de milliers de « types Â» de tous genres (voir ci-dessous), spĂ©cimens incluant des centaines de milliers de plantes vivantes et environ 3 500 animaux vivants. Avec 1 800 personnes en France (pas toutes Ă  Paris), dont une majoritĂ© de chercheurs et de techniciens, le MusĂ©um tient un rĂŽle national et international majeur dans le dĂ©veloppement de la recherche en histoire naturelle et dans la diffusion de la culture scientifique[31].

Le fonctionnement

  • Le carrĂ© Decaisne : une des collections vivantes de vĂ©gĂ©taux.

  • SignalĂ©tique du MusĂ©um.

  • Le laboratoire de gĂ©ologie, dans l'Ăźlot Poliveau.

  • Les laboratoires de malacologie, minĂ©ralogie, mammalogie et ornithologie.

  • Le laboratoire d'anatomie comparĂ©e, principale collection d'ossements de diffĂ©rentes espĂšces de vertĂ©brĂ©s en France.

  • À droite, le vivarium de la MĂ©nagerie, collection d'arthropodes et de petits vertĂ©brĂ©s rares, vivants.

Le MusĂ©um est administrĂ© par un conseil d'administration prĂ©sidĂ© par le prĂ©sident du musĂ©um, assistĂ© d'un conseil scientifique[32]. Le prĂ©sident est assistĂ© de directeurs gĂ©nĂ©raux dĂ©lĂ©guĂ©s. Outre le prĂ©sident, le conseil d'administration comprend cinq reprĂ©sentants de l’État, nommĂ©s respectivement par les ministres chargĂ©s de l'enseignement supĂ©rieur, de l'environnement, de la recherche, de la culture et du budget ; six personnalitĂ©s qualifiĂ©es, n'appartenant pas au MusĂ©um, nommĂ©es conjointement par les ministres chargĂ©s de la tutelle, et onze membres Ă©lus parmi les enseignants. Le conseil scientifique se prononce et fait des propositions sur toute question scientifique relevant de la mission du MusĂ©e, il comprend 30 membres, quinze personnalitĂ©s qualifiĂ©es et quinze Ă©lus parmi le personnel.

Le MusĂ©um national d'histoire naturelle dispose de quatre directions gĂ©nĂ©rales dĂ©lĂ©guĂ©es :

  1. une direction gĂ©nĂ©rale dĂ©lĂ©guĂ©e aux ressources ;
  2. une direction gĂ©nĂ©rale dĂ©lĂ©guĂ©e aux collections ;
  3. une direction gĂ©nĂ©rale dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la recherche, Ă  l'expertise, Ă  la valorisation et Ă  l'enseignement ;
  4. une direction générale déléguée aux musées, aux jardins et aux zoos.

et trois dĂ©partements scientifiques transversaux aux trois directions gĂ©nĂ©rales dĂ©lĂ©guĂ©es « techniques Â» :

  1. Homme et environnement ;
  2. adaptations du vivant ;
  3. origines et Ă©volution.

Les anciennes chaires

Avant d'acquĂ©rir sa structure actuelle, le MusĂ©um national d'histoire naturelle a longtemps fonctionnĂ© par chaires, qui ont Ă©voluĂ© dans le temps :

Avant la réorganisation de 2016, il comptait cinq directions transversales et dix départements scientifiques.

Collections scientifiques

À l'exception des espĂšces vivantes, les collections de spĂ©cimens du MusĂ©um sont conservĂ©es en quasi-totalitĂ© sur ses sites parisiens ainsi qu'aux Eyzies et Ă  SĂ©rignan. Elles sont, avec plus de 66,8 millions de spĂ©cimens estimĂ©s dont 426 985 « types Â»[33], parmi les plus importantes du monde avec celles du National Museum of Natural History de Washington et du musĂ©e d'histoire naturelle de Londres : ce patrimoine de l'humanitĂ© est essentiel pour comprendre la biodiversitĂ©[34] :

Type de collection Quantité
MinĂ©raux +00135 000, spĂ©cimens[35].
Roches +00600 000, Ă©chantillons (ce chiffre est une estimation, le chantier des collections Ă©tant encore en cours).
MĂ©tĂ©orites +0 0004 000, Ă©chantillons (sur 1 500 mĂ©tĂ©orites inviduelles), 3e du monde en nombre de chutes observĂ©es (derriĂšre le musĂ©e d'histoire naturelle de Londres et la Smithsonian Institution de Washington)[36].
Fossiles +02 700 000, spĂ©cimens[37].
Champignons +00500 000, spĂ©cimens (herbier)[38].
Algues et micro-algues +00570 000, spĂ©cimens (herbier)[39].
Mousses et lichens +00900 000, et 500 000 spĂ©cimens[40].
Plantes Ă  fleurs et fougĂšres +08 000 000, spĂ©cimens illustrant 320 000 espĂšces vasculaires, 30 000 Ă©chantillons de graines[41].
MĂ©duses, coraux, anĂ©mones +0 0002 000, - 35 000 - 2 000 spĂ©cimens respectivement[42].
Mollusques +05 000 000, spĂ©cimens[43].
Insectes +40 000 000, spĂ©cimens[44].
Poissons +00400 000, spĂ©cimens[45].
Reptiles +00130 000, spĂ©cimens[46].
Amphibiens +00170 000, spĂ©cimens[47].
Oiseaux +00130 000, spĂ©cimens[48] mis en peau.
MammifĂšres +00130 000, spĂ©cimens[49].
CrĂąnes humains +00035 000, spĂ©cimens.
PiĂšces prĂ©historiques +02 000 000, piĂšces[50].
Objets ethnographiques +00300 000, spĂ©cimens.
Plantes vivantes +00025 000, spĂ©cimens.
Animaux vivants +0 0005 000, spĂ©cimens.

La collection d'algues de la galerie de Botanique[39] est composĂ©e d'un herbier d'environ 570 000 spĂ©cimens et d'une algothĂšque d'environ 1 000 souches rĂ©pertoriĂ©es d'algues d'eau douce vivantes.

La collection de champignons[38] est composĂ©e d'un herbier de 500 000 spĂ©cimens, d'une mycothĂšque comportant 4 000 souches vivantes et de 420 modĂšles en cire colorĂ©e reprĂ©sentant des champignons de la rĂ©gion parisienne, rĂ©alisĂ©s par AndrĂ©-Pierre Pinson, chirurgien-major sous Louis XVI.

La collection de fossiles est rĂ©partie sur plusieurs sites[37] et comprend plus de 2,7 millions de spĂ©cimens dont :

  • la collection de vertĂ©brĂ©s comprenant 300 000 spĂ©cimens de mammifĂšres, reptiles, oiseaux et poissons ;
  • la collection de non-vertĂ©brĂ©s comprenant environ 2,5 millions de spĂ©cimens, particuliĂšrement riche en mollusques tertiaires de France et d'Europe ;
  • la collection de palĂ©obotanique comprenant plus de 200 000 exemplaires de plantes fossiles ;
  • la collection de micropalĂ©ontologie comprenant plus de 30 000 lames rĂ©pertoriĂ©es de foraminifĂšres.

BibliothĂšques

Réserve de la bibliothÚque centrale du Muséum national d'histoire naturelle (rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris).

Le MusĂ©um national d'histoire naturelle comprend une direction des bibliothĂšques et de la documentation, qui fĂ©dĂšre la bibliothĂšque centrale du MusĂ©um et 22 bibliothĂšques spĂ©cialisĂ©es, certaines au Jardin des plantes, les autres prĂ©sentes sur certains des autres sites du MusĂ©um.

Le cabinet du roi comprenait dĂ©jĂ  au moment de la RĂ©volution quelques dizaines d'ouvrages. Toutefois, le dĂ©cret du va crĂ©er les conditions de son dĂ©veloppement. D'une part, la bibliothĂšque reçoit une existence officielle et le premier Ă©tage lui est attribuĂ©[51]. D'autre part, le dĂ©cret prononce l'attribution au MusĂ©um de la collection des « VĂ©lins du Roi Â», toujours conservĂ©s par l'Ă©tablissement et dĂ©sormais numĂ©risĂ©s, ainsi que les doubles d'ouvrages d'histoire naturelle prĂ©sents Ă  la bibliothĂšque royale. Surtout, il autorise le MusĂ©um Ă  alimenter ses collections dans les dĂ©pĂŽts littĂ©raires de la capitale.

La bibliothĂšque prend ainsi rapidement de l'ampleur, constituant une collection encyclopĂ©dique avec un net intĂ©rĂȘt pour les sciences, en particulier biologiques, et les techniques. La bibliothĂšque reçoit par ailleurs d'importants dons et legs, notamment de Georges Cuvier ou de Michel-EugĂšne Chevreul.

En 1823, les collections atteignent dĂ©jĂ  15 000 volumes. En 1837, l'inauguration du bĂątiment de la galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie de l'architecte Charles Rohault de Fleury fournit l'occasion d'installer la bibliothĂšque dans des locaux plus vastes. Cette nouvelle bibliothĂšque servira pendant plus d'un siĂšcle, alors mĂȘme que les collections augmentent encore (300 000 volumes vers 1950). L'architecte Henri Delaage (1900-1992) conçoit donc l'actuel bĂątiment, inaugurĂ© le , qui comprend deux salles de lecture et sept niveaux de magasins.

Les collections actuelles de la bibliothĂšque centrale peuvent ĂȘtre estimĂ©es Ă  environ 200 000 volumes de livres modernes, plus de 13 000 titres de pĂ©riodiques (3 000 vivants environ), environ 105 000 imprimĂ©s anciens, prĂšs de 8 000 manuscrits, des cartes, des estampes et un millier d'objets d'art[52].

Depuis 1992, la bibliothĂšque centrale est dĂ©positaire d'un « fonds polaire Â» constituĂ© par Jean Malaurie. Elle donne dĂ©sormais aussi accĂšs Ă  une dizaine de bases de donnĂ©es et prĂšs de 5 000 titres de pĂ©riodiques Ă©lectroniques[53].

Une mĂ©diathĂšque, ouverte Ă  un large public, comprend environ 8 000 ouvrages, une centaine de pĂ©riodiques et des dossiers documentaires.

Le budget propre de la bibliothĂšque est d'environ 1,3 million d'euros. La bibliothĂšque du MusĂ©um est centre d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique (CADIST) et « pĂŽle associĂ© Â» de la BibliothĂšque nationale de France.

Parmi les 22 bibliothĂšques associĂ©es, la bibliothĂšque du musĂ©e de l'Homme a Ă©tĂ© en grande partie transfĂ©rĂ©e au musĂ©e du quai Branly, mais des considĂ©rations pratiques et scientifiques ont conduit les responsables de ce dernier musĂ©e Ă  en restituer une importante partie au musĂ©e de l'Homme. À travers cette bibliothĂšque, le MusĂ©um est CADIST Ă  un autre titre[54].

Direction

Source : Philippe Jaussaud et Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um : en 516 biographies, Publications scientifiques du MusĂ©um national d'histoire naturelle, Paris 2004, 264 pages, (ISBN 2-85653-565-8).

Directeur Ă©lu pour un an.

Directeur Ă©lu pour deux ans.

Directeur nommé pour cinq ans.

Président nommé pour cinq ans.

Quelques lieux représentatifs du MNHN

  • A)

  • B)

  • C)

  • D)

  • E)

  • F)

  • G)

  • H)

  • I)

  • J)

  • K)

LĂ©gende des images :
A) Le cétacéum (podium des cétacés), dans la galerie d'Anatomie comparée
B) Statue de Bernardin de St-Pierre, avec Paul et Virginie
C) Le jardin alpin
D) L'hĂŽtel de Magny
E) La galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée, avec la statue du Premier artiste de Paul Richer
F) La galerie de Minéralogie et de Géologie
G) La serre de Nouvelle-CalĂ©donie construite entre 1834 et 1836 (Ă  l'Ă©poque le « pavillon oriental Â») d'aprĂšs les plans de Charles Rohault de Fleury
H) La maison de Cuvier
I) L'allĂ©e des Becquerel, cĂŽtĂ© nord, mĂšne Ă  la maison de Cuvier oĂč Henri Becquerel dĂ©couvrit la radioactivitĂ© en 1896.
J) La galerie de Paléontologie, au premier étage, avec sa mezzanine. Le premier étage expose les vertébrés fossiles et la mezzanine les invertébrés fossiles
K) L'un des abris zoologiques de la ménagerie.

AccĂšs

Le MusĂ©um national d'histoire naturelle, qui a plusieurs entrĂ©es, rues Cuvier, Buffon et Geoffroy Saint-Hilaire, quai Saint-Bernard et Place Valhubert, est desservi par des lignes d'autobus (24 57 61 63 67 89 91), par le MĂ©tro de Paris (stations Gare d'Austerlitz, Jussieu, Monge et Censier-Daubenton, oĂč passe aussi le bus 47) et par le (RER) (C) (station Austerlitz).

Notes et références

Notes

  1. L'« aquarium et musĂ©e de la mer Â» de Dinard a Ă©tĂ© fermĂ© en 1996 et ses bĂątiments vendus, mais la recherche scientifique continue Ă  la station de biologie marine de Dinard, au Centre de recherche et d'enseignement sur les systĂšmes cĂŽtiers (Cresco).
  2. Les deux « labyrinthes Â» du Jardin des plantes n'ont de labyrinthe que le nom puisque le « grand labyrinthe Â» est en rĂ©alitĂ© un chemin en spirale menant Ă  son sommet Ă  la gloriette de Buffon et le « petit labyrinthe Â» est un espace consacrĂ© Ă  l'observation d'oiseaux, contenant aussi des ruches. Si le « grand labyrinthe Â» est entiĂšrement ouvert au public, le « petit labyrinthe Â», lui, est rĂ©servĂ© aux chercheurs, mais en grande partie accessible aux regards des passants qui parcourent les chemins du jardin Ă  l'anglaise.
  3. La galerie de PalĂ©obotanique fut ouverte au public en 1972, Ă  l'initiative du professeur Jean-Pierre Lehman, dans l'aile Est de la galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie. Par de nombreux fossiles de vĂ©gĂ©taux en exposition, elle retraçait l'histoire Ă©volutive des vĂ©gĂ©taux. Elle n'eut pas le succĂšs escomptĂ© et fut fermĂ©e au public en 1998 puis dĂ©mantelĂ©e en 2005 : une partie des collections de cette galerie a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e Ă  la mezzanine de la galerie de PalĂ©ontologie, une autre dans la « serre de l'histoire des plantes Â».
  4. Jacques-Louis Macie, nĂ© vers 1765 Ă  Paris, fut un chimiste, gĂ©ologue, cristallographe, physicien, mathĂ©maticien, Ă©conomiste et historien devenu britannique sous le nom de James Smithson ([1] et [2]). Ayant manifestĂ© un grand intĂ©rĂȘt aux idĂ©aux de l’instruction publique et de la dĂ©mocratie, il fut enthousiasmĂ© par la crĂ©ation en France du « MusĂ©um central des arts de la RĂ©publique Â» (devenu musĂ©e du Louvre) et du MusĂ©um national d'histoire naturelle ([3]). Plus ĂągĂ© et devenu trĂšs fortunĂ©, James Smithson souhaita favoriser l’émergence d’une institution similaire aux États-Unis, pays neuf encore dĂ©pourvu de grandes institutions de ce type : par son testament de 1826, lui qui ne s’est jamais rendu aux États-Unis et ne semble pas avoir entretenu de correspondance avec des scientifiques amĂ©ricains, lĂ©gua la somme alors colossale de 100 000 livres sterling Ă  une Ă©ventuelle institution amĂ©ricaine consacrĂ©e Ă  promouvoir la science. Son vƓu, retardĂ© par un procĂšs entre le notaire et ses hĂ©ritiers en ligne indirecte, ne se rĂ©alisa que vingt ans plus tard lorsqu’un apport complĂ©mentaire de l’État amĂ©ricain permit la crĂ©ation de la Smithsonian Institution. Il existe une certaine similitude entre cette institution de Washington et le principal site, au jardin des plantes de Paris, du MusĂ©um national d'histoire naturelle qui, dans les deux cas, alignent des musĂ©es et galeries variĂ©es d'Est en Ouest le long d'une perspective Ă  la française situĂ©e entre elles.
  5. Ce dĂ©sintĂ©rĂȘt français pour l'histoire naturelle, inaugure au XXe siĂšcle au MNHN une tradition dĂ©plorĂ©e par les scientifiques, les musĂ©ologues et le public, celle des fermetures prolongĂ©es, voire dĂ©finitives des prĂ©sentations : musĂ©e du Duc d'OrlĂ©ans fermĂ© en 1959 ; galerie de Zoologie : 28 ans de 1966 Ă  1994 ; galerie de MinĂ©ralogie et de GĂ©ologie : 10 ans de 2004 Ă  2014 ; musĂ©e de l'Homme, en partie dĂ©pouillĂ© au profit du musĂ©e du quai Branly du fait d'une rĂ©organisation des collections nationales : 6 ans de 2009 Ă  2015 ; zoo de Vincennes : 6 ans de 2008 Ă  2014 ; grandes Serres : 5 ans de 2005 Ă  2010 (mais les quatre derniers sont consacrĂ©s aux travaux de rĂ©novation) ; galerie de PalĂ©obotanique fermĂ©e en 1998, puis dĂ©mantelĂ©e en 2005 ; galerie d'Entomologie situĂ©e dans les laboratoires de la rue Buffon et aquarium-musĂ©e de la mer de Dinard concurrencĂ© par celui de Saint-Malo, fermĂ©s en 1996. Contrairement aux Anglo-Saxons et aux peuples nordiques qui considĂšrent l'histoire naturelle comme un ensemble de disciplines scientifiques d'importance majeure et y consacrent beaucoup d'argent, en France on n'agit qu'au coup par coup lorsque la vĂ©tustĂ© arrive Ă  des consĂ©quences spectaculairement scandaleuses et subitement mĂ©diatisĂ©es Ă  la suite d'incidents fortuits. Ce fut le cas Ă  la grande Galerie, Ă  la MĂ©nagerie et aux Serres, qui n'ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©es que parce que les toitures tombaient littĂ©ralement en morceaux ou parce que des journalistes se sont scandalisĂ©s des conditions de vie de certains animaux. Plus rĂ©cemment, des appels Ă  mĂ©cĂ©nat ont Ă©tĂ© lancĂ©s en 2016 afin de susciter des dons pour sauver des Ă©lĂ©ments du patrimoine du MusĂ©um. La restauration de la gloriette de Buffon du XVIIIe siĂšcle, menacĂ©e par les intempĂ©ries, la pollution et la corrosion, nĂ©cessite des financements estimĂ©s Ă  700 000 euros. Devenue potentiellement dangereuse pour le public, son accĂšs a dĂ» ĂȘtre fermĂ© en attendant de rĂ©unir la somme et d'entreprendre les travaux : Odile Morain, « Jardin des Plantes : la gloriette de Buffon en pĂ©ril, a besoin de donateurs Â», sur francetvinfo.fr, . Pour restaurer l'abri des chevaux de Przewalski, de 1890, dans la MĂ©nagerie, une autre souscription nationale a Ă©tĂ© lancĂ©e : [4] publiĂ© le 08 dĂ©cembre 2016 dans Connaissance des Arts consultĂ© le 12 janvier 2017 et [5] consultĂ© le 12 janvier 2017.

Références

  1. Y. Laissus (1995), p. 12.
  2. Y. Laissus (1995), p. 14.
  3. Y. Laissus (1995), p. 15.
  4. Y. Laissus (1995), p. 16.
  5. Y. Laissus, 1995, p. 21.
  6. Y. Laissus (1995), p. 22-23.
  7. Y. Laissus (1995), p. 22.
  8. Y. Laissus (1995), p. 68.
  9. Y. Laissus (1995), p. 24.
  10. Y. Laissus (1995), p. 26.
  11. Y. Laissus (1995), p. 93.
  12. Y. Laissus (1995), p. 30.
  13. Y. Laissus (1995), p. 28.
  14. Y. Laissus (1995), p. 73.
  15. Y. Laissus (1995), p. 92.
  16. Y. Laissus (1995), p. 30-31.
  • Autres sources
  1. Bilan du premier récolement décennal des musées de France, p. 4, 10 octobre 2014, base Joconde, site culture.gouv.fr
  2. « MusĂ©um national d'Histoire naturelle Â», sur www.mnhn.fr (consultĂ© le )
  3. « PrĂ©sentation Â», sur MusĂ©um national d'histoire naturelle (consultĂ© le ).
  4. « DĂ©cret no 2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au MusĂ©um national d'histoire naturelle Â», LĂ©gifrance.
  5. Décret n° 2014-1107 du 1er octobre 2014 modifiant le décret n° 2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle (lire en ligne) , sur Légifrance.
  6. Rapport d'activité 2018.
  7. « Tous les lieux du MusĂ©um Â» sur le site de l'institution [6].
  8. Au sud de la rue Buffon se trouve le « clos Patouillet Â» ou « Ăźlot Buffon-Poliveau Â», ancienne propriĂ©tĂ© de Buffon qui abrite de nombreux laboratoires et une importante partie des collections du MusĂ©um (voir [7]).
  9. Luc VivĂšs et CĂ©cile Colin-Fromont (prĂ©f. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparĂ©e et de PalĂ©ontologie : MusĂ©um d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys MusĂ©um d'histoire naturelle, (rĂ©impr. 2015), 95 p. (ISBN 978-2-85495-468-5, OCLC ), p. 8-9
  10. « Galerie des Enfants Â», sur Galeries, Jardins, Zoo - Jardin des Plantes (consultĂ© le ).
  11. Page Facebook de la galerie de Minéralogie, consultée le 17 décembre 2014.
  12. Éric Buffetaut, « Un musĂ©e princier disparu Â», EspĂšces : Revue d'histoire naturelle, no 27,‎ , p. 76-80 (ISSN ) .
  13. Amandine PĂ©quignot (Me de conf., UMR208 "PALOC" - IRD/MNHN), « La collection du duc d'OrlĂ©ans au MusĂ©um Â» in HypothĂšses du 24 jan. 2020, « Le MusĂ©um national d'histoire naturelle, objet d'Histoire (recherches, hommes, institutions, patrimoine, enseignement Â» - lire en ligne [8] vu le 22 dĂ©c. 2021.
  14. L'enseignement supérieur sur www.mnhn.fr
  15. Emma C. Spary, Le Jardin d'utopie. L'histoire naturelle en France de L'Ancien RĂ©gime Ă  la RĂ©volution, traduit de l'anglais par Claude Dabbak, Ă©d. du MNHN, 2005, (ISBN 2-85653-566-6).
  16. Philippe Jaussaud, Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um en 516 biographies, Paris, 2004, (ISBN 2-85653-565-8) et Yves Laissus, Le MusĂ©um d’histoire naturelle, 2e Ă©dit. 2003 p. 12.
  17. Jeanne Pronteau, Edme Verniquet (1727-1804) : architecte et auteur du "grand plan de Paris" (1785-1791), 1986, p. 261.
  18. Yves Laissus, « Les voyageurs-naturalistes du Jardin du roi et du MusĂ©um d'histoire naturelle Â», Revue d'histoire des sciences, vol. 34, no  3-4, juillet-dĂ©cembre 1981, p. 259-317.
  19. Jean-Marie Dewarumez, Historique des laboratoires maritimes du Boulonnais
  20. « DĂ©couverte de l'Ăźle de Tatihou Â», MNHN
  21. « L'Ă©tonnante histoire du petit aquarium de Dinard (1930-1997) Â», info Saint-Brieuc, 11 juillet 2012.
  22. Thomas Wayland Vaughan et alii, International Aspects of Oceanography: Oceanographic Data and Provisions for Oceanographic Research, National Academy of Sciences, Washington, D. C., 1997 (p. 118)
  23. Alexandre Marinescu, Émile Racovitza et l'expĂ©dition Belgica, Ă©d. All, 1998, (ISBN 973-9431-06-2).
  24. Henri Belliot, chap. III, titre SixiĂšme « Le cours gĂ©nĂ©ral des Ă©tudes : La recherche scientifique Â», dans EncyclopĂ©die pratique de l'Ă©ducation en France : publiĂ©e sous le patronage et avec le concours de l'Institut PĂ©dagogique National, Paris, I.P.N. (Institut PĂ©dagogique National) et S.E.D.E. (SociĂ©tĂ© d'Ă©dition de dictionnaires et encyclopĂ©dies), , 1re Ă©d., xxxii + 1176 p. (OCLC , SUDOC ), p. 247 .
  25. Yves Cauzinille, « PrĂ©sentation de deux acquisitions patrimoniales faites en 2011 par la bibliothĂšque centrale du MusĂ©um national d’histoire naturelle avec le soutien financier de la SociĂ©tĂ© des Amis du MusĂ©um : 41 photographies panoramiques, expĂ©ditions en Afrique du duc Philippe d’OrlĂ©ans en 1921, 1925 et 1926 Â», Les Amis du MusĂ©um national d'histoire naturelle, no 260,‎ , p. 56 (ISSN , lire en ligne [PDF]) .
  26. (en) Catherine L.V. Caillet Komorowski, The meteorite collection of the National Museum of Natural History in Paris, chapitre de l'ouvrage de Luigi Piccardi, W. Bruce Masse, Myth and Geology, Geological Society, , 350 p. (lire en ligne) .
  27. Collection de restes paléoanthropologique du musée de l'Homme, site du musée.
  28. PrĂ©sentation de l'abri des ancĂȘtres par Dominique Grimaud-HervĂ©, professeur au MNHN, sur dailymotion.com.
  29. Yves Laissus, Les archives scientifiques du MusĂ©um national d'histoire naturelle, La Gazette des archives, no 145, 1989. Les archives scientifiques (communications prĂ©sentĂ©es Ă  la journĂ©e d’études organisĂ©e par le Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques de la CitĂ© des sciences et de l’industrie, Paris, La Villette, ) p. 106-114.
  30. Rapport d'activitĂ© : MusĂ©um national d'histoire naturelle (2017) ; Section « Organisation Â», p. 72
  31. [PDF] Rapport d'activité 2005.
  32. Décret n°2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle modifié par le décret n° 2014-1107 du 1er octobre 2014
  33. Les collections du Muséum, chiffres-clés 2020, Rapport d'activité du MNHN 2020, p. 47, site mnhn.fr.
  34. « Quelles collections ? Â», sur mnhn.fr (consultĂ© le )
  35. Nombre de spécimens de minéraux (chiffre du MNHN)
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  51. Pascale Heurtel, « MusĂ©um national d'histoire naturelle Â», dans Les BibliothĂšques parisiennes : architecture et dĂ©cor, [2002], p. 166-167.
  52. Sophie Guérinot-Nawrocki, Rapport de stage à la bibliothÚque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, 2004, en ligne sur le site de l'Enssib.
  53. Rapport d'activitĂ©s pour 2006, p. 13
  54. VĂ©ronique Heurtematte, « Ecce homo Â», dans Livres Hebdo, no 717, 18 janvier 2008, p. 72.

Voir aussi

Bibliographie

  • Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et Jean-Louis Fischer (dir.) (prĂ©f. Roger Chartier), Le musĂ©um au premier siĂšcle de son histoire : [actes du colloque de Paris, juin 1993, centre Alexandere KoyrĂ©], Paris, Editions du MusĂ©um national d'histoire naturelle, coll. Â« Archives / MusĂ©um national d'histoire naturelle Â», , 687 p. (ISBN 978-2-85653-516-5, OCLC )
  • Dominique Bezombes, La Grande Galerie du MusĂ©um national d'histoire naturelle : Conserver c'est transformer, Paris, Le Moniteur, , 168 p. (ISBN 2-281-19083-8)
  • Philippe Jaussaud et Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au MusĂ©um : en 516 biographies, Paris, MusĂ©um national d'histoire naturelle, , 630 p. (ISBN 978-2-85653-565-3, OCLC )
  • Philippe Morat (dir.), L'herbier du monde : cinq siĂšcles d'aventures et de passions botaniques au MusĂ©um national d'histoire naturelle, Paris, Les Éd. du MusĂ©um Les ArĂšnes-l'Iconoclaste, , 239 p. (ISBN 978-2-912485-71-7, OCLC )
  • Luc VivĂšs et CĂ©cile Colin-Fromont (prĂ©f. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparĂ©e et de PalĂ©ontologie : MusĂ©um d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys MusĂ©um d'histoire naturelle, (rĂ©impr. 2015), 95 p. (ISBN 978-2-85495-468-5, OCLC )

Articles connexes

Liens externes