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Armand David

Armand David (ou PĂšre David), nĂ© le Ă  Espelette prĂšs de Bayonne (France) et mort Ă  Paris le , est un missionnaire lazariste français, zoologiste et botaniste Ă©minent. Il a collectĂ© durant sa vie animaux, plantes, roches et fossiles en Chine pour le compte du MusĂ©um d’histoire naturelle de Paris[1]. Environ 70 identifications scientifiques d'espĂšces de plantes portent son nom[N 1] ; il est Ă©galement dĂ©dicataire d'un genre : le genre Davidia qui comprend l'arbre aux mouchoirs[2].

Armand David
Le pĂšre David en 1884.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Surnom
PĂšre David
Nationalité
Française
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Abréviation en botanique
David

Biographie

Enfance au Pays basque

Jean-Pierre-Armand David voit le jour le Ă  Espelette en Pays basque. Son pĂšre, Dominique David, est mĂ©decin et maire du village. C’est un notable local qui dĂ©fendra toute sa vie une position politique lĂ©gitimiste intransigeante qu’il essaiera de transmettre Ă  ses enfants. C’est aussi un homme qui s’intĂ©resse Ă  l’histoire naturelle et qui donne Ă  son fils Armand, un goĂ»t pour l'observation du rĂšgne animal et vĂ©gĂ©tal[N 2].

Phase de formation Ă  Paris et en Italie (1848-1862)

AprĂšs deux annĂ©es passĂ©es au Grand SĂ©minaire de Bayonne, Armand se rend Ă  Paris en 1848 pour faire son noviciat Ă  la SociĂ©tĂ© des prĂȘtres de la Mission. Cette congrĂ©gation crĂ©Ă©e par saint Vincent de Paul en 1625, envoie ses prĂȘtres — populairement appelĂ©s 'Lazaristes' — en mission d'Ă©vangĂ©lisation dans des rĂ©gions dĂ©christianisĂ©es ou en pays non-chrĂ©tiens. La discipline y est sĂ©vĂšre et demande une stricte obĂ©issance. Lorsqu’il prononce ses vƓux en novembre 1850, il rĂȘve de mission dans des pays lointains mais c’est finalement en Italie, au collĂšge lazariste de Savone prĂšs de GĂȘnes qu’il est envoyĂ© pour y enseigner les sciences naturelles.

Il y passe dix agrĂ©ables annĂ©es qu'il met Ă  profit pour parfaire ses connaissances dans les sciences de la nature. Avec ses Ă©lĂšves (dont Luigi Maria d'Albertis), il constitue des collections scientifiques et apprend les techniques de la taxidermie. Il en Ă©tait presque venu Ă  oublier ses rĂȘves de mission dans le CĂ©leste Empire, quand en 1861, le zoologiste Henri Milne Edwards, administrateur du MusĂ©um d’histoire naturelle de Paris, sollicite l’aide des missionnaires pour inventorier les espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales de Chine, Ă  cette Ă©poque encore trĂšs mal connues. En 1862, le pĂšre Armand David est dĂ©signĂ© pour la mission Ă  PĂ©kin.

Les premiĂšres explorations des environs de PĂ©kin (1862-1866)

Un cerf de l'espĂšce Elaphurus davidianus gris dans une prairie verdoyante.
Le « cerf du pÚre David » (Elaphurus davidianus).

Durant la rĂ©volte des Taiping (1850-1864), des Nian et les soulĂšvements des musulmans qui firent des dizaines de millions de morts, le pouvoir central chinois trĂšs affaibli, subissait en outre les coups de boutoir des troupes coloniales franco-britanniques. Le droit d’évangĂ©liser pour les chrĂ©tiens est acquis Ă  la suite de la dĂ©faite humiliante subie par l’empire chinois devant les troupes franco-anglaises. Il s’ensuivra une hostilitĂ© permanente des mandarins portĂ©e Ă  la solide organisation missionnaire, vue comme une tentative Ă©trangĂšre de doubler la structure administrative.

« Tout en Ă©tudiant la langue du pays, Ă©crit-il, et en collaborant au ministĂšre sacerdotal, je me mis Ă  explorer les alentours de la capitale »[3]. Il poussa ensuite ses explorations dans les montagnes de l’Ouest en 1863 puis du cĂŽtĂ© de la RĂ©sidence impĂ©riale de Jehol prĂšs de Chengde æ‰żćŸ·ćž‚, Ă  260 km au nord-est de PĂ©kin. Chaque expĂ©dition Ă©tait suivie d’envois au MusĂ©um de Paris oĂč les naturalistes furent tout de suite surpris par leur qualitĂ©. « Nous avons trouvĂ© dans le pĂšre Armand David un correspondant non moins actif qu’éclairĂ©, Ă©crit le professeur Milne Edwards en septembre 1864. Il a fait au MusĂ©e plusieurs envois considĂ©rables et l’intĂ©rĂȘt des objets qu’il nous adresse est rehaussĂ© par les notes dont il les accompagne. » Le MusĂ©um fit des dĂ©marches auprĂšs du SupĂ©rieur gĂ©nĂ©ral des Lazaristes pour qu’il autorise le pĂšre David Ă  faire pendant plusieurs annĂ©es des explorations dans les rĂ©gions les moins connues de l’Empire avec un financement public du MinistĂšre de l’instruction publique.

Milne-Edwards donne Ă  cette Ă©poque la description scientifique de quelques espĂšces remarquables envoyĂ©es[4] : l’écureuil gris-cendrĂ© (Sciurus davidianus), le cerf-chameau (Cervus cameloides) et bien d’autres mais c’est l’énigmatique « cerf du pĂšre David » (Elaphurus davidianus) qui retient le plus l’attention. Ce cervidĂ© est nommĂ© par les Chinois ć››äžè±Ą sĂŹ bĂč xiĂ ng, « les quatre caractĂšres qui ne conviennent pas » parce que cet animal avait les bois d'un cerf, le cou d'un chameau, le pied d'une vache et la queue d'un Ăąne. Pour ajouter au mystĂšre, l’animal, pratiquement disparu Ă  l’état sauvage, Ă©tait gardĂ© par des soldats tatares dans le parc impĂ©rial de chasse de Nanhaizi Ă  une lieue au sud de PĂ©kin. « Aucun europĂ©en ne peut pĂ©nĂ©trer dans ce parc ; mais ce printemps m’étant hissĂ© sur la muraille d’enceinte, j’ai eu la bonne fortune de voir, assez loin de moi, un troupeau de plus de cent de ces animaux
 Jusqu'ici j’ai fait des tentatives infructueuses pour avoir une dĂ©pouille de cette espĂšce » Ă©crit le pĂšre David en septembre 1865. « Heureusement, je connais des soldats tartares qui font la garde dans ce parc et je suis sĂ»r que, moyennant une somme plus ou moins ronde, j’aurais une peau que je m’empresserai de vous envoyer » Au dĂ©but de l’annĂ©e suivante, il finit par obtenir les peaux d’une femelle et d’un jeune mĂąle qu’il envoie aussitĂŽt au MusĂ©um. Suivront bientĂŽt le squelette et la peau d’un mĂąle adulte. Au mĂȘme moment, le chargĂ© d’affaires français obtient des ministres impĂ©riaux qu’ils envoient au MusĂ©um un couple de ces animaux vivants. Les Anglais obtinrent aussi, grĂące aux bons offices du missionnaire, quelques individus[1]. C’est grĂące Ă  ces individus vivants envoyĂ©s en Europe que l’espĂšce n’a pas disparu.

Encouragé par ces premiers succÚs, le pÚre David va mener dans les années 1866-1874 trois grandes expéditions naturalistes dans les profondeurs de la Chine :

Carte de Chine marquée des trois itinéraires des expéditions du pÚre David.
Les expéditions du pÚre David.

L’exploration de la Mongolie mĂ©ridionale (mars-octobre 1866)

Le pĂšre David.

En mars 1866, il part de PĂ©kin avec tout son Ă©quipement de collecteur naturaliste portĂ© par cinq mulets, en vue d'explorer les rĂ©gions mongoles qui se trouvent au-delĂ  de la Grande Muraille, au nord de la grande boucle du Fleuve Jaune (Huanghe), une rĂ©gion encore trĂšs mal connue des EuropĂ©ens. Le frĂšre Chevrier, bon chasseur, et le fameux guide Samdadchiemba[N 3], ancien lama mongol qui avait accompagnĂ© les pĂšres Huc et Gabet au Tibet, se joindront Ă  lui. Le voyage fut trĂšs Ă©prouvant, en raison d'un climat trĂšs rude, d'une insuffisance d'eau et de nourriture et de l'insĂ©curitĂ© permanente que faisaient rĂ©gner les bandits de grands chemins et les soldats tartares, sans parler des bĂȘtes sauvages. Il fallait des caractĂšres bien trempĂ©s pour surmonter sans encombre les Ă©preuves auxquelles ils furent confrontĂ©s.

Rosa xanthina.

Tous les jours, il prenait d’abondantes notes sur tout ce qu’il observait : la nature des sols, la faune et la vĂ©gĂ©tation, les mƓurs des populations, leurs religions, leurs cultures vivriĂšres. Le petit groupe d'explorateurs fixĂšrent leur camp de base Ă  Saratchi[N 4], une ancienne citĂ©, entre Hohhot et Baotou (ć‘Œć’Œæ”©ç‰čćž‚ă€ćŒ…ć€Žćž‚äč‹é—Ž). Bien que la vĂ©gĂ©tation de ces contrĂ©es dĂ©sertiques soit assez pauvre, il fait quelques rĂ©coltes intĂ©ressantes. « Je note une Ancolie Ă  fleurs vertes (Aquilegia viridiflora) qui abonde, une jolie lĂ©gumineuse Ă  fleurs rouge sang (Lessertia) ; une sorte de Sophora herbacĂ© Ă  nombreuses fleurs blanches trĂšs odorantes etc. J'ai rĂ©coltĂ© aussi de bons fruits d'un Rosier Ă  fleurs jaunes. Mais en somme, la vĂ©gĂ©tation de l'Ourato [äčŒæ‹‰ç‰č wulate] est assez pauvre »[5]. Le rosier Ă  fleur jaune sera ultĂ©rieurement nommĂ© Rosa xanthina, une espĂšce belle et robuste, avec de petites feuilles dĂ©licate et une fleur en coupe jaune. « L'Ourato
, ne prĂ©sente jamais de hautes montagnes; ses forĂȘts, dont on me faisait une si brillante description Ă  PĂ©kin, sont aujourd'hui Ă  peu prĂšs dĂ©truites
Partout oĂč la culture a Ă©tĂ© possible, on la voit exercĂ©e par les Chinois, qui chassent devant eux les populations mongoles pastorales. Celles-ci, d'ici Ă  peu, se trouveront sans ressources, refoulĂ©es jusqu'au grand dĂ©sert de Gobi, dont j'ai pu apercevoir les sables jaunes et mouvants. »

Tarsiger cyanurus.

Comme le pĂšre David connaĂźt admirablement bien les oiseaux, il repĂšre la jolie fauvette Ă  dos bleu, connue seulement au Japon (Tarsiger cyanurus). « C’est en vain que nous nous fatiguons Ă  la recherche du faisan bleu : on ne connaĂźt ici que le Phasianus torquatus, le Pucrasia xanthospila, et la bartavelle qui abonde toujours. » [1] Le frĂšre Chevrier, bon fusil, tue et prĂ©pare faisans, vautours et aigles mongols. Ils collectĂšrent 176 oiseaux, 59 mammifĂšres, 1 500 spĂ©cimens de plantes et 680 spĂ©cimens d'insectes[6].

MalgrĂ© tout, le pĂšre David trouva le bilan global assez dĂ©cevant[5] : « Vous savez peut-ĂȘtre que j'ai passĂ© huit mois de l'annĂ©e derniĂšre dans l'Ourato. J'y ai dĂ©pensĂ© beaucoup d'argent, perdu mon temps et mes peines, car le pays est trĂšs pauvre, bien qu'on m'eĂ»t dit le contraire Ă  PĂ©kin. »

L'exploration de la Chine centrale et du Tibet oriental (26 mai 1868 – 24 juin 1870)

L’expĂ©dition suivante poussa le pĂšre David jusqu'Ă  une rĂ©gion habitĂ©e par des ethnies non Han mais cette fois avec une flore et une faune beaucoup plus riche. Il avait appris auprĂšs d’autres missionnaires que vers l’ouest et le Tibet, se trouvaient de hautes montagnes couvertes de forĂȘts primaires prĂ©servĂ©es. Ce fut un trĂšs bon choix, puisqu’on sait maintenant que la rĂ©gion montagneuse au nord de Ya'an (雅漉) dans l'actuel Sichuan oĂč il se rendra, possĂšde la plus grande richesse botanique et zoologique des pays tempĂ©rĂ©s et qu’elle fait partie des monts Hengduan, classĂ©s comme un point chaud de biodiversitĂ© par Conservation International.

Flore et faune du Jiangxi (Chine centrale)

Il dĂ©cide de s’y rendre en remontant le Fleuve Bleu (Changjiang) mais aprĂšs quelques jours de navigation mouvementĂ©e, il se trouve bloquĂ© Ă  Jiujiang[N 5], car le fleuve gonflĂ© et tumultueux est d’une navigation pĂ©rilleuse Ă  cette Ă©poque. Il y restera quatre mois qu’il mettra Ă  profit pour explorer les environs et grimper deux fois sur le mont Lu ćșć±±, une montagne sacrĂ©e des environs. Parmi ses dĂ©couvertes, une trĂšs grosse grenouille (Rana latrans) qui pousse de puissants coassements qu’il prit d’abord pour des aboiements de chiens.

L’ampleur du travail accompli durant ce sĂ©jour forcĂ© peut se juger par cette lettre oĂč il dit : « Je me hĂąte
 de terminer l’emballage de mes collections que j’expĂ©die pour le Jardin des Plantes de Paris,
 Elles consistent en une dizaine de mammifĂšres, une trentaine d’espĂšces d’oiseaux, entre 50 ou 60 espĂšces de poissons ou de reptiles. Le nombre d’espĂšces de ColĂ©optĂšres monte Ă  335, il y a 100 espĂšces d’HĂ©miptĂšres
.Soit en tout 630 espĂšces d’insectes. L’herbier ne compte qu’environ 200 espĂšces de plantes. VoilĂ , avec quelques coquilles et quelques autres objets, quelles ont Ă©tĂ© mes acquisitions dans cette premiĂšre Ă©tape forcĂ©e du Kiangsi »[1].

Le , le fleuve est navigable et il embarque Ă  nouveau. Les dangers sont permanents. Le passage des rapides ne peut se faire Ă  la rame, la barque doit se faire hĂąler par quelques dizaines d’hommes harnachĂ©s au bout de longues cordes qui parfois se rompent. Il doit aussi faire face Ă  l’hostilitĂ© des populations qui le prennent pour un espion et qui l’injurient ou mĂȘme une fois empoisonnent son thĂ©.

Moupin, le pays du panda (Tibet oriental)

La commune de Muping actuelle, xian de Baoxing.
Rhododendron moupinense, découvert à Moupin par le pÚre David.
L'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) nommé d'aprÚs le pÚre David et découvert par ce dernier à Moupin(e).

Le 17 dĂ©cembre, il finit par atteindre Chongqing dans la province du Sichuan. Il rejoindra la principautĂ© de Moupin[N 6] Ă  environ 220 km Ă  l’ouest de Chengdu, Ă  pieds et en chaise Ă  porteurs. Le collĂšge des Missions ÉtrangĂšres de Moupin[N 7](actuellement Ă  Dengchigou, district de BǎoxÄ«ng 漝慮) se trouve dans une rĂ©gion d’ethnie tibĂ©to-birmane Jiarong (au XIXe siĂšcle appelĂ©e Mantze, en chinois è›źæ— manzu « barbare »[N 8]), parlant une langue rGyalrong. Les missionnaires s’étaient Ă©tablis dans cette rĂ©gion pour Ă©chapper aux persĂ©cutions des mandarins chinois[N 9]. Le pĂšre David fera de cette petite principautĂ© indĂ©pendante, dirigĂ©e par un prince Mantze, situĂ©e entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, sa base pour explorer la rĂ©gion durant 9 mois (du au ). « Ces Mantze, qui ne sont ni chinois ni tibĂ©tains, mais se rapprochent plus de ces derniers, forment un grand nombre de petits États sĂ©parĂ©s et autonomes, ayant une lĂ©gislation et parfois une langue particuliĂšre. » (A. David[1]). Ils pratiquent le lamaĂŻsme tibĂ©tain.

Sa passion pour les oiseaux trouvera lĂ  de quoi se satisfaire. Chez lui, cette passion d’observer la nature se double d'une passion pour la chasse. Il sollicite aussi les chasseurs de la rĂ©gion pour aller tirer les animaux dans les zones les moins accessibles et comme il paye un bon prix, les dĂ©pouilles sont abondantes. « Tout ce qui porte fusil passe par le collĂšge » note-il. Mais les difficultĂ©s de prĂ©parations sont Ă©normes : difficultĂ© pour trouver l'alun nĂ©cessaire Ă  la conservation des peaux, absence d’armoires et de caisses pour protĂ©ger ses dĂ©pouilles des larves et des moisissures etc[4].

Comme Ă  son habitude, ses collectes de spĂ©cimens de mammifĂšres, d’oiseaux, d’insectes, de plantes sont remarquables tant par le nombre que la qualitĂ©. Il distingue Ă  cette Ă©poque 13 espĂšces diffĂ©rentes de rhododendrons dont le dĂ©licat Rhododendron moupinense (Plantae Davidianae[7]). Mais la renommĂ©e du pĂšre David tient essentiellement Ă  quelques grandes dĂ©couvertes comme celle du Panda gĂ©ant, du Macaque au nez retroussĂ© (Rhinopithecus roxellana) et de l’arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata).

La renommée du pÚre David tient essentiellement à quelques grandes découvertes comme celle du panda géant.

() Un jour qu’il rentrait d’une exploration des Hongshanding çșąć±±éĄ¶, la montagne qui domine la rĂ©gion, il est invitĂ© Ă  prendre le thĂ© chez un brave Monsieur Li. C’est lĂ  qu’il aperçoit la peau de ce qui semble ĂȘtre un ours blanc et noir de belle taille. À sa plus grande joie, son hĂŽte lui promet de lui rapporter l’animal d’ici quelques jours. Le 23 mars, les chasseurs viennent Ă  la mission avec un « ours blanc[N 10] » « qu’ils avaient pris en vie mais qu’ils tuĂšrent pour le porter plus facilement ». « Le jeune ours blanc, qu’ils me vendent fort cher, est tout blanc, Ă  l’exception des quatre membres, des oreilles et du tour des yeux, qui sont d’un noir profond » dit-il[1]. « Un mois plus tard vint l’ours adulte et je pus constater que les couleurs de cet animal ne change pas avec l’ñge
. Il vit dans les montagnes les plus inaccessibles, se nourrit de vĂ©gĂ©taux, surtout de racines de bambou » met-il dans la note descriptive jointe Ă  une caisse d’envoi. Cette belle dĂ©couverte d'une espĂšce nouvelle, le panda gĂ©ant, nommĂ©e Ursus melanoleucus par le pĂšre David, sera reclassĂ©e dans le genre Ailuropoda par Milne-Edwards Ă  Paris en 1870. L'animal qui est surtout actif la nuit et qui vit Ă  environ 3 000 m d'altitude dans des rĂ©gions inaccessibles Ă©tait trĂšs peu connu en dehors des populations locales. Il ne deviendra trĂšs cĂ©lĂšbre dans le monde entier, Chine y compris, que trĂšs rĂ©cemment.

D’aprĂšs le tĂ©moignage rĂ©cent de CĂ©dric Basset[8], botaniste parti sur les traces du pĂšre David « Aujourd’hui, la petite ville de Baoxing rend largement hommage au pĂšre David avec une statue Ă  son effigie et une qui cĂ©lĂšbre sa dĂ©couverte du panda. Les balustrades longeant la riviĂšre sont gravĂ©es de reprĂ©sentations de nombreuses espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales qu’il a dĂ©couvertes lors de son sĂ©jour dans la rĂ©gion ».

De cette région du Tibet oriental (actuel Sichuan), le pÚre David a envoyé au Muséum 676 spécimens de plantes, 441 d'oiseaux, 145 de mammifÚres[6].

Le pĂšre David dĂ©cide de rejoindre PĂ©kin via Shanghai. Le , il quitte « le pays des Mantze, aprĂšs y avoir souffert plus de fatigues, de peines, de privations et de maladies, qu’il n’est opportun de le dire ici ». Mais, il ne peut « rĂ©sister Ă  la tentation de faire une rapide excursion vers le Kokonoor, avant de laisser pour jamais ces pays ». De ce petit crochet en direction des plateaux du Qinghai (dĂ©cembre 1869-mars 1870), il rapportera encore une dĂ©couverte majeure : la Grande Salamandre Chinoise (Andrias davidianus anc. Sieboldia davidii). Il s’agit ni plus ni moins de la plus grande salamandre du monde, pouvant atteindre 1,80 m de longueur et vivre 50 ans, une longĂ©vitĂ© exceptionnelle pour un amphibien. « Les Chinois ne pĂȘchent le Sieboldia que pour en avoir la peau, qu'ils vendent aux pharmaciens ; ils en mangent rarement la chair qui est blanche et nausĂ©abonde, comme je l'ai expĂ©rimentĂ© prĂ©cĂ©demment » Ă©crit-il quelques annĂ©es plus tard, en 1873[9]. AprĂšs la capture de faisans hokkis et autres espĂšces nouvelles d’oiseaux (comme celle du genre Lophophorus), il retourne Ă  Chengdu pour redescendre le Fleuve Bleu jusqu’à Shanghai, puis rentrer en France.

Son bateau arrive Ă  Tianjin le , soit trois jours aprĂšs des Ă©meutes antichrĂ©tiennes et antifrançaises. Le retard pris au dĂ©part de Shanghai par son bateau fit qu’il Ă©chappa de peu Ă  la mort[N 11]. Homme de foi profonde, fort de ses certitudes religieuses et EuropĂ©en de son temps convaincu du bon droit des Ă©trangers en Chine[N 12], il ne pouvait comprendre ces massacres. Il en fut profondĂ©ment traumatisĂ© et garda une profonde mĂ©fiance vis-Ă -vis de ces « cruels Chinois ».

Lorsqu’il arrive Ă  Marseille, les armĂ©es prussiennes marchent sur Paris. Devant ces nouveaux dĂ©sastres, il part se rĂ©conforter auprĂšs de ses amis et anciens Ă©lĂšves en Italie, avant de se rendre Ă  Paris. Il s’y occupera Ă  transcrire ses notes de terrain et Ă  rĂ©diger un mĂ©moire de ses voyages d’exploration[10]. AprĂšs s'ĂȘtre refait une santĂ©, il conçoit le projet d'une exploration en profondeur de la Chine centrale qui s'Ă©talerait sur plusieurs annĂ©es.

L'exploration allant des monts Qinling au Jiangxi ( - )

Charrette de PĂ©kin.

Arrivé à Shanghai début mars 1872, le pÚre David décide de mener une petite exploration dans le Zhejiang. Il part de Ningbo, se dirige vers Shaoxing, puis descend vers le sud-ouest jusqu'à la frontiÚre du Jiangxi. D'abord encouragé par la découverte de nouveaux oiseaux, l'expédition donne finalement des résultats médiocres. Il décide donc d'aller à Pékin préparer sa grande expédition dans le centre de la Chine.

Le pÚre David partira de Pékin le , avec deux charrettes, 150 kg de bagages et deux jeunes serviteurs chrétiens. Il se dirige d'abord plein sud, débordant d'énergie et d'enthousiasme à l'idée de nouvelles aventures, sans se douter qu'un naufrage allait détruire une grande partie de ses collectes et que de graves problÚmes de santé allaient l'obliger à interrompre ses explorations. AprÚs une traversée un peu mouvementée du Fleuve Jaune, il change de direction et marche vers l'ouest en direction de Singanfou (l'actuelle Xi'an). Là, il apprend qu'il est impossible de se rendre dans le Gansu en raison de la rébellion musulmane qui y fait rage et des massacres systématiques qui y sont pratiquées par les belligérants.

Il dĂ©cide donc d'aller explorer les monts Qinling 秊ćČ­ au sud de Xi'an. C'est une barriĂšre montagneuse encore sauvage qui tient lieu de ligne de partage des eaux entre le bassin du Fleuve Jaune (et de son affluent la Wei) et le bassin du Yangzi au sud (et son affluent la Han). C'est aussi une barriĂšre climatique qui sĂ©pare les zones de climat tempĂ©rĂ© au nord de celles de climat subtropical du sud. Sa situation frontaliĂšre en fait une zone oĂč la vĂ©gĂ©tation et la faune sont particuliĂšrement riches.

Brouillard sur les pics du mont Lu dans la province du Jiangxi. La forĂȘt est constituĂ©e de Pinus hwangshanensis.

En novembre 1872, il s'installe dans le petit village d'Inkiapo (Yinjiapoæź·ćź¶ćĄ) dans une rĂ©gion assez reculĂ©e puisque quelques jours aprĂšs son arrivĂ©e, une panthĂšre dĂ©vore le chien d'une maison voisine. Une fois encore, il fait preuve d'une remarquable perspicacitĂ© sur le devenir Ă©cologique de la planĂšte. Avec un siĂšcle d'avance et une grande Ă©lĂ©gance, il note : « On se sent malheureux de voir la rapiditĂ© avec laquelle progresse la destruction de ces forĂȘts primitives, dont il ne reste plus que des lambeaux dans toute la Chine, et qui ne seront jamais plus remplacĂ©es. Avec les grands arbres disparaissent une multitude d'arbustes et d'autres plantes qui ne peuvent se propager qu'Ă  l'ombre, ainsi que tous les animaux, petits et grands, qui auraient besoin de forĂȘts pour vivre et perpĂ©tuer leur espĂšce...Et, malheureusement, ce que les Chinois font chez eux, d'autres le font ailleurs ! C'est rĂ©ellement dommage que l'Ă©ducation gĂ©nĂ©rale du genre humain ne se soit pas dĂ©veloppĂ©e assez Ă  temps pour sauver d'une destruction sans remĂšde tant d'ĂȘtres organisĂ©s, que le CrĂ©ateur avait placĂ©s dans notre terre pour vivre Ă  cĂŽtĂ© de l'homme, non seulement pour orner ce monde, mais pour remplir un rĂŽle utile et relativement nĂ©cessaire dans l'Ă©conomie gĂ©nĂ©rale. Une prĂ©occupation Ă©goĂŻste et aveugle des intĂ©rĂȘts matĂ©riels nous porte Ă  rĂ©duire en une prosaĂŻque ferme ce Cosmos si merveilleux pour celui qui sait le contempler ! BientĂŽt le cheval et le porc d'un cĂŽtĂ©, et de l'autre le blĂ© et la pomme de terre, vont remplacer partout ces centaines, ces milliers de crĂ©atures animales et vĂ©gĂ©tales que Dieu avait fait sortir du nĂ©ant pour vivre avec nous ; elles ont droit Ă  la vie, et nous allons les anĂ©antir sans retour, en leur rendant brutalement l'existence impossible. »[1]

DĂ©but janvier 1873, il repart sur les chemins enneigĂ©s des Qinling. À l'ouest se dresse le puissant Taibaishan ć€Șç™œć±± (« mont trĂšs blanc »), le point culminant des Qinling Ă  3 767 m. Il va cheminer ainsi jusqu'en avril, tout en poursuivant sa collecte de plantes et d'animaux, et en donnant des descriptions remarquablement pertinentes de la gĂ©ologie des lieux, de la migration des oiseaux, des mƓurs des populations. Ses pĂ©rĂ©grinations le mĂšnent jusqu'Ă  la vallĂ©e de la Han, un affluent du Yangzi Jiang qui se jette dans celui-ci au niveau de l'actuel Wuhan. Il prend alors la dĂ©cision fĂącheuse de descendre en barque la Han jusqu'Ă  Hankou, avec ses prĂ©cieuses caisses de spĂ©cimens, pour rejoindre le Yangzi Jiang. Lors du passage d'un rapide, la barque trop chargĂ©e s'Ă©ventre sur un rocher. Il se jette Ă  l'eau et parvient Ă  sauver une partie de ses caisses. Mais elles sont complĂštement mouillĂ©es et les spĂ©cimens sauvĂ©s sont dans un Ă©tat pitoyable. Franchet du MusĂ©um estimait que la moitiĂ© de ses rĂ©coltes de plantes a Ă©tĂ© perdue dans des accidents divers. En louant une place sur une embarcation transportant du bois, il parvient au bout d'une vingtaine de jours Ă  Hankou oĂč il est accueilli Ă  la procure des missions italiennes. Il descend ensuite le Yangzi jusqu'Ă  Jiujiang oĂč il avait sĂ©journĂ© lors de sa deuxiĂšme expĂ©dition.

AprĂšs avoir repris ses forces auprĂšs de ses confrĂšres, le , il reprend la route en direction du sud-est, cette fois en chaise Ă  porteurs et avec deux brouettes. Il passe par Nanchang, traverse la province du Jiangxi jusqu'Ă  Fǔzhƍu æŠšć·ž[N 13]. Il s'installe au sud-est de cette ville, dans le collĂšge de Tsitou.

Dans cette rĂ©gion trĂšs insalubre, Ă©crasĂ©e par une chaleur caniculaire, le missionnaire et ses aides chinois vont contracter des fiĂšvres paludĂ©ennes. Sa santĂ© va se dĂ©grader rapidement et il va ĂȘtre condamnĂ© Ă  garder le lit ou la chambre pendant tout l'Ă©tĂ©. On lui apporte des spĂ©cimens rĂ©coltĂ©s qu'il s'efforce malgrĂ© tout d'Ă©tudier[4] - [11].

Quand fin septembre un petit mieux se fait sentir, il part vers les montagnes du Fujian « pour changer d'air » et chercher à voir des singes. Au prix d'efforts surhumains, il atteint à bout de force le village de Koaten. Les chasseurs lui apportent nombre d'espÚces nouvelles. Mais sa santé se dégrade encore au point qu'on lui administre les derniers sacrements. Sa forte constitution le sauvera encore une fois. En décembre 1873, il reprend la route de Tsitou. Début 1874 il rentre en France.

« À la fin des comptes, dira-t-il, malgrĂ© toutes les misĂšres souffertes, je me trouve assez satisfait de mes collections du Kiangsi oriental et des montagnes du Fokien. Elles remplissent deux grandes caisses, trois autres caisses plus petites, et neuf boĂźtes de diverses grandeurs. Le nombre des seuls mammifĂšres, petits et grands, procurĂ©s ici, est de 35 Ă  40 espĂšces diffĂ©rentes, parmi lesquelles il y en a plusieurs qui sont nouvelles. Les oiseaux aussi offrent des nouveautĂ©s, de mĂȘme que les reptiles, les insectes, etc.»

Fin de vie Ă  Paris

La chapelle Saint-Vincent-de-Paul, rue de SĂšvres, est l'Ă©glise des Lazaristes, frĂšres et prĂȘtres de la congrĂ©gation de la Mission.

À son retour Ă  Paris, le pĂšre David s'installe dans la Maison-mĂšre rue de SĂšvres. Il y passera ses derniĂšres annĂ©es Ă  mettre au propre toutes les notes scientifiques rapportĂ©es de Chine et Ă  donner des cours aux sĂ©minaristes. Il s’attellera aussi Ă  une tĂąche qui lui a toujours beaucoup tenu Ă  cƓur : constituer un cabinet d'histoire naturelle. C'est le troisiĂšme qu'il crĂ©e, aprĂšs celui de Savone en Italie et celui de Peitang Ă  PĂ©kin.

En 1875, il publie chez Hachette en deux gros volumes, le « Journal de son troisiĂšme voyage d'exploration dans l'empire chinois ». Deux ans plus tard, il sort une Ɠuvre magistrale sur l'avifaune chinoise « Les Oiseaux de Chine ».

AprĂšs une vie trĂšs aventureuse et bien remplie en Chine, il coule des jours paisibles Ă  Paris, Ă  peine interrompus par quelques voyages naturalistes (en Tunisie en 1881 et Ă  Constantinople en 1883) et une confĂ©rence au CongrĂšs scientifique catholique le , oĂč il se fait copieusement huer pour avoir dĂ©fendu l'Ă©volutionnisme darwinien.

Il meurt Ă  Paris, le .

ƒuvre scientifique

Les envois par A. David de spĂ©cimens de plantes et d'animaux au MusĂ©um d'histoire naturelle de Paris sont tout Ă  fait considĂ©rables. Emmanuel Boutan qui en a effectuĂ© le recensement a trouvĂ© 2 919 spĂ©cimens de plantes, 9 569 d'insectes, arachnides et crustacĂ©s, 1 332 d'oiseaux et 595 de mammifĂšres[1].

Les listes des arbres et plantes rencontrés par David en Mongolie méridionale, dans la région de Pékin, dans les monts Qinling ou dans le Tibet oriental permettent de constituer les premiers éléments d'une phytogéographie de la Chine. Malheureusement ces informations sont dispersées dans ses trois récits d'expédition et personne n'en a fait la synthÚse. L'herbier collecté à Moupin dans l'actuel Sichuan est des plus intéressants par le caractÚre himalayen de la flore et par le grand nombre d'espÚces nouvelles trouvées (environ 150)[4]. Il y a le célÚbre arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) qui a nécessité la création d'un genre nouveau et on ne compte pas toutes les espÚces en moupinensis (Cotoneaster moupinensis, une primevÚre Primula moupinensis, un fraisier Fragaria moupinensis, un saule Salix moupinensis, Carex moupinensis, une violette Viola moupinensis, etc. ; tous décrits par Franchet) ou en davidii (Viola davidii, etc). Il a découvert de nombreux rhododendrons, tous décrits aussi par Franchet : Rhododendron brachyanthum Franchet, R. sulfureum, R. ciliicalyx, R. aureum, R. heliolepis, R. rubiginosum, R. dendrocharis, R. moupinense, R. lutescens, R. rigidum, R. polylepis, R. siderophyllum, etc. Parmi les autres célébrités citons Buddleja davidii et l'érable jaspé Acer davidii.

La contribution d'Armand David Ă  l'inventaire de la flore chinoise est dĂ©jĂ  considĂ©rable pourtant il considĂ©rait que ses recherches zoologiques primaient celles de botanique[4]. Avant son grand ouvrage de 1877 sur les oiseaux de Chine, l'avifaune chinoise Ă©tait trĂšs peu connue. Il y dĂ©crit 807 espĂšces dont 65 dĂ©crites pour la premiĂšre fois. Son ami anglais Robert Swinhoe avait Ă©tudiĂ© les oiseaux des cĂŽtes chinoises. Lui fut le premier Ă  faire connaĂźtre les oiseaux de toute la Chine[4] bien qu'il ne prĂ©tendait pas ĂȘtre exhaustif.

Parmi les mammifĂšres, l'abbĂ© David a « dĂ©couvert » 60 espĂšces nouvelles parmi lesquelles le cerf du pĂšre David (Elaphurus davidianus, Milne Edwards) Ă  PĂ©kin et bien sĂ»r le Panda gĂ©ant Ă  Moupin avec dans cette mĂȘme rĂ©gion montagneuse au climat trĂšs rude, des singes comme le Singe dorĂ© (Rhinopithecus roxellana) et le Macaque du Tibet (Macaca thibetana), des chauves-souris (Myotis davidii) et de nombreux rongeurs (deux marmottes, un liĂšvre miniature Ă  Moupin, trois espĂšces de rats-taupes, de nombreux rats). Des quatre antilopes vivant en Chine, A. David en a « dĂ©couvert » trois[4]. En gĂ©nĂ©ral, les descriptions botaniques publiĂ©es ont Ă©tĂ© faites par Franchet, les zoologiques par Henri Milne Edwards, tous deux chercheurs au MusĂ©um.

Par « dĂ©couverte », il faut entendre « reconnaĂźtre dans la nature un spĂ©cimen jusque-lĂ  non dĂ©crit et en donner (ou en faire donner) la premiĂšre description scientifique publiĂ©e, faite dans le cadre de la botanique ou de la zoologie ». Ces descriptions de nouvelles espĂšces chinoises ont bien sĂ»r contribuĂ© Ă  les faire connaĂźtre hors de Chine. En ce qui concerne la Chine elle-mĂȘme, les connaissances pouvaient ĂȘtre de nature trĂšs diverses. Les Chinois ont dĂ©veloppĂ© depuis longtemps un savoir pratique sur les ĂȘtres vivants en relation avec les usages pharmacologiques, agricoles ou horticoles qu'ils pouvaient en tirer, mais l'Ă©tude des plantes ou des animaux en soi Ă©tait une dĂ©marche qui leur Ă©tait Ă©trangĂšre. Ils ont ignorĂ© la botanique jusque dans la seconde partie du XIXe siĂšcle. Le terme chinois lui-mĂȘme pour « botanique », zhiwuxue n’apparaĂźt qu'en 1858. Les « espĂšces nouvelles » dĂ©crites par les occidentaux pouvaient donc ĂȘtre connues et nommĂ©es prĂ©cisĂ©ment en chinois classique (la langue Ă©crite des lettrĂ©s) mais le plus souvent elles Ă©taient nommĂ©es de maniĂšre imprĂ©cise (un terme renvoyant Ă  plusieurs espĂšces semblables et ayant le mĂȘme usage) ou connues trĂšs localement et nommĂ©es oralement seulement dans le dialecte parlĂ© localement, et bien sĂ»r pour les espĂšces les plus discrĂštes, elles pouvaient ĂȘtre complĂštement inconnues. Il faut savoir que sur les 30 000 plantes Ă  fleurs de Chine connues actuellement, la grande flore de Wu Qixun ćłć…¶æżŹ (1789-1847) fournissait des informations sur 1 714 noms de plantes et le Grand TraitĂ© de MatiĂšre MĂ©dicale de Li Shizhen 李時珍 (1518-1593), saluĂ© par les historiens chinois comme le plus grand naturaliste chinois, ne comportait que 1 496 noms de plantes[12].

Liste partielle des publications

Plaque dédiée à la mémoire du pÚre David devant sa maison de naissance à Espelette, par le WWF (Fonds mondial pour la vie sauvage).
  • 1872 : Voyage de l'abbĂ© David en Chine, lettre au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique ;
  • 1874 : Voyage dans la Chine occidentale, Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique ;
  • 1875 : Journal de mon troisiĂšme voyage d'exploration dans l'Empire chinois (Hachette, Paris, deux volumes)[13] ;
  • 1875 : Voyage en Mongolie, Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique ;
  • 1876 : Second voyage d'exploration dans l'Ouest de la Chine, Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique[14] - [15] ;
  • 1877 : avec Émile Oustalet (1844-1905), Les Oiseaux de la Chine (G. Masson, Paris, deux volumes[16] - [17]) ;
  • 1888 : Notice sur quelques services rendus aux sciences naturelles par les missionnaires de l'ExtrĂȘme-Orient, Missions catholiques[18] ;
  • 1889 : La Faune chinoise. MĂ©moire prĂ©sentĂ© au CongrĂšs scientifique international des catholiques tenu Ă  Paris en 1888, Annales de philosophie chrĂ©tienne[19].

Notes et références

Notes

  1. D'aprĂšs une estimation faite par l'Association des Amis d'Armand David, comme Elaphurus davidianus, Buddleia davidii, Lilium davidii, Viburnum davidiana, Prunus davidiana, Stranvaesia davidiana, Clematis davidiana, Adonis davidii...
  2. Boutan, p. 15.
  3. bSam-gtan-'dzin-pa (1816-1900). Patrick Taveirne, Han-Mongol Encounters And Missionary Endeavors, p. 204.
  4. Saratchi=Sartchy=Saratsi, en pinyin: Sala Qi 萚拉霐 se trouve dans la banniĂšre droite de Tumd ćœŸé»˜ç‰čć·Šæ——. Googlemap.
  5. äčæ±Ÿ Jiǔjiāng dans la province du Jiangxi, transcrit Ă  l’époque Kiukiang.
  6. Écrit actuellement en pinyin: Muping 穆ćȘ.
  7. Cette mission est Ă©tablie Ă  Dengchigou 邓池æȟ, Mont Longmen, dans le district de Baoxing,邓池æČŸć€©äž»æ•™ć ‚äœäșŽćźć…ŽćŽżé‚“æ± æČŸéŸ™é—šć±± 邓池æČŸć€©äž»æ•™ć ‚, Ă  1 750 m d'altitude. On peut voir une photo des bĂątiments actuels 邓池æČŸć€©äž»ć ‚.
  8. d'aprĂšs l'encyclopĂ©die (officielle) Baidu癟科, « minoritĂ©s ethniques Ă©loignĂ©es des plaines centrales, qui sont culturellement arriĂ©rĂ©es ».
  9. La région tibétaine du Kham fut désintégrée dans les années 1960, une partie fut rattachée au Sichuan chinois.
  10. 癜熊 baixiong « ours blanc » est le nom local du grand panda, le terme actuel de daxiongmao n'Ă©tait pas employĂ©.
  11. Durant ces Ă©meutes une foule en colĂšre massacra les prĂȘtres lazaristes, les sƓurs de la CharitĂ© qui s’occupaient de l'orphelinat de Notre-Dame-des-Victoires, le Consul de France et une trentaine de chinois chrĂ©tiens. L’église, les Ă©tablissements de la mission catholique et le consulat furent incendiĂ©s.
  12. NapolĂ©on III dĂ©clara devant les Chambres, aprĂšs le traitĂ© de Tianjin « 
 Ă  l’extrĂ©mitĂ© du monde, nous venons d’ouvrir un immense empire aux progrĂšs de la civilisation et de la religion».
  13. À ne pas confondre avec l'homophone çŠć·ž FĂșzhƍu, la grande ville portuaire du Fujian.

Références

  1. Cette biographie s’inspire beaucoup de : Emmanuel Boutan, Le nuage et la vitrine. Une vie de Monsieur David, Editions Raymond Chabaud, et de (en) George Bishop, Travels in Imperial China The Intrepid explorations and Discoveries of PĂšre Armand David, Cassell, , 192 p. (ISBN 978-0-304-34802-2) Les citations du pĂšre David donnĂ©es dans cet article sont extraites de l'ouvrage de Boutan qui en fournit de trĂšs nombreuses.
  2. Jean-Marie Pelt, La cannelle et le panda, Fayard, .
  3. Édouard Robert, « Le PĂšre Armand David cm », Annales de la congrĂ©gation de la mission, vol. 101, no 1,‎ (lire en ligne).
  4. [PDF] Le PÚre David, Les Missionnaires Français chasseurs de plantes.
  5. lettre de M. l'abbĂ© A. David, adressĂ©e Ă  M. Decaisne et publiĂ©e dans le dernier cahier de la Flore des serres, dans Herincq F., L’horticulteur de mille huit cent cinquante et un, Paris, Librairie Bonnaud, 1870-1871 (lire en ligne).
  6. Dénombrement effectué par E. Boutan, d'aprÚs les entrées dans les collections du Muséum.
  7. Franchet, Adrien, Plantae Davidianae ex sinarum imperio. Plantes du Thibet oriental, province de Moupine, G. Masson, Paris, 1884-1888, cf. pages 83-91 (lire en ligne)
  8. CĂ©dric Basset, « Sur les traces du pĂšre David », Hommes & Plantes, vol. 65,‎ .
  9. StĂ©phane Deligeorges, « La grande salamandre de Chine, championne hors norme des batraciens, GĂ©ante Ă  crinoline », La Recherche, vol. 291,‎ .
  10. Rapport adressĂ© Ă  MM. les professeurs administrateurs du MusĂ©um d’histoire naturelle dans lequel il rĂ©pertorie 110 espĂšces de mammifĂšres observĂ©es dont une quarantaine de nouvelles, 469 espĂšces d’oiseaux observĂ©es dont une cinquantaine de nouvelles.
  11. Bernard Scott CM, « PĂšre Jean Pierre Armand David cm », Oceania Vincentian, vol. 5,‎ (lire en ligne).
  12. G. Haudricourt, G. MĂ©tailiĂ©, « De l'illustration botanique en Chine », Études chinoises, vol. 13, nos 1-2,‎ .
  13. AbbĂ© Armand David, Journal de mon troisiĂšme voyage d’exploration dans l’Empire chinois, Librairie Hachette, (lire en ligne)
  14. SociĂ©tĂ© gĂ©ographique, Second voyage d’exploration dans « Bulletin de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique, dans SixiĂšme sĂ©rie, Tome XI », Librairie de CH. Delagrave, , en 3 parties : p.31-59, p. 165-192, p. 291-316 (sur rĂ©glette) (lire en ligne)
  15. Armand David (courrier du 15 dĂ©cembre 1871), « AdressĂ© Ă  MM. les professeurs-administrateurs du MusĂ©um d’histoire naturelle » (consultĂ© le )
  16. Émile Oustalet (1844-1905) et Armand David (1826-1900), Les oiseaux de la Chine / par M. l'abbĂ© Armand David,... et M. E. Oustalet,... ; avec un atlas de 124 planches, dessinĂ©es et lithographiĂ©es, par M. Arnoul et coloriĂ©es au pinceau, (lire en ligne)
  17. Émile Oustalet (1844-1905) et Armand David (1826-1900), Les oiseaux de la Chine / par M. l'abbĂ© Armand David,... et M. E. Oustalet,... ; avec un atlas de 124 planches, dessinĂ©es et lithographiĂ©es, par M. Arnoul et coloriĂ©es au pinceau, (lire en ligne)
  18. Armand David (1826-1900), Notice sur quelques services rendus aux sciences naturelles par les missionnaires de l'ExtrĂȘme-Orient, par M. Armand David,..., (lire en ligne)
  19. Armand David (1826-1900), La Faune chinoise. Mémoire présenté au CongrÚs scientifique international des catholiques tenu à Paris en 1888, par M. l'abbé Armand David,..., (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Les missionnaires botanistes en Chine (par ordre de date de naissance) :

Bibliographie

  • Emmanuel Boutan, Le Nuage et la vitrine, Une vie de Monsieur David, Éd. R. Chabaud, (ISBN 978-2-87749-029-0)
  • (en) George Bishop, Travels in Imperial China The Intrepid explorations and Discoveries of PĂšre Armand David, Cassell, , 192 p. (ISBN 978-0-304-34802-2)
  • (en) Helen M. Fox (prĂ©f. E. D. Merrill), AbbĂ© David's Diary, being an account of the French naturalist's journeys and observations in China in the years 1866 to 1869, Cambridge, Harvard University Press,
  • « Le pĂšre David » [PDF], Les Missionnaires Français chasseurs de plantes, sur www.rhododendron.fr
  • « Le pĂšre David » [PDF], Les Missionnaires Français chasseurs de plantes, sur www.rhododendron.fr
  • « Le pĂšre David » [PDF], Les Missionnaires Français chasseurs de plantes, sur www.rhododendron.fr
  • Edouard Robert, « Le PĂšre Armand David cm », Annales de la congrĂ©gation de la mission, vol. 101, no 1,‎ (lire en ligne).
  • Jean-Marie Pelt, « PĂšre David et le panda », dans La Cannelle et le panda : les grands naturalistes explorateurs autour du Monde, Ă©d. Fayard, (ISBN 978-2213-60466-4).
  • Guillaume Beau de LomĂ©nie, « PĂšre David - Missionnaire de la faune chinoise », Jour de chasse, vol. Hiver, no 54,‎ , p. 166 Ă  178 (lire en ligne).

Liens externes

David est l’abrĂ©viation botanique standard de Armand David.

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