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Cerf du pĂšre David

Elaphurus davidianus

Le cerf du pĂšre David (Elaphurus davidianus), appelĂ© aussi localement Milu, est un cervidĂ© qui ne vit plus qu'en captivitĂ©. Il vivait dans des zones humides oĂč il pĂąturait l'herbe et les plantes aquatiques. Il est originaire des plaines du nord-est et du centre-ouest de la Chine[1].

Historique

Un de ses noms chinois est 曛侍惏 sĂŹ bĂč xiĂ ng, « ne ressemble Ă  aucun des quatre » parce que cet animal avait les bois d'un cerf, le cou d'un chameau, le pied d'une vache et la queue d'un Ăąne[2]. À la fin du XIXe siĂšcle, l’animal Ă©tait gardĂ© par des soldats tartares dans le parc impĂ©rial de chasse de Nanhaizi[3] Ă  une lieue au sud de PĂ©kin, Ă  une Ă©poque oĂč les populations sauvages avaient quasiment disparu.

Le pĂšre Armand David.
Illustration du cerf du pÚre David, Nouvelles Archives du Muséum d'histoire Naturelle (1866).

La premiĂšre mention de cet animal en Occident est faite en 1865 par le pĂšre Armand David (1826-1900), missionnaire lazariste et naturaliste français, Ɠuvrant en Chine. « Aucun europĂ©en ne peut pĂ©nĂ©trer dans ce parc (de Nanhaiz) ; mais ce printemps m’étant hissĂ© sur la muraille d’enceinte, j’ai eu la bonne fortune de voir, assez loin de moi, un troupeau de plus de cent de ces animaux
 Jusqu’ici j’ai fait des tentatives infructueuses pour avoir une dĂ©pouille de cette espĂšce » Ă©crit le pĂšre David en septembre 1865. « Heureusement, je connais des soldats tartares qui font la garde dans ce parc et je suis sĂ»r que, moyennant une somme plus ou moins ronde, j’aurais une peau que je m’empresserai de vous envoyer »[4].

Au dĂ©but de l’annĂ©e suivante, il finit par obtenir les peaux d’une femelle et d’un jeune mĂąle qu’il envoie aussitĂŽt au MusĂ©um. Il enverra aussi la peau et le squelette d’un mĂąle adulte Ă  Milne-Edwards qui en donnera une description scientifique sous le nom de Elaphurus davidianus, cerf du pĂšre David. Au mĂȘme moment, le chargĂ© d’affaires français obtient des ministres impĂ©riaux qu’ils envoient au MusĂ©um un couple de ces animaux vivants. D'autres animaux suivront en 1870. Les Anglais obtinrent aussi, grĂące aux bons offices du missionnaire, un couple[5]. Mais ces animaux ne survĂ©curent pas au Zoo de Londres[6].

Ce fut toutefois grĂące Ă  ces individus vivants envoyĂ©s en Europe que l’espĂšce n’a pas disparu. Car le stock impĂ©rial fut rĂ©duit Ă  20-30 individus Ă  la suite d’une inondation catastrophique en 1895[7].

Ce reliquat de la harde fut finalement tué et mangé par les troupes japonaises et occidentales présentes en Chine durant la guerre des Boxers (en 1900). Le dernier animal sauvage fut tué prÚs de la mer Jaune en 1939.

Conservation et réintroduction à partir du XXe siÚcle

Au tournant du XXe siĂšcle, les parcs zoologiques europĂ©ens dĂ©cidĂšrent de confier tous leurs spĂ©cimens au duc de Bedford. Celui-ci put regrouper 18 animaux en Ăąge de procrĂ©er dans son domaine de Woburn Abbey. Tous les cerfs du pĂšre David existant actuellement dans le monde sont issus de ce petit groupe. La harde qui comptait 88 animaux en 1914 fut particuliĂšrement bien soignĂ©e et atteignit l’effectif de 300 individus en 1948[8].

En 1956, la Zoological Society of London offre quatre individus au zoo de Pékin. Ce sont les premiers à retrouver leur pays d'origine. En 1985, ce sont 22 cerfs nés à Woburn Abbey qui furent offerts au peuple chinois.

En 1987, on comptait dans le monde 1 750 individus rĂ©partis dans une vingtaine de pays. Entre 1985 et 1987, la Chine a procĂ©dĂ© Ă  une rĂ©introduction de l’espĂšce dans son habitat d’origine, dans la rĂ©serve naturelle de Dafeng et dans le parc de Nanhaizi au sud de PĂ©kin[1].

En 2008, il y avait environ 2 000 animaux vivants dans le monde[7]. C'est lors de cette mĂȘme annĂ©e que l'espĂšce a Ă©tĂ© officiellement reconnue par l'UICN comme Ă©teinte dans la nature.

En 2021, la population de Chine a été estimée à plus de 9000 animaux à travers les différentes réserves naturelles du pays[9].

Une espÚce « éteinte à l'état sauvage »

Malgré de nombreuses réintroductions dans la nature dans des espaces protégés et naturels (mais sous surveillance constante), l'UICN a précisé lors de la mise à jour du statut de l'espÚce en mars 2016 que le cerf resterait répertorié sur sa liste rouge comme «éteint à l'état sauvage», et ce, jusqu'à ce que la population globale et réintroduite prouve sa viabilité à long terme et sans assistance humaine dans la nature[10].

En raison d'un nombre restreint et la petite taille de la population mÚre dont descendent tous les individus de l'espÚce aujourd'hui (18 reproducteurs au total), le possible manque de diversité génétique pouvant entraßner un risque important de goulot d'étranglement génétique qui peut donner lieu à des problÚmes génétiques pouvant porter grandement atteinte à l'espÚce est pris en compte de maniÚre sérieuse par les organismes de la nature, qui ont mis en place des systÚmes afin de contrer en avance le plus possible cette menace. Cependant, pour l'instant, aucun problÚme lié à la consanguinité n'a été reporté et les animaux ne semblent pas souffrir.

En mai 2021, le documentaire de France 3 Sur le front : Le monde opaque des enclos de chasse, consacrĂ© Ă  l'activitĂ© controversĂ©e de la chasse en enclos, rĂ©vĂšle que des troupeaux de l'espĂšce sont Ă©levĂ©s et utilisĂ©s aux États-Unis (notamment au Texas) aux cĂŽtĂ©s d'Oryx algazelles (Oryx dammah) et de Gazelles de Mhorr (Nanger dama mhorr, sous-espĂšce de la Gazelle Dama), Ă©galement des espĂšces Ă©teintes dans la nature[11] - [12]. La façon dont ces troupeaux et individus en question ont Ă©tĂ© obtenues par ces entitĂ©s n'est pas donnĂ©e et reste inconnue.

Description

Les adultes pĂšsent de 130 Ă  200 kg. Ils mesurent au garrot de 1,1 Ă  1,2 m[13]. La gestation dure neuf mois et la portĂ©e compte un Ă  deux faons. Ceux-ci atteignent leur stade adulte Ă  l'Ăąge de 14 mois environ. Leur longĂ©vitĂ© peut atteindre 23 ans.

Le cerf du PÚre David possÚde une longue queue, de larges sabots et des bois ramifiés. La parure estivale des adultes est rouge-orange avec une raie dorsale foncée, celle d'hiver est gris foncé. Les faons sont tachetés.

MƓurs

Le cerf du PÚre David vit en groupe familial. Celui-ci demeure uni durant la plus grande partie de l'année, sauf à la période du rut, pendant laquelle le mùle mÚne une existence indépendante en cherchant à s'assurer la possession d'un harem.

Contrairement Ă  la plupart des autres espĂšces de cervidĂ©s, le cerf du PĂšre David aime beaucoup l'eau. On pense d'ailleurs que son habitat d'origine fut une rĂ©gion marĂ©cageuse du nord-est de la Chine oĂč il s'Ă©tait adaptĂ© Ă  un milieu aquatique. C'est un trĂšs bon nageur : par temps chaud, il peut passer des heures en immersion dans l'eau jusqu'aux Ă©paules. Le mĂąle aime tout particuliĂšrement Ă  se vautrer dans la vase, au bord des lacs et des Ă©tangs, en faisant gicler de la boue Ă  coups de sabots. Il a des sabots longs et Ă©cartĂ©s, une adaptation Ă  la vie semi-aquatique[2].

Alimentation

Le cerf du PÚre David se nourrit principalement d'herbe, mais également de feuilles et de jeunes pousses. En fait, tout dépend du type de végétation qu'il trouve dans son environnement. En été, il fréquente volontiers les eaux stagnantes et les riviÚres au cours peu rapide, et complÚte son régime habituel en broutant des plantes aquatiques.

Galerie

Références

  1. Cites
  2. « Cerf du PÚre David », sur Réserve zoologique de la Haute-Touche (consulté le )
  3. ć—æ”·ć­çš‡ćź¶çŒŽè‹‘
  4. Édouard Robert, « Le PĂšre Armand David », Annales de la congrĂ©gation de la mission, vol. 101, no 1,‎ (lire en ligne)
  5. Emmanuel Boutan, Le nuage et la vitrine. Une vie de Monsieur David, Editions Raymond Chabaud,
  6. (en) George Bishop, Travels in Imperial China The Intrepid explorations and Discoveries of PĂšre Armand David, Cassell, , 192 p. (ISBN 0-304-34802-3)
  7. UICN
  8. ThĂšse Paulian
  9. « Back from ‘extinction’: China’s milu deer population rebounds thanks to protection efforts » (consultĂ© le )
  10. R. B. Harris et Institute of Zoology Zhi-Gang Jiang (Professor, « IUCN Red List of Threatened Species: Elaphurus davidianus », IUCN Red List of Threatened Species,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. « RĂ©vĂ©lations sur le monde opaque des enclos de chasse - C l’hebdo - 22/05/2021 » (consultĂ© le )
  12. « Sur le front Le monde opaque des enclos de chasse », (consulté le )
  13. Collectif, Histoire naturelle, Flammarion, , 650 p. (ISBN 978-2-0813-7859-9), Cerf du pĂšre David page 597

Liens externes

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