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Buddleia de David

Buddleja davidii

Le Buddleia de David (Buddleja davidii), aussi appelé Buddleia du pÚre David ou plus communément Arbre aux papillons, est un arbuste nectarifÚre et une espÚce pionniÚre présente dans l'ensemble des régions tempérées du monde.

Originaire de Chine[1], la variĂ©tĂ© fertile type a Ă©tĂ© commercialisĂ©e et implantĂ©e dans de nombreux jardins jusqu'Ă  la fin du XXe siĂšcle avant d'ĂȘtre supplantĂ©e par des variĂ©tĂ©s hybrides commercialisĂ©es comme Ă©tant stĂ©riles. Elle s'est naturalisĂ©e progressivement dans le reste de la zone tempĂ©rĂ©e Ă  partir du XIXe siĂšcle et est devenu une espĂšce exotique envahissante dans de nombreuses rĂ©gions du monde. Le buddlĂ©ia de David, en tant qu'espĂšce pionniĂšre, colonise en effet les milieux pauvres en matiĂšre organique, les friches urbaines et pĂ©riurbaines, les bords de routes, voies ferrĂ©es et plus largement les milieux artificialisĂ©s[2]. HĂ©liophile et Ă  courte durĂ©e de vie, il ne rĂ©siste toutefois pas Ă  la concurrence des plantes plus hautes une fois le processus de succession vĂ©gĂ©tale enclenchĂ©[2].

Étymologie et histoire de la nomenclature

Feuille d'herbier du pÚre David, d'un arbuste récolté en Chine à Moupin (Thibet oriental) en août 1869. Holotype.

Le nom de genre Buddleja, a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© par LinnĂ© au rĂ©vĂ©rend Adam Buddle (1662-1715), un mĂ©decin, pasteur et botaniste amateur anglais. Selon la pratique du latin scientifique, la formation d’un nom gĂ©nĂ©rique Ă  partir du nom propre Buddle devrait ĂȘtre buddleia, mais LinnĂ© Ă©crivit buddleja avec un long i entre deux voyelles comme c’était d’usage Ă  l’époque. Le code international de nomenclature demande en 2006 que l’orthographe de LinnĂ© soit suivie dans ce cas[3]

L’épithĂšte spĂ©cifique davidii a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e par le botaniste Adrien Franchet au pĂšre David, un missionnaire botaniste qui collecta pour lui et ses collĂšgues du MusĂ©um en 1869, des milliers de spĂ©cimens de plantes et d’animaux dans une rĂ©gion d’ethnie tibĂ©to-birmane Ă  l’ouest de Chengdu (capitale du Sichuan). Il dĂ©couvrit cette espĂšce Ă  Moupin(e) (actuellement Baoxing) dans la montagne Ă  l’ouest de Chengdu (la capitale du Sichuan), en aoĂ»t 1869[4].

Franchet, qui Ă©tait le correspondant au MusĂ©um d’Histoire Naturelle de Paris du pĂšre David, en donne la premiĂšre description botanique en latin publiĂ©e en 1887[4] dans Nouv. Arch. Mus. Hist. Nat., sĂ©r. 2.

Belle-Dame (Vanessa cardui) sur Buddleja davidii.

Le nom commun en français de cette espĂšce d’« arbre aux papillons » vient du fait que ses fleurs produisent un nectar trĂšs parfumĂ© qui attire un grand nombre de papillons, abeilles et autres insectes.

En français, les deux graphies « Buddleia » ou « Buddleya » sont acceptĂ©es[5] mais pas la forme latine Buddleja. C’est un nom fĂ©minin[6], mais l’usage habituel est au masculin.

Il n’y a pas de consensus sur la famille Ă  laquelle doit ĂȘtre rattachĂ© le genre Buddleja. Pour certains, il appartient Ă  la famille des Scrophulariaceae[7] - [8] (classification phylogĂ©nĂ©tique), pour d’autres Ă  l'ancienne famille des Loganiaceae[9] (classification classique) ou bien Ă  la famille des Buddlejaceae[10].

Aspects historiques

Une des premiĂšres mentions de zuiyucao 醉鱌草 « herbe enivrant les poissons » (le nom normalisĂ© actuel du buddleia) se trouve dans le Grand TraitĂ© de MatiĂšre MĂ©dicale (Bencao gangmu æœŹè‰ç¶±ç›ź), rĂ©digĂ© par le mĂ©decin naturaliste Li Shizhen dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIe siĂšcle. Il indique « Les pĂȘcheurs qui utilisent ses fleurs et ses feuilles pour intoxiquer les poissons jusqu'Ă  la mort, l’ont appelĂ© é†‰é±Œć„żè‰ zuiyurcao [morph. herbe enivrant les poissons]. Ne le plantez pas prĂšs d’un Ă©tang » (Bencao gangmu, caobu ă€ŠæœŹè‰çșČç›źÂ·è‰éƒšă€‹)[11]. La toxicitĂ© du buddleya n’est pas surprenante sachant que des terpĂ©noĂŻdes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans la plante.

En chinois contemporain, pour distinguer sur le plan botanique, le buddleya de David des autres espĂšces de buddleya, on emploiera le terme de ć€§ć¶é†‰é±Œè‰ da ye zuiyucao, morphologiquement « herbe enivrant les poissons, Ă  grandes feuilles ».

L’usage ornemental semble lui, trĂšs rĂ©cent. D'aprĂšs Peter Valder[12], ce buddleia n’aurait commencĂ© Ă  ĂȘtre utilisĂ© comme plante ornementale en Chine que sous l’influence occidentale. Il dĂ©clare d’ailleurs ne l’avoir jamais vu dans les jardins traditionnels.

MalgrĂ© la premiĂšre description botanique faite en 1887 par Adrien Franchet, ce buddleia resta inconnu en Europe jusqu’à ce que le docteur Augustine Henry, un botaniste irlandais, ne le redĂ©couvre en 1890 dans le Sichuan[13] et ne l’envoie Ă  Saint-Petersbourg et qu’un autre missionnaire botaniste le pĂšre SouliĂ© n’envoie des semences Ă  la pĂ©piniĂšre de Vilmorin.

En 1895, les premiers semis français sont faits dans la propriété de la famille Vilmorin à VerriÚres-le-Buisson. Maurice de Vilmorin avait reçu des graines du pÚre Soulié, missionnaire au Tibet. La plante sera largement cultivée à partir de 1916[13].

Synonymes

Tropicos distingue 20 synonymes[7] parmi lesquels

  • Buddleia variabilis Hemsley
  • Buddleja striata ZY Zhang
  • Buddleja shimidzuana Nakai Syn. nov.

Les six variĂ©tĂ©s de l’espĂšce ont Ă©tĂ© ramenĂ©es au statut de synonyme du type par le botaniste hollandais Anthonius Leeuwenberg [14]. La taxonomie de Leeuwenberg a Ă©tĂ© adoptĂ©e dans Flora of China[9] :

  • Buddleja davidii var. alba Rehder & E.H.Wilson
  • Buddleja davidii var. magnifica Rehder & E.H.Wilson
  • Buddleja davidii var. nanhoensis Rehder
  • Buddleja davidii var. superba (de Corte) Rehder & E.H.Wilson
  • Buddleja davidii var. veitchiana Rehder
  • Buddleja davidii var. wilsonii Rehder

Description

Feuilles opposées et inflorescence terminale.
Fleurs de B. davidii × fallowiana
Corolle: tube cylindrique d'env. 10 mm.

L’espĂšce naturelle est en Chine, un arbuste de 0,5 Ă  m de hauteur, aux tiges presque quadrangulaires. Les jeunes rameaux sont blanchĂątres Ă  pubescence Ă  poils Ă©toilĂ©s.

Les feuilles sont caduques ou semi-caduques (elles persistent longtemps en hiver, et l'arbrisseau peut rester seulement quelques semaines dĂ©feuillĂ©), opposĂ©es, vertes ou grisĂątes, Ă©troitement ovale, Ă©troitement elliptique, de 4 Ă  20 cm de long, sur 0,3 Ă  7,5 cm de large[9] (donnĂ©es chinoises pour les espĂšces sauvages, les cultivars peuvent ĂȘtre de tailles plus grandes, avec des formes foliaires diffĂ©rentes), marges dentĂ©es, Ă  pĂ©tiole court (1–mm), Ă  apex acuminĂ© et base cunĂ©iforme.

Les inflorescences sont terminales, apparemment racĂ©meuse ou cymes thyrsoĂŻdes, de 4–30 cm de long sur 2–5 cm de diamĂštre. La fleur 4-mĂšre est formĂ©e d’un calice campanulĂ© de 2–3,5 mm Ă  4 lobes Ă©troitement triangulaires, d’une corolle formĂ©e d’un tube Ă©troitement cylindrique de 6–12 mm, Ă©vasĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© en quatre lobes, de couleur violette lilas Ă  gorge jaune orange, de 4 Ă©tamines insĂ©rĂ©es au milieu Ă  prĂšs de la base du tube de la corolle, Ă  anthĂšres oblongues, de 0,8 Ă  1,2 mm et ovaire ovoĂŻde. Les fleurs sont trĂšs agrĂ©ablement parfumĂ©es, certaines personnes peuvent cependant trouver l'odeur nausĂ©abonde, notamment en fin de floraison.

La floraison s’étale de mai-juin Ă  dĂ©but octobre[15].

Le fruit est une capsule brune de 2 à mm de long, aux longues ailes aux extrémités[9].

L’arbuste a une durĂ©e de vie assez courte (quelques dĂ©cennies, l'Ăąge le plus Ă©levĂ© enregistrĂ© est de 37 ans[16], ce qui n'exclut pas l'existence d'arbres plus ĂągĂ©s).

Distribution

Le Buddleja daviddi est une espĂšce endĂ©mique de Chine. Il croĂźt dans les fourrĂ©s sur les pentes des montagnes, de 800 Ă  3 000 m dans une large aire de rĂ©partition : le Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi, Sichuan, Xizang, Yunnan et Zhejiang.

Il a probablement été introduit au Japon.

Caractéristiques

  • Organes reproducteurs[17] :
  • Graines (3 millions de graines par plante et par an) :
  • Habitat et rĂ©partition :
    • Habitat type : fourrĂ©s arbustifs mĂ©dioeuropĂ©ens, planitiaires-montagnards, mĂ©so Ă  eutrophiles
    • Aire de rĂ©partition : introduit (aire d'origine : Chine centrale et mĂ©ridionale).

Écologie

Extrémité de rameau

Dans son milieu originel, le buddleia de David pousse dans les fourrés arbustifs en milieu montagneux, en Chine.

Il se rencontre sur de nombreux types de sols, mais préfÚre cependant les sols secs, drainés, pauvres en matiÚre organique et ensoleillés.

Il a Ă©tĂ© introduit comme plante ornementale dans de nombreuses rĂ©gions tempĂ©rĂ©es, hors de Chine. Il a alors une tendance Ă  s’échapper des jardins et Ă  se naturaliser.

Il pousse sur les friches (friches urbaines et friches industrielles Ă©ventuellement polluĂ©es) et en bordure des routes oĂč il rĂ©siste aux taux ambiants d'ozone[18].

Il se développe rapidement grùce à ses facultés d'espÚce pionniÚre (formation de « buddleiaies »)[19].

Les chenilles des papillons du Sphinx tĂȘte de mort et de la Cucullie du bouillon blanc[20] ont Ă©tĂ© signalĂ©es sur le buddleia qui est devenu une plante-hĂŽte de substitution pour ces espĂšces[21].

Plante envahissante

Capsule de graines : 3 millions de graines par plante et par an.

Le buddleia s’est naturalisĂ© et est devenu envahissant dans de larges rĂ©gions d'Europe de l’Ouest jusqu'Ă  Bergen (NorvĂšge). Il pose aussi problĂšme en Nouvelle-ZĂ©lande et dans le Sud-Est de l’Australie. En France, il est prĂ©sent de maniĂšre envahissante dans le Sud-Ouest, le Sud-Est, en Bretagne, en Normandie et dans le Bassin Parisien[13] - [22]. Le Centre semble la rĂ©gion la moins touchĂ©e.

En France, en Belgique[23] et en Suisse, le buddleia du pÚre David est considérée comme une espÚce envahissante ; elle colonise trÚs facilement les terrains secs, les friches urbaines et périurbaines et le long de certains axes (routes, canaux, voies ferrées, autoroutes), les talus, les bùtiments en ruine, les berges des riviÚres, les plages de graviers, voire les murs et les trottoirs qu'il colonise facilement.

Les impacts des buddleias se définissent en trois points[19] :

  • Colonisation des milieux remaniĂ©s avant les espĂšces pionniĂšres locales
  • RĂ©gression des communautĂ©s locales par la concurrence et inhibition de la croissance
  • Formation d’encombres provoquant l’érosion des berges

Si son nectar nourrit les papillons adultes, les chenilles de la plupart des papillons ne peuvent pas se nourrir des feuilles du buddleia, et il a tendance à remplacer des espÚces dont se nourrissent les chenilles[24] - [25]. L'envahissement par le buddleia a pour conséquences la diminution de la population des papillons et des espÚces qui se nourrissent de leurs chenilles[24] - [25].

Mesures de gestions

Budleja davidii prĂšs de la station de train DĂŒsseldorf Zoo.

Les mesures suivantes sont recommandĂ©es par la FĂ©dĂ©ration Nationale des Travaux Publics et par le MusĂ©um national d’histoire naturelle[19] :

  • Éliminer la plante et Ă©viter son installation par un arrachage manuel de la plante et des racines dĂšs le dĂ©but du printemps. Un dessouchage en Ă©liminant les rĂ©sidus peut Ă©galement ĂȘtre recommandĂ© pendant l’étĂ©, avant fructification.
  • Affaiblir la plante et limiter sa dispersion sur les foyers bien installĂ©s par des coupes successives pour empĂȘcher la formation des graines et la dispersion de juillet Ă  octobre.
  • Éviter la propagation de la plante grĂące Ă  une Ă©vacuation sĂ©curisĂ©e de tous les rĂ©sidus et une surveillance de la zone sur 2 Ă  3 ans avec Ă©ventuellement un renouvellement des opĂ©rations.

Dans les jardins, il peut, par exemple, ĂȘtre remplacĂ© par d'autres arbustes : le lilas, la menthe en arbre (Elsholtzia stauntonii), le gattilier, la troĂšne d'Europe, la mauve en arbre ou des variĂ©tĂ©s hybrides et stĂ©riles comme le Buddleja × weyeriana.

La conservation d'un sujet fertile peut nécessiter, dans l'idéal, la suppression des organes défleuris avant la fructification et la production de graines viables. Le but final est d'éviter la reproduction du buddléia en limitant son stock de graines dans la nature.

Utilisations

Horticulture

Buddleia de David en fleurs.

Le buddleia de David forme des buissons généreux, bien touffus qui se couvrent dÚs le mois de juin de panicules de fleurs violet-mauve, mais aussi bleu, violet ou roses pour les variétés horticoles. Cette floraison continue et trÚs parfumée le rend attractif durant les chaleurs estivales[26].

Il supporte tous les sols, mĂȘme calcaires, voire caillouteux. Il ne craint pas non plus les fortes chaleurs et le plein soleil. Il demande peu ou pas d’arrosage et pas d’engrais[26].

Sa culture comme plante ornementale est répandue en Europe et en Australie. Elle a favorisé la création de nombreuses variétés horticoles. Parmi les cultivars faciles à trouver, citons:

  • 'Black Night' d'un violet trĂšs foncĂ©,
  • 'Empire Blue', qui se rapproche davantage du bleu,
  • 'White profusion', fleurs blanches Ă  Ɠil jaune,
  • 'Royal red', rose foncĂ©.
  • ‘Butterfly tower’, port colonnaire, taille rĂ©duite, Ă  fleurs violettes nectarifĂšres de juin Ă  octobre

Cultivars stériles

Environ 90 cultivars de Buddleja davidii sont aujourd’hui commercialisĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour modifier la taille, la longueur de l’inflorescence, la couleur des fleurs ou encore la rusticitĂ©. Cependant, ces cultivars ont pour la plupart un potentiel invasif Ă©gal ou supĂ©rieur Ă  celui des formes dĂ©jĂ  naturalisĂ©es[27]. La plupart sont des cultivars fertiles qui se dispersent surtout par graines[28].

Une Ă©tude amĂ©ricaine portant sur 14 cultivars et hybrides de B. davidii a effectivement montrĂ© qu’ils produisaient tous des graines, mais avec des diffĂ©rences en termes de vitesse de croissance, production de graines et taux de germination. Leur potentiel stĂ©rile est donc variable sur la base de ces critĂšres[29].

En conditions contrĂŽlĂ©es, les taux de germination Ă©taient les plus Ă©levĂ©s pour les cultivars 'Nanho Purple' et 'Dartmoor' et les plus faibles, mais non stĂ©rile, pour 'Black Knight’ et 'White Profusion’[29].

Des donnĂ©es complĂ©mentaires proviennent d’un travail en Suisse, oĂč le pouvoir germinatif de diffĂ©rents cultivars a Ă©tĂ© comparĂ© avec celui de types naturalisĂ©s. Les expĂ©riences ont montrĂ© que les cultivars issus de la sĂ©lection avaient un potentiel de dissĂ©mination au moins Ă©gal ou supĂ©rieur Ă  celui des formes naturalisĂ©es. Ce potentiel de dissĂ©mination plus Ă©levĂ© pourrait s’expliquer par le fait que la sĂ©lection porte sur des critĂšres commerciaux comme la grande taille des inflorescences, la prĂ©cocitĂ©, une longue pĂ©riode de floraison et une croissance vigoureuse[30] - [31].

Dans l’Etat d’Oregon, B. davidii est considĂ©rĂ© comme une espĂšce trĂšs problĂ©matique. Elle a Ă©tĂ© classĂ©e en 2004 dans la liste de quarantaine pour tenter de rĂ©duire sa distribution commerciale. Cette mesure s’est rĂ©vĂ©lĂ©e inefficace car aucun nom de cultivar n’était mentionnĂ© dans la liste. Or, la plupart des Buddleja sont commercialisĂ©s sous la forme de cultivars. Cette mesure n’a pas permis de rĂ©duire les risques d’invasion de B. davidii car tous les cultivars, fertiles, Ă©taient toujours distribuĂ©s[28].

Il existe certains cultivars ou hybrides supposĂ©s stĂ©riles, mais l’Organisation EuropĂ©enne pour la Protection des Plantes relate le cas du cultivar B. davidii ‘Lochinch’, dĂ©crit comme un hybride stĂ©rile entre B. davidii et B. fallowiana. En 2003, un horticulteur du Sud de la France a cultivĂ© B. davidii ‘Lochinch’, mais aprĂšs trois ans d’expĂ©rience, le cultivar a montrĂ© une abondante reproduction sexuĂ©e et des caractĂšres d’espĂšce envahissante[32].

Cette expĂ©rience montre que la stĂ©rilitĂ© induite chez les cultivars ou chez les hybrides n’est pas un trait systĂ©matiquement stable dans le temps. Dans la nature ou en culture, une espĂšce stĂ©rile peut rĂ©cupĂ©rer sa reproduction sexuĂ©e, en particulier les plantes[33].

Plus rĂ©cemment, un nouveau cultivar a fait son apparition sur le marchĂ© : Buddleja ARGUS White et ARGUS Velvet de chez Best Select. Il est commercialisĂ© comme Ă©tant stĂ©rile car il ne produirait presque pas de semences. Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par l’institut ILVO aprĂšs huit annĂ©es de recherche. Il s’agit en fait d’un hybride issu du croisement entre B. davidii et B. lindleyana[34]. Ce cultivar bien que considĂ©rĂ© comme stĂ©rile ne change pas les autres caractĂ©ristiques qui font que l’espĂšce est considĂ©rĂ© comme une espĂšce exotique envahissante.

Pharmacopée naturelle

Le buddleia du pĂšre David, a d'abord Ă©tĂ© utilisĂ© comme plante mĂ©dicinale en Chine oĂč l'Ă©corce de ses racines et ses rameaux feuillĂ©s sont utilisĂ©s comme matiĂšre mĂ©dicale[35]. Actuellement le buddleya est connu en Chine sous le nom normalisĂ© de 醉鱌草 zuiyucao. Mais dans les temps anciens (pas si anciens que ça toutefois), sur l’immense territoire chinois, il possĂ©dait une multitude de noms diffĂ©rents, sans qu’aucune instance de normalisation lexicale n’essaye de mettre de la cohĂ©rence : ainsi, l’encyclopĂ©die mĂ©dicale A::hospital[36] liste pas moins de 55 synonymes.

Au XVIe siĂšcle, le mĂ©decin naturaliste Li Shizhen en fit une description dans Bencao gangmu « Compendium de matiĂšre mĂ©dicale »[11] sous les noms de é—č鱌花 nĂ oyĂșhua, é±Œć°Ÿè‰ yĂșwěicǎo etc
 Dans les catĂ©gories de la pharmacopĂ©e traditionnelle, la nature du buddleya est : amĂšre (ku è‹Š), tiĂšde (wen æž©), lĂ©gĂšrement toxique (youxiaodu æœ‰ć°æŻ’)。 La rĂ©colte de la matiĂšre mĂ©dicale se fait en Ă©tĂ© ou en automne, hacher et utiliser sĂ©chĂ© ou frais.

La pharmacopĂ©e naturelle chinoise (dite « traditionnelle ») actuelle indique les fonctions suivantes : dissiper le vent et l’humiditĂ© (ç„›éŁŽé™€æż• qufeng chushi), stimuler le qi pour Ă©liminer les mucositĂ©s (èĄŒæ°”ćŒ–ç—° xĂ­ngqĂŹ huĂ tĂĄn), soulager la toux, tuer les parasites, favoriser la circulation sanguine.
Les indications sont : guĂ©rir la grippe, la toux, l'asthme, les rhumatismes et les douleurs articulaires, l'ascaridiase, l'ankylostome, les ecchymoses, les saignements traumatiques, le cuir chevelu, la scrofule. Par exemple, le traitement de l'ankylostome : faire bouillir pendant deux heures 5 qian äș”é’± (25 g), prendre 100 ml aprĂšs le dĂźner et avant le petit-dĂ©jeuner[36] (attention aux effets secondaires : nausĂ©es, douleurs abdominales, diarrhĂ©e, Ă©tourdissement, fatigue[n 1]).

Propriétés et toxicité

Cette essence contient des molĂ©cules toxiques (aucubine en particulier) ce qui explique que ses feuilles, son Ă©corce et ses racines ne sont pas mangĂ©es par la plupart des espĂšces autochtones lĂ  oĂč il a Ă©tĂ© introduit. Elle n'est pas toxique pour l'homme, mais n'est pas comestible[37].

Les analyses phytochimiques d’espĂšces de Buddleya ont montrĂ© la prĂ©sence de flavonoĂŻdes, d’iridoĂŻdes (d’aucubine et de ses dĂ©rivĂ©s, et de buddlĂ©dines), de sesquiterpĂ©noĂŻdes, de phĂ©nylĂ©thanoĂŻdes et de lignanes. À partir de la racine de Buddleja davidii ont Ă©tĂ© isolĂ©s 13 glycosides de phĂ©nylĂ©thanoĂŻdes, un glycoside d’iridoĂŻde et quatre complexes de glycosides d’iridoĂŻde-lignane[38]. Les terpĂ©noĂŻdes de l’écorce du B. davidii ont une activitĂ© antifongique contre les champignons du sol, Fusarium culmorum et Sordari fimicola - la buddlĂ©dine A Ă©tant le principal composĂ© responsable[39].

La toxicitĂ© pour les poissons du Buddleia davidii a Ă©tĂ© confirmĂ©e par l’isolement des buddlĂ©dines A, B et C, dans l’écorce de la racine[40]. L’activitĂ© antifongique significative des extraits de B. davidii est due Ă  la buddlĂ©dine A.


Voir aussi

Articles connexes

Notes

  1. Mise en garde : ce remĂšde traditionnel est donnĂ© Ă  titre illustratif, Wikipedia recommande formellement de ne pas l’essayer sans avis mĂ©dical compĂ©tent

Références

  1. Collectif (trad. Michel Beauvais, Marcel Guedj, Salem Issad), Histoire naturelle [« The Natural History Book »], Flammarion, , 650 p. (ISBN 978-2-0813-7859-9), Arbre aux papillons page 200
  2. Promesses de fleurs - Invasif, dangereux pour les papillons... Faut-il vraiment avoir peur du Buddleia ? - 8 octobre - Les faits avĂ©rĂ©s scientifiquement : « Le BuddlĂ©ia davidii, l’espĂšce-type, est une plante invasive, une EEE pour EspĂšce ExogĂšne Envahissante. Elle va l'ĂȘtre prĂ©fĂ©rentiellement sur dans des endroits dĂ©truits par l’Homme car c’est un arbuste qui apprĂ©cie les sols pauvres, caillouteux et un peu chamboulĂ©s (il est originaire des montagnes arides de Chine) : terrils, bord de chemins de fer, friche industrielle, vieux parking abandonné  mais aussi sur des milieux naturels particuliĂšrement vulnĂ©rables par exemple les pelouses silicicoles de Normandie. C’est normal car c’est une espĂšce pionniĂšre qui « prĂ©pare le terrain » pour que d’autres plantes puissent s’implanter par la suite. Nous avons dans notre flore indigĂšne d’autres plantes pouvant rĂ©aliser ce type de travail mais le BuddlĂ©ia est d'une redoutable efficacitĂ© car il vit trĂšs peu de temps : d’oĂč son caractĂšre invasif. Une fois que d’autres plantes vont pousser sur le substrat crĂ©Ă© par le BuddlĂ©ia au fil du temps, ceux-ci lui feront de l’ombre et le BuddlĂ©ia, essence de lumiĂšre avant tout, disparaĂźtra. La vĂ©gĂ©tation pourra alors se dĂ©velopper jusqu’au climax, l’évolution ultime d’un milieu naturel : une forĂȘt de chĂȘnes par exemple. »
  3. McNeill, J .; Barrie, FR; Buck, WR; Demoulin, V .; Greuter, W.; Hawksworth, DL; Herendeen, PS; Knapp, S.; Marhold, K .; Prado, J .; Prud'homme van Reine, WF; Smith, GF; Wiersma, JH et Turland, NJ, Ă©ds, International Code of Nomenclature for algae, fungi, and plants (Melbourne Code), Adopted by the Eigh 18th International Botanical Congress Melbourne, Australia, July 2011, Bratislava: International Association for Plant Taxonomy,
  4. Référence Biodiversity Heritage Library : 113518
  5. « Le jardinier des salons, ou L'art de cultiver les fleurs dans les appartements, sur les croisées et sur les balcons », sur Gallica, (consulté le ), p. 112
  6. CNRTL, « Buddleia, Buddleya, subst. fem. » (consulté le )
  7. (en) Référence Tropicos : Buddleja davidii Franch. (+ liste sous-taxons) (consulté le )
  8. (fr+en) Référence ITIS : Buddleja davidii Franch.
  9. (en) Référence Flora of China : Buddleja davidii
  10. (en) Référence Flora of Pakistan : Buddleja davidii Franch.
  11. æŽȘ文旭 [Hong Wenxu], « æ­ąć’łćŒ–ç—°é†‰é±Œè‰ » [« lebuddleya pour soulager la toux et les mucositĂ©s »] (consultĂ© le )
  12. Peter Valder, The Garden Plants of China, Timber Press,
  13. Serge Muller (coord.), Plantes invasives en France, Publications scientifiques du MNHN, (rĂ©impr. MusĂ©um national d’Histoire naturelle), 168 p.
  14. Leeuwenberg, AJM, Les Loganiacées d'Afrique XVIII Buddleja L. II, Révision des espÚces africaines et asiatiques, H. Veenman & Zonen BV, Wageningen,
  15. Marjorie Blamey, C. Grey-Wilson, La flore de France et d'Europe occidentale, Eclectis, , p. 352.
  16. http://www.tela-botanica.org/reseau/projet/fichiers/PELR/14436/PELR_14438.pdf#21
  17. données d'aprÚs: Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
  18. Douglas A. Findley, Gary J. Keever, Arthur H. Chappelka, D. Joseph Eakes and Charles H. Gilliam ; Differential response of buddleia (Buddleia davidii Franch.) to ozone Environmental Pollution, Volume 98, Issue 1, 1997, Pages 105-111 (résumé)
  19. Eric Chabert, Pauline Delplanque, Morgan Ensminger, Elsa de Froment, Vincent Hamonet, Frédérique le Monnier, Nathalie Machon, Elvia Marcella, Stéphane Rutard, Guide d'identification et de gestion des EspÚces Végétales Exotiques Envahissantes, Muséum Nation d'Histoire Naturelle, GRDF, la Fédération Nationale des Travaux Publics, ENGIE Lab CRIGEN, (lire en ligne), p 18
  20. La BrĂšche ou Cucullie du Bouillon blanc sur insectes.net.fr
  21. « Database of Insects and their Food Plants »
  22. Liste des plantes envahissantes, éditée par l'Agence Méditerranéenne de l'Environnement (juillet 2003)
  23. (en) Branquart Etienne, Vanderhoeven Sonia, Van Landuyt Wouter, Van Rossum Fabienne, Verloove Filip, « Harmonia database: Buddleja Davidii. », sur http://ias.biodiversity.be, Belgian Forum on Invasive Species, 2007 (2010) (consulté le )
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Liens externes

Bibliographie

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