Buddleia de David
Buddleja davidii
RĂšgne | Plantae |
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Sous-rĂšgne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Sous-classe | Asteridae |
Ordre | Scrophulariales |
Famille | Buddlejaceae |
Genre | Buddleja |
- Buddleja variabilis Hemsley
Le Buddleia de David (Buddleja davidii), aussi appelé Buddleia du pÚre David ou plus communément Arbre aux papillons, est un arbuste nectarifÚre et une espÚce pionniÚre présente dans l'ensemble des régions tempérées du monde.
Originaire de Chine[1], la variĂ©tĂ© fertile type a Ă©tĂ© commercialisĂ©e et implantĂ©e dans de nombreux jardins jusqu'Ă la fin du XXe siĂšcle avant d'ĂȘtre supplantĂ©e par des variĂ©tĂ©s hybrides commercialisĂ©es comme Ă©tant stĂ©riles. Elle s'est naturalisĂ©e progressivement dans le reste de la zone tempĂ©rĂ©e Ă partir du XIXe siĂšcle et est devenu une espĂšce exotique envahissante dans de nombreuses rĂ©gions du monde. Le buddlĂ©ia de David, en tant qu'espĂšce pionniĂšre, colonise en effet les milieux pauvres en matiĂšre organique, les friches urbaines et pĂ©riurbaines, les bords de routes, voies ferrĂ©es et plus largement les milieux artificialisĂ©s[2]. HĂ©liophile et Ă courte durĂ©e de vie, il ne rĂ©siste toutefois pas Ă la concurrence des plantes plus hautes une fois le processus de succession vĂ©gĂ©tale enclenchĂ©[2].
Ătymologie et histoire de la nomenclature
Le nom de genre Buddleja, a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© par LinnĂ© au rĂ©vĂ©rend Adam Buddle (1662-1715), un mĂ©decin, pasteur et botaniste amateur anglais. Selon la pratique du latin scientifique, la formation dâun nom gĂ©nĂ©rique Ă partir du nom propre Buddle devrait ĂȘtre buddleia, mais LinnĂ© Ă©crivit buddleja avec un long i entre deux voyelles comme câĂ©tait dâusage Ă lâĂ©poque. Le code international de nomenclature demande en 2006 que lâorthographe de LinnĂ© soit suivie dans ce cas[3]
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique davidii a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e par le botaniste Adrien Franchet au pĂšre David, un missionnaire botaniste qui collecta pour lui et ses collĂšgues du MusĂ©um en 1869, des milliers de spĂ©cimens de plantes et dâanimaux dans une rĂ©gion dâethnie tibĂ©to-birmane Ă lâouest de Chengdu (capitale du Sichuan). Il dĂ©couvrit cette espĂšce Ă Moupin(e) (actuellement Baoxing) dans la montagne Ă lâouest de Chengdu (la capitale du Sichuan), en aoĂ»t 1869[4].
Franchet, qui Ă©tait le correspondant au MusĂ©um dâHistoire Naturelle de Paris du pĂšre David, en donne la premiĂšre description botanique en latin publiĂ©e en 1887[4] dans Nouv. Arch. Mus. Hist. Nat., sĂ©r. 2.
Le nom commun en français de cette espĂšce dâ« arbre aux papillons » vient du fait que ses fleurs produisent un nectar trĂšs parfumĂ© qui attire un grand nombre de papillons, abeilles et autres insectes.
En français, les deux graphies « Buddleia » ou « Buddleya » sont acceptĂ©es[5] mais pas la forme latine Buddleja. Câest un nom fĂ©minin[6], mais lâusage habituel est au masculin.
Il nây a pas de consensus sur la famille Ă laquelle doit ĂȘtre rattachĂ© le genre Buddleja. Pour certains, il appartient Ă la famille des Scrophulariaceae[7] - [8] (classification phylogĂ©nĂ©tique), pour dâautres Ă l'ancienne famille des Loganiaceae[9] (classification classique) ou bien Ă la famille des Buddlejaceae[10].
Aspects historiques
Une des premiĂšres mentions de zuiyucao é鱌è « herbe enivrant les poissons » (le nom normalisĂ© actuel du buddleia) se trouve dans le Grand TraitĂ© de MatiĂšre MĂ©dicale (Bencao gangmu æŹè綱çź), rĂ©digĂ© par le mĂ©decin naturaliste Li Shizhen dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIe siĂšcle. Il indique « Les pĂȘcheurs qui utilisent ses fleurs et ses feuilles pour intoxiquer les poissons jusqu'Ă la mort, lâont appelĂ© é鱌ćżè zuiyurcao [morph. herbe enivrant les poissons]. Ne le plantez pas prĂšs dâun Ă©tang » (Bencao gangmu, caobu ăæŹèçșČçźÂ·èéšă)[11]. La toxicitĂ© du buddleya nâest pas surprenante sachant que des terpĂ©noĂŻdes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans la plante.
En chinois contemporain, pour distinguer sur le plan botanique, le buddleya de David des autres espĂšces de buddleya, on emploiera le terme de 性ć¶é鱌è da ye zuiyucao, morphologiquement « herbe enivrant les poissons, Ă grandes feuilles ».
Lâusage ornemental semble lui, trĂšs rĂ©cent. D'aprĂšs Peter Valder[12], ce buddleia nâaurait commencĂ© Ă ĂȘtre utilisĂ© comme plante ornementale en Chine que sous lâinfluence occidentale. Il dĂ©clare dâailleurs ne lâavoir jamais vu dans les jardins traditionnels.
MalgrĂ© la premiĂšre description botanique faite en 1887 par Adrien Franchet, ce buddleia resta inconnu en Europe jusquâĂ ce que le docteur Augustine Henry, un botaniste irlandais, ne le redĂ©couvre en 1890 dans le Sichuan[13] et ne lâenvoie Ă Saint-Petersbourg et quâun autre missionnaire botaniste le pĂšre SouliĂ© nâenvoie des semences Ă la pĂ©piniĂšre de Vilmorin.
En 1895, les premiers semis français sont faits dans la propriété de la famille Vilmorin à VerriÚres-le-Buisson. Maurice de Vilmorin avait reçu des graines du pÚre Soulié, missionnaire au Tibet. La plante sera largement cultivée à partir de 1916[13].
Synonymes
Tropicos distingue 20 synonymes[7] parmi lesquels
- Buddleia variabilis Hemsley
- Buddleja striata ZY Zhang
- Buddleja shimidzuana Nakai Syn. nov.
Les six variĂ©tĂ©s de lâespĂšce ont Ă©tĂ© ramenĂ©es au statut de synonyme du type par le botaniste hollandais Anthonius Leeuwenberg [14]. La taxonomie de Leeuwenberg a Ă©tĂ© adoptĂ©e dans Flora of China[9] :
- Buddleja davidii var. alba Rehder & E.H.Wilson
- Buddleja davidii var. magnifica Rehder & E.H.Wilson
- Buddleja davidii var. nanhoensis Rehder
- Buddleja davidii var. superba (de Corte) Rehder & E.H.Wilson
- Buddleja davidii var. veitchiana Rehder
- Buddleja davidii var. wilsonii Rehder
Description
Corolle: tube cylindrique d'env. 10 mm.
LâespĂšce naturelle est en Chine, un arbuste de 0,5 Ă 5 m de hauteur, aux tiges presque quadrangulaires. Les jeunes rameaux sont blanchĂątres Ă pubescence Ă poils Ă©toilĂ©s.
Les feuilles sont caduques ou semi-caduques (elles persistent longtemps en hiver, et l'arbrisseau peut rester seulement quelques semaines dĂ©feuillĂ©), opposĂ©es, vertes ou grisĂątes, Ă©troitement ovale, Ă©troitement elliptique, de 4 Ă 20 cm de long, sur 0,3 Ă 7,5 cm de large[9] (donnĂ©es chinoises pour les espĂšces sauvages, les cultivars peuvent ĂȘtre de tailles plus grandes, avec des formes foliaires diffĂ©rentes), marges dentĂ©es, Ă pĂ©tiole court (1â5 mm), Ă apex acuminĂ© et base cunĂ©iforme.
Les inflorescences sont terminales, apparemment racĂ©meuse ou cymes thyrsoĂŻdes, de 4â30 cm de long sur 2â5 cm de diamĂštre. La fleur 4-mĂšre est formĂ©e dâun calice campanulĂ© de 2â3,5 mm Ă 4 lobes Ă©troitement triangulaires, dâune corolle formĂ©e dâun tube Ă©troitement cylindrique de 6â12 mm, Ă©vasĂ© Ă lâextrĂ©mitĂ© en quatre lobes, de couleur violette lilas Ă gorge jaune orange, de 4 Ă©tamines insĂ©rĂ©es au milieu Ă prĂšs de la base du tube de la corolle, Ă anthĂšres oblongues, de 0,8 Ă 1,2 mm et ovaire ovoĂŻde. Les fleurs sont trĂšs agrĂ©ablement parfumĂ©es, certaines personnes peuvent cependant trouver l'odeur nausĂ©abonde, notamment en fin de floraison.
La floraison sâĂ©tale de mai-juin Ă dĂ©but octobre[15].
Le fruit est une capsule brune de 2 à 4 mm de long, aux longues ailes aux extrémités[9].
Lâarbuste a une durĂ©e de vie assez courte (quelques dĂ©cennies, l'Ăąge le plus Ă©levĂ© enregistrĂ© est de 37 ans[16], ce qui n'exclut pas l'existence d'arbres plus ĂągĂ©s).
Distribution
Le Buddleja daviddi est une espÚce endémique de Chine. Il croßt dans les fourrés sur les pentes des montagnes, de 800 à 3 000 m dans une large aire de répartition : le Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi, Sichuan, Xizang, Yunnan et Zhejiang.
Il a probablement été introduit au Japon.
Caractéristiques
- Organes reproducteurs[17] :
- Type d'inflorescence : racĂšme simple
- RĂ©partition des sexes : hermaphrodite
- Type de pollinisation : entomogame
- PĂ©riode de floraison : de juin Ă septembre.
- Graines (3 millions de graines par plante et par an) :
- Habitat et répartition :
- Habitat type : fourrés arbustifs médioeuropéens, planitiaires-montagnards, méso à eutrophiles
- Aire de répartition : introduit (aire d'origine : Chine centrale et méridionale).
Ăcologie
Dans son milieu originel, le buddleia de David pousse dans les fourrés arbustifs en milieu montagneux, en Chine.
Il se rencontre sur de nombreux types de sols, mais préfÚre cependant les sols secs, drainés, pauvres en matiÚre organique et ensoleillés.
Il a Ă©tĂ© introduit comme plante ornementale dans de nombreuses rĂ©gions tempĂ©rĂ©es, hors de Chine. Il a alors une tendance Ă sâĂ©chapper des jardins et Ă se naturaliser.
Il pousse sur les friches (friches urbaines et friches industrielles Ă©ventuellement polluĂ©es) et en bordure des routes oĂč il rĂ©siste aux taux ambiants d'ozone[18].
Il se développe rapidement grùce à ses facultés d'espÚce pionniÚre (formation de « buddleiaies »)[19].
Les chenilles des papillons du Sphinx tĂȘte de mort et de la Cucullie du bouillon blanc[20] ont Ă©tĂ© signalĂ©es sur le buddleia qui est devenu une plante-hĂŽte de substitution pour ces espĂšces[21].
Plante envahissante
Le buddleia sâest naturalisĂ© et est devenu envahissant dans de larges rĂ©gions d'Europe de lâOuest jusqu'Ă Bergen (NorvĂšge). Il pose aussi problĂšme en Nouvelle-ZĂ©lande et dans le Sud-Est de lâAustralie. En France, il est prĂ©sent de maniĂšre envahissante dans le Sud-Ouest, le Sud-Est, en Bretagne, en Normandie et dans le Bassin Parisien[13] - [22]. Le Centre semble la rĂ©gion la moins touchĂ©e.
En France, en Belgique[23] et en Suisse, le buddleia du pÚre David est considérée comme une espÚce envahissante ; elle colonise trÚs facilement les terrains secs, les friches urbaines et périurbaines et le long de certains axes (routes, canaux, voies ferrées, autoroutes), les talus, les bùtiments en ruine, les berges des riviÚres, les plages de graviers, voire les murs et les trottoirs qu'il colonise facilement.
Les impacts des buddleias se définissent en trois points[19] :
- Colonisation des milieux remaniés avant les espÚces pionniÚres locales
- Régression des communautés locales par la concurrence et inhibition de la croissance
- Formation dâencombres provoquant lâĂ©rosion des berges
Si son nectar nourrit les papillons adultes, les chenilles de la plupart des papillons ne peuvent pas se nourrir des feuilles du buddleia, et il a tendance à remplacer des espÚces dont se nourrissent les chenilles[24] - [25]. L'envahissement par le buddleia a pour conséquences la diminution de la population des papillons et des espÚces qui se nourrissent de leurs chenilles[24] - [25].
Mesures de gestions
Les mesures suivantes sont recommandĂ©es par la FĂ©dĂ©ration Nationale des Travaux Publics et par le MusĂ©um national dâhistoire naturelle[19] :
- Ăliminer la plante et Ă©viter son installation par un arrachage manuel de la plante et des racines dĂšs le dĂ©but du printemps. Un dessouchage en Ă©liminant les rĂ©sidus peut Ă©galement ĂȘtre recommandĂ© pendant lâĂ©tĂ©, avant fructification.
- Affaiblir la plante et limiter sa dispersion sur les foyers bien installĂ©s par des coupes successives pour empĂȘcher la formation des graines et la dispersion de juillet Ă octobre.
- Ăviter la propagation de la plante grĂące Ă une Ă©vacuation sĂ©curisĂ©e de tous les rĂ©sidus et une surveillance de la zone sur 2 Ă 3 ans avec Ă©ventuellement un renouvellement des opĂ©rations.
Dans les jardins, il peut, par exemple, ĂȘtre remplacĂ© par d'autres arbustes : le lilas, la menthe en arbre (Elsholtzia stauntonii), le gattilier, la troĂšne d'Europe, la mauve en arbre ou des variĂ©tĂ©s hybrides et stĂ©riles comme le Buddleja Ă weyeriana.
La conservation d'un sujet fertile peut nécessiter, dans l'idéal, la suppression des organes défleuris avant la fructification et la production de graines viables. Le but final est d'éviter la reproduction du buddléia en limitant son stock de graines dans la nature.
Utilisations
Horticulture
Le buddleia de David forme des buissons généreux, bien touffus qui se couvrent dÚs le mois de juin de panicules de fleurs violet-mauve, mais aussi bleu, violet ou roses pour les variétés horticoles. Cette floraison continue et trÚs parfumée le rend attractif durant les chaleurs estivales[26].
Il supporte tous les sols, mĂȘme calcaires, voire caillouteux. Il ne craint pas non plus les fortes chaleurs et le plein soleil. Il demande peu ou pas dâarrosage et pas dâengrais[26].
Sa culture comme plante ornementale est répandue en Europe et en Australie. Elle a favorisé la création de nombreuses variétés horticoles. Parmi les cultivars faciles à trouver, citons:
- 'Black Night' d'un violet trÚs foncé,
- 'Empire Blue', qui se rapproche davantage du bleu,
- 'White profusion', fleurs blanches Ă Ćil jaune,
- 'Royal red', rose foncé.
- âButterfly towerâ, port colonnaire, taille rĂ©duite, Ă fleurs violettes nectarifĂšres de juin Ă octobre
Cultivars stériles
Environ 90 cultivars de Buddleja davidii sont aujourdâhui commercialisĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour modifier la taille, la longueur de lâinflorescence, la couleur des fleurs ou encore la rusticitĂ©. Cependant, ces cultivars ont pour la plupart un potentiel invasif Ă©gal ou supĂ©rieur Ă celui des formes dĂ©jĂ naturalisĂ©es[27]. La plupart sont des cultivars fertiles qui se dispersent surtout par graines[28].
Une Ă©tude amĂ©ricaine portant sur 14 cultivars et hybrides de B. davidii a effectivement montrĂ© quâils produisaient tous des graines, mais avec des diffĂ©rences en termes de vitesse de croissance, production de graines et taux de germination. Leur potentiel stĂ©rile est donc variable sur la base de ces critĂšres[29].
En conditions contrĂŽlĂ©es, les taux de germination Ă©taient les plus Ă©levĂ©s pour les cultivars 'Nanho Purple' et 'Dartmoor' et les plus faibles, mais non stĂ©rile, pour 'Black Knightâ et 'White Profusionâ[29].
Des donnĂ©es complĂ©mentaires proviennent dâun travail en Suisse, oĂč le pouvoir germinatif de diffĂ©rents cultivars a Ă©tĂ© comparĂ© avec celui de types naturalisĂ©s. Les expĂ©riences ont montrĂ© que les cultivars issus de la sĂ©lection avaient un potentiel de dissĂ©mination au moins Ă©gal ou supĂ©rieur Ă celui des formes naturalisĂ©es. Ce potentiel de dissĂ©mination plus Ă©levĂ© pourrait sâexpliquer par le fait que la sĂ©lection porte sur des critĂšres commerciaux comme la grande taille des inflorescences, la prĂ©cocitĂ©, une longue pĂ©riode de floraison et une croissance vigoureuse[30] - [31].
Dans lâEtat dâOregon, B. davidii est considĂ©rĂ© comme une espĂšce trĂšs problĂ©matique. Elle a Ă©tĂ© classĂ©e en 2004 dans la liste de quarantaine pour tenter de rĂ©duire sa distribution commerciale. Cette mesure sâest rĂ©vĂ©lĂ©e inefficace car aucun nom de cultivar nâĂ©tait mentionnĂ© dans la liste. Or, la plupart des Buddleja sont commercialisĂ©s sous la forme de cultivars. Cette mesure nâa pas permis de rĂ©duire les risques dâinvasion de B. davidii car tous les cultivars, fertiles, Ă©taient toujours distribuĂ©s[28].
Il existe certains cultivars ou hybrides supposĂ©s stĂ©riles, mais lâOrganisation EuropĂ©enne pour la Protection des Plantes relate le cas du cultivar B. davidii âLochinchâ, dĂ©crit comme un hybride stĂ©rile entre B. davidii et B. fallowiana. En 2003, un horticulteur du Sud de la France a cultivĂ© B. davidii âLochinchâ, mais aprĂšs trois ans dâexpĂ©rience, le cultivar a montrĂ© une abondante reproduction sexuĂ©e et des caractĂšres dâespĂšce envahissante[32].
Cette expĂ©rience montre que la stĂ©rilitĂ© induite chez les cultivars ou chez les hybrides nâest pas un trait systĂ©matiquement stable dans le temps. Dans la nature ou en culture, une espĂšce stĂ©rile peut rĂ©cupĂ©rer sa reproduction sexuĂ©e, en particulier les plantes[33].
Plus rĂ©cemment, un nouveau cultivar a fait son apparition sur le marchĂ© : Buddleja ARGUS White et ARGUS Velvet de chez Best Select. Il est commercialisĂ© comme Ă©tant stĂ©rile car il ne produirait presque pas de semences. Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par lâinstitut ILVO aprĂšs huit annĂ©es de recherche. Il sâagit en fait dâun hybride issu du croisement entre B. davidii et B. lindleyana[34]. Ce cultivar bien que considĂ©rĂ© comme stĂ©rile ne change pas les autres caractĂ©ristiques qui font que lâespĂšce est considĂ©rĂ© comme une espĂšce exotique envahissante.
Pharmacopée naturelle
Le buddleia du pĂšre David, a d'abord Ă©tĂ© utilisĂ© comme plante mĂ©dicinale en Chine oĂč l'Ă©corce de ses racines et ses rameaux feuillĂ©s sont utilisĂ©s comme matiĂšre mĂ©dicale[35]. Actuellement le buddleya est connu en Chine sous le nom normalisĂ© de é鱌è zuiyucao. Mais dans les temps anciens (pas si anciens que ça toutefois), sur lâimmense territoire chinois, il possĂ©dait une multitude de noms diffĂ©rents, sans quâaucune instance de normalisation lexicale nâessaye de mettre de la cohĂ©rence : ainsi, lâencyclopĂ©die mĂ©dicale A::hospital[36] liste pas moins de 55 synonymes.
Au XVIe siĂšcle, le mĂ©decin naturaliste Li Shizhen en fit une description dans Bencao gangmu « Compendium de matiĂšre mĂ©dicale »[11] sous les noms de éčé±Œè± nĂ oyĂșhua, é±Œć°Ÿè yĂșwÄicÇo etc⊠Dans les catĂ©gories de la pharmacopĂ©e traditionnelle, la nature du buddleya est : amĂšre (ku èŠ), tiĂšde (wen æž©), lĂ©gĂšrement toxique (youxiaodu æć°æŻ)ă La rĂ©colte de la matiĂšre mĂ©dicale se fait en Ă©tĂ© ou en automne, hacher et utiliser sĂ©chĂ© ou frais.
La pharmacopĂ©e naturelle chinoise (dite « traditionnelle ») actuelle indique les fonctions suivantes : dissiper le vent et lâhumiditĂ© (ç„éŁé€æż qufeng chushi), stimuler le qi pour Ă©liminer les mucositĂ©s (èĄæ°ćç° xĂngqĂŹ huĂ tĂĄn), soulager la toux, tuer les parasites, favoriser la circulation sanguine.
Les indications sont : guérir la grippe, la toux, l'asthme, les rhumatismes et les douleurs articulaires, l'ascaridiase, l'ankylostome, les ecchymoses, les saignements traumatiques, le cuir chevelu, la scrofule.
Par exemple, le traitement de l'ankylostome : faire bouillir pendant deux heures 5 qian äșé± (25 g), prendre 100 ml aprĂšs le dĂźner et avant le petit-dĂ©jeuner[36] (attention aux effets secondaires : nausĂ©es, douleurs abdominales, diarrhĂ©e, Ă©tourdissement, fatigue[n 1]).
Propriétés et toxicité
Cette essence contient des molĂ©cules toxiques (aucubine en particulier) ce qui explique que ses feuilles, son Ă©corce et ses racines ne sont pas mangĂ©es par la plupart des espĂšces autochtones lĂ oĂč il a Ă©tĂ© introduit. Elle n'est pas toxique pour l'homme, mais n'est pas comestible[37].
Les analyses phytochimiques dâespĂšces de Buddleya ont montrĂ© la prĂ©sence de flavonoĂŻdes, dâiridoĂŻdes (dâaucubine et de ses dĂ©rivĂ©s, et de buddlĂ©dines), de sesquiterpĂ©noĂŻdes, de phĂ©nylĂ©thanoĂŻdes et de lignanes. Ă partir de la racine de Buddleja davidii ont Ă©tĂ© isolĂ©s 13 glycosides de phĂ©nylĂ©thanoĂŻdes, un glycoside dâiridoĂŻde et quatre complexes de glycosides dâiridoĂŻde-lignane[38]. Les terpĂ©noĂŻdes de lâĂ©corce du B. davidii ont une activitĂ© antifongique contre les champignons du sol, Fusarium culmorum et Sordari fimicola - la buddlĂ©dine A Ă©tant le principal composĂ© responsable[39].
La toxicitĂ© pour les poissons du Buddleia davidii a Ă©tĂ© confirmĂ©e par lâisolement des buddlĂ©dines A, B et C, dans lâĂ©corce de la racine[40]. LâactivitĂ© antifongique significative des extraits de B. davidii est due Ă la buddlĂ©dine A.
- DĂ©tail d'une branche.
- Tabac dâEspagne (Argynnis paphia) sur B. davidii.
- Robert-le-Diable (Polygonia c-album) sur B. davidii.
- Moro-sphinx sur B. davidii.
Voir aussi
Articles connexes
Notes
- Mise en garde : ce remĂšde traditionnel est donnĂ© Ă titre illustratif, Wikipedia recommande formellement de ne pas lâessayer sans avis mĂ©dical compĂ©tent
Références
- Collectif (trad. Michel Beauvais, Marcel Guedj, Salem Issad), Histoire naturelle [« The Natural History Book »], Flammarion, , 650 p. (ISBN 978-2-0813-7859-9), Arbre aux papillons page 200
- Promesses de fleurs - Invasif, dangereux pour les papillons... Faut-il vraiment avoir peur du Buddleia ? - 8 octobre - Les faits avĂ©rĂ©s scientifiquement : « Le BuddlĂ©ia davidii, lâespĂšce-type, est une plante invasive, une EEE pour EspĂšce ExogĂšne Envahissante. Elle va l'ĂȘtre prĂ©fĂ©rentiellement sur dans des endroits dĂ©truits par lâHomme car câest un arbuste qui apprĂ©cie les sols pauvres, caillouteux et un peu chamboulĂ©s (il est originaire des montagnes arides de Chine) : terrils, bord de chemins de fer, friche industrielle, vieux parking abandonné⊠mais aussi sur des milieux naturels particuliĂšrement vulnĂ©rables par exemple les pelouses silicicoles de Normandie. Câest normal car câest une espĂšce pionniĂšre qui « prĂ©pare le terrain » pour que dâautres plantes puissent sâimplanter par la suite. Nous avons dans notre flore indigĂšne dâautres plantes pouvant rĂ©aliser ce type de travail mais le BuddlĂ©ia est d'une redoutable efficacitĂ© car il vit trĂšs peu de temps : dâoĂč son caractĂšre invasif. Une fois que dâautres plantes vont pousser sur le substrat crĂ©Ă© par le BuddlĂ©ia au fil du temps, ceux-ci lui feront de lâombre et le BuddlĂ©ia, essence de lumiĂšre avant tout, disparaĂźtra. La vĂ©gĂ©tation pourra alors se dĂ©velopper jusquâau climax, lâĂ©volution ultime dâun milieu naturel : une forĂȘt de chĂȘnes par exemple. »
- McNeill, J .; Barrie, FR; Buck, WR; Demoulin, V .; Greuter, W.; Hawksworth, DL; Herendeen, PS; Knapp, S.; Marhold, K .; Prado, J .; Prud'homme van Reine, WF; Smith, GF; Wiersma, JH et Turland, NJ, Ă©ds, International Code of Nomenclature for algae, fungi, and plants (Melbourne Code), Adopted by the Eigh 18th International Botanical Congress Melbourne, Australia, July 2011, Bratislava: International Association for Plant Taxonomy,
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Liens externes
- (fr) Référence Belles fleurs de France : Buddleja davidii
- (en) Référence Flora of China : Buddleja davidii
- (en) Référence Flora of Pakistan : Buddleja davidii
- (en) Référence Flora of Missouri : Buddleja davidii
- (en) Référence Catalogue of Life : Buddleja davidii Franch. (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Buddleja davidii Franch., 1887
- (en) Référence GISD : espÚce Buddleja davidii
- (fr) Référence INPN : Buddleja davidii Franch., 1887 (TAXREF)
- (fr+en) Référence ITIS : Buddleja davidii Franch.
- (en) Référence JSTOR Plants : Buddleja davidii Franch.
- (en) Référence NCBI : Buddleja davidii (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espÚce Buddleja davidii Franch.
Bibliographie
- R. Fitter, A. Fitter et M. Blamey, Guide des fleurs sauvages, Delachaux et Niestlé, Paris (1re éd. 1976), 7e éd. 2011, 352 p., p. 314 (ISBN 978-2-603-01638-1).