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Sphinx tĂȘte de mort

Acherontia atropos

Le Sphinx tĂȘte de mort (Acherontia atropos) est une espĂšce de lĂ©pidoptĂšres de la famille des Sphingidae. Principalement prĂ©sent en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, ce grand papillon migrateur est connu pour le motif de son thorax qui Ă©voque une tĂȘte de mort.

Description

Papillon

Comme tous les Sphingidae, l'imago du Sphinx tĂȘte de mort est un papillon au corps massif fusiforme, aux antennes plumeuses et aux ailes repliĂ©es Ă  plat en "toit" sur l'abdomen selon un angle caractĂ©ristique. L'adulte prĂ©sente une marque caractĂ©ristique rappelant la forme d'une tĂȘte de mort sur la partie dorsale du thorax densĂ©ment couvert de poils, alors que les segments de son abdomen, tout aussi poilus, sont noirs et jaunes Ă  la maniĂšre d'un gros frelon.

C'est le lĂ©pidoptĂšre europĂ©en le plus lourd (1,5 g pour une femelle adulte) et le plus grand que l'on puisse rencontrer en Europe aprĂšs le Grand Paon de nuit. Son corps mesure environ cm pour une envergure moyenne de 13 cm.

  • Sphinx "tĂȘte de mort" - ♀, vue dorsale - MHNT
    Sphinx "tĂȘte de mort" - ♀, vue dorsale - MHNT
  • Acherontia atropos  - ♀ △ - MusĂ©um de Toulouse
    Acherontia atropos - ♀ △ - MusĂ©um de Toulouse
  • Position physiologique Ă  terre
    Position physiologique Ă  terre
  • Marque dorsale - MHNT
    Marque dorsale - MHNT

Chenille et chrysalide

Les chenilles se distinguent par leurs V bleus dorsaux. Elles possĂšdent une corne (scolus) Ă  l'extrĂ©mitĂ© de l'abdomen, sur le huitiĂšme segment. Elles peuvent ĂȘtre de trois variĂ©tĂ©s chromatiques[1] :

  • La plus frĂ©quente est jaune citron Ă  jaune verdĂątre avec sept stries latĂ©rales obliques bleues soulignĂ©es de blanc sont de couleur vert bleu (Image 1).
  • Une autre est vert pĂąle avec les stries soulignĂ©es de jaunes (Image 2).
  • La derniĂšre est brune, la face dorsale du thorax est blanche et de nombreuses petites taches annulaires blanches. C'est la plus rare des formes (Image 3).

TrĂšs grosses, elles atteignent 15 cm de longueur, et consomment de juillet Ă  octobre diverses SolanacĂ©es, principalement le feuillage de la pomme de terre, oĂč de grosses crottes signent leur prĂ©sence. Elles s'enterrent, comme beaucoup de chenilles de la famille des sphingidĂ©s, pour se transformer en chrysalides dans le sol.

Les chenilles possĂšdent des soies minuscules et pratiquement invisibles.

La chrysalide est brun foncé tirant sur le rouge, avec un aspect laqué.

  • Variante chromatique jaune en stade terminal
    Variante chromatique jaune en stade terminal
  • Variante chromatique verte de la chenille en posture sphinx
    Variante chromatique verte de la chenille en posture sphinx
  • Variante chromatique gris turquoise
    Variante chromatique gris turquoise
  • Variante chromatique brune
    Variante chromatique brune
  • La chrysalide
    La chrysalide
  • Chenille
    Chenille

Biologie

AprĂšs leur arrivĂ©e en juin-juillet, les adultes migrateurs dĂ©posent leurs Ɠufs Ă  l'envers des feuilles de la plante choisie. AprĂšs vingt jours de croissance, pendant lesquels elle mue quatre fois, la chenille s'enterre, se transforme en chrysalide dans une chambre souterraine et ressort sous la forme d'adulte au bout d'une pĂ©riode variant de vingt jours Ă  deux mois.

Ce papillon, ainsi que plusieurs espĂšces voisines d'origine asiatique[2], est capable de produire un cri provenant du pharynx. Lorsqu'il est dĂ©rangĂ©, excitĂ© ou stressĂ© il produit un son, couinement, ou grincement[3], grĂące Ă  une petite lame situĂ©e Ă  l'entrĂ©e du pharynx de l'adulte et de la chenille. Cette lame vibre lorsque, saisi, l'animal expulse violemment de l'air. Le cri produit ressemble Ă  un couinement de souris et peut ĂȘtre audible jusqu'Ă  une quarantaine de mĂštres[4].

Remarque : un autre papillon sud-européen peut émettre des sons, mais pas par le pharynx : l'écaille pudique ou écaille tesselée, (Cymbalophora pudica Esper) : le mùle « cymbalise » en volant : il émet un bruit de crécelle produit par un appareil thoracique.

Le sphinx tĂȘte de mort est extrĂȘmement friand de miel. Il dĂ©tecte les ruches et pĂ©nĂštre Ă  l'intĂ©rieur par le trou d'envol. Bien protĂ©gĂ© par son pelage et ses Ă©cailles, insensible au venin, il est capable, en faisant vrombir ses ailes, de se dĂ©barrasser des abeilles qui dĂ©fendent leur ruche. N'Ă©tant que peu inquiĂ©tĂ© par elles, d'aucuns supposent que le Sphinx tĂȘte de mort dispose d'une immunitĂ© olfactive vis-Ă -vis des abeilles[1]. Ayant atteint les rayons de miel, il perce sans difficultĂ© les opercules des alvĂ©oles pleines Ă  l'aide de sa trompe courte et solide. Cependant, gorgĂ© de miel, il lui arrive parfois d'ĂȘtre incapable de ressortir de la ruche et de finir Ă©touffĂ© par une grappe compacte d'abeilles. Le cadavre est alors recouvert de propolis pour Ă©viter la dĂ©composition.
Il butine aussi certaines fleurs, comme les fleurs de jasmin[4].

PĂ©riode de vol

Les imagos volent en Europe en deux générations d'avril à août.

C'est un papillon migrateur sur de longues distances.

Plantes hĂŽtes

Ses plantes hÎtes sont principalement des Solanacées tels que Solanum tuberosum, Solanum dulcamara, Atropa belladonna, Nicotiana, Datura, Lycium, et diverses autres tels que Cannabis, Philadelphus, Nerium, Olea[5], Ligustrum, une cinquantaine d'espÚces[4].

Distribution géographique

En rouge : Lieu de résidence. En orange : Lieu de migration

Il est résident en Afrique, Asie Mineure et migrateur en Europe[5]. Cette espÚce vit et hiberne dans le sud du bassin méditerranéen et en Afrique et dans une partie de l'Asie. Elle migre au début de l'été en Europe et peut remonter jusqu'au sud de la Scandinavie ou en Islande, mais ce papillon est devenu trÚs rare dans les zones urbanisées ou d'agriculture intensive.

Les adultes émergent en septembre-octobre avant de prendre leur envol pour migrer vers le Sud. Cette espÚce est présente mais en régression sur l'ßle de La Réunion. En 2003, pendant la canicule en France, on en trouvait dans des jardins, dans toutes les régions, inadaptés dans leur milieu[6].

En France mĂ©tropolitaine, il peut ĂȘtre observĂ© en tant que migrateur dans presque tous les dĂ©partements[7].

Systématique

L'espÚce Acherontia atropos a été décrite pour la premiÚre fois par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, sous le nom initial de Sphinx atropos [8] Le terme Acherontia fait référence à l'Achéron de la mythologie grecque, l'un des fleuves de l'enfer qu'il fallait traverser pour atteindre le séjour des morts. Atropos est le nom d'une des trois Parques, celle chargée de couper le fil de la vie[4].

Il s'agit de l'espĂšce type pour le genre Acherontia.

Synonymie

Plusieurs espĂšces portent un nom similaire[5] :

  • Sphinx atropos Linnaeus, 1758 protonyme
  • Acherontia solani Oken, 1815 [9]
  • Acherontia sculda Kirby, 1877[10]
  • Acherontia atropos conjuncta Tutt, 1904
  • Acherontia atropos extensa Tutt, 1904
  • Acherontia atropos flavescens Tutt, 1904
  • Acherontia atropos imperfecta Tutt, 1904
  • Acherontia atropos intermedia Tutt, 1904
  • Acherontia atropos obsoleta Tutt, 1904
  • Acherontia atropos suffusa Tutt, 1904
  • Acherontia atropos variegata Tutt, 1904
  • Acherontia atropos virgata Tutt, 1904
  • Acherontia atropos violacea Lambillion, 1905
  • Acherontia atropos charon Closs, 1910
  • Acherontia atropos diluta Closs, 1911
  • Acherontia atropos obscurata Closs, 1917
  • Acherontia atropos myosotis Schawerda, 1919
  • Acherontia atropos confluens Dannehl, 1925
  • Acherontia atropos moira Dannehl, 1925
  • Acherontia atropos pulverata Cockayne, 1953
  • Acherontia atropos radiata Cockayne, 1953
  • Acherontia atropos griseofasciata Lempke, 1959

Noms vernaculaires

Le Sphinx tĂȘte de mort se nomme Death's Head Hawk-moth en anglais, TotenkopfschwĂ€rmer en allemand et Calavera, Cabeza de Muerto ou Mariposa de la Muerta en espagnol.

Le terme « sphinx » fait rĂ©fĂ©rence au fait que la chenille, capable de relever la tĂȘte, a alors une posture prĂ©sentant une faible ressemblance avec celle du sphinx grec ou Ă©gyptien[4].

L'expression « tĂȘte de mort » est une allusion directe au dessin portĂ© par la face supĂ©rieure du thorax de l'insecte.

Le Sphinx tĂȘte de mort et l'Homme

Protection

Pas de statut de protection particulier.

Le Sphinx tĂȘte de mort dans la culture

Cette espĂšce est prĂ©sente sur l'affiche du film amĂ©ricain Le Silence des agneaux (avec Anthony Hopkins et Jodie Foster), ayant un sens particulier dans l'enquĂȘte sur la sĂ©rie de meurtres, de par son lien avec le suspect.

Il apparaßt dans le film surréaliste Un chien Andalou de Bunuel, sorti en 1929.

Dans la série de livres A comme Association de Pierre Bottero et Erik L'homme, le personnage de Sphinx est nommé ainsi à cause de sa passion pour ces insectes.

Dans le livre L'effet Papillon de Jussi Adler Olsen ,sorti en 2004, il est aussi omniprésent.

Dans le roman Les intermittences de la mort, de José Saramago, il apparaßt un peu avant la "lettre rose" envoyée par la poste - par la mort en personne - à ceux qu'elle a choisis.

On le retrouve dans la nouvelle Le Sphinx d'Edgar Allan Poe et dans la nouvelle Le Papillon de la mort de Maurice Renard.

August Strindberg le dramaturge suedois lui consacre un chapitre dans son livre recit autobiographique Inferno.

Le groupe de thrash metal Death Angel a utilisĂ© une version stylisĂ©e d'un sphinx Ă  tĂȘte de mort pour illustrer la pochette de son album The Evil Divide (2016)[11].

Le Sphinx tĂȘte de mort joue aussi un rĂŽle majeur dans le roman Deuils de miel de Franck Thilliez.

Il est citĂ© comme une rĂ©compense, une apparition offerte par le comte, dĂ©sirĂ©e ĂȘtre ingĂ©rĂ©e par R. M. Renfield dans le roman Ă©pistolaire Dracula
de Bram Stoker.

Notes et références

  1. Heiko Bellmann, Quel est donc ce papillon ?, Nathan, 2006 p 96
  2. Danesch, Othmar Papillons nocturnes, 1971, Paris, Hatier pour le texte français, 256 p., p.93
  3. « Le Sphinx tĂȘte de mort (Acherontia atropos), biologie et dĂ©veloppement; », sur insectes-net.fr (consultĂ© le ).
  4. Dourlot S. Petite collection d'insectes de nos régions, p 22, Paris, Larousse 2008, (ISBN 978-2-03-583816-2)
  5. funet
  6. « Abonnement Le Monde : toutes nos formules et offres », sur Le Monde.fr (consulté le ).
  7. LĂ©pi'Net.
  8. Linnaeus, 1758; Syst. Nat. (Edn 10) 1 : 490
  9. Oken, 1815; Lehrbuch Naturgesch. 3 (Zool.) (1): 762
  10. Kirby, 1877; Trans. ent. Soc. Lond. 1877 : 242
  11. « Death Angel - The Evil Divide », sur RADIO METAL, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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