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TĂȘte de mort

La tĂȘte de mort (☠) est un symbole qui reprĂ©sente un crĂąne humain recouvrant ou surmontant, selon les cas, une paire de tibias. Son utilisation rappelle aux humains le caractĂšre inĂ©vitable de la mort. Aussi terrifiante que fascinante, la tĂȘte de mort est souvent associĂ©e Ă  l'expression latine « memento mori », laquelle signifie « rappelle-toi que tu vas mourir ».

TĂȘte de mort
Image du caractĂšre
Unicode
Code U+2620


On l'associe le plus généralement à la piraterie ou la toxicité, en revanche ce symbole est aussi présent dans de nombreux autres domaines comme la religion, la politique, l'art, la mode, le tatouage ou encore la musique...

AssociĂ©e Ă  la Mort et aux vanitĂ©s humaines, la symbolique du crĂąne trouve racine dĂšs l'antiquitĂ© et continue de susciter l'intĂ©rĂȘt dans nos sociĂ©tĂ©s contemporaines.

Historique

Ce symbole semble trouver ses origines au Moyen Âge, au temps des Croisades, sur les armures ou Ă©quipements militaires, utilisĂ©s par certaines armĂ©es europĂ©ennes. En effet, la tĂȘte de mort Ă©tait un symbole populaire qui annonçait aux ennemis et aux populations que l'armĂ©e qui l'arbore, prĂ©voyait sa victoire sans craindre sa propre mort ou celle d'autrui, comme sacrifice pour vaincre. Annonciateur de terreur, les batailles se suivaient d'expositions de crĂąnes dans les lieux publics pour rappeler le triomphe et effrayer les villes voisines. Le symbole est par exemple utilisĂ© par la Compagnie de la Mort italienne dĂšs le XIIe siĂšcle.

Jolly Roger - drapeau pirate

Certains historiens font remonter l'origine de ce symbole à la suppression de l'ordre du Temple, au début du XIVe siÚcle, lorsqu'une partie de la flotte de l'ordre du Temple serait devenue une force navale clandestine, cherchant vengeance. Ces navires portant le pavillon Jolly Roger, auraient ainsi considérablement fait augmenter la piraterie à cette époque, en Atlantique, Manche, Mer du Nord et Méditerranée[1].

Ce pavillon aurait pour origine Roger II de Sicile (1095 - 1154), lui-mĂȘme surnommĂ© « Jolly Roger » : celui-ci l'aurait hissĂ© lors du schisme Anaclet II (anti-pape) / Innocent II, et de son combat contre les forces papales. Il aurait ensuite Ă©tĂ© dĂ©signĂ© patron de La flotte de l'ordre du Temple par les capitaines de navires templiers qui seraient parvenus Ă  Ă©chapper Ă  la dissolution de l'Ordre, en signe de rĂ©volte contre Rome. Ne pouvant plus porter le pavillon templier, ceux-ci auraient hissĂ© le Jolly Roger lorsqu'ils croisaient les navires français, anglais ou de la papautĂ©[2].

Plus tard, lors de la recherche de la Route des Indes par les navigateurs europĂ©ens, la piraterie s'est Ă  nouveau fortement dĂ©veloppĂ©e. La tĂȘte de mort sera utilisĂ©e par les pirates au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle sur leur pavillon (baptisĂ© « Jolly Roger » chez les anglo-saxons). Pour ĂȘtre craints des autres navires et annoncer le combat, les pirates Ă©tendaient alors des drapeaux noirs avec une tĂȘte de mort blanche pour semer la terreur sur les mers en tuant les Ă©quipages et en s'appropriant les navires et les richesses qu'ils contenaient.

Le symbole, sous le nom allemand de totenkopf, est arboré par un ordre de chevalerie au XVIIe siÚcle[3] puis des unités de hussards au XVIIIe siÚcle, en particulier le 5e régiment puis la Légion noire, et repris par les Hussards de la Mort de la Révolution française et les hussards d'Alexandria russes. Il perdurera avec les freikorps et les unités blindés de la Wehrmacht. Le totenkopf sera utilisé aussi comme emblÚme nazi, en particulier pour la SS.

Il est utilisé aussi par des militaires comme emblÚme personnel - le plus célÚbre étant l'aviateur Charles Nungesser - ou par de nombreuses formations (voir en:Totenkopf#Non-German_military), telles le 17th Lancers (en), le Détachement léger no 4 finlandais, les « Vengeurs de la Mort » de la Commune de Paris[4], le Kampfgeschwader 54 ou les Mousquetaires du Duce (it) et autres unités fascistes. Durant la Guerre civile russe, diverses entités usÚrent du symbole, telles l'Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne et son « Territoire libre » ou le détachement de choc de Lavr Kornilov.

Au sein de l'USAF, la tĂȘte de mort est l'emblĂšme de la cĂ©lĂšbre escadrille d'attaque 103 (VFA-103) dont les membres sont d'ailleurs surnommĂ©s les « Jolly Rogers ».

Religions et croyances

Le crĂąne

L'importance du crùne tient à la représentation de cette partie du corps dans de nombreuses légendes européennes et asiatiques. La représentation macrocosmique de l'Homme compare son crùne, protecteur de l'ùme, à la voute céleste, domaine des dieux. Par exemple dans le Grimnismal islandais, le crùne du géant Ymir devient à sa mort la voute du ciel.

Dans la civilisation maya en Amérique, qui trouve son origine dÚs la Préhistoire, la croyance en dieux se décompose en deux catégories, selon une distinction binaire entre le bien et le mal. L'une est associée au jour et au ciel comprenant 13 divinités et l'autre est liée au monde souterrain comptant 9 dieux appelés "les seigneurs de la nuit" parmi lesquels nous retrouvons le dieu de la mort représenté par un squelette au crùne terrifiant.

En Asie, nous retrouvons la symbolique du crĂąne dans le bouddhisme et l'hindouisme Ă  travers leur art religieux. En effet la reprĂ©sentation du seigneur de la mort chez les bouddhistes, nommĂ© Yama, possĂšde cinq crĂąnes autour de sa tĂȘte, tels une couronne qui indique une victoire sur cinq dĂ©fauts : la haine, la cupiditĂ©, l'orgueil, l'envie et l'ignorance. D'autre part dans la religion hindoue Kali la dĂ©esse de la mort est parĂ©e d'un collier de crĂąnes.

Dans la culture chrĂ©tienne la fatalitĂ© morbide du crĂąne est nuancĂ©e par la foi envers l'au-delĂ  et d'une vie aprĂšs la mort. La conception biblique du crĂąne est illustrĂ©e par le Golgotha aussi surnommĂ© le "mont du crĂąne" oĂč serait enterrĂ© Adam, son crĂąne et ses tibias Ă©tant reprĂ©sentĂ©s au pied de la croix de JĂ©sus. Un arbre pourrait pousser sur ce crĂąne, un arbre de vie qui permet de comparer JĂ©sus Ă  un Adam renaissant.

Les Calaveras au Mexique

Calavera mexicaine

Le crĂąne[5] - [6] est donc un symbole fort et durable dans les religions et croyances du monde entier depuis des millĂ©naires. En revanche la spĂ©cificitĂ© de la tĂȘte de mort en tant que symbole religieux est associĂ© surtout aux Calaveras de la Catrina.

Lors de la fĂȘte des morts ou « dia de los muertos », les femmes mexicaines ont pour tradition de se maquiller en tĂȘte de mort colorĂ©e et festive. Cette coutume est nĂ©e en 1912 lorsque JosĂ© Guadalupe Posada crĂ©a ce visuel pour rappeler aux classes supĂ©rieures, l'importance des coutumes locales . Cette fĂȘte a pour but de rassembler les gens autour d'une fatalitĂ© commune qu'est la mort, dans une ambiance festive. On peut trouver des tĂȘtes de mort ornĂ©es de sombrero, de joyaux ou de plumes, des crĂąnes en sucre ou en chocolat et les familles ont pour habitude d'aller manger sur les tombes de leurs proches. Ce jour Ă©tant une cĂ©lĂ©bration Ă  la fois des morts et de la vie.

À la fois terrifiant et Ă©lĂ©gant, la calavera est devenue une mode internationale, utilisĂ©e en guise de dĂ©guisement pour la fĂȘte d'Halloween notamment. Autre dĂ©rive, on retrouve cette esthĂ©tique dans le logo de la cĂ©lĂšbre marque de boissons Cubanisto, inspirĂ© du masque de fĂȘte cubain.

Art

La tĂȘte de mort est illustrĂ©e depuis le Moyen Âge dans de nombreuses Ɠuvres d’art. UtilisĂ© tout d’abord comme forme de salut dans les peintures religieuses, le crĂąne symbolisera ensuite l’importance et la vertu des papes ou cardinaux. L’art classique placera ce symbole au centre de ses chefs-d’Ɠuvre avec la volontĂ© de souligner le temps qui passe et d’accorder une place importante Ă  la derniĂšre phase de la vie, la mort, avant l'au-delĂ .

Plus tard, de nombreux peintres comme Dali, Braque ou Picasso utiliseront ce crùne humain surmonté de deux tibias dans des natures mortes, des tableaux, des gravures ou encore des sculptures.

L’art contemporain va trouver dans la tĂȘte de mort une abondante inspiration. L’imagerie sombre de ce symbole va ĂȘtre mĂȘlĂ©e Ă  l’univers du strass et d’inĂ©dites productions vont naitre au caractĂšre engageant. Damien Hirst par exemple crĂ©a un sac en forme de crĂąne recouvert de strass. On peut Ă©galement citer les travaux de l'artiste amĂ©ricain Jean-Michel Basquiat, avec ses Ɠuvres prĂ©sentant une tĂȘte de mort couronnĂ©e, aux yeux rouges, dans les annĂ©es 1980.

Mode et esthétique

Mode gothique / symbole fantaisie

Dans le milieu de la mode on associe surtout le dessin de tĂȘte de mort aux tendances gothiques. Cette utilisation appuie une expression de rĂ©bellion mais Ă  la fois de culte et de mysticisme. Sur les bijoux, bandanas ou tee-shirts, la tĂȘte de mort fut en partie dĂ©mocratisĂ©e dans ce milieu par l'impact des rockeurs qui arborent ce symbole sur scĂšne, dans leurs tenues, accessoires et sur leurs pochettes d'albums.

L'impact des gangs de motards ou bikers est Ă©galement fort pour cette esthĂ©tique. Cet emblĂšme est liĂ© Ă  leur goĂ»t du risque et du danger, en ayant pour philosophie de vivre au maximum jusqu'Ă  ce que la mort vienne les chercher. Se tatouer une tĂȘte de mort ou en porter sur ses vĂȘtements et accessoires s'apparente mĂȘme Ă  une sorte de talisman qui les protĂšgerait de la mort. C'est pourquoi la tĂȘte de mort est frĂ©quemment utilisĂ©e en guise de logo pour ces gangs comme les cĂ©lĂšbres Hell's angels qui semaient la terreur sur les routes dans les annĂ©es 1950, dont le logo est une tĂȘte de mort portant un casque ailĂ©.

Ce nouveau gout pour la tĂȘte de mort touche donc d'abord les jeunes, mais les grandes marques de prĂȘt Ă  porter comme Dior, Alexander McQueen (portĂ© par Kate Moss), Diesel, Fendi et encore Philipp Plein ont utilisĂ© cette tendance pour atteindre un grand public en dĂ©dramatisant l'aspect morbide de ce symbole pour le transformer en motif tendance et fantaisie. Aussi prĂ©sente sur les sacs, les sous-vĂȘtements, les chaussures ou sur des Ă©lĂ©ments de dĂ©coration, la tĂȘte de mort est devenue glamour et tendance.

Le tatouage

La symbolique du crĂąne est trĂšs prĂ©sente dans les tatouages. ApprĂ©ciĂ© pour son cĂŽtĂ© effrayant, provocateur et rappelant le danger, le tatouage de tĂȘte de mort se dĂ©cline sous divers styles et Ă  diffĂ©rents emplacements sur le corps des sujets. Le choix d’inscrire sur son corps de maniĂšre indĂ©lĂ©bile ce symbole peut ĂȘtre tout d’abord un signe d’acceptation de la mort, face Ă  ce que la plupart des gens considĂšrent comme tabou, les tatouĂ©s chassent leur propre peur et se prĂ©parent Ă  cette fin de vie. Les gangs de motards le portent trĂšs souvent.

Sinon, ce tatouage peut aussi ĂȘtre utilisĂ© comme signe de vie ou de rĂ©bellion lorsque celui est agrĂ©mentĂ© de flammes ou autres motifs. Nous pouvons reprendre ici l’exemple de crĂąne mexicain : les calaveras. Image trĂšs en vogue, de nombreuses cĂ©lĂ©britĂ©s l'on inscrit sur leur peau comme Chris Brown, Rihanna ou encore Johnny Depp, des figures qui influencent les jeunes gĂ©nĂ©rations et lancent des effets de mode en dĂ©mocratisant cette pratique et esthĂ©tique.

Autres références

Marque dorsale du sphinx tĂȘte de mort - MHNT

Dans Harry Potter, la Marque des TĂ©nĂšbres est un symbole en forme de tĂȘte de mort avec un serpent sortant de la bouche.

C'est l'emblĂšme officiel et le symbole des basejumpeurs[7].

Chez les francs-maçons, il s'agit du symbole pour représenter le passage de la vie à la mort.

Unicode utilise U+2620 ☠ tĂȘte de mort (HTML : ☠) pour ce symbole.

Le sphinx tĂȘte de mort est un papillon connu pour le motif de son thorax qui Ă©voque une tĂȘte de mort.

Logo substance toxique

Ce symbole est utilisé pour mettre en garde contre les substances létales (pouvant entraßner la mort).

Galerie

  • Jolly Roger, drapeau traditionnel des pirates
    Jolly Roger, drapeau traditionnel des pirates
  • Symbole de danger chimique pour « Produit Toxique, T »
    Symbole de danger chimique pour « Produit Toxique, T »
  • Autre disposition du symbole de danger
    Autre disposition du symbole de danger

Notes et références

  1. Hatcher Childress 2003, p. 57
  2. Hatcher Childress 2003, p. 58-61
  3. Ordre Ă©questre de la TĂȘte-de-Mort
  4. Draner, « 1870-1871. Guerre et Commune. Gardes nationaux volontaires, gardes mobiles... », sur BNF Gallica, Vue 20
  5. « Motifs crane de mort », sur Présentation des différents types des cranes de mort et la culture de cette cérémonie dans le monde.
  6. « tĂȘte de mort mexicaine », sur la genĂšse de la tĂȘte de mort mexicaine
  7. Site de la FBA (French BASE association)

Bibliographie

  • (en) David Hatcher Childress, Pirates and the Lost Templar Fleet: The Secret Naval War Between the Knights Templar and the Vatican, Adventures Unlimited Press, , 288 p. (lire en ligne)

Annexes

Articles connexes

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