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Vesse-de-loup géante

Calvatia gigantea

La Vesse-de-loup gĂ©ante (Calvatia gigantea), appelĂ©e aussi Lycoperdon gĂ©ant, Boviste gĂ©ant ou TĂŞte de mort[1], est une spectaculaire espèce de champignon de la famille des Agaricaceae. Il se prĂ©sente sous forme d'une boule blanche qui peut atteindre ou dĂ©passer la taille d'un ballon de football. D'après la documentation scientifique de Helmut et Renate GrĂĽner (Ă©d. Solar), son poids peut atteindre jusqu'Ă  20 voire 25 kg pour une taille d'un mètre de haut.
Il est considéré comme assez rare, ce qui ne l'empêche pas de se développer parfois en groupes impressionnants dans certaines prairies ou sous-bois.

Jeune, il est comestible. La façon la plus simple de le préparer est d'en couper quelques tranches, qu'on fait cuire à la poêle comme des escalopes de veau.

Taxonomie

Calvatia gigantea (Batsch) Lloyd 1904

Synonymes

  • Bovista gigantea (Batsch) Gray 1821
  • Langermannia gigantea (Batsch) Rostk. 1839
  • Lasiosphaera gigantea (Batsch) F. Ĺ marda 1958
  • Lycoperdon giganteum Batsch 1786

Description

Le sporophore globuleux sans stipe peut être important, présentant des spécimens qui peuvent atteindre 80 centimètres de diamètre et un poids de 20 kg (plus pour des spécimens cultivés).
Sa croissance est rapide, parfois en une seule nuit[2]. Elle peut produire 5 000 milliards de spores[3] (5,1 1012 basidiospores pour un corps de 38 x 37 x 22 cm).

Habitat

La vesse-de-loup géante affectionne les prairies enrichies par des matières fécales fraîches, comme celles de ruminants ou de gallinacés.

Odeur

Jeune, il exhale comme une odeur de farine fraîche.

Comestibilité et gastronomie

Jeune et tant que sa chair est bien blanche, il est comestible (cru ou cuit). On peut le poêler en tranches ou en cubes, on peut le paner à la manière d'une escalope et même le griller. Il peut aussi être mangé cru en salade, découpé et saupoudré d'un peu de sel et de citron, après 2 heures de macération environ[2].

Comme tous les champignons, il est très peu calorique et contient beaucoup de fibres, c'est de ce point de vue un bon aliment en cas de régime. Mais comme beaucoup de champignons sauvages, il contient également des toxines en faible quantité et peut fixer certains métaux très toxiques (dont mercure et méthylmercure par exemple[4]) et il est donc déconseillé d'en manger de grandes quantités ou plusieurs fois par semaine. Il bioaccumule particulièrement bien le mercure avec des teneurs atteignant jusqu'à 19,7 ppm en poids sec mesurées lors d'une étude qui a analysé des échantillons de 32 espèces de champignons prélevés sur des sols scandinaves a priori non pollués[4].

Par rapport à d'autres espèces (agarics par exemple), il semble moins bioaccumuler le méthylmercure que le mercure (dans les agarics, très bioaccumulateurs de mercure et méthylmercure, sur sol non-pollué on peut trouver 20 à 50 fois plus de mercure que dans le sol environnant[4]).

Culture

Ce champignon est encore mal connu et n'est pas encore réellement cultivé mais comme il revient régulièrement sur certains sols, certains agriculteurs se plaisent à les fertiliser afin de favoriser leur croissance[5].

Histoire

Jadis, on avait fort peur des champignons et on Ă©vitait d'en manger. On s'en servait donc comme pour l'amadou, d'allume-feu ou en fumigation pour calmer les abeilles.

Utilisations effectives ou envisagées

  • GĂ©nie gĂ©nĂ©tique & biotechnologies : Cette espèce intĂ©resse certains gĂ©nĂ©ticiens par sa taille et sa capacitĂ© Ă  produire de la lipase extracellulaire [6] qui a justifiĂ© son Ă©tude approfondie et une utilisation Ă©ventuelle pour le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique. On a ainsi montrĂ© que sur un milieu de culture optimisĂ© pour le carbone et les nitrates, le pH initial et la tempĂ©rature du milieu de culture, la production de lipase peut ĂŞtre augmentĂ©e de 87 % pour atteindre 22,4 unitĂ©s/ml de culture[6], ce qui le rend complĂ©tif avec les autres moyens de produire la lipase[6]. La lipase produite par ce champignon est active Ă  un pH neutre (7.0) t Ă  30 °C avec dans ces conditions une demi-vie Ă  pH neutre de 75,7 minutes Ă  45 °C et 22,9 minutes Ă  55 °C[6].
    En présence d'amidon dans le milieu de culture, il excrète aussi de une amylase (alfa-Amylase (EC 3.2.1.1)[7] - [8].
  • Épuration : Cette espèce produit aussi une enzyme dĂ©gradant la catĂ©chine[9] ; deux formes isomĂ©triques en ont Ă©tĂ© identifiĂ©es. Ce système enzymatique qui Ă©tait inconnu lui permet de dĂ©grader les tanins hydrolysables et condensĂ©s, et des composĂ©s phĂ©noliques simples (Ă  pH 7,5-8,0 et 40-45 °C ; Ce champignon pourrait donc ĂŞtre utilisĂ© pour biodĂ©grader certains composĂ©s phĂ©noliques et polyphĂ©noliques toxiques (frĂ©quents dans certains effluents industriels ou sur certains types de friches industrielles polluĂ©es) et les tanins condensĂ©s[10].
  • Pharmacologie : Des recherches semblent indiquer que Calvacia gigantea[11] contient de la calvacine, un anti-cancĂ©reux[12] - [13].
  • Il a Ă©tĂ© testĂ© pour la production de protĂ©ines microbiennes et l'Ă©puration conjointe de dĂ©chets et effluents de brasseries[14].

Localisation

Actuellement, on le retrouve en Europe occidentale et centrale, aussi en Amérique du Nord.

Galerie

  • Vesse-de-loup gĂ©ante photographiĂ©e dans la rĂ©gion de Belgorod (Russie)
    Vesse-de-loup géante photographiée dans la région de Belgorod (Russie)
  • Calvatia gigantea
    Calvatia gigantea
  • Vesse gĂ©ante
    Vesse géante
  • SpĂ©cimen d'une trentaine de cm pour 1,650 kg rĂ©coltĂ© Ă  Quenast, Belgique
    SpĂ©cimen d'une trentaine de cm pour 1,650 kg rĂ©coltĂ© Ă  Quenast, Belgique
  • Le spĂ©cimen de Quenast, amputĂ© d'un quart, observez l'homogĂ©nĂ©itĂ© de l'intĂ©rieur et le pied atrophiĂ©
    Le spécimen de Quenast, amputé d'un quart, observez l'homogénéité de l'intérieur et le pied atrophié

Notes et références

  1. Vesse-de-loup géante page 183 dans Karine Balzeau et Philippe Joly, A la recherche des champignons - 2e. éd.: Un guide de terrain pour comprendre la nature - Champignons de nos forêts, sachez les reconnaître, collection L'amateur de nature, éditions Dunod, 2014.
  2. Le grand guide des champignons, pp204, Sand juin 2003, (ISBN 2-7107-0709-8)
  3. Dewei Li, « Five trillion basidiospores in a fruiting body of Calvatia gigantea », Mycosphere (The Connecticut Agricultural Experiment Station, Valley Laboratory, 153 Cook Hill Road, Windsor, CT 06095, USA),‎ (lire en ligne)
  4. T.; Roschnik, R Stijve, Mercury and methyl mercury content of different species of fungi. 1976-04-01 ; 974 AD ; Control Lab. of Nestle Products Tech. Assistance Co. Ltd., La Tour-de-Peilz, Switzerland SO Mitteilungen aus dem Gebiete der Lebensmitteluntersuchung und Hygiene 65 (2) 209-220 ; 16 ref.
  5. Un champignon de 5 Kg ? Petit joueur !
  6. Dimitris Papaparaskevas, Paul Christakopoulos, Dimitris Kekos and Basil J. Macris, Optimizing production of extracellular lipase fromRhodotorula glutinis ; Biotechnology Letters, 1992, Volume 14, Number 5, Pages 397-402 (Résumé)
  7. D. Kekos et B. J. Macris, Production and Characterization of Amylase from Calvatia gigantea ; Applied and environmental microbiologie, Mar. 1983, p. 935-941 0099-2240/83/030935-07$02.00/0 Copyright 0 1983, American Society for Microbiology Vol. 45, No. 3
  8. D. Kekos, M. Galiotou-Panayotou and B. J. Macris, Biotechnology Some nutritional factors affecting α-amylase production by Calvatia gigantea ; Applied Microbiology and Biotechnology Volume 26, Number 6 (1987), 527-530, DOI: 10.1007/BF00253026
  9. M. Galiotou-Panayotou, P. Rodis, B. J. Macris and D. Stathakos, Biotechnology Purification of a novel enzyme involved in catechin degradation by Calvatia gigantea ; Applied Microbiology and Biotechnology Volume 28, Number 6 (1988), 543-545, DOI: 10.1007/BF00250409 (Résumé)
  10. M. Galiotou-Panayotou and B. J. Macris, Short contribution Degradation of condensed tannins by Calvatia gigantea ; Applied Microbiology and Biotechnology Volume 23, Number 6 (1986), 502-506, DOI: 10.1007/BF02346069
  11. vesse-de-loup géante
  12. (en) Calvacine
  13. (en) "Calvacine is a basic glycoprotein isola- ted from the edible giant puffball"
  14. Shannon, L. J. and Stevenson, K. E. (1975), Growth of Calvatia gigantea and Candida steatolytica Ib brewery wastes for microbial protein production and BOD reduction. Journal of Food Science, 40: 830–832. doi: 10.1111/j.1365-2621.1975.tb00568.x

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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