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Ordre de chevalerie

Les ordres de chevalerie apparaissent au XIVe siècle. S'ils affirment dans leurs statuts leur volonté de régénérer la chevalerie ou plutôt l'esprit chevaleresque, leur création s'explique aussi par des raisons politiques. Beaucoup d'ordres disparurent rapidement, mais certains encore en vigueur, ne doivent pas être confondus avec les créations, au XIXe siècle principalement, de pseudo-ordres, dits ordres de fantaisie.

Collection historique des ordres de chevalerie, 1820.

Historique

Malgré l'apparition d'ordres imaginaires tels qu'un prétendu ordre de la Sainte-Ampoule que Clovis aurait fondé en 496, les ordres de chevalerie sont un phénomène de la fin du Moyen Âge. Ils s'inscrivent en partie dans la succession des ordres militaires apparus lors des Croisades et de la Reconquista, il s'agissait alors d'ordres de moines-soldats.

Il faut constater plusieurs Ă©tapes pour aboutir aux ordres de chevalerie :

  • les ribats et les hermangildas. C'est en Espagne qu'apparaissent les premiers ordres laĂŻcs, aussi prĂ©curseurs des ordres militaires donc des ordres de chevalerie, ce sont les hermangildas, groupes de paysans, inspirĂ©s des ribats, qui s'engagent par serment Ă  protĂ©ger les chrĂ©tiens[1];
  • les milices. Avant ces ordres militaires, il faut peut ĂŞtre rechercher la crĂ©ation du « moine-soldat » dans les Chevaliers de Saint-Pierre (milites Sancti Petri), milice crĂ©Ă©e en 1053 par le pape LĂ©on IX pour lutter contre les Normands d'Italie du Sud, Ă  la bataille de Civitate[2] ou dans la mise en place de l'ordre canonial rĂ©gulier du Saint-SĂ©pulcre, après la prise de JĂ©rusalem en 1099, par Godefroy de Bouillon ;
  • les ordres militaires. Le XIIe siècle avec l'ordre du Temple (1129) voit la crĂ©ation du premier ordre militaire[3] motivĂ© par la guerre sainte en terre sainte avec l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem (1113)[4]. Jusque-lĂ , le chevalier n'Ă©tait qu'un mercenaire, ce sont eux qui créèrent le chevalier et lui donnèrent ses lettres de noblesse en lui faisant prĂŞter des vĹ“ux religieux. Le mouvement trouve sa place en Occident avec la Reconquista ;
  • la chevalerie. Le dĂ©veloppement de la chevalerie rĂ©pond Ă  une exigence politique. La vassalitĂ© avait perdu son aspect exclusif et malgrĂ© une tentative de renouveau avec l'hommage lige, beaucoup de seigneurs Ă©taient vassaux de plusieurs suzerains. La chevalerie rĂ©tablissait une fidĂ©litĂ© envers un suzerain. Ă€ cette Ă©poque l'exigence d'ĂŞtre noble n'Ă©tait pas une caractĂ©ristique de la chevalerie car c'est la noblesse de comportement du chevalier qui induira le statut de noble et de la noblesse[5].
    L'amour courtois largement développé à partir du XIIe siècle par les troubadours va populariser l'esprit chevaleresque. Illustré à l'exemple du cycle arthurien des Chevaliers de la Table ronde, ils aidèrent à former une « mythologie[6] » ;
  • Les ordres de chevalerie. Leur crĂ©ation, au XIVe siècle, Ă  la suite logique de la chevalerie rĂ©pond Ă©galement Ă  une exigence politique d'organisation et de subordination. Pour se lier la nouvelle noblesse, les statuts des ordres de chevalerie rĂ©tablissaient une fidĂ©litĂ© exclusive envers le grand maĂ®tre, qui est toujours le prince crĂ©ateur de l'ordre ou l'un de ses successeurs dĂ©signĂ©s.

Une grande partie des ordres de chevalerie est éteinte, en raison même des circonstances qui déterminèrent leur création et qui ont cessé d'exister. D'autres, au contraire, sont arrivés jusqu'à nous, dépouillés seulement des formes qui n'étaient plus en harmonie avec les mœurs, les usages et les coutumes de notre société. Plusieurs ordres de chevalerie ont évolué vers une fonction d'ordre honorifique, sans pour autant modifier leur structure.

Ces ordres de chevalerie donneront naissance Ă  quatre nouveaux types d'ordres :

  • Les ordres honorifiques. Sur le modèle des ordres de chevalerie, les souverains europĂ©ens, ou des entitĂ©s Ă©tatiques, mirent en place des ordres honorifiques Ă  partir du XVIIe siècle. Bien que ces nouveaux ordres soient des corps auxquels les nouveaux membres doivent s’agrĂ©ger, d’oĂą le nom d’ordre, ils se distinguent des ordres de chevaleries par plusieurs caractĂ©ristiques : ils sont hiĂ©rarchisĂ©s en plusieurs classes (alors que les ordres de chevalerie n’ont qu’une seule classe), ne rĂ©compensent pas uniquement les nobles et ont souvent un champ de spĂ©cialisation, honorant les militaires ou les diplomates… ou encore plus simplement les personnes civiles en vertu de leurs mĂ©rites.
  • Les ordres dynastiques. C'est une organisation de personnes distinguĂ©es anciennement par une entitĂ© Ă©tatique et relevant ensuite d'un prĂ©tendant dynastique officiellement reconnu qui fait perdurer l'Ordre.
  • Les ordres distinctifs. Ce sont des organisations de personnes distinguĂ©es pour leurs actions par une entitĂ© non Ă©tatique mais tolĂ©rĂ© par cette entitĂ© Ă©tatique.
  • Les ordres de fantaisie. Le XIXe siècle est marquĂ© par la crĂ©ation de pseudo-ordres de chevalerie se rĂ©clamant sans raison d'un illustre ordre de chevalerie historique.

Date d'apparitions des différents ordres

Notes et références

  1. Desmond Seward (2008) Les Chevaliers de Dieu, Les ordres religieux militaires du Moyen Ă‚ge Ă  nos jours, Perrin, Paris, p. 131
  2. A. Demurger (2005) p. 25
  3. Alain Demurger (2008) p. 28
  4. Alain Demurger (2013) p. 58 et p. 61
  5. Alain Demurger, Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils, Seuil, 2009
  6. David Hult, 'Gaston Paris and the invention of courtly love', in R. Howard Bloch and Stephen G. Nichols (Ă©d.), Medievalism and the Modernist Temper, Baltimore, 1996, p. 192-224

Bibliographie

  • D'Arcy Jonathan Dacre Boulton, The knights of the crown: the monarchical orders of knighthood in later medieval Europe, 1325-1520, Boydell Press, 2000,
  • Les Ordres du roi. Comte de Colleville. François Saint-Christo. 1925. RĂ©Ă©dition Ă  Versailles 2001. Cet ouvrage traite des Ordres royaux: l'Étoile, Saint Michel, Saint Esprit, Saint-Louis, Saint Lazare, MĂ©rite militaire. Outre un historique pour chaque ordre, il donne la liste des chevaliers par promotion. L'ouvrage est agrĂ©mentĂ© d"une importante table des noms citĂ©s. "il est vrai qu'on trouve en ses pages bien des renseignements qu'on trouverait difficilement ailleurs". (Michel Popoff, in Recueil des chevaliers de l'Ordre de Saint Michel)
  • Études sur les ordres de chevalerie du roi de France, et tout spĂ©cialement les ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. de HervĂ© Pinoteau. 1995. Outre les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel, ce livre aborde l'ordre, actuel et controversĂ©, de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel.
  • Bernard Marillier, « Les ordres de chevalerie mĂ©diĂ©vaux », dans Histoire mĂ©diĂ©vale, no 42, juin 2003, p. 48-49 ;
  • Bernard Marillier, « De Saint-Georges Ă  Saint-Michel », dans Histoire mĂ©diĂ©vale, no 42, juin 2003, p. 50-55 ;
  • Bernard Marillier, « L'ordre de la Toison d'or », dans Histoire mĂ©diĂ©vale, no 42, juin 2003, p. 56-59 ;

Articles connexes

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