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Théodore de Neuhoff

Théodore de Neuhoff, né le à Cologne[3] et mort le à Londres, est un militaire, diplomate et homme politique originaire de Westphalie, élu roi constitutionnel des Corses le vendredi [4], sous le nom de Théodore Ier.

Théodore Ier
Illustration.
Théodore Ier, mezzotinte de Johann Jakob Haid, vers 1740.
Titre
Roi des Corses
–
(2 ans et 5 mois)
Couronnement ,
dans le monastĂšre de Valle-d'Alesani
PrĂ©dĂ©cesseur NicolĂČ Cattaneo (roi de Corse)
Successeur Costantino Balbi (roi de Corse)
Grand Maitre de l'Ordre de la DĂ©livrance
–
(20 ans, 7 mois et 25 jours)
Biographie
Nom de naissance Theodor Nikolaus Heinrich Stephan von Neuhoff[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Cologne[2]
(Saint-Empire romain germanique)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Cité de Westminster, Londres
Grande-Bretagne
PĂšre Leopold Wilhelm Ley von Pungelscheid, baron de Neuhoff
MĂšre Maria Catharina von Neyssen
Conjoint Anne Sarsfield de Kilmallock
Religion Catholique

Théodore de Neuhoff

Biographie

Ascendance et famille

ThĂ©odore de Neuhoff est nĂ© Ă  Cologne le 27 aoĂ»t 1694. Son pĂšre, Leopold Wilhelm Ley von Pungelscheid, baron de Neuhoff, capitaine dans le rĂ©giment de Prusse de l’électeur de Brandebourg, Ă©tait issu d'une famille de « bonne et ancienne noblesse » de Westphalie. Leopold est le frĂšre du lieutenant-colonel impĂ©rial Friedrich Caspar von Neuhoff, commandant la place de Rheinfelden[5]. Sa mĂšre, Maria-Catharina von Neyssen[6], nĂ©e au Luxembourg, Ă©tait la fille d’un homme que l’évĂȘque de Metz qualifie de « distinguĂ© en sa province »[7]. Parmi les membres de la famille von Neyssen l'on relĂšve notamment la sƓur de Maria-Catharina, Marguerite Felicite de Neyssen, Ă©pouse de Monsieur de Mathias, capitaine de cavalerie et commissaire d'artillerie au service de sa majestĂ© catholique[8], et son neveu, Alexandre Maximilien de Neyssen (v.1693 † 1763), lieutenant-colonel d’infanterie, chevalier de Saint-Louis, capitaine des grenadiers du rĂ©giment de La Mark, pensionnaire du roi[9].

La sƓur de ThĂ©odore, Marie Anne Élisabeth Charlotte de Neuhoff, nĂ©e Ă  Namur 28 fĂ©vrier 1696, est connue sous le titre de comtesse de TrĂ©vou acquis par son mariage avec AndrĂ© de Bellfeuillac comte de TrĂ©vou, premier cornette des chevau-lĂ©gers de Bretagne, conseiller au parlement de Metz. ThĂ©odore est le parrain du premier fils issu de ce mariage, ThĂ©odore Hyacinthe de TrĂ©vou, mort semble t-il en bas Ăąge. La marraine de l'enfant Ă©tait, Marie Hyacinthe Danois, Ă©pouse de Jean Philippe de Saillant, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es du roi et gouverneur des trois Ă©vĂȘchĂ©s de Metz Toul et Verdun et gouverneur de la ville et citadelle de Metz »[10].

Jeunesse et engagement jacobite

Le pĂšre du jeune ThĂ©odore, Ă©tant mort en 1695, sa mĂšre Ă©pousa en secondes noces Jean-Baptiste-Benoist Marneau (ou de Marneau), trĂ©sorier provincial de l'extraordinaire des guerres au dĂ©partement de Metz directeur et receveur gĂ©nĂ©ral des fermes et gabelles au dĂ©partement de Metz et du Clermontois, fils de monsieur de Marneau, trĂ©sorier provincial des ÉvĂȘchĂ©s. Le couple vit Ă  Metz, oĂč Marneau exerce sa charge au moins jusqu’en 1710.

Théodore aurait été placé dans sa premiÚre jeunesse auprÚs de son oncle paternel, le baron von Drost qui lui fait suivre une scolarité chez les jésuites de Munster.

Le couple Marneau Ă©tant proche de la duchesse d'OrlĂ©ans dite princesse palatine qui se dĂ©clare leur « bonne amie » dans la correspondance qu'elle entretient avec eux, ThĂ©odore et sa sƓur sont respectivement reçus comme page et demoiselle de compagnie au service de la duchesse[11].

Satisfaite de son protégé, la duchesse le fait entrer en 1712 au régiment La Mark-cavalerie[12], dit "régiment de Courcillon"[13], puis le 1er mai 1714, à l'issue de la guerre de succession d'Espagne, au service de l'électeur de BaviÚre, avec le grade de premier capitaine au régiment de cuirassiers de Tauffkirchen[14].

Apprentissage politique et diplomatique

Cette premiĂšre phase de la vie de ThĂ©odore de Neuhoff le met en contact avec le prĂ©tendant, Jacques François Stuart dont il Ă©pouse la cause. En 1715, il quitte le service de la BaviĂšre pour participer Ă  la tentative de rĂ©tablissement des Stuart. Il s'embarque avec le corps expĂ©ditionnaire du prĂ©tendant, dit « chevalier de Saint-Georges », avec le rang de lieutenant-colonel, dans l'un des ports français - essentiellement Saint-Malo ou Dunkerque - d'oĂč partent les troupes jacobites avec l'accord tacite du RĂ©gent. DĂ©barquĂ© avec les troupes jacobites au nord d'Aberdeen, il doit s'enfuir avec eux aprĂšs la bataille de Sheriffmuir[15]

Revenu avec « dĂ©sagrĂ©ment » de cette expĂ©dition[10] il poursuivit son engagement politique en auprĂšs du baron Georg Heinrich von Görtz, Premier ministre du roi de SuĂšde, Charles XII, alors en mission aux Provinces-Unies en dĂ©fendant les intĂ©rĂȘts jacobite reprĂ©sentĂ©s Ă  Madrid par James Butler, 2e duc d'Ormonde, dans les tractations entre la SuĂšde, la Russie et l'Espagne en faveur du rĂ©tablissement de la dynastie des Stuart.

Neuhoff se trouvant Ă  Madrid lors de la mort de Charles XII qui entraĂźna la disgrace et l'exĂ©cution de Görtz le 12 mars 1719, le cardinal Jules Alberoni, ministre de Philippe V qui soutenait la cause jacobite le fit alors entrer au service de l'Espagne avec le rang de colonel. Ce fut lĂ  que le 14 avril 1720, le jeune baron de Neuhoff, Ă©pousa Anne Sarsfield de Kilmallock, nĂ©e Ă  Nantes le 5 avril 1697, l’une des filles de David Sarsfield, vicomte de Kilmallock, admise comme ses sƓurs dans le corps des camĂ©ristes de la reine. Ce mariage est cĂ©lĂ©brĂ© solennellement dans la chapelle du Palais royal de Madrid par le chapelain d’honneur Agustin Piedra, prĂ©dicateur du roi, en prĂ©sence d’Ángela Foch de AragĂłn, comtesse douairiĂšre Altamira, camĂ©riĂšre majeure de la reine, Grande d’Espagne, de Restaino Cantelmo-Stuart y Brancia, prince de Pettorano, duc de Popoli, Grand d'Espagne, chevalier de l’Ordre de Santiago, de l’ordre de la Toison d'or, de l’ordre de Saint-Michel et de l’ordre du Saint-Esprit, d’Álvaro Antonio de BazĂĄn Benavides y Pimentel, Grand d’Espagne, gentilhomme de la chambre du roi, marquis de Santa Cruz de Mudela, de Viso et de Bayonne, premier majordome de la reine Élisabeth FarnĂšse dans la chapelle du Palais royal de Madrid[16]. Cette union conforta sa situation Ă  la Cour de Madrid l'apparenta au vaste rĂ©seau d’entrepreneurs maritimes irlandais Ă©tablis Ă  Nantes, Saint-Malo et Cadix,

La défaite espagnole devant les puissances coalisées lors de la guerre de la Quadruple-Alliance ayant provoqué le renvoi d'Alberoni en décembre 1719, Neuhoff demeura cependant au service de l'Espagne dans le cadre de la politique de rapprochement entre l'Espagne et l'Empire, confiée au duc de Ripperdå, ce qui le mit en contact des milieux de la diplomatie impériale.

En 1720, Neuhoff obtint une permission pour se rendre Ă  Paris pour y rĂ©gler avec sa sƓur, les dĂ©tails de la succession de leur mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e le 17 fĂ©vrier 1716[17]. À Paris, il retrouva John Law, qu'il avait connu dans les cercles jacobites, et avec lequel il spĂ©cula en compagnie de sa sƓur et de son beau-pĂšre Marneau. La banqueroute de Law entraina un conflit d'intĂ©rĂȘts entre Neuhoff d'une part et sa sƓur et son beau-pĂšre que le rĂ©gent Philippe d'OrlĂ©ans arbitra en faveur de la comtesse de TrĂ©vou et de Marneau. Pour Ă©chapper Ă  la prise de corps ordonnĂ©e par le RĂ©gent, Neuhoff gagna les Provinces-Unies d'oĂč il rejoiignit Madrid. La justice espagnole refusa la demande d'extradition du RĂ©gent et relaxa le baron de Neuhoff aprĂšs l'avoir assignĂ© Ă  domicile en attente de sa dĂ©cision[18]. Bien que son activitĂ© au cours de la pĂ©riode de 1721 Ă  1731 demeure jusqu'Ă  ce jour mal connue, on sait nĂ©anmoins qu'il a sĂ©journĂ© en Angleterre qu'il Ă©tait entrĂ© au service de l'empereur Charles VI au Portugal et Italie lors de l'intervention autrichienne en Corse en 1731.

Rencontre avec les chefs insurgés

C'est dans ce contexte que Neuhoff s'intĂ©ressa Ă  la cause insulaire et entre en contact avec des Corses hostiles Ă  GĂȘnes. Fin dĂ©cembre 1733 - dĂ©but janvier 1734, plusieurs rencontres rĂ©unissent ThĂ©odore et divers chefs insulaires, Ă  Livourne. Ceux-ci jusqu'alors d'accord pour Ɠuvrer Ă  une souverainetĂ© espagnole dans le respect des droits et prĂ©rogatives d'une reprĂ©sentation insulaire Ă©taient alors confrontĂ©s au transfert des ambitions espagnoles de la Toscane promise Ă  don Carlos, vers Naples et la Sicile dont les troupes espagnoles entreprennent pour lui la conquĂȘte dans le cadre de la Guerre de succession de Pologne[19].

Ces rencontres se conclurent par un accord entre Neuhoff, Luigi Giafferi, Sebastiano Costa, Erasmo Orticoni et le capitaine Antonio Francesco Giappiconi - alors au service de l'Espagne, mais apparentĂ© aux Corses de Venise proches de Giafferi - en faveur d'une solution indĂ©pendante. Ces rencontres sont aussitĂŽt dĂ©noncĂ©es auprĂšs des Espagnols par Gian Andrea Ceccaldi - indĂ©fectiblement attachĂ© Ă  l'Espagne - et Don Giovanni AĂŻtelli, qui se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre un agent gĂ©nois, ces deux derniers ignorant toutefois le teneur rĂ©elle des accords avec Neuhoff[20].

Le contenu politique de ce projet est exposé dans le Disinganno interno alla guerra di Corsica, paru en 1736 [21].

Élection et rùgne direct (15 avril-10 novembre 1736)

Neuhoff dĂ©barqua Ă  AlĂ©ria le 20 mars 1736. Le choix du lieu implique que Saverio Matra avait Ă©tĂ© associĂ© au projet, car le dĂ©barquement eut Ă©tĂ© sans cela bien trop risquĂ©, tant ce puissant chef de clan Ă©tait maĂźtre incontestĂ© des lieux. C’est sous la protection et avec l’aide de Matra, que Neuhoff mit en scĂšne son arrivĂ©e : magnificence, cadeaux aux spectateurs, courrier aux gĂ©nĂ©raux.

L’arrivĂ©e de ThĂ©odore permit de rassembler pour la premiĂšre fois les principaux clans insulaires sur un projet commun et un mĂȘme chef.

Le dimanche 15 avril 1736, à Alesani, une assemblée largement représentative des deux versants des monts adopta la constitution rédigée par Costa qui institua le royaume indépendant de Corse et fit de Neuhoff le roi constitutionnel des Corses sous le nom de Théodore 1er.

ThĂ©odore prit lui-mĂȘme le commandement de l’armĂ©e nationale, assistĂ© de Giappiconi, nommĂ© capitaine de la garde royale. Les gĂ©nĂ©raux Luigi Giafferi, Giacinto Paoli et Luca d’Ornano partagĂšrent le premier rang de prĂ©sĂ©ance. Le cabinet de la guerre fut confiĂ© Ă  Jean-Pierre Gaffory et Ă  Simone Fabiani. La justice et plus gĂ©nĂ©ralement l’administration furent confiĂ©es Ă  Sebastiano Costa, garde des sceaux et premier ministre de fait.

Le rĂ©gime adopta tous les attributs de la souverainetĂ© : lois souveraines, ordre de noblesse national, frappe d’une monnaie, constitution d’une armĂ©e, et projeta de se doter d’une universitĂ©.

ThĂ©odore dĂ©clara une guerre totale Ă  la rĂ©publique de GĂȘnes. Il Ă©tablit l’hĂŽtel de la monnaie, s’assura de la possession des ports d’AlĂ©ria et de Porto Vecchio, ordonna le siĂšge de deux principales places gĂ©noises, Bastia et San Pellegrino, et marcha en personne sur la Balagne. Le 2 juin, il rallia le Nebbio et Ă©tablit son Ă©tat-major Ă  Patrimonio. Mais aprĂšs de premiers succĂšs la campagne s’enlisa dans le siĂšge de Calenzana et tourna au dĂ©sastre Ă  la suite de l’assassinat de Simone Fabiani. Cet Ă©chec permit Ă  Giacinto Paoli d'organiser une cabale qui provoqua la dislocation progressive du rĂ©gime. MalgrĂ© l’échec des vellĂ©itĂ©s de contre-offensive gĂ©noise et l'accueil de ses partisans du sud de l’üle, ThĂ©odore fut contraint de partir Ă  la recherche des moyens financiers et militaires nĂ©cessaires au rĂ©tablissement de son autoritĂ©. Ce qu’il fit le 10 novembre 1736, oĂč il s'embarqua Ă  Solenzara aprĂšs avoir confiĂ© le pouvoir Ă  un conseil de RĂ©gence.

Régence (novembre 1736 - décembre 1740)

InquiĂšte du risque de voir une Corse indĂ©pendante Ă©tablir des accords militaires et commerciaux avec des puissances rivales Ă  proximitĂ© des cĂŽtes de France, la monarchie française s'emploie Ă  ce que la Corse demeure gĂ©noise. Mettant Ă  profit la maladresse du Complot de la Retirade, par lequel Charles VI avait entrepris de rĂ©unir la couronne de Corse Ă  la Toscane revenue Ă  son beau-fils, le duc François de Lorraine, le cardinal de Fleury obtient l’adhĂ©sion de l’Empereur au principe d’une intervention française. L’accord est signĂ© le 12 juillet 1737 et les troupes françaises commandĂ©es par le comte de Boissieux dĂ©barquent le 6 fĂ©vrier 1738.

Dans le mĂȘme temps, ThĂ©odore prĂ©parait son retour d’Amsterdam oĂč il Ă©tait arrivĂ© depuis avril 1737. Il y bĂ©nĂ©ficiait du soutien de l’opinion et du journaliste Jean Rousset de Missy, directeur du Mercure historique et politique, et de l’appui de personnalitĂ©s politiques, notamment de Lucas Boon, dĂ©putĂ© de la province de Gueldre Ă  la chambre fĂ©dĂ©rale, et enfin de financiers notamment de Leendert de Neufville (nl), et les frĂšres Jabach, de Middelburg, issus d’une dynastie de banquiers allemands dont deux membres, Joseph et Gerhard Jabach, avaient financĂ© des achats d’armes pour les insurgĂ©s corses dĂšs 1734.

Contrairement aux espoirs gĂ©nois, le comte de Boissieux privilĂ©gie le dialogue avec les Corses et s’entoure d’Orticoni et de Gaffory dans la recherche de la solution politique voulue par Versailles. Il s’ensuit une situation Ă©quivoque, oĂč les reprĂ©sentants semblent jouer le jeu auprĂšs du gĂ©nĂ©ral français, tandis que les gĂ©nĂ©raux exercent la rĂ©gence auprĂšs de la population.

En aoĂ»t 1738, le retour de ThĂ©odore Ă  la tĂȘte d’une flottille consĂ©quente accompagnĂ©e jusqu’à proximitĂ© des cĂŽtes de Corse par le Brederode, puissant vaisseau de guerre de l’amirautĂ© de Hollande, ranime l’opposition Ă  la France. Bien que le dĂ©barquement de ThĂ©odore, rendu difficile par la prĂ©sence française, se solde par un Ă©chec, le « rĂšglement » de rĂ©tablissement de la rĂ©publique convenu entre GĂȘnes et Versailles est rejetĂ©, et la tentative de l’imposer par la force est mise en Ă©chec par les troupes insulaires Ă  Borgo le 14 dĂ©cembre 1738.

ThĂ©odore est accueilli Ă  Naples sous la protection du consul de Hollande avec l'assentiment du roi de Naples. Sous la pression française, ThĂ©odore est d'abord mis aux arrĂȘts dans la forteresse de Gaeta avant d'ĂȘtre expulsĂ©.

Portrait de ThĂ©odore rĂ©alisĂ© d’aprĂšs nature par ordre du roi de Naples, au cours de sa mise aux arrĂȘts au chĂąteau de Gaeta. Photocopie d’une copie de la gravure entrĂ©e au British Museum en 1881 et conservĂ©e sous la cote G,5.112.

Le comte de Boissieux ne survit pas Ă  sa dĂ©faite et meurt d’épuisement et de maladie. La monarchie française ne pouvant rester sur cette dĂ©faite envoie un puissant corps expĂ©ditionnaire commandĂ© par le marquis de Maillebois. La rĂ©gion nord est rapidement conquise par les troupes françaises, et les gĂ©nĂ©raux sont contraints Ă  l’exil le 7 juillet 1739. Le Sud offre une Ăąpre rĂ©sistance sous la conduite de Johann Friedrich von Neuhoff, neveu de ThĂ©odore, de son parent le baron Matthias von Drost, de Milanino Lusinchi et du prĂ©vĂŽt de Zicavo. Les derniers rĂ©sistants sont rĂ©duits fin de dĂ©cembre 1740. Milanino Lusinchi est rouĂ© vif Ă  Ajaccio. Johann Friedrich von Neuhoff rĂ©ussit Ă  s'enfuir et entre au service du duc de Toscane. Matthias von Drost obtient sa grĂące et reste en Corse oĂč il Ă©pouse Maria Rosa Colonna de Bozzi.

Nouvelles tentatives de retour (novembre 1742-1744)

Loin de renoncer, ThĂ©odore recherche des appuis auprĂšs de l'Empire et de la Grande-Bretagne. Il est notamment soutenu par des officiers corses de Venise et par leur chef, le marĂ©chal Johann Matthias von der Schulenburg. La Guerre de Succession d'Autriche ranimant l'hostilitĂ© latente entre la France et l'Angleterre depuis 1740, il rĂ©ussit Ă  convaincre l'Angleterre de le soutenir dans une nouvelle tentative. En novembre 1742, il embarque sur le Revenger, vaisseau de guerre de l’amirautĂ© britannique et fait escale Ă  Villefranche, port de guerre du royaume de Sardaigne. Le 7 janvier 1743,ThĂ©odore, le capitaine Barckley et le vice-amiral Mathews reçoivent Ă  leur bord le Lieutenant Veldt-MarĂ©chal Breitwitz, commandant des troupes autrichiennes en Toscane.

Devancé par une proclamation le disant soutenu par la Grande-Bretagne et partisan de l'Impératrice Marie-ThérÚse d'Autriche, Théodore parait devant la Balagne et Ajaccio, mais ne parvient pas à rallier un parti parmi les insulaires à nouveau insurgés sous la direction de Gaffori et est débarqué à Livourne le 17 mars 1743. Il s'efforce encore de jouer un rÎle dans le projet de débarquement anglo-sarde en préparation, mais il est définitivement rejeté par les alliés austro-anglo-sardes en juin 1744.

Errance et fin dans la misĂšre Ă  Londres

Monument funéraire du roi de Corse.

Poursuivi par les sicaires gĂ©nois et de plus en plus isolĂ©, ThĂ©odore mĂšne une vie d'errance qui le conduit Ă  Londres en 1749 oĂč il est emprisonnĂ© pour dettes jusqu’au 6 dĂ©cembre 1756. MalgrĂ© un certain succĂšs dĂ» Ă  la curiositĂ© mondaine, la misĂšre ne lui est pas Ă©pargnĂ©e. C'est dans le plus complet dĂ©nuement qu'il meurt le 11 dĂ©cembre 1756 dans le quartier de Soho chez un artisan juif. Ses derniĂšres relations londoniennes feront graver au cimetiĂšre de l'Ă©glise Sainte-Anne Ă  Westminster cette Ă©pitaphe due Ă  Horace Walpole :

« PrĂšs d’ici est enterrĂ© ThĂ©odore, roi de Corse,
qui mourut dans cette paroisse le 11 décembre 1756
immédiatement aprÚs avoir quitté la Prison de King's Bench[22]
par le bĂ©nĂ©fice du fait d’insolvabilitĂ©,
en conséquence de quoi il enregistra son royaume de Corse
pour l’usage de ses crĂ©anciers.
Le tombeau, ce grand maĂźtre, met au mĂȘme niveau
Héros et mendiants, galériens et rois :
Mais ThĂ©odore fut instruit de cette morale avant que d’ĂȘtre mort.
Le destin prodigua ses leçons sur sa tĂȘte vivante.
Il lui accorda un royaume et lui refusa du pain. »

Il est à noter que le « prÚs d'ici est enterré » signifie assez clairement que Théodore de Neuhoff a été mis en fosse commune. Un autre détail : la plaque de marbre que l'on voit ci-dessus est faite dans un marbre de trÚs bonne qualité, ce qui signifie qu'elle fut placée aprÚs son absence d'enterrement décent. Certains historiens attribuent ce geste de miséricorde à Horace Walpole.

Contrairement Ă  ce qui est affirmĂ© par Le Glay, ThĂ©odore a plus apportĂ© Ă  la Corse qu'il ne lui a pris. Pour ce faire, il fallait bien qu'il adhĂ©rĂąt Ă  la cause insulaire. Son action a contribuĂ© Ă  obliger la rĂ©publique de GĂȘnes Ă  dĂ©penser des millions pour garder la Corse ce qui accĂ©lĂ©ra sa perte. D'une certaine maniĂšre, il a tenu sa promesse de chasser les GĂ©nois de son royaume : ruinĂ©s par cette guerre contre les Corses, Ă  force de faire venir des soldats de l'Empire, des Suisses et des soldats de Louis XV, GĂȘnes a dĂ» cĂ©der la Corse Ă  son alliĂ© tant redoutĂ©, en paiement de ses dettes.

Problématique et contexte historique

Théodore de Neuhoff fait l'objet d'une bibliographie abondante, largement fantaisiste et le plus souvent à charge. Cette historiographie tend à placer le personnage en marge de l'histoire et à réduire la création du Royaume indépendant de Corse, à une anecdote pittoresque. Les légendes évoquant une mÚre "fille d'un marchand de Visé", prise en charge par Antoine - François - Gaspard de Colins, comte de Mortagne, chevalier d'honneur et premier écuyer de la duchesse d'Orléans qui en aurait été amoureux et autres assertions fantaisistes n'ont d'autre source initiale qu'une lettre anonyme écrite de Paris en 1736, répandue dans les milieux diplomatiques, puis reprise sous diverses formes et extrapolations romanesques. Une copie in extenso de cette lettre conservée dans les papiers de l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Vienne Thomas Robinson, est éditée par Renée Luciani dans son édition des Mémoires de Sebastiano Costa[23].

C'est principalement sur la foi de ce document, plus ou moins assorti d'assertions d'origine gĂ©noise, que repose la thĂšse selon laquelle ThĂ©odore de Neuhoff n'aurait Ă©tĂ© qu'un aventurier et un escroc Ă  son arrivĂ©e en Corse. Telle notamment la thĂšse avancĂ©e sans nuances par AndrĂ© Le Glay, chanoine de la cathĂ©drale de Monaco, dont les propos ont Ă©tĂ© largement repris sans verification jusqu'Ă  une pĂ©riode rĂ©cente. Cette marginalisation historique apparait comme un moyen commode d'Ă©viter la double problĂ©matique exposĂ©e dans les annĂ©es 1970 par Fernand Ettori. La premiĂšre est qu’il Ă©tait impossible de prĂȘter « aux Corses une naĂŻvetĂ© de sauvages Ă©blouis par quelques canons de fusils et quelques bottes turques, tandis que les chefs s’émerveillent du vin de Tunis et des tasses de chocolat offertes par le baron » ; de mĂȘme qu’il est difficile d’admettre que l’arrivĂ©e de ThĂ©odore en Corse ait Ă©tĂ© ce « miracle du ciel cĂ©lĂ©brĂ© par le bon chanoine Albertini, curĂ© de Piedipartini[24] » et non le rĂ©sultat d’une nĂ©gociation prĂ©alable avec les chefs ; la seconde Ă©tant la nature et les objectifs des appuis dont il aurait pu disposer parmi les puissances de l’époque[25]. Pour ĂȘtre comprise, la tentative du royaume indĂ©pendant de Corse doit ĂȘtre considĂ©rĂ© dans son double contexte insulaire et international.

Contexte insulaire

L'Ă©lection de ThĂ©odore de Neuhoff se situe dans le contexte gĂ©nĂ©ral de la « RĂ©volution de quarante ans » des Corses contre la rĂ©publique de GĂȘnes (1729-1769). Son rĂŽle politique se situe principalement dans la phase de la seconde insurrection (1734-1740). Il continue cependant Ă  jouer un rĂŽle dans la vie politique insulaire et dans les relations internationales jusqu'Ă  la fin de la troisiĂšme phase vers 1748.

La rĂ©volution des Corses contre GĂȘnes s'ouvre sur une Ă©meute populaire antifiscale issue de la conjonction de problĂšmes agraires et de conflits interrĂ©gionaux[26]. Le dĂ©clencheur de la rĂ©volte fut la prolongation d'une taxe compensant la vente des patentes d'armes, les due Seini, qui devait en principe arriver Ă  son terme cette mĂȘme annĂ©e. Mal vĂ©cue pour la charge qu'elle reprĂ©sentait dans un contexte de mauvaises rĂ©coltes, le prolongement de cette imposition revĂȘtait en outre un caractĂšre politique dans la mesure oĂč l'abrogation de la vente des patentes d'armes, qui avait Ă©tĂ© demandĂ©e par les notables insulaires pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ©, n'avait Ă©tĂ© obtenue qu'au prix de l'instauration de la dite taxe pour compenser la perte de revenu de la vente des patentes. Or, non seulement, cette mesure n'avait pas produit les effets escomptĂ©s mais les fonctionnaires gĂ©nois continuaient Ă  vendre des patentes d'armes et mĂȘme les armes confisquĂ©es, faisant ainsi de cet impĂŽt un symbole de l'incurie et de la malhonnĂȘtetĂ© de l'administration gĂ©noise.

Les premiĂšres Ă©meutes s'Ă©tendirent en novembre 1729, dans la rĂ©gion du Bozio, gagnent la Castagniccia oĂč elle se transforment en insurrection armĂ©e Ă  partir du soulĂšvement du Poggio de Tavagna (l'un des villages qui forment aujourd'hui la commune de Poggio-Mezzana) du 30 janvier 1730 dans laquelle sont impliquĂ©s des proches de Luigi Giafferi, principale figure de la chambre des reprĂ©sentants insulaires — les Nobles XII — qui censĂ©s seconder le gouverneur, avaient refusĂ© d'approuver la prolongation des due seini. Saint-Florent et Algajola sont alors attaquĂ©es. Luigi Giafferi, Gian Andrea Ceccaldi et l'abbĂ© Carlo Francesco Raffaelli reprĂ©sentant les trois ordres de la noblesse, peuple et clergĂ© sont Ă©lus gĂ©nĂ©raux de la Nation corse, constituent une armĂ©e qui envahit la ville basse de Bastia, assiĂšge la citadelle et provoque l'effondrement de la domination gĂ©noise dans l’intĂ©rieur de l'Ăźle.

GĂȘnes fit alors appel aux troupes de l'empereur Charles VI, qui intervinrent — en accord avec la France et les principales puissances — pour rĂ©tablir l'autoritĂ© de la rĂ©publique de GĂȘnes sur la base de concessions aux revendications insulaires. Les propositions gĂ©noises Ă©tant aux antipodes de celles formulĂ©es par les reprĂ©sentants des insurgĂ©s, les troupes autrichiennes entrĂšrent en campagne. À la suite d'Ă©checs successifs, les troupes impĂ©riales reçurent un renfort massif placĂ© sous la conduite le commandement du prince de Wurtemberg. ÉcrasĂ©s par une puissance largement supĂ©rieure, les chefs insulaires durent capituler et se rendre au prince de Wurtemberg qui les remit aux GĂ©nois. En dĂ©pit de ce qui avait Ă©tĂ© convenu sous le sceau de la garantie impĂ©riale, les chefs furent emprisonnĂ©s dans la forteresse de Savone en octobre 1732. LibĂ©rĂ©s sous la pression de l'Empereur, ils prirent le chemin de l'exil en attendant le dĂ©part d'une nouvelle insurrection rendue inĂ©luctable par l'entĂȘtement des GĂ©nois Ă  ne rien concĂ©der, insurrection qui reprit effectivement au cours de l'annĂ©e 1734.

C'est dans l'intervalle entre l’emprisonnement des chefs et la reprise de l’insurrection que Neuhoff, qui se trouve Ă  GĂȘnes, se passionne pour la cause insulaire et entre en contact avec des Corses opposĂ©s Ă  la RĂ©publique ligure.

Contexte international

La participation de ThĂ©odore de Neuhoff Ă  la rĂ©volution corse de 1729-1769 se dĂ©roule sur fond des opĂ©rations militaires de la guerre de succession de Pologne (1733-1738), de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) en Italie et de la paix relative de 1738-1740, celles de la guerre de l'oreille de Jenkins, conflit maritime qui opposa la Grande-Bretagne Ă  l’Espagne entre 1739 Ă  1748.

De 1736 Ă  1740, l’ensemble des puissances condamnent unanimement le couronnement de ThĂ©odore et la proclamation d'un royaume indĂ©pendant de Corse, comme une atteinte inacceptable aux droits de la rĂ©publique de GĂȘnes. Mais il s'agit lĂ  d'une position de principe. Dans la rĂ©alitĂ©, l’évĂ©nement est reçu avec des arriĂšre-pensĂ©es variables en fonction des intĂ©rĂȘts des uns et des autres. La perspective d’une Corse indĂ©pendante ouverte Ă  leur commerce intĂ©resse la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies, la premiĂšre voyant en outre en la baie de Calvi une escale favorable face aux ports français de Toulon et Marseille. L’Empereur Charles VI et son gendre François de Lorraine, bien que l’Espagne soit alliĂ©e de la France, Philippe V, et surtout Élisabeth FarnĂšse tient Ă  garder de bons rapports avec les Corses au cas oĂč l’opportunitĂ© d’attribuer la couronne de Corse Ă  l’un des fils se prĂ©senterait. L’évĂ©nement est enfin attentivement suivi par le Roi de Sardaigne de la maison de Savoie Charles-Emmanuel III, rival naturel de la RĂ©publique de GĂȘnes pour ses dĂ©bouchĂ©s maritimes et continentaux.

Ces arriĂšre-pensĂ©es apparaissent au grand jour lors de la tentative de retour de ThĂ©odore en 1739 avec l'appui d'un fort parti politique, Ă©conomique et d'opinion des Provinces-Unies et la protection bienveillante du roi de Naples d'alors (le futur Charles III d'Espagne), et plus encore lors de la pĂ©riode 1742-1748 avec la tentative de retour de ThĂ©odore sur la flotte anglaise, puis l’intervention conjointe des troupes sardes et autrichiennes en Corse avec l’appui de la flotte britannique.

Autant de raisons qui conduisirent la monarchie française à exiger et à faire en sorte que la Corse reste formellement sous la domination génoise.

Littérature

Le roi ThĂ©odore est un des personnages du conte de Voltaire, Candide, oĂč il est un des convives du souper de Venise, oĂč six rois Ă©voquent leur destinĂ©e. La sienne Ă©meut Candide qui lui fait prĂ©sent de diamants.

Voici ce que dit ThĂ©odore dans (Candide, Chapitre XXVI sur Wikisource) : « Messieurs, dit-il, je ne suis pas si grand seigneur que vous ; mais enfin j’ai Ă©tĂ© roi tout comme un autre ; je suis ThĂ©odore ; on m’a Ă©lu roi en Corse ; on m’a appelĂ© Votre MajestĂ©, et Ă  prĂ©sent Ă  peine m’appelle-t-on Monsieur ; j’ai fait frapper de la monnaie, et je ne possĂšde pas un denier ; j’ai eu deux secrĂ©taires d’état, et j’ai Ă  peine un valet ; je me suis vu sur un trĂŽne, et j’ai longtemps Ă©tĂ© Ă  Londres en prison sur la paille ; j’ai bien peur d’ĂȘtre traitĂ© de mĂȘme ici, quoique je sois venu, comme Vos MajestĂ©s, passer le carnaval Ă  Venise.»

Il est aussi le personnage principal de l'opĂ©ra hĂ©roĂŻco-comique de Giovanni Paisiello Il re Teodoro in Venezia, crĂ©Ă© Ă  Vienne en 1784. L'opĂ©ra raconte les dĂ©boires du roi dĂ©trĂŽnĂ©, cachĂ© sous un faux nom dans une auberge vĂ©nitienne par crainte de ses crĂ©anciers au moins autant que de ses ennemis politiques. À noter que dans cet opĂ©ra, (qui sera traduit en français par M. Moline, et jouĂ© devant le roi en 1786), son confident s'appelle Gafforio, tandis que, pour Ă©chapper Ă  ses crĂ©anciers, il utilise le nom du comte Albert (celui qui le commandait en rĂ©alitĂ© quand il avait Ă©tĂ© capitaine des gardes bavarois)[27] et qu'il a ses deux vers qui rĂ©sument bien sa vie, en dĂ©finitive (Acte I, scĂšne I)[28] :

Sans royaume et sans argent,
On est Roi bien tristement.

Divers

Des peintures murales, restaurĂ©es par le propriĂ©taire Alexandre Gianninelli, artiste peintre et plasticien, (elles avaient disparu sous du papier peint XIXe) sont visibles Ă  la Casa Theodora Ă  Muro en Haute Corse[29]. Cette demeure (XVIe siĂšcle, 1516) Ă©tait celle de la famille Giuliani dont un reprĂ©sentant (Jean-Thomas Giuliani, lieutenant de Gaffory) aurait accueilli le roi ThĂ©odore en Balagne. Ces fresques reprĂ©sentent notamment les vaisseaux du roi ThĂ©odore face Ă  L'Île-Rousse entre 1736 et 1740[30]. La Casa Theodora est devenue un hĂŽtel.

Notes et références

  1. Copie de l'acte de baptĂȘme en latin de ThĂ©odore de Neuhoff.
  2. Cette date est notamment confirmé par Engelhardt en 1925 (Der König von Korsika und der Freiheitskampf der Korsen, Munich, 1925, page 35). L'abondante littérature sur Théodore mentionne parfois Metz comme le lieu de naissance, ainsi que des dates de naissance variables, notamment 1686 ou 1692, comme la Biographie universelle ou Dictionnaire de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour", Volume 14 "Naama-Parrocel, chez H. Ode, Bruxelles, 1846, pages 90-91).
  3. Voir acte de baptĂȘme citĂ© en rĂ©fĂ©rence dans l'infobox : "1698, 12ma Junii. Sub Conditione rebaptizatus fuit Theodorus Nicetius Henricus Stepfanus de Neuhoff filius legitimus generosi Domini Leopoldi Gullielmi liberi Baronis de Neuhoff quondam capitanei primi in legione pedestri principis Electoralis Brandenburgici et Dominae Catharinae De Neyssen conjugum, qui natus Coloniae anno 1694 die 27a Augusti et ex cause necessitatis tunc temporis baptizatus fuerat ab aliquo ministro Sectae Calvinisticae. patrinus Reverendissimus et Amplissimus D. Henricus Osweilier Decanus Ecclesiae Collegiatae S. Paulini tum suo tum principalis nomine Reverendissimi et Gratiosi Domini Nicetii Abbatis Imperialis Monasterii S. Maximini. Matrina Domina Catharina Herbrant vidua Domini Wilhelmi Henn Quondam praetoris in Bullingen proavia baptizati", soit : "12 juin 1698. Fut rebaptisĂ© sous condition ThĂ©odore Nicet Henri Etienne de Neuhoff, fils lĂ©gitime de noble seigneur LĂ©opold Guillaume, fils du baron de Neuhoff, feu premier capitaine dans l’infanterie du Prince Electeur de Brandebourg, et de son Ă©pouse Dame Catherine de Neyssen ; lequel est nĂ© Ă  Cologne le 27 aoĂ»t 1694 et, pour raison de nĂ©cessitĂ©, a Ă©tĂ© en ce temps-lĂ  baptisĂ© par un ministre de la secte calviniste. Parrain le TrĂšs Respectable et TrĂšs Illustre D. Henri Osweilier, doyen de l’église collĂ©giale de Saint-Paulin tantĂŽt sous son nom tantĂŽt sous le nom de Sa TrĂšs Respectable GrĂące seigneur Nicet, abbĂ© de l’abbaye impĂ©riale Saint-Maximin . Marraine, sa bisaĂŻeule dame Catherine Herbrant , veuve de feu seigneur Guillaume Henn , prĂ©teur, baptisĂ© Ă  BĂŒllingen."
  4. (fr + it) Sebastiano Costa, MĂ©moires regardant le roi ThĂ©odore Ă©crit de la main mĂȘme de SĂ©bastien Costa, ex Auditeur-GĂ©nĂ©ral de la Nation Corse en 1735 et ensuit grand chancelier et premier secrĂ©taire d’État du dit Roi avec lequel il vĂ©cut et qu'il accompagna dans ses voyages., Paris, , t. 2, note 1, p. 95
  5. Service Historique de la DĂ©fense, Correspondance du ministĂšre de la guerre, sĂ©rie 1. A, GR 1 A 2238, 1710 : Guerre d’Allemagne, juin, juillet, aoĂ»t. M. et L.R., 3e volume. No 272. Copie d’une lettre Ă©crite par M. le baron de Neuhoff, commandant de Rheinfelden le 17 aoĂ»t 1710 Ă  M. du Fanton, de Basle (BĂąle). No 273. Copie d’une lettre Ă©crite Ă  M. le baron de Neuhoff commandant de Rheinfelden Ă  messieurs du canton de BĂąle le 23 aout 1710.
  6. Acte de baptĂȘme dans la religion catholique du registre paroissial de l’église Saint-Michel de TrĂšves en date du 12 juin 1698. L’acte indique que Theodore a Ă©tĂ© initialement baptisĂ© « par nĂ©cessitĂ© » par un prĂȘtre calviniste, le 24 aoĂ»t 1694. Cette date coĂŻncide avec celle indiquĂ©e dans les piĂšces gĂ©nĂ©alogiques du dossier consacrĂ© Ă  Neuhoff par le cabinet d’Hozier.
  7. BibliothĂšque nationale, dĂ©partement des manuscrits, Cabinet d’Hozier 254
  8. « Mairie de Moulins-LÚs-Metz. Registre paroissial »
  9. Cabinet d’Hozier, PiĂšces originales 2103, BnF, dĂ©partement des manuscrits. Alexandre Maximin de Neyssen (v.1693 † 1763) fut inhumĂ© le 11 mars 1763, Ă  l’ñge de 70 ans, dans la paroisse Saint-Marcel de Metz avec les titres de lieutenant-colonel d’infanterie, chevalier de Saint-Louis, capitaine des grenadiers du rĂ©giment de La Mark, pensionnaire du roi. Son enterrement fut cĂ©lĂ©brĂ© en prĂ©sence d’Henri Marie DuprĂ© de Geneste, secrĂ©taire perpĂ©tuel de l’acadĂ©mie des sciences de Metz, son neveu (Poirier, François-Jacques, 1899, p. 469).
  10. BnF, dĂ©partement des manuscrits, Cabinet d’Hozier, dossiers bleus 487. « Il accompagne le chevalier de Saint-Georges dit le roi Jacques III en Écosse en 1716. Pris le titre de lord [Fauchler] chevalier de l’ordre teutonique, y fut lieutenant-colonel. En sortit avec dĂ©sagrĂ©ment »
  11. Thierry Giappiconi, De l'épopée vénitienne aux révolutions corses [Texte imprimé] : Engagements militaires et combats politiques insulaires (XVe-XVIIIe siÚcles), Ajaccio, Albiana, 2018. (BNF 45444741), p. 255
  12. A.M.A.E. Lettre du comte de La Marck Ă  Chauvelin du 8 juin 1736, Correspondance politique / GĂȘnes SupplĂ©ment, vol. 8. Microfilm 14333.).
  13. En hommage Ă  son prĂ©cĂ©dent colonel, Philippe-Egon, marquis de Courcillon , fils de Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau) qui, fait colonel en 1704, avait Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ© et amputĂ© d’une jambe Ă  la bataille de Malplaquet. Gouverneur de Touraine Ă  la suite de son pĂšre Ă  partir de fĂ©vrier 1710 (Table gĂ©nĂ©rale alphabĂ©tique et raisonnĂ© du journal historique de Verdun depuis 1697... t. 3, Paris, Ganeau, 1759, p. 268)
  14. Protokollen des Hofkriegsrates, Signatur AV, Bund 113, fol. 435, Bayerisches Kriegsarchiv (Cité par J. Gasper, Theodore von Neuhoff, King of Corsica : The Man behind the Legend, Newark, University of Delaware Press, 2013)
  15. BibliothĂšque nationale de France, dĂ©partement des manuscrits, Cabinet d’Hozier, dossiers bleus 487
  16. Thierry Giappiconi, TĂ©moignages sur la seconde conquĂȘte de la Corse (1739-1740), Ajaccio, Albiana, , page 241
  17. Archives départementales de la Moselle. Metz, registres des décÚs de la paroisse de Saint-Gorgon, février 1716 (image 267) Cote : 9NUM/5E318/2.
  18. Thierry Giappiconi, De l'Ă©popĂ©e vĂ©nitienne aux rĂ©volutions corses : Engagements militaires et combats politiques insulaires (XVe – XVIIIe siĂšcles)., Ajaccio, Albiana, , p. 258
  19. Évelyne Luciani et Dominique Taddei, Les pùres fondateurs de la nation corse, 1729-1733, Ajaccio, Albiana,
  20. Thierry Giappiconi, De l'affirmation de la Nation Ă  la premiĂšre dĂ©claration d'indĂ©pendance, 1731-1735 : actes des DeuxiĂšmes Rencontres historiques d'Île-Rousse, 2011., Ajaccio, Albiana, , Les Corses Ă  Livourne (1733-1734)
  21. (it + fr) Curzio Tulliano, corso (pseud.), Disinganno interno alla guerra di Corsic, Ajaccio, La Marge,
  22. King's Bench est le nom d'une prison et, de ce fait, ne doit pas ĂȘtre traduit par Ban du Roi.
  23. Sebastiano Costa, Ă©d. R. Luciani, MĂ©moires, Paris/Aix en Provence, Picard/Atalta, , t. 1, p. 26-25, note 15.
  24. Sebastiano Costa, Mémoires, t. II, p. 18, pour la version italienne et 19 pour la traduction française
  25. Fernand Ettori, Le Mémorial des Corses, Ajaccio, Le Mémorial des Corses, (BNF 34637041), p. 269, t. II "La Révolution corse, les Corses ses donnent un roi, Le roi Théodore".
  26. Francis Pomponi, Histoire de la Corse, Paris, Hachette, , p. 231-242
  27. On a du mal Ă  croire Ă  une double coĂŻncidence.
  28. Le roi Théodore à Venise (Gallica, BNF)
  29. « HÎtel de Charme en Corse - Calvi », sur a-casatheodora.com (consulté le ).
  30. Les MĂ©moires de SĂ©bastianu Costa.

Bibliographie

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Textes apocryphes

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  • Rogliano, Jean-Claude, Les mille et une vies de ThĂ©odore, roi de Corse, Paris, Lattes, 2009
  • Tralow, Johannes, Neuhoff. König von Korsika, Berlin, Verlag der Nation, 1995

Blog

Documentaires

  • ThĂ©odore Ier, roi des Corses, documentaire d'Anne de Giafferri, ADR Productions, 2013, 52 min

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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