Erasmo Orticoni
Le chanoine Erasmo Orticoni, nĂ© Ă Santa-Reparata-di-Balagna en 1668 et mort Ă Rome en 1769, est l'une des principales figures du mouvement rĂ©volutionnaire corse contre la RĂ©publique de GĂȘnes.
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Ecclésiastique et dirigeant révolutionnaire |
Biographie
Erasmo Orticoni, fils de Salvatore Orticoni, est nĂ© Ă Santa-Reparata-di-Balagna en 1668. Issu d'une famille de prĂȘtres et de notaires, il suit un premier cursus d'Ă©tudes, probablement en Corse. Entre 1705 et 1712, il est maĂźtre d'Ă©cole infĂ©rieure au petit sĂ©minaire de Campoloro, avant de rejoindre Rome pour poursuivre des Ă©tudes supĂ©rieures Ă l'issue desquelles il est reçu docteur in utroque jure (en droit canon et en droit civil) le .
Revenu en Corse avec le bĂ©nĂ©fice d'un canonicat, il devient vicaire gĂ©nĂ©ral de lâĂ©vĂȘque d'AlĂ©ria Agostino Saluzzo vers 1718-1719[1].
Au dĂ©but de la RĂ©volution corse contre la RĂ©publique de GĂȘnes en 1729, il est alors chanoine pĂ©nitencier de l'Ă©vĂȘchĂ© d'Aleria. Il apparaĂźt trĂšs tĂŽt liĂ© au mouvement insurrectionnel dont il devient l'un des premiers thĂ©oriciens. Il est notamment l'organisateur du CongrĂšs des thĂ©ologiens tenu Ă Corte du 4 au 8 mars 1731 qui conclut Ă l'issue de son examen du statut moral de lâinsurrection que « si la RĂ©publique sâobstine Ă rejeter les requĂȘtes, il faut soutenir la guerre et, Ă plus forte raison, si elle vient Ă force ouverte opprimer les peuples »[2]
à l'issue de l'intervention impériale de 1731, il mÚne une intense activité diplomatique en Toscane, à Rome et à Madrid en faveur d'une souveraineté espagnole qui reconnaßtrait les principales revendications insulaires.
Tout en gardant de bonnes relations avec l'Espagne, il participe au projet du couronnement de Théodore de Neuhoff qu'il rencontre à Livourne fin décembre 1733 - début janvier 1734 en compagnie de Luigi Giafferi, Sebastiano Costa et Antonio Francesco Giappiconi[3].
Lors de l'arrivĂ©e des troupes françaises commandĂ©es par le comte de Boissieux en 1737, le chanoine devient au cĂŽtĂ© de Gian Pietro Gaffori le reprĂ©sentant des Corses auprĂšs du gĂ©nĂ©ral français chargĂ© par le cardinal de Fleury de trouver un accommodement permettant de replacer la Corse - Ă©rigĂ©e en Royaume indĂ©pendant Ă l'issue du couronnement de ThĂ©odore Ier - sous la souverainetĂ© de la RĂ©publique de GĂȘnes.
Les tractations avec le comte de Boissieux, sur le fond favorable aux revendications insulaires, se heurtent cependant Ă celle entre Versailles et GĂȘnes. Sur le fond, GĂȘnes ne veut rien cĂ©der de dĂ©cisif et le cardinal de Fleury considĂšre bientĂŽt que le temps des nĂ©gociations ne peut s'Ă©terniser.
Le 20 octobre 1738, de Boissieux reçoit l'ordre de publier un rĂšglement de retour de la Corse sous la souverainetĂ© de la RĂ©publique Ă©tabli Ă GĂȘnes et signĂ© Ă Fontainebleau par les reprĂ©sentants de Louis XV et de l'empereur Charles VI. Le texte qui ne laisse aucune place aux revendications essentielles formulĂ©es depuis 1731, ne peut ĂȘtre acceptĂ© par des chefs qui avaient proclamĂ© le royaume indĂ©pendant de Corse deux ans plus tĂŽt. La publication d'un Ă©dit exigeant la remise des armes par le commissaire GĂ©nois Gio Batta De Mari achĂšve d'Ă©chauffer les esprits, tandis que les partisans de ThĂ©odore prĂ©parent son retour.
PressĂ© par Versailles, le comte de Boissieux entreprend la rĂ©cupĂ©ration des armes des habitants de Borgo qui s'Ă©taient dit disposĂ©s Ă les remettre. Mais du 7 au 13 dĂ©cembre les insurgĂ©s assiĂšgent les troupes françaises Ă Borgo. Le 14, de Boissieux venu en les dĂ©gager en personne avec tout ce qu'il avait de troupes est attaquĂ© et poussĂ© Ă la retraite le 14 lors de la journĂ©es dite des VĂȘpres corses[4].
La guerre Ă©tant dĂ©sormais dĂ©clarĂ© entre la monarchie française et les reprĂ©sentants insulaires, le chanoine Orticoni est alors exilĂ© sans pour autant cesser de plaider la cause des Corses contre la RĂ©publique de GĂȘnes.
à la mort de Gaffory, il tente en vain d'éviter la guerre civile qui s'amorce en 1755 entre Pascal Paoli et Mario Emanuele Matra, membre du gouvernement insurgé et beau-frÚre de Gaffory.
Retourné à Rome, il s'y éteint en 1760.
Notes et références
- Evelyne Luciani, Louis Belgodere et Dominique Taddei., Trois prĂȘtres balanins : Bonfigliuolo Guelfucci, Erasmo Orticoni, Gregorio Salvini, Ajaccio, Piazzola, (BNF 40213992).
- Fernand Ettori, « Le CongrĂšs des thĂ©ologiens dâOrezza (4 mars 1731) : Mythes et rĂ©alitĂ©s », Ătudes corses, no 1,â .
- Thierry Giappiconi, De l'affirmation de la Nation Ă la premiĂšre dĂ©claration d'indĂ©pendance, 1731-1735 : actes des DeuxiĂšmes Rencontres historiques d'Ăle-Rousse, Ajaccio, Albiana, , Les Corses Ă Livourne (1733-1734).
- Louis-Amand Jaussin, Mémoires historiques, militaires et politiques sur les principaux événements arrivés dans l'isle et royaume de Corse, depuis le commencement de l'année 1738 jusques à la fin de l'année 1741, Lausanne, Bousquet, 1758-1759.
Bibliographie
- Ăvelyne Luciani, Louis Belgodere et Dominique Taddei, Trois prĂȘtres balanins au cĆur de la rĂ©volution corse : Erasmo Orticoni, Gregorio Salvini, Bonfigliuolo Guelfucci, Ajaccio, A. Piazzola, .
- Dominique Taddei et Toni Casalonga, Erasmo Orticoni, le chanoine révolutionnaire, Ajaccio, Albiana, .
- Louis-Amand Jaussin, Mémoires historiques, militaires et politiques sur les principaux événements arrivés dans l'isle et royaume de Corse, depuis le commencement de l'année 1738 jusques à la fin de l'année 1741, Lausanne, Bousquet, 1758-1759.