Centre d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique
Les centres d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique (CADIST) constituaient, dans l'enseignement supérieur français, un réseau documentaire de bibliothèques spécialisées. Créés à partir des années 1980 et gérés par de grandes bibliothèques universitaires ou de grands établissements de recherche, ils sont, depuis 2017, remplacés par le dispositif national CollEx-Persée et le label « collections d'excellence ».
L'objectif des CADIST était, pour une discipline donnée, de rassembler et de diffuser une documentation assurant une couverture tendant à l'exhaustivité. Ces établissements étaient ainsi incités à acheter, dans ce domaine, des documents en langues étrangères ainsi que des documents de haut niveau scientifique en français. Des bibliothécaires pouvaient être plus spécifiquement chargés d'acquérir ces documents et d'assurer une forme de veille documentaire. Par l'étendue de leur documentation, les CADIST avaient vocation à fournir les autres bibliothèques par le biais du prêt entre bibliothèques, mais aussi, dans le respect de la propriété intellectuelle, en favorisant la reproduction et la diffusion de documents. Quand les CADIST ont été créés, on pensait plutôt à la reproduction sur microformes, mais cette diffusion a pu ensuite passer par la constitution de bibliothèques numériques.
Les bibliothèques universitaires reconnues comme CADIST recevaient du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche une dotation spécifique pour leur permettre d'assurer leur mission.
Histoire
Les CADIST sont créés via la circulaire no 83-219 du publiée au Bulletin officiel de l'Éducation nationale, no 23 du [1].
L'idée initiale est de concentrer les moyens budgétaires au sein de pôles de référence nationaux, à charge pour eux de diffuser la meilleure information possible auprès de tous les demandeurs sur l'ensemble du territoire[1].
Durant les années 1980, plusieurs pôles documentaires se constituent en CADIST, malgré un contexte financier difficile. À partir de 1989, les moyens budgétaires augmentent et le nombre de CADIST également[1].
Le développement de la documentation en ligne modifie quelque peu le système des CADIST mais ne le met pas totalement en cause en raison des coûts des périodiques électroniques et de toutes les questions de droit pour la documentation papier.
En 2007, le ministère annonce la création de deux nouveaux CADIST, l'un pour les langues et civilisations anglo-saxonne, l'autre sur l'histoire antique.
Par ailleurs, en 2016, un rapport sur les politiques nationales de recherche et de formations supérieures de l'Inspection générale des finances a suggéré d'augmenter le nombre de CADIST pour réduire le champ d'activité de certains d'entre eux[2].
Budget
En 2004, le budget alloué à l'ensemble des CADIST (20 à l'époque) s'élève à 4 164 469 €, réparti en 2 416 429 € à destination des CADIST scientifiques et 1 748 040 € pour les CADIST en sciences humaines et sociales. Plus de 96 % de cette somme est destinée à l'acquisition de documents et publications en langues étrangères[1].
Liste des CADIST
Les bibliothèques abritant des CADIST étaient au nombre de 25, mais certaines pouvaient l'être à deux titres (comme la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg), tandis qu'un même CADIST pouvait être réparti entre plusieurs établissements (par ex. celui des langues et civilisations ibériques et latino-américaines[3]). Les CADIST étaient répartis, de manière informelle, en deux groupes.
Lettres, sciences humaines et sociales
- Art et archéologie : Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art
- Antiquité : Bibliothèque de la Sorbonne / Bibliothèque générale de l'École normale supérieure
- Moyen Âge (Ve au XVe siècle) : Bibliothèque de la Sorbonne / service commun de documentation (SCD) de l'université de Poitiers
- Histoire moderne (XVe au XVIIIe siècle) : Bibliothèque de la Sorbonne
- XIXe siècle : SCD de l'université de Caen
- XXe siècle : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
- Orient méditerranéen, colonialisme français : SCD de l'université Aix-Marseille I
- Géographie : Bibliothèque de la Sorbonne - Bibliothèque de géographie (Institut de géographie de Paris)
- Urbanisme : Bibliothèque de l'Institut français d'urbanisme - université Paris-Est Marne-la-Vallée
- Économie, gestion : université de technologie en sciences des organisations et de la décision de Paris-Dauphine
- Droit : Bibliothèque Cujas
- Sciences politiques : Fondation nationale des sciences politiques
- Langues, littératures et civilisations ibériques et ibéro-américaine : SCD de l'université Toulouse II et université Bordeaux III
- Langues, littératures et civilisation italiennes : SICD Grenoble II et III
- Langue, littérature et civilisation germaniques : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
- Langues, littératures et civilisations des mondes anglophones : SCD de l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (les États-Unis, le Commonwealth, la linguistique anglaise et la traductologie) et SCD de l'Université Charles-de-Gaulle - Lille 3 (îles Britanniques et Irlande)
- Religions (principalement christianisme) : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
- Ethnologie : Médiathèque du Musée du quai Branly
- Éducation : Bibliothèque Diderot de Lyon
Sciences et techniques
- Mathématiques : SCD de l'Université Paris XI - Bibliothèque mathématique Jacques Hadamard (CNRS-UMS 1786)
- Astronomie et astrophysique : bibliothèque de l'Observatoire de Paris (et de Meudon)
- Physique : SICD 1 de Grenoble (Université Joseph Fourier - Grenoble INP)
- Chimie : SCD de l'université Lyon I
- Médecine et odontologie : Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris)
- Pharmacie : SCD de l'université Lyon I
- Cosmétologie : Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris)
- Botanique, zoologie, biologie animale et végétale : Bibliothèque du Muséum national d'histoire naturelle
- Sciences de la Terre, des océans et de l'environnement terrestre : SCD de l'université Pierre-et-Marie-Curie
- Préhistoire, paléontologie : Bibliothèque du Musée de l'Homme
Références
- Jolly 2006.
- Rapport sur les politiques nationales de recherche et de formations supérieures (lire en ligne), p. 98
- Catherine Gonzalez, Les acquisitions : un enjeu scientifique. Le cas de la littérature brésilienne (Projet Professionnel Personnel de bibliothèque : dossier d’aide à la décision), (lire en ligne), p. 40.
Bibliographie
- « Les cadist et la politique documentaire du ministère des universités », Bulletin des bibliothèques de France, no 1,‎ , p. 7–10 (lire en ligne).
- « Les cadist : circulaire no 83-219 () », Bulletin des bibliothèques de France, no 3,‎ , p. 295–298 (lire en ligne).
- Ministère de l’Éducation nationale, Direction de la programmation et du développement universitaire, Bruno Van Dooren (dir.) Des bibliothèques de recherche au service de l’enseignement supérieur, les Cadist, La Documentation française, 1992.
- Sonia Bosc, « Le cadist de sciences religieuses de Strasbourg », Bulletin des bibliothèques de France, no 6,‎ , p. 38–47 (lire en ligne).
- Claude Jolly, « Documentation électronique à l’université : relevé d’impacts », Bulletin des bibliothèques de France, no 4,‎ , p. 5–8 (lire en ligne).
- Yves Desrichard, Administration et bibliothèques, 2006, p. 174–176.
- Claude Jolly, « Les cadist. Réseau national de bibliothèques de référence et de recours », Bulletin des bibliothèques de France, no 1,‎ , p. 56–61 (lire en ligne).
- François Cavalier, "Le rôle des Cadist dans la coopération documentaire, la constitution de collections et leur conservation . Actes de la journée d'étude Politiques documentaires [Congrès ADBU]", Dunkerque, 21 sept. 2007.
- François Cavalier, « Des Cadist pour quoi faire ? », Bulletin des bibliothèques de France, no 1,‎ , p. 78–81 (lire en ligne).