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Louis V Joseph de Bourbon-Condé

Biographie

Portrait de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé (1736-1818), en uniforme de colonel général de l'infanterie, avec le cordon du Saint-Esprit, Musée Condé.
Combat de Gruningen 1762.

Enfant, Louis-Joseph porte le titre de duc d'Enghien. À la mort de son père, en 1740, il devient Grand maître de France. Il n'a encore que 5 ans lorsque sa mère meurt à son tour, un an plus tard. Il est alors confié à la garde de son oncle paternel, Louis, comte de Clermont.

De quatre ans l'aîné du marquis de Sade, né lui aussi à l'hôtel de Condé (sa mère étant parente et dame d'honneur de la princesse), élevé avec lui jusqu'à l'âge de huit ans, il est le parrain de son fils Louis-Marie, baptisé dans la chapelle privée des Condé à Chantilly.

Le père de l'écrivain, le comte de Sade, amant de sa mère à la fin de l'année 1735, est par ailleurs considéré comme le possible père adultérin du prince[1].

Le , il Ă©pouse Ă  Versailles, Charlotte de Rohan (1737-1760), fille de Charles de Rohan, prince de Soubise, duc de Rohan-Rohan (1715-1787) et d'Anne Marie Louise de La Tour d'Auvergne (1722-1739).

La marquise Marie-Thérèse de La Ferté-Imbault raconte dans ses mémoires qu'elle rencontra le prince quand il avait 16 ans, et se montrait d'une timidité telle qu'il se tenait toujours à l'écart, "n'osant parler à personne". Elle le prendra sous son aile, et le prince en sera touché. Son attachement pour madame de La Ferté-Imbault s'accrut de sa reconnaissance et il cherchera toujours auprès d'elle des conseils, des secours et des consolations. La marquise le dépeindra comme "sûr, loyal, et chevaleresque dans toute la conduite de sa vie", et écrira au seuil de la vieillesse "après avoir passé ma vie à fréquenter et à voir de près les autres princes, celui-là est le seul qui m'intéresse et que j'aime."[2]

Durant la guerre de Sept Ans il sert avec une certaine distinction aux côtés de son beau-père le prince de Soubise. Il est nommé lieutenant général des armées du roi, en 1758 et remporte les rares victoires françaises à Grüningen et à Johannisberg (1762). Il administre ensuite la Bourgogne.

En 1764, il rénove et agrandit le Palais Bourbon et quitte l'hôtel de Condé où il est né. Il fait également embellir le château de Chantilly.

En 1765, il hérite de sa tante paternelle Élisabeth Alexandrine de Bourbon, et reçoit les généreuses pensions qu'Élisabeth Alexandrine avait elle-même rachetées à sa cousine Mademoiselle du Maine.

En 1770, il marie son fils à Bathilde d'Orléans, fille de Louis-Philippe, duc d'Orléans et sœur de Philippe Égalité. Le mariage est censé guérir les relations entre les Condé et les Orléans, tous descendants des filles illégitimes de Louis XIV et de Madame de Montespan.

Par l'ordonnance du , le roi Louis XVI recrée à son intention le grade de Colonel général de l'infanterie[3].

« Marche du Don Quichotte moderne pour la défense du Moulin des Abus. »
Caricature anonyme de 1791 montrant le prince de Condé en Don Quichotte accompagné du vicomte de Mirabeau (Mirabeau Tonneau) en Sancho Panza, entourés d'une armée de contre-révolutionnaires se portant à la défense du « moulin des abus » surmonté d'un buste de Louis XVI.

À la Révolution française, bien que passant pour libéral, il s'oppose au doublement du tiers état.

Emigration

Il est l'un des premiers Ă  quitter la France, le , et Ă©migre par Valenciennes Ă  Bruxelles. Il voyage ensuite le long du Rhin, puis en Suisse et se trouve en avec le comte d'Artois, dans la belle-famille de celui-ci, Ă  Turin, jusqu'en 1791.

Au printemps 1791, il organise une armée à Worms, sur les bords du Rhin tandis que les frères du roi établissent leur quartier général à Coblence (voir armée des émigrés).

Soucieux de contrôler étroitement les mouvements des émigrés, les Autrichiens et les Prussiens le tiennent à l'écart des opérations militaires en 1792 et le subordonnent à un général autrichien en 1793. Stationnée sur les bords du Rhin en 1794 et 1795, l'armée de Condé passe ensuite sous le contrôle de la Grande-Bretagne, de l'Autriche qui assurent successivement son entretien[4].

En 1797, après le traité de Campo-Formio, l'armée de Condé passe au service du tsar de Russie.

Elle est engagée du côté des coalisés contre les révolutionnaires, dans les batailles de Wissembourg, à Haguenau, à Bentheim.

Après le traité de Lunéville, le prince doit congédier son armée et se retire en 1800 en Grande-Bretagne avec son fils.

Ils logent à Wanstead, servis par des domestiques dont les gages ne sont payés qu'irrégulièrement mais continuant à observer le cérémonial de l'Ancien Régime. Ils reçoivent de George III une pension de 675 livres pour deux. De Londres, il envoie à son petit-fils, le duc d'Enghien, des instructions belliqueuses sans comprendre que les temps ont changé. Celui-ci est enlevé, condamné à mort et exécuté en 1804 sur les ordres du consul Bonaparte.

Retour en France

En 1814, il revient en France avec Louis XVIII.

Pendant son absence, le grand château de Chantilly a servi de prison politique au pouvoir révolutionnaire, avant d'être rasé ; le parc de Chantilly, laissé en friche, a été morcelé et vendu. Il parvient à récupérer une partie de ses biens.

Il retrouve, malgré son grand âge (78 ans), sa charge de Grand maître de la Maison du Roi, ce qui lui vaut d'être assidu à la cour des Tuileries, que son fils déserte.

Pendant les Cent-jours, il tente d'organiser la résistance dans l'ouest, puis passe en Angleterre et regagne Paris le .

Il meurt à Paris, au Palais Bourbon, en 1818, à l'âge de 81 ans[5].

La correspondance des princes de Condé avec le duc de Bourbon est conservée aux Archives nationales sous la cote 34AP[6].

Famille

Ascendance

Mariages et descendance

Monsieur le Prince en 1814, par Louis Pierre Deseine. Château de Chantilly

De son Ă©pouse Charlotte de Rohan, Louis-Joseph aura trois enfants :

Louis V Joseph épouse en secondes noces (en 1798 ou 1808) la princesse Maria Caterina Brignole Sale (1737-1813), séparée, puis veuve du prince Honoré III de Monaco.

Titulature et décorations

Titulature

  • — : Son Altesse SĂ©rĂ©nissime Louis-Joseph de Bourbon, duc d'Enghien, prince du sang de France
  • — : Son Altesse SĂ©rĂ©nissime Louis-Joseph de Bourbon, prince de CondĂ©, prince du sang de France

Décorations françaises

Ordre du Saint-Esprit Chevalier des ordres du Roi ()

Source partielle

Notes et références

  1. Brighelli, Jean-Paul., Sade, Larousse, (ISBN 2-03-505012-X et 9782035050120, OCLC 48662422, lire en ligne), p. 30
  2. marquis de Ségur, Le royaume de la rue Saint-Honoré, Calmann-Levy, chapitre IX
  3. Recueil général des anciennes lois françaises: depuis l'an 420, volume 26, Jourdan, Decrusy, M. Isambert (François André)
  4. Comte de Ribes, Documents pour servir à l'histoire de la Maison de Condé - Journal d'émigration du prince de Condé 1789-1795, Paris, Georges Servant, , V-546 p. (lire en ligne)
  5. Patrick Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon 1256-2004, tome 2, Villeneuve d'Ascq, l'auteur, , 1010 p. (ISBN 2-9501509-0-X), p. 662-663
  6. Archives nationales
  7. « Ordre de la Légion d'honneur - Textes officiels antérieurs à 1962 », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
  8. « Ordre royal et militaire de Saint-Louis », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )

Articles connexes

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