Carnotaurus
Carnotaurus sastrei
Carnotaure (signifiant « taureau carnivore », en rĂ©fĂ©rence Ă ses cornes et sa tĂȘte semblables Ă celle d'un taureau) est un genre Ă©teint de dinosaures saurischiens prĂ©dateurs, de la famille des Abelisauridae. Il vivait en Argentine il y a environ 70 millions d'annĂ©es Ă la fin du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur et a Ă©tĂ© dĂ©couvert par JosĂ© Bonaparte, qui a dĂ©crit de nombreux autres dinosaures sud-amĂ©ricains[1].
Description
Carnotaure était un théropode de taille moyenne, d'environ 7,5 m à 9,0 m de long, 3,5 m de haut[2] et pesait entre 1 000 et 1 600 kg[3] - [4]. Les yeux du Carnotaure étaient placés à l'avant de son crùne[3], ce qui est inhabituel pour un dinosaure et pourrait indiquer une vision binoculaire et une perception de profondeur. Cela étant un avantage non négligeable pour un prédateur. Ses bras sont minuscules (encore plus petits, en comparaison, que ceux du Tyrannosaurus rex)[5]. Ils ne devaient donc pas lui servir à agripper ses proies. Son crùne assez épais et solide contrastait avec sa mùchoire inférieure fine. Sa technique de chasse devait donc consister à repérer une proie (probablement de petite taille de préférence) à sa portée et se jeter la gueule ouverte sur celle-ci, en se servant de sa mùchoire supérieure pour les frapper comme une hache, sa vitesse servant à les rattraper.
Le moulage de sa peau sur une partie de son squelette presque complet a montré qu'il ne possédait pas de plumes, au contraire de beaucoup de théropodes découverts récemment (voir aussi dinosaures à plumes). Sa peau était composée de fines écailles et de rangées d'écailles bulbeuses, plus grosses, sur la longueur du corps.
DĂ©couverte
Carnotaure a Ă©tĂ© trouvĂ© en 1985 dans la province de Chubut, en Argentine, par le palĂ©ontologue Joseph F. Bonaparte[1]. Ses restes Ă©taient fossilisĂ©s dans les sĂ©diments de la formation de La Colonia. Un squelette presque complet a Ă©tĂ© trouvĂ©, auquel il ne manquait que l'extrĂ©mitĂ© distale de la queue et la derniĂšre partie des membres infĂ©rieurs. Cette dĂ©couverte Ă©tait inhabituelle en raison des grandes impressions cutanĂ©es imprimĂ©es dans les roches. Le spĂ©cimen a Ă©tĂ© collectĂ© Ă la ferme « Pocho Sastre » prĂšs de Bajada Moreno, dĂ©partement de Telsen, Chubut, en Argentine, dans des sĂ©diments correspondant Ă la partie infĂ©rieure de la formation de La Colonia correspondant au CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur (Campanien-Maastrichtien), il y a environ 75 millions d'annĂ©es. Le spĂ©cimen type a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au MusĂ©e des Sciences Naturelles Bernardino Rivadavia, oĂč l'on peut en observer une rĂ©plique[1], le squelette authentique servant aux recherches palĂ©ontologiques.
Classification
La seule espÚce connue est Carnotaurus sastrei. Ses plus proches parents incluent Aucasaurus (Argentine), Majungasaure (Madagascar) et Rajasaure (Inde). Ces dinosaures forment la sous-famille des Carnotaurinae incluse dans les Abelisauridae. Dans la sous-famille Carnotaurinae, les genres Carnotaure et Aucasaure sont plus étroitement liées et sont placés dans la tribu Carnotaurini. Les études ont montré que ces dinosaures étaient les principaux prédateurs du Gondwana au Crétacé supérieur, remplaçant les carcharodontosauridés et occupant les niches écologiques occupées par les tyrannosauridés, au Nord de l'Amérique. En 2008, J. I. Canale et al. ont proposé un cladogramme se focalisant sur les carnotaurinés d'Amérique du Sud[6]
Cladogramme des Abelisauridae :
- Carnotaurinae
Paléoécologie
La formation de La Colonia représente probablement les dépÎts d'environnement similaires à un estuaire, avec des cÎtes basses et des échanges d'eau froide entre les terres intérieures et les marées, lieux de vie des crustacés, des hußtres et autres coquillages. Cette portion de mer est connue sous le nom de mer Kawasienne. Les vertébrés les plus communs incluent des poissons, des tortues, des crocodiles, des plésiosaures, des dinosaures, des serpents ainsi que des mammifÚres.
Les quelques serpents trouvĂ©s appartiennent aux familles des Boidae et des Madtsoiidae, tel que l'Alamitophis argentinus[7]. Les Tortues sont reprĂ©sentĂ©es par au moins cinq taxons, quatre de Chelidae (Pleurodira) et une de Meiolaniidae (Cryptodira). Les fossiles marins de la zone appartiennent au plĂ©siosaure Sulcusuchus erraini de la famille des Polycotylidae. Parmi les mammifĂšres de la zone, on trouve Reigitherium bunodontum qui a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme le premier enregistrement d'un docodonte AmĂ©rique du Sud et Argentodites coloniensis, appartenant peut-ĂȘtre aux Multituberculata[8]. Parmi les dinosaures, Carnotaure Ă©tait contemporain de l'iguanodonte Talenkauen et du neovenatoridĂ© Orkoraptor. La palĂ©oflore est connue pour ses composants aquatiques, Paleoazolla et Regnellidium. Cependant, de rĂ©centes dĂ©couvertes palĂ©obotaniques ont rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence d'un plus large Ă©ventail de plantes associĂ©es Ă ces plans d'eau, incluant des pteridophytes, des gymnospermes, et de divers angiospermes. Parmi ces derniers figurent des fossiles de fruits de Nelumbonaceae.
Paléobiologie
L'analyse de la mĂąchoire de Carnotaure a rĂ©vĂ©lĂ© que cet animal pouvait mordre d'un mouvement trĂšs rapide, mais relativement peu puissant[9]. Il apparaĂźt que les muscles servant Ă fermer les mĂąchoires Ă©taient importants afin de rĂ©duire les contraintes sur le crĂąne lors de la morsure; ses morsures Ă©taient plus faibles mais plus rapides que celle d'un Allosaure; Carnotaure aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© capable de faire des attaques similaires Ă un coup de hache avec sa tĂȘte[10]. Robert Bakker a suggĂ©rĂ© qu'il pouvait utiliser sa mĂąchoire supĂ©rieure comme une matraque et que son crĂąne lui permettait de chasser de grands sauropodes[11]. Certains des points de suture au niveau du crĂąne et la mĂąchoire infĂ©rieure portent Ă croire que Carnotaure pouvait ouvrir grandement la bouche, peut-ĂȘtre plus que n'importe quel autre dinosaure. Seule la partie antĂ©rieure du crĂąne aurait Ă©tĂ© mobile; la partie postĂ©rieure, comprenant les yeux, restant stable[9]. Les Ă©tudes du fĂ©mur de Carnotaure suggĂšrent qu'il Ă©tait rapide et pouvait courir aprĂšs ses proies[9]. Les Ă©tudes de sa queue suggĂšrent qu'il aurait pu ĂȘtre le plus rapide des dinosaures non-aviaires, avec une vitesse de pointe de plus de 50 km/h[12]. Il a Ă©tĂ© proposĂ© que Carnotaure utilisait ses cornes lors de combat avec ses congĂ©nĂšres Ă la maniĂšre des bĂ©liers[9]. Une Ă©tude suggĂšre que la musculature Ă©paxiale de Carnotaure aurait pu avoir une fonction d'absorption des chocs, comme dans les mammifĂšres modernes[9], mais une Ă©tude plus tardive, a trouvĂ© que le crĂąne n'aurait pas survĂ©cu Ă l'utilisation des cornes pour les coups de tĂȘte[10]. Il est aussi suggĂ©rĂ© que Carnotaure utilisait ses cornes pour tuer ou blesser de petites proies[9].
Dans la culture populaire
Le Carnotaure est trÚs connu et populaire auprÚs du public tant par son allure dû à ses cornes que par sa dangerosité malgré sa relative petite taille comparée à celle d'autres théropodes plus massifs.
Carnotaure apparut dans le roman Le Monde perdu de Michael Crichton (1995) avec les capacités de camouflage d'un caméléon, mais cette aptitude est purement spéculative. Mais on retrouve des caractéristiques de ce dinosaure dans le film Jurassic World (2015) avec « Indominus rex » ayant cette aptitude. Il apparaßt dans la suite du film, Jurassic world : Fallen Kingdom (2018).
Il apparaĂźt dans bon nombre de jeux de la franchise comme dans The Lost World : Jurassic Park Arcade (1997) de Sega, en tant que boss, ou dans Le Monde perdu : Jurassic Park (sorti la mĂȘme annĂ©e) de DreamWorks Interactive lorsque l'on joue un Compsognathus, notamment ainsi que dans d'autres jeux de la saga, bien que leur aptitude de camouflage n'est pas reprĂ©sentĂ© sauf dans le jeu arcade de 1997. Dans Jurassic World : Le jeu (2015) sur mobiles, il est possible de fusionner un Carnotaure avec un Pyroraptor pour obtenir un hybride : le Carnoraptor. Il apparaĂźtra aussi dans un DLC du jeu Jurassic World Evolution.
Dans la série Jurassic World: Camp Cretaceous (2020), les protagonistes font face plusieurs fois à un Carnotaure mùle du nom de Toro possédant une cicatrice sur le cÎté gauche du visage.
Le film Dinosaure (2000) fait figurer deux Carnotaures qui sont représentés comme les principaux antagonistes de l'histoire. Ils attaquent un grand troupeau de dinosaures herbivores. Ils sont fidÚlement représentés mais avec les proportions d'un Tyrannosaurus rex alors que Carnotaure est normalement légÚrement plus petit qu'un Iguanodon, le dinosaure héros du film. Ce film marque d'ailleurs la premiÚre apparition du Carnotaure au cinéma et c'est ce film qui le fit connaßtre, sinon le popularisa, auprÚs du public. Ils apparaissent dans les jeux dérivés du films. Aussi, l'apparence et les couleurs des Carnotaure du film sont repris dans nombre de petits jeux Android indépendants.
Dans le dessin animé Dinosaur King (2007-2008), l'un des héros, Rex, possÚde pour partenaire un Carnotaure nommé Ace. Cette version est pour l'essentiel fidÚle au spécimen original au niveau de la taille et de l'apparence, bien que, dans ce cas particulier, Ace possÚde, comme tous les protagonistes dinosaures de la série, des pouvoirs surnaturels dus uniquement à sa particularité. Carnotaure est en outre représenté comme étant un dinosaure rapide et efficace au combat plutÎt qu'un charognard.
Carnotaure apparaĂźt Ă©galement dans plusieurs Ă©pisodes de Terra Nova (2011). Il y est extrĂȘmement rapide (des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es rĂ©cemment ont prouvĂ© que c'Ă©tait vrai), mais est plus gros avec de grands bras sur lesquels poussent des plumes Ă©voluĂ©es et Ă des mains prĂ©hensiles. Ils sont aussi plus vieux d'une dizaine de millions d'annĂ©es.
Dans le tĂ©lĂ©film Age of Dinosaurs (2013), des carnotaures font partie des dinosaures principaux qui attaquent les hĂ©ros. S'ils sont physiquement bien reprĂ©sentĂ©s, ils sont cependant de la mĂȘme taille que les humains, ce qui leur donne des airs de raptor.
Dans le tĂ©lĂ©film Turok Son of Stone (2008), une femelle Carnotaure et ses deux rejetons sont vus Ă plusieurs moments dans le film, la femelle Carnotaure se fait mĂȘme apprivoiser par Turok. Elle est dĂ©crite comme la crĂ©ature la plus redoutĂ©e des "Terres Perdues".
Carnotaure est l'un des dinosaures jouables dans les jeux Primal Carnage (2012) et Primal Carnage: Extinction (2015), sa principale aptitude est de charger tel un taureau sur les ennemis pour leur infliger des dégùts, ce qui consomme la barre d'endurance.
Dans Dino Stalker (2002), un jeu de tir Ă la premiĂšre personne de l'univers de Dino Crisis faisant office de demi-suite Ă Dino Crisis 2, le hĂ©ros affronte plusieurs fois deux carnotaures spĂ©ciaux, un de couleur brune avec de longues cornes et un de couleur bleue avec de petites cornes, dont le point faible est la tĂȘte (ils possĂšdent une barre de vie pour eux deux). Le brun se fait tuer par un tyrannosaure au cours du jeu.
Dans lâunivers de Monster Hunter, le Glavenus (Dinovaldo en Japonais), une wyvern brutale qui apparaĂźt la premiĂšre fois dans Monster Hunter Generations (2015), est inspirĂ© du carnotaure. De couleur rouge et bleue, il possĂšde une tĂȘte avec deux cornes, deux petits bras, un corps recouvert de piques et une queue tranchante qu'il peut aiguiser et dont il peut se servir comme une lame.
Dans le film Le Petit Dinosaure : L'Expédition héroïque (The Land Before Time XIV: Journey of the Brave) sortit en 2016, un Carnotaure fait office d'antagoniste principal.
Il apparaĂźt Ă©galement dans le jeu Ark: Survival Evolved (2017) oĂč il est fidĂšlement reprĂ©sentĂ© et avec la possibilitĂ© de l'apprivoiser.
Carnotaure est prĂ©sent dans l'extension officielle "Animaux disparus" et le pack "Dino Danger" du jeu Zoo Tycoon 2, son biome est la forĂȘt borĂ©ale.
Dans la saga de jeux vidĂ©os Carnivore Dinosaur Hunter, Carnotaure fait partie des dinosaures gibiers chassables, classĂ© « extrĂȘmement dangereux », reconnaissable de loin par ses couleurs orange et noir.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Gerardo V. Mazzetta, Adriån P. Cisilino & R. Ernesto Blanco.« Mandible stress distribution during the bite in Carnotaurus sastrei Bonaparte, 1985 (Theropoda: Abelisauridae) »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le ). (2004) Ameghiniana 41: 605-617. Buenos Aires.
- (es) The bite of Carnotaurus Ă l'Universidad Nacional de Mar del Plata.
- Description du dinosaure Carnotaurus sur DinoNews
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
Références taxinomiques
- (en) Référence Paleobiology Database : Carnotaurus Bonaparte, 1985 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Carnotaurus sastrei Bonaparte, 1985 (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
Notes et références
Références
- (en) Bonaparte, « A horned Cretaceous carnosaur from Patagonia », National Geographic Research, vol. 1,â , p. 149â151
- Holtz, Thomas R. Jr. (2008) Dinosaurs: The Most Complete, Up-to-Date Encyclopedia for Dinosaur Lovers of All Ages Supplementary Information
- Bonaparte, Novas, and Coria (1990). "Carnotaurus sastrei Bonaparte, the horned, lightly built carnosaur from the Middle Cretaceous of Patagonia." Contributions in Science (Natural History Museum of Los Angeles County), 416: 41 pp.
- G.V. Mazzetta, P. Christiansen et R.A. Fariña, « Giants and Bizarres: Body size of some southern South American Cretaceous dinosaurs », Historical Biology, vol. 16, no 2,â , p. 71â83 (DOI 10.1080/08912960410001715132)
- Agnolin, F.L. and Chiarelli, P. (2010). "The position of the claws in Noasauridae (Dinosauria: Abelisauroidea) and its implications for abelisauroid manus evolution." PalÀontologische Zeitschrift, published online 19 November 2009. doi: 10.1007/s12542-009-0044-2
- Canale, J.I., Scanferla, C.A., Agnolin, F., & Novas, F.E. (2008). "New carnivorous dinosaur from the Late Cretaceous of NW Patagonia and the evolution of abelisaurid theropods." Naturwissenschaften. doi: 10.1007/s00114-008-0487-4.
- Albino A. M. (2000). "New record of snakes from the Cretaceous of Patagonia (Argentina)". Geodiversitas 22(2):247-253.
- (en)KielanâJaworowska, Z., OrtizâJaureguizar, E., Vieytes, C., Pascual, R., & Goin, F.J. (2007). "First ?cimolodontan multiâtuberculate mammal from South America". Acta Palaeontologica Polonica 52(2): 257â262.
- « On the palaeobiology of the South American horned theropod Carnotaurus sastrei Bonaparte »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le )
- Gerardo V. Mazzetta, « Cranial mechanics and functional interpretation of the horned carnivorous dinosaur Carnotaurus sastrei », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 29, no 3,â , p. 822â830 (DOI 10.1671/039.029.0313)
- « Brontosaur killers: Late Jurassic allosaurids as sabre-tooth cat analoguesi »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le )
- (en) Jodie Sinnema, « Carnotaurus was Olympic sprinter of prehistoric time », The Vancouver Sun, (consulté le )