Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France
L'inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France, créé en , recense un ensemble d'éléments du patrimoine culturel immatériel observés sur le territoire national.
Description
L'inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France répond à l'exigence formulée par l'UNESCO dans sa Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, à savoir que « chaque État-partie doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire. Il doit s’attacher à identifier et définir les différents éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur son territoire, avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes. Pour assurer l’identification de ce patrimoine en vue de sa sauvegarde, chaque État-partie doit dresser un ou plusieurs inventaires du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire. Ces inventaires font l’objet d’une mise à jour régulière »[1].
Cette liste comprend sept thématiques : les pratiques sociales et festives, les traditions et expressions orales, les pratiques physiques, les arts du spectacle, les jeux, les rituels et les savoirs et savoir-faire.
Il est à noter que l'inscription à l'inventaire ne signifie pas un classement systématique au patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’Unesco. Toutefois, une inscription sur la liste nationale est un préalable obligatoire à une inscription internationale[2].
Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) présent sur le territoire de la France
En France, la loi du 2 mai 1930 permet de protéger des éléments du patrimoine culturel immatériel.
La mise en œuvre de la Convention pour la sauvegarde du PCI a été confiée en 2006 à la Mission du patrimoine ethnologique au sein du Ministère de la Culture. L’arrêté du relatif aux missions et à l’organisation de la direction générale des patrimoines a chargé le département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique (DPRPS) rattaché à la direction générale des patrimoines (DGP) du ministère :
- du pilotage de la recherche dans les domaines des opérations nationales d’inventaire du patrimoine immatériel réalisées par l’État ;
- de la mise en œuvre de la Convention Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel[3].
De 2006 jusqu’à 2012, une instance consultative informelle, le Comité technique du PCI, a servi de forum pour l’échange d’informations relatives à la Convention pour la sauvegarde du PCI. Le Comité technique du PCI est progressivement devenu responsable de l’examen et de l’évaluation des dossiers de candidature pour l’inclusion d’un élément du PCI dans l’inventaire du PCI de la France ou pour l’inscription sur une des listes Unesco. Il rassemblait une douzaine de membres de toutes les administrations concernées. Le secrétariat du Comité était assuré par la Mission du patrimoine ethnologique et la Mission des affaires européennes du ministère.
Le Comité du patrimoine ethnologique et immatériel
L’arrêté du relatif au Comité du patrimoine ethnologique et immatériel[4] crée pour une durée de cinq ans le Comité du patrimoine ethnologique et immatériel (CPEI) placé auprès de la direction générale des patrimoines. Ce Comité consultatif examine et émet des avis sur l’inclusion d’élément du PCI dans l’inventaire national du PCI et sur les dossiers de candidature pour l’inscription sur les listes de la Convention[5]. Ces avis font l’objet d’une approbation par arrêté du ministère. Le CPEI est composé de :
- trois représentants du ministère de la Culture ;
- le directeur général des patrimoines, qui est membre de droit ;
- trois personnalités qualifiées choisies en raison de leurs compétences dans le domaine du patrimoine ethnologique et immatériel ;
- un maire désigné sur proposition de l’Association des maires de France ;
- un président de conseil général désigné sur proposition de l’Association des départements de France ;
- un président de conseil régional, désigné sur proposition de l’Association des régions de France[6].
Processus d'inventaire du PCI
L’inventaire du PCI présent sur le territoire de la France s’est réalisé en deux temps. Dès , le DPRPS a dressé un état des inventaires du PCI existant avant l’approbation de la Convention pour la sauvegarde du PCI (publications, bases de données, etc.). Cet inventaire des inventaires a été nommé répertoire des inventaires du PCI. Les inventaires du PCI recensés dans le répertoire des inventaires du PCI sont spécialisés soit dans un domaine du PCI, soit le PCI d’une zone géographique, par exemple, l’inventaire des théâtres de marionnettes en France ou la Collecte du patrimoine immatériel de l’aire Ajië-Aro de Nouvelle-Calédonie[7].
Dans un deuxième temps, le DPRPS s’est attelé dès 2008 à établir le processus d’inventaire du PCI en France. Cet inventaire est conçu comme un processus ouvert et évolutif. Il est alimenté par des enquêtes scientifiques ou par des demandes spontanées émanant de porteurs de PCI. Certaines enquêtes sont confiées à des associations de praticiens qui dressent, avec la participation de scientifiques, un inventaire du PCI qu’ils portent. Une enquête sur les jeux et les sports traditionnels en Bretagne a été lancée, par exemple, en 2012 avec la participation d’associations[8]. Un élément peut être inclus dans l’inventaire du PCI en France si :
- l’élément est conforme à la définition posée à l’article 2 de la Convention pour la sauvegarde du PCI ;
- les porteurs ont consenti à l’inclusion de l’élément dans l’inventaire.
Les sept éléments sont inclus dans l’inventaire selon leur appartenance aux domaines suivants :
- les pratiques sociales et festives ;
- les traditions et expressions orales ;
- les pratiques physiques ;
- les arts du spectacle ;
- les jeux ;
- les rituels ;
- les savoirs et savoir-faire.
L’inclusion d’un élément dans l’inventaire du PCI en France constitue un simple recensement. Il n’ouvre droit à aucune mesure de sauvegarde[2].
Pratiques inventoriées
Au , 500 pratiques avaient fait l'objet d'enquêtes et de fiches d'inventaire. Ces pratiques sont classées en sept catégories : savoir-faire de l'artisanat traditionnel ; pratiques rituelles ; musiques et danses ; pratiques festives ; pratiques physiques traditionnelles (sports) ; jeux ; expressions et traditions orales (art du conte). Certaines pratiques relèvent de deux domaines différents à la fois (comme le jeu de pelote basque, considéré à la fois comme un jeu et une pratique sportive).
L'inventaire est disponible sur le site du ministère de la Culture[2].
Parmi les pratiques inventoriées, on compte 22 éléments inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité :
- Les savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain (2022) ;
- Les fêtes de l'ours dans les Pyrénées (2022) ;
- Les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d'art (2020) ;
- L'art musical des sonneurs de trompe (2020) ;
- L'art de la perle de verre (2020) ;
- L'alpinisme (2019, partagé avec la Suisse et l'Italie) ;
- Les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse (2018);
- L'art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques (2018);
- Le carnaval de Granville (2016) ;
- La fauconnerie, un patrimoine humain vivant (2016, partagé avec les Émirats arabes unis, la Belgique, la République tchèque, la Corée du Sud, la Mongolie, le Maroc, le Qatar, l'Arabie saoudite, l'Espagne et la Syrie) ;
- Les fêtes du feu du solstice d'été dans les Pyrénées (2015, partagé avec l'Andorre et l'Espagne) ;
- Le gwoka : musique, chants, danses et pratique culturelle représentatifs de l’identité guadeloupéenne (2014) ;
- Les ostensions septennales limousines (2013) ;
- Le fest noz, rassemblement festif basé sur la pratique collective des danses traditionnelles de Bretagne (2012) ;
- L’équitation de tradition française (2011) ;
- Le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier (2010) ;
- Le repas gastronomique des Français (2010) ;
- Le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon (2010) ;
- Le Maloya (2009) ;
- La tapisserie d’Aubusson (2009) ;
- La tradition du tracé dans la charpente française (2009) ;
- Les géants et dragons processionnels de Belgique et de France (2008, partagé avec la Belgique).
Et un élément inscrit sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :
- Le Cantu in paghjella profane et liturgique de Corse de tradition orale (2009).
Les savoirs et savoir-faire
Au , le Ministère de la Culture recense 165 fiches d'inventaire des savoir-faire du patrimoine culturel immatériel en France[9].
Les rituels
Au , le Ministère de la Culture recense 54 fiches d'inventaire des pratiques rituelles du patrimoine culturel immatériel en France[11].
Les arts du spectacle
Au , le Ministère de la Culture recense 48 fiches d'inventaire des arts du spectacle du patrimoine culturel immatériel en France[13].
Les pratiques sociales et festives
Au , le Ministère de la Culture recense 89 fiches d'inventaire des pratiques festives du patrimoine culturel immatériel en France[14].
Les pratiques physiques
Au , le Ministère de la Culture recense 20 fiches d'inventaire des pratiques physiques traditionnelles du patrimoine culturel immatériel en France[15].
Les jeux
Au , le Ministère de la Culture recense 127 fiches d'inventaire des jeux du patrimoine culturel immatériel en France[16].
Les traditions et expressions orales
Au , le Ministère de la Culture recense 10 fiches d'inventaire des traditions et expressions orales du patrimoine culturel immatériel en France[17].
Fiches d'inventaire de l'Art du conte du patrimoine culturel immatériel en France | |
---|---|
Bretagne | Les veillées de café |
Les veillées du Trégor | |
Nouvelle-Aquitaine | Le conte occitan en Lot-et-Garonne |
Le conte occitan en PĂ©rigord | |
La pratique théâtrale en occitan à Daglan | |
Bertsolaritza, le bertsularisme, joute verbale improvisée au Pays Basque | |
Nouvelle-Calédonie | Le seloo ou selo, chant polyphonique de Hnyei Iaai-Ouvéa, îles Loyauté |
L’Anethem, chant polyphonique des Îles de la Loyauté | |
Occitanie | Les jeux floraux de Toulouse et leur fĂŞte des fleurs |
RĂ©union | Conte traditionnel de la RĂ©union |
Notes et références
Notes
- Pratique également répertoriée au titre des pratiques physiques traditionnelles.
- Pratique également répertoriée au titre des musiques et danses.
- Pratique également répertoriée au titre des pratiques festives.
- Pratique inscrite, par la Géorgie, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2008.
- Pratique inscrite, par le Portugal, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2011.
- Pratique également répertoriée au titre des savoir-faire.
- Pratique également répertoriée au titre des pratiques rituelles.
- Pratique inscrite, par la Belgique et la France, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2008, au titre des Géants et dragons processionnels de Belgique et de France.
- Pratique également répertoriée au titre des jeux.
Références
- art. 11 et 12 de la Convention
- « L'inventaire national du Patrimoine culturel immatériel », sur le site du Ministère de la Culture (consulté le ).
- Art. 8 IV de l’Arrêté du 17 novembre 2009
- Publié au Bulletin officiel du MCC, mars 2012, no 208, p. 17
- Art. 2, 1º de l’arrêté du 5 mars 2012
- Art. 3 de l’arrêté du 5 mars 2012
- Lily, L'inventaire du PCI présent sur le territoire de la France in « France », WikiPCI, 2013-2014.
- Restituer l'inventaire du PCI
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Savoir-faire de l'artisanat traditionnel », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- Installé à Cluny désormais, après avoir fondé en 2008 L'esprit du bois, centre de formation destiné à la fabrication des instruments à cordes (vielles à roue, guitares, mandolines, bouzoukis). Source : « Pascal Cranga, maître artisan d'art à Cluny. Passeur de savoirs. », 71-Le Mag' (revue trimestrielle du conseil départemental de Saône-et-Loire), n° 31, janvier 2023 (pages 24 et 25).
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Pratiques rituelles », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- Julie Léonard, « Les pardons et troménies en Bretagne » [PDF], sur culture.gouv.fr, (consulté le )
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Musiques et danses », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Pratiques festives », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Pratiques physiques traditionnelles », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Jeux », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- « Fiches de l'Inventaire national du PCI : Expressions et traditions orales », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Gaetano Ciarcia, « Inventaire du patrimoine immatériel en France : du recensement à la critique » in Les carnets du Lahic no 3, 2007, 54 p.
- Sylvie Grenet, « Les inventaires en France » in Culture et Recherche no 116-117, 2008, p. 27-28, en ligne.
- Christian Hottin, « Entre ratification et inscriptions : la mise en œuvre d'une politique du patrimoine culturel immatériel en France (2006-2010) » in Terrain no 57, 2011, p. 145-157.
- Christian Hottin, « La mise en œuvre par la France de la convention de l'Unesco » in Culture et Recherche no 116-117, 2008, p. 10-54, en ligne.
- Christian Hottin, Le patrimoine culturel immatériel. Premières expériences en France, Arles et Paris Paris : Actes sud - Maison des cultures du monde, Coll. Internationale de l'imaginaire no 25, 2011, 365 p.
Articles connexes
Liens externes
- « L'inventaire national du PCI », sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication (consulté le ).
- « Fiches d'inventaire du PCI », sur le site PCI Lab, partenaire du Ministère de la Culture et de la Communication (consulté le ).