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Carnaval de Marie-Galante

Le Carnaval de Marie-Galante est un Ă©vĂ©nement festif et culturel annuel qui se dĂ©roule Ă  Marie-Galante, en Guadeloupe, sur deux mois environ, entre le dimanche de l'Ă©piphanie et le mercredi des Cendres. Le dernier jour du carnaval est marquĂ© par la mort de Vaval, roi du carnaval. Fortement associĂ© Ă  la crĂ©ation locale et notamment Ă  la musique gwoka, le carnaval de Marie-Galante est en quĂŞte d'une nouvelle expression symbolique et artistique.

Le carnaval en kabwet Ă  Marie-Galante *
Domaine Pratiques festives
Lieu d'inventaire France
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

Le carnaval et les jours gras change de communes à Marie-Galante chaque année, en fonction des groupes et de la fédération du carnaval. Certains défilés ne changent pas de lieu ou rarement, comme le défilé (ou déboulé) nocturne à Capesterre, organisé par le groupe à caisse claire Syncopal.

Dès le début de la période carnavalesque, des jeunes déguisés et masqués demandent une rançon aux automobilistes et piétons dans un esprit de fête.

Une grande parade carnavalesque est organisĂ©e chaque annĂ©e, fin janvier, dans la ville principale, Grand-Bourg depuis 2013 nommĂ©e Woy Mi Mass. Elle y rassemble environ 9 000 Ă  10 000 personnes chaque annĂ©e et regroupes plusieurs groupes de carnavals (Ă  « Po »« Ti Mass » et Ă  caisses claires) qui participe presque tous Ă  un concours pour les meilleurs costumes, meilleure musique ou meilleure chorĂ©graphie dont le thème est imposĂ© par les comitĂ©s de carnaval, sur un tapis rouge devant un podium sous les yeux des spectateurs et filmĂ©s en direct.

Histoire

Le carnaval a Ă©tĂ© introduit par les colons au XVIIe siècle pour faire la fĂŞte avant de se restreindre au moment du carĂŞme. Progressivement, les esclaves furent autorisĂ©s Ă  y participer. Ils purent intĂ©grer certaines de leurs traditions[1]. Ils pouvaient aussi se moquer de leur maĂ®tre, sans consĂ©quences. Aujourd'hui encore, l'histoire de la Guadeloupe est toujours très prĂ©sente, comme l'utilisation du fouet et a pour objectif de faire la fĂŞte et d'utiliser la satire.

Les jours du carnaval[2]

Dimanche Gras

Le Dimanche Gras, une grande parade est organisée : elle commence l'après-midi et se termine très tard le soir. Les concours qui y sont organisés sont principalement les concours de « Musique » et « festiverie » (ensemble de la présentation, costumes...). Les personnes masquées circulent dans les rues, faisant claquer leur fouet. C'est aussi la grande parade des reines et l'apparition de Vaval.

Lundi Gras

Le Lundi Gras se déroule un défilé folklorique en pyjamas très tôt le matin (parfois à Saint-Louis). Le soir se déroulent les Grandes Parades nocturnes du Lundi Gras, durant cette parade se déroule le concours de chorégraphie. C'est le jour des mariages burlesques dans lesquels des couples se déguisent avec des vêtements du sexe opposé certaines fois.

Mardi Gras

Le Jour Gras le plus important est marqué par la grande Parade à Marie-Galante, jour qui accueille le plus de monde. Le concours qui y est organisé est le concours de costume qui est centré sur un thème qui peut varier par groupes. La quasi-totalité des groupes y est conviée, de plus le circuit du Mardi Gras est très éprouvant. Il se déroule toujours dans une commune différente, en fonction de l'année. Le Mardi Gras est l'un des seuls jours où on sort le char, après les défilés le soir, un petit (ou gros camion), déplaçant avec lui de grosses enceintes jouant de la musique dancehall, bouyon, trap, compas, etc. Toutes les générations s’entremêlent mais la présence des jeunes est généralement plus marquée.

Mercredi des cendres

C'est le jour du grand « vidé ». On brûle Vaval, roi du carnaval, devant une foule habillée en noir et blanc.

Les figures emblématiques

Vaval (diminutif créole de Carnaval) est le roi du carnaval. Il symbolise et incarne tous les problèmes de l'année écoulée[3]. Il défile le dimanche gras. Il meurt le mercredi des cendres devant la foule qui chante « vaval, vaval, vaval ka kité nou, malgré la vi la rèd, vaval ka kité nou »[4]. Il est représenté par un bwa-bwa (mannequin) représentant un personnage souvent connu. L’incinération de Vaval est le symbole de la purification des âmes.

La Reine peut se présenter dans trois costumes différents : costume traditionnel, tenue de soirée, travestie. Elle accompagne Vaval.

Le Mas ou le Mass (masque) est une personne ou un groupe de personnes défilant en marge du défilé officiel. C'est aussi le costume qui fait référence à un personnage de l’histoire ou de l’imaginaire guadeloupéen et qui rappelle l'Afrique. Le Mas est là pour effrayer, déranger et choquer[5].

  • Mass a lan-mò, mass lan-mò, mass lan-mò ou mass lamow (Masques de la mort) : est souvent drapĂ© de blanc ou de noir et porte un masque funĂ©raire. Pendant le dĂ©filĂ©, il peut envelopper la foule ou piquer le spectateur d’une Ă©pingle.
  • Mass a konn (Masques Ă  cornes) : c'est le symbole du taureau, synonyme de puissance dans un monde rural.
  • Mass a fwet (Masques Ă  fouet) : est souvent habillĂ© de chemise et de pantalon en tissu madras, tĂŞte encagoulĂ©e et masquĂ©e; il reprĂ©sente la virilitĂ© et la fĂ©conditĂ©[6].
  • Mass a miwa (Masques Ă  miroirs) : habillĂ© en costume de tissus de couleurs vives ou de madras, parsemĂ© de fragments de miroirs. Il symbolise le changement et la mutation et fait rĂ©fĂ©rence au dieu Janus[7]. Il est aussi un hommage Ă  la communautĂ© indienne[8].
  • Mass a kongo, Mass a goudwon (Masques de goudron) ou Mass gwo-siwo (masque gros sirop) : est vĂŞtu de « konoka » (pantalons de travailleurs des champs), d'un short ou d'un simple cache sexe, il s'enduit toutes les parties visibles du corps d'un mĂ©lange de mĂ©lasse destinĂ©e Ă  noircir la peau et rougit ses lèvres de roucou. Ils reprĂ©sentent les nègres importĂ©s d'Afrique et la prĂ©sence africaine dans le prĂ©sent. Dans le passĂ©, un des membres effectuait une danse acrobatique en montant sur deux longs bâtons posĂ©s sur les Ă©paules de quatre hommes[9].
  • Mass a rubans : est vĂŞtu de long rubans cousus sur ses vĂŞtements brillant et d'un chapeau. Leur danse consistait Ă  tourner au pied d'un mât en tressant autour de celui-ci de longs rubans. Le symbole phallique a son importance dans ce mass. Ce mass est importĂ© par les travailleurs indiens (Immigration indienne) et a, de nos jours, presque disparu[10].
  • Mass a hangnion ou Mas a rannyon (masque en haillons) : il porte des haillons multicolores cousus sur un vieux vĂŞtement et symbolise la pauvretĂ©. Après les fĂŞtes de NoĂ«l et les dĂ©penses, la population n’a pas d'autre choix que de rĂ©cupĂ©rer de vieux vĂŞtements. Il ouvre le carnaval[8].
  • Mass a Lous (Masque Ă  l'ours) : est vĂŞtu de feuilles de bananes et porte un masque avec des cornes de bĹ“uf. Il est le symbole de l'hĂ©ritage des temples religieux africains et symbolise une divinitĂ© africaine.
  • Mass a roukou ou Mas a woukou (masque de roucou) : est vĂŞtu d'un pagne fait de feuilles et est recouvert d'huile de roucou. Il reprĂ©sente les premiers habitants de Guadeloupe : les Indiens CaraĂŻbes ("zendien Karaib").
  • Mass a biki ou moko zombi : il existe depuis le dĂ©but de XXe siècle. C'est un homme habillĂ© en femme, masquĂ© et montĂ© sur Ă©chasses. Il danse au son du triangle, du tambour basque et de l'accordĂ©on. Il reprĂ©sente les esprits, les zombis ou le diable. Il portait un parapluie qu'il utilisait pour faire la quĂŞte[11].
  • Mass a Man Ibè (Masque de Madame Hubert) : symbole des hypocrites et des traĂ®tres. Madame Hubert Ă©tait une guĂ©risseuse de Pointe-Ă -Pitre qui parcourait les bois la nuit, accompagnĂ©e de ses chiens, Ă  la recherche de plantes mĂ©dicinales et magiques[12]. Elle Ă©tait critiquĂ©e le jour par ceux qui venait la consulter la nuit.
  • Mass a zonbi (Masques de zombie) : crĂ©Ă© pour le Lundi-gras de 1991 par le groupe carnavalesque Voukoum. Le carnaval n'est pas pratiquĂ© par les esclaves restĂ©s fidèles au voudou et autres coutumes africaines car il servait aux maĂ®tres Ă  se moquer des esprits. Les rituels et les cultes antiques d'Afrique Ă©taient mĂ©prisĂ©s et les ancĂŞtres injuriĂ©s.

Groupes Carnavalesques

Les groupes (dans le XXIe siècle) sont divisĂ©s en trois grandes catĂ©gories.

Groupe à « Po »

Les groupes Ă  « Po » utilisent des tambours Ă  peau d’animal, des chachas et cornes (ou conques) Ă  lambis. Sur la rĂ©gion Pointoise ils jouent la musique « Sen Jan » (Saint Jean) (ex : le groupe Akiyo) et sur la rĂ©gion Basse-terrienne c'est plus gĂ©nĂ©ralement la musique Gwo Siwo qui est jouĂ©e (ex: le groupe Voukoum). Leur marche est vigoureuse et ils sont souvent surpeuplĂ©s.

Sous groupes

On peut compter des sous-groupes parmi les groupes à « Po » :

  • Les groupes Ă  fouet : leurs adhĂ©rents font claquer des fouets gĂ©nĂ©ralement pour exprimer la souffrance qu'enduraient les esclaves durant la colonisation ;
  • Les groupes « gwo siwo » : leurs adhĂ©rents sont couverts d'un sirop noir très odorant (« siwo batri ») ;
  • Les gros tambours (très rares aujourd'hui) ;
  • Les cortèges Ă  pied : ce sont les plus communs.

Groupes emblématiques

  • Akiyo fondĂ© en 1979, le 1er groupe Ă  Po ;
  • Nasyon a Nèg Mawon ;
  • Point d'interrogation ;
  • Voukoum fondĂ© en 1988, le 1er Ă  jouer la musique Gwo Siwo ;
  • Kombin' A Mas, Grand-Bourg.

Groupe « Ti Mass »

Les groupes de ce type, tels que nous les connaissons aujourd'hui, sont apparus au milieu des annĂ©es 2000. MalgrĂ© leurs masques et leur costumes stĂ©rĂ©otypĂ©s ils arrivent la plupart du temps Ă  innover grâce Ă  leurs chorĂ©graphies et Ă  leur humour.

Groupes emblématiques

  • Mass Moule Massif ;
  • Atafaya ;
  • Otantik Mass, originaire de Bambara.

Groupes Ă  caisses claires

Les groupes Ă  caisses claires sont très nombreux. Leurs costumes sont très diversifiĂ©s. Seuls groupes utilisant des sections de cuivres, ce sont les groupes dont le financement est le plus onĂ©reux. Ils sont reconnaissables Ă  leur musique et, Ă©videmment, Ă  leurs costumes et Ă  leurs chars.

Groupes emblématiques

  • Magma de Basse-Terre
  • Toumblack TNS
  • Avan Van du Moule
  • Bouyot dorĂ©e de Bouillante
  • Waka de Basse-Terre
  • Syncopal de Capesterre
  • Explosion de Capesterre
  • Flan'm de Saint-Louis

Carnaval des enfants

Les enfants ne sont pas oubliĂ©s dans le carnaval. Pour preuve un Ă©vĂ©nement majeur est organisĂ© :

  • le carnaval des enfants.

Cet événement est organisé par toutes les écoles élémentaires de Marie-Galante qui se réunissent pour former un grand carnaval avec les enfants, déguisés avec des vêtements, réalisés par eux-mêmes.

L'enfant a aussi son mass : mass a banblet 15.

Retransmission télévisée

Depuis plusieurs années, la grande parade du carnaval de Woy Mi Mass à Grand-Bourg est retransmis en direct à la télévision et sur Internet. Les téléspectateurs peuvent voter par téléphone ou par SMS lors des concours.

Notes et références

  1. Saint Francois : origines du carnaval.
  2. Antilles-guadeloupe : carnaval.
  3. Portail-Guadeloupe : carnaval-guadeloupe-festivite.
  4. Guadeloupe traditions : carnavale.
  5. fwimusic.wordpress.com : histoire-et-tradition-du-carnaval-aux-antilles-francaises/.
  6. Celine-malraux : le-carnaval-antillais-ou-la-reappropriation-symbolique.
  7. Le carnaval et la folie imaginaire des peuples : gnoséologie, éphémérides, éléments introductifs à l'identité et l'économie culturelle de Paul Rosele Chim et de Joël Raboteur.
  8. Guadeloupe.franceantilles : une-exposition-aux-couleurs-du-carnaval.
  9. Vie et mort de Vaval, Association Chico-Rey, 1991.
  10. Nysida : c-est-carnaval.
  11. Dynamiques interculturelles dans l'aire caribéenne de Colette Maximin.
  12. Fwiyapin : fais-moi-peur.

Voir aussi

Articles connexes

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