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Pourim

Pourim est une fĂȘte juive d’origine biblique et d’institution rabbinique, qui commĂ©more les Ă©vĂ©nements relatĂ©s dans le Livre d’Esther : la dĂ©livrance miraculeuse d’un massacre de grande ampleur, planifiĂ© Ă  l'encontre des Juifs par Haman l’Agaggite dans l’Empire perse sous le rĂšgne d’AssuĂ©rus (XerxĂšs Ier).

Pourim (Ś€Ś•ŚšŚ™Ś « Sorts »)
Pourim Ă  Netanya en 1935.
Pourim Ă  Netanya en 1935.

Signification FĂȘte joyeuse cĂ©lĂ©brant les Ă©vĂšnements dĂ©crits dans le Livre d’Esther.
Date 14 adar (ou adar II lors des années embolismiques)
Date 2023 Du au soir au
Observances Mikra meguila (he) (lecture du Livre d’Esther), mishte vesimha (grand festin), mishloah manot (en) (envoi de colis alimentaires), matanot laĂšvyonim (he) (dons aux indigents), « Mahatsit Hashekel » (don de quelque piĂšces commĂ©morant l'impĂŽt d'un demi shekel destinĂ© au Temple)
LiĂ© Ă  JeĂ»ne d’Esther, Chouchan Pourim, Pourim sheni et Pourim katan.

La fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e le 14 Adar (en fĂ©vrier ou mars du calendrier grĂ©gorien). Quand le mois d'Adar est redoublĂ© (annĂ©es embolismiques), Pourim est cĂ©lĂ©brĂ©e le 14 Adar II. Cette date correspond Ă  la derniĂšre Pleine Lune de l'hiver, une lune avant la premiĂšre Pleine Lune du printemps, marquĂ©e par la fĂȘte de Pessah.

Aux pratiques traditionnelles, consignĂ©es dans le Livre d’Esther et ordonnancĂ©es par les Sages de la Mishna, se sont ajoutĂ©es diverses coutumes, notamment culinaires, avec les hamantaschen ou deblas (en) (oreilles d'Aman), ainsi que des manifestations joyeuses et carnavalesques, et l’usage de crĂ©celles Ă  l’évocation du nom de Haman.

Origines de la fĂȘte

Dans la Bible hébraïque

C’était du temps d’AssuĂ©rus, de cet AssuĂ©rus qui rĂ©gnait depuis l’Inde jusqu’en Égypte sur cent vingt-sept provinces.

La fĂȘte de Pourim commĂ©more les Ă©vĂ©nements dĂ©crits dans le Livre d’Esther, dernier Livre de la Bible hĂ©braĂŻque Ă  avoir Ă©tĂ© canonisĂ©, dont la rĂ©daction peut ĂȘtre approximativement datĂ©e au IVe siĂšcle AEC[1]. Selon ce rĂ©cit, le roi AssuĂ©rus prend pour femme Esther bat AvihaĂŻl, une belle jeune femme qui tient secrĂštes ses origines judĂ©ennes sur les conseils de son oncle (cousin) MardochĂ©e[2]. Celui-ci sauve le roi d'un complot[3].

Haman implorant le pardon d'Esther, Rembrand, v. 1635

Peu aprĂšs, Haman, fils de Hamedata l'agaggite, monte en faveur auprĂšs du roi de Perse[4]. OutrĂ© par le fait que MardochĂ©e ne s'incline pas devant lui alors que le protocole Ă©tabli par le roi l'y oblige, il fait publier au nom du souverain et avec son accord un dĂ©cret d'extermination de tous les Juifs vivant dans les 127 provinces de l'empire achĂ©mĂ©nide (oĂč vit la quasi-totalitĂ© de la population juive de l'Ă©poque[5]). La date d’application du dĂ©cret est fixĂ©e au 13e jour du douziĂšme mois, c’est-Ă -dire le mois d’adar[6] par tirage au sort (hĂ©breu : Ś€Ś•Śš pour, cf. l'akkadien pĂ»rĂ»), d’oĂč vient l’origine du mot « Pourim ».  En effet, Pourim est aussi connu sous le nom « la fĂȘte des Sorts »[7].

Sur l'insistance de MardochĂ©e, Esther vient trouver le roi (au pĂ©ril de sa vie)[8]. Elle l'invite Ă  un festin avec Haman sans dĂ©voiler ses motifs oĂč elle les convie Ă  un second festin[9]. TroublĂ©, AssuĂ©rus se fait lire les annales royales pour occuper ses insomnies et prend connaissance de sa dette envers MardochĂ©e. Il le rĂ©compense par des honneurs devant un Haman dĂ©pitĂ©[10]. Lors du second festin, Esther dĂ©voile son identitĂ© juive et le complot qui vise les siens[11]. Haman est pendu Ă  la potence mĂȘme qu'il rĂ©servait Ă  MardochĂ©e[12] et les Juifs sont autorisĂ©s Ă  se dĂ©fendre contre leurs assaillants[13]. AprĂšs un jour de batailles (deux Ă  Suse)[14], les Juifs cĂ©lĂšbrent dans l'allĂ©gresse ces retournements du sort et une fĂȘte est instituĂ©e pour les gĂ©nĂ©rations Ă  venir[15].

Les innovations de MardochĂ©e, devenu grand vizir du roi, ont une nature davantage sociale que religieuse : en effet, le jour est marquĂ© par 4 obligations religieuses (mistvot) : la lecture rituelle du Livre d’Esther (mikra meguila (he)), le repas festif (mishte vesimha), l’envoi de portions (mishloah manot (en)) et le don aux pauvres (matanot laĂšvyonim (he))[16].

Dans la littérature rabbinique

Costumes de Pourim, Heusden (Pays-Bas), 1657.

La fĂȘte de Pourim n’est, selon la tradition rabbinique, observĂ©e dans un premier temps que par les Juifs de Suse avant d’ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  l’ensemble des communautĂ©s juives, lorsque le Livre d’Esther est inclus aprĂšs de nombreux dĂ©bats dans le canon biblique par la Grande AssemblĂ©e[17].

Son prestige ne cesse dĂšs lors de croĂźtre au travers des nombreuses interprĂ©tations rabbiniques du Livre d’Esther compilĂ©es dans les Talmuds, le Midrash, le Zohar et la littĂ©rature mĂ©diĂ©vale.

Pourim en Allemagne, 1718-1724

Outre de nombreux embellissements, il est rappelĂ© avec insistance que l’histoire apparemment profane et dĂ©cousue du Livre d’Esther est en rĂ©alitĂ© le plan d’un Dieu qui agit « en voilant sa face » (hĂ©breu : Ś”ŚĄŚȘŚš Ś€Ś Ś™Ś Hester panim) et que le nom mĂȘme de l’hĂ©roĂŻne y fait allusion[18] - [19]. L’affrontement entre MardochĂ©e et Haman rĂ©actualise la lutte perpĂ©tuelle que se livrent IsraĂ«l et Amalek[20], d’autant plus que l’ancĂȘtre de MardochĂ©e, SaĂŒl, a indĂ»ment Ă©pargnĂ© l’ancĂȘtre de Haman, Agag[21] - [22].

RĂ©demption

La rĂ©demption de Pourim fait aussi Ă©cho Ă  celle qui se produit un mois plus tard, Ă  Pessa'h et, pour cette raison, la fĂȘte de Pourim doit ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e au quatorziĂšme jour du second et non du premier mois d’adar lors des annĂ©es embolismiques[23]. À de nombreux Ă©gards, les rĂ©demptions de Pessa'h et Pourim sont opposĂ©es : les HĂ©breux d’Égypte sont un peuple sans droit, sauvĂ© par l’intervention directe de Dieu qui les fait sortir d’Égypte alors que les Juifs de Perse sont intĂ©grĂ©s Ă  leur nation et trouvent leur salut dans une intervention humaine qui renforce leur prĂ©sence dans leur pays d’accueil[22]. Cependant, leur conclusion est fortement analogue et Esther 9:27 (« les Juifs reconnurent et acceptĂšrent pour eux, etc. ») rĂ©pond ou fait suite Ă  Exode 24:7 (« [MoĂŻse] prit le livre de l’Alliance, dont il fit entendre la lecture au peuple et ils dirent : « Tout ce qu’a dit H', nous l’exĂ©cuterons et nous l’écouterons » »)[24].

La fĂȘte de Pourim est, selon les kabbalistes, comparable Ă  Yom Kippour[25] - [26]. Les rabbins avancent mĂȘme qu’elle sera encore observĂ©e aux temps messianiques, alors mĂȘme que les autres fĂȘtes disparaĂźtront[27].

Ses ordonnances sont principalement abordĂ©es dans le traitĂ© Meguila, dixiĂšme de l’ordre MoĂ«d qui couvre les lois relatives aux fĂȘtes.

Lecture de la Meguila

Meguila d'Esther (JĂ©rusalem, 1900)

La lecture du Livre d’Esther, qui se prĂ©sente sous la forme d’une meguila (« rouleau »), est Ă©rigĂ©e en pratique perpĂ©tuelle, le 14 adar pour les habitants des petites villes et villages et le 15 adar pour ceux des villes fortifiĂ©es Ă  l’époque de JosuĂ©[28] (afin de ne pas diminuer le statut de JĂ©rusalem, dont les murailles sont en ruine au temps d’Esther, par rapport Ă  celui de Suse[29]).

Rabbi Yehoshoua ben Levi (en)[30] (ou Bar Kappara (en)[31]) rend la lecture de la Meguila obligatoire pour les femmes car c'est par une femme que le miracle est arrivĂ© ; la lecture doit se faire non seulement la journĂ©e du 14 (ou du 15) adar mais aussi la veille de celui-ci[30]. Selon Rabbi MeĂŻr, elle doit ĂȘtre lue dans son entiĂšretĂ© tandis que selon Rabbi Yehouda, elle peut ĂȘtre commencĂ©e avec l’introduction de MordekhaĂŻ (Esther 2:5) ou, selon Rabbi Yosse, avec celle de Haman (Esther 3:1)[32] - les codificateurs mĂ©diĂ©vaux ont retenu la premiĂšre opinion[33]. Elle peut, thĂ©oriquement, ĂȘtre lue dans la langue comprise par le public mais les dĂ©cisionnaires mĂ©diĂ©vaux s’opposent Ă  cet usage et imposent l’hĂ©breu[34]. La lecture se fait souvent Ă  la synagogue, mais pas obligatoirement.

Effacement du nom de Haman (Mechiyat Haman) du bois et de la pierre, selon la coutume des Tossafistes, à la synagogue d’Amsterdam, en 1701.

Divers usages apparaissent afin de magnifier le cĂ©rĂ©monial de la lecture : le Talmud prescrit notamment d’encadrer la lecture de bĂ©nĂ©dictions[35] et de lire les noms des dix fils de Haman[36] (Parchandata, DalfĂŽn, Aspata, Porata, Adalia, Aridata, Parmachta, ArissaĂŻ, AridaĂŻ, VaĂŻzata) en un souffle afin de faire savoir qu’ils sont morts simultanĂ©ment (ou, selon une interprĂ©tation plus rĂ©cente, parce qu’il n’est pas agrĂ©able aux Juifs d’évoquer la mort, fĂ»t-ce de leurs ennemis)[37]. On prend l’habitude, dĂšs l’époque des gueonim, de dĂ©rouler entiĂšrement la meguila avant sa lecture et de rĂ©citer deux, puis quatre versets dits « de rĂ©demption » (Esther 2:5, 8:15-16 & 10:3) Ă  voix haute afin de publiciser le miracle[38]. Quelques siĂšcles plus tard, les Tossafistes de France et de RhĂ©nanie instaurent la pratique de cogner des morceaux de bois sur lesquels est marquĂ© le nom de Haman afin de se conformer au commandement d’effacer le nom d’Amalek, mĂȘme du bois et de la pierre ; cette pratique Ă©volue pour donner lieu Ă  une cacophonie de sifflements, crĂ©celles et autres manifestations bruyantes Ă  la moindre mention du nom de Haman[39].

En ce qui concerne la Meguila elle-mĂȘme, le texte du rouleau d’Esther doit ĂȘtre Ă©crit Ă  la main, en hĂ©breu, sur du parchemin. Selon la tradition, le texte est prĂ©sentĂ© en colonnes et peut ĂȘtre illustrĂ©, ce qui fait souvent des Meguilot des objets de grande beautĂ©[40].

La lecture de la meguila est gĂ©nĂ©ralement suivie de chants prenant leur source dans les versets du Livre d’Esther et les passages des Talmuds relatifs Ă  Pourim avec, notamment, Chochanat Yaakov, OuMordekhaĂŻ yatza, Mishenikhnas adar et Hayav einich[41].

Festin et coutumes de joie

Annonce d'un bal masqué de Pourim donné à Paris en 1866[42].

Le repas festif de Pourim constitue une obligation religieuse (mishte vesimha). De façon symbolique, le festin renvoie aussi aux nombreux banquets dans l’histoire de la meguila. La composition du repas varie selon les traditions culinaires, mais il est important de marquer la spĂ©cificitĂ© du festin de Pourim – qui doit se distinguer d’un repas habituel – par la prĂ©sence de plats Ă©laborĂ©s et souvent carnĂ©s. En Tunisie notamment, le festin de Pourim est constituĂ© de viandes grillĂ©es (mĂ©choui) accompagnĂ©es d'une salade fraĂźche d'herbes aromatiques et de galettes salĂ©es et anisĂ©es (zraderks) ou d'une poule farcie, suivies des gĂąteaux de Pourim dont des yoyos au miel. Par son aspect exceptionnel, le festin de Pourim est donc basĂ© sur le modĂšle du repas sabbatique[43].

Pourim hassidique Ă  Safed, XIXe s.

Les rabbins ayant remarquĂ© que le mishte (festin alcoolisĂ©) figure de maniĂšre prĂ©Ă©minente dans le Livre d’Esther, en concluent que « le miracle a eu lieu grĂące au vin » ; par consĂ©quent, les festins prescrits en fin de Livre doivent ĂȘtre alcoolisĂ©s. Rava dĂ©clare que « l’on doit « se parfumer » (s’enivrer) Ă  Pourim jusqu’à ne plus pouvoir distinguer « maudit soit Haman ! » de « bĂ©ni soit MardochĂ©e ! » ».

Il est aussi Ă  l’origine des premiers chefs-d’Ɠuvre de la littĂ©rature parodique juive, dont la Massekhet Pourim ; rĂ©digĂ© au XIVe siĂšcle par Kalonymos ben Kalonymos dans le style du Talmud, ce « traitĂ© de Pourim » prescrit de s’enivrer joyeusement et proscrit formellement l’eau[44] - [45].

Cette veine extravagante et burlesque se poursuit pendant la journĂ©e : le Talmud Ă©voque des « jeux de Pourim » parmi lesquels des sauts au-dessus du feu[46] et, dĂšs le Ve siĂšcle, il est de coutume de rĂ©aliser des processions solennelles au cours desquelles Haman est pendu ou brĂ»lĂ© en effigie. Certains voient dans cette coutume l’origine des piĂšces jouĂ©es Ă  Pourim sur les bases desquelles le thĂ©Ăątre yiddish se dĂ©veloppe au XVIIIe siĂšcle[47]. Connu aussi sous le nom Pourim Shpil dans la tradition ashkĂ©naze, ces piĂšces de thĂ©Ăątre satiriques incorporent tous les arts du spectacle – thĂ©Ăątre, musique, danse, chants, mimes et dĂ©guisements.

Les thĂšmes des Pourim Shpil sont gĂ©nĂ©ralement fondĂ©s sur le rĂ©cit du Livre d’Esther mais peuvent incorporer d’autres rĂ©cits ou personnages bibliques, ou bien des Ă©lĂ©ments inspirĂ©s de l’actualitĂ© et des personnages politiques contemporains[48]. La pratique a Ă©tĂ© inscrite Ă  l’Inventaire du patrimoine culturel immatĂ©riel en France, en tant que pratique festive, en octobre 2015[49].

Elle se retrouve aussi au Moyen Âge sous une forme diffĂ©rente, Ă  Francfort-sur-le-Main : des maisons de cire sont confectionnĂ©es, figurant Haman, son Ă©pouse Zeresh, son bourreau et des gardes. La maison, placĂ©e sur la bimah (estrade d’oĂč se conduit l’office), est brĂ»lĂ©e avec ses occupants dĂšs le dĂ©but de la lecture de la meguila[50].

Ces dĂ©bordements sont diversement accueillis par les chrĂ©tiens qui les interdisent par intermittence au cours des siĂšcles, car ils y voient (surtout dans l’exĂ©cution de Haman) une parodie dĂ©tournĂ©e de JĂ©sus et de la Croix[51].

Ils sont Ă©galement critiquĂ©s par certains rabbins qui tentent de limiter le degrĂ© de licence en la matiĂšre. Toutefois, c’est l’attitude indulgente qui prĂ©vaut[50], d’autant que diverses mesures sont prises pour contrĂŽler le chaos, dont les moindres ne sont pas les autres coutumes de Pourim[22].

Tronc Ă  aumĂŽnes pour la fĂȘte de Pourim, Espagne, 1319.

Coutumes sociales

L’échange de colis et les dons aux indigents deviennent avec le temps l’un des aspects principaux de Pourim[50].

Ils ont pour but, selon IsraĂ«l Isserlein (en), une certaine Ă©galisation sociale dans l’accĂšs Ă  la joie en ce jour, transcendant mĂȘme la barriĂšre entre Juifs et Gentils[52]. Il a aussi Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© plus rĂ©cemment que ces coutumes rĂ©pondaient trait pour trait aux accusations portĂ©es par Haman envers le peuple juif, puisqu’il les dĂ©clare dispersĂ©s et qu’ils se montrent solidaires[53].

Observance de Pourim dans le judaĂŻsme rabbinique

« [Nous te sommes aussi reconnaissants] pour les miracles, la rĂ©demption, les haut-faits, les actes salvateurs, les merveilles, les consolations et les batailles que Tu as faits pour nos pĂšres en ces jours [et] en ce temps, au temps de MardochĂ©e et Esther dans Suse la capitale, lorsque Haman le mauvais s’est Ă©levĂ© contre eux, qu’il a demandĂ© de dĂ©truire, tuer et perdre tous les Juifs, jeunes, vieux, femmes et enfants en un jour, le treiziĂšme jour du douziĂšme mois qui est le mois d’adar, et de piller leurs biens. Toi, dans Ta grande misĂ©ricorde, Tu as anĂ©anti son conseil, corrompu ses pensĂ©es et Tu lui as renvoyĂ© son salaire Ă  la figure. On l’a pendu avec ses fils Ă  l’arbre ».

Texte du ’Al Hanissim, bĂ©nĂ©diction spĂ©cifique de Pourim[54].

La fĂȘte de Pourim est cĂ©lĂ©brĂ©e depuis le soir du 14 adar au soir du 15, en terre d'IsraĂ«l comme en Diaspora, dans les villes qui n'Ă©taient pas fortifiĂ©es Ă  l'Ă©poque de JosuĂ©. Les habitants de ces villes fortifiĂ©es, dont JĂ©rusalem, cĂ©lĂšbrent le Pourim de Suse qui a lieu le jour suivant[55]. Cette situation donne lieu, lorsque le Pourim de Suse a lieu Ă  chabbat, au Pourim meshoulash (« Pourim tripartite »), oĂč les cĂ©lĂ©brations sont rĂ©parties sur trois jours[56].

Bien que les jours de Pourim soient qualifiĂ©s de yom tov (Esther 9:19), ils n’ont pas le caractĂšre saint du chabbat ni des autres fĂȘtes bibliques ; il n’y a aucune restriction d’activitĂ© et les mariages sont permis[57]. Cependant, les activitĂ©s professionnelles et, plus gĂ©nĂ©ralement, tout ce qui pourrait empĂȘcher de se rĂ©jouir en ce jour, sont dĂ©couragĂ©s voire, en certains endroits, restreints[58]. En outre, les marques publiques de deuil sont interdites[59].

Du point de vue rituel, Pourim se distingue par ses quatre prescriptions (mikra meguila, mishte vesimha, mishloah manot, matanot laĂšviyonim). Du point de vue liturgique, une bĂ©nĂ©diction spĂ©cifique intitulĂ©e Al Hanissim et analogue Ă  celle de Hanoucca est intercalĂ©e dans la bĂ©nĂ©diction de hoda'a (« reconnaissance [de la majestĂ© divine] ») des priĂšres du soir, du matin et de l’aprĂšs-midi ainsi que dans la bĂ©nĂ©diction qui suit les repas pris le 14 adar, afin de louer Dieu pour les miracles rĂ©alisĂ©s en faveur des Juifs[60].

Lors des annĂ©es embolismiques, oĂč un second mois d’adar, dit adar beth ou vĂšadar est intercalĂ© dans le calendrier, Pourim est cĂ©lĂ©brĂ© le 14e jour de ce second mois[61]. Les 14 et 15 adar du premier mois fait l’objet de quelques manifestations de joie, appelĂ©es Pourim katan[62].

À l’approche de la fĂȘte

La joie que l’on doit manifester Ă  Pourim commence dĂšs l’entrĂ©e du mois d’adar[63]. Cependant, les pieux jeĂ»nent le 7 et le 9 adar[64], et le 14 adar lui-mĂȘme est prĂ©cĂ©dĂ© par le Taanit Esther un jour de jeĂ»ne instaurĂ© vers le VIIIe siĂšcle en souvenir des Juifs qui se sont rassemblĂ©s en ce jour dans l’attente de leurs ennemis[50]. En effet, le « jeĂ»ne d'Esther » renvoie au rĂ©cit de la Meguila, et Ă  la demande d'Esther Ă  son peuple de « jeĂ»ner Ă  mon intention » avant qu’elle entreprenne son plan pour les sauver auprĂšs du roi[65]. Dans certaines traditions, le jeĂ»ne est rompu par une collation, suivi d’un repas lĂ©ger vĂ©gĂ©tarien - le « repas d’Esther ». Ce repas rappelle les rĂ©cits lĂ©gendaires, concernant le vĂ©gĂ©tarisme d’Esther. Selon cette tradition, la reine respectait les rĂšgles kashrut, sans pour autant rĂ©vĂ©ler son identitĂ© juive tenue secrĂšte Ă  la cour du roi, en observant un rĂ©gime composĂ© exclusivement de graines, fruits, et lĂ©gumes[66].

Dans beaucoup de foyers, les semaines avant la fĂȘte sont Ă©galement marquĂ©es par la confection d’une grande quantitĂ© de gĂąteaux, y compris le fameux hamentashen ou « oreilles d’Aman » de Pourim.

Soir de Pourim

Il est d’usage d’accueillir Pourim comme chabbat, avec des habits de fĂȘte et une belle table[67]. L’office du soir est prĂ©cĂ©dĂ© par l’offrande d’une somme Ă©quivalente Ă  trois fois la moitiĂ© de l’unitĂ© de monnaie locale - il ne s’agit pas du don aux pauvres, bien que l’argent collectĂ© leur soit souvent redistribuĂ©, mais d’une rĂ©miniscence de l’impĂŽt du mahatsit hasheqel, autrefois prĂ©levĂ© en adar pour les besoins du culte dans le Temple[68].

PremiĂšre lecture de la Meguila

Une crécelle de Pourim, agitée pour couvrir la voix du lecteur de la Meguila lorsqu'il prononce le nom de Haman.

La premiĂšre lecture de la Meguila (hĂ©breu : ŚžŚ§ŚšŚ ŚžŚ’Ś™ŚœŚ” Mikra Meguila) se fait le soir, aprĂšs l’office de priĂšre[69]. Elle est obligatoire pour tous, hommes et femmes et se fait de prĂ©fĂ©rence Ă  la synagogue[70]. Il est recommandĂ© d’y amener les enfants qui n’ont pas encore atteint leur majoritĂ© religieuse, pour autant qu’ils ne perturbent pas (trop) leurs parents lors de la lecture[71].

La lecture se fait dans un rouleau manuscrit (et non dans une Ă©dition imprimĂ©e)[72]. De nombreuses communautĂ©s ont pour coutume de rĂ©agir bruyamment Ă  la mention du nom de Haman (elle a ses dĂ©fenseurs[73] et ses dĂ©tracteurs[74]). Comme il est obligatoire d’écouter toute la lecture de la meguila, l’officiant marque une pause Ă  ces moments[75]. D’aucuns suivent par prĂ©caution la lecture dans leur propre meguila manuscrite (pour autant qu’elle soit conforme et sans fautes)[76].

Bien que la prescription d’écouter la Meguila concerne les femmes et que certaines autoritĂ©s mĂ©diĂ©vales estiment qu’elles devraient pouvoir la lire, ce n’est pas l’usage, Ă  l’exception de certaines communautĂ©s orthodoxes modernes ; mais dans ces cas, la lecture se fait souvent dans un cercle exclusivement composĂ© de femmes[77]. En revanche, une lecture publique par des femmes orthodoxes, en prĂ©sence d’hommes et de femmes (sĂ©parĂ© par une cloison – la mekhitsa), est organisĂ©e Ă  Paris depuis 2012[78].

Festin

Hamantashen faits maison.

Un festin joyeux (hĂ©breu : ŚžŚ©ŚȘŚ” Ś•Ś©ŚžŚ—Ś” Mishte vesimha) fait suite Ă  la lecture de la meguila. Il est de coutume de le faire prĂ©cĂ©der par une Ă©tude de la Torah ou, Ă  tout le moins, quelques mots afin de lui confĂ©rer davantage de dignitĂ© (et pour prĂ©venir les excĂšs[79]). Il est si important d’y bien boire et manger que, lorsque Pourim a lieu un dimanche, certaines autoritĂ©s autorisent Ă  se restreindre sur le troisiĂšme repas de chabbat afin de mieux profiter du mishte[80].

La table comprend souvent des plats typiques de la fĂȘte, en particulier des pĂątisseries triangulaires fourrĂ©es (hamantashen chez les ashkĂ©nazes, fazuelos (en) chez les sĂ©farades, orrechi d'Aman en Italie, etc.), des kreplach (beignets farcis Ă  la viande, au foie ou au poulet servis dans la soupe), et des fĂšves (car Esther n’aurait, Ă  l’instar de Daniel, mangĂ© que des fĂšves Ă  la cour du roi AssuĂ©rus, afin d’éviter d’enfreindre le code alimentaire des Juifs)[44] - [81]. Certains mangent lactĂ© Ă  l’instar de Chavouot, car les Juifs ont acceptĂ© la Torah en ce jour[82].

Diverses attitudes se rencontrent quant Ă  la consommation de vin et d’alcools[83], depuis ceux qui estiment qu’il suffit d’ĂȘtre lĂ©gĂšrement embrumĂ© et de ne plus pouvoir calculer la valeur numĂ©rique de « maudit soit Haman » et « bĂ©ni soit MardochĂ©e » jusqu’à ceux qui autorisent vĂ©ritablement de confondre les deux phrases[84]. Tous reconnaissent cependant qu’il est interdit de s’enivrer jusqu’au point de ne plus pouvoir rĂ©aliser les prescriptions[26] (comme l’action de grĂące aprĂšs les repas[85]) et d’aucuns dĂ©couragent aussi l’intoxication chez les individus sensibles pour des raisons d’étiquette[86].

Journée de Pourim

Le jour de Pourim doit ĂȘtre joyeux et les manifestations de deuil comme le jeĂ»ne ou l’oraison funĂšbre sont Ă  proscrire[87].

L’office du matin est globalement similaire Ă  celui de la veille, avec intercalation de l’Al Hanissim, lecture de la meguila et festin. À la diffĂ©rence de Hanoucca, on ne rĂ©cite pas le Hallel car les miracles n’ont pas eu lieu en terre d’IsraĂ«l et que les Juifs sont restĂ©s en Perse ; on ne lit cependant pas non plus le Tahanoun (office de supplications)[88].

Une lecture publique du passage Vayavo Amalek (Exode 17:8-16) est faite avant la lecture de la meguila, afin de souligner le caractĂšre perpĂ©tuel de la lutte entre IsraĂ«l et Amalek ; certains ont coutume de rĂ©pĂ©ter le dernier verset[89]. Le psaume 22 est rĂ©citĂ© aprĂšs la lecture de la meguila, car il contient, selon les rabbins, de nombreuses allusions Ă  la reine Esther Ă  l’heure de sa dĂ©tresse, alors qu’elle s’apprĂȘte Ă  se prĂ©senter devant le roi[88].

La journĂ©e se passe ensuite dans la liesse et l’exubĂ©rance, les Ă©changes de cadeaux et les dons aux dĂ©munis.

Envoi de colis

Mishlohim déposés devant une porte.

L'envoi de colis alimentaires (en) (hĂ©breu : ŚžŚ©ŚœŚ•Ś— ŚžŚ Ś•ŚȘ Mishloah manot) incombe Ă  toute personne ayant atteint la majoritĂ© religieuse (12 ans pour les filles, 13 pour les garçons), y compris les endeuillĂ©s[90]. Il faut, pour s'en acquitter, envoyer au moins deux plats prĂȘts Ă  ĂȘtre consommĂ©s Ă  une personne[91] le jour de Pourim mĂȘme[80] (les femmes envoient aux femmes, les hommes aux hommes[92]).

Dons aux démunis

La prescription des dons aux dĂ©munis (he) (hĂ©breu : ŚžŚȘŚ Ś•ŚȘ ŚœŚŚ‘Ś™Ś•Ś Ś™Ś matanot laĂšvyonim) nĂ©cessite de faire un don Ă  deux pauvres au moins ; elle a prioritĂ© sur le mishloah manot car la rĂ©jouissance des pauvres revĂȘt, selon la tradition, une importance particuliĂšre devant Dieu[91].

Comme le mishloah manot, elle concerne les hommes et les femmes[92], les endeuillĂ©s[90] et mĂȘme les pauvres[93]. Il convient de ne pas faire de distinction entre ceux-ci et toute personne prĂȘte Ă  accepter le don peut en bĂ©nĂ©ficier, y compris un non-Juif[93].

Lorsque le 15 adar a lieu un chabbat, ces dons doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s avant le chabbat, afin de permettre aux pauvres d'en profiter[56].

Observance de Pourim dans les traditions non-rabbiniques

Dans le karaĂŻsme

Les KaraĂŻtes, adeptes d'un courant qui reconnaĂźt l'autoritĂ© de la Bible hĂ©braĂŻque mais non celle du Talmud en matiĂšre de Loi juive, n'ont pas de coutumes unifiĂ©es en ce qui concerne les Yemei HaPourim (« jours des sorts »). Ils ont, en vertu de l'interprĂ©tation de chacun, lieu ou non Ă  la mĂȘme date que celle du calendrier rabbinique[94].

La Meguila est lue Ă  la fin des deux chabbat qui prĂ©cĂšdent Pourim, ce qui pourrait ĂȘtre une rĂ©miniscence de l'ancienne coutume de la lire depuis le dĂ©but du mois d’adar jusqu'au 15e jour de ce mois[95].

De nombreuses communautĂ©s karaĂŻtes auraient cĂ©lĂ©brĂ© les Yemei HaPourim par des jeĂ»nes de deux ou 70 jours en souvenir des persĂ©cutions de Haman[96]. Toutefois, les coutumes de l'ancienne communautĂ© cairote semblent avoir Ă©tĂ© sensiblement similaires Ă  celles de leurs voisins rabbanites : ils la surnommaient Eid Al-Maskharah (« fĂȘte de la mascarade ») et confectionnaient des wedan hjmdn (« oreilles de Haman »). Ils avaient par ailleurs coutume d'allumer des cierges en ces jours et les jugeaient propices aux annonces de mariage[97].

Dans le samaritanisme

Les Samaritains, adeptes d’un mosaĂŻsme non-juif dont la Bible ne comprend que les six premiers Livres du canon hĂ©braĂŻque, ignorent Pourim, fĂȘte nationale judĂ©enne mais non samaritaine[98].

Dans la tradition des Beta Israël

Les Beta IsraĂ«l d’Éthiopie sont les dĂ©positaires d’un judaĂŻsme prĂ©-rabbinique principalement fondĂ© sur la Bible, en voie de disparition depuis leur Ă©migration massive en IsraĂ«l et leur adoption du judaĂŻsme orthodoxe.

Il a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© qu’ils ignoraient la fĂȘte de Pourim, n’en rĂ©alisant aucune rite alors qu’ils observent un jeĂ»ne d’Esther (soma Esther) conforme au texte biblique. Wolf Leslau (en) a cependant dĂ©montrĂ© que la date de la fĂȘte d’Esther Ă©tait incluse dans leur calendrier et qu’elle Ă©tait vraisemblablement tombĂ©e en dĂ©suĂ©tude au cours du temps[99].

Interprétations et observances modernes

Pourim en Israël

Petit cow-boy de Pourim et ses friandises.
Pourim Ă  Tel Aviv, 1937.

Pourim est une fĂȘte extrĂȘmement populaire en IsraĂ«l, dans l’ensemble des secteurs de la population juive. Tout le monde se dĂ©guise et va ainsi Ă  l'Ă©cole, Ă  l'universitĂ©, au travail, emprunte les transports en commun ou fait ses courses. Dans les hĂŽpitaux, il n'est pas rare que les malades soient soignĂ©s par des mĂ©decins et des infirmiĂšres costumĂ©s d'un chapeau de carnaval. Les magasins de dĂ©guisements et costumes ne dĂ©semplissent pas.

Les colis alimentaires y sont devenus des paniers chargĂ©s de victuailles et les mascarades ont pris la dimension de vĂ©ritables festivals, les Adeloyada (en) (parades costumĂ©es Ă  thĂšme), parfois comparĂ©es au carnaval de Rio ou au Mardi Gras de la Nouvelle-OrlĂ©ans. InaugurĂ©es Ă  Tel Aviv en 1912, elles se sont propagĂ©es Ă  d’autres villes depuis[100] - [101].

L’accent est fortement mis sur les enfants, autorisĂ©s Ă  venir en dĂ©guisement Ă  l’école dans les jours qui prĂ©cĂšdent Pourim[100]. Des comptines ont Ă©galement Ă©tĂ© composĂ©es pour eux, parmi lesquelles Hag Pourim, composĂ© par Levin Kipnis (en) sur une mĂ©lodie traditionnelle[102], Leitzan katan ne'hmad de Sarah Levi Tanai[103], Ani Pourim de Levin Kipnis et Nahoum Nardi (en)[104], etc.

  • ScĂšnes de rue
  • JĂ©rusalem, 2006.
    JĂ©rusalem, 2006.
  • Tel Aviv, 2013.
    Tel Aviv, 2013.
  • Dans un bus, JĂ©rusalem 2013.
    Dans un bus, JĂ©rusalem 2013.
  • Tel Aviv, 2013.
    Tel Aviv, 2013.
  • Tel Aviv, 2015.
    Tel Aviv, 2015.
  • Tel Aviv, 2016.
    Tel Aviv, 2016.
  • Herzliya, 2016.
    Herzliya, 2016.
  • Tel Aviv, 2018.
    Tel Aviv, 2018.
  • Tel Aviv, 2018.
    Tel Aviv, 2018.

Autres « pourim »

L’histoire de Pourim prĂ©sente de grandes ressemblances avec les romans persans et ses coutumes sociales extravagantes rappellent les cĂ©lĂ©brations du solstice d’hiver, dont les Sacaea babyloniens et le Norouz iranien : on y cĂ©lĂšbre la victoire du nouvel an sur l’ancien en Ă©lisant une reine d’un jour, en distribuant des dons aux pauvres et en s’adonnant Ă  diverses extravagances[105] - [106].

Les dĂ©guisements pour inverser les rĂŽles, les sexes et les positions sociales (le roi devient esclave et l'esclave devient roi), les libations et les processions joyeuses, Ă©voquent le carnaval. Surtout, c'est l'Ă©lection d'un roi de pacotille, avec sa couronne factice, juchĂ© Ă  l'envers sur un cheval ou un Ăąne et promenĂ© Ă  travers la ville sous les lazzis, avant de finir pendu (Haman), brĂ»lĂ© (le roi Vaval) ou crucifiĂ© (la passion de JĂ©sus), confirment que la fĂȘte de Pourim s'inscrit dans l'universalitĂ© des fĂȘtes de solstice[107].

Allemagne nazie

Joyeux Pourim Ă  Dresde (Allemagne).

L’histoire et le thĂšme de Pourim Ă©taient bien connus du rĂ©gime nazi : au lendemain de la Nuit de Cristal, Julius Streicher prĂ©sente ce pogrom comme un acte d’autodĂ©fense car les Juifs auraient massacrĂ© le peuple allemand aussi sĂ»rement qu’ils avaient « charcutĂ© 75 000 Persans »[108]. De mĂȘme, dans le cadre des aktions menĂ©es les jours des fĂȘtes juives afin d'en faire des jours de deuil et d'en nier jusqu’aux fondements, dix Juifs sont pendus Ă  Pourim en 1942 Ă  ZduƄska Wola (Pologne) pour « venger les dix fils de Haman »[109].

Conscient d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’« archi-Haman[110] » voire le « nouvel Amalek[111] », Hitler dĂ©clare le que si l’Allemagne est vaincue, les Juifs pourront cĂ©lĂ©brer un « second Pourim »[112].

Si le nom de Dieu n'est pas une seule fois Ă©crit dans la Meguila d'Esther, le Talmud enseigne qu'il peut se dissimuler dans le texte sous le mot Hamelekh (« le Roi ») utilisĂ© seul. Ainsi, Esther demande au roi que « demain encore », « les dix fils d'Haman soient pendus Ă  la potence »[113], alors qu'ils l'ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© quelques versets plus tĂŽt. Dans la mesure oĂč les lettres tav, shin et zayĂŻn (dont le total en valeur numĂ©rique est 707) sont Ă©crites en petits caractĂšres dans l'Ă©numĂ©ration des dix fils d'Haman, et que dans le mĂȘme passage, la lettre vav est Ă©crite en gros caractĂšre, ces anomalies scripturales peuvent correspondre Ă  une annĂ©e et conduire Ă  la 707e annĂ©e du sixiĂšme millĂ©naire du calendrier hĂ©braĂŻque, soit l'annĂ©e 1946-1947 du calendrier civil[19]. Lors du procĂšs de Nuremberg en 1946, douze des criminels nazis qui voulaient exterminer le peuple juif sont condamnĂ©s Ă  mort par pendaison (alors que les militaires sont habituellement fusillĂ©s sur le peloton d'exĂ©cution)[19] : Martin Bormann (par contumace), Hans Frank, Wilhelm Frick, Hermann Göring (qui se suicide juste avant l'exĂ©cution de la sentence), Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner, Wilhelm Keitel, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Arthur Seyß-Inquart et Julius Streicher. Dans les faits, dix nazis sont bel et bien pendus en octobre 1946[114]. Quelques secondes avant de l'ĂȘtre, Julius Streicher est hors de lui et s’exclame « Purim Fest 1946 ! »[112] - [114] - [19].

Iran

En , le rĂ©gime de Mahmoud Ahmadinedjad aurait fait dĂ©classer les mausolĂ©es supposĂ©s d’Esther et MardochĂ©e oĂč les Juifs d’Iran, qui se considĂšrent comme les descendants d’Esther, se rendent traditionnellement en pĂšlerinage Ă  Pourim[115] ; il aurait ordonnĂ© que le site soit converti en « mĂ©morial pour les victimes d’Esther et MardochĂ©e » et que la fĂȘte de Pourim soit renommĂ©e « festival juif du massacre des Iraniens »[116]. Il s'est avĂ©rĂ© que cette rumeur Ă©tait infondĂ©e, tel que le prĂ©cise Ardavan Amir-Aslani dans son livre Iran et IsraĂ«l, Juifs et Perses (2013).

Seconds Pourim

L’association de Pourim Ă  la dĂ©livrance miraculeuse mais discrĂšte se maintient au travers les Ăąges. C'est ainsi que naissent les Pourim sheniim (« seconds Pourim »), cĂ©lĂ©brations locales voire familiales d'Ă©vĂšnements perçus comme une rescousse divine. Ils donnent parfois lieu Ă  des rites de la mĂȘme nature que Pourim comme la lecture synagogale d’une meguila composĂ©e pour l’occasion. La plupart tombent en dĂ©suĂ©tude mais quelques-uns sont encore observĂ©s de nos jours[117].

Pourim en France

Le pourim-shpil *
Domaine Pratiques festives
Lieu d'inventaire
* Descriptif officiel MinistĂšre de la Culture (France)

La pratique de Pourim shpil[118] a été reconnu par le MinistÚre de la Culture en 2015 et inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.

Notes et références

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  2. Esther 2:8-17.
  3. Esther 2:21-23.
  4. Esther 3:1.
  5. Cf. Gugenheim 1992, p. 141.
  6. Esther 3:5-15.
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  8. Esther 4:1-5:3.
  9. Esther 5:4-8.
  10. Esther 6:1-12.
  11. Esther 7:1-3.
  12. Esther 7:9-10.
  13. Esther 8:1-11.
  14. Esther 9:16-17.
  15. Esther 9:18.
  16. Esther 9:22, cf. Jewish Encyclopedia 1906.
  17. T.B. Meguila 7a.
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  19. Chalom Guenoun, « Purim Fest 1946 - Quand la prophĂ©tie d'Esther se rĂ©alise Ă  Nuremberg », Torah-Box magazine, no 183,‎ , p. 26-28
  20. Cf. Mishna Meguila 3:4 & T.B. Meguila 31a.
  21. Tanna Devei Eliyahou (en), Seder Eliyahou Rabba, chap. 20 & Targoum Sheni 4:13.
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  35. Cf. T.B. Meguila 21b.
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  111. Cf. FrĂ©dĂ©ric-Shimon Hammel, Souviens-toi d’Amalek : tĂ©moignage sur la lutte des Juifs en France (1938-1944), C.L.K.H, , 484 p. (ISBN 978-2-904068-01-0).
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  113. Esther 9:13
  114. (en)Newsweek, « Affaires étrangÚres », p. 45, 28 octobre 1946
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Annexes

Liens externes

Bruiteur de Pourim représentant le roi Assuérus, milieu du XXe

Bibliographie

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  • (he) R' Binyamin Hote, Ki va moĂ«d, (lire en ligne), « Seoudat Pourim ouMishloah Manot ».
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