Norouz
Norouz (en persan: ÙÙ۱ÙŰČ nowruz) est la fĂȘte traditionnelle des peuples iraniens qui cĂ©lĂšbrent le nouvel an du calendrier persan (premier jour du printemps). La fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e par certaines communautĂ©s le 21 mars et par d'autres le jour de l'Ă©quinoxe vernal, dont la date varie entre le 20 et le 22 mars.
Norouz | |
Le nouvel an persan. | |
Nom officiel | Norouz, Norooz, Narooz, Nawruz, Newroz, Newruz, Nauruz, Nawroz, Noruz, Novruz, Nauroz, Navroz, Naw-RĂșz, Nowroj, Navroj, Nevruz, Navruz, Navrez, Nooruz, Nauryz, Nevruz, Nowrouz, Nezrouz |
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Observé par | Afghanistan Albanie Azerbaïdjan Chine (Xinjiang) Inde Iran Kazakhstan Kirghizistan Mongolie Ouzbékistan Pakistan Russie (Daghestan, Tatarstan, Bashkortostan, Kabardino-Balkarie, Tchouvachie) Tadjikistan Turkménistan Turquie |
Date | Entre le 19 et le 22 mars |
Nawrouz, Novruz, Nowrouz, Nowrouz, Nawrouz, Nauryz, Nooruz, Nowruz, Navruz, Nevruz, Nowruz, Navruz *
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La tradition principale de Norouz est la mise en place des Haft SĂźn (les sept 'S'). | |
Pays * | Afghanistan Azerbaïdjan Inde Irak Iran Kazakhstan Kirghizistan Ouzbékistan Pakistan Tadjikistan Turkménistan Turquie |
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Liste | Liste représentative |
AnnĂ©e dâinscription | 2009 |
RĂ©inscription | 2016 |
* Descriptif officiel UNESCO | |
Le Norouz ou Nouvel An persan en région parisienne *
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Domaine | Pratiques festives |
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Lieu d'inventaire | |
* Descriptif officiel MinistĂšre de la Culture (France) | |
Norouz a des origines iraniennes et zoroastriennes ; cependant, depuis plus de 3000 ans, cette fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e par diverses communautĂ©s en Asie de l'Ouest, Asie centrale, Caucase, bassin de la Mer Noire, Balkans et Asie du sud[1] - [2] - [3] - [4]. C'est une fĂȘte culturelle et religieuse (voir Zoroastrianisme et Baha'i)
En français, Norouz est également appelé Nouvel An iranien ou Nouvel An persan[5] - [6]. Le Norouz est inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2019[7].
Nom de la fĂȘte
Le mot vient de l'avestique nava, « nouveau » + rÉzaĆh, « jour »/« lumiĂšre du jour » (« nouveau jour »/« nouvelle lumiĂšre »), et qui a toujours le mĂȘme sens en persan (no, « nouveau » + rouz, « jour », signifiant « nouveau jour »)
Variantes communément rencontrées
Norouz est cĂ©lĂ©brĂ© depuis au moins 3 000 ans et est profondĂ©ment enracinĂ© parmi les rituels et les traditions du zoroastrisme. Aujourd'hui, la fĂȘte de Norouz est cĂ©lĂ©brĂ©e dans de nombreux pays qui ont Ă©tĂ© des territoires ou qui ont Ă©tĂ© influencĂ©s par l'Empire perse : en dehors de l'Iran, on peut citer le Kurdistan, l'Afghanistan, des parties du Moyen-Orient aussi bien que dans les ex-rĂ©publiques soviĂ©tiques du Tadjikistan, de l'OuzbĂ©kistan, du TurkmĂ©nistan, de l'AzerbaĂŻdjan, du Kazakhstan et du Kirghizistan, pays dans lesquels la fĂȘte est appelĂ©e Navrouz. La fĂȘte est aussi cĂ©lĂ©brĂ©e par les Parsis zoroastriens et les hindous de la vallĂ©e du Cachemire qui appellent la fĂȘte Navreh en Inde ou les Salars, dans la province de Qinghai, en Chine[8].
Dans la plupart des pays, on accompagne la fĂȘte par un Norouz Mubarak (mubarak : fĂ©licitations). Au Kurdistan, on dit Newroz pĂźroz be.
Les suivants de la variante Fasli du calendrier zoroastrien cĂ©lĂšbrent aussi Norouz comme le premier jour de l'annĂ©e nouvelle. D'autres variantes du calendrier zoroastrien cĂ©lĂšbrent deux fois Norouz, une fois en tant que Jamshedi Navroz, le 21 mars en tant que dĂ©but du printemps, et un second Norouz a lieu, en juillet/aout (voir : calendrier zoroastrien), en tant que veille de l'annĂ©e nouvelle ou jour de l'an. Que ce second Norouz soit cĂ©lĂ©brĂ© en tant que dernier jour de l'annĂ©e (contrairement Ă ce qu'on pourrait penser d'un terme qui signifie « nouveau jour ») pourrait ĂȘtre dĂ» au fait que dans la Perse antique le jour commençait au coucher du soleil, alors qu'ultĂ©rieurement, les Perses pensaient que le jour commençait au lever du soleil.
Le bahaĂŻsme, une religion qui trouve ses origines en Iran, cĂ©lĂšbre aussi ce jour (son nom est alors Ă©crit Naw-RĂșz dans les langues Ă alphabet latin selon la translittĂ©ration baha'ie) en tant que fĂȘte religieuse marquant non seulement la nouvelle annĂ©e selon le calendrier bahĂĄ'Ă, mais aussi la fin de leur jeĂ»ne de 19 jours. Les bahĂĄ'Ăs persans suivent toujours les coutumes iraniennes associĂ©es avec le Norouz, mais les bahĂĄ'Ăs du monde entier fĂȘtent ce jour, en suivant plus ou moins leurs coutumes locales. Naw RĂșz, d'aprĂšs leurs Ă©critures, tombant le jour de l'Ă©quinoxe vernal, depuis le TĂ©hĂ©ran est dĂ©fini comme point de rĂ©fĂ©rence du globe terrestre pour dĂ©finir ce jour[9] - [10]. Les bahĂĄ'Ăs doivent ce jour-lĂ suspendre leur travail ainsi que tout travail scolaire.
Dans les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale, Norouz, le 21 ou 22 mars, est communément considéré comme le « nouvel an des musulmans » (entendre des ethnies de religion musulmane) et donne lieu à des festivités tant religieuses que profanes. Alors que le calendrier persan est trÚs précis concernant le moment astronomique auquel la nouvelle année commence, la période de 24 heures pendant laquelle l'année astronomique commence est considérée comme Norouz.
Histoire
Le terme Norouz est apparu pour la premiĂšre fois dans les documents de l'Empire perse au IIe siĂšcle avant notre Ăšre, mais il y a des raisons de croire que la cĂ©lĂ©bration est beaucoup plus ancienne, et qu'elle Ă©tait dĂ©jĂ probablement un jour important pendant la dynastie achĂ©mĂ©nide (vers 648 av. J.-C. - 330 av. J.-C.). Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que dans le cĂ©lĂšbre complexe palatial de PersĂ©polis, ou qu'au moins le palais de l'Apadana et « Palais aux cent colonnes » avaient Ă©tĂ© construits afin d'ĂȘtre utilisĂ©s spĂ©cialement pendant les cĂ©lĂ©brations de Norouz. Cependant, aucune mention du terme Norouz n'existe dans les inscriptions achĂ©mĂ©nides.
Les plus anciennes mentions de Norouz remontent à l'époque parthe/arsacide (247 av. J.-C. - 224 ap. J.-C.). Il y a des références spécifiques à la célébration de Norouz pendant le rÚgne de VologÚse Ier (51-78 av. J.-C.), mais les détails ne sont pas cités.
Norouz est initialement une fĂȘte printaniĂšre cĂ©lĂ©brĂ©e en l'honneur de Rapithwin, gĂ©nie de midi et de la belle saison, et qui marque le dĂ©but de l'annĂ©e. Elle commençait par la cĂ©lĂ©bration du premier sacrifice et annonçait le triomphe final de la VĂ©ritĂ© (fraĆĄegird) et du Feu, Ătar. La fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e par les prĂȘtres des feux WahrÄm[11].
Des détails substantiels sur la célébration de Norouz apparaissent aprÚs l'accession au trÎne d'Ardachßr Ier, fondateur de la dynastie sassanide (224 - 650 de notre Úre). Sous les rois sassanides, Norouz était célébré comme le jour le plus important de l'année. La plupart des traditions royales de Norouz comme les audiences royales en public, les cadeaux et le pardon des prisonniers ont été établies pendant l'époque sassanide et sont restées telles quelles jusqu'à l'époque moderne.
Norouz, de mĂȘme que Sadeh (qui est cĂ©lĂ©brĂ© au milieu de l'hiver), a survĂ©cu dans la sociĂ©tĂ© aprĂšs l'introduction de l'islam en 650 apr. J-C. D'autres cĂ©lĂ©brations comme GÄhanbÄr et Mehregan (en) ont Ă©tĂ© mises de cĂŽtĂ© ou ont seulement continuĂ© Ă ĂȘtre suivies par les zoroastriens, qui les ont emmenĂ©es jusqu'en Inde. Norouz, cependant, Ă©tait une fĂȘte trĂšs cĂ©lĂ©brĂ©e, mĂȘme par ceux qui ont adoptĂ© l'islam trĂšs tĂŽt. Le jour Ă©tait fĂ©riĂ© pendant la pĂ©riode abbasside.
AprÚs la chute du califat et la réémergence de dynasties perses, tels les Samanides et les Bouyides, Norouz a été élevé à un niveau encore plus important : Les Bouyides ont fait revivre les anciennes traditions de l'époque sassanide et ont restauré d'autres célébrations de moindre importance qui avaient été éliminées par le califat.
MĂȘme les envahisseurs ottomans et mongols n'ont pas tentĂ© d'abolir Norouz au profit d'une autre cĂ©lĂ©bration. Norouz est donc restĂ© la principale fĂȘte des Iraniens Ă la fois au niveau officiel et populaire. La derniĂšre illustration remarquable de la stabilitĂ© de cette fĂȘte est Ă la suite de l'avĂšnement de la RĂ©publique islamique. Le nouveau rĂ©gime d'obĂ©dience religieuse voyait d'un mauvais Ćil une cĂ©lĂ©bration si grandiose et si populaire pour une fĂȘte dont l'origine n'Ă©tait pas musulmane. Aucun effort n'est fait pour cĂ©lĂ©brer officiellement ce jour et un parallĂšle systĂ©matique est fait avec les martyrs de la rĂ©volution et de la guerre. AprĂšs deux dĂ©cennies, la volontĂ© populaire a donnĂ© raison Ă l'Histoire. Norouz est de nouveau cĂ©lĂ©brĂ© en Iran encore plus fastueusement que par le passĂ© et de grands Haftsin (en) ont fait leur apparition ces derniĂšres annĂ©es Ă l'initiative de la mairie de TĂ©hĂ©ran dans les grandes places de la ville.
Norouz dans l'Iran moderne
En Iran, les prĂ©parations de Norouz commencent pendant Esfand, le dernier mois d'hiver dans le calendrier persan. Les Iraniens, les Afghans et d'autres groupes commencent Ă se prĂ©parer en faisant un grand « nettoyage de printemps » dans leurs maisons, s'achĂštent de nouveaux vĂȘtements pour la nouvelle annĂ©e et achĂštent des fleurs (la jacinthe vĂ©ritable et la tulipe sont particuliĂšrement populaires).
En association avec la renaissance de la nature, le nettoyage de printemps est la tradition nationale suivie par la plupart des mĂ©nages en Iran. Cela est aussi Ă©tendu aux effets personnels, et traditionnellement, tout le monde s'achĂšte au moins une garde robe neuve. Le jour du nouvel an, les familles s'habillent avec leurs vĂȘtements neufs et commencent alors les rĂ©jouissances de cette pĂ©riode, en allant rendre visite aux anciens, puis au reste de la famille et enfin aux amis. Le treiziĂšme jour (sizdah bedar), les familles quittent leur maison et vont pique-niquer Ă l'extĂ©rieur.
Pendant les vacances de Norouz, on attend de tous qu'ils se rendent visite (principalement limitĂ©es Ă la famille, aux amis et aux voisins) sous forme de courtes visites Ă la maison, qui sont gĂ©nĂ©ralement suivies de rĂ©ciprocitĂ©. Typiquement, le premier jour de l'annĂ©e, les membres de la famille se retrouvent Ă table, sur laquelle sont posĂ©s les Haft-sin (ou disposĂ©s Ă proximitĂ©) et attendent le moment exact de la nouvelle annĂ©e. Ă ce moment-lĂ , des cadeaux sont Ă©changĂ©s. Plus tard dans la journĂ©e, les jeunes rendent visite aux plus ĂągĂ©s. Les visites doivent ĂȘtre assez courtes pour permettre de voir tous les gens Ă qui l'on a prĂ©vu de rendre visite. Ces visites durent gĂ©nĂ©ralement une demi-heure, pendant laquelle on rencontre gĂ©nĂ©ralement de la famille et des amis qui sont eux aussi en train de faire la tournĂ©e de la famille. Ă cause de ces visites, il faut s'assurer d'avoir assez de pĂątisseries, gĂąteaux, fruits frais et secs sous la main, puisque ces derniers sont gĂ©nĂ©ralement distribuĂ©s aux visiteurs en mĂȘme temps qu'un thĂ© ou un sirop. Beaucoup d'Iraniens organisent ce jour de grandes fĂȘtes rassemblant tout le monde pour pouvoir rĂ©unir les convives qui viennent de loin.
En France, la communautĂ© iranienne organise chaque annĂ©e la cĂ©lĂ©bration de Nowrouz dans diffĂ©rentes villes françaises. GĂ©nĂ©ralement les associations franco-iraniennes prennent l'initiative d'organiser cette cĂ©rĂ©monie. Ă Paris, depuis 2018 une association française loi de 1901, appelĂ© le Centre Franco-Iranien prend l'initiative inĂ©dite d'organiser la fĂȘte de Nowrouz en commun avec l'association des Afghans de Paris. En 2019, la cĂ©rĂ©monie qui a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă la Mairie du 4e, rassemblant prĂšs de 500 personnes, a Ă©tĂ© marquĂ©e par la participation des artistes afghans, français, indiens et iraniens.
Tchaharchanbé-Souri
Le dernier mardi soir de l'annĂ©e est cĂ©lĂ©brĂ© par les Iraniens sous le nom de TchaharchanbĂ©-Souri (en persan : ÚÙۧ۱ێÙŰšÙâŰłÙ۱Û), moment oĂč tout le monde sort dans la rue, fait des feux et saute par-dessus en criant « Zardi-yĂ© man az to ; sorkhi-yĂ© to az man » (en persan : ŰČŰ±ŰŻÛ Ù Ù Ű§ŰČ ŰȘÙŰ ŰłŰ±ŰźÛ ŰȘÙ Ű§ŰČ Ù Ù) qui signifie littĂ©ralement : « ma [couleur] jaune pour toi, ta [couleur] rouge pour moi » (le rouge est la couleur du feu), c'est-Ă -dire, figurativement, « je te donne ma pĂąleur â ou ma maladie â, je prends ta force â ta santĂ© ».
Offrir des pùtisseries connues sous le nom de Ajile Moshkel Gosha est la façon de remercier pour la santé et le bonheur de l'année passée, tout en échangeant toute pùleur et tout mal restant pour la chaleur et les vibrations du feu.
D'aprĂšs la tradition, les esprits des ancĂȘtres rendent visite aux vivants les derniers jours de l'annĂ©e, et beaucoup d'enfants s'entourent de draps, rejouant ainsi symboliquement les visites des morts. Ils courent aussi dans les rues en tapant sur des boĂźtes et des casseroles et frappent aux portes pour jouer des tours aux gens. Ce rituel est appelĂ© qashogh-zany (battage de cuillers) et symbolise le fait de chasser le dernier mardi de malchance de l'annĂ©e.
La tradition veut Ă©galement que l'on saute dans l'eau le mercredi matin aux premiers rayons de soleil.
Il y a plusieurs autres traditions cette nuit-lĂ , dont les rituels de KouzĂ©h ChĂ©kastan, pendant lequel on casse des jarres en terre qui contiennent symboliquement la mauvaise fortune de quelqu'un, FĂąl-gouch ou l'art de la divination en Ă©coutant les conversations des passants et le rituel de GĂ©rĂ©h-gochĂąyi, faire un nĆud dans un mouchoir ou un tissu et demander au premier passant de le dĂ©faire afin d'Ă©loigner la malchance de quelqu'un.
Les Haft SĂźn
La tradition principale de Norouz est la mise en place des Haft SĂźn (ÙÙŰȘ ŰłÛÙ, les sept 'S'), sept objets dont le nom commence par la lettre S ou sĂźn (Űł) de l'alphabet persan, qui sont sept objets spĂ©cifiques disposĂ©s sur une table correspondant aux sept crĂ©ations et aux sept immortels les protĂ©geant. Aujourd'hui, ils ont Ă©tĂ© un peu modifiĂ©s mais le symbolisme demeure. Chaque famille essaie de garnir sa table des Haft SĂźn le plus joliment possible, puisque le sens spirituel est aussi important que la façon dont ils sont disposĂ©s afin que les visiteurs voient cette disposition comme une rĂ©flexion de leurs goĂ»ts.
La liste suivante est un exemple des objets servant à faire les Haft Sßn, bien qu'il n'y ait pas de consensus permettant de dire lesquels sont les sept concernés :
- sabzeh - germes de blé, orge ou lentille, qui ont poussé dans un plat pendant au moins une dizaine de jours (symbolisant la renaissance)
- samanou - une pùte trÚs sucrée fait de blé germé (symbolisant l'abondance)
- senjed - le fruit sĂ©chĂ© du jujubier ou plutĂŽt de l'Eleagnus angustifolia, "Olivier de BohĂȘme"(symbolisant l'amour)
- sßr - ail (médecine)
- sßb - pommes (beauté et bonne santé)
- somaq - baies de sumac (la couleur du lever du soleil et santé)
- serkeh - vinaigre (l'Ăąge et la patience)
- sonbol - l'odorante fleur de jacinthe (l'arrivée du printemps)
- sekkeh - piÚces (prospérité et santé)
Les autres objets sur la table peuvent inclure les suivants :
- pĂątisseries ;
- bougies allumées (bonheur) ;
- un miroir ;
- des Ćufs peints, peut-ĂȘtre un pour chaque membre de la famille (fertilitĂ©) ;
- un bol avec deux (ou plus) poissons rouges (vie) ;
- un bol d'eau contenant une orange amĂšre (la terre flottant dans l'espace) ;
- eau de rose pour ses pouvoirs magiques nettoyants ;
- les couleurs nationales, pour la touche de patriotisme ;
- un livre sacré (par exemple l'Avesta, le Coran) ou encore un livre de poésie (presque toujours le Shùh Nùmù ou le divùn d'Hafez ou Gathas).
Haji Firûz
Le traditionnel porteur des couleurs de Norouz est un personnage appelĂ© Haji PirĂ»z, ou Hadji Firuz. Il symbolise la renaissance du dieu du sacrifice sumĂ©rien, Dumuzi (Dumuzi, qui a donnĂ© son nom au mois hĂ©breu de Tammouz), qui Ă©tait tuĂ© Ă la fin de chaque annĂ©e et renaissait pour le dĂ©but de l'annĂ©e nouvelle. Portant du maquillage noir et un costume rouge, Haji FirĂ»z chante et danse dans les rues avec tambourin et trompettes en distribuant ses bons vĆux pour l'arrivĂ©e de la nouvelle annĂ©e.
Repas traditionnel
- Sabzi polo mahi : le repas traditionnel de la nouvelle année est appelé Sabzi polo mahi, du riz cuit avec des fines herbes et servi avec du poisson. Les fines herbes traditionnelles sont le persil, la coriandre, de l'aneth, de la ciboulette et du fenugrec.
- Reshteh polo : du riz cuit avec des nouilles, dont on dit qu'il aide symboliquement à réussir dans la vie.
- Ash-e reshteh : un potage avec des épinards, des herbes, des haricots rouges avec des nouilles épaisses semblables à des spaghettis, accompagné d'oignons, d'ail frits, de menthe séchée frite et de kashk (un laitage à base de lait caillé). Ce plat symbolise la réussite dans le travail.
Sizdah Bedar
Le treiziĂšme jour des fĂȘtes du nouvel An est Sizdah Bedar (signifiant littĂ©ralement « treiziĂšme dehors »), qui est un jour festif cĂ©lĂ©brĂ© Ă l'air libre, souvent accompagnĂ© de musique et de danse. Cette journĂ©e est passĂ©e Ă pique-niquer en famille.
Les cĂ©lĂ©brations du treiziĂšme jour, SĂźzdah Bedar, viennent de la croyance des anciens Perses que les 12 constellations du Zodiaque contrĂŽlaient les mois de l'annĂ©e, et que chacun rĂ©gnait sur la Terre pour un millier d'annĂ©es. Ă la fin de ce cycle, le ciel et la Terre sombraient dans le chaos. En consĂ©quence, Norouz, dure 12 jours et le treiziĂšme reprĂ©sente le chaos, moment pendant lequel les familles mettent l'ordre de cĂŽtĂ© et Ă©vitent la malchance associĂ©e au nombre treize en allant dehors et en profitant d'un pique-nique et d'une fĂȘte.
Ă la fin des cĂ©lĂ©brations de cette journĂ©e, les sabzeh cultivĂ©es pour le Haft SĂźn (qui a symboliquement recueilli toute la maladie et la malchance) sont jetĂ©es dans de l'eau courante pour exorciser les dĂ©mons (divs) de la maisonnĂ©e. Il est aussi de coutume pour les jeunes femmes cĂ©libataires d'attacher les tiges des sabzeh avant de les jeter, exprimant ainsi le souhait d'ĂȘtre mariĂ©es avant le SĂźzdah Bedar de l'annĂ©e suivante.
Célébration de la nouvelle année par les Kurdes
Les Kurdes utilisent le terme Newroz. En kurde moderne, nouveau se dit 'new' et jour se dit 'ro'. Les Kurdes cĂ©lĂšbrent le Newroz durant la semaine du 21 mars et le considĂšrent comme la fĂȘte la plus importante de l'annĂ©e.
Le Norouz est Ă©galement accompagnĂ© chez les Kurdes de la lĂ©gende de Kawa le forgeron. « AffligĂ© aux Ă©paules de deux serpents, le roi Zohak faisait sacrifier tous les matins deux jeunes gens pour nourrir ses monstres de cervelle humaine. La lĂ©gende raconte que trois chevaliers, dĂ©guisĂ©s en mĂ©decins, Ă©pargnĂšrent une victime sur deux en substituant sa cervelle par celle d'un mouton. Le survivant s'enfuyait dans les montagnes, et de ces milliers de fugitifs naquit le peuple kurde. Ă la fin du rĂšgne de Zohak, un forgeron nommĂ© Kawa, dont seize fils avaient Ă©tĂ© sacrifiĂ©s, se rĂ©volta quand son dernier enfant fut capturĂ© »[12]. Selon la lĂ©gende, Kawa se rĂ©volta le jour du Newroz. Ayant rĂ©ussi Ă s'infiltrer dans le chĂąteau de Zohak, Kawa le tua et libĂ©ra ainsi son peuple du joug de la tyrannie. Partout on alluma des feux et on dansa autour pour fĂȘter la mort du tyran et cĂ©lĂ©brer l'exploit de Kawa. Depuis, chaque annĂ©e, le jour du Newroz, les Kurdes allument des feux et dansent autour pour fĂȘter la victoire de la libertĂ© sur la tyrannie. Ils se rassemblent Ă l'extĂ©rieur des villes pour cĂ©lĂ©brer la venue du printemps ; les femmes et les hommes portent des vĂȘtements verts, jaunes et rouges qu'ils considĂšrent comme les couleurs du peuple kurde.
Il existe plusieurs versions de la légende de Kawa selon les régions du Kurdistan, mais toutes font du Newroz le jour de la victoire de Kawa sur Zohak.
Avec cette forte connotation identitaire, les festivitĂ©s du Norouz ont longtemps Ă©tĂ© interdites en Turquie. Ainsi, en mars 1992, d'aprĂšs deux dĂ©putĂ©s kurdes, 93 personnes sont tuĂ©es par l'armĂ©e de l'air turque lors des cĂ©lĂ©brations du Norouz[13]. La Turquie a changĂ© sa stratĂ©gie en tentant de rĂ©cupĂ©rer le Norouz : rebaptisĂ© « Nevruz » et prĂ©sentĂ© comme une fĂȘte turque, il a Ă©tĂ© lĂ©galisĂ© Ă la fin des annĂ©es 1990[14]. Une nouvelle mythologie a mĂȘme Ă©tĂ© inventĂ©e autour du « Nevruz[15]». Mais cette rĂ©cupĂ©ration n'a pas eu les effets escomptĂ©s : les Turcs ont ignorĂ© le « Nevruz » organisĂ© sans conviction par les autoritĂ©s turques tandis que la rĂ©pression s'est poursuivie contre les cĂ©lĂ©brations kurdes[16].
Le Norouz dans le monde turc
En Turquie, c'est une tradition et une fĂȘte officielles. Chez les Turcs, le Norouz signifie la premiĂšre migration des nomades turcs de l'Ergenekon et le dĂ©but du printemps. Les Turcs fĂȘtent le Norouz chaque 21 mars. RĂ©guliĂšrement interdite, comme Ă Diyarbakır, cette fĂȘte a souvent vu des dirigeants kurdes sâexprimer dans leur langue maternelle Ă la tribune, provoquant la rĂ©action brutale d'Ankara[17].
Le Norouz ou Nevruz en turc de Turquie, est une fĂȘte populaire de la Turquie jusqu'au Kazakhstan, en passant par l'Iran jusqu'Ă l'OuzbĂ©kistan.
Au Kazakhstan, le nettoyage de printemps, les beaux vĂȘtements et les Ă©changes de nourriture avec les voisins sont de rigueur. Les Kazakhs sautent par-dessus le feu afin de se libĂ©rer des maladies et des problĂšmes sociaux afin de commencer une nouvelle annĂ©e sur de bonnes bases.
En Ouzbékistan, carrousels, marchands ambulants et musiciens remplissent les rues du pays pendant toute une semaine. Des activités sportives et culturelles sont organisées : combats de coqs, lutte, courses de chevaux et bien d'autres.
En AzerbaĂŻdjan, le Norouz se dĂ©roule du 21 au 23 mars. Les AzerbaĂŻdjanais se rendent dans un premier temps dans des cimetiĂšres afin de prier pour leurs morts. Les plats traditionnels, cuisinĂ©s par les femmes sont offerts aux plus pauvres. Par ailleurs, la coutume du grand nettoyage se retrouve Ă©galement. Câest aussi une fĂȘte pour les enfants, qui sâamusent Ă faire du porte-Ă -porte en chantant des chansons pour recevoir des Ćufs peints de toutes les couleurs.
En Turquie, la cĂ©lĂ©bration du Norouz est plus complexe en raison du conflit avec les Kurdes. Selon le gouvernement turc, cette fĂȘte est originaire de la lĂ©gende du loup gris, dont le peuple turc serait le descendant. Officiellement, le Norouz commĂ©more le jour de dĂ©livrance oĂč les Turcs quittĂšrent la plaine dâErgenekon, dans laquelle ils avaient trouvĂ© refuge lors dâinvasions Ă©trangĂšres. Les 21 et 23 mars, les Turcs fĂȘtent donc, Ă leur maniĂšre, le renouveau.
Pendant longtemps, cette fĂȘte Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©e uniquement par la population kurde, trĂšs attachĂ©e Ă ses coutumes. Elle a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e Nevruz par les Turcs, tandis que les Kurdes lâappellent Newroz.
Les autoritĂ©s turques ont longtemps interdit, voire sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ©, la cĂ©lĂ©bration de Norouz. Cependant, les Kurdes ont toujours continuĂ© Ă affirmer leur identitĂ© Ă travers cette fĂȘte. Ce nâest que depuis 1990 et en certains endroits uniquement, que le gouvernement autorise des festivitĂ©s kurdes, oĂč toute revendication politique est interdite.
Pour les Turcs, les coutumes sont trĂšs proches de ce qui se fait dans les autres pays : grand mĂ©nage et prĂ©paration de plats qui seront partagĂ©s au cours des nombreuses visites entre proches. Le deuxiĂšme jour est consacrĂ© aux morts : les gens se rendent au cimetiĂšre afin de se recueillir sur les tombes. Chants et musique accompagnent ce rendez-vous. Le soir, de grandes fĂȘtes sont organisĂ©es entre familles et voisins.
Il existe des variantes selon les endroits. Dans la rĂ©gion de Kars par exemple, un enfant doit aller chercher de lâeau sans jamais se retourner, ni parler. Une fois le seau rempli, chaque personne jette dans lâeau un fil de couleur et une aiguille le reprĂ©sentant. La croyance veut que les deux personnes dont les fils se mĂȘlent se marieront dans lâannĂ©e.
Ă DĂȘrsim Tunceli, les hommes se maquillent le front en noir et se rendent au bord de lâeau pour prier et faire des vĆux.
Reconnaissance par l'ONU
Norouz a Ă©tĂ© reconnue le 23 fĂ©vrier 2010, comme la « JournĂ©e internationale du Norouz » par l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'ONU[18]. Le projet de rĂ©solution de la JournĂ©e internationale de Norouz[19] a Ă©tĂ© adoptĂ© Ă l'unanimitĂ©, donnant une reconnaissance Ă cette fĂȘte d'origine iranienne comme une journĂ©e internationale. (L'appellation « JournĂ©e internationale de Norouz pour la Culture de la Paix » semble parfois employĂ©e mais ne se retrouve dans aucun document officiel.)
Dans le cadre d'une initiative commune, la République d'Azerbaïdjan, l'Afghanistan, le Tadjikistan, la Turquie, le Turkménistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et l'Iran, avaient rédigé conjointement cette résolution. Projet initial de la résolution a été signé, le 23 novembre 2009, au siÚge de l'ONU, à New York, par les ambassadeurs de ces pays.
Ce projet expliquait que Norouz symbolise une unité culturelle basée sur des traditions vieilles de plus de trois millénaires, célébrées par plus de 300 millions de personnes dans le monde, dans une vaste aire géographique allant du Moyen-Orient à l'Asie centrale, en passant par le Caucase, les pays riverains de la Mer Noire et les Balkans.
Norouz avait déjà été inscrit le 30 septembre 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO[20].
Galerie
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Notes et références
- « General Assembly Recognizes 21 March as International Day of Nowruz, Also Changes to 23-24 March Dialogue on Financing for Development | Meetings Coverage and Press Releases », sur www.un.org (consulté le )
- Iran (lire en ligne)
- « United Nations Official Document », sur www.un.org (consulté le )
- Religious Celebrations: An Encyclopedia of Holidays, Festivals, Solemn Observances, and Spiritual Commemorations [2 volumes] (lire en ligne)
- « En images : les Iraniens Ă travers le monde cĂ©lĂšbrent la fĂȘte du feu »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?)
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- « Newroz », sur Le Monde diplomatique,
- résolution de l'AGNU GA/10916
- document A/64/L.30/Rev.2
- Norouz, patrimoine culturel immatériel de l'humanité
Voir aussi
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Le Nouvel an persan sous le signe Ă©conomique
- (en) Norouz, célébration de l'équinoxe de printemps
- (en) [vidéo] Persian Dutch Network, Nowruz Arrives... Piano: Pejman Akbarzadeh (Persian New Year Festival, Amsterdam, 2013) sur YouTube,
- Norouz : fĂȘte du Nouvel an persan