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Calendrier zoroastrien

Le calendrier zoroastrien est un calendrier religieux utilisĂ© par les adeptes du zoroastrisme. Approximation du calendrier solaire tropical, ce calendrier est encore utilisĂ© de nos jours par les fidĂšles zoroastriens pour leurs fĂȘtes religieuses.

Histoire

Avant la rĂ©forme entreprise par l’empereur des Sassanides ArdachĂźr Ier, le calendrier en usage dans la Perse antique, basĂ© sur le calendrier babylonien, avait une annĂ©e de 360 jours. Dans ce systĂšme, le Kabiseh (ou dĂ©ficit) est accumulĂ© chaque annĂ©e et compensĂ© par l’adjonction pĂ©riodique d’un treiziĂšme mois. La tradition consistant Ă  nommer les jours et les mois d’aprĂšs le nom des divinitĂ©s est alors reprise des Égyptiens par les AchĂ©mĂ©nides.

Le calendrier mis en place par ArdachĂźr Ier propose une annĂ©e de 365 jours telle que celle utilisĂ©e dans le calendrier Ă©gyptien, avec toujours douze mois de trente jours chacun. Cependant, le douziĂšme mois est suivi de cinq jours appelĂ©s Gāthā ou Gah d’aprĂšs les anciens chants du mĂȘme nom de l'Avesta.

Ce nouveau systĂšme provoque une grande confusion et n’est adoptĂ© qu’avec rĂ©sistance. Bien des fĂȘtes et des cĂ©lĂ©brations zoroastriennes ont alors deux dates, tradition encore respectĂ©e de nos jours par certains pratiquants. De nombreux rites sont alors cĂ©lĂ©brĂ©s sur plusieurs jours (au lieu d’un seul avec l’ancien calendrier) pour s'assurer qu’aucun jour sacrĂ© n’est oubliĂ©.

La situation Ă©tait devenue si compliquĂ©e qu’une autre rĂ©forme du calendrier est mise en place par le petit-fils d’ArdachĂźr, Hormizd Ier. Les anciens et nouveaux jours sacrĂ©s sont alors reliĂ©s entre eux pour former une pĂ©riode continue de six jours de festivitĂ©s. Norouz (Ă©galement appelĂ© Navroz), le premier jour du printemps, reste une exception, le sixiĂšme jour du festival de printemps devenant un jour plus important parce que jour d’anniversaire de Zoroastre.

Comme le calendrier d'ArdachĂźr Ier supprime le mois supplĂ©mentaire, le calendrier est dĂ©calĂ© de quatre mois par rapport aux saisons lorsque Yazdgard III accĂšde au trĂŽne. Par exemple, les Gahambars (festivals saisonniers) sont alors cĂ©lĂ©brĂ©s au mauvais moment de l’annĂ©e. Pour y remĂ©dier, Yazdgard III commence Ă  prĂ©parer une nouvelle rĂ©forme qui ne sera pas mise en place, les Arabes dĂ©trĂŽnant la dynastie en 633.

L’ùre Y.Z.

À la suite de la conquĂȘte de la Perse par Alexandre le Grand en 330 av. J.-C., les SĂ©leucides imposent la mĂ©thode grecque de datation par Ăšre, par opposition Ă  la datation par pĂ©riode de rĂšgne de chaque monarque. C'est l’« Ăšre sĂ©leucide Â». Cette mĂ©thode est considĂ©rĂ©e comme inacceptable par les prĂȘtres zoroastriens qui, par consĂ©quent, fondent une Ăšre parallĂšle, celle de Zoroastre, ce qui, incidemment, les amĂšne Ă  la premiĂšre tentative de dater la naissance du prophĂšte. L’empire parthe, successeur des SĂ©leucides, poursuit ensuite la tradition sĂ©leucide, qui persiste jusqu’à la rĂ©forme d’ArdachĂźr Ier qui remet en vigueur la datation liĂ©e aux pĂ©riodes de rĂšgne.

Le calendrier zoroastrien utilise le suffixe Y.Z. (Yazdegerdi) pour sa numĂ©rotation des annĂ©es, indiquant le nombre d’annĂ©es depuis le couronnement en 632 de Yazdgard III, dernier monarque de la dynastie sassanide.

Les différentes variantes

À la suite du retrait des jours supplĂ©mentaires dans la rĂ©forme conduite par ArdachĂźr Ier, le calendrier et les saisons devinrent, aprĂšs quelque temps, complĂštement asynchrones. En 1006, le jour de la nouvelle annĂ©e coĂŻncide une nouvelle fois avec la date de l’équinoxe vernal. En consĂ©quence, dĂ©cision fut prise, en Inde et en Iran, de modifier le calendrier zoroastrien pour y ajouter un mois supplĂ©mentaire tous les 120 ans comme prescrit dans le Denkard.

À un moment indĂ©terminĂ© entre 1126 et 1129, les prĂȘtres d’Inde se souvinrent de cette rĂšgle et un mois supplĂ©mentaire (appelĂ© Aspandarmad vahizak) fut ajoutĂ©. Ce fut la derniĂšre fois, les gĂ©nĂ©rations suivantes nĂ©gligeant cette rĂšgle du treiziĂšme mois.

Au moment de l’édiction de la rĂšgle du mois supplĂ©mentaire tous les 120 ans, le calendrier est appelĂ© calendrier Shahenshahi (impĂ©rial). Par la suite, les PĂąrsĂź, inconscients de l’oubli de cette rĂšgle, continuĂšrent d’utiliser le mĂȘme nom pour leur calendrier. Ce nom a survĂ©cu de nos jours et les adhĂ©rents Ă  d’autres variantes du calendrier zoroastrien le dĂ©nigrent comme Ă©tant royaliste.

Dans le mĂȘme temps, les adeptes restant en Iran n’ajoutĂšrent jamais ce mois supplĂ©mentaire. Autour de 1720 un prĂȘtre zoroastrien iranien nommĂ© Jamasp Peshotan Velati fait un voyage en Inde. ArrivĂ© dans ce dernier pays, il dĂ©couvre que son calendrier et celui des Parses diffĂšrent d’un mois. Il porte alors Ă  la connaissance des prĂȘtres de Surat cette diffĂ©rence sans parvenir Ă  Ă©tablir un consensus sur le bon calendrier. Vers 1740, certains prĂȘtres influents arguent que, le visiteur venant de l’ancien pays original du mouvement, son calendrier devait ĂȘtre correct. Le 6 juin 1745, certains Parses de Surat et des alentours modifient leur calendrier sur la recommandation de ces prĂȘtres. Ce calendrier est alors appelĂ© Kadimi Ă  la fois en Iran et en Inde. Ce nom se modifie par la suite pour devenir Kadmi ou Quadmi.

En 1960, un parse de Bombay nommĂ© Khurshedji Cama fonde le Zarthosti Fasili Sal Mandal ou club de l’annĂ©e zoroastrienne solaire. Le calendrier Fasili ou Fasli (nom sous lequel il devint connu) dispose alors de deux spĂ©cificitĂ©s : il est en harmonie avec les saisons (la nouvelle annĂ©e tombe toujours le jour de l’équinoxe) et il intercale un jour supplĂ©mentaire tous les quatre ans. Ce jour supplĂ©mentaire, appelĂ© Avardad-sal-Gah, suit les cinq jours Gah dĂ©jĂ  existants Ă  la fin de l’annĂ©e. Les membres du club prĂ©tendent Ă©galement que leur calendrier est correct sur le plan religieux, par rapport aux deux autres qui sont, toujours d’aprĂšs les membres du club, uniquement basĂ©s sur des considĂ©rations politiques.

Ce nouveau calendrier ne reçoit que peu de support de la communautĂ© indienne, principalement Ă  cause de son manque prĂ©sumĂ© de rĂ©fĂ©rence dans le Denkard. En Iran cependant, le calendrier Fasli (appelĂ© Bastani dans ce pays) est plus largement adoptĂ© en particulier aprĂšs une campagne de publicitĂ© menĂ©e en 1930 visant Ă  convaincre les zoroastriens locaux de changer pour cette nouvelle version. Il faut Ă©galement noter que, cinq ans plus tĂŽt, le parlement iranien avait introduit le nouveau calendrier persan qui, indĂ©pendamment du mouvement Fasli, incorporait les deux changements proposĂ©s par le club Fasili. Pour cette raison et Ă©galement car le calendrier national gardait les noms zoroastriens des mois, cette adoption ne reprĂ©sentait pas un gros effort. Cependant, de petites communautĂ©s zoroastriennes iraniennes refusĂšrent le changement et gardent encore aujourd’hui le calendrier Kadmi.

En 1992, selon les trois calendriers, le premier jour d’un mois tombe le mĂȘme jour. Plusieurs zoroastriens proposĂšrent alors de rĂ©unir les trois en un calendrier commun, mais, une fois de plus, le consensus ne put ĂȘtre atteint.

Noms des mois et des jours

Les mois et les jours du mois dans le calendrier zoroastrien sont, Ă  une exception prĂšs, dĂ©diĂ©s et nommĂ©s selon un Amesha Spenta (Immortel BĂ©nĂ©fique) ou Yazata. L’exception est le mois Dadhv (crĂ©ateur) et le premier jour du mois, Hormuzd, les deux noms Ă©tant des synonymes de Ahura Mazda.

Les déités à qui les noms de mois sont dédiés ont également leurs propres jours. Ces dédicaces précisent également quelle divinité avait un rang supérieur à quelle autre. En plus du mois de Dadhv déjà cité, six mois sont dédiés à des Amesha Spenta et les cinq restants respectivement (en avestique) à Fravashi, Tishtrya, Mithra, Aban et Atar.

Selon certaines sources, en Perse antique, le premier mois de l’annĂ©e Ă©tait Dadhv et non FravardÄ«n.

Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

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